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"Comment puis-je faire ce grand mal, je fauterai vis-à-vis d’Hachem" (Vayéchev 39,9)

On peut se demander pourquoi Yossef a-t-il dit à la femme de Potiphar que : "Je fauterai". En effet, elle aussi allait fauter, et il aurait donc dû dire : "Nous fauterons".

En fait, Yossef voulait tellement s’éloigner de cette femme pour ne pas fauter avec elle qu’il s’efforça de ne pas s’inclure avec elle même par la parole.
Il ne souhaitait donc pas "s’isoler" avec elle même par des mots, en disant : "Nous fauterons".
C’est pourquoi, il se sépara d’elle radicalement et dit : "Je fauterai", moi seul, car je suis séparé de toi, même par la parole.
[Rabbi Bounam de Pchis'ha]

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-> Dans sa démarche de se protéger de la faute, Yosseph s'efforça de ne pas exprimer une parole qui l'unira avec cette femme même au niveau de la parole. S'il avait dit : "Nous fauterons", au pluriel, déjà par cette parole il se serait déjà "uni" avec elle. C'est pourquoi, il employa le singulier : "Je fauterai", moi et pas nous. Car il voulait se séparer et s'éloigner d'elle, même déjà au niveau de sa parole. En effet, la parole et les mots qu'on emploie ont une influence et un impact au niveau de son inconscient. Et, sans le savoir, cet impact pourra générer des comportements ou des attirances qu'on ne recherche pas, mais qui nous auront été provoqué par la suggestion d'une formule qu'on aurait employé.
Yossef craignait que s'il associait la femme de Potifar à lui à travers sa parole, cela suggérerait déjà un lien entre lui et elle et créerait une certaine proximité qui risquerait déjà de déboucher à la faute, D. préserve. Yossef souhaitait se prémunir de la faute de toutes ses forces. Aussi, il prit soin de créer une distanciation avec elle, même dans son langage.

=> Cela nous apprend combien la parole a de force. Une simple parole banale peut avoir de lourdes répercussions dans le psychique d'un individu, sans même qu'il ne s'en rende compte. Combien doit-on veiller à soigner son langage et se prémunir de toute suggestion susceptible d'agir sur l'inconscient et générer une déviance morale que l'on voudrait éviter.

"Et ils trempèrent la tunique dans du sang." (Vayéchev 37,31)

Rav El'hanan Wasserman écrit dans le Kovets Maamarim :
"Il est vraiment étonnant de voir combien le peuple juif a toujours souffert des accusations de meurtre rituel.
Il est pourtant de règle qu'un mensonge qui ne contient aucune part de vérité n'est pas crédible (Sota 35a ; Rachi ; Bamidbar 13,27).

Or, quoiqu'elles ne contiennent pas la moindre parcelle de vérité, ces diffamations ont persisté pendant des millénaires, à travers le monde entier, et ce jusqu'à ce jour même.
[n'est-il pas ridicule de penser que les juifs consommenent du sang humain?  - sachant par exemple qu'ils vérifient tout œuf avant utilisation, et que la moindre goutte de sang ne permet plus sa consommation!]

Voilà certainement de quoi s'étonner sur les accomplissements de la Providence divine.

Il ne fait aucun doute que ces fausses accusations constituent une punition, mesure pour mesure, pour un péché commis dans notre passé que nous devons payer génération après génération.

Bien que je n'en sois pas digne, je me permets de suggérer qu'elles sont là pour nous faire expier le péché d'avoir "trempé la tunique dans du sang", faute par laquelle les frères de Yossef ont fait passer aux yeux de leur père, du sang de bouc pour du sang humain. [et lui faire croire qu'une bête l'a dévoré]

Si je me trompe, veuille Hachem me pardonner."

Source (b"h) : "Talelei Oroth" du rav Rubin

"Va donc voir comment vont tes frères" (Vayéchev 37,14)

Le Rabbi de Pchis'ha de commenter :
"Essaie de voir ce qui va bien chez tes frères, leurs qualités et non leurs défauts.
Grâce à cela, tu éviteras la dispute."

Dans la prière du Rabbi Elimélé'h de Lizensk, il est dit :
"Puissions-nous voir les qualités de nos prochains et non leurs défauts."

Source (b"h) : "mayana chel Torah" du rav Friedman

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+ "Va donc voir comment vont tes frères et comment va le troupeau et ramène-moi des nouvelles"

-> "Ceux qui sont envoyés pour faire une mitsva ne subissent aucun dommage" (guémara Pessa'him 8a).

Nos Sages enseignent que celui qui veut aller au loin, que son ami lui donne une pièce de monnaie en lui disant : "Sois mon envoyé, et quand tu arriveras à destination, donne cette pièce à la tsédaka pour moi", et alors il s'appelle "chalia'h mitsva" envoyé pour faire une mitsva), et il ne risque rien en chemin.

Yaakov connaissait lui-même la lutte qui existait entre les frères, et il a eu peur pour Yossef, c'est pourquoi il l'a fait : "chalia'h mitsva" = "va voir comment vont tes frères", il voulait qu'il ait un statut de chalia'h mitsva pour revenir aussi, c'est pourquoi il lui a dit : "ramène-moi des nouvelles", pour que le retour aussi soit considéré comme une mitsva et qu'il ne lui arrive rien de mal.
[Séfer Tvouat Yonathan]

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=> Pourquoi Yossef, en tant que "chalia'h mitsva", n'a-t-il pas été protégé par la mitsva, comme le sont toujours ceux qui sont envoyés accomplir une mitsva?

-> D'après certains, il n'a effectivement pas été blessé et tout ce qui s'est passé s'est finalement avéré être une bénédiction.

-> D'après d'autres, Yossef en a fait plus que ce que son père lui avait demandé (il est allé plus loin que Chékhem et son voyage a duré plus qu'il n'aurait dû).

-> D'autres disent encore qu'après avoir miraculeusement échappé à des chiens et des flèches, Yossef se trouvait en terrain dangereux (chékhia'h hézéka) et aurait dû rebrousser chemin.

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=> Quelle relation relie la vente de Yossef à la durée de l’Exil d’Egypte?

-> Le Zohar (II 276a) enseigne que l’Exil d’Egypte a été causé par la vente de Yossef par ses frères

-> "II (Yaakov) l’envoya (Yossef vers ses frères) de la vallée (מֵעֵמֶק – MéEmek) de ’Hévron" (Vayéchev 37, 14).
Rachi commente : "C’est pour suivre le dessein profond (עמוקה – Amouka) annoncé à ce tsadik qui repose à ‘Hévron, afin de réaliser ce qui a été annoncé à Avraham lors de l’Alliance ‘entre les morceaux’ : ‘Ta descendance sera étrangère’ (Lé'h Lé'ha 15,13) : Yaakov savait que ce départ de Yossef allait marquer le commencement de l’Exil d’Israël (Targoum Yonathan ben Ouziel'.

Ainsi, on peut remarquer :
- "Emek (vallée - עמק) a pour valeur numérique 210, allusion aux 210 ans d’Exil d’Egypte - Baal Hatourim.
- Les premières et dernières lettres des motsּ מֵעֵמֶק חֶבְרוֹן ויַשְִּׁלחָהֵו (méEmek 'Hevron vayichla'héou) totalisent une valeur numérique de 210 [Mégalé Amoukot].

-> Les 10 fils de Yaakov (hormis Binyamin) séparèrent leur jeune frère Yossef de leur père durant une période de 22 années (voir Rachi sur Vayéchev 37,34).
Par ailleurs, Yossef n’avait que 17 ans lors de cette rupture, comme le précise le texte : "Yossef, âgé de 17 ans, menait paître les brebis avec ses frères" (Vayéchev 37,2).

Aussi, ces 2 indications chiffrées (22 années et 17 ans) informent-elles sur la raison pour laquelle l’Exil d’Egypte a duré 210 ans :
1°/ Selon le Yalkout Réouvéni : Chacun des 10 frères de Yossef a contribué à la séparation de Yossef d’avec son père durant 22 ans. Ainsi, de manière réciproque, Hachem a-t-il puni leurs descendants par un Exil [qui s’apparente aussi à une séparation] de durée égale à : 10x22 [220] moins 10 ans, correspondant à une année par Tribu, en raison de l’expiation causée par leur mort.

2°/ Les 10 Tribus ont "abîmé" le Nom divin ineffable [26]. C’est pourquoi ils ont mérité un Exil d’une durée de : 10x26 [260 ans] auquel Hachem a gracieusement retiré 50 ans en raison du mérite de leur acceptation de la Torah qui comporte "50 Portes de l’Intelligence". [Chaaré Chamaïm]

3°/ 17 années constituent exactement 210 mois (17x12 + 6 treizièmes mois supplémentaires d’Adar) en allusion aux 210 ans de l’Exil égyptien. [Mégalé Amoukot]

4°/ 17 années comportent 6205 jours, correspondant aux 6000 ans de ce Monde et aux 4 Exils [Babel, Madaï, Yavan et Edom : אדום בבל מדי יון dont les valeurs numériques totalisent 205] qui découlent de l’Exil d’Egypte et qui sont en allusion dans les 4 ventes de Yossef (du puits à Potiphar). [Mégalé Amoukot]

Prier les mains pleines de sang

+ "Yehouda dit à ses frères : quel profit (= bétsa) y a t-il si nous tuons notre frère ..." (Vayéshev ch.37 ; v.26)

Le mot בצע est l'acrostiche des 3 prières quotidiennes : בקר צהרים ערב = boker (matin) , tsaorayim (après-midi) et érev (soir).

Chacune des lettres du mot בצע constitue la 2e lettre du nom de celui qui a institué la prière au moment afférent ci-dessus :
--- le ב est la 2e lettre du nom Avraham, qui a institué la prière du matin : boker (cha'harit) ;
--- le צ est la 2e lettre du nom Itshak, qui a institué la prière de l'après-midi : tsaorayim (min'ha) ;
--- le ע est la 2e lettre du nom Yaakov, lequel a institué la prière du soir : érev (arvit).

Yéhouda voulait mettre en garde ses frères, qui en commettant un tel crime (le laisser mourir dans le puits), se discréditaient envers D. et aucune prière ne pouvait réparer ce méfait.

Ainsi qu'il est dit dans Yéchayahou (1,15) : "même si vous multipliez les prières, je ne pourrais les écouter, vos mains sont pleines de sang".

[Rav Yéhouda Assad]

Paracha vayeshev

-       Rachi (vayeshev 39, 11) : au moment de cohabiter avec elle « il lui est apparu le visage de son père ».

1° / Leka’h Tov – Rav meïr Shapira de Lublin (dans son Nitsotsé Or haMeïr): différence d’approche sur le rapport du Juif avec l’environnement extérieur.

Yaakov : Juifs = des «hommes intégres, vivant sous la tente » = se maintenir à une distance de sécurité des nations du monde (à l’abri des perturbations, tentations) et éviter toute démarche visant à accroître son assimilation

Yossef : Juifs = le fait de surmonter les épreuvres liées à l’adoption des coutumes des  nations, est un tremplin spirituel considérable.

«Il agissait comme un jeune homme : il arrangeait ses cheveux, il touchait ses yeux afin de paraître beau » (Rachi sur le verset 37,1).

En développant son mauvais penchant, on se donne la possiblité de dominer une épreuve plus dure et par ce biais de servir plus intensement D.

C’est ce comportement qui a pu donner à Potifar la conviction que Yossef pouvait fauter. Ainsi, s’il avait suivi la vision de son père, il autait pu s’épargner une épreuve aussi difficile.

2°/ Leka’h Tov : s’inspirer du comportement des nations

Yaakov : Rashi dans vayisla’h (32,5) = « avec Lavan le méchant j’ai séjourné, mais j’ai gardé les 613 commandements, et je n’ai pas appris de ses mauvaises actions »

Yaakov se reproche de ne pas s’être inspiré du zèle, du dévouement de Lavan pour retrouver ses idoles (Rachi – vayetsé 31,23 : «toute la distance que parcourut Yaakov en 7 jours, Lavan la parcourut en un jour») afin de servir D. avec au moins la même ardeur.

Yossef : Rashi (vayesh 39,11) : « ce fut un jour particulier, un jour de rire, leur jour de fête (idolâtre) où ils allaient tous au Temple d’idolâtrie. Elle dit : « il n’est pas pour moi de jour plus indiqué pour me lier à Yossef que ce jour ». Elle leur dit : « je suis malade et je ne peux aller ».

En pensant à la dévotion religieuse de Potifar (rien ne l’en distrait, pas même sa femme malade), Yossef s’est rappelé du reproche que s’est fait Yaakov.

En suivant le raisonnement de son père, il prend alors exemple sur la dévotion de Potifar, il domine ses passions et surmonte l’épreuve.

3°/ Discours Rav daniel Abdelhak : Yaakov a transmis spécifiquement à Yossef tout ce qu’il a appris à la yeshiva de Caïn et Ever. Or, ils étaient des contemporains d’une époque de débauche très forte (l’avant déluge). Ainsi, il transmit à son fils les clefs pour résister  dans un milieu perverti.

-          « Il s’enfuit et s’élança dehors » (vayeshev 39,12)

=  [Léka’h Tov] - Sforno:

«  « Il s’enfuit » de la pièce, de crainte que son mauvais penchant ne parvienne à le dominer.

« Il s’élança dehors » après être sorti de la pièce, il s’éloigna posément, sans montrer les signes d’une fuite… »

Il ne faut jamais sous-estimer le mauvais penchant, et il faut toujours rester conscient qu’il est en train de nous mener un combat (état de crainte permanent - ne te leurre pas et ne te laisse pas séduire, tiens-toi à l’écart de la tentation).

[leket eliahou] - D’ailleurs au début de la paracha suivante, le rêve de Pharaon va dans ce sens.

« voici 7 autres vaches montent derrière elles du fleuve, laides à voir et maigres, et elles se sont tenues près des premières … et elles dévorèrent les 7 vaches belles à voir et grasses » (Mikets 41,3-4). Hazal nous enseignent que le mauvais penchant se présente au début comme un simple passant (« laides et maigres »). Après cela, il s’invite (« se sont tenues près »), et à la fin il se fait maître des lieux (« elles dévorèrent »).