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Connaître notre grandeur (2e partie)

+++ Connaître notre grandeur (2e partie) :

-> Le verset de Chir haChirim (1,9) compare les juifs aux chevaux des égyptiens qui se sont noyés dans la mer Rouge et Hachem au cavalier. [léssoussati béri'hvé Par'o, dimiti'h rayati]

Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 1,9) explique que, normalement, le cavalier dirige le cheval. Cependant, lors de l'ouverture de la mer Rouge, nos Sages nous disent que les cavaliers ont essayé de diriger les chevaux loin de l'eau, mais les chevaux les ont maîtrisés et ont foncé directement dans les eaux déchaînées.
Hachem se décrit comme ces cavaliers. Le peuple juif, d'une certaine manière, contrôle Hachem!
Nous décidons de la manière dont Il interagit avec le monde. Si nous nous comportons correctement, Il nous comblera de Ses bénédictions.
Dans le cas contraire, Il devra nous infliger une punition.
[nous devons régulièrement prendre du temps pour réfléchir à cette réalité énorme. En effet, notre yétser ara essaie de nous insuffler une fausse modestie, mais en vrai Hachem a mis en nous tellement de puissance qu'Il est d'une certaine façon dépendant de nos actions. Alors faisons honneur à cela et agissons avec une grandeur adéquate! ]

-> Est-ce qu'Hachem se soucie de la façon dont vous faites vos lacets (la loi juive régissant même cela)? Oui!
Chaque action de chaque juif (même la plus banale) est d'une importance inouïe qui peut affecter le monde entier ainsi que d'infinis domaines spirituels.
Chaque juif a constamment l'occasion précieuse d'apporter la bénédiction et la bonté dans le monde. Mais cela s'accompagne d'une énorme responsabilité, car Hachem crée le monde entier uniquement pour lui, en fonction de la façon dont il agit!

-> La guémara (Béra'hot 3a) décrit comment Rabbi Yossé est entré dans un bâtiment délabré et a entendu la Présence Divine (Che'hina) gémir : "Malheur aux fils à cause des fautes desquelles j'ai détruit Ma maison et brûlé le Temple et les ai exilés parmi les nations".
Il rencontra alors Eliyahou HaNavi, qui lui dit : "Je jure sur ta vie et sur la vie de ta tête ('hayé roché'ha) que ce n'est pas seulement en ce moment que cela se produit, mais qu'Hachem le crie 3 fois par jour, et plus encore, chaque fois que les juifs vont à la synagogue et disent : 'yéhé chémé rabba" (que le grand nom d'Hachem soit béni) [dans le Kaddich], Hachem secoue la tête et dit : 'Heureux le roi qui est loué de cette façon dans sa maison. Que gagne le père qui a exilé ses enfants? Malheur aux enfants qui ont été exilés de la table de leur père".

Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) explique que le serment "sur la vie de ta tête ('hayé roché'ha)" signifie qu'il a juré au nom de la Ché'hina.
Pourquoi avait-il besoin d'un second serment (sur ta vie et sur celle de D.) et pourquoi devait-il faire un serment aussi sévère avant de révéler à Rabbi Yossé ce qu'Hachem dit chaque jour?

Le rav Mordé'hai Potach (dans Niflaot haKaddich - p.11), explique que le prophète Eliyahou était préoccupé par le fait que pour nous, il est presque inconcevable qu'Hachem réagisse ainsi chaque fois qu'un juif répond au Kaddich. En effet, combien de millions de millions de fois cela s'est-il produit au cours de l'histoire juive? [comment comprendren que Hachem réagisse ainsi même pour le juif le plus simple, le juif avec les pires fautes, ... ]
C'est pourquoi il a fait le plus sérieux de tous les serments, afin que Rabbi Yossé se rende compte qu'il n'y avait absolument aucune exagération dans ce qu'il allait lui dire.

=> La même idée s'applique dans notre contexte de connaître la grandeur d'un juif. Il n'y a pas d'exagération dans l'amour et l'enthousiasme d'Hachem pour chaque juif et pour chacun de ses actes d'avodat Hachem.

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+ La prière :

-> Le juif dispose également d'une arme pouvant changer le monde : la prière.
Lorsque nous nous levons pour prier, nous nous tenons plus près d'Hachem que tous les âme au Ciel et que les anges les plus saints.

Nous décrivons Hachem comme le "Shoméa téfila" (Celui qui répond aux prières).
Un juif se tient debout dans la prière, confiant dans le fait qu'Hachem attend de répondre à nos demandes et de recréer le monde en fonction de ce que nous Lui demandons.
Nos Sages enseignent qu'il n'y a pas de miracle si Hachem répond à notre prière et accomplit des miracles pour nous aider. En effet, Hachem a créé le monde de manière à ce que nous priions et qu'Il nous réponde. C'est la manière "naturelle" du monde.
À tel point que le midrach écrit que si une personne réalise qui elle prie (le Roi des rois) et ce qu'elle est capable d'accomplir avec sa prière, alors elle serait remplie d'une joie intense à l'idée de faire la prière.

-> La prière est une source de frustration et de déception pour beaucoup.
Nous avons beaucoup de mal à nous concentrer et encore plus à ressentir une véritable émotion. Même dans un moment de réelle tristesse, lorsque nous savons à quel point il est crucial de bien prier, et que nous commençons avec la détermination ardente que cette fois-ci sera différente, notre prière finit généralement comme toutes les autres, nous laissant découragés et souvent gênés de prier à nouveau.
[notre yétser ara nous pousse à penser : je prie mal => ma prière a peu d'impact, d'importance auprès d'Hachem, alors pourquoi continuer ... ]

Pourtant, le Baal HaTanya (chap.28) nous explique ce qui se passe pendant notre prière :
"Même si l'on commence à avoir des pensées de convoitise ou d'autres pensées sans rapport avec le sujet pendant qu'on étudie [la Torah] ou qu'on fait la prière, on ne doit pas du tout y prêter attention.
On ne doit pas se sentir déprimé ou humilié pendant la prière, car il faut être rempli de joie.
Au contraire, on doit se renforcer et travailler encore plus dur pour se concentrer sur les mots avec une grande joie, parce qu'on doit réaliser que ces pensées nous viennent du yétser ara, qui fait la guerre à notre âme.
Lorsque 2 combattants s'affrontent et que l'un d'eux commence à prendre le dessus, l'autre utilise toutes ses forces pour riposter.
Ainsi, si l'âme s'efforce de bien prier, le yétser ara se renforce lui aussi et fait tout ce qu'il peut pour la distraire et lui faire penser à autre chose...

On pourrait conclure du fait qu'on a pensé à d'autres choses pendant qu'on priait, alors notre prière est sans valeur, tandis que si on avait prié correctement, on n'aurait jamais eu de telles pensées.
Cela serait vrai si on n'avait prié qu'avec sa bonne âme et que notre esprit avait dérivé vers d'autres pensées.
Mais la vérité est qu'il y a 2 âmes qui se font la guerre dans sa tête pendant qu'on prie. Chacune d'entre elles veut prendre le dessus et être la seule à contrôler la situation.
Lorsqu'une personne commence à prier, c'est comme si un racha adorateur d'idoles se tenait devant elle et commençait à lui parler pour la distraire. La seule chose qu'on puisse faire est de ne pas répondre et de faire comme si on était sourd ... et de se forcer à détourner son esprit de ces pensées et à se concentrer sur les mots de la prière.
Et si on n'y parvient pas, on doit supplier et implorer Hachem d'avoir pitié de nous, comme un père de son fils ..."

[ ne cédons jamais à notre yétser ara! Chaque échec prouve que nous sommes des ambassadeurs loyaux d'Hachem qui n'abandonneront pas le combat! Notre neshamah est toujours prête à faire la volonté d'Hachem, que nous le sentions ou non.
Nous devons prier Hachem de nous aider à nous connecter à Lui et à ne pas être désillusionnés par l'écran de fumée que le yéter ara place devant nos yeux. (qui nous pousse principalement à dévaloriser l'impact de nos prières, de nos actions, et la valeur de tout juif! )]

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-> Chaque juif est grand en tant qu'ambassadeur bien-aimé et choisi d'Hachem dans ce monde.
Mais il est aussi essentiel que chaque personne soit consciente de ses talents et de ses forces, uniques et personnels, ainsi que de ses faiblesses. Les maîtres du moussar disent : "Malheur à celui qui ne connaît pas ses faiblesses. Elle ne pourra jamais réparer ce qu'elle a fait de mal. Mais il y a pire : celui qui ne connaît pas ses points forts. Elle risque de rater tout son travail dans ce monde [puisque ne les utilisant pas]."

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+ Plus grand au fil des générations :

=> On a tendance à se dire : ok, les juifs d'antan avaient sûrement beaucoup de valeur auprès d'Hachem, mais moi, qui suis tellement loin de ce qu'ils faisaient, je dois avoir forcément beaucoup moins de valeur auprès d'Hachem.

-> Le Arizal a dit à son disciple, le rav 'Haïm Vital, qu'il (rav 'Haïm) avait une âme extrêmement sainte.
Rav 'Haïm lui demanda comment il pouvait dire une telle chose puisqu'il n'approchait même pas la piété et la sainteté du moindre des Richonim.
Le Arizal répondit : "Vous devez savoir que la grandeur d'une personne ne dépend pas de ses actions. Elle dépend plutôt de l'époque et de la génération dans laquelle il vit. Une toute petite action dans la génération actuelle vaut de nombreuses mitsvot accomplies dans les générations précédentes, car de nos jours, l'impureté s'est considérablement développée."
Il poursuit en disant à rav 'Haïm que, pour cette raison, son âme est plus grande que celle de certains Amora'im et même Tana'im de l'époque de la Michna.

-> Un concept similaire est développé par le 'Hafet 'Haim (Tsipita l'Yéchoua - chap.1), où il note que la source de cette idée est le célèbre dicton de nos Sages "Une fois avec difficulté vaut cent fois sans"(Avot déRabi Nathan - chap.3).

-> Si le Arizal a écrit une telle chose au sujet de la ville sainte de Tsfat au 16e siècle, que peut-on dire de l'époque actuelle?
Au regard de l'obscurité et de l'impureté de l'époque actuelle, même notre plus petite action peut valoir un million de fois plus que dans les générations précédentes.
Se rendre à la synagogue aujourd'hui peut représenter un plus grand défi pour la protection de nos yeux que nos grands-parents n'en ont eu au cours de leur vie.

-> b'h, également : L'incroyable grandeur de chaque juif à notre génération : http://todahm.com/2022/02/08/la-grandeur-de-chaque-juif-a-notre-generation

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+ La bête sauvage qui est en vous :

-> Le 6e jour de la création, Hachem a dit : "Faisons l'homme". Ces mots sont difficiles à comprendre. Nous savons qu'Hachem a tout créé par lui-même, alors que voulait-il dire en utilisant le pluriel "nous" (de "faisons") ?

Le rav El'hanan Wasserman (Kovets Maamarim - essai "Yirat Chamayim") cite le Zohar qui explique qu'Hachem s'adressait à toutes les créatures du monde. Chaque animal, chaque oiseau et même chaque ange a contribué, par ses caractéristiques uniques, à la constitution de l'être humain.
Le rav El'hanan écrit : "Chaque personne est un monde en soi, composé de toutes les caractéristiques de chaque créature, à la fois du monde physique et du monde spirituel. Cela signifie que les caractéristiques de chaque animal sauvage se retrouvent chez l'homme. Il n'y a pas de bête plus sauvage que l'être humain!"

Il arrive que l'on soit pris d'une envie irrésistible de fauter ou de se comporter d'une manière tout à fait inappropriée, ou que l'on découvre un terrible trait de caractère dont on n'était pas conscient. On est choqué : comment a-t-on pu penser à faire une telle chose? On est consterné de posséder un tel trait de caractère. Et on arrive souvent à la conclusion qu'on est une personne méchante et basse, à des années-lumière du tsadik qu'on rêverait d'être.
Mais ce n'est pas vrai! On est en partie constitué d'une bête sauvage! Il est normal et naturel d'avoir des pensées et des sentiments de faute et de bassesse, et cela ne doit pas être déprimant ou frustrant.
Au contraire, dit le Baal haTanya (ch.27), on devrait se sentir joyeux d'avoir l'occasion de lutter contre le yétser ara.

Le rav El'hanan nous assure que, tout comme un chien sauvage peut être contrôlé en étant enchaîné, nous avons nous aussi la capacité de restreindre cette tendance sauvage qui est en nous afin qu'elle ne s'exprime pas. La chaîne est : la yirat Chamayim (crainte d'Hachem).
Nous avons une yirat Chamayim innée parce que nous avons une âme qui vient de devant le Trône de Gloire d'Hachem. Notre âme pure et sainte peut dominer le côté humble qui est en nous. C'est le combat de notre vie entre notre âme et notre corps.

[on comprend mieux que notre yétser ara cherche à nous identifier comme étant un animal (regarde comment tu te comportes!), pour mieux nous désespérer d'exploiter notre spiritualité.
Mais en réalité cette partie là est en nous pour agir selon la volonté d'Hachem, et ainsi s'attacher éternellement avec Lui.
Ce que nous sommes véritablement est notre âme (une partie de Divinité), qui reste pure et sublime peut importe ce qu'on peut faire dans notre vie. ]

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+ La téchouva :

-> Le 'Hafets 'Haïm a dit à rav Barou'h Leibowitz : "Si [vous avez fait téchouva alors] vous n'avez pas besoin d'être brisé. La faute est effacée, et c'est comme si vous ne l'aviez jamais commise!"

=> Nous devons toujours nous rappeler que, quels que soient l'endroit où nous nous trouvons et ce que nous avons fait, un juif n'est jamais perdu. Nous pouvons toujours retourner auprès de notre Père céleste aimant et recommencer à le servir loyalement.
L'âme reste aussi pure et sainte qu'elle l'a toujours été et Hachem est heureux de nous accepter comme si rien ne s'était passé.

-> Rabbénou Yona (Yesod haTéchouva) écrit :
"Le jour où l'on décide de faire téchouva et de revenir à Hachem, on doit se défaire de toutes les fautes qu'on a commises et faire comme si on venait de naître, sans mérites ni fautes. C'est aujourd'hui que commence notre action. Aujourd'hui, on doit veiller à ne pas s'écarter du droit chemin.
C'est ainsi qu'on pourra se repentir pleinement en se débarrassant du lourd fardeau de ses fautes.
[le yétser ara désire davantage l'état de culpabilité, de désespoir qui résulte d'une faute, que la faute en elle-même! ]
On ne doit pas être découragé par des pensées qui nous hantent et nous empêchent de faire téchouva parce qu'on se sent gêné par nos fautes, et qu'on se dit : "Comment puis-je avoir l'audace de me repentir? J'ai commis toutes sortes de fautes, même délibérées, et je les ai répétées encore et encore, un nombre incalculable de fois. Je suis gêné de me tenir devant Hachem comme un voleur pris en flagrant délit. Comment puis-je entrer dans le Heichal d'Hachem? Comment puis-je garder Ses mitsvot?"

Ne pensez pas ainsi ! C'est un stratagème du yétser ara, qui est assis comme une mouche dans les chambres du cœur, se renouvelant chaque jour.
Le yétser ara guette et attend de faire trébucher. Il faut plutôt penser : "C'est la mida d'Hachem, Sa main est [toujours] tendue pour accepter ceux qui se repentent."

La meilleure chose que l'on puisse faire est de se débarrasser de toutes ses fautes et de se faire un nouveau cœur."

-> Le Rambam (Hilkhot Téchouva 7,6-7) enseigne :
"La téchouva est si grande qu'elle rapproche une personne d'Hachem ... Hier, il était détesté, dégoûtant et éloigné d'Hachem, mais aujourd'hui, il est aimé, chéri, proche et meilleur ami ...
Hier, il était séparé d'Hachem ... il faisait la prière mais n'était pas exaucé ... aujourd'hui [suite à sa téchouva], il est attaché à Hachem, il fait la prière et est exaucé immédiatement ... Hachem accepte ses mitsvot avec joie et désire qu'il les accomplisse".

=> Quel que soit l'endroit où elle se trouvait, un juif peut revenir pour devenir proche d'Hachem, aimée et chérie à Ses yeux. Quelle chance!!

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Le sujet de la téchouva est très vaste, mais on peut rapporter en guise de réflexion :

-> Le rav Tsadok haCohen (Pri Tsadik - Kédochim 12) enseigne :
"Les âmes les plus précieuses se trouvent particulièrement dans les endroits les plus sales, comme le Zohar (vol.II,184a) nous l'apprend : "la lumière la plus lumineuse est celle qui brille dans l'obscurité ... Au final, il sera révélé que toutes les âmes d'Israël, Ta nation, sont des tsadikim [cf. "Ton peuple : tous sont tsadikim" (Yéchayahou 60,21)] ... même quelqu'un qui a fauté dans ce sujet [de la sainteté].

C'est parce qu'en réalité notre désir est de faire Ta volonté, mais "la levure dans la pâte" (le yétser ara) nous en empêche ...
Grâce à la téchouva tout peut être réparé ... et davantage de lumière peut briller du milieu des ténèbres."

=> Lorsque nous tombons dans la faute, au lieu de désespérer (je ne vaux rien! je suis nul), il faut avoir conscience que : "Les âmes les plus précieuses se trouvent particulièrement dans les endroits les plus sales".
[ce n'est pas parce qu'actuellement je suis sale (sans l'avoir fait exprès!) que je ne vaux rien, au contraire!]
De plus, en faisant téchouva, nous avons la possibilité d'allumer dans l'obscurité de ce monde/notre vie, une lumière d'une intensité très élevée.

-> "Même une personne qui faute durant toute sa vie, elle peut quand même être considérée comme un tsadik, tant qu'elle n'abandonne jamais et qu'elle continue à se battre [pour vaincre son yétser ara]."
[Séfer Ménou'ha véKédoucha - écrit par un élève du rav 'Haïm de Volozhin]

-> "Rien ne peut s'opposer à la téchouva.
Même si quelqu'un a pu commettre toutes les fautes du monde, il pourra faire téchouva sur chacune d'elles"
[Chla haKadoch - Roch Hachana - Dérékh 'Haïm To'ha'hat Moussar 114]

[Précision: une personne qui faute volontairement, pensant qu'elle pourra ensuite faire téchouva, il lui sera alors extrêmement difficile de le faire car ce qui l'a poussé à fauter est cette capacité à se faire pardonner]

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+ L'orgueil de la sainteté (gaava diKédoucha) :

-> Tous les livres de moussar discutent longuement que l'orgueil est le pire trait de caractère.
Mais souvent nous avons une mauvaise compréhension de ce qu'est l'orgueil (gaava).
Le Ram'hal (Messilat Yesharim (ch. 11) explique : connaître ses points forts et sa valeur personnelle n'est pas de l'orgueil en soi.
Il définit l'orgueil comme le sentiment que l'on mérite d'être loué pour ce que l'on est ou ce que l'on a fait. La personne orgueilleuse estime qu'elle est responsable de son succès, de son apparence, de sa sécurité financière, et ainsi de suite, et pense qu'elle devrait être félicitée pour ces choses.
[on peut être orgueilleux de ne rien être, comme on peut l'être de qualités, de ressources, dont nous sommes dotées.]

Cependant, le juif de la Torah sait que tout ce qu'il possède lui a été donné par Hachem. Il sait qu'il est le messager d'Hachem et qu'il a donc reçu tout ce dont il a besoin pour remplir sa mission.
Son apparence, son intelligence, ses bonnes midot, sa femme, sa famille, ses finances et tout le reste lui ont été donnés afin de lui permettre de mener à bien sa tâche unique.

Si l'on prend conscience de cette vérité, il devrait être impossible de devenir orgueilleux.
On ne peut pas s'enorgueillir de quelque chose que l'on a emprunté temporairement (personne n'étant immortel à part D.!) et que l'on doit rendre à son véritable propriétaire (Hachem).
Si une personne pauvre s'est vu prêter un costume très cher pour le mariage de son fils, elle peut se sentir bien de porter un si beau costume, mais elle ne peut pas en être fière. Il serait stupide de le faire, car il ne lui appartient pas.

-> Cependant, le 'Hafet 'Haïm (Chem Olam - chap.7) écrit qu'il y a une chose dont nous pouvons et devons être fiers/orgueilleux.
Nos Sages (guémara Béra'hot 33b) enseignent que "tout provient à une personne depuis le Ciel, sauf la yirat Chamayim".
La seule chose qui reste à une personne est de choisir de faire la volonté d'Hachem (de parler à Hachem, de croire en Lui, d'accomplir Ses mitsvot et d'étudier Sa Torah).
Le choix de mener une vie dévouée à Hachem est le choix individuel de chaque personne.

C'est pourquoi le prophète Yirmiyahou (9,22-23) dit : "Un sage ne doit pas s'enorgueillir de sa sagesse, ni un guerrier fort de sa force, ni un homme riche de sa richesse. Mais de quoi doit-on s'enorgueillir? D'avoir appris et d'avoir pris conscience de Moi [Hachem]."

En effet, la yirat Chamayim d'une personne est la seule chose qu'elle a réalisée elle-même grâce à son travail acharné. Elle mérite donc d'être félicité pour cet accomplissement.

Comme l'écrit le 'Hafets 'Haim : "lorsqu'on atteint ce niveau, qu'on reconnaît et comprend qu'Hachem contrôle tout dans le monde, on peut être fier de nous-même et personne ne doit mépriser cette fierté, car ce n'est pas de l'orgueil, cela fait plutôt partie de la joie sur les mitsvot ... et c'est quelque chose pour lequel il est digne de féliciter une personne."

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach 1,15) mentionne également cette idée :
"C'est l'orgueil désiré : se souvenir constamment de son honneur et de ses qualités et agir en conséquence, comme il convient de se sentir bien à propos de sa valeur élevée."

-> Le 'Hovot haLévavot (Chaar haAnava - chap.9) écrit qu'il existe une forme d'orgueil permis et même nécessaire : la joie et la fierté qu'une personne éprouve à l'égard de la Torah et des mitvot qu'elle a eu le mérite d'accomplir.
Loin de rendre quelqu'un vaniteux, un tel sentiment : "l'incitera à travailler encore plus dur dans sa avodat Hachem et à s'humilier devant son entourage. Il se sentira heureux à l'égard de ses amis et se souciera de leur honneur, cachera leurs erreurs, ne parlera qu'en leur faveur, les aimera tous, se portera garant d'eux et sera très attentif à leur honneur."

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-> également à ce sujet : Confiance en soi & l'orgueil de la sainteté : http://todahm.com/2021/12/12/confiance-en-soi-lorgueil-de-la-saintete

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-> Selon le Ben Ich 'Haï (Bénayahou - guémara Béra'hot 62b) :
Dans tous les traits de caractère, choisissez la voie du milieu ...
L'exception à la règle est l'orgueil ... il faut aller à l'extrême opposé.

[au préalable, il faut avoir une bonne définition de ce qu'est l'humilité (et donc l'orgueil).
Par exemple, on pense que c'est : "je ne suis rien, je ne vaux rien" (ce qui est faux!), et du coup on en vient à s'enorgueillir de n'être rien.
A l'inverse, par moment on doit s'enorgueillir d'être un serviteur, un enfant d'Hachem. (notre yétser ara nous pousse à nous dévaloriser sous couvert d'humilité pour réduire notre ambition spirituelle (pour qui tu te prends! tu n'es pas Baba Salé!), et donc nous faire moins exploiter notre potentiel.
Par moment, on doit être arrogant/orgueilleux face à notre yétser ara (le monde a été créé pour moi), en augmentant notre joie et fierté de vivre, en appréciant d'avoir une partie d'Hachem en nous! (donc je ne suis pas un rien que rien, et mes actions/mitsvot ont un impact éternel!)

A ce sujet, on peut citer :
-> Selon le rav Ben Tsion Abba Chaoul :
- concernant le futur = nous devons être plein d'orgueil, du fait de pouvoir réaliser la volonté de Hachem.
[Ce sentiment de fierté est sain, productif, et il témoigne de notre amour pour D., de notre joie de nous consacrer à son service. Par exemple, nous devons répondre avec plein d'orgueil à notre yétser ara qui nous pousse à la faute : "Tu sais qui je suis : un prince, un fils du Roi des rois! Alors comment oses-tu me déranger pour une chose si minable, honteuse pour quelqu'un de mon rang!"]
- concernant le passé = nous devons rester humble, car "Tout cœur hautain est en horreur à Hachem" (Michlé 16,5).
[ainsi, nous devons s'enorgueillir d'avoir la chance de pouvoir servir Hachem pour dynamiser nos actions futures, mais pas d'en venir à se reposer sur nos lauriers et se vanter à outrance de notre passé.
(à petite dose cela peut servir à se valoriser pour mieux aller de l'avant, mais pas pour se vanter pour se vanter).
De même dans le domaine de la prière (il y a nécessité d'avoir de la fierté [d'être juif] qui nous pousse à nous surpasser, à donner le meilleur de nous même, et il y a orgueil [d'être juif] qui ne pousse qu'à développer notre "moi je, moi je" [or, la prière c'est laisser de la place pour Hachem dans notre vie!].)]

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[pour réussir sa vie dans ce monde, tout juif a besoin de moments où il va développer un orgueil sur la grandeur d'être juif.
Dans le Alénou léChabéa'h (et les bénédictions avant/après l'étude de la Torah), nous affirmons notre chance et fierté d'être dans les chemins d'Hachem (le Vrai) tandis que les non-juifs vont dans des chemins totalement vides et inutiles (servant des idoles mortes!). [ché'en mista'havim laévél varik, oumitmaléllim lélo yochia ...]
Le Tiféret Israël demande : on comprend la nécessité de louer nos actions, mais pourquoi déprécier ouvertement celles des non-juifs? C'est pas respectueux pour eux!
Il répond car nous avons besoin au quotidien de les dévaloriser pour mieux être orgueilleux en prenant pleinement conscience de notre chance d'être juif, de pouvoir servir Hachem.
=> La Torah étant d'ordinaire si respectueuse de l'honneur d'autrui, on en déduit que le caractère vital de constamment renforcer notre grandeur à nos yeux, pour pouvoir vivre avec un très haut niveau de responsabilité et de spiritualité. ]

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