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"Ils ne pouvaient pas boire l'eau à Mara car elle était amère … [Moché] cria à Hachem et Hachem lui montra un arbre. Il le jeta dans l’eau et l’eau devint douce" (Béchala'h 15,23-25)

-> Le midrach (Chémot rabba 50,3) commente : " 'Car elle était amère' = c'est la génération qui était amère dans ses actes".
En d'autres termes, le midrach explique que l'amertume de l'eau provenait des fautes des Bné Israël. Il est donc logique de penser que l'eau fut adoucie par l'expiation de ces fautes, lorsque Moché jeta une branche d'arbre dans l'eau. L'amertume de l'eau symbolisait la faute tandis que l'arbre symbolisait l'expiation.

Cette interprétation est soutenue par un autre enseignement de nos Sages (Zohar - Parachat Béchala'h, 60a) : " 'Hachem lui montra un arbre' = il n'est d'arbre que la Torah, comme le dit le verset (Michlé 3,18) : 'C'est un arbre de vie pour ceux qui s'y attachent... Rabbi Abba dit : Il n'est d'arbre que Hachem comme il est dit (Choftim 20,19) : 'Car adam [l'homme] est un arbre du champ'. "'
Ceci indique que "l'adoucissement" de "l'amertume" causée par les fautes des Bné Israël était soit un effet de la Torah qui expie la faute (voir Mena'hot 110a et Sifri, Haazinou 306), soit effectué par D. Lui-même, qui purifie le peuple juif de toutes ses fautes (Yoma 85b).

Dans cet esprit, le Zohar dit ailleurs (Raya Méhémna, Behaalotekha p. 153a) : " 'D. lui montra un arbre... et l'eau devint douce. Nous apprenons de là que si un homme s'adonne à l'étude de la Torah, qui est un 'arbre, D. lui pardonne ses fautes, desquelles la Torah dit (Chémot 1,14) : 'ils leur rendirent la vie amère', et elles deviennent douces".

[compilation de divré Torah du rav David Hofstedter (Darach David)]

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-> Nos Sages (Kohélèt Rabba 6,6) disent : "Cela peut être comparé à un homme du peuple ayant épousé une princesse. Même s'il lui offrait tout ce qu'il existe au monde, cela n'aurait eu aucune valeur à ses yeux, car elle est la fille d'un roi. De même, même si l'on donne tous les délices de ce monde à l'âme, ils ne veulent rien dire pour elle car elle vient des royaumes supérieurs".
Le monde physique est "amer" pour l'âme, qui émane d'un royaume spirituel. Les éléments spirituels du monde lui sont "doux".

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-> Sur ces versets (Béchala'h 15,23-25), le midrach (Mékhilta - Bechala'h - paracha d'Vayissa 1) commente : "Rabbi Elazar Hamodaï dit : c'était un olivier, car il n'y a pas d'arbre plus amer que l'olivier ... Rabbi Chimon bar Yo'haï dit : Il lui montra une parole de Torah.
Le verset ne dit pas "vayaréhou Hachem ets" (D. lui 'montra' un arbre), mais "vayoréhow" [lui enseigna]."
Selon le Kli Yakar, ceci montre que l'étude de la Torah est "amère" au début et sape les forces de l'homme (guémara Sanhédrin 26b), ainsi que l'enseignent nos Sages (midrach Dévarim Rabba 7,3) : "Comme l'huile est amère au début et douce à la fin, ainsi en est-il des paroles de Torah : l'homme peine au début mais, à la fin, elles lui sont agréables".
Puisque telle est la nature de la Torah, D. a mis les Bné Israël à l'épreuve avant de la leur donner, pour voir s'ils auraient foi qu'une chose amère pouvait s'adoucir par miracle.

-> Nous pouvons peut-être ajouter que, selon l'opinion de Rabbi Chimon bar Yo'haï que
D. montra à Moché "une parole de Torah".
L'épreuve a été soumise en utilisant la Torah elle-même : le peuple juif a été testé pour voir s'il supporterait l'amertume qui marque le début de l'étude.
C'est peut-être aussi la raison pour laquelle le peuple juif a reçu dix mitsvot à Mara, comme le dit la guémara (Sanhédrin 56b) : "Les Bné Israël reçurent 10 mitsvot à Mara : les 7 que les descendants de Noa'h avaient acceptées, plus la loi civile, le Shabbat et l'honneur dû aux parents".
Elles avaient pour but de déterminer si le peuple juif accepterait les difficultés en recevant ce premier groupe de mitsvot.

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+ Les mitsvot données à Mara :

-> Le don de la Torah au mont Sinaï fut précédé par 3 jours de préparation pendant lesquels les Bné Israël ne furent pas autorisés à s'approcher de la montagne. Auparavant, à Mara, le peuple juif a reçu plusieurs mitsvot sans aucune préparation préalable. Ils protestèrent même contre Moché à ce moment-là, comme le dit la Torah : "Le peuple se plaignit à Moché" (v.15,24).
Malgré leur manque de préparation et leurs récriminations, D. leur promit à Mara qu'ils ne connaitraient aucune maladie : "Je ne t'infligerai aucune des maladies dont J'ai frappé l'Egypte. Je suis D. qui te guérit" (Béchala'h 15,26). Cette promesse demande une explication. Les Bné Israël venaient de défier Moché.
=> Pourquoi reçurent-ils de D. une promesse si magnanime? Leurs actes ne méritaient-ils pas une punition au lieu d'une récompense?

D'après notre discussion, on peut l'expliquer ainsi : les griefs des Bné Israël n'étant pas sans fondement, ils ne furent pas considérés comme fautifs. Leurs réclamations étaient une réaction naturelle au terrible sentiment d'amertume qui accompagne le premier pas dans l'étude de la Torah. Comme nous l'avons vu, la Torah est comparée à une olive, le fruit le plus amer qui soit. Les juifs n'avaient pas encore gouté la douceur de l'étude de la Torah et "le peuple se plaignit à Moché", non seulement le érev rav, mais aussi le peuple juif.

Moché reçut l'ordre de jeter un olivier dans l'eau amère pour renforcer la foi des Bné Israël et les préparer à la mission qui les attendait. Ils allaient constater l'adoucissement miraculeux de l'eau et, grâce à cela, s'imprégner de la conviction que D. est capable d'adoucir toute amertume. Leur foi leur valut alors la promesse divine de ne jamais souffrir des maladies infligées aux Egyptiens.

L'étude de la Torah est amère et difficile au début, c'est vrai, mais si l'homme persévère, D. éclairera sa voie et il goûtera la douceur de la Torah. Comme le dit le prophète : "Le peuple qui marche dans les ténèbres verra une grande lumière ; une lumière brillera sur ceux qui ont vécu sur la terre de l'ombre de la mort" (Yéchayahou 9,1).
Cette douceur est le "fruit" de la période initiale de difficulté; ce sont l'amertume et la peine accompagnant le début de l'étude de la Torah qui donnent naissance au plaisir ressenti par la suite.

Dans le même sens, l'expérience prodigieuse du don de la Torah, une moisson spirituelle de révélations sublimes et de lumière spirituelle, était l'aboutissement d'un processus ayant débuté à Mara.
La, le peuple juif a reçu un premier groupe de 10 mitsvot ; l'expérience amère de Mara a, comme la pousse initiale du fruit de l'arbre, entamé le processus qui les conduisit au Don de la Torah.
[Darach David]

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+ La douceur ne vient qu'après la difficulté :

-> L'amertume que les Bné Israël connurent à Mara laissait entendre qu'ils ne recevraient la Torah qu'après une période de difficulté et d'effort.
Comme le dit Panim Yafot (Béchala'h 15,23) :
"Ils arrivèrent à Mara et ne purent pas boire l'eau à Mara car elle était amère'. Ce [verset] peut être compris selon l'enseignement de Rabbénou Hakadoch à son fils (Kétouvot 103b) : "Jette la mara [la crainte ou l'amertume] sur les élèves", comme l'enseignent nos Sages (Béra'hot 63b) sur le verset : Lorsqu'un homme meurt dans une tente' ('Houkat 19,14) : la Torah ne se maintient que chez un homme qui 'se tue' pour elle [qui se prive des plaisirs physiques pour se consacrer à l'étude de la Torah]'.
Nos Sages disent également (idem 5a) que la Torah ne s'acquiert que par les souffrances ... ce qui est le sens de l'enseignement de la guémara (Meguila 6b) : '(Si un homme te dit qu'il a] peiné et a trouvé [c'est-à-dire qu'il a atteint la sagesse de la Torah], tu peux le croire ...
'Jette la mara (amertume) sur les élèves' = signifie qu'il est impossible d'atteindre la douceur de la Torah sans efforts, qui sont amers au début et doux à la fin.

[La guémara (Meguila 6b) dit sur place : "Rabbi Yits'hak dit : si un homme te dit : T'ai fait des efforts mais je n'ai pas trouvé, ne le crois pas. [S'il te dit :] Je n'ai pas fait d'efforts et j'ai trouvé, ne le crois pas. [S'il dit :] 'J'ai fait des efforts et j'ai trouvé', crois-le".
Même mémoriser son étude qui, comme dit la guémara, nécessite l'aide divine, doit aussi être précédé par des efforts, comme le dit le Beit Halévi (Béchala'h 19,5) : "Retenir son étude vient de l'aide divine, mais cela demande aussi des efforts ... car sans efforts, on n'y parviendra pas".
Le Beit Halévi déclare qu'un homme qui déclare avoir retenu son étude sans avoir fait d'efforts est inclus dans la catégorie de personnes qui affirment "ne pas avoir fait d'efforts et avoir trouvé", affirmation que la guémara déclare fausse sans aucun doute.
Le Beit Halévi ajoute que la même chose s'applique à la partie mystique de la Torah : "C'est seulement en peinant sur la partie révélée de la Torah que l'homme méritera de se voir révéler ses secrets ". ]

Lorsqu'ils se rendirent à Mara ... et s'approchèrent pour la première fois de la Torah, ils la trouvèrent amère et furent incapables de la recevoir : 'Ils ne pouvaient pas boire l'eau à Mara [l'eau symbolise la Torah - Baba Kama 17a] ... mais par intermédiaire de Moché... D. apparut pour les bénir et les gratifier de l'influence spirituelle qui allait leur permettre de finir par goûter la douceur de la Torah. Tel est le sens du verset : D. lui montra un arbre...'

C'est particulièrement vrai de l'étude de la Torah Orale, qui s'acquiert seulement par des efforts très soutenus. La Torah Orale n'est étudiée que par ceux qui aiment D., comme le dit le midrach (Tan'houma, Noah 3) : 'A propos de la Torah Orale, il est dit (Iyov 11,9) : "Sa mesure est plus longue que la terre et elle est plus large que la mer" et (Iyov 23.13) : "On ne la trouvera pas sur la terre des vivants" ... car on ne trouvera pas la Torah Orale chez celui qui recherche les plaisirs, le désir, l'honneur et la célébrité dans ce monde, mais seulement chez celui qui 'se tue pour elle, comme il est écrit ('Houkat 19.14) : "Voici la Torah - un homme qui meurt dans une tente" et telle est la voie de la Torah : mange ton pain trempé dans le sel, bois de l'eau en petite quantité, dors par terre et mène une vie de souffrance tout en peinant dans la Torah ... car il est difficile d'étudier et cela cause de grandes souffrances... car il existe de nombreux détails dans les mitsvot, mineurs et majeurs.
Elle est aussi pénible que la mort et aussi dure que la tombe, et elle n'est étudiée que par celui qui aime D. de tout son cœur, de toute son âme et de tous ses moyens."

-> Nos Sages (midrach T'an'houma - Noah 3) enseignent : "Quiconque aime la richesse et les plaisirs ne peut pas étudier la Torah Orale, car elle cause une grande souffrance et prive de sommeil ..."
Le rav Tsadok haCohen de Lublin (Pri Tsaddik -Kedouchat Shabat, maamar 7) explique qu'à ceux qui peinent pour comprendre la Torah Orale, la lumière cachée des 7 Jours de la Création est révélée déjà dans ce monde.

=> Le renouveau du peuple juif en tant que nation dépend aussi de l'effort qu'il investit dans l'étude de la Torah. Moché dit aux Bné Israël : "Ce jour-ci, vous êtes devenus un peuple". Dans son
introduction à la Massékhèt Guittin, le Tiférèt Yaakov explique : "Il vit leur désir de se vouer à l'étude de la Torah et d'y peiner, car tel est le principal désir de D. à leur égard."

"Le premier-né d’un âne, tu le rachèteras par un agneau, sinon tu lui briseras la nuque et le premier-né de l’homme, si c’est un de tes fils, tu le rachèteras" (Bo 13,13)

=> Pourquoi l’âne est-il le seul animal impur pour lequel il faut racheter son premier-né?

-> C’est la question posée par la guémara (Békorot 5b) : "Rabbi Hanina a dit : J’ai demandé à Rabbi Elièzer dans la grande salle d’étude : En quoi les ânes premiers-nés sont-ils différents des chevaux et des chameaux premiers-nés (qui ne sont pas racheté)?
Rabbi Elièzer m’a dit : C’est un décret de la Torah. Et de plus, les ânes ont aidé les juifs au moment de leur sortie d’Egypte, car il n’y avait pas un membre d’Israël qui n’ait eu avec lui 90 ânes nubiens, considérés comme de qualité supérieure, chargés de l’argent et l’or des Égyptiens".

-> On peut rapporter quelques commentaires :
1°/ Rachi commente (en s’inspirant des propos de la guémara) : "Et non celle de tout autre animal impur. Il s’agit ici d’un décret de la Torah, les premiers-nés des Egyptiens étant comparés à des ânes (comme il est dit : ‘Leur chair est comme la chair des ânes’ - Ezéchiel 23,20).
[Autre explication] Parce que les ânes ont aidé les Bné Israël lors de la Sortie d’Egypte, car il n’y a pas eu un seul juif qui n’ait pris avec lui plusieurs ânes chargés de l’or et l’argent des Egyptiens."

2°/ Les ânes représentent les biens matériels [à noter que le mot : ‘Hamor (âne - חמור) s’apparente au mot ‘Homer (matière - חומר)]. En les échangeant par des agneaux, qui, comme le Korbane Pessa’h, sont consacrés à Hachem, nous apprenons que nous devons utiliser nos possessions matérielles au Service divin. [rav Shimchon Raphaël Hirsch]

3°/ L’âne représente le yétser ara. En effet, étant un animal impur, il ne peut être utilisé pour le Service divin. Son nom, "’Hamor" souligne sa grossièreté, source des mauvaises pulsions.
L’agneau, par contre, représente le yétser tov, qui lui peut être utilisé dans le Service d'Hachem. Sa graisse est offerte sur l’Autel et sa chair est mangée par les Cohanim. Sa laine est utilisée pour la fabrication des tsitsits et ses cornes sont utilisées pour la fabrication de Chofars. Ses intestins servent à la fabrication des cordes de la harpe et sa peau à la fabrication des tambourins, afin de se réjouir dans l’accomplissement des mitsvot.
Le rachat du premier né de l’âne représente en quelque sorte la réparation (tikoun) du yétser ara. Il est racheté par l’agneau (le yétser tov) qui représente l’action de la téchouva et de la réparation des mauvaises pensées, paroles et actions causées par le yétser ara.
Le Rachat est effectué par le Cohen, qui représente l’Attribut de ‘Hessed, la Bonté et l’Amour. Il peut réparer le Mal grâce à son amour du prochain et sa capacité de le rapprocher de son Créateur [‘Hassidout]. Première ouverture [de matrice] de l’âne.

4°/ Selon le Sforno (verset 14), l’âne symbolise la Sortie d’Égypte car les égyptiens ont tellement pressé les Bné Israël de s’en aller immédiatement, que ceux-ci n’ont pas eu le temps de se procurer suffisamment de chariots pour transporter leurs biens. Ils ont donc dû charger tous leurs bagages sur des ânes qui, en temps normal, n’auraient jamais pu porter des fardeaux aussi lourds. Ils n’y sont parvenus que grâce à un des nombreux miracles de la Sortie d’Egypte ; c’est pourquoi les ânes méritent un traitement privilégié.

-> Hachem ordonne à Moché de transmettre le message suivant à Pharaon : "Hachem, le D. des Hébreux, s’est manifesté à nous. Et maintenant nous voudrions aller à 3 journées de chemin, dans le désert, sacrifier à Hachem, notre D." (Chémot 3,18).

-> Ainsi, fut-il : "Puis, Moché et Aaron vinrent trouver Pharaon et lui dirent: "Ainsi a parlé Hachem, D. d’Israël : Laisse partir Mon peuple, pour qu’ils célèbrent mon culte (vaya’hogou li - וְיָחֹגּוּ לִי) dans le désert" ... Le D. des Hébreux s’est manifesté à nous. Nous voudrions donc aller à 3 journées de chemin dans le désert et sacrifier à Hachem notre D." (Chémot 5,1-3).

-> A la suite de la plaie des Bêtes sauvages, Pharaon accepte de renvoyer les juifs pour qu’ils servent leur D. : "Allez sacrifier à votre D. dans le pays ... Je vous laisserai partir, pour sacrifier à Hachem votre D. dans le désert ; toutefois, gardez-vous d’aller trop loin" (Vaéra 8,21-24).

-> Cependant, Pharaon veut empêcher les enfants et le bétails de quitter l’Egypte, ce à quoi Moché lui répond: "Nous irons jeunes gens et vieillards; nous irons avec nos fils et nos filles, avec nos brebis et nos boeufs, car nous avons à fêter Hachem (ki ‘hag Hachem lanou - כי חג ה׳ לנו)" (Bo 10,9).

=> De quelle fête s’agissait-il au juste?

On peut citer 3 réponses en relation avec les 3 fêtes de Pèlerinage :

1°/ Pessa’h :
Le Divré Yoël explique qu’à l’origine, les Bné Israël devaient marcher 3 jours dans le désert (le temps minimum pour échapper à l’impureté de l’Egypte) pour offrir leur Korban Pessa’h. Puisque celui-ci devait être offert, comme pour les générations ultérieures, dans l’enceinte du Temple, Hachem allait miraculeusement déraciner le saint lieu du futur Temple pour le rapprocher au-devant des juifs. [voir Targoum Yonathan Ben Ouziel sur Yitro 19,4].
C’est le sens des paroles : "Et maintenant nous voudrions aller à 3 journées de chemin, dans le désert, sacrifier à l’Éternel, notre D." (Chémot 3,18).

2°/ Souccot :
Suite au refus de Pharaon de laisser sortir les Béné Israël et l’urgence de leur libération, D. accéléra miraculeusement leur célébration de Pessa’h : "Hachem transporta sur les nuées de gloire le Peuple jusqu’au lieu du Temple et c’est là qu’ils offrirent, conformément à la Torah, le Korban Pessa’h [puis ils furent ramenés par Hachem en Egypte et mirent la nuit du 15 Nissan, le sang du Korbane Pessah sur les montants et le linteau de leurs porte". [voir Targoum Yonathan Ben Ouziel déjà cité]
Or, nous savons que la mitsva de Soucca rappelle les "nuées de gloire» de la sortie d’Egypte [voir guémara Soucca 11b], aussi, comme l’enseigne le midrach Pliya (rapporté par le Divré Yoël) la "fête à Hachem pour nous" s’identifiait-elle (également) comme la fête de Souccot (à noter que celle-ci est la seule à être désignée par nos Sages par le simple mot : ‘Hag (חג - fête).

3°/ Shavouot :
La raison d’être de la Sortie d’Egypte fut dictée ainsi par D. : "Quand tu auras fait sortir ce peuple de l’Égypte, vous adorerez le Seigneur sur cette montagne même" (Chémot 3,12).
A l’appui de ce verset, Rabbénou Bé’hayé en déduit que la fête que devaient célébrer les Bné Israël était Shavouot. En effet, le premier Pessa’h devait se dérouler en Egypte, et Souccot ne se réfère point à une quelconque montagne.
Cette interprétation est cohérente avec le commentaire du Déguel Ma’hané Efraïm qui nous explique que Pharaon ne connaissant D. qu’en tant que Maitre des forces de la nature, désigné par le nom Elokim (le nom de la Rigueur) dont la valeur numérique est celle du mot "haTéva" (La nature).

Maintenant, avec les prodiges de la sortie d’Egypte, Pharaon allait aussi connaître le nom Y-H-V-H (יהוה - le nom de la Miséricorde) qui désigne la transcendance du divin sur la nature. Aussi, la formule employée par Moché : "ki 'hag Hachem lanou - כי חג ה׳ לנו - Car nous avons à fêter Hachem) porte-t-elle l’allusion suivante : חג (‘Hag) forme les initiales des mots חסד (‘hessed – Bonté, qui se rapporte au nom Y-H-V-H) et גבורה (Guévoura – Sévérité, qui se rapporte au nom Elokim), ces 2 noms étant d’ailleurs exprimés dans les 2 derniers mots de l’expression : ה׳ לנו (Hachem lanou - D. pour nous) : Y-H-V-H et Elokim dont la valeur numérique [86] est curieusement celle du mot לנו (Lanou).
Le dévoilement de l’unification de ces deux noms fut procuré lors du Don la Torah, à Shavouot, comme l’indique le 1er Commandement : "Je suis Hachem ton D. (ה׳ אלקיך) qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, d’une maison d’esclavage" (Yitro 20,2).

"J’imposerai Ma Main (יָדִי - yadi) sur l’Égypte" (Vaéra 7,4)

-> Rachi commente : "Ma main" au sens propre [et non au sens figuré habituel : ‘Ma puissance’], pour les frapper".

-> La paracha de Vaéra est la 14e Sidra de la Torah.
Quatorze est la valeur numérique du mot יָד (Main - yad), qui fait allusion à la "Main puissante" (יָד חֲזָקָה - yad 'Hazaka) de D. qui frappa les égyptiens à travers les 10 Plaies.
On peut noter que la paracha Vaéra traite des sept premières Plaies. Or, celles-ci avaient un double effet : frapper les égyptiens et guérir les Bné Israël, soient pour les 7 Plaies de Vaéra, quatorze opérations.

-> Hachem dit à Moché : "C’est à présent que tu seras témoin de ce que Je veux faire à Pharaon. Forcé par une Main puissante (yad 'hazaka - יָד חֲזָקָה), il les laissera partir ; d’une Main puissante (יָד חֲזָקָה), lui-même les renverra de son pays"" (Chémot 6,1 - dernier verset de la paracha Chémot).

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-> Quatorze est aussi la valeur numérique du mot דָי (Daï - assez), que l’on associe au Nom divin שַׁדיָּ (Shadaï) mentionné au début de Vaéra : "J’ai apparu à Abraham, à Its’hak et à Yaakov, comme Divinité souveraine (אֵל שַׁדָּי - El Shadaï) ; ce n'est pas en ma qualité d'Etre immuable (יְהוָה) que je me suis manifesté à eux" (Vaéra 6,3).
En effet, nous Sages (guémara'Haguiga 12a) enseignent : "Rech Lakich a dit : Quel est le sens [des mots]: ‘Je suis El Shadaï (אֵל שַׁדָּי)’ (Vayichla'h 35,11), Celui qui a dit à Son Monde : Assez (דָי - Daï) [Shadaï שַׁדיָּ est une contraction de שאמר לעולמו די Chéamar LéOlamo Daï = qui a dit à Son Monde Assez]"
[la guémara donne une indication : "Rav Yéhouda a dit: Quand Hachem créa le Monde, celui-ci allait en grandissant, comme deux bobines de soie [qui peuvent se dérouler sans fin si on ne les arrête pas], jusqu’à ce que Hachem lui ait crié (Daï) et l’ait figé (lui imposant ainsi des limites)"]

-> Ainsi, en employant (dans Vaéra 6,3) les 2 Noms divins : El Shadaï (אֵל שַׁדָּי) et YHVH (יְהוָה), Hachem a-Il dévoilé à Moché que la fin de l’Exil d’Egypte [הקץ - haKets], bien qu’il ait été révélé aux Patriarches avec l’Attribut de "El Chaddaï" (אֵל שַׁדָּי), imposant ainsi une durée fixe et immuable à la gualout, du fait de lui avoir dit : Assez (דָי - Daï) [ce sont les 400 ans révélé à Abraham lors de l' "Alliance entre les Morceaux"], n’a pas encore été révélé avec l’Attribut de la Miséricorde (symbolisé par le nom YHVH - יְהוָה), qui permet de faire sortir les Bné Israël d’Egypte avant le Kets fixé, s’ils implorent Ma Pitié (induisant 210 ans d’Exil au lieu de 400 ans).
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

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-> Les lettres Dalet (ד - 4) et Youd (10 - י) [formant les mots יָד et דָי , de valeur numérique 14] représentent Israël (le Youd) dispersé aux 4 "coins" (le Dalet) que sont les "4 Empires" des 4 Exils : Babylone, Perse, Grèce et Rome.
La délivrance de ces 4 Exils est annoncée, dans notre paracha Vaéra, à travers les quatre expressions de guéoula : "Je veux vous faire sortir ... et vous délivrer ... et Je vous affranchirai ... Et Je vous prendrai pour peuple" (Vaéra 6,6-7).
Il en est de même de la délivrance des quatre décrets du Pharaon, qui font d’ailleurs allusion aux quatre Exils cités, les travaux forcés, la mort des nouveau-nés mâles, la noyade des enfants mâles dans le fleuve et le ramassage de la paille

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-> La Royauté a été donnée pour l’éternité au roi David, comme l’enseigne le Rambam (Lois des Rois 1,7) :
"Lorsqu’il (David) fut oint, David a acquis la couronne royale, et la royauté est à lui et à sa descendance mâle à jamais".
[à noter que le nom דָוִד (David) a pour valeur numérique 14 (יָד) qui rappelle la main puissante יָד חֲזָקָה (Yad ‘Hazaka) avec laquelle ce roi a combattu ses ennemis.]
[la perle du Shabbath - feuillet de la communauté Sarcelles 5782]

Pourquoi le déluge dura-t-il 40 jours?

+ Pourquoi le Déluge (maboul) a-t-il duré 40 jours?

"Car encore 7 jours, et Je ferai pleuvoir sur la Terre pendant 40 jours et 40 nuits ; et J’effacerai de la surface du sol tous les êtres que J’ai créés" (Noa'h 7,4)

=> Pourquoi le Déluge a-t-il duré 40 jours?

-> Rachi commente : "40 jours : ce qui correspond au délai nécessaire à la formation de l’embryon, parce que leur mauvaise conduite avait obligé leur Créateur à engendrer des enfants issus d’unions illégitimes" (voir midrach Béréchit rabba 32,5).

-> Le Torah OHr explique : en amenant le Déluge, D. a trempé le Monde dans un Mikvé (bain rituel) géant, comme il est dit : "Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; Je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles" (Yé'hezkiel 36,25).
Les 40 jours de pluie font donc allusion à la mesure des 40 Séa que constitue un Mikvé (environ 750 litres). Le Déluge, dès lors, n’était pas une punition, mais un processus de purification dont le Monde avait besoin afin d’être nettoyé et de pouvoir renaître.
[Le Baal Chem Tov explique que l’intention (kavana - כוונה) de celui qui se trempe dans un Mikvé, doit-être celle de s’annuler entièrement afin d’émerger comme un nouveau-né pour réaliser un nouveau départ (à noter que les mots בטול bitoul – annulation - et טבול tivoul – trempage, sont formés des même lettres)].

L’eau du Mikvé étant comparée au liquide amniotique contenu autour du fœtus et vital à l’existence de ce dernier. L’eau du bain rituel devient à ce titre "l’eau de la matrice" ; l’eau du renouvellement et de la purification. Notons également que la lettre "mém" (מם) [de valeur numérique 40] s’apparente au mot "mayim" (מים - eau). [Séfer Habayir]

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=> Quelle est la signification du nombre 40?

On peut citer les explications suivantes :
1°/ Il a plu pendant le Déluge 40 jours et 40 nuits, suite à quoi, le Monde a connu un nouveau départ.

2°/ Moché est resté 40 jours et 40 nuits sur le Mont Sinaï pour recevoir les Tables de Lois (les premières comme les secondes). [à noter que "Il n’y a d’eau que la Torah" - én mayim ella Torah - Baba Kama 82a ; Avoda Zara 5b]

3°/ 40 jours furent donnés pour explorer la terre d’Israël afin de la conquérir (Bamidbar 13).

4°/ Le peuple juif a vécu dans le désert pendant 40 ans, pendant lesquels il se construisit en tant que Nation [voir le Rékanati].

5°/ 40 jours après la conception, le foetus est considéré comme étant formé. [guémara Békhorot 21a]

6°/ 40 semaines est la durée de la grossesse chez les humains, après quoi vient au Monde une nouvelle vie.

7°/ Its’hak avait 40 ans quand il épousa Rivka après l’épreuve du Sacrifice.

8°/ Rabbi Akiva avait lui aussi 40 ans quand il épousa la fille de Kalba Savoua et fit Téchouva en partant étudier (il devint ainsi le grand maître de la Loi Orale); [voir guémara Ketouvot 62b et Avot déRabbi Nathan 6,2]

9°/ Les 40 jours consacrés à la téchouva (depuis Roch ‘Hodech Eloul jusqu’à Yom Kippour) qui transforment l’homme en un être nouveau; [voir Rambam - Michné Torah - Hilkhot Téchouva 2,4]

10°/ "L’homme ne comprend la pensée de son maître qu’après 40 ans" (guémara Avoda Zara 5b).
Aussi, est-il enseigné : "A 40, [on est apte] à l’intelligence" [Pirké Avot 5,26].

11°/ L’époque messianique (avant l’entrée dans le Monde futur) durera (selon un avis) 40 ans. [guémara Sanhédrin 99a]

12°/ La "Résurrection des Morts" aura lieu 40 ans après le Rassemblement des Exilés (Zohar I, 139a) ou 40 ans après la venue du Machia’h (voir HaRan sur Sanhédrin 99a).
[Il s’agit de la Résurrection de l’ensemble du peuple juif. En revanche, dès la venue du Machia’h, les Tsaddikim qui sont morts en Exil, reviendront à la vie physique du Olam Hazé (HaRitba sur Roch Hachana 16b)].
Cependant, si Israël est méritant, les 40 années seront remplacées par 40 "instants" de courte durée (Si’ha Balak 5741).
[d'après le feuillet de la communauté Sarcelles - Noa'h 5783]

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+ Le déluge : c'était 40 jours et 40 nuits de pluie et de débordements des sources d'eau.
Pourquoi 40 jours?
- On peut noter que le mot vol (= gézel - גזל = à l'origine du déluge) a pour valeur numérique 40.
- Il faut 40 jours pour qu'une âme soit associée à un embryon et que son genre soit déterminé. On reprend par là l'idée du renouvellement de la création (Guémara Béra'hot 60a).
- Le chiffre 40 correspond aux 40 séa (le volume) d'eau nécessaires au bain rituel (mikvé). Il apparaît ici l'idée que le déluge est destiné aussi à purifier la création.
- Il y a aussi une notion de punition de la génération du Déluge, mesure pour mesure, pour avoir transgressé la Torah de D. qui sera donné au mont Sinaï après 40 jours.

Le déluge c'était durant : 40 jours (l'eau venait du ciel et de sources souterraines) + 150 jours (l'eau ne venait plus que de sources souterraines), soit 190 jours.
On peut noter que la guématria de 190, correspond au mot : fin (ketz - קץ ).

 

Sources : le "védibarta bam" de Rabbi Moshe Bogomilsky + le livre "Guévourot aTorah" de Gabriel Cohen

"Tu te souviendras d'Hachem parce que c'est Lui qui t'a donné la force de t'enrichir" (Eikev 8,18)

-> Selon Onkelos, c'est Hachem qui nous donne l'inspiration pour faire l'achat.
Lorsqu'une personne réussit dans les affaires, c'est parce qu'Hachem l'a bénie avec une bonne idée.
Le rav Eliyahou Desser disait : "Les gens s'exclament : "Je viens d'avoir une idée géniale! D'où vient cette idée? C'est Hachem qui l'a glissée dans sa tête".
Ce principe doit être programmé dans notre esprit et dans notre cœur. Comment? En nous rappelant constamment que chaque succès, petit ou grand, vient d'Hachem.
Lorsqu'une personne postule pour un emploi ou fait un investissement risqué, elle se souvient de demander l'aide d'Hachem.
Lorsqu'elle prend le métro pour se rendre au travail ou qu'elle se prépare pour un cours, elle oublie de demander cette aide. Même si le besoin ne semble pas important, elle a perdu une grande occasion de se lier à Hachem. [Sifsté 'Haïm - Midot bé'Avodat Hachem]

Vayétsé

- "Il rêva et voici une échelle posée à terre et son sommet arrivait [jusqu'] au ciel, et voici des anges de D. montaient et descendaient dessus". (Vayétsé 28;12)

1°/ Rashi sur "montaient et descendaient" : les anges qui l'avaient accompagné dans la terre [d'Israël] ne sortaient pas en-dehors de [cette] terre, et remontaient au ciel tandis que] descendaient les anges d'en-dehors de la terre [d'Israël] pour l'accompagner.

2°/ Le Midrash nous explique que D. se révéla à Yaakov dans un rêve prophétique afin de le renforcer (il était persécuté par Essav et s'apprêtait à se rendre chez Lavan l'escroc) et de l'assurer de Son assistance à travers tous les événements futurs.
- Dans cette vision, chaque ascension d'un ange correspond à un exil du peuple juif (chaque échelon correspondant à un an), et la descente à sa fin.
- Par ailleurs, cette échelle correspond aussi à la rampe qui conduisait à l'autel du futur Bet Hamidrash. Les Kohanim (comparés aux anges) montaient et descendaient le long de la rampe du mizbé'ah en se hâtant, pour accomplir avec zêle la avoda.
Il vit la destruction du 1er Temple par les flammes et la reconstruction du 2e Temple.
- Enfin, l'échelle symbolisait le Har Sinaï, et il vit que ses descendants se tiendraient à son pied pour recevoir le Torah (vision du Matan Torah : l'apogée de la Création). Les anges représentaient, dans cette vision, Moshé et Aaron, qui graviraient le Har Sinaï; Aharon restant sur la montagne et Moshé continuant jusqu'au Ciel pour recevoir les tables de la Loi.

3°/ Le Ben Ish Haï note (appris de son père Rabbi Eliahou) que la valeur numérique du mot soulam (= échelle) est de 136, et est égale à celle de Mamon (= l'argent).
- Par ses efforts, l'homme monte les échelons de la hiérarchie sociale, mais en fait le sommet de cette échelle se trouve dans le ciel, car en définitive la réussite est accordée par D. Les anges qui montaient et descendaient sur l'échelle symbolisent les aléas de l'existence humaine, avec ses hauts et ses bas. De même que lorsque l'on inverse une échelle, l'échelon supérieur se retrouve tout en bas, de même, celui qui est tout en haut de l'échelle de la fortune peut se retrouver tout en bas en un instant.
- Cela signifie aussi que bien que l'argent soit une chose basse, on peut l'utiliser pour faire de grandes actions qui montent jusqu'au ciel. (tsédaka, embellir les mitsvot, ...)

4°/ Le Ben Ish Haï rajoute que le mot soulam (= échelle) a aussi la même valeur numérique que le mot Kol (= la voix), référence aux valeurs spirituelles.
- Cela peut signifier que la voix de la prière et de l'étude de la Torah atteint le ciel (à l'image de l'échelle).
- Par ailleurs, cela conduit à comprendre notre verset d'une nouvelle façon.
L'échelle (symbole du matériel et du spirituel = soulam =
kol ; lien entre la terre et le ciel) se dresse sur la terre car le juif doit mener de front sa vie matérielle et spirituelle.

Ainsi, les justes (à l'image des anges), y montent, regardant vers le haut, vers leur maître, pour s'élever spirituellement. Et y descendent, regardant vers le bas, car ils sont satisfaits de leur situation matérielle et ne recherchent pas à égaler dans ce domaine ceux qui sont au-dessus d'eux.

 

Sources :
- "Le Midrash raconte" de Rabbi Moshe Weissman
- "Od Yossef Haï" de Rabbi Yossef Haïm de Bagdad
- "La voie à suivre" de la Hévrat Pinto

Paracha Hayé Sarah

"Et les jours de Sarah furent 100 ans et 20 ans et 7 ans [soit 127 ans], c'était les années de la vie de Sarah." (Hayé Sarah 23,1) 

1°/ Rashi nous explique : la répétition du mot "ans" après chaque catégorie (centaine, dizaine, unité) vient te dire que chacune est interprétée en elle-même :

  • à l'âge de 100 ans, elle était comme à l'âge de 20 ans à l'égard du péché. De même qu'à 20 ans, une fille n'a pas de péché car elle n'est pas punissable, de même à 100 ans, elle n'avait pas de péché.
  • et à l'âge de 20 ans, elle était comme une fille de 7 ans pour la beauté.

La fin de ce verset vient nous apprendre que toutes les années de la vie de Sarah étaient égales pour le bien.

2°/ Contrairement à ce que dit  Rashi, une femme n'est-elle pas plus belle qu'une enfant de 7 ans?

  • Chez une enfant de 7 ans, nous ne voyons généralement parmi tous ces actes  que le bon côté des choses, car nous mettons l'aspect négatif sur le compte du fait qu'elle n'est qu'une enfant, et nous lui trouvons donc des circonstances atténuantes.

Par contre chez une jeune fille de 20 ans, il est impossible de trouver des circonstances atténuantes sur tous ces actes, et il est certain que l'on va lui reprocher des choses.
Ainsi, Sarah, même à l'âge de 20 ans, ses actes étaient tous d'une telle perfection que l'on ne voyait chez elle que de la beauté, comme pour une fillette de 7 ans, chez qui nous ne voyons que des bonnes choses.           (Ma'yana Shel Torah)

  • Selon le Midrach Rabba, on peut répondre à cette question en comprenant ce qu'est la vraie beauté. Sarah avait la beauté à 20 ans d'une fillette de 7 ans, c'est-à-dire qu'elle ne se servait pas de ses "atouts" physiques pour attirer sur elle les regards. Elle est restée dans sa grande naïveté, innocence, sa grande discrétion et sa grande pudeur, pour éviter que les autres ne trébuchent par sa faute. Ainsi, si la Torah vient nous vanter sa beauté, c'est pour nous enseigner que la pureté de son intériorité était tellement grande qu'elle s'exprimait sur son visage. La beauté juive réside dans la pudeur, la discrétion, afin de permettre à la beauté de l'âme (l'intériorité) de se révéler le plus fortement.
  • Par ailleurs, ce Rashi ("comme à...") nous montre que Sarah avait les avantages de la vieillesse et de la jeunesse. Quand elle avait 20 ans, elle avait déjà les mêmes qualités qu'à 100 ans, et quand elle avait 100 ans elle avait encore les mêmes qualités qu'à 20 ans.

3°/ Le rav Yaakov Kaminetsky nous explique que la fin de ce verset : "c'était les années de la vie de Sarah" vient nous certifier que Sarah est arrivée au terme des années de vie qui lui avaient été imparties.

Rashi (verset suivant) nous indique que la mort de Sarah suivit la ligature d'Itshak parce qu'en apprenant la nouvelle de la ligature, que son fils avait été préparé pour être égorgé, son âme s'était envolée d'elle et elle était morte.

Ainsi, la Torah explique (par ce verset) que la ligature d'Itshak n'est pour rien dans la mort de Sarah car dans tous les cas elle était arrivé au terme de ses années de vie.

4°/ Le Ben Ich Haï fait remarquer que la répétition dans ce verset du mot "shana" (= "… ans") a pour but de souligner que les nuits des justes sont aussi portées à leur crédit, contrairement aux méchants, dont l'existence est considérée comme très courte compte tenu de leurs rares mérites (ainsi être physiquement vivant ne veut pas dire que l'on est réellement vivant selon la Torah …).

5°/ Par ailleurs, le Ben Ich Haï demande : pourquoi les 2 premières fois, le mot "shana"  est-il au singulier, et la dernière fois, au pluriel?

Afin de ne pas s'enorgueillir durant notre vie, la Torah nous conseille de se rappeler de nos débuts pitoyables dans l'existence : muet et immobile comme une pierre, qui baigne dans ses déjections en mettant en bouche n'importe quelle saleté.

Ainsi, le mot est au singulier en ce qui concerne : 100 ans (moment de la décrépitude progressive de son corps) et 20 ans (zénith de sa force et de sa beauté), afin nous montrer que Sarah se souvenait toujours avec humilité de ce qu'elle était à un an (shana). A l'inverse, le mot est au pluriel à 7 ans, car elle s'y voyait déjà comme une femme adulte et responsable, chargée par le poids "des années" (shanot).

-> Par ailleurs, le Zohar ('Hayé Sarah 122) enseigne que : "100 ans" est écrit au singulier (chana), de même pour "20 ans (chana), mais "7 ans" est au pluriel (chanim).
Pour les nombres importants, l'utilisation du singulier amoindrit, tandis que pour le 7, le plus petit, l'utilisation du pluriel montre qu'il est rehaussé.
=> Nous voyons ainsi que Hachem grandit ceux qui se font petits et amoindrit ceux qui se font grands.
Et cela en fonction du principe : Celui qui recherche la grandeur, tout au long de sa vie dans ce monde, sera considéré comme petit dans le monde de Vérité.

6°/ Rabbi Avraham Ména'hem (Min'ha Béloula) explique que ce verset doit être lu d'une autre manière. Le mot "shéné" (précédemment traduit par "les années") peut aussi se traduire par le chiffre : 2. Nous devons donc lire la fin du verset : "[c'était] les 2 vies de Sarah".

Rabbi Avraham Ména'hem considère que les 127 années de vie de Sarah se décomposent en 2 parties : ses 90 premières années (avant la naissance de Ytshak) et ses 37 dernières années. En effet, la Torah enseigne qu'un Homme n'est appelé "vivant" que lorsqu'il devient parent. Ce n'est qu'à ce moment que sa vie prend tout son sens. D'ailleurs, notre verset commence par le mot "vayiyou" dont la valeur numérique est 37, soit la "véritable existence" de Sarah.

Sarah a enfanté Itshak à l'âge de 90 ans et elle endura aussi les 10 épreuves de son mari Avraham (son double enlèvement, la famine,...). Dans ce cas, comment comprendre l'explication de Rashi : "toutes les années de la vie de Sarah étaient égales pour le bien"?
Rabbi Zoucha d'Anipoli explique que Sarah ne cherchait jamais à analyser et à comprendre pourquoi elle subissait tant de difficultés. Elles étaient persuadée qu'existaient de profonds secrets derrière tous ses problèmes. Tout ce qui m'arrive n'est que pour mon bien (même si actuellement je n'en suis pas conscient(e) voir je pense - à tort - le contraire)!

Paracha Vayéra

  • "Que l'on prenne un peu d'eau, lavez vos pieds et reposez-vous sous l'arbre. Je prendrai une miche de pain et vous rassasierez votre cœur ..." (vayéra 18,4-5) 

Le Ben Ish Haï explique :

  • "Que l'on prenne un peu d'eau" : comme Avraham a fait recourt à un intermédiaire, D. fit sortir l'eau pour ses descendants par un intermédiaire : Moshé.

A ce sujet, Avraham n'a pas voulut s'éviter un effort supplémentaire, mais il savait par prophétie que le peuple juif n'aurait pas le mérite d'entrer en terre d'Israël s'il n'était pas conduit par un être d'exception, tel que Moshé (d'où son recourt à un intermédiaire pour apporter l'eau).

Par ailleurs, on peut aussi se demander pourquoi Avraham a proposé "un peu d'eau". Il pouvait se montrer plus généreux  avec son eau puisée gratuitement à la source.  Avraham a proposé à ses invités un peu d'eau (afin d'ouvrir l'appétit sans trop remplir l'estomac par trop d'eau), de se laver les pieds et à s'appuyer contre l'arbre pour se reposer de la fatigue du voyage afin d'être dans les meilleures conditions pour être en appétit.

  • "Je prendrai une miche de pain" : Avraham les servit directement, ainsi, D. prodigua lui-même du pain à ses descendants (peuple juif).

On apprend de là également, que les tsaddikim promettent peu et font beaucoup; tandis que les impies font de grandes promesses pour n'en accomplir pas même une infime part. Ainsi, Avraham promit aux anges un petit peu de pain, mais il leur a servi ensuite un repas royal pour lequel il égorgea 3 veaux, il utilisa 9 séah de farine et leur servit également de la crème et du lait.

Nos Sages nous explique que ce comportement s'inspire de celui de D. En effet, lorsque D. promit qu'Il jugerait les Egyptiens à la fin de l'exil, Il assura à Avraham : "La nation qui les asservira, Je [la] jugerai" (paracha précédente : le'h le'ha 15,14). La promesse divine ne contenait que 2 mots (Je jugerai), et pourtant D. a infligé 10 plaies aux Egyptiens.

Il est à noter (cf.Rashi) que le texte désigne le cœur des anges en n'utilisant qu'une fois la lettre beth afin d'indiquer que le mauvais penchant n'a pas de prise sur eux (au contraire des hommes - avec 2 lettres beth comme par exemple dans le shéma : "be'hol levave'hem").

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-> "Qu’on aille quérir un peu d’eau ; lavez vos pieds" (Vayéra 18,4)

=> Avraham excellait dans l’hospitalité. Il choisit généreusement pour ses invités trois mesures de farine et sacrifia trois veaux pour leur en servir les plus belles parts. Pourquoi se montra-t-il avare concernant l’eau en ne leur en donnant qu’un peu?

-> L’Admour de Tsanz (le Chéfa ‘Haïm), explique qu’Avraham vit par inspiration divine qu’au moment où D. voudrait donner la Torah aux enfants d’Israël, les anges s’y opposeraient, avançant que sa place se trouve plutôt dans les cieux. Il leur fit donc transgresser l’interdit de mélanger lait et viande afin que, le moment venu, Hachem puisse leur répliquer qu’ils ne peuvent accepter la Torah, puisqu’ils en avaient déjà enfreint un commandement.

Selon le Choul’han Aroukh (Yoré Déa 89,2), il faut manger un morceau de pain et boire un peu d’eau pour pouvoir manger de la viande après du lait. Avraham servit à ses visiteurs du beurre et du lait, puis de la viande, tandis qu’il s’abstint de leur donner du pain et de l’eau pour nettoyer leur bouche entre le lacté et le carné.
De cette manière, ses descendants pourraient recevoir la Torah. C’est pourquoi il ne leur fournit que l’eau nécessaire pour laver leurs pieds.

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"Je vais apporter une tranche de pain ... Puis Avraham courut au troupeau" (Vayéra 18,5-8)

-> Rabbi El'azar dit : "Cet épisode nous enseigne que les Justes parlent peu et agissent beaucoup, contrairement aux réchaïm qui parlent beaucoup et qui ne font même pas un petit peu".
[guémara Baba Métsia 87a]

-> Le rav Yérou'ham Leibovitz (Daat Torah) commente :
Derrière ce principe se profile l'idée que les hommes "qui parlent" ne font rien, alors que ceux "qui agissent" ne parlent pas.
En effet, dès l'instant où la résolution d'agir s'est affermie chez l'homme, rien ne devrait l'en distraire jusqu'à ce qu'il ait mené ses desseins à terme.
De plus, les rares paroles qui sortent de la bouche des Justes (tsadikim) ne son motivées que par une nécessité immédiate, par exemple pour informer autrui de ce qu'ils entendent faire.
[...]
En revanche, chez le racha, l'abondance de paroles résulte du fait qu'il n'envisage pas un seul instant de réaliser sérieusement ses promesses.
En réalité, sa disposition à parler beaucoup n'est motivée que par une soif insatiable d'autosatisfaction, qu'il étanche par une profusion de paroles.
Et fatalement, celles-ci entraînent une diminution de l'action.
Parler abondamment permet ainsi d'étouffer les mouvements de la conscience, et c'est pourquoi Hachem a en horreur cette attitude.
[...]
Par ailleurs, une autre raison pour laquelle les tsadikim font toujours preuve de mesure dans leurs paroles, provient de leur crainte de ne pas pouvoir les respecter.
A l'inverse, peu importe au racha, homme malhonnête, la portée de ses propos, puisqu'en tout état de cause il ne compte pas s'y conformer.

Nos Sages disent : "Les actions des ancêtres sont des signes pour leurs enfants".
A cet égard, la descendance d'Avraham est dotée d'une disposition innée à "agir sans parler". C'est celle-ci qui leur permit de déclarer, au pied du mont Sinaï (Chémot 24,7) : "Nous ferons et nous comprendrons".
Les Sages (guémara Shabbath 88) nous racontent : "Au moment où les enfants d'Israël firent précéder "Nous ferons" de "nous entendrons", une Voix du Ciel sortit et proclama : "Qui donc a révélé à Mes enfants ce secret que seuls les anges de service utilisent?""
=> Pour cette "génération de la connaissance" (dor déa), l'action suivait aussitôt l'énonciation du commandement.

Vayéra – donner de la force à nos prières

+ Vayéra - donner de la force à nos prières :

-> Dans la parasha Vayéra, la Torah décrit la naissance d'Its'hak après l'épisode dans lequel Avimélé'h, le roi de Guérar, a essayé de prendre Sarah comme épouse. Hachem envoya un fléau sur la famille d'Avimélé'h, les rendant toutes stériles, et Avimélé'h libéra Sarah pour les sauver.
Rachi (Vayéra 21,1) note que ces deux épisodes apparaissent ensemble pour enseigner une leçon importante : "Quiconque implore Hachem d'avoir pitié de son prochain, et que le demandeur a besoin de la même chose, c'est lui qui est exaucé en premier".
Lorsque Sarah fut libérée, Avraham pria pour qu'Avimélé'h ait des enfants. Parce qu'il avait besoin de la même requête, Avraham mérita d'être exaucé, et il fut béni en ayant Its'hak.

-> Le rav Yérou'ham Brodiansky demande pourquoi Avraham et Sarah ont eu besoin de prier pour que quelqu'un d'autre ait un enfant. Après tout, ils avaient déjà accumulé suffisamment de mérite par eux-mêmes. N'avaient-ils pas enseigné la émouna en Hachem aux masses et accompli la mitsva de hachnassat or'him ensemble?
De plus, nos Sages (Yébamot 64a) disent qu'Hachem a rendu les Avot (Patriarches) et les Imahot (Matriarches) stériles, parce qu'Il désirait les prières des justes.
Il est clair qu'Avraham et Sarah ont prié intensément pour avoir des enfants. Pourquoi cette prière n'a-t-elle pas suffi?

Le rav Brodiansky explique que l'essence de la prière consiste à demander à Hachem d'exaucer notre demande par miséricorde, même si nous ne le méritons pas. En effet, nos prières expriment notre totale dépendance à l'égard d'Hachem afin de susciter Sa miséricorde.
Il est vrai qu'Avraham et Sarah avaient prié intensément pendant des années et qu'ils avaient certainement suscité la miséricorde d'Hachem. Cependant, leur cas était particulier car ils étaient physiquement incapables de procréer, et un miracle était nécessaire pour changer cela. (Peut-être y avait-il aussi d'autres raisons qui dépassent notre entendement).

Ce qui a finalement fait pencher la balance, c'est qu'Avraham a commencé à prier pour qu'Avimélé'h ait des enfants. Sa propre prière s'éleva alors encore plus haut.
Dans sa prière de miséricorde se trouvait un élément de 'hessed : il priait pour que quelqu'un d'autre ait des enfants. La miséricorde céleste a alors débordé pour Avraham, et Sarah et lui méritèrent un fils. Ainsi, la prière d'Avraham pour Avimélé'h était la touche finale de décennies de prières pour son propre enfant.

-> Cet épisode nous enseigne comment renforcer notre propre prière. Priez aussi pour les autres!
C'est peut-être la raison pour laquelle nos prières sont dites au pluriel, afin d'élargir notre champ d'action et d'inclure les besoins des autres. En effet, le Arizal dit qu'avant de prier, nous devons nous efforcer d'accomplir la mitsva d'aimer notre prochain comme nous-mêmes, et cette mitsva exige implicitement que nous pensions aux autres en priant.
Cependant, en plus de cet acte de 'hessed pour eux et de l'accomplissement de la mitsva, le fait de penser à eux renforcera également nos propres prières.

Lorsqu'il s'agit de faire des demandes à Hachem dans nos prières, beaucoup se concentrent sur leurs propres besoins. Consciemment, ou peut-être inconsciemment, nous pouvons omettre ou minimiser les besoins des autres, comme si le fait de les inclure dans nos pensées allait en quelque sorte nous détourner de la prière pour nous-mêmes. Cependant, Avraham nous montre que c'est le contraire qui est vrai, nous ne pouvons que gagner à prier pour les autres.

Dans un autre épisode, la paracha met en lumière une autre façon de renforcer sa prière.
Après qu'Hachem a détruit Sedom et Amora, le verset indique qu'Abraham est retourné "à l'endroit où il s'était tenu [pour prier]" (Vayéra 19,27). Nos Sages (guémara Béra'hot 6b) expliquent qu'il faut désigner un "makom kavoua", un endroit spécifique pour prier. Ils nous disent : "Quiconque fait une makom kavoua pour sa prière, aura le D. d'Avraham comme aide".
Rabbénou Yonah (ibid.) explique que nos Sages font référence à quelqu'un qui accorde tellement d'importance à sa prière qu'il va jusqu'à créer un makom kavoua pour elle. L'importance de sa prière l'amène à lui réserver un endroit spécial.

Naturellement, l'importance qu'il attache à la prière s'exprime aussi d'autres manières. Il arrive toujours à l'heure pour la prière et ne la fait pas à la va-vite. S'il est inquiet ou contrarié par quelque chose, il se calme et éclaircit ses pensées avant de commencer la prière.
Une telle personne a "le Dieu d'Avraham comme aide", elle suit les voies d'Avraham, et sa prière mérite une aide supplémentaire de la part d'Hachem.
[rav Moché Krieger]