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3 Questions/Réponses – Paracha Balak

+ 3 Questions/Réponses - Paracha Balak :

1°/ Il est écrit : "10 objets furent créés la veille du Chabbat [de la Création] au crépuscule. Ce sont : ... la bouche de l'ânesse [de Bilaam] ..." (Pirké Avot 5,6).

Est-ce que cela signifie que cette ânesse existe depuis la Création du monde, ayant alors plus de 2000 ans?

Rav Yaakov Emden affirme qu'un animal peut vivre autant d'années, et cite le midrach (Béréchit rabba 12,18) rapportant que les taureaux donnés par les chefs de tribu à l'inauguration du Michkan ont vécu jusqu'à la construction du Temple, où ils y ont été offerts en tant que sacrifices, et ce après avoir vécu pratiquement 500 années.

Le Pirké déRabbi Eliézer enseigne que l'âne utilisé par Avraham pour aller à la Akéda, était le fils de celui de Bilam qui avait été créé à la fin de la semaine de la Création.

D'autres Sages comme le Barténoura, ne sont pas d'accords et affirment qu'en cette veille du 1er Shabbath de la Création, ce n'est pas l'âne qui a été créé mais sa capacité de pouvoir parler.

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2°/ Lorsque l'ânesse a essayé d'éviter l'ange sur son chemin, Bil'am s'est énervé contre elle, la frappant et la menaçant de mort (cf.v.22,23).
Pourquoi Bil'am n'a-t-il pas utilisé le pouvoir de sa langue en la maudissant?

Le Baal haTourim rapporte qu'il n'avait pas la capacité de maudire à tout moment.
La guémara (Béra'hot 7a) enseigne qu'il savait déterminer le très bref instant dans la journée durant lequel Hachem est en colère, et il l'exploitait pour maudire.

Au moment de sa confrontation avec l'âne, il avait conscience que D. n'était pas en colère, et il ne pouvait ainsi pas la maudire.
De plus, Bilam souhaitait plus tard dans cette même journée maudire le peuple d'Israël, et en le faisant sur son ânesse aurait utilisé tout son quota ["journalier"], l'empêchant d'agir contre les juifs.

Le Oznaïm laTorah explique qu'une malédiction de Bilam n'avait pas un effet magique.
Il avait la capacité d'exploiter la source d'impureté présente dans une personne afin de la pousser à fauter. Ces fautes commises entraînent alors une punition sur cette personne.

Ainsi, son pouvoir ne pouvait s'appliquer qu'aux hommes, et non aux animaux (qui n'ont pas de libre arbitre).

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-> L'ânesse fut capable de voir l'ange debout sur la route, mais Bil'am ne vit rien. En effet, si un être humain voyait ce genre de choses, il perdrait la raison.
Selon une autre opinion, l'âne ne vit pas l'ange mais la forme d'un homme tenant une épée [ce qui la terrifia et la fit quitter la route]. Cependant, il ne fut pas donné à Bil'am de la discerner afin qu'il s'emporte et frappe l'animal.
[Méam Loez - Balak 22,23]

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3°/ Le 24 mai 1844, Samuel Morse a envoyé le 1er message télégraphique constitué de points et de traits (le morse).
Quel était ce message? Quel est le rapport avec la paracha Balak?

Le message était : "What has God wrought".

Or, lorsque nous prenons une bible traduite en anglais, nous retrouvons ce même message dans la paracha Balak : ma paal El ("ce que D. a accompli" - מַה-פָּעַל, אֵל - Balak 23,23)

=> Quel message approprié provenant de l'inventeur pour reconnaître que la véritable origine de son invention est le Créateur (Hachem).

Bil'am et Balak avaient beau utiliser les moyens de communication les plus efficaces pour maudire Israël, ils ont compris qu'absolument rien ne peut se passer si Hachem n'en a pas donné son accord.

A notre époque où l'on a pu constater énormément d'évolutions depuis la création du morse, combien doit-on voir derrière chaque outil technologique Hachem et non uniquement la main de l'homme.
Combien nous nous devons de remercier Hachem pour tout ce confort de vie (par rapport à nos ancêtres), et combien devons-nous l'utiliser à bon escient, et non pour tuer le temps, voir nous détruire spirituellement parlant.

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+ Bonus :

-> Il y a 5 personnes dans la Torah qui ont mérité qu’une paracha porte leur nom.
Noa’h était un homme juste et droit, c’est pourquoi il a mérité qu’une paracha porte son nom, et il en va de même
de Yitro et de Pin’has, et même Kora’h, qui après tout a péché, faisait tout de même partie de ceux qui portaient l’Arche et il avait l’esprit saint, c’est pourquoi lui aussi a mérité qu’un paracha porte son nom.
=> Mais Balak, qui était un ennemi juré d’Israël, au point d’aller engager Bilam pour maudire Israël, pourquoi a-t-il mérité qu’un paracha porte son nom?

Le rabbi Méïr de Prémichlan explique qu’il est connu que Essav déteste Israël, mais les non-juifs cachent leur haine et la recouvrent par des paroles douces, si bien que l’on ne fait pas assez attention à eux ... alors que Balak était un goy "honnête", qui manifestait sa haine pour Israël devant tout le monde, et un goy "honnête" comme lui méritait qu’une paracha porte son nom.

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-> "Il vit de là les dernières lignes du peuple" (Balak 22,41)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch enseigne :
Or les Sages ont dit (guémara Taanit 9a) que les nuées recouvraient Israël, si bien qu’on ne pouvait pas le voir.
Quand Aharon est mort et que les nuées ont disparu, alors Israël est apparu aux yeux, et les Cananéens ont su où il se trouvait et l’ont attaqué. Ensuite les nuées sont revenues par le mérite de Moché, comme l’ont dit les Sages, donc les bnei Israël étaient recouverts par elles.
=> Alors comment le verset peut-il dire : "il vit de là les dernières lignes du peuple"? Au contraire, Hachem aurait dû redoubler de protection envers eux contre le mauvais œil de Bilam!

Mais il est évident qu’il a pu le voir par sorcellerie, par un certain oiseau qui les révélait.
La sorcellerie a ce pouvoir, comme le disent les Sages (guémara Sanhédrin 67b), que les sorcières révélaient ce qui est caché aux yeux. Et le verset nous informe que c’est seulement les dernières lignes qui se sont trouvées découvertes, et non le coin des tsaddikim et des grands.

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-> Rabbi Yonathan Eibschutz (Tiféret Yonathan) écrit que Bilaam essaya toutes sortes de sorcelleries pour faire retourner le peuple d'Israël en Égypte. Toutefois, sa magie noire dépendait du soleil et de son ange et lorsque le soleil était recouvert de nuages, aucune magie n'avait d'emprise.
Les Bné Israël étant recouverts des nuées de gloire, la sorcellerie n'avait pas d'emprise sur eux.

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-> La magie est constituée essentiellement d'actes tandis que les incantations ont pour fondement la parole. Il y a plusieurs sortes de magie : rassembler des démons; faire descendre des influences à partir des étoiles et des signes astrologiques en créant une effigie à des moments précis qui correspondent à la domination de l'Etoile ; attirer un esprit d'impureté provenant directement de la klipa du serpent originel.
Balak était expert en sorcellerie et Bilaam la maîtrisait mais pas autant que Balak. Par contre, il était un expert en incantations et c'est la raison pour laquelle le Zohar (Bé'houkotaï 112b) le compare au serpent dont la force provient essentiellement de la bouche. (:3'p "mpna am) Ainsi, ils s'associèrent pour unir leurs forces.

Il est rapporté dans le Zohar ('hadach Balak 54) qu'il n'y a pas un seul jour depuis le début de la création où Israël a autant eu besoin d'Hachem qu'au moment où Bilaam voulut exterminer le peuple d'Israël par ses malédictions.

-> Le Mégalé Amoukot écrit que Balak envoya ses émissaires à Bilaam à la fin du mois d'elloul.
Et lorsque Bilaam arriva pour maudire Israël, c'était le 29 eloul. Et c'est la raison pour laquelle Bilaam se précipita dès l'aube pour prendre la route et arriver à temps, c'est-à-dire pour Roch Hachana ...
En effet, selon le Zohar (Pin'has 231b), le premier jour de Roch Hachana est un jour de stricte rigueur.

-> Bilaam le boiteux fut tué à 33 ans. [guémara Sanhédrin 106b]
[selon nos Sages, il mourut à la moitié de ses jours, c'est-à-dire qu'il était censé vivre 66 ans. Sa cupidité et ses méfaits ont fait qu'une mort précipitée a été décrétée par le Ciel. ]

"Et le peuple commença à agir de façon immorale avec les filles de Moav ... Israël s'est attaché à baal péor et la colère d'Hachem s'enflamma contre Israël" (Balak 25,1-3)

-> Rachi explique que la pratique de ce culte consistait à se dévêtir devant la statue pour ensuite déféquer.

=> Quel est le sens de ce culte idolâtre de baal péor d'après la kabbale?

Nous avons reçu de nos maîtres les Mékoubalim que le fondement de l'idolâtrie réside dans le fait de transmettre de la force de sainteté au sitra a'hra. Aussi, pour comprendre ce phénomène mystérieux du culte de baal péor, nous devons comprendre le secret de la nutrition.

Le Arizal (taamé mitsvot Yitro) nous enseigne qu'il existe dans chaque aliment une force de vie spirituelle, des étincelles de sainteté. Puisque le corps de l'homme est fait de matière, la nourriture qu'il consomme est également matérielle.
Lorsque l'homme se nourrit, les éléments nutritifs qui renferment ces forces vives, étincelles de sainteté, sont absorbés par le corps tandis que les déchets qui ne contiennent plus de forces vives vont être expulsés à l'extérieur. Après la digestion, les résidus expulsés dans les selles ne contiennent plus aucune
étincelle de sainteté.
Ainsi, aucune étincelle de sainteté n'est transmise aux forces du sitra a'hra.

=> D'après ce que nous venons de dire, le peuple n'a donc transmis aucune force au mal. Dans ce cas, pourquoi est-il interdit de faire ses besoins devant une effigie d'avoda zara?

-> Il est écrit dans la guémara (Sanhédrin 64a) un enseignement de Rav Yéhouda rapporté au nom de Rav : une fois, une femme non-juive était très malade. Elle promit que si elle guérissait, elle pratiquerait tous les cultes idolâtres existant dans le monde. Elle se rétablit et commença à pratiquer tous les cultes idolâtres comme elle s'était engagée à le faire.
Lorsqu'elle se présenta devant les prêtres de baal péor, elle leur demanda en quoi consistait ce culte et ce qu'elle devait faire. Ils lui expliquèrent qu'elle devait manger des téradine (Rachi explique que c'est un aliment qui libère les intestins) et boire de l'alcool.
Elle déclara : il est préférable pour moi de retomber malade plutôt que de pratiquer un culte idolâtre aussi répugnant!

La raison pour laquelle les prêtres demandèrent à cette femme de manger des téradine réside dans le fait que ces derniers accélèrent le processus de descente des aliments dans les intestins sans les digérer complètement, c'est-à-dire avant que le corps ne puisse trier entre les forces vives qui doivent être absorbées et les détritus qui doivent être expulsés.
Il se trouve donc que le tri n'ayant pas été réalisé totalement par le corps, des forces vives, étincelles de sainteté, restent encore dans les aliments expulsés.
C'est le secret de cette pratique idolâtre qui détourne les étincelles de sainteté vers le sitra a'hra.
[rav Yaniv Cohen - roch Yéchiva des mékoubalim de Beit El]

"Puisse-je mourir comme meurent ces justes (yécharim : Avraham, Its'hak et Yaakov - cf. Avoda Zara 25a) et puisse mon avenir ressembler au leur" (Balak 23,10)

Bil'am a apprécié intellectuellement les qualités et le niveau élevé de nos Patriarches et il connaît également l'importance de la vie dans l'au-delà, se souciant de son monde futur en aspirant à la même mort que nos Patriarches et à y vivre avec eux.

Cepednant, dans sa vie, par exemple, il se conduisait d'une façon totalement dépravée et bestiale avec son ânesse.

=> Il était convaincu qu'il pourrait vivre comme un animal et mourir comme nos Patriarches, car sa connaissance demeurait à l'état intellectuel et n'était pas transmis à son cœur (lo sam lev).
Malgré son niveau potentiel élevé (étant l'égal de Moché en prophétie), il se mentait totalement à lui-même.

-> Rachi (guémara Chvouot 5a) donne un exemple caricatural :
"Un individu a appris chez son maître que quiconque touche un des 8 reptiles morts devient impur.
Il sait que ceci est un reptile et il sait qu'il l'a touché, cependant, il n'a pas pu intégrer son cœur qu'il est devenu impur."

=> Il connaît la théorie, mais elle reste déconnectée de sa pratique.

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-> "Les méchants (ou les impies) savent bien que leurs voies les mènent à la mort, ce qui n'empêche pas leurs reins de s'engraisser.
Tu diras peut-être qu'ils ne se préoccupent pas de leur avenir par oubli. Il n'en est rien, car la fin du verset : 'Ils se déclarent, de leur bouche, satisfaits de leur avenir' (Téhilim 49,14). "
[guémara Shabbath 31b]

Rachi d'expliquer : "Peut-être diras-tu que c'est à cause de ces graisses (qui font écran) qu'ils oublient et ils fautent donc par inadvertance?
Le Téhilim (49,14) précise : 'Ils parlent en permanence de leur avenir dans le monde futur et, malgré cela, ils ne changent pas d'attitude (ils ne font pas téchouva)' "

=> Connaissant leur sort peu enviable qui les attend après leur mort, comment peuvent-ils persévérer dans leur attitude, en demeurant insouciants?

La réponse est qu'une telle personne n'intègre pas cela dans son cœur, et fait comme si elle n'est pas concernée par cela (ex: la mort).

-> "Cet homme (racha) marche dans ce monde en pensant que ce monde lui appartient et qu'il va y demeurer de génération en génération (éternellement)."
[Zohar - Nasso 126]

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-> "(Redoute) ceux qui agissent comme Zimri et qui réclament la récompense de Pin'has"
[guémara Sotah 22b]

Comment peut-on accomplir un acte public de débauche (comme Zimri) et demander la récompense de Pin'has qui a agi totalement pour la gloire du Ciel (léchem chamayim)?

Ils trompent autrui, mais aussi eux-même, en pensant dans leur cœur qu'ils ne fautent pas, qu'ils sont purs et se persuadent qu'ils agissent bien.

C'est ainsi que Bil'am s'est menti à lui-même, jusqu'à oser demander la même récompense que celle réservée à Avraham, Its'hak et Yaakov, dans l'au-delà, alors qu'il a mené une vie dépravée et bestiale.

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-> "La stupidité (ou la folie) de l'homme fausse (ou déforme) sa voie et, contre Hachem, son cœur s'emporte" (Michlé 19,3)

Rabbénou Yona d'expliquer :
L'homme stupide ne réfléchit pas avant d'agir et ne surveille pas les voies qu'il emprunte qui peuvent l'amener à fauter.
Il n'a pas l'habitude de faire un examen de conscience de ses actions et n'examine pas ses voies, ce qui empêche tout repentir.
De plus, lorsqu'il est sanctionné, il critique Hachem pour les malheurs qui le frappent, car il pense n'avoir aucune faute à se reprocher.

-> On peut citer l'exemple de Caïn, qui après avoir tué son frère Hével, répond à Hachem : "Suis-je le gardien de mon frère?" (Béréchit 4,9)

-> Tâchons de traquer en nous, cette tendance à appréhender la vie comme Bil'am, afin de nous éviter un réveil bien douloureux dans le monde futur de vérité.
[j'aurai pu faire des choses énormes de ma vie, mais anesthésié dans mes illusions, c'est le néant!]

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-> "Un homme ne peut fauter que si un esprit de folie pénètre en lui"
[guémara Sotah 3a]

En quoi consiste cet esprit de folie?
C'est le fait que l'homme ne ressente pas la chute de son niveau suite à sa transgression et se ment à lui-même en pensant que cette faute commise n'a pas affectée à son niveau antérieur.

+ Origine de la débauche de Zimri (paracha Balak) :

Comment comprendre que Zimri ben Salou, chef de la tribu de Chimon, un érudit éminent et très âgé, puisqu'il avait 250 ans au moment des faits, en soit arrivé à une telle débauche et à un tel niveau de provocation en s'unissant à la princesse étrangère Kozbi en présence de Moché, Aharon et de tout le peuple?

La guémara (Sanhédrin 82a) explique son attitude :
"Les membres de la tribu de Chimon se rendirent auprès de Zimri ben Salou et lui dirent : 'Eux jugent des affaires criminelles et toi tu demeures assis, réduit au silence!'
Qu'à fait Zimri?
Il réunit 24 000 israëlites et alla auprès de Kozbi (la princesse midianite)."

Cela signifie que "Eux" : ces jeunes érudits, qui sont loin d'avoir ton niveau et ton expérience, sont préposés aux affaires de meurtre et la vie des hommes jugés est entre leurs mains ; tandis que toi, un homme âgé érudit et expérimenté, prince de la tribu de Chimon et petit-fils de Yaakov : tu es "réduit au silence"!!
Personne ne te questionne concernant quoi faire et comment agir!!

Ainsi le discours des membres de sa tribu vont l'exciter à propos du manque de considération et d'honneur que les dirigeants manifestaient à son égard, du fait qu'ils ne lui ont confié aucune responsabilité juridique.
La réaction de Zimri, qui a alors ressenti une grande frustration sur le plan de son honneur, a été d'aller se venger et de se révolter contre tout ce qui est sacré.

La guémara (Sanhédrin 82a) poursuit : Zimri prit Kozbi, fille du prince de Midian, et se présenta avec elle devant Moché et lui demanda : "M'est-elle interdite ou permise? Et si tu dis qu'elle m'est défendue, qui t'a permis d'épouser la fille de Yitro?"

En réalité, Moché avait épousé légalement Tsipora, fille de Yitro, avant le don de la Torah, tandis que Zimri n'a pas le droit de s'unir avec la princesse midianite Kozbi, après le don de la Torah où cette union devient interdite.

=> Une personne (même très élevée), lorsqu'elle est touchée dans son honneur, dans son amour-propre, peut descendre très bas, aller loin dans le chemin du mal.

Combien de personne vexée sont prête à tout détruire (même elle même), pour peu que la personne à l'origine de ce sentiment y perde.

On peut citer l'exemple de Bar Kamtsa (guémara Guittin 56a), qui a été chassée d'une grande réception, en public et en présence de grand rabbanim.
Dans sa frustration, sa réaction a été de dénoncer les juifs auprès des autorités romaines, ce qui mena à la destruction du 2e Temple.

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+ Le désir des honneurs :

-> "D. saisit Yéroboam par son vêtement et lui dit : 'Repens-toi de tes fautes, et Moi-même, toi et (le roi David) le fils de Ychaï, nous nous promènerons ensemble dans le Gan Eden.'
Yéroboam demanda : 'Qui sera en tête?'
D. répondit : 'Le fils de Ychaï (David)'
Yéroboam répondit : 'S'il doit en être ainsi, je ne veux pas!' "
[guémara Sanhérin 102a]

-> Le Ram'hal d'enseigner :
"Il est possible que l'homme puisse refréner ses passions pour l'argent ou les autres profits (de ce monde). Cependant, l'homme est (toujours) poussé vers la recherche des honneurs, car il ne peut pas supporter de se voir inférieur à son prochain ; c'est en cela que de nombreuses personnes ont trébuché et sont allées à leur perte.
Ainsi, Yéroboam fils de Nébat n'a pas eu part au monde à venir pour avoir recherché les honneurs;"
[Messilat Yécharim - fin du chap.11]

-> Nous allons voir un développement à ce sujet du Rabbi 'Haïm Chmoulevitch (Si'ha 59).
On voit que Yéroboam est prêt à renoncer à être en compagnie d'Hachem et du roi David au Gan Eden, si pour cela il doit être en 2e position.
Mais, plus que cela ...

Il est écrit : "Moi, toi et le fils de Ychaï ", ce qui implique qu'il devait avoir la 1ere position devant le roi David.
Alors pourquoi pose-t-il juste ensuite la question : "Qui sera en tête?"
C'est qu'il veut entendre explicitement d'Hachem Lui-même, qu'il sera bien en 1ere place, bien qu'il le sache déjà, et tout cela pour augmenter son honneur.

En réponse à cette démarche, D. l'amoindrit et répond : "Le fils d'Ychaï sera en tête", selon le principe : "Quiconque poursuit la gloire (ou les honneurs), la gloire le fuit" (guémara Erouvin 13b).

Suite à cela, il a préféré renoncer à son monde futur plutôt que de se sentir inférieur à son prochain ("S'il en est ainsi, je refuse!).

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-> "Celui qui dans sa jeunesse a poursuivi un peu les honneurs, il le poursuivra avec plus d'avidité dans sa vieillesse"
[Rabbi Yéhouda Leib 'Hasman - le Hagril]

Au moment de la vieillesse d'un homme, où ses volontés et ses désirs de ce monde s'affaiblissent, en parallèle la recherche des honneurs s'amplifie et se renforce naturellement.

=> Il faut avoir cela à l'esprit et essayer de s'améliorer le plus tôt possible dans ce domaine, car sinon cela n'en sera que plus difficile par la suite.

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+ La sensibilité aux honneurs dans le monde à venir :

-> Il faut s'éloigner du plaisir attaché aux honneurs, et ce même dans le ciel, comme le rapporte l'histoire suivante :

"Lorsque Rabbi Yéochoua ben Lévi entra au Gan Eden, Rabbi Chimon bar Yo'haï lui demanda : 'Un arc-en-ciel t'est-il apparu durant ta vie (sur terre)?'
Rabbi Yéochoua ben Lévi répondit : 'Oui'.
Rabbi Chimon lui dit : 'Alors tu n'es pas le fils de Lévi'

En fait aucun arc-en-ciel n'est apparu de son vivant, mais Rabbi Yéhochoua ben Lévi a pensé qu'il ne fallait pas s'en attribuer le mérite."
[guémara Kétouvot 77b]

L'arc-en-ciel est un signe qui annonce que le monde ne sera pas détruit par un nouveau déluge, bien que la génération où il apparaît l'ait mérité.
Mais, s'il existe un véritable juste (tsadik) dans une génération, le monde sera pardonné de la destruction grâce à son mérite et l'apparition de l'arc-en-ciel deviendra alors inutile.
D'où la question de Rabbi Chimon à Rabbi Yéhochoua.

-> "Il existe des générations qui n'auront pas besoin du signe (de l'arc-en-ciel), car y vivait un juste parfait, telle la génération du roi 'Hizkiyahou et celle de Rabbi Chimon bar Yo'haï." (Rachi - Béréchit 9,12).

=> Lorsque Rabbi Chimon bar Yo'haï pose la question à Rabbi Yéhochou, ce dernier ne veut pas s'attribuer le mérite de l'absence de l'arc-en-ciel.
Cela prouve que même dans le monde à venir, la notion d'honneur existe et Rabbi Yéhochoua s'est efforcé de le fuir autant que dans ce monde-ci.

[Il lui était permis de ne pas dire la vérité, comme il est permis à un érudit de dire qu'il n'est pas compétent dans un traité de guémara ou dans un thème étudié, bien qu'il le soit, dans un soucis sincère de refuser les honneurs et de faire preuve d'humilité]

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-> L'honneur se dit en hébreu : kavod (כָּבוֹד), mot qui peut se lire aussi : kavéd (lourd).
A titre personnel, on doit s'éloigner des honneurs, mais on doit en témoigner à autrui, en faisant qu'il soit "lourd" (kavéd), qu'il est du poids à nos yeux et à ceux des autres.

On doit s'efforcer à se focaliser, à zoomer sur les qualités appréciables et les bons comportements d'une personne, et à dézoomer sur le reste.
Honorer autrui, c'est profiter de chaque occasion pour qu'il soit plus lourd, appréciable à nos yeux, en mettant un avant quelque chose de positif de lui.

Bien qu'à titre personnel on doit les éviter, il est dans la nature de chaque personne d'avoir besoin d'honneurs (je suis quelqu'un de bien!).
Ainsi, il ne faut pas hésiter à arroser de mots et d'expressions de considération autrui, car à l'image d'un plante qui a besoin d'eau pour être au top de sa forme, il en est de même pour l'être humain.
Honorer autrui, c'est lui donner de la vie, de l'oxygène, qui va lui permettre à son tour d'illuminer son entourage.

-> Honorer son rav ou ses parents, au-delà de la mitsva, c'est permettre que les messages qu'ils vont nous transmettre vont avoir beaucoup plus d'importance à nos yeux, car c'est une personne importante qui nous les délivre.

-> Par moment, il faut savoir se témoigner de l'honneur, en se disant par exemple : "Comment moi, qui suis une personne importante, bien (fils de D., ...), je peux me laisser aller à la faute, à perdre mon temps, à faire du lachon ara, ... Cela n'est pas digne de mon rang!! "

-> Il ne faut pas que notre honneur nous empêche de progresser dans la vie, comme par exemple : la peur de poser des questions lorsque l'on a mal compris un passage en Torah, en craignant de passer pour une personne de faible niveau, ou bien le fait d'éviter d'étudier avec une personne car elle ne correspond pas à son honneur, ...

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-> "Pourquoi Hachem est-il appelé le Roi de l'honneur (mélé'h hakavod)?
Car Il partage Son honneur avec ceux qui Le craignent."
[midrach Bamidbar rabba 15,13]

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+ Rav Kahana vendait des paniers (contenant des objets de couture) lorsqu'une courtisane lui fit des avances séductrices.
Rav Kahana lui dit : Je vais me préparer.
Il monta alors sur le toit et se jeta vers le sol.
Le prophète Eliyahou survint, saisit rav Kahana et lui dit : "Tu m'as dérangé en me faisant parcourir 400 parsa (environ 1 600km) pour te sauver!"
Rav Kahana répondit : "Qu'est-ce qui m'a valu cette épreuve? N'est-ce pas la pauvreté!"
Alors Eliyahou haNavi donna à rav Kahana une bourse remplie de dinars (d'or).
[guémara Kiddoucin 40a]

=> Pourquoi Eliyahou haNavi a-t-il transmis à rav Kahana cette grande somme d'argent? Rav Kahana était-il autorisé à utiliser cet argent?

-> Rav Kahana était la réincarnation de Pin'has et la courtisane était la réincarnation de la princesse étrangère Kozbi.
Cette dernière a désiré faire trébucher rav Kahana, pour venger son assassinat par Pin'has qui avait agi avec des intentions pures par Kiddouch Hachem.
C'est pourquoi, c'est Eliyahou haNavi, qui est la réincarnation de Pin'has, qui est venu sauver rav Kahana.
Comme un père, Eliyahou (1er guigoul), est venu s'occuper de la parnassa de son fils [rav Kahana] (2e guiguoul) en lui faisant bénéficier de cette grande somme d'argent.
['Hida - dans Péta'h Enaïm]

-> Si Eliyahou haNavi avait donné à rav Kahana ce coffret de pièces d'or obtenu par une action miraculeuse, rav Kahana n'aurait pas été autorisé à profiter de cet argent, d'après la guémara (Taanit 24b), selon laquelle on ne peut pas profiter d'un miracle.
Dans notre récit, Eliyahou haNavi a en fait indiqué à rav Kahana l'emplacement où un coffret de pièces d'or était enfoui sous terre.
Rav Kahana a récupéré lui-même ce coffret de grande valeur qui était sans propriétaire, et a pu ainsi s'enrichir et profiter de cet argent qui n'était pas le fruit d'un miracle.
[Ben Ich 'Haï - guémara Kidouchin 40a]

"[Telle est] la parole de celui qui entend les paroles de D. et qui connaît l'esprit du Très-Haut" (Balak 24,16)

-> "S'il ne savait même pas ce que pensait son ânesse, comment pouvait-il savoir ce que D. pensait?
L'expression ("connait l'esprit du Très-Haut") enseigne qu'il savait déterminer le moment précis où D. se met en colère."
[guémara Béra'hot 7a]

La personnalité de Bil'am est pleine de contradictions ...

-> Nos Sages disent : "Le verset : 'Il ne s'est pas levé en Israël de prophète semblable à Moché' (Dévarim 34,10) veut dire que, dans le peuple juif, il ne s'est pas levé d'égal à Moché mais que, parmi les autres nations, un tel prophète s'est levé ... : il s'agit de Bil'am".
[midrach Bamidbar rabba 14,20]

-> D'autre part, Bil'am était un homme si mauvais que la michna le compte parmi les 4 personnes qui, à cause de leurs méfaits, ont perdu leur part au monde futur.
[guémara Sanhédrin 10,1 (90a)]

-> "[Celui qui possède] un oeil mauvais, un esprit arrogant et une personnalité grossière fait partie des disciples du méchant Bil'am" [Pirké Avot 5,19]
Le Maharal explique que Bil'am était plongé dans les vices et les passions ; il a tant livré son âme à son corps qu'elle ne désirait rien d'autre que de satisfaire les désirs de son enveloppe corporelle.

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-> Bil'am avait une haine dévorante contre Israël.

On peut citer par exemple :
1°/ c'est Bil'am qui avait conseillé à Pharaon de jeter les nouveaux-nés mâles dans le Nil (guémara Sanhédrin 106a) ;

2°/ Quand le peuple juif a quitté l'Egypte, c'est sur le conseil de Bil'am qu'Amalek a délaré la guerre à Israël (cf. Targoum Yonatan - Balak 31,8) ;

3°/ Après que Bil'am se soit rendu compte qu'il ne pouvait convaincre D. de le laisser maudire Israël, il s'est rendu chez Balak et lui a conseillé de faire fauter les enfants d'Israël par des relations adultères et idolâtres avec les femmes moabites (cf. fin paracha Balak et début de Pin'has) ;

4°/ Même après sa mort, dans sa résidence éternelle en enfer, Bil'am reste ferme dans sa haine féroce contre Israël, comme le raconte la guémara (Guittin 57a) : avant qu'Onkelos ne se convertisse au judaïsme, il a pratiqué la nécromancie et a invoqué Bil'am pour lui demander s'il serait bon qu'il s'attache au peuple juif et à sa religion.
Bil'am lui a répondu : "Ne recherche jamais leur paix ou leur bonté!"

=> Pouquoi un tel comportement?

-> La source de cette haine se trouve dans le fait que Bil'am n'agissait pas en accord avec le haut niveau de prophétie qu'il avait atteint ; il poursuivait les passions les plus grossières.
Il n'était qu'un instrument de transmission des messages de D. aux nations, mais il n'a nullement intériorisé ses expériences prophétiques afin de progresser.

Bil'am ne pouvait accepter le fait que les juifs, malgré une perception de la prophétie inférieure à la sienne (seul Moché étant un prophète hors du commun), aient atteint des échelons de sainteté et de spiritualité supérieurs au sien.

Nos Sages décrivent : "Avant que le peuple juif ait quitté l'Egypte, toutes les nations venaient demander conseil à Bil'am.
Mais une fois qu'Israël a quitté l'Egypte, même une servante juive était considérée comme plus avisée que Bil'am.
C'est alors qu'il est devenu affligé"
[Avot déRabbi Nathan 45]

Mais, au lieu de faire des efforts pour progresser et sortir de son naufrage spirituel, Bil'am a essayé de compenser ses défauts en laissant chuter Israël jusqu'à son niveau, d'abord en essayant de les maudire puis en leur faisant commettre une faute que D. déteste (pécher avec les femmes).
Pour lui, la grandeur de ce peuple dans ce monde soulignait sa propre bassesse.
Ainsi, il décida purement et simplement de l'exterminer.

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-> Bil'am a dit : "Puisse mon âme mourir de la mort des justes et puisse ma fin ressembler à la leur" (Balak 23,10)

Bil'am a prié pour que sa mort soit semblable à celle des justes d'Israël et qu'au terme de sa vie, il soit admis comme eux dans le monde à venir.
Cela met bien en avant que d'un côté il avait une haine sans limite envers eux, mais aussi un désir intense de leur ressembler à sa mort, au moment de vérité (mais sans faire les efforts nécessaires pour y parvenir).

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-> La fin de cette paracha Balak, nous parle de Zimri, chef de la tribu de Chimon, l'un des plus grands hommes du peuple, qui s'est laissé entraîner à commettre 2 fautes capitales : l'adultère avec une princesse midianite et l'idolâtrie en rendant un culte à Baal Péor.

Comment a-t-il pu tomber en si peu de temps?

Au début, l'une des femmes moabites l'a séduit secrètement. Mais lorsque Zimri a pris conscience de son acte, il n'en a pas éprouvé de remords.
Au lieu de cela, il s'est tourné contre les hommes simples, qui bien que spirituellement inférieurs à lui, avaient résisté aux avances des femmes étrangères.
Comme il ne pouvait pas supporter le fait qu'ils avaient réussi là où lui-même avait échoué, il a renversé toutes les barrières et a passé la frontière bien gardée qui avait toujours séparé Israël des autres nations : il a été jusqu'à amener une princesse midianite à l'intérieur du camp sacré d'Israël pour chercher à entraîner les membres de sa tribu sur le chemin de ses voies perverties.

C'est un autre exemple du défaut qui entraîne l'homme à commettre de graves fautes même quand le seul bénéfice qu'il ait à en tirer soit la satisfaction malsaine de voir son prochain sombrer avec lui dans la faute.

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-> Durant toute l'histoire juive, nos pires ennemis ont souvent été des juifs qui ne pouvaient pas accepter le contraste entre leur échec personnel et la loyauté des juifs intègres envers D. et Sa Torah.
Ils ne parvenaient pas à trouver la paix tant que le reste du peuple n'était pas tombé comme eux dans le piège de l'impiété.

Ainsi, parfois, une personne dotée d'un grand potentiel, peut trébucher et, en tombant cherche à entraîner les autres dans sa chute, qui ne se rendent pas toujours compte de son état d'esprit.

-> Chez un enfant ou un adolescent en perte de vitesse, qui est plutôt démoralisé de voir les autres atteindre un niveau spirituel plus élevé que le sien, il a seulement besoin qu'on lui fasse retrouver l'estime de soi, et qu'on l'encourage à croire en sa capacité à remonter la pente.
Il a besoin qu'on lui rappelle ses qualités et qu'on le complimente.

On doit tous savoir que notre papa Hachem a toujours confiance en nous, et qu'avec une téchouva sincère, on peut redémarrer sur une nouvelle page blanche, plein d'envies positives.

Tomber c'est normal, mais justifier notre chute ou le fait de ne pas se relever, en amenant d'autres dans notre situation, c'est inaceptable.
La force d'un juste c'est de se relever, en faisant téchouva et en cherchant à s'améliorer de ses échecs, et non une personne qui cherche à nier, justifier cette chute en s'en dédouanant.

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-> "Parole de ... celui qui connait l’Esprit Supérieur" (Balak 24,16)

Nos Sages enseignent que chaque jour, Hachem éveille Sa Colère pour la durée d’un instant. Ce court moment de courroux est nécessaire pour le bon équilibre et la bonne marche du monde. Il s’agit de tempérer l’abondance de bonté par un peu de rigueur, instaurant une mesure de crainte nécessaire pour l’équilibre du monde.
Mais Bilaam connaissait cet instant de colère et il voulait maudire le peuple Juif à ce moment précis. Seulement, ces malédictions prononcées à ce moment critique auraient eu une grande force et auraient pu causer de grands dégâts pour le peuple juif, D. Préserve. Ainsi, Hachem réalisa un miracle extraordinaire et n’éveilla pas cette Colère pendant toute cette période.
=> Mais on peut s’interroger. Pourquoi avoir eu besoin de modifier la structure même du fonctionnement du monde en n’éveillant pas cette colère? Il aurait été plus simple d’empêcher Bilaam de maudire le peuple Juif à ce moment-là. Hachem aurait pu par exemple le faire plonger dans un sommeil profond à cet instant de colère, ce qui aurait été apparemment plus simple.

-> Le Sabba de Kelm explique qu’Hachem voulait montrer Son Amour pour Israël. S’Il avait empêché Bilaam de maudire à cet instant, cela aurait signifié comme s’il était possible de nuire à Israël et que pour préserver le peuple juif, Hachem a dû empêcher le racha de faire ce mal. Comme s’il y avait quelque chose à craindre et qu’il fallait empêcher.
Mais Hachem voulait montrer à Son peuple qu’il n’y a rien à craindre. Aucune créature ne peut porter atteinte à Israël. Pour bien montrer cela, Hachem laissa Bilaam en possession de toutes ses forces et le laissa réaliser sa volonté jusqu’au bout. Ce dernier se prépara à maudire Israël et prit la parole pour proférer ses malédictions précisément au moment critique de cet instant de colère. Et en fin de compte, non seulement Hachem changea la constitution du monde en n’éveillant pas Sa Colère, mais en plus Il transforma ses malédictions en bénédictions.

Par-là, Hachem voulait montrer définitivement que le peuple Juif n’a rien à craindre. Même si les réchaïm tentent de nuire à Israël et que toutes les conditions sont réunies pour qu’ils réussissent, Hachem fera échouer leurs plans. Il n’y aura même pas d’utilité de les empêcher d’agir, car en fait, il n’y a rien à redouter.
Au contraire, Hachem veut montrer qu’on peut même les laisser aller au bout de leurs projets. En fin de compte, ils se rendront compte que toutes leurs tentatives ont été vaines et que personne ne peut atteindre Israël du fait même de la constitution des choses.

"Le Cohen regardera après que la tâche fut lavée, et voici que la plaie (נֶּגַע) n'a pas changé d'aspect et la tâche ne s'est pas étendue, elle est impure" (Tazria 13,55)

"Il déclama sa parole et dit : discours de Bil'am fils de Béor et discours de l'homme à l'oeil crevé" (Balak 24,3)

-> Rabbi Its'hak Eïsik de Karits (Brit Kéhounat Olam) enseigne :
Il est écrit dans le Séfer Yétsira (2,4) : "Il n'y a pas plus haut dans le bien que le ענג (onèg - délice) et il n'y a pas plus bas dans le mal que le נגע (néga - plaie)." [cela peut également faire allusion à une notion d'infection, de blessures, de tâches ou de dommages.]

Les lettres du mot ענג (délice) sont les mêmes que celles du mot נגע (plaie).
Lorsque l'homme sert Hachem, son acte s'apparente au ענג (délice) mais lorsqu'il faute, son acte s'apparente au נגע (plaie).
L'homme devra donc se repentir complètement afin d'inverser les lettres de נגע (plaie) en ענג (délice).
Ainsi, la Torah nous fait cette allusion : [verset ci-dessus]
- "Le Cohen regardera après que la tâche fut lavée" = le Cohen constate le dégât causé par la faute de l'homme qui nécessite un repentir pour nettoyer cette tâche ;
- "Et voici que la plaie n'a pas change d'aspect" = il n'a toujours pas inversé la lettre ע du mot ענג.
- "Elle est impure" = car il ne s'est pas encore repenti comme il convient.

-> Le Tsor ha'Haïm (Balak) enseigne :
Nous pouvons ajouter que la différence fondamentale entre les deux termes se résume à la place que va prendre la lettre ע (ayin) qui signifie littéralement l'œil (עיו).
Ceci fait allusion au regard porté par l'œil de l'homme. S'il utilise son œil spirituel, son œil de sagesse, il pourra concrétiser la parole de nos Sages : "Quel est l'homme sage? Celui qui voit l'avenir car il devra finalement rendre compte et c'est ce qui l'empêche de fauter" (Tamid 32a).
Ainsi, sa vie est un ענג (délice) car avant chaque acte, il analysera et percevra la finalité en plaçant la lettre ע (ayin) au début du mot.
A l'inverse, si l'homme faute, il utilise son œil à des fins néfastes et par conséquent la lettre ע (ayin) va se placer à la fin du mot pour devenir נגע (plaie).

D'après ce que nous ont enseigné nos Sages, il se trouve donc que chaque fois que l'homme faute et tombe sous l'emprise de son mauvais penchant, c'est parce qu'il n'a pas su placer la lettre ע (ayin) au début du mot ענג (délice) en faisant preuve de sagesse et en percevant la finalité de ses actes, en d'autres termes la mort. [guémara Baba Batra 16a]
Ainsi, lorsque le moment est venu pour l'homme de quitter ce monde, l'ange de la mort se présente "rempli d'yeux" de toutes les lettres y = Ain (qui signifie "cil") qu'il n'a pas utilisées pour se rappeler qu'il devait faire de sa vie un ענג (délice) pour l'éternité.

D'après ceci, nous pouvons expliquer les paroles de nos Sages (guémara Baba Métsia 107b) :
"Hachem écartera de toi toute maladie" (Ekev 7,15). Rav a enseigné qu'il s'agit du mauvais oeil.
La guémara explique que Rav avait la capacité de déterminer, en passant devant les tombes, la cause de la mort de chaque défunt et il déclara : "99% des gens décèdent à cause du mauvais œil, et un pour cent décède d'une mort naturelle".

Nous pouvons expliquer d'après notre enseignement que 99% des morts du "mauvais œil" n'ont pas utilisé leur œil (עיו) pour établir un bon regard, c'est-à-dire celui tourné vers le futur qui est comparable au ענג (délice) mais l'ont utilisé à mauvais escient ce qui est comparable au נגע (plaie) qui mène à la mort.
Ainsi, c'est la raison pour laquelle l'ange de la mort se présente rempli de yeux au mourant, comme il est rapporté dans la guémara (Avoda Zara 20b) :
"Les Sages ont enseigné à propos de l'ange de la mort qu'il est rempli de yeux.
Au moment où le malade doit mourir, l'ange de la mort se tient debout au-dessus de sa tête. Ce dernier tient dans sa main une épée à l'extrémité de laquelle une goutte de poison est suspendue.
Lorsque le malade voit l'ange de la mort, apeuré, il ouvre la bouche et y reçoit la goutte de poison, ce qui le fait mourir. Le poison va le putréfier et sa face va devenir verdâtre."

D'après ceci, voici comment comprendre la prophétie de Bilaam concernant Amalek : "Il vit Amalek et dit : Amalek est le premier des peuples et sa fin sera une destruction éternelle" (Balak 24,20).
La force du peuple d'Amalek provient du mauvais penchant qui fait tomber les hommes sous son emprise en détournant leurs yeux pour qu'ils ne voient pas la finalité.
Ceci se trouve en allusion dans son nom Amalek (עמלק) dont les lettres forment aussi le terme : ע מלק qui signifie littéralement : la lettre "Ayin fut arrachée" car le mauvais penchant arrache la lettre ע qui représente l'œil à l'homme pour l'empêcher de regarder l'avenir.
C'est le sens du verset : "Amalek est le premier des peuples" = c'est le mauvais penchant qui fait tomber l'homme sous son emprise dès le début en lui montrant seulement le début de ses actions, de ses fautes, qui paraissent comme des délices.
Il lui fait oublier qu'il devra rendre des comptes devant le Roi de tous les rois Hachem.

=> Cependant, la Torah nous explique comment nous renforcer face à Amalek : "Sa fin sera une destruction éternelle" (Balak 24,20) = lorsque nous portons un regard au loin, plus seulement sur l'instant présent mais sur la portée de nos actes, nous affaiblissons Amalek.

A présent nous comprenons pourquoi la Torah surnomme Bilaam : "l'œil crevé" (Balak 24,3).
Au lieu de prévenir les nations du châtiment sévère qui les attend si elles continuent leurs transgressions (en tant que prophète des nations, à l'égal de Moché chez les juifs), Bilaam détériora les peuples davantage en leur donnant pour conseil de faire fauter Israël par la débauche.
Cependant, il nous incombe à nous peuple d'Israël d'appliquer le conseil du plus sage de tous les hommes, le roi Salomon : "L'homme sage à ses yeux dans la tête" (Kohélet 2,14) = nous devons tourner notre regard vers l'avenir, depuis les prémices de nos actes jusqu'à leur aboutissement afin de voir s'accomplir la promesse faite par le prophète Yéchayahou : "Et ils verront de leurs propres yeux, Hachem retourner à Tsion" (Yéchayahou 52,8).

+ "Quand les Bnei Israël sont descendus en Égypte, ils se sont comportés avec pudeur : chaque personne vivait dans sa propre tente, comme le dit le verset (Chemot 1:1): "Chaque homme et sa famille sont venus."
Ni Réouven ne regardait la femme de Chimon, ni Chimon ne regardait la femme de Réouven.
Chaque homme vivait pudiquement dans sa propre tente.

Même lorsque la population d'hommes était de 600.000 dans le désert, pas un seul homme ne plaça l'ouverture de sa tente en face de l'ouverture de la tente de son prochain."

(Yalkout Chimoni - Balak)

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Un des plus grands maîtres du moussar était le Rav Eliyahou Lopian, qui a enseigné la Torah pendant plus de 70 ans en Europe et en Israël.
Un de ses élèves a été invité à un mariage où les lois de la pudeur ne seraient pas respectées.
Il demanda au Rav Lopian s'il pouvait aller au mariage.
Lorsqu'il lui demanda ce qu'il allait faire à propos de l'absence de tsniout, l'élève lui répondit que la vue de femmes impudiques ne le touchait pas.
Sans un mot, le Rav Lopian chercha un livre de Téhilim et commença à prier.
"Rav, que faites-vous?" demanda l'élève.
Son maître lui répondit : "Je suis âgé de 86 ans et je suis aveugle d'un œil, et je suis toujours touché car c'est la nature humaine.
Vous êtes jeune et dans la fleur de l'âge, si vous n'êtes pas concerné par des vues impudiques, alors peut-être que vous êtes malade. Je dis des Tehilim pour votre rétablissement!"

"Bilam se leva le matin ; il dit aux princes de Balak : "Allez [retournez] dans votre pays!" (Balak 22,13)

Pourquoi s'est-il empressé de les renvoyer chez eux, dès le matin?

Le Or ha'Hayim explique que Bilam était tellement mauvais et cupide, qu'il s'est dépêché de congédier les émissaires de Balak tôt le matin, avant le moment du petit déjeuner.
Il craignait qu'ils ne restent en ville, et de devoir ainsi leur offrir un repas.

Bobo au pied …

“L’ânesse vit l’ange de D., elle se serra contre le mur et elle serra le pied de Bil’am contre le mur, et il continua à la frapper” (Balak 22,25) 

Pourquoi est-ce que D. l’a blessé spécialement aux pieds?

1°/Il y a un dicton qui dit : “Shéker en lo raglayim” (le mensonge n’a pas de pied).
En hébreu le mot Shéker/mensonge s’écrit : שקר, les lettres ont soit un support unique (pour la 1ere et dernière) ou soit sont déséquilibrées (celle du milieu a un support plus long que l’autre).
Le contraire du mensonge, c’est le émet/vérité, et s’écrit : אמת.
Les 3 lettres ont toutes 2 supports, sorte de 2 pieds sur le sol.
Ainsi, avec la vérité ont tient solidement et éternellement sur 2 pieds/supports.
Mais en ce qui concerne, le mensonge, ont peut tenir, uniquement sur 1 pied/support, et cela pas pendant très longtemps.

Par ailleurs, on remarque que le mot émet/vérité possède 3 lettres, qui sont dans l’ordre la 1ere de l’alphabet (א), la lettre du milieu (מ) et enfin la dernière (ת).
En effet, quelque chose de vrai et vrai du début à la fin.

2°/ Rashi rapporte dans son explication (v.28) que D. en écrasant le pied (= רגל /réguel) de Bil’am, fait allusion au mérite du peuple juif qui célèbre les 3 fêtes de pèlerinage (régalim).
Ainsi, on voulait lui signifiait : “tu veux exterminer ce peuple, qui se rend 3 fois par an à pied à Jérusalem. Malgré leur nombre considérable, personne n’a ressenti un manque de place, alors que dans ton cas, même en cheminant tout seul, tu te trouves à l’étroit [v.26 : "un lieu étroit"]. Ton réguel/pied s’écrase face à leur régalim/3 fêtes de pèlerinage. Tu perçois ainsi la différence entre le peuple juif et les autres nations”.

Pour la petite histoire, la "barrière de chaque côté" (v.24 - Rashi : "c'était une simple barrière de pierres") est l'alliance que Yaakov a scellé avec Lavan (1).
Bila'm, l'arrière petit-fils de Lavan, fut le 1er à outrepasser cette alliance en essayant de faire du mal aux descendants de Yaakov.
Ce sont donc les pierres qui le punirent les 1eres : l'ânesse écrasa le pied de Bil'am contre la barrière de pierres, ce qui le rendit boiteux.

Cette "barrière de chaque côté" représente aussi le cadre qui doit gérer notre vie afin de rester sur le bon chemin, et ce quel que soit les tentations/envies à gauche ou à droite.

(1) Paracha Vayétsé ch.31;v.52 : "Témoin soit ce monticule et témoin soit ce monument que je ne dépasserai pas vers toi ce monticule, ni toi ne
dépasseras vers moi ce monticule et ce monument, pour le mal".

Source : "védibarta bam" du Rabbi Moshe Bogomilsky

Et les jours de tristesse deviennent des jours de joie …

“Balak dit à Bil’am : “c’est pour maudire (= לקב /lakov) mes ennemis que je t’ai appelé, et voici que tu les as bénis avec insistance par 3 fois” ” (Balak 24,10)

Le Chla aKadoch trouve dans le mot לקב /lakov (valeur numérique = 132), une allusion aux jours où on ne lit pas les supplications et qui sont au nombre de 132 jours sur 354 (nombre de jours de l’année dans le calendrier juif/lunaire).
On lit les supplication 222 jours dans l’année.

Balak voulait obtenir que les 132 jours où on ne lit pas les supplications se transforment en des jours de détresse.
D’où l’expression : “c’est pour maudire/lakov mes ennemis ...”, = “je t’ai appelé pour transformer les 132 jours (= lakov), qui sont des jours de miséricorde et de joie (ne nécessitant pas les supplications, comme Shabbath, les fêtes, ...) en journées de détresse”.
La suite du verset : “... et voici que tu les as bénis/bérar’heta baré’h” = "et voilà que tu as transformé les 222 jours de supplications (jours de détresse) en jours de joie".
Le mot baré’h a pour valeur numérique : 222.

Source : "guévourot aTorah" du rav Gabriel Cohen

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-> "Balak dit à Bilam : que m'as-tu fait! C'est pour maudire mes ennemis que je t'ai pris et voici que tu les a bénis" (Balak 23,11)

-> Le 'Hatam Sofer (Torat Moché hachalem 112b) écrit :
"j'ai entendu d'un grand sage qui disait au nom du "'Hessed léAvraham" qu'une année contient 354 jours (d'après le calendrier lunaire).
Durant 222 jours nous disons les supplications car ce sont des jours de rigueur, tandis que durant 132 jours, nous ne mentionnons pas les supplications car ce sont des jours de miséricorde."

Ces enseignements doivent être approfondis d'après le sod. Les Sages de la guémara (Sanhédrin 105b) nous rapportent : "A travers la bénédiction de Bilaam le racha, nous pouvons comprendre quelles étaient ses intentions et les malédictions qu'il voulait nous infliger et qui furent finalement inversées en bénédiction."
En effet, Balak a demandé à Bilaam de maudire Israël par 132 malédictions qui correspondent aux 132 jours de miséricorde de l'année où le peuple juif ne mentionne pas les supplications afin que même ces jours-là soient dominés par la pleine mesure de rigueur, s'ajoutant aux 222 jours de rigueur existants.
Cependant Hachem inversa la malédiction en bénédiction et par conséquent les 222 jours en question sont devenus des jours de miséricorde s'ajoutant aux 132 jours déjà existants!
Et c'est le sens des mots du verset לקב (lakov - maudire) qui a une valeur numérique de 132 et sera changé par ברך (bénis) qui a une guématria de 222 correspondant aux 222 jours de l'année restant.