Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Je [Hachem] vous ai porté sur des ailes d'aigles" (Yitro 19,4)

-> Rachi explique que contrairement aux autres oiseaux, l'aigle porte ses petits sur lui.
En effet, il se dit que si des chasseurs lui lancent des flèches, il est préférable que ces flèches entrent en lui plutôt que sur ses petits.
Ainsi, les égyptiens lançaient des flèches et des projectiles de pierre, et c’est la nuée qui les recevait.

=> Plus profondément, quelle comparaison y a-t-il entre cette attitude de l'aigle et Hachem?

Nos Sages disent qu'avant l'ouverture de la mer, les anges accusèrent les juifs en affirmant : "Les juifs ne sont pas mieux que les égyptiens, tous deux ont commis l'idolâtrie. Ainsi, pourquoi est-ce que Tu sauves les juifs et Tu anéantis les égyptiens?"

Cette question accusatrice est comparée à une ''flèche'', que les anges tirèrent à l'encontre des juifs.
Certes Hachem n'avait pas réellement de réponse satisfaisante à cette question. Mais cependant, Il était prêt à assumer une question sans réponse, plutôt que de causer du
tord à Son Peuple.

=> Lui aussi, à l'image de l'aigle, a dit : "Il est préférable que la flèche entre en Moi", Je suis prêt à supporter cette objection sans réponse, "plutôt que la flèche entre en Mes Enfants" : le peuple juif, et ne leur cause du tord.

['Hidouché haRim]

"Souviens-toi du jour du Shabbat pour le sanctifier" (Yitro 20,8)

-> Nos Sages disent que le Shabbat n'est pas qu'un simple jour, c'est aussi une entité spirituelle d'une très grande élévation. Cette réalité spirituelle est la fiancée du peuple juif.
[ex : la guémara (Shabbath 119a) rapporte qu’à l’entrée du Shabbath, rav Yanaï chantonnait : "Viens, fiancée, viens, fiancée!" (bo’i kala, bo’i kala! – c’est d’ailleurs devenu la conclusion du lé’ha dodi).]

Si le Shabbat, c'est le 7e jour de la semaine, c'est parce que c'est en ce jour (le samedi), que se réalise le mariage entre le peuple juif et sa fiancée, le Shabbat.
Par ailleurs, nos Maîtres affirment qu'il est interdit de se marier avec une femme avant de l'avoir vu au préalable.

C'est pourquoi la guémara dit que chaque jour de la semaine, on doit penser au Shabbat.
Ainsi, si on trouve au marché un beau poisson ou un beau fruit, on doit le réserver pour le Shabbat.
Le fait de penser et de préparer le Shabbat au cours des jours de la semaine, cela constitue le fait de voir sa fiancée avant le jour du mariage. Et c'est cela qui nous permettra de procéder au mariage quand viendra le samedi, jour du mariage.
[en hébreu au lieu d'appeler les jours : lundi, mardi, ..., on les appelle en fonction du Shabbath : 1er jour (yom richon), 2e jour (yom chéni), ...]

=> Cela est en allusion dans le verset : "Souviens-toi du jour du Shabbat pour le sanctifier" = en se souvenant du Shabbat tout au long de la semaine, cela est considéré comme le fait de rencontrer sa ''fiancée'' avant le mariage.
Et cela nous permettra de "le sanctifier", c'est-à-dire de pouvoir procéder au mariage (appelé ''sanctification (Kidouchin)''), quand viendra le moment : le 7e jour de la semaine.

[le Imré Shéfer]

<--------------->

-> "Souviens-toi du jour de Chabat pour le sanctifier" (Yitro 20,8)

A propos de ce souvenir dont parle le verset, Abrabanel explique que la nature de l’homme veut qu’il oublie les lois du Shabbat.
Pendant toute la semaine, il s’occupe de diverses travaux qui lui sont interdits le jour du Chabat. L’habitude l’amènera certainement à l’oubli du Shabbat.
C’est pourquoi le verset a estimé nécessaire d’éveiller la force du souvenir pour qu’il se rappelle le jour du Shabbat et s’abstienne de faire des travaux.

<--------------->

+ Lien entre Shabbath & respect des parents :

-> La 4e mitsva consiste à se souvenir du Shabbat (Yitro 20,8-11) et la 5e est celle d’honorer ses parents (Yitro 20,12). Leur juxtaposition peut sembler insignifiante, mais ce n’est pas la seule fois dans la Torah que ces 2 mitsvot "dissociées" sont accolées. Dans la paracha Kedochim (19,3), ces 2 mitsvot sont mentionnées dans le même verset : "Un homme craindra sa mère et son père ; et Mes Chabbatot vous garderez – Je suis Hachem votre D."

-> Sur ce verset, nos Sages expliquent que bien que l’on doive honorer et révérer ses parents, l’obligation ne va pas jusqu’à leur obéir s’ils demandent d’enfreindre le Shabbat ou toute autre mitsva de la Torah. [Rachi - Kedochim 19,3]

-> Le rav Yaakov Kamenetsky propose une autre interprétation quant à la juxtaposition de ces 2 mitsvot.
Lors d'un vol en avion des Etats-Unis vers Israël, le Rabbi Yaakov Kamenetsky était accompagné de son fils le Rabbi Avraham Kamenetsky et par une de ses petites-filles.
Durant tout le voyage, son fils et sa petite-fille sont venus très régulièrement voir si Rabbi Yaakov avait besoin de quelque chose.

Le voisin de Rabbi Yaakov n'a pu se retenir de lui demander : "Rabbi, je vois rarement mes petits-enfants, et pour sûr je ne bénéficie pas d'un tel type de relation avec eux.
Je ne pense pas que je recevrai un jour de telles marques d'amour de la part de mon fils ou de mes petits-enfants.
S'il vous plaît, Rabbi, quel est votre secret pour une telle proximité dans votre famille?"

Rabbi Yaakov lui a répondu :
"Pour ceux qui croit en Darwin et sa théorie de l'évolution, chaque nouvelle génération est plus raffinée et développée que ses prédécesseurs.
Pourquoi, alors, un jeune devrait honorer une personne âgée?

Cependant, selon notre tradition, chaque génération antérieure est plus proche de la révélation au mont Sinaï et donc à la source de notre spécificité/particularité en tant que peuple.
Mon fils et mes petits-enfants me regardent car c'est au travers de moi qu'ils ont une connexion avec notre peuple."

=> Shabbat témoigne de notre croyance en la création du monde par Hachem en 6 jours et en Son "repos" le 7e jour.
Une fois que l’on reconnaît cette vérité, on en viendra automatiquement à réaliser que chaque génération est plus proche de la Création que nous et est donc digne de respect. C’est le rapport entre ces 2 mitsvot : toutes deux émanent de la même conviction à propos de la création du monde par Hachem.

L’explication de rav Kamenetsky peut ainsi nous servir à expliquer pourquoi nos Sages choisirent précisément le Shabbat pour nous enseigner que le respect des parents n’outrepasse pas les autres mitsvot de la Torah.

Celui qui honore ses parents montre son lien avec les générations antérieures et donc sa croyance en la création du monde et il pourra respecter également le Shabbat qui représente la commémoration suprême de la Création.

Cette façon de considérer les personnes âgées et, plus généralement, le passé est très contrastée avec la perception laïque du monde. Celle-ci met l’accent sur le progrès et sur son importance, ce qui implique souvent une dépréciation du patrimoine culturel. La Torah quant à elle insiste sur l’adhésion aux valeurs transmises depuis le Don de la Torah. Elle aborde les changements du monde moderne en fonction de ces valeurs et non l’inverse.
Ainsi, bien qu’il y ait souvent eu de nouvelles approches et des mouvements "innovateurs" dans l’histoire de notre peuple, ils restèrent toujours dans le contexte des valeurs du don de la Torah.

"Le lendemain, Moché s'assit pour juger le peuple ; le peuple était debout autour de Moché du matin au soir" (Yitro 18,13)

=> Les juifs se trouvaient dans le désert et n'étaient engagés dans aucune entreprise commerciale. Tous leurs besoins étaient assurés.
Ainsi, quels cas pouvaient-ils bien avoir à soumettre à Moché?

Les juifs avaient recueilli une quantité importante de trésors sur la rive de la mer Rouge après la mort des égyptiens.
Les gens qui se trouvaient le plus près du rivage ramassèrent la plus grande partie de ce trésor et choisirent les plus beaux objets.
Ceux qui se trouvaient plus loin reçurent moins, tandis que d'autres ne ramassèrent rien du tout.

La répartition de ce trésor faisait à présent l'objet de vives controverses.
Naturellement, ceux qui possédaient le plus voulaient garder ce qu'ils avaient pris. D'autres voulaient que tout fût partagé équitablement.
D'autres encore pensaient que cet argent devait servir de dédommagement et voulaient qu'ils soit partagé en fonction de la souffrance et des pertes de chacun en Egypte
.
=> C'était un litige très important que Moché devait arbitrer pour le peuple entier.

[Panéa'h Raza - rapporté par le Méam Loez - Yitro 18,13]

"Yitro, prince de Midian, beau-père de Moché, entendit tout ce que D. avait fait à Moché et à Israël Son peuple, que Hachem avait fait sortir Israël d'Egypte" (Yitro 18,1)

-> Rachi : Qu'a-t-il entendu qui l'ait incité à venir?
Le passage de la mer Rouge et la guerre de Amalek.

=> Pourquoi n'est-il pas venu directement après les incroyables miracles liés à la mer Rouge, attendant d'entendre la guerre contre Amalek pour se décider à rejoindre Moché?
Comment comprendre qu'une bataille l'a plus impressionné que ce qui s'est passé à la mer Rouge?

-> Rabbi Eliyahou Lopian explique que toutes les nations du monde ont eu connaissance des miracles incroyables qui se sont passés en Egypte, puis à la mer Rouge, et pourtant elles n'ont rien changé au quotidien : la vie continuait comme auparavant.
Il y avait une exception : Amalek, qui était si bouleversé à l'idée qu'un Etre supérieur soit en charge de leur vie, qu'ils étaient prêt à lui mener combat à tout prix.

Yitro, grand prête de Midian, était un expert de toutes les religions. En effet, il avait une telle soif de vérité, qu'il les avait essayé absolument toutes (cf. Rachi v.18,11).
Puisqu'il avait une recherche de vérité sincère (et non pas uniquement pour satisfaire ses désirs personnels), D. l'assista dans sa démarche.
Après la mer Rouge, Yitro était heureux de connaître la vérité (le D. d'Israël est l'Unique et Vrai D.!), mais cependant il a continué à vivre comme avant.

"Yitro entendit tout ce que D. avait fait " : Après la bataille d'Amalek, il a réalisé que face aux miracles de Hachem, il y avait 2 réactions :
- celle de toutes les nations = elles n'ont pas entendu : l'information n'a fait que passer dans leur tête, et la vie a ensuite continué comme si rien ne s'était passé.
- chez Amalek et chez Yitro = ils ont entendu, ils ont pris conscience du message derrière les miracles incroyables : il y a une Force Suprême qui dirige et contrôle tout.

Yitro a compris que face à ce choc : soit on agit comme Amalek (plutôt mourir que de devoir soumettre nos envies à celle d'un D.), soit accepter et devenir juif.
C'est pour cela qu'il est parti tout de suite rejoindre les rangs du peuple d'Israël, pour ne pas risquer de suivre l'exemple d'Amalek.

=> Il en est de même dans notre relation avec la Vérité : soit on la laisse nous passer au-dessus de la tête (mes capteurs sont éteints), soit comme Amalek je développe une attitude anti-Hachem pour me permettre de justifier de faire ce que j'ai envie, ou soit j'arrive à capter ces moments de Vérité afin d'en profiter pour faire des changements concrets et réels dans ma vie.

<-------->

-> Rabbi Yéhouda Zev Segal explique que Yitro a été très impacté par l'écoute de ce qui s'est passé à la mer Rouge. Cependant, il pensait qu'il n'était pas nécessaire de faire quelque chose, gardant cette sublime inspiration.

Au sujet de la bataille contre Amalek, il est écrit : "Lorsque Moché levait sa main, Israël prenait le dessus et lorsqu'il baissait sa main, Amalek prenait le dessus" (Yitro 17,11).
La michna (Roch Hachana 3,8) explique : "Lorsqu'Israël regardait vers le Ciel et soumettait son cœur à son Père céleste, il avait le dessus ; lorsqu'il ne le faisait pas, il avait le dessous.".

Yitro a été choqué d'entendre que dans cette bataille qui s'est déroulée sur une seule journée, il était possible d'être inspiré par les mains de Moché au point de mériter la victoire, et qu'un bref moment après, lorsque les mains étaient baissés l'inspiration était partie au point qu'ils perdaient tout.

=> Cela a enseigné à Yitro qu'il n'était pas suffisant de ressentir une élévation suite aux miracles de la mer Rouge, puisque ces sentiments n'allaient pas rester, sauf s'il faisait un acte concret pour les rendre permanents, et c'est ce qu'il a fait en rejoignant les juifs et en se convertissant.

<------->

-> "Yitro, le prêtre de Midiane, le beau-père de Moché, entendit" (Yitro 18,1)

=> Puisque ce verset relate que Yitro est venu se rapprocher du peuple d'Israël et se convertir, pourquoi rappeler ses origines en tant que prêtre de Midiane?

En fait, nos Sages disent que lorsque le peuple d'Israël est dans une phase de réussite et de grandeur, alors on n'accepte pas de convertis. En effet, on craint que la personne ne cherche à se joindre à Israël par intérêt pour accéder à leur grandeur, et pas sincèrement.
Or, à cette époque, les Hébreux étaient en phase de grande réussite, après tous les merveilleux miracles qu'Hachem a réalisés pour eux. Comment a-t-on donc pu accepter la conversion de Yitro?
C'est pour répondre à cette question que la Torah précise qu'Yitro était le prêtre de Midiane. Il était donc lui aussi un homme important et très honorable. De fait, il n'avait pas de raison de rechercher la grandeur en se convertissant. C'est pourquoi, on a donc pu malgré tout accepter qu'il se convertisse.
[Apiryon]

<------->

-> Le Divré Israël explique que la victoire des juifs sur Amalek (symbolisé par Moché levant ses mains) a fait comprendre à Yitro l'importance de s'attacher à des tsadikim, d'avoir son rav, pour gagner sa lutte contre notre yétser ara, le Amalek en nous.

-> Yitro était prêt à quitter tout son confort, sa très haute position dans la société, ... pour aller dans le désert, qui symbolise l'humilité.
En effet, c'est uniquement lorsque l'on a tout vidé (ex: notre égo, nos désirs matériels), qu'il n'y a plus rien faisant écran entre nous et D., que l'on peut alors totalement soumettre sa volonté à celle d'Hachem, et il est possible de pleinement acquérir la Torah.
C'est ce que fit Yitro, et c'est une leçon pour nous tous. [dans sa quête de Vérité, il était prêt à tout quitter]
[adapté du Pri Tsadik - Rabbi Tsadok haCohen]

-> Par exemple, le Noam Mégadim commente : "Tu n'auras par d'autres D.", en le rapprochant de : "On ne doit pas être gêné face à ceux qui se moquent de nous lorsque l'on réalise la volonté de D. (Rama - Ora'h 'Haïm 1).

En effet, cela signifie qu'à nos yeux nous avons d'autres divinités que Hachem, puisque l'on se soumet à l'autorité du regard d'autres personnes, d'intérêts personnels, oubliant l'espace d'un instant que D. est au-dessus de tout.

[le désert représente le fait qu'il n'y a personne, ni aucune tentation : uniquement nous et D. (le roi David s'exclame : Je mets Hachem devant moi tout le temps - Shiviti Hachem lénegdi tamid)]

<------->

+ "Yitro ... entendit tout ce que D. avait fait"

-> Le Maskil léDavid apporte l'explication suivante.
Hachem a provoqué Amalek contre les juifs suite à des mauvaises actions de leur part.
Mais alors, si les juifs étaient fautifs, pourquoi Hachem leur a accordé la victoire de cette guerre?

De ce raisonnement, Yitro a déduit que forcément, le peuple d'Israël bénéficiait de la faveur Divine, à l’image d’un père pour son fils, même s’il le trouve coupable et qu’il le punit, finalement il le prend en pitié et l’épargne.

=> Ainsi, si le peuple juif est tel un fils pour Hachem, s’il est particulièrement aimé par Hachem, même s’il faute, alors effectivement, Yitro a conclu qu’il convient de s’attacher à ce peuple : il est donc venu rejoindre le peuple d’Israël (spécialement après l'épisode de Amalek).

-> Le 'Hatam Sofer explique que Yitro se culpabilisait et considérait qu’il avait commis une faute d’avoir été un conseiller de Pharaon.
Certes, il ne disait rien de mal contre les juifs, mais nos Sages affirment que celui qui se joint à un racha sera puni comme celui-ci.
Ainsi, Yitro s’en voulait donc d’avoir été, pendant une certaine période, conseiller de Pharaon.

Bien que depuis longtemps il avait regretté ce manquement et s’était déjà repenti, malgré tout, après avoir entendu le miracle de l’ouverture de la mer Rouge, il comprit que Hachem procède mesure pour mesure.
Les égyptiens furent punis par Hachem selon leurs perversités (subissant chacun une mort proportionnelle aux souffrances qu'ils ont pu faire subir), et furent engloutis dans la mer pour avoir jeté les enfants mâles dans le Nil.

De là, Yitro comprit que son repentir devait être à l’image de son manquement et il décida qu’à présent, il serait un bon conseiller pour les juifs, quand ils en auraient besoin.
Cependant, il pensait qu’il pouvait rester chez lui et attendre que les juifs viennent le consulter pour les conseiller. Il ne se voyait pas dans l’obligation d’aller, lui-même, vers eux.

Mais lorsqu'il entendit qu’Amalek vint faire la guerre contre Israël et que, comme le disent nos Sages, il parcourut pour cela 400 Parsa (environ 1700 km), ce qui représente une distance énorme. Alors il se dit que si pour le mal, Amalek est prêt à venir de si loin, combien plus pour le bien des juifs, lui aussi devait venir vers le peuple.

-> Le Ktav Sofer (fils du 'Hatam Sofer), apporte l’éclairage suivant. Il dit que Yitro souhaitait rejoindre le peuple juif depuis longtemps, mais il craignait d’être mal reçu, en tant qu’ancien prêtre idolâtre.
Par mesure de reconnaissance vis-à-vis de lui, pour avoir hébergé Moché dans un moment difficile pour lui, et lui avoir donné sa fille en mariage, certainement les juifs l’accueilleraient bien.
Cependant, il voulait être sûr que le peuple d’Israël avait bien cette qualité de reconnaissance avant de venir les rejoindre.

Quand il entendit le miracle de l’ouverture de la mer, il se demanda pourquoi Hachem a-t-il eu besoin de faire un tel miracle. Pourquoi les juifs n’ont-ils pas tout simplement fait la guerre aux égyptiens ?

La réponse est que les égyptiens ont accueilli dans leur pays les juifs, et simplement pour cela ils ne pouvaient pas leur faire de mal, malgré toutes les souffrances qu’ils leur ont imposées.

De là, Yitro déduisit que le peuple d’Israël est très reconnaissant. Mais malgré tout, il n’en fut pas complètement sûr, car peut-être que les juifs ne pouvaient pas simplement faire la guerre aux égyptiens du fait de leur faiblesse et de leur fragilité dues au fait qu’ils étaient des anciens esclaves.

Ainsi,lorsque Yitro vit comment les juifs ont fait, malgré tout, la guerre contre Amalek et ont eu la victoire, de là il déduisit que les juifs n’ont pas peur de faire la guerre.
S’ils n’ont pas combattu les égyptiens, c’est donc bien du fait de leur sentiment de gratitude envers eux.

=> Yitro conclut de cette association entre l’ouverture de la mer et la guerre contre Amalek, que les juifs ont cette qualité de reconnaissance, alors il se sentit prêt à venir rejoindre le peuple d’Israël, sûr qu’il sera bien accueilli.

<--->

-> Rachi explique sur les mots "Yitro entendit" : Qu’a-t-il entendu pour venir? L’ouverture de la mer Rouge et la guerre contre Amalek.

-> Le Béer Yossef enseigne :
Les nations furent très remuées par les miracles de la sortie d’Égypte, comme il est écrit dans le Chant de la Mer : "Alors les chefs d’Édom tremblèrent, les vaillants de Moav furent saisis de terreur, tous les habitants de Canaan, consternés" (Béchala'h 15,15).

Mais, lorsqu’Amalek attaqua, il atténua la crainte révérencielle que le monde avait envers le peuple juif. Les nations ne considéraient alors plus les juifs comme invincibles, et leur respect pour D. s’estompa.
Nos Sages utilisent, à ce sujet, la parabole d’une baignoire d’eau bouillante dans laquelle personne n’ose plonger. Soudain, quelqu’un y entre et se brûle, mais il refroidit l’eau (Rachi - Ki Tétsé 25,18).
Amalek perdit la bataille, mais il connut néanmoins certains moments de gloire, et ce combat, plus ou moins ordinaire, atténua les conséquences des prodiges de la sortie d’Égypte. Ainsi, l’attaque d’Amalek eut l’effet inverse des miracles.

=> En quoi cela incita-t-il Yitro à se convertir?
Le Béer Yossef poursuit : la considération première d’Yitro fut les répercussions de la guerre contre Amalek sur le Nom d’Hachem dans le monde. Si Amalek n’avait pas attaqué à ce moment, Yitro se serait peut-être contenté d’être un Ben Noa’h (Hachem a enjoint Noa’h et ses descendants d’accomplir 7 mitsvot) et de considérer les juifs avec respect ; il aurait certainement fait en sorte que son entourage agisse également ainsi.
Or, après cette attaque, Yitro ressentit le besoin de s’unir publiquement au peuple juif pour montrer que les nations devaient continuer de craindre et de respecter les juifs. Il était une personnalité très connue de par le monde et il réalisa que son voyage vers le désert depuis Midiane ne passerait pas inaperçu.
Nos Sages affirment qu’il voulut à tout prix publier son adhésion au judaïsme (Rachi - Yitro 18,6).
Le midrach rapporte qu’Hachem, Lui-même, dit à Moché que les aspirations de Yitro étaient réellement nobles.
Le Béer Yossef explique que la pureté de ses intentions était manifeste par son désir de contrecarrer les desseins ignobles d’Amalek.

Le Zohar (Zohar 2;69a) enseigne : "Lorsque Yitro, grand prêtre idolâtre dit : "Je reconnais à présent qu’Hachem est plus puissant que tous les autres dieux" (Yitro 18,11), l’honneur d'Hachem grandit et s’éleva au-dessus de tout. Du fait que [Yitro] se mit au service d'Hachem tout le monde se distancia immédiatement de l’idolâtrie [car les gens] réalisèrent qu’elle ne contenait aucune vérité. Le Nom d'Hachem fut alors sanctifié à travers le monde. » [5]

Ainsi, par son attitude il a réussi à sanctifier le Nom d’Hachem au sein des nations.

-> Cela nous apprend qu'il ne suffit pas de réfléchir à sa relation personnelle avec Hachem, mais que nous devons également nous soucier des conséquences que nos actions peuvent avoir sur les autres.

Le rav ‘Haïm de Volozhin écrit à ce propos, que nous disons, dans la amida de Roch Hachana, qu’Hachem juge "maassé ich oupékoudato". "Maassé ich" évoque les actions de la personne, mais à quoi se réfère "pékoudato"?

Il explique que chacun a une sphère d’influence qui touche les membres de sa famille, ses élèves ainsi que toute personne qui le côtoie. La façon qu’il a d’influer sur son entourage, par le biais de ses actions, est appelée "pékoudato" et l’individu est également jugé sur cela.
Si, en observant son comportement, d’autres personnes perfectionnent leur avodat Hachem, alors il sera largement récompensé, mais si c’est l’inverse qui se produit, il sera condamné pour la part qu’il aura dans leurs fautes (avérot), autant que pour ses propres fautes.

Le rav Yéhonathan Gefen commente : les actions de la personne ne se font pas en vase clos, nous sommes constamment observés par les autres, et par conséquent, nous devons constamment être conscients des éventuelles répercussions de nos actes, même quand nous ne communiquons pas directement avec une autre personne. Yitro comprit ceci et agit en fonction, c’est un modèle pour nous tous. [au point d'avoir une paracha portant son nom]

<--->

-> "Ils se tinrent debout au bas de la montagne" (Yitro 19,17)
Rabbi Avdimi bar ‘Hama bar ‘Hassa apprend que Hachem renversa sur l’assemblée d’Israël la montagne comme une coupole.
Puis Hachem leur dit : "Si vous acceptez la Torah, c’est bien, sinon là sera votre tombe!" [guémara Shabbath 88a]

-> Rabbi Yéhouda dit : Un jour viendra où Hachem fera venir le yétser ara et l’égorgera en présence des tsadikim et des réchaïm.
Le yétser ara apparaîtra aux tsadikim comme une haute montagne, et aux réchaïm comme un cheveu.
[guémara Soucca 52a]
[ => ainsi la montagne peut représenter le yétser ara]

-> Rabbi Moché Mordé'haï de Lelov dit qu'au moment du don de la Torah les Bné Israël ont atteint un niveau où ils étaient débarrassés de leur yétser ara.
Hachem leur a donc rendu ensuite leur yétser ara, ce qui est symbolisé par la montagne (allusion au yétser ara) qu'Il renversa sur eux.
Hachem ne manque pas d'anges au Ciel, qui le servent à la perfection.
Hachem attend que les juifs surmontent leur yétser ara en toutes circonstances, et cela lui procure un plaisir énorme.

Le rabbi Its'hak de Vork explique qu'au début Yitro pensait qu'il n'était pas méritant de recevoir la Torah, car il savait qu'il ne pourrait pas observer toutes les lois de la Torah.
Mais lorsqu'il a entendu la guerre contre Amalek (qui représente la guerre contre notre yétser ara), c'est-à-dire que Hachem désire que l'on combatte le yétser ara, alors il est venu.
Il a compris que l'essentiel n'est pas de servir Hachem à la perfection (comme un ange), mais plutôt du mieux que l'on peut (du haut de nos forces et faiblesses!).
[Hachem désire davantage nos combats à nos succès]

<--->

-> Le Sar Shalom de Belz enseigne :
Selon le midrach, après l'ouverture de la mer Rouge, Amalek a parcouru 400 parsot (environ 1700 km) sans s'arrêter pour rejoindre les juifs.
Pourquoi Amalek n'a-t-il pas fait une pause au milieu de ce très long trajet?

Après qu'ils aient entendu les énormes miracles que Hachem a accompli à la mer Rouge, ils devaient avancer sans réfléchir. En effet, s'ils auraient fait une pause durant leur trajet, ils auraient pu en venir à réfléchir et auraient pu en venir à faire demi-tour.
Ainsi, Amalek est allé vite, en investissant toutes ses forces, ne se permettant pas une seconde de penser aux miracles d'Hachem.

Lorsque Yitro a compris le plan d'Amalek (il est venu si vite!), il a réalisé qu'il devait également se hâter de rejoindre les juifs dans le désert.
En effet, s'il aurait attendu, alors l'impact de la mer Rouge sur lui aurait refroidi, et il n'aurait jamais rejoint la nation juive.

[on voit de là que la capacité de non réflexion peut être un plus et un moins.
D'un côté le yétser ara nous laisse tellement occupé pour que nous n'avons pas le temps de réfléchir au sens de notre vie. D'un autre côté, parfois il ne faut pas réfléchir pour ne pas laisser le yétser ara nous refroidir nos bonnes intentions.]

<------------------------------------->

"Yitro le prêtre de Midiane entendit" (Yitro 18,1)

-> Yitro était parfaitement conscient que s'il ne venait pas immédiatement rejoindre Moché et les Bné Israël, le Satan aurait affaibli son empressement, retardant son élan au lendemain puis à la semaine suivante jusqu'à lui faire perdre définitivement cette opportunité unique.
C'est la raison pour laquelle il abandonna tout, instantanément et ne donna aucune possibilité au mauvais penchant d'avoir une emprise sur lui.
Il en est ainsi pour chaque juif, qui par son éveil de repentir et de bonnes actions, désire ardemment revenir vers son Créateur. Dans la majorité des cas, cette personne se dit : avec l'aide de D., demain, car aujourd'hui c'est trop compliqué! C'est alors que le mauvais penchant intervint et le freine sans que cet homme n'y prête attention.
C'est à ce sujet que nos Maître nous ont enseigné : "Sors faire la guerre contre Amalek, demain". [Rachi - guémara Yoma 52b]

Le combat que le mauvais penchant, que l'on appelle Amalek, mène contre l'homme peut se résumer en un mot : "Demain!"
Ainsi, notre réponse doit être sans équivoque "Moi, c'est aujourd'hui!"
Et ce combat est sans fin, tout au long de la vie de l'homme.
Ceci corrobore le verset de notre paracha : "Tu les sacrifieras aujourd'hui et demain" (Yitro 19,10). En effet, le mauvais penchant argumente ainsi : "Ecoute-moi, seulement aujourd'hui, et demain tu pourras commencer à te sanctifier et suivre la voie d'Hachem".
L'homme devra répondre aux mauvais penchant : "Je me sanctifierai en accomplissant les mitsvot et en étudiant la Torah dès aujourd'hui ainsi que demain et chaque jour de ma vie".
[Tsor ha'Haïm - Yitro]

[d'une certaine façon on doit dire au yétser ara : "tu as raison je vais t'écouter, mais là je suis occupé, repasse demain!"]

-> à ce sujet, également : http://todahm.com/2019/07/01/11104-2

<------------------------------------->

-> "Yitro entendit tout ce que Elokim fit à Moché et à Israël son peuple, car Hachem sortit Israël d'Egypte" (Yitro 18,1)

=> On peut se demander pourquoi Yitro a-t-il reproché à Moché d'être assis alors que le peuple était debout devant lui? Finalement, Moché les jugeait, s'investissait pour eux, leur enseignait la Torah, les guidait dans leurs affaires. Il méritait pour cela le respect et la gratitude de l'élève pour son Maître qui se tient debout devant lui. Alors pourquoi lui a-t-il reproché d’être méprisant envers le peuple?

-> C'est à cette question que vient répondre la fin du verset : " ''Du matin jusqu'au soir'', pour dire que celui qui juge le peuple est considéré comme associé d'Hachem". C’est en permettant à Moché de les juger, que le peuple lui faisait accéder au mérite de devenir l'associé d'Hachem, mérite qui n'a pas d’égal.
Ainsi, par respect pour le peuple qui lui permettait cette élévation, Moché ne pouvait pas exprimer du mépris à leur endroit, assis comme un roi, alors qu'ils étaient eux, debout. Il en ressort que la deuxième partie de ce verset, apporte un éclairage sur la première partie du verset.
[Imré Shefer]

"Yitro, beau-père de Moché, emmena Tsipora, épouse de Moché ... ses 2 fils, l'un nommé Guerchom : "car, avait-il dit, je suis étranger, dans un pays étranger". L’autre nommé Eliézer, "parce que le D. de mon père m'a aidé et m'a sauvé de l'épée de Pharaon"." (Yitro 1,2-4)

- Le 1er enfant de Moché était Guerchom, qui veut dire ''étranger là-bas'', car il est né alors que Moché était "étranger, dans un pays étranger".
- Et le 2e était Eliezer, qui veut dire ''mon D. m'a aidé'' : "Le D. de mon père m'a aidé et m'a sauvé de l'épée de Pharaon". En effet, Pharaon a essayé de tuer Moché quand il a appris qu'il a tué un égyptien, et Hachem l'a sauvé. Or, puisque Moché a été sauvé de l'épée de Pharaon avant de se retrouver étranger à Midiyan, ainsi il aurait dû appeler le 1er Eliezer et le 2e Guerchom.
=> Pourquoi Moché a-t-il choisi l'inverse?

-> Le Sforno explique que tant que le Pharaon qui voulait tuer Moché était vivant, Moché ne se sentait pas complètement sauvé de son épée, car il craignait que s'il retourne en Egypte, ce Pharaon réessaie de le tuer.
Or, après qu'Hachem aie désigné Moché pour libérer le peuple juif d'Egypte, Il lui annonça que ceux qui cherchent à le tuer sont morts, dont ce Pharaon.

=> C'était seulement à présent que Moché se sentait définitivement sauvé de l'épée de ce Pharaon. Et c'est quelques jours après cela, quand il était en chemin pour retourner en Egypte, que son 2e fils fut circoncis.
Seulement alors, il put l'appeler Eliézer, car maintenant, il sentait qu'il était réellement sauvé de l'épée de Pharaon, comme Hachem le lui avait fait savoir

<--->

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch explique la raison du prénom de Guerchom de la façon suivante :
Moché dit : "J'étais étranger dans un pays étranger". La redondance de cette phrase interpelle, et c'est qu'en réalité, tout homme est déjà étranger dans ce monde, car la véritable place de l'âme est auprès d'Hachem.
De plus, Moché était aussi étranger parce qu'il se retrouvait dans un pays étranger, à Midiyan, loin des siens.
Ainsi, non seulement Moché considérait qu'il était étranger, comme toute personne, du fait qu'il se trouve dans ce monde, mais en plus, il se trouve dans un pays étranger.
Bien-entendu, le fait que Moché se trouve étranger dans ce monde, cela a commencé dès sa naissance, avant d'avoir été sauvé de l'épée de Pharaon.

=> C'est pourquoi, il appela son 1er fils Guerchom, par rapport à cette notion d'étranger dans ce monde, qui est bien intervenue avant qu'il n'ait été sauvé de l'épée de Pharaon.

<--->

-> Le Tiféret Yonathan dit que Moché aimait tellement ses frères qui souffraient en Egypte, qu'il ne considérait pas comme un réel bienfait le fait d'avoir été sauvé de l'épée de Pharaon.
En effet, il pensait qu'il eut peut-être même été préférable de mourir entre les mains de Pharaon plutôt que de savoir ses frères tant souffrir et être oppressés.
A quoi bon vivre si son peuple souffre autant.

=> C'est pourquoi, il ne voulait pas nommer son fils Eliézer, car il ne ressentait pas assez le bienfait d'avoir été sauvé, alors que son peuple peine tant.
Mais quand Hachem se révéla à lui au buisson pour lui annoncer la délivrance, à présent il commença à ressentir rétroactivement le bonheur d'avoir été sauvé. Car cela valait bien le coup d'avoir été sauvé, pour pouvoir se réjouir de la Délivrance du peuple juif.
A présent, il pouvait appeler son 2e fils Eliézer, pour remercier Hachem comme il se doit et avec toute la gratitude qui s'impose, de l'avoir sauvé.

<--->

-> Le rav Moché Feinstein (Darach Moché) explique que Moché réfléchit et réalisa qu'Hachem ne l'a pas sauvé en vain de l'épée de Pharaon. Il comprit qu'Hachem l'a sauvé uniquement pour qu'il s'élève spirituellement et se consacre à Son Service.
C'est pourquoi, quand il arriva à Midiyan, il entreprit tout ce qu'il pouvait pour s'investir pleinement dans le Service Divin. Ainsi, il comprit que dans ce pays étranger, loin de ses frères, le risque de se perdre et de s'intégrer dans la population était grand.
Cela mettait en péril son élévation spirituelle.

Pour progresser, il lui fallait se distinguer des Midiyanim. Il ne devait surtout pas se fondre dans la masse. C'est pourquoi, il appela son premier fils Guerchom, pour se rappeler constamment qu'il est et doit rester étranger dans ce pays. Il sentait que c'était cela l'urgence du moment pour se protéger spirituellement.

=> Comme Moché avait compris qu'il n'a été sauvé de Pharaon que pour s'investir dans le Service d'Hachem, et que cela devait passer par le fait de se sentir étranger à Midiyan, pour ne pas s'assimiler, il convenait donc avant tout de nommer son premier fils Guerchom.
Par cela, il se rappellera toujours qu'il n'est qu'un étranger et ne doit pas s'assimiler, et de la sorte, il pourra s'investir dans le Service Divin, même dans un pays hostile à ce service.

<--->

-> Certains commentateurs expliquent que les tsadikim se réjouissent encore plus des souffrances que des bienfaits, car les souffrances expient les fautes, mais aussi élèvent et raffinent encore plus l'homme.
C'est pourquoi, Moché donna encore plus de priorité à l'épreuve qu'il vivait, de se retrouver étranger dans un pays étranger, plus encore qu'au miracle qu'il a vécu d'avoir été sauvé de l'épée de Pharaon

Chaque année à Shavouot, la puissance des 10 Commandements revient à nouveau [à l'identique du don initial au mont Sinaï].

[le Tiféret Shlomo]

<--->

-> "Le peuple vit, ils tremblèrent et se tinrent à distance" (Yitro 20,15)

Le Beit Israël (rabbi Israël Alter) commente : "Même les générations qui se tiennent "à distance", c'est-à-dire celles venant de très nombreuses années après le don de la Torah, elles trembleront toujours [à Shavouot] pour cet événement exceptionnel".

Selon rabbi Sim’ha Bounim de Pschischa, au mont Sinaï il y a eu une Révélation Divine évidente. Or, lorsqu'une personne fait clairement face à Hachem, elle réalise à quel point elle se tient "à distance", à quel point elle est loin de toute compréhension de D.
A Shavouot, nous prenons conscience d'à quel point notre compréhension est limitée, et à quel point nous devons accorder la plus haute importance à la Torah qui est Divine.

<--->

-> L'expérience du mont Sinaï a généré un impact national et individuel, dans chacune des âmes du peuple juif qui étaient [toutes] présentes lors de la Révélation Divine.
Cela est devenu enraciné et fait partie de nos traits de caractères hérités.
[Rav 'Haïm de Volozhin - Néfech ha'Haïm]

<----------------------->

-> Rabbi Elimélé'h Spira (le Bluzhover Rebbe) a vécu jusqu'à l'âge de 99 ans.
Un jour, ses 'hassidim ont entendu que le médecin de l'empereur d'Autriche était tout proche de chez eux. Il lui ont alors demandé d'examiner leur rabbi qui était âgé d'environ 80 ans, et était en parfaite santé.

Après de nombreux examens, le médecin a dit que le rabbi allait vraiment bien pour son âge avancé, mais cependant il y avait un seul problème : son rythme cardiaque irrégulier.

Lorsque l'on a informé le Bluzhover Rebbe de cela, il a rigolé et il a dit : "Que sait-il? Puisqu'il n'est pas juif, il ne peut pas comprendre.
Aujourd'hui c'est roch 'hodech Sivan, le jour où les juifs sont arrivés au mont Sinaï. Puisque nous nous approchons du jour du don de la Torah à Shavouot (le 6 Sivan), il est évident que mon cœur bat plus vite qu'à la normale!"

"La prière est notre moyen de communiquer avec Hachem.

Le verset nous avertit : "Vous ne ferez pas [d'images de ce qui est] avec Moi ; dieux d'argent ou dieux d'or" (Yitro 20,20).
Lorsqu'un juif se tient devant Hachem, absorbé dans la prière, il ne doit pas permettre à ses pensées de demeurer sur ses possessions d'argent et d'or, car en agissant ainsi, Hachem considérera ces pensées aussi sérieusement que la faute de faire des idoles d'argent et d'or."

[Rabbénou Bé'hayé]

[notre prière est un moment d'union avec notre papa Hachem, sans aucune interférence (juste Lui et nous, en totale intimité!).
Lorsque nous laissons se développer nos réflexions financières, c'est comme si nous préférions leur vouer un culte, plutôt que de mettre tous nos espoirs en D.]

<----------->

-> "Ne M’associez aucune divinité ; dieux d’argent, dieux d’or" (Yitro 20,20)

Rabbi Avraham HaCohen de Tunis (dans son Avraham Yagel) explique que ce verset avertit les enfants d’Israël de s’attacher à Hachem et de L’aimer authentiquement, afin qu’en retour, Il soit proche d’eux et les secoure à tout moment où ils L’invoquent.
Par contre, si, à D. ne plaise, ils s’éloignaient de Hachem et de Son service, Il s’éloignera aussi d’eux et n’agréera pas leurs prières, faisant mine de ne pas les entendre.

Le verset peut alors se lire ainsi : "Ne faites pas de moi [oti au lieu de iti] des dieux d’argent et des dieux d’or" = c’est-à-dire ne m’obligez pas à Me comporter comme ces divinités qui ne voient ni n’entendent.

<----------->

-> "Ne m'associez aucune divinité, dieu d'argent, dieux d'or" (Yitro 20,20)

Rabbi Yaakov Aharon de Volozhin explique : "Hachem dit : ne faites pas avec moi des affaires ; ne gagnez pas votre vie en vous servant de la crainte de D."

"Nous savons que chaque grand de la génération (gadol hador) est aidé par le mérite des gens de sa génération.

Lorsque les juifs sont arrivés au mont Sinaï et que "Israël campa là [aux pieds de] la montagne" (Yitro 19,2), c'est comme s'ils étaient venus comme une grande pierre, d'une unité absolue.
C'est pourquoi lorsque Moché monta, alors : "Hachem l'appela depuis la montagne" (Yitro 19,3) = cela n'a pu être possible que grâce au mérite du peuple juif qui est venu [uni] ensemble à la montagne."

[Rabbi Yaakov Abou'hatséra - le Abir Yaakov]

<-------->

-> "Quand les juifs vivent dans l’unité et l’harmonie, alors leur chef spirituel peut s’élever encore plus et atteindre de hauts niveaux dans son rapprochement avec Hachem.
Quand "Israël campa" dans l’unité et la paix, alors "Moché monta vers Hachem", le dirigeant d’Israël peut encore plus s’élever vers Hachem."
[haDrach vé'Haïyoun]

<-------->

-> idem au moment de la traversée de la mer Rouge : https://todahm.com/2019/02/14/8365

"Je suis Hachem ton D." (Yitro 20,2)

-> "La Torah tient en estime toutes les âmes du peuple juif, qu'il s'agisse d'un tsadik ou d'un racha, à partir du moment où l'homme adhère à D. et croit dans les [13] principes de la foi.
Le verset le proclame : "Je ne souhaite pas que le racha meure, mais qu'il renonce à sa voie et qu'il vive" (Yé'hezkel 33,11)."
[Rambam - Hilkhot Rotséa'h 13,14]

-> "Lorsque l'homme sera convaincu de la vérité de tous ces [13] principes, lorsqu'il aura éprouvé sa foi dans leur véracité, il deviendra un juif à part entière, et c'est alors une mitsva de l'aimer, de le prendre en piété et d'agir à son égard conformément à tous les commandements de D. relatifs à l'amour entre les hommes.

Et même s'il s"était épuisé à commettre autant de fautes que son corps le lui permet, entraîné par la tentation et l'emprise de sa nature triviale, il sera puni en conséquence, mais il conservera sa part dans le monde futur.
En revanche, lorsqu'un homme s'écarte de la foi de l'un de ces [13] principes, il s'exclut aussitôt de l'assemblée d'Israël, il renie les Principes fondamentaux et reçoit le titre de renégat"
[Rambam - à la suite de ses 13 principes de foi - introduction au chapitre 'hélek]

=> C'est uniquement les 13 principes de foi du Rambam, qui permettent de distinguer l'homme adhérant à la foi du judaïsme, de celui qui la renie.
En acceptant ces 13 principes, une personne juive appartient à l'assemblée d'Israël, et rien que pour cela nous devons l'aimer et l'estimer autant que possible.

Questions/Réponses – paracha Yitro

+ 7 Questions/Réponses - paracha Yitro :

1°/ Rachi (18,6) : Yitro fit dire à Moché : cela signifie qu'il le lui a fait dire par un messager.

Comment Yitro (alors non-juif) a-t-il pu communiquer avec Moché, puisque les juifs étaient entourés de Nuées de Gloire, qui ne laissaient aucun non-juif entrer?

-> Le Tour écrit que lorsque Yitro a atteint le campement juif et qu'il s'est rendu compte qu'il ne pouvait pas y pénétrer à cause des Nuées, il a écrit une note indiquant qu'il était le beau-père de Moché, et qu'il était venu avec la femme et les 2 fils de Moché.
Yitro a attaché ce court message à une flèche et il l'a tiré dans le campement juif.

Bien que les Nuées de gloire l'auraient normalement intercepté, lui refusant d'entrer, comme cela a pu être le cas avec les nombreux projectiles tirés par les égyptiens, cette fois-ci elles ont fait une exception.
[cf. Rachi 19,4 : "Les égyptiens lançaient des flèches et des projectiles de pierre, et c’est la nuée qui les recevait"]

Le midrach affirme que la flèche est tombée à proximité de Moché, qui l'a lue, et il s'est empressé d'aller accueillir Yitro hors du camp.
[selon le midrach Tan'houma, c'est Ouziel, l'oncle de Moché et Aharon, qui a trouvé la flèche, avec de la donner à Moché]

-> Le midrach Léviat 'Hen rapporte également qu'en raison de la Nuée entourant le camp des Bné Israël, Yitro a écrit un petit mot, l'a placé à l'extrémité d'une flèche et l'a tirée à l'aide d'un arc.
La flèche est partie et a miraculeusement atteri devant Moché. Ce dernier a ramassé le message et l'a lu : "Moi, ton beau-père, Yitro ..."
Selon d'autres avis, il a envoyé l'écrit à l'aide d'un pigeon.

<--->

+ "Moché sortit à la rencontre de son beau-père. Il se prosterna et l'embrassa. Ils s'enquérirent mutuellement de leur bien-être et entrèrent dans la tente" (Yitro 18,7)

-> Moché se prosterna devant Hachem, puis embrassa Yitro
Lorsque la Torah écrit : "et entrèrent dans la tente", cette expression semble totalement superflue, puisqu'il est évident qu'ils ne restèrent pas dehors dans le désert.
Moché avait suivi les voies d'Avraham. Celui-ci avait un arbre par lequel il mettait à l'épreuve les convertis potentiels pour juger de leurs motivations. Moché fit un usage semblable des Nuées de Gloire.
[En effet, selon le Zohar (vol I,102b), l’arbre [sous lequel il recevait ses invités] révélait à Avraham les pensées internes de ses visiteurs.
S’ils croyaient dans le Créateur, l’arbre déployait ses branches, amenant de l’ombre.
S’ils étaient des idolâtres convaincus, l’arbre repliait ses branches, retirant l’ombre.
Avraham n’était alors pas apaisé tant que ses invités ne croyaient pas en D.]

Moché conduisit Yitro à travers les Nuées de Gloire. Si les motifs de Yitro étaient purs, les nuées le laisseraient passer, sinon Yitro ne pourrait pas les traverser.
D'ailleurs, c'est pour cette raison que le érev rav ne fut pas admis à l'intérieur des Nuées de Gloire.
La tribu de Dan en était également exclue parce qu'elle transportait avec elle la statue de Mikha ...

Ainsi, après que Yitro ait subi l'épreuve des Nuées de Gloire et que la pureté de ses motifs fut prouvée, Moché lui fit part de tous les miracles qui survinrent en Egypte.
Il pourrait sembler étonnant que Moché ait mis Yitro à l'épreuve après que Hachem lui ait dit de l'accepter.
Après l'accueil royal que la nation juive avait réservé à Yitro, Moché craignait que ce dernier ne fût devenu fier et sensible à ces marques d'honneur. Moché pensa donc qu'il valait mieux le mettre une nouvelle fois à l'épreuve.
De plus, Hachem voulait que la Torah elle-même témoignât de la sincérité de Yitro. La Torah dit donc explicitement qu'ils "entrèrent dans la tente" = le fait que les Nuées de Gloire laissèrent entrer Yitro était le signe de la pureté de ses motifs.
[Méam Loez - Yitro 18,7]

<----------------->

2°/ Le Arizal nous enseigne que Moché était la réincarnation (guilgoul) d'Hével, et Yitro la réincarnation de Kaïn.
Comment peut-on l'observer dans la Torah?

Le rav 'Haïm Vital dit qu'une allusion à cela se trouve dans les 1ers mots de Yitro à Moché, qui sont : "Moi, Yitro ton beau-père" (ani 'hotné'ha Yitro - אֲנִי חֹתֶנְךָ יִתְרוֹ - Yitro 18,6).
La 1ere lettre de ces 3 mots forment : "a'hi" (mon frère - אחי) : Yitro (Kaïn) rappelle en allusion à Moché (Hével) qu'ils étaient les 1ers frères de l'humanité.

Une partie de la mission de Yitro dans ce monde était d'expier la faute de Kaïn d'avoir tué Hével, et il a fait cela de plusieurs manières :
-> 1°/ il a donné sa fille en mariage à la réincarnation de Hével, c'est-à-dire Moché, lui permettant d'avoir les descendants qu'il lui avait empêché d'avoir en le tuant (cf.Béréchit 4,10 : où le sang de Hével fait référence à celui des descendants qu'il aurait pu avoir).

-> 2°/ L'offrande apportée par Kaïn ne trouva pas faveur aux yeux de D. (Béréchit 4,5), ainsi Yitro a corrigé cela en amenant des offrandes valables à Hachem (Yitro 18,12 : "Yitro prit une offrande d'élévation (ola) et des offrandes de festin (zéva'him) pour D. ")

Le Tsror haMor écrit que Yitro va apporter à Hachem un sacrifice "ola" (עֹלָה - holocauste) afin de racheter les pensées du cœur qui lui étaient venues avant qu'il sache ce qu'il en était ; mais également des sacrifices "zéva'him" (זְבָחִים) qui viennent faire la paix (shalom) avec D.
Nos Sages disent que les initiales de ces 2 mots forment : "ol" (le joug - עז).
Cela vient nous enseigner que Yitro a pris sur lui le joug de la Torah, le joug des mitsvot, et le joug du Royaume des cieux [Hachem].

-> 3°/ Le 'Hida écrit qu'alors que la Torah ne rapporte pas la dernière discussion entre Kaïn et Hével lorsqu'ils étaient dans le champ avant le meurte, le Targoum Yonathan ben Ouziel (Béréchit 4,8), nous rapporte que Kaïn a entre autre tenu des propos blasphématoire : il n'y a pas de jugement Divin concernant nos actions dans ce monde.

Yitro a corrigé cela en suggérant à Moché (Yitro 18,19-23) le concept d'établir un système de jugement pyramidal (et lorsque Moché n'en avait pas la réponse, il s'en remettait à Hachem!).

-> Le Arizal (Kavanot haArizal) ajoute également que lorsque Hével a été tué, Kaïn a pris possession de son troupeau. Pour réparer cela, dans le désert, Yitro a donné à Moché l'ensemble de son troupeau.

<--->

-> Contrairement au sacrifice de Kaïn, celui de Hevel fut accepté par Hachem. Kaïn en fut jaloux et décida de tuer son frère Hevel. Le midrach ajoute 2 autres raisons à ce meurtre. D’une part, Kaïn était agriculteur. Il avait décrété que la terre lui appartenait et que Hevel n'avait pas le droit d’en bénéficier. C’est la raison pour laquelle il le menaça et lui dit que s'il voulait continuer à vivre, il devait s'envoler dans les airs.
D’autre part, Kaïn est né avec une soeur jumelle, alors que Hevel est né avec deux soeurs jumelles. A l'origine, il n'y avait pas d'autres êtres humains, c’est pour cela que Kaïn dût se marier avec sa jumelle, et Hevel avec ses deux jumelles, soit avec deux femmes. Ce qui rendit son frère Kaïn encore plus jaloux.
Pour toutes ces raisons, Kaïn tua son frère. Puis, il se mit à renier la Justice Divine en clamant : "Il n'y a ni justice, ni Juge!". Mais Hachem met en place les événements pour apporter la réparation de chaque faute.
C'est ainsi qu'Il fit redescendre l'âme de Hevel en Moché, celle de Kaïn en Yitro, et celle de la jumelle (supplémentaire) de Hével en Tsipora, la fille de Yitro. Quand Yitro rejoignit le peuple Juif dans le désert, il dit à Moché : "Je suis ton beau père, Yitro" (אני חותנך יתרו), dont les initiales forment le mot אחי (mon frère). Comme pour lui dire : "Je suis ton beau-père à présent, alors qu’à l'origine tu étais mon frère".
Pour réparer la jalousie de Kaïn sur la soeur jumelle (supplémentaire) de Hevel, Kaïn réincarné en Yitro vient restituer sa fille Tsipora à Moché, après qu'il se soit séparé d'elle avant de se rendre en Egypte. Et pour s’être entendu dire qu'il devait s'envoler dans les airs, car ne pouvant pas demeurer sur terre, Moché (l’âme de Hevel) dût effectivement quitter la terre et monter au ciel recevoir la Torah.
Pour avoir dit qu'il n'y a ni juges ni justice, voilà que Yitro (l’âme de Kaïn) vient à présent souffler à Moché un conseil : celui d’établir le système judiciaire et la disposition des juges. Hachem s'arrange toujours pour que les fautes commises par l’homme soient réparées, dans cette vie ou dans une autre.
Mieux vaut donc s'efforcer de réparer par soi-même par la téchouva de ses propres fautes.
[selon les Mékoubalim]

<--->

-> b'h, Réincarnations & paracha Chémot : https://todahm.com/2019/01/12/reincarnations-paracha-chemot

<----------------->

3°/ "Hachem appela [Moché] depuis la montagne, en disant : Ainsi tu diras à la maison de Yaakov et parleras aux enfants d'Israël" (Yitro 19,3)

Rachi écrit que Hachem a instruit Moché de parler d'abord aux femmes ("maison de Yaakov") et "avec douceur", afin qu'elles puissent accepter d'abord la Torah, avant les hommes.
Pourquoi cela?

-> Le midrach (chémot rabba 28,2) donne 3 explications :
- car les femmes réalisent les mitsvot avec plus d'empressement ;
- afin qu'elles puissent envoyer leurs enfants étudier la Torah et les éduquer comme il faut ;
- et en raison des dégâts qu'a occasionné le fait que Hachem avait ordonné à Adam avant 'Hava, de ne pas manger du fruit Interdit. Pour cela, cette fois-ci l'ordre a été inversé.

-> Le Beit haLévi répond en se basant sur la guémara (Guitin 55b), qui rapporte que si l'on souhaite acquérir un terrain appartenant à la femme, et qu'on demande d'abord l'autorisation à son mari, l'achat n'est pas valable car la femme a pu donner son accord uniquement pour faire plaisir à son mari (ou par volonté de ne pas se disputer), et non d'un véritable choix personnel.

Il en est de même si les hommes avaient accepté la Torah d'abord, on aurait pu penser que les femmes l'ont acceptée, non pas par choix sincère personnel, mais plutôt pour rendre heureux leur mari, pour ne pas se disputer.
[Leur acceptation n'étant alors pas valable].

-> Le rav Chmaryahou Ariéli suggère que Moché a parlé aux femmes en accord avec le midrach (Béréchit rabba 17,7), qui affirme que le niveau spirituel d'une maison est déterminé par la femme.

-> Les femmes jouent un rôle crucial dans la réussite de la transmission de la Torah à la génération suivante, puisqu'elles vont [par exemple] les encourager à se rendre à l'école juive d'une manière plaisante et attrayante.
Ces premières années sont la fondation sur laquelle va se baser toute l'implication en Torah de l'enfant durant sa vie entière.
[Rabbénou Bé'hayé]

D'une certaine façon, Rabbénou Bé'hayé rajoute ensuite l'idée que d'ici provient la coutume des femmes de prier pour la réussite spirituelle de leurs enfants après l'allumage des bougies de Shabbath.
A l'image de la lumière qui symbolise la Torah, les femmes illuminent par leurs prières, leur sourire, leurs paroles positives, ... l'ensemble du foyer, lui permettant de rayonner spirituellement.

<--->

-> Le Mayim Amoukim (rabbénou Yéhouda Birdugo) fait remarquer : "Israël campa là en face de la montagne" (Yitro 19,2), cela fait référence uniquement aux hommes.
En effet, les femmes observant alors scrupuleusement la tsniout, se tenaient un peu plus loin.

Quel message intemporel : le fait que les femmes se tiennent éloignées d'un événement religieux (ici les 10 Commandements), n'est pas un manque de respect à leur égard.
Au contraire leur fidélité dans l'accomplissement de la tsniout, leur fait bénéficier que Hachem souhaite d'abord s'adresser à elles.

[Imaginons la scène : les hommes au plus proche du mon Sinaï, et les femmes se tenant à distance, pouvant se croire les oubliées de l'événement.
Mais en réalité, c'est l'inverse : Hachem va d'abord demander leur avis.
D'une certaine façon, pour D. : lorsque vous respectez la difficile mitsva de tsniout, votre avis m'est encore plus précieux que celui des hommes! ]

<----------------->

4°/ Quelle habitude ont de nombreuses personnes au moment d'étudier la Torah et qui prend racine au don de la Torah? Pourquoi?

-> "Tout le peuple vit le tonnerre, les flammes, le son du Shofar et la montagne fumante ; le peuple vit, ils tremblèrent et se tinrent à distance" (Yitro 20,15)

Le Baal haTourim commente que le tremblement au moment du don de la Torah est une source de la pratique répandue de s'agiter/balancer lorsque l'on étudie la Torah.

-> Selon le Tour (Chémot 20,15), c’est à cause des tremblements au mont Sinaï qu’on a coutume de se balancer en priant et en étudiant.

-> D'une façon similaire, le Rema (Ora'h 'Haïm 48,1) écrit que ceux qui sont rigoureux dans la réalisation des mitsvot, sont habitués à s'agiter/balancer lorsque la Torah est lue, puisque la Torah a été donnée au Sinaï de cette manière.

-> Le Zohar haKadoch (Pin'has 218a) note que le fait de balancer son corps est une pratique unique à la religion juive.
Il explique que cela provient de notre âme élevée qui s'agite en nous lorsque nous étudions la Torah, à l'image d'une bougie allumée, et c'est pourquoi, nous oscillons d'un côté à l'autre, comme une flamme dansante.

[étudier la Torah, c'est se connecter à sa source originelle (D.), c'est raviver notre feu d'amour pour Hachem]

[Dans ce Zohar, rabbi Chimon bar Yo'haï dit qu'il est écrit : "La lampe de Hachem est l'âme de l'homme" (Michlé 20,27).
Une lampe posée près d'une grande flamme s'agite continuellement d'avant en arrière.
De même, lorsque l'âme d'un juif s'approche de la flamme de la Torah, il ne peut s'empêcher de se balancer. [Au don de la Torah, il est écrit : "le peuple vit et trembla"]. Depuis lors, se balancer en étudiant reste une attitude typiquement juive.]

<--->

-> Le Kouzari (2:79-80) apporte une autre explication pour cette pratique, disant qu'elle prend racine dans la période où les livres juifs étaient rares, et que de nombreuses personnes devaient se partager un seul volume.
Ainsi, chacun devait se pencher à tour de rôle pour étudier quelques lignes, revenant ensuite en arrière pour permettre à la personne suivante d'avoir l'opportunité d'y étudier, et c'est cela qui a transmis cette habitude de se balancer durant l'étude de la Torah.

<--->

-> "Tout le peuple vit ... ils tremblèrent et se tinrent à distance" (Yitro 20,15)

-> Le rabbi Mendel de Kotsk (Emet véEmouna 901) commente : Il est possible de voir le don de la Thora ("le peuple vit"), de trembler ("et ils tremblèrent") et de s’enthousiasmer. Et malgré tout, on peut encore rester loin de tout cela ("et se tinrent éloignés") et ne pas se sentir complètement concernés.

Il enseigne également : le peuple ordinaire était impressionné seulement par l'extérieur, l'apparence superficielle de la majesté de D. : les sons, les flammes et ainsi de suite.
[Mais] ne faites pas attention à l'aspect extérieur. C'est le sens profond qui compte.

-> A ce sujet, le rabbi de Kotsk (Noam Sia'h) enseigne également : Si quelqu'un regarde comment les autres s'agitent pendant leur amida ("vit"), et qu'ensuite il va faire de même uniquement dans un but de leur ressembler, ou bien pour que l'on pense qu'il est un grand tsadik, alors sa amida est loin de ce qu'elle devrait être ("tinrent à distance").

=> Nous pouvons assister à un magnifique cours de Torah, en vibrer de plaisir, mais cependant en rester loin, dans le sens où les paroles de Torah ne vont pas nous accompagner dans notre vie au quotidien. [ki èm ‘hayénou]

=> L'essentiel ne réside pas dans l'extériorisation de nos balancements, mais plutôt d'à quel point nous tremblons intérieurement de crainte/d'amour d'être face à Hachem, d'à quel point la Torah nous fait bouger/changer vers le meilleur.

<----->

+ L’étude de la Torah & l'expérience du mont Sinaï …

-> "Celui qui s’immerge dans l’étude de la Torah est considéré comme se tenant sur le mont Sinaï chaque jour, recevant la Torah."
[Zohar - 'Houkat 159b]

-> "Rabbi Yéhochoua ben Lévi disait : "Celui qui enseigne la Torah à son fils est considéré comme ayant reçu la Torah au mont Sinaï"."
[guémara Béra'hot 21b]

-> Rabbi ‘Haïm de Volozhin (Néfech ha’Haïm 4,14) de nous expliquer :
"Toute [la Torah] est [contenue dans les] paroles de D. à Moché au Mont Sinaï, [incluant] chaque question jamais posée par un jeune élève à son maître.
Lorsque quelqu’un s’adonne [à l’étude de la Torah], chaque mot [qu’il prononce] est comme si D. l’avait prononcé de Sa bouche, pour ainsi dire, et cela est considéré comme s’il venait de le recevoir maintenant de la bouche de D. au Mont Sinaï."

=> Ainsi, l’événement grandiose survenu au mont Sinaï n’est pas un événement ancien, un lointain souvenir du passé, mais c’est un moment qui est vivant et qui se renouvelle à chaque fois que nous étudions la Torah.

De même que nous y avons tremblé, de même nous bougeons de crainte lorsque nous l'étudions de tout notre être, c'est-à-dire lorsque nous y sommes totalement, et pas avec notre tête ailleurs.

<----------------->

5°/ Dans la Haggada de Pessa'h (dans le "dayénou"), nous affirmons que si Hachem nous avait amené au mont Sinaï sans nous y donner la Torah, cela nous aurait été suffisant. Quel profit d'y aller sans recevoir la Torah?

-> Le Rachbam et le Kol Bo expliquent que si Hachem ne nous avait pas donné directement les 10 Commandements, Il l'aurait fait plus tard mais uniquement par le biais de Moché.

-> Le Ktav Sofer suggère que la valeur de la formidable unité et de l'harmonie qu'a engendré le fait de camper face au mont Sinaï ("Comme un seul homme, d’un seul cœur" - Rachi 19,2), cela nous aurait suffi (dayénou).

-> Le 'Hayé Adam répond que lorsque le Ciel s'est révélé, les juifs ont pu voir le chariot Divin, à partir duquel ils auraient pu en déduire les Commandements, même s'ils ne leur étaient pas donnés, comme Avraham avait pu le faire par le passé.

-> Le rav de Brisk, cite la guémara (Sanhédrin 59a) qui enseigne qu'il est interdit à un non-juif d'étudier la Torah, qui a été donnée exclusivement à nous (les juifs).
Il est d'avis que : si Hachem ne nous aurait pas donné la Torah qu'à nous (lanou), cela aurait été suffisant (dayénou).

<----------------->

6°/ A quel moment de la journée, et pendant combien de temps ont été dits les 10 Commandements?

-> Le Pirké déRabbi Eliézer enseigne que les 10 Commandements ont été dits entre la 6e et la 9e heure de la journée, où les juifs sont alors retournés dans leur tente.

-> Selon le rav Aharon Leib Steinman, à partir de là, on peut en déduire que chacun des 10 Commandements aurait nécessité 18 minutes, ce qui peut sembler plutôt long.
Le rav Steinman ajoute que peut être c'est la durée de l'ensemble de l’événement, en comptant ses préparations et introductions, qui a duré 3 heures.

Dans les Hochanot (prières récitées à Souccot), nous disons : "Sauve nous par le mérite des 3 heures" (הושע נא שלש שעות).
De nombreux commentateurs expliquent qu'il s'agit d'une prière où nous demandons d'être sauvés de la guerre de Gog et Magog, qui durera 3 heures.
Cependant, selon le rav Steinman, il se peut que l'intention est que nous prions pour être sauvés par le mérite des 3 heures que nous avons passées au mont Sinaï (toutes les âmes juives y étant alors présentes) .

<----------------->

7°/ Rachi (Yitro 20,7) : Hachem a prononcé simultanément : "Souviens-toi (za'hor) du jour du Shabath" et "Garde (chamor) le jour du Shabath".

=> Qu'est-ce qui était inscrit sur les Tables de la Loi (lou'hot) : za'hor ou chamor?

-> Le Ramban (Yitro 20,8) est d'avis que sur les 2 Tables de la Loi (1er et 2e), il était inscrit : "za'hor" (souviens-toi), et Moché a expliqué oralement au peuple que la mitsva de "chamor" avait été dite en même temps.

-> Le Ibn Ezra (Yitro 20,1) rapporte un avis, affirmant que sur les 1eres Lou'hot il était écrit : "za'hor", et sur les 2e : "chamor".
[selon cet avis, dans les premières lou'hot, il est dit : "Souviens-toi (za'hor - זכור) du jour du Shabbath pour le sanctifier" (Yitro 20,7), tandis que dans les secondes Tables, il est dit : "Observe (chamor - שמור) le jour du Shabbath pour le sanctifier" (Vaét'hanan 5,11). ]

-> Rabbi Yaakov Kamenetsky (Emet léYaakov - Vaét'hanan 5,12) note que selon Rachi (Sanhédrin 56b), les 2 lou'hot étaient identiques.

Rabbi Kamenetsky enseigne que de la même façon qu'il existe de nombreux mots dans la Torah qui sont prononcés différemment de la manière dont ils sont écrits, et bien il en est de même ici.
Selon lui, à priori, il était écrit dans les Tables : "chamor", mais on prononçait : "za'hor".

En effet, dans la prière de min'ha de Shabbath, nous disons : "Il [Moché] a apporté 2 tablettes (lou'hot) en pierre dans sa main, sur lesquelles il était écrit l'observance (chémirat => chamor) du Shabbath" (ouchné lou'hot avanim orid béyado vékatouv baém chémirat Shabbath), ce qui indique qu'il y était inscrit : "chamor".