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L’expérience au mont Sinaï – Quelques enseignements

+ L'expérience au mont Sinaï - Quelques enseignements :

=> Par quels noms la Torah appelle-t-elle le mont Sinaï?

1°/ midbar Tsin = le désert de Tsin = car les juifs y ont reçu l'ordre (nitstavou) d'observer la Torah.
Egalement, "tsin" est relié à "zanah" (faire défaut). A Tsin, le érev rav a mal parlé de la manne.

2°/ midbar kadech = car les juifs s'y sont sanctifiés (niskadchou).

3°/ midbar kédmot = car ce qui est primordial (kédouma) : la Torah y a été donnée.

4°/ midbar Paran = car les juifs s'y sont fructifiés et multipliés.
En effet, Rachi (guémara Shabbath 89b) explique qu'après le don de la Torah, chaque femme mariée est tombée enceinte d'un garçon.

5°/ midbar Sinaï = car le don de la Torah a créé de la haine (sin'a) chez les idolâtres envers les juifs.

6°/ har 'horev = parce que la ruine/destruction ('hourba) est venue sur les idolâtres pour avoir rejetés l'opportunité qui leur avait été faite d'accepter eux-mêmes la Torah.
[guémara Shabbath 89a-b ; Otzer haMidrachim 'Houkat 20,1]

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-> Dans la Haggada de Pessa'h, il est écrit : "même s'Il nous avait amené au mont Sinaï mais qu'il nous aurait pas donné la Torah, cela aurait été suffisant" (im lo natan lanou ét haTorah, dayénou).
=> Quel bénéfice aurions-nous acquit par le fait d'être au mont Sinaï si nous n'y avions pas reçu la Torah?

On peut citer les réponses suivantes :
1°/ La guémara (Shabbath 146a) affirme que lorsque les juifs se sont tenus devant le mont Sinaï : "leur impureté a été retirée" (paska zouhamatam). [Kol Bo ; Aboudraham]

2°/ pendant les jours de séparation avant de recevoir la Torah, on a enseigné aux juifs les secrets mystiques de la Torah. [Michtam (p.138)]

3°/ "s'Il ne nous avait pas donné la Torah" = cela fait référence aux 2 premiers Commandements des Tables de la Loi, qui nous ont été donné directement par Hachem. Ils auraient sinon pu venir par Moché, comme le restant de la Torah. [Kol Bo ; Or'hot 'Haïm]

4°/ par le fait de se rapprocher du mont Sinaï, les juifs ont mérité d'avoir de la crainte d'Hachem, comme il est écrit au sujet de l'expérience au Sinaï : "c'est pour que Sa crainte vous soit toujours présente, afin que vous ne péchiez point" (Yitro 20,16)
Ainsi, la guémara (Nédarim 20a) dit quelqu'un qui n'a pas un trait de caractère d'avoir honte/d'être embarrassé, alors c'est une preuve que ses ancêtres n'étaient pas présents au mont Sinaï (מִי שֶׁאֵין לוֹ בּוֹשֶׁת פָּנִים בְּיָדוּעַ שֶׁלֹּא עָמְדוּ אֲבוֹתָיו עַל הַר סִינַי).

5°/ Rabbi Avraham Pam compare cela à quelqu'un qui entre dans une parfumerie ou un fleuriste. Même s'il n'achète rien, ses vêtements vont absorber un parfum agréable.
De même, si nous avions été présents au mont Sinaï uniquement pour profiter de la présence d'Hachem, alors cela aurait été suffisant pour laisser une impression dans notre âme.

6°/ "s'Il ne nous avait pas donné la Torah" = cela signifie la Torah dans son entièreté avec tous ses détails et commandements spécifiques, mais plutôt qu'Il nous avait donné que quelques commandements. [Zéva'h Pessa'h (haggada)]

7°/ lorsque les juifs se sont tenus au mont Sinaï, Hachem sépara les cieux et la nation entière vit le Char Céleste Divin (merkava eliyona). [Zohar - Chémot 82a]
Cette perception a permis aux Bné Israël d'accomplir toutes les mitsvot, tout comme Avraham a été capable de garder toutes les mtisvot car il comprenait le Char Céleste Divin.
Si la Torah n'aurait pas été donnée à Israël, ils auraient pu accomplir la Torah dans la catégorie de ceux qui réalisent les mitsvot de façon volontaire, sans en avoir reçu l'ordre. (énam métsavim véossim).
Hachem, dans Sa bonté, nous a donné la Torah qui nous ordonne d'observer les mitsvot, car il est préférable de garder les mitsvot en étant obligés de les faire (métsavim véossim) [on a alors plus de valeur à le faire, car c'est plus dur de faire quelque chose lorsqu'on en a l'obligation].
['Hayé Adam (Haggada Toldot Adam)]

8°/ Même si nous n'avions pas reçu la Torah, nous aurions quand même dérivé une leçon d'humilité du choix d'Hachem de choisir le mont Sinaï la plus petite des montagnes.
[Haggddah Aish Dat (basé sur guémara Sota 5a)]

9°/ La guémara (Sanhédrin 59a) déclare que les non-juifs qui étudient la Torah sont passibles de mort car la Torah est un héritage exclusif des juifs.
Selon cela "s'Il ne nous avait pas donné la Torah" = cela signifie qu'Il n'aurait pas donné la Torah exclusivement aux juifs, mais qu'Il aurait également permis aux non-juifs de l'étudier.
[rav de Brisk - Haggada miBeit haLévi]

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-> La guémara (Nédarim 20a) dit quelqu'un qui n'a pas un trait de caractère d'avoir honte/d'être embarrassé, alors c'est une preuve que ses ancêtres n'étaient pas présents au mont Sinaï (מִי שֶׁאֵין לוֹ בּוֹשֶׁת פָּנִים בְּיָדוּעַ שֶׁלֹּא עָמְדוּ אֲבוֹתָיו עַל הַר סִינַי).
=> Comment est-ce ainsi?

-> Le Maharal (Nétivot Olam - Nétsiv Boucha) explique que l'objectif de ce phénomène sublime de la Révélation au mont Sinaï était "pour que Sa crainte vous soit toujours présente" (Yitro 20,16).
Cela peut être comparé à un roi qui se révèle personnellement à sa population lors de la publication de ses décrets. Ses sujets sont remplis d'une telle admiration pour la présence du roi qu'ils ont honte d'agir de manière déloyale avec lui.
La guémara transmet que l'expérience impressionnante du don de la Torah était si intense et profonde que cela n'a pas imprégné ceux qui étaient présents physiquement au mont Sinaï, mais cela a également été transmis dans les gènes de tous leurs futurs descendants.
Ainsi, une personne qui manque de honte et qui n'a aucune inhibition à fauter, il est certain que ses ancêtres n'étaient pas présents au mont Sinaï.

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+ L'appel du Sinaï est éternel :

-> "Chaque jour, une voix Céleste (bat kol) émane du mont Sinaï, proclamant ces mots : 'Malheur à l'humanité pour son mépris de la Torah'." (Pirké Avot 6,2)

=> Quel est l'intérêt de cette voix de D. sortant du Mont Sinaï si elle est inaudible?
Personne n'a jamais rapporté avoir entendu cette voix céleste.

-> Le Baal Chem Tov enseigne :
"La voix de D. ne peut être entendue par l'oreille, mais elle est perçue par la néchama, l'âme.
Chaque fois que le remord s'éveille en nous et nous incite à examiner notre conduite et à regretter les mauvaises actions que nous avons commises, cela vient de l'appel de D. perçu par la néchama."

-> Le Toldot Yaakov Yossef, l'élève principal du Baal Chem Tov rapporte au nom de son maître :
En-Haut, d'où proviennent les voix Céleste, il n'y a pas de mots, ni de paroles ; il n'y a qu'une réalité spirituelle connue comme : "olam haMakh'chava" (le monde de la pensée).
Ainsi, toute pensée de téchouva qu'a une personne, tout appel à revenir vers Hachem et à Son chemin, ces pensées et sentiments sont le son de la voix du Ciel.
Par le biais de nos pensées de téchouva (repentir), nous écoutons vraiment la voix de D. (bat kol).
[rapporté dans le Kéter Chem Tov]

-> Rabbi Yé'hezkel Abramsky ('Hazon Yé'hezkel - Yitro 19,6) enseigne qu'il y a un aspect de ce qu'on a vécu au mont Sinaï qui continue jusqu'à aujourd'hui. Les sons du Sinaï continuent de résonner profondément dans l'âme de chaque juif, et alors que quelqu'un peut tenter d'étouffer ce son son/bruit [intérieur], il ne pourra jamais l'éliminer complétement.
Quelle que soit la distance à laquelle une personne a pu s'éloigner de la Torah, ou de la quantité d'efforts elle a pu investir pour faire taire la voix d'Hachem, les sons du Sinaï continuent d'exercer une force infaillible sur son âme, l'invitant à se reconnecter à sa source.

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-> La nation juive s'est faite reprocher de s'être endormie la veille du don de la Torah.
=> Quelle était leur raison de choisir de dormir la nuit si propice avant de recevoir la Torah?

-> Certains expliquent qu'ils s'attendaient à recevoir la Torah par le biais de la prophétie. Or, la prophétie est reçue généralement lorsque l'on dort (à moins d'être à un niveau spirituel extrêmement élevé), ils sont donc allés dormir pour se préparer comme il le faut à la prophétie.
De plus, le Rokéa'h écrit que les 50 jours entre Pessa'h et Shavouot correspondent aux 50 niveaux d'illumination [spirituelle] (noun chaaré bina). Puisque le 50e niveau est extrêmement difficile à atteindre, ils ont pensé l'atteindre plus rapidement en dormant.
[rapporté par rabbi Shalom Kamenetsky]

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-> Lorsque les juifs ont entendu le premier Commandement provenant directement de la bouche d'Hachem, leur âme a quitté leur corps. Hachem les a alors ramenés à la vie avec la rosée qui sera utilisée au moment de la résurrection des morts (té'hiyat amétim). [guémara Shabbath 88b]

=> Pourquoi Hachem a-t-il procédé ainsi? Pourquoi ne les a-t-Il pas simplement maintenu en vie?

On peut citer :
1°/ Une personne a besoin d'un corps pur, sans faute, pour recevoir la Torah. Les nombreuses fautes que les juifs ont transgressées alors qu'ils étaient en Egypte ont souillé leur corps à tel point qu'ils n'étaient pas capables d'entendre la parole d'Hachem.
Hachem leur a alors soumis un processus de mort et de renaissance afin que leur corps soit recréé pur, comme une nouvelle entité physique, méritante de [pleinement] recevoir la Torah.
[rav Yonathan Eibschutz (Yaarot Dvach -vol.1)]

Le rav Eibschutz écrit ensuite qu'un événement similaire va se passer dans le futur avec la venue du machia'h. En exil, les juifs vont se lamenter : "Nos os sont desséchés, notre espoir est perdu" (Yé'hezkel 37,11), et étant donné qu'ils sont répugnants pour Hachem en raison de leurs nombreuses fautes, ils ne seront pas mériants pour la Délivrance.
Hachem a montré à Yé'hezkel la vision de la vallée des os desséchés qui vont miraculeusement revenir à la vie (voir Yé'hezkel 37,1-14) afin de démontrer que Hachem va également recréer la nation juive d'une manière au travers de laquelle toutes leurs impuretés seront retirées.
Comme le midrach (Vayikra rabba 30,3) l'affirme : " [il est écrit : ] 'le peuple à naître loue Hachem' (Téhilim 102,19). Dans le futur, Hachem va regénérer les juifs en tant qu'une entité nouvellement née (briya 'hadach)".

2°/ Lorsque les juifs se sont tenus au mont Sinaï, leur corps physique était une barrière qui a empêché leur âme de pouvoir directement se lier/connecter avec Hachem.
Il était donc nécessaire que leur âme quitte leur corps pour qu'ils puissent entendre la voix d'Hachem.
[rabbi Barou'h Ber Leibowitz]

3°/ Il y a une différence fondamentale entre les premières et les secondes Tables de la Loi (lou'hot) qui ont été données sur le mont Sinaï.
Les premières Tables de la Loi ont été données entièrement en tant que cadeau du Ciel d'En-Haut sans aucun effort de la part d'Israël. Pour souligner le fait qu'ils ont reçu la Torah au-delà de leurs capacités humaines et d'une manière totalement passive, leur âme les a quittés lorsqu'ils ont entendu les paroles d'Hachem.
En revanche, les 2e Tables de la Loi ont été données d'une manière qui nécessitait qu'Israël fasse des efforts assidus afin de parvenir à comprendre Ses mots.
[rabbi Eliézer Ginzberg - Vayomer laKotzrim]

4°/ L'âme des juifs les a quittés au don de la Torah pour démontrer qu'avec leur acceptation de la Torah, ils pourront survivre à l'avenir d'une manière complètement miraculeuse et surnaturelle.
[rabbi David Keviat - Souccat David (Moadi - Shavouot)]

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-> Au don de la Torah, le verset affirme : "Et la montagne [de Sinaï] était embrassée de feux, jusqu'au cœur des cieux, obscurité, nuée et nuage épais" (Vaét'hanan 4,11).
=> Pourquoi Hachem a-t-Il révélé la lumière de Sa sainte gloire aux juifs parmi des nuages d'obscurité?

-> La Mékhilta (Messekhta débé'hodech 9) enseigne que : "obscurité, nuée et nuage épais" ('hoché'h, anan, vaarafél) sont 3 formes de barrières qui servent de séparation entre les juifs et Hachem.
Alors que la nation juive était uniquement capable de se lier à Hachem à distance, Moché a pénétré ces 3 barrières lorsqu'il est monté au mont Sinaï.

-> Selon le Rambam (Moré Névou'him 3,9), l'obstacle qui empêche une personne de recevoir la prophétie Divine est la nature "grossière" de l'homme. Lorsque le verset décrit des "nuées obscures" qui entouraient le mont Sinaï, c'est une métaphore à la base physique/matérielle qui empêchait de recevoir pleinement la prophétie Divine donnée au Sinaï.
Rambam y commente également en ce sens le verset : "Il s’enveloppe de nuées et de brume épaisse" (anan vaarafél cévivav - Téhilim 97,2) = cela ne peut pas être compris littéralement, puisque Hachem ne peut pas être entouré physiquement par des nuées, puisque Hachem est incorporel. Mais plutôt cela signifie que la physicalité/matérialité de l'homme créée une barrière qui bloque la perception humaine de D.

Donc le Rambam (Moré Névou'him 2,3), ainsi que rabbénou Bé'hayé (Yitro 20,17) sont d'avis que puisque Moché a tellement affiné/purifié son corps physique, il n'avait plus ces barrières, et au mont Sinaï il a perçu une vision prophétique beaucoup plus claire que le restant du peuple juif.

-> En ce sens, une preuve qu'au mont Sinaï, tout le monde n'a pas reçu un niveau équivalent de prophétie, peut se trouver dans le midrach (Tan'houma - Térouma 25,5-7) :
"La voix d'Hachem est allée vers chaque juif selon sa capacité individuelle à la recevoir ...
Même Moché l'a entendue selon ses capacités, c'est-à-dire avec une voix [Divine] que Moché avait la capacité de comprendre.
Rabbi Yossi, fils de 'Hanina a dit : si vous êtes étonnés de cela, rappelez-vous que la manne descendait pour chaque juif avec un goût qui variait selon les besoin de chaque individu. Par exemple, les jeunes hommes la mangeaient comme du pain ; les personnes âgés la mangeaient comme des galettes de miel.
De même que la manne, qui n'était [extérieurement] qu'un même élément, pouvait avoir plusieurs sortes de [goût] en fonction des besoins de chacun, de même la voix [d'Hachem] qui est sortie [au mont Sinaï] changeait pour chacun, selon les capacités personnelles de l'entendre".

-> D'autres commentateurs ne sont pas d'accord avec cela. [ex: rabbi Nissim de Guérone (Drachot haRan drouch 9) ; rabbi Shimshon Pinkous (Tiféret Shimshon - Haggada chel Pessa'h)]
Pour eux, "obscurité, nuée et nuage épais" = ce n'est pas une barrière qui distance les juif d'Hachem, mais plutôt c'est une barrière qui les rapproche d'Hachem.
Cela peut se comparer à une personne qui veut voir une éclipse solaire. Si elle devait regarder le soleil de son oeil nu, les puissants rayon du soleil lui brûleraient la rétine. Alors que fait cette personne?
Elle va mettre des lunettes de soleil spécialement conçues pour cela, avec des verres extrêmement foncés.
De la même façon, au mont Sinaï il y avait : "obscurité, nuée et nuage épais", pour permettre au peuple juif d'entendre les paroles d'Hachem.

-> Abarbanel est également en désaccord avec le Rambam, qui maintient que Moché a atteint un niveau de prophétie plus élevé que le reste de la nation juive.
Selon Abarbanel (Yitro 20,1), l'ensemble du peuple juif a reçu exactement le même niveau de prophétie que Moché, lorsqu'ils ont entendu les paroles d'Hachem au mont Sinaï.
Abarbanel va écrire par la suite, qu'il était nécessaire que chaque juif ressente personnellement la même expérience du niveau de prophétie de Moché, afin qu'ils puissent accepter pleinement Moché en tant que prophète.
[ayant était l'espace d'un moment à la place de Moché, en ayant le même lien d'échange avec Hachem, cela va permettre aux juifs de ne jamais douter de ce que Moché va leur transmettre par la suite (à aucun moment quelqu'un pourra insinuer qu'il "délire", car ils ont pu se rendre compter personnellement de sa proximité de communcation avec Hachem)]
Abarbanel va rejeter ensuite la preuve basée sur le midrach (Tan'houma), cité précédemment. Pour lui, le midrach aborde les différents niveaux de prophétie qu'une personne peut atteindre après la révélation au Sinaï, mais lorsque Hachem a parlé aux juifs au mont Sinaï, le niveau de chacun était similaire à celui de Moché.

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-> La Torah rapporte que le niveau de prophétie de Moché a surpassé celui de tous les autres prophètes, dans le sens où Hachem parlait avec lui en "face à face" (Vézot haBéra'ha 34,10).
Cela semble se contredire avec le verset : "face à face, Hachem a parlé avec vous (toute la nation juive) sur la montagne du sein du feu" (Vaét'hanan 5,4).
=> Comment comprendre ce paradoxe?

On peut citer les explications suivantes :
-> Le Ramban (Vézot haBéra'ha 34,10) répond qu'au don de la Torah la prophétie du peuple juif était inférieure à celle de Moché, dans le sens où la perception d'Hachem par la nation juive était obscurcie par le "feu", comme il est écrit : "du milieu de ce feu tu as entendu ses paroles" (Vaét'hanan 4,36).
Il en était différemment de la prophétie de Moché, qui était transmise d'une manière similaire à une conversation directe entre 2 personnes.

-> Le Sforno (Chémot 3,2) commente que le niveau élevé de prophétie des juifs était limité pendant la brève durée du don de la Torah.
Le niveau de prophétie qu'a pu ressentir chaque juif à la révélation au mont Sinaï, Moché a pu le garder pendant toute la durée de sa vie.

-> Le Séfer haIkarim (3,11) présente un principe : "via un conduit parfait [pour la prophétie], même ceux qui ne sont pas méritants peuvent la recevoir à la perfection".
Ainsi, bien que la nation juive toute entière n'était pas méritante de la prophétie au mont Sinaï, ils ont reçu le haut niveau de prophétie de Moché en tant que bénéficiaires indirectes de la vision prophétique de Moché.

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-> Lorsque les Bné Israël ont vu le mont Sinaï sous d'épais nuages de fumée au milieu de tonnerres, de flammes et de sons perçants, ils ont tremblaient de peur.
Moché a apaisé leur peur en leur disant : "Soyez sans crainte! c'est pour vous mettre à l'épreuve que Hachem est intervenu [d'une manière si miraculeuse et impressionnante]" (Yitro 20,16).
=> Quelle est la nature du "test" dont ce verset fait allusion?

-> Le Rambam (cité par le Ramban sur ce verset) explique que le but de toutes les révélations et miracles qu'ils ont vécu au mont Sinaï étaient pour leur donner les forces dont ils auraient besoin pour surmonter les tests/épreuves qu'ils auraient à affronter dans le futur.

-> Rabbi Yérou'ham Lévovitz (Daat Torah - Bamidbar) en tire le principe suivant : nous sommes habitués à penser que les périodes où l'on atteint la clarté et l'illumination sont des points culminants de la vie. Cependant de notre verset, nous voyons qu'ils ne sont que des moyens pour atteindre une fin plus élevée. Le rôle des "jours lumineux" de notre vie est dans le seul but de nous donner la force pour pouvoir traverser les moments plus "obscurs" qui suivent.

[le rabbi de Loubavitch disait : semer dans les larmes pour récolter dans la joie.
En ce sens, le don de la Torah au mont Sinaï nous enseigne que dans les moments d'obscurité, de bruits effrayants, ... nous pouvons recevoir ce qu'il y a de plus précieux pour notre vie (à l'image de la Torah donnée à ce moment).
Ainsi nos moments heureux de "récoltes" du bonheur viennent nous donner les forces pour nos moments d'efforts plus éprouvants où l'on sème de belles choses. Sur le moment c'est dur, mais plus on investi d'efforts pour réussir notre vie, plus on récoltera dans la joie dans notre éternité à venir.
De plus, Hachem ressent nos souffrances et Il est encore plus proche de nous lorsque nous traversons des épreuves, à l'image du mont Sinaï où tétanisés par les éclairs, les tonners, l'obscurité, ... nous avons eu une révélation de papa Hachem en face à face!]

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+ Les Tables de la Loi :

-> Lorsque Hachem a donné la Torah au mont Sinaï, il a séparé les 7 cieux et tous les mondes physiques ci-dessous, afin de démontrer qu'il n'y a rien d'autre que Son existence. ['Hafets 'Haïm - Ahavat 'Hessed - chap.1]
Cette révélation miraculeuse de l'Unité d'Hachem s'est manifestée dans les propriétés physiques des Tables de la Loi.
En ce sens nos Sages nous rapportent :
1°/ les lettres étaient gravées d'un côté à l'autre, cependant les lettres : mém-sofit et samékh, étaient miraculeusement suspendues dans le vide.
2°/ Les mots des Tables de la Loi pouvaient être lus convenablement de chaque côté. [guémara Shabbath 104a]
Rabbi Ovadia miBarténoura (Pirké Avot 5,6) commente que ce miracle était double, dans le sens où les Lou'hot pouvaient être lues des 4 côtés.
3°/ bien que les Lou'hot étaient faites en pierre de saphir, on pouvait les enrouler comme un parchemin. [midrach Chir haChirim rabba 5,14]

=> Puisque les miraculeuses Lou'hot avaient pour but de témoigner de l'Unité d'Hachem, pourquoi Hachem a-t-Il ordonné qu'elles soient cachées en les plaçant à l'intérieur du Aron dans le Saint des Saints du Michkan?

-> Rabbi Eliézer Ginzberg (Na'hlé Mayim - Béra'hot) répond que l'intention première d'Hachem était que les Lou'hot soient ouvertement visibles en tant qu'expression affectueuse de "la lumière de son visage", et en tant que tel il n'y aurait en fait pas besoin d'un Aron.
Ce n'est que suite à la faute du Veau d'or, lorsque les juifs ont perdu cette relation spéciale, que Hachem a ordonné à Moché que les Lou'hot soient couvertes et cachées dans le Aron.

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-> Au don de la Torah, les juifs se sont mariés avec Hachem.
Par conséquent, selon le Tachbetz (Katan 466-67), de nombreuses coutumes du mariage juif proviennent de cette expérience :
- par exemple, la coutume d'avoir des jongleurs de feu à la fête, découle du tonnerre et de la foudre qui ont accompagné le don de la Torah au mont Sinaï.
- de plus, de même que le nom d'Hachem est mentionné 14 fois dans les 10 Commandements (Asséret haDibrot), de même le nom d'Hachem est mentionné à 14 reprises dans les Chéva Bra'hot qui sont récitées sous la 'houppa.

- selon le Pri Mégadim (Michbétsot Zahav), le fait que le 'hatan brise un verre sous la 'houppa, est afin de rappeler la faute du Veau d'or, dont la résultante a été que les 1eres Lou'hot ont été brisées.

=> Pourquoi souhaitons-nous gâcher le moment joyeux du mariage par cette pensée si sérieuse?

-> Rabbi Yoël Teitelbaum répond qu’un des effets secondaires de la brisure des Lou'hot a été que cela a provoqué que les juifs oublient la Torah qu'ils étudient (guémara Erouvin 54a). [sans cela on oublierait jamais aucune parole de Torah que nous apprendrions]
Nous cassons le verre sous la 'houppa pour fournir une leçon au 'hatan et à la kalla : le moyen de réussir à construire une maison de paix et d'amour est en acquérant le trait de l'oubli.
Lorsque chaque membre du couple choisit d'oublier les offenses que son conjoint peut lui faire, alors leur vie à tous les deux sera remplie de bonheur.

[on casse le verre au mariage pour rappeler que la faute du Veau d'or a brisé les Lou'hot et donc entraîné l'oubli de la Torah. Cela enseigne au couple que cette capacité d'oublier est une arme (évidemment si nécessaire on discute à froid de ce qu'il est important de changer dans le couple), mais à l'inverse on doit faire un travail à se focaliser sur les qualités, sur les choses positives de son conjoint, pour la/le rendre sublime à nos yeux.
Or la tendance naturelle est inverse, on se focalise, on garde en tête le négatif de l'autre, et on prend pour acquis/normal, ce qu'il peut faire de bien.
De même, on doit aller contre notre nature pour garder en mémoire la Torah que nous étudions. ]

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-> Pendant le règne du roi Chaoül, Goliath a défié avec arrogance les juifs de les combattre pendant 40 jours. [Chmouel I 17,16]
La guémara (Sotah 42b) dit que cette période de 40 jours correspond aux 40 jours que Moché a passé sur le mont Sinaï pour étudier la Torah, et qui a retardé le temps où les juifs ont fini par recevoir la Torah.
Puisque les juifs ont manqué la protection de la Torah pendant une durée de 40 jours, alors cela a donné les capacités à Goliath de se tenir contre les juifs pendant 40 jours.

=> En quoi les juifs ont-ils fauté pour le temps nécessaire à Moché pour étudier toute la Torah?
De plus, pourquoi considérer ces 40 jours d'étude de Moché comme un retard, plutôt que d'un prérequis vital à la réception de la Torah?

Rabbi Michel Feinstein (Ezéhou Mékoman) répond que si les juifs avaient voulu entendre toute la Torah directement d'Hachem, alors Hachem aurait transmis toute la Torah en un seul jour, et il n'aurait pas été nécessaire que Moché reste sur la montagne pendant 40 jours.
Puisque les juifs ont demandé de recevoir la Torah par le biais de Moché, alors ils sont responsables du retard conséquent résultant de la période nécessaire à Moché pour maîtriser toute la Torah.

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-> Le midrach (Yalkout Chimoni - Na'h 935) rapporte qu'au moment où les juifs ont accepté la Torah au mont Sinaï, 600 000 anges sont descendus du Ciel et ils ont paré chaque juif d'un couronne sur sa tête, d'un vêtement royal, et d'une arme sur laquelle était gravée le nom d'Hachem.

=> Quelle était la signification de ces 3 ornements?

-> Le Maharcha (guémara Shabbath 88a) commente que les Bné Israël ont mérité 3 couronnes au don de la Torah : la couronne de la Torah, la couronne de la royauté, et la couronne de la prêtrise (kéhouna).

-> Les 3 ornements mentionnés dans le midrach correspondent à ces 3 couronnes :
- la couronne sur leur tête = représentée la couronne de la Torah.
La Torah est la couronne ultime et surpasse les couronnes de la royauté et de la prêtrise.
- le vêtement royal = représente la couronne de la royauté.
Par le mérite d'accepter la Torah, ils sont devenus de véritables monarques, comme il est écrit : "Par moi [la Torah] les rois vont régner" (Michlé 8,15).
- l'arme sur laquelle était gravée le nom d'Hachem = correspond à la couronne de la prêtrise.
Le vêtement porté par les Cohanim est comparable à l'armure portée par les guerriers, et c'était par le mérite de l'habit des Cohanim que les juifs étaient victorieux dans la bataille.

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