Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Moché les envoya ... c'était tous des hommes (anachim) de bien (considérés), chefs des enfants d'Israël" (Chéla'h Lé'ha 13,3)

-> Selon Rachi : "Le mot "anachim" désigne dans la Torah des hommes de bien, éminents et à ce moment là (à leur départ), ils étaient irréprochables."

-> Le Rokéa'h fait remarquer que les dernières lettres de : שְׁלַח לְךָ אֲנָשִׁים forment le mot : 'hakham, indiquant que ces hommes étaient des érudits.

-> Selon Ramban : "Ils (les explorateurs) étaient des chefs et des princes du peuple ... et ils n'avaient pas le même niveau (de sagesse).
Le plus respectable a été nommé en premier, car c'est par rapport à leur qualité personnelle qu'ils ont été cités (dans l'ordre décroissant) et non pas par rapport aux qualités de leur tribu."

-> Dans la liste de niveau décroissant des 12 explorateurs cités dans les versets 4 à 15, Kalev et Yéhochoua, qui ont été les seuls à avoir le mérite de ne pas médire d'Israël, occupent la 3e et la 5e place respectivement dans cette liste.

=> Comment en seulement 40 jours, les 10 explorateurs, dont certains avaient un niveau supérieur à celui de Kalev et Yéhochoua, ont pu chuter spirituellement si bas (Rachi : "ils dirent cela contre Hachem" - v.13,31)?

-> "D'après le Zohar (v.13,3), c'est la recherche des honneurs qui est la cause de la médisance du pays par les explorateurs, ce qui a entraîné leur mort et celle de toute la génération (du désert).
En effet, ils craignaient qu'en entrant dans la terre d'Israël, leur honorabilité diminuerait en perdant leur titre de prince des tribus d'Israël et que d'autres prendraient leur place."
[Ram'hal - Messilat Yécharim 11]

-> Leur souci est d'autant moins compréhensible qu'ils n'étaient pas des chefs de tribu de mille, mais des simples chefs de cinquante, comme l'explique le Baal haTourim (v.13,3) :
"Le mot המה (éma - eux) a une valeur numérique de 50 pour t'apprendre qu'ils n'étaient que des chefs de 50."

Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 83) de commenter :
Combien de chefs de 50 existait-il dans le peuple d'Israël composé de 600 000 hommes adultes?

Il y en avait : 12 000!
Malgré leur position sociale peu importante (puisque assez commune), ils ont pourtant jugé que tout le peuple devrait demeurer dans le désert sans rentrer en Israël de peur que le "petit honneur" de chef de 50 dont ils jouissaient dans le désert soit diminué.

=> Nous voyons combien est grand le danger enfoui de la poursuite des honneurs.

<------------------->

-> Rabbi Israël Salanter affirme que l'homme a tendance à justifier son attitude en couvrant ses volontés personnelles et intéressées par un voile d'attitude noble inspirée par son intellect, à l'exemple des explorateurs.
Seul Hachem peut savoir ce qui se trame dans les replis et profondeurs de nos cœurs.

Par exemple, les explorateurs ont justifié leur désir d'honneur par une volonté plus noble : "Les Cananéens ont entendu que nous allons conquérir le pays et ils vont cacher leur argent (et leur biens) ... Nous ne trouverons rien. La parole (la promesse) de D. serait alors annulée!" (Yalkout Chimoni Bamidbar 742).

[Hachem qui peut tout faire, va permettre aux juifs de trouver ces biens : "Quand Hachem ton D. t'aura conduit dans le pays qu'il avait juré à tes pères ... avec des maisons regorgeant de toutes sortes de biens" (Dévarim 6,10-11) ]

<------------------------------------------------------->

+ "Les hommes qui étaient partis avec lui, dirent : "Nous ne pouvons marcher contre ce peuple, car il est plus fort que nous"." (Chéla'h Lé'ha 13,31)

-> En réponse à Kalév, les explorateurs s'écrièrent : "Tu dis des mensonges! As-tu vu davantage que nous? Nous affirmons que nous ne pouvons marcher contre ce peuple, car il est trop fort pour nous!"

En réalité, par les mots : Il est trop fort pour nous (miménou - מִמֶּנּוּ)", les explorateurs voulaient dire que le peuple à conquérir était trop fort pour Hachem Lui-même (miménou).
En effet, le nom de chaque lettre du mot : "miménou" contient 2 fois la même lettre : mém (מם), noun (נון), vav (וו).
Ainsi, le verset contient la double signification du mot miménou : "pour nous" et "pour Lui", cette dernière étant une offense contre Hachem.
[Méam Loez - Chéla'h Lé'ha 13,31]

<--->

-> Pour troubler plus encore les esprits, l'ange du mal insuffla à ces hommes un sentiment d'humilité trompeur/illusoire, qui les conduisit à se demander s'ils étaient suffisamment méritants pour que Hachem opère des miracles en leur faveur durant les combats. Ces pensées eurent le pouvoir de faire paraître tous les avantages du pays comme des obstacles, inoculant en eux une profonde terreur.
Tel fut donc l'échec des explorateurs : ils tombèrent dans les filets de cette "fausse" piété tendus par le mauvais penchant ...

Ils affirmèrent en vérité que Hachem ne pouvait pas leur accorder la victoire, pour la simple raison qu'Il ne chasse une nation d'un pays qu'à partir du moment où Il en trouve une autre plus méritante. Or, comme les juifs avaient commis de nombreuses fautes, ils n'avaient aucune légitimité justifiant d'expulser les Cananéens de leur territoire ...

Nos Sages enseignent que le yétser ara se tient "aux portes du cœur" : parfois, il gonfle l'homme d'orgueil, le persuadant qu'il a déjà atteint la perfection et qu'il peut désormais se permettre de contredire ses parents ou ses maîtres ...
Dans d'autres circonstances, le yétser ara opte pour la voie opposée, comme il le fit avec les explorateurs ... il rappelle à l'homme les fautes de ses pères et ses propres écarts de jeunesse, et c'est ainsi qu'il parvient peu à peu à le remplir de désespoir et à le décourager.
Chacun devra bien garder à l'esprit les manœuvres dont use le yétser ara pour éviter de tomber dans ses filets.
[Léka'h Tov]

[on a vu que par les mots : Il est trop fort pour nous (miménou - מִמֶּנּוּ)", les explorateurs voulaient dire que le peuple à conquérir était trop fort pour Hachem Lui-même (miménou).
Or de même que nous devons avoir confiance en Hachem, nous devons avoir confiance en nous-même (puisqu'ayant une partie Divine en nous!).
En se rappelant l'infinie grandeur, miséricorde (ex: le pouvoir fou d'un mot/soupir de téchouva), ... de Hachem, nous en venons à être tamim (intègre, simple), à agir de notre mieux, sans se poser de question (on comprendra dans le monde à venir de Vérité), laissant la gestion du reste à papa Hachem (seul Lui peut et sait tout!).
Ainsi, au cours de notre vie il faut évoluer en équilibre avec ces 2 sentiments : je suis quelqu'un d'énorme, presque Divin (étant fait à l'image de D.), et pourtant je ne suis rien en propre dans le sens où tout ce que j'ai, provient et dépend à 100% de D. (je ne peux pas tout comprendre, je ne peux pas maîtriser, ...).]

<----------------------------->

-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°938) enseigne :
"Sur le mode allusif, nous pouvons remarquer que les lettres finales des mots chela’h lekha (שְׁלַח לְךָ) forment le mot koa’h (force, pouvoir), tandis que si on inverse l’ordre des lettres de chela’h, on obtient ’halach (faible).
Ces 2 notions antithétiques nous livrent un précieux message. Hachem désirait signifier à Moché qu’en envoyant des hommes prospecter la Terre Sainte, il affaiblissait son pouvoir et celui du peuple.
Tentons d’expliquer en quoi cette exploration était synonyme d’affaiblissement.

Lorsque les enfants d’Israël traversaient le désert, ils vivaient à un niveau surnaturel. En effet, conduits sur le mode du miracle, ils étaient perpétuellement entourés par les nuées de gloire, qui avaient la propriété d’absorber les flèches ennemies, ce qui les dispensait du combat. Ainsi, en envoyant une délégation en reconnaissance du terrain à conquérir, ils se rabaissèrent au niveau de la nature, alors que Hachem avait prévu de leur faire hériter de la Terre promise de manière exclusivement miraculeuse. Mais la volonté qu’ils exprimèrent d’explorer le pays avant de le conquérir, comme le fait tout peuple avant de déclarer la guerre à un pays ennemi, prouva leur attachement indéniable à l’ordre naturel, ce qui modifia le projet divin initial et les contraignit à conquérir la terre à la manière de tous les humains.
D’où l’allusion qui se lit dans les mots chela’h lekha (שְׁלַח לְךָ) : l’exploration de la Terre Sainte revenait à un affaiblissement, puisqu’elle fit passer nos ancêtres d’une conduite miraculeuse à un vécu naturel.
[...]
Moché savait que telle était la volonté des enfants d’Israël, et il désirait leur enseigner une leçon, ainsi qu’à toutes les générations à venir : lorsqu’un homme ne se conforme pas aux directives du Créateur, il risque fort d’en pâtir. Car il n’existe pas d’échappatoire au projet divin, et quiconque veut jouer au plus fin avec Hachem, loin d’en retirer un quelconque intérêt, ne fait que se rendre coupable et mettre sa vie en danger.

Moché leur transmettait également un autre message : l’homme est responsable de ses actes et "on [le] mène dans la voie qu’il désire emprunter". Par conséquent, s’il démontre une volonté d’être conduit par une Providence surnaturelle, il le méritera. Par contre, s’il exprime une préférence à se restreindre aux lois de la nature, pensant pouvoir connaître ainsi le salut, Hachem lui retirera Sa Providence et lui laissera le loisir de s’en sortir par ses propres moyens, mais bien souvent, il en fera alors les frais."

"Un vêtement [fait] d'un mélange de fibres (chaatnez) ne montera pas sur toi" (Kédochim 19,19)

"Tu ne revêtiras pas de fibres combinés (chaatnez), laine et lin ensemble" (Ki Tétsé 22,11)

Il est fait allusion à la mitsva du chaatnetz : l'interdiction de porter un habit composé de lin et de laine.

-> Le Rikanti commente le terme : chaatnez (שַׁעַטְנֵז), comme étant composé de 2 mots : "Satan" (שטן) et "Oz" (עז).

Le Satan fait référence au yétser ara, et "oz" à : puissant, force.
Le Rikanti explique que lorsqu'un juif porte du chaatnez, il donne davantage de puissance au yétser ara, il est plus susceptible de fauter, et c'est nuisible à sa santé spirituelle.

<------------------>

+ Caïn et Evel : 2 opposés

-> "Caïn présenta du produit de la terre une offrande à Hachem ; les Sages disent : il s’agissait de graines de lin.
Evel offrit de son côté des premiers-nés de son bétail, de leurs parties grasses [et donc de la laine].

C'est la raison pour laquelle la Torah interdit les mélanges de lin et de laine ... ainsi parla Hachem : 'Il ne convient pas que l’offrande du fauteur se mêle à celle de l’innocent.'
C'est pourquoi ce mélange fut interdit."
[Midrach Tan’houma - Béréchit chap.9]

-> Rabbénou Bé’hayé (Kédochim) enseigne :
"Lorsqu'un homme associe ici-bas 2 éléments de la même espèce, il fait régner la paix dans les Cieux, car les forces supérieures peuvent alors achever leur mission convenablement ; mais celui qui mêle des espèces différentes ici-bas, il génère l’inverse de la paix, car il mélange les forces supérieures, les annule et les empêche ainsi d’accomplir leur mission.
[…]
Comme les deux 1ers-nés de l’humanité [Caïn et Evel] approchèrent des sacrifices de laine [le bétail] et de lin, c’est la raison pour laquelle l’assemblage de ces 2 matières nous a été interdit.

L’union de ces 2 hommes issus d’un même sein n’a pas été favorable, car il s'agissait d’un mélange de forces opposées, suscitant l’inverse de la paix.
La fin de leur histoire en établit d’ailleurs la preuve : l’un assassina son frère, et ces deux hommes furent finalement perdus …"

-> Le rav Youdel Rosenberg (1859-1935) donne une explication au fait que l'on peut constater une augmentation des meurtres et des vols dans le monde. C'est en raison de l'impureté du Chaatnez, qui s'est largement répandu ces dernières années, à l'image du fait que le meurtre de Evel par Caïn provient de l'impureté du Chaatnez : Evel ayant apporté de la laine, et Caïn du lin.

Le Choul'han Aroukh fait allusion à cela puisque les halakhot concernant le Chaatnez commence au chapitre (siman) 298, qui s'écrit en hébreu : רצח (rotséah - un meurtrier) [Yoré Déa 298].
[Le I'houd bé'Hidoud note que la discussion à ce sujet se termine au chapitre 30, écrit : ש"ד, ce qui est l'acronyme de : chéfi'hat damim (verset du sang).]

<------------------>

-> Le Ben Ich 'Haï écrit que la mitsva de Chaatnez nous met en garde contre le mélange de bien et de mal.

Il ne s’agit pas de ceux qui progressent à leurs rythmes ou de ceux qui négligent une partie de la Torah par faiblesse ou difficulté.
Il s’agit là de gens qui fabriquent une idéologie selon laquelle il faut certaines mitsvot et il ne faut pas d’autres mitsvot. Pour ne pas se sentir mal de ne faire qu’une partie de la Torah, ils préfèrent la déformer et tromper les autres.
C’est ce chemin erroné que la Torah nous prévient de ne pas suivre.

[la Torah ne doit pas devenir un mélange, une sélection de ce qui nous arrange. N'oublions pas qu'elle est 100% Vérité, 100% made in Hachem!]

<-------->

-> "Un vêtement [fait] d’un mélange de fibres (chaatnez) ne montera pas sur toi"

Nos Sages nous enseignent que les mitsvot que nous réalisons créent des vêtements spirituels pour notre âme, pour ne pas qu’elle se retrouve "nue" après avoir quitté le corps.
Cependant, pour que ces vêtements soient entiers, il faut que les mitsvot soient accomplies complètement pour Hachem, sans y mêler des intentions personnelles et intéressées, comme la recherche des honneurs ou de la récompense, par exemple.

Cela est en allusion dans ce verset : "Un vêtement contenant un mélange ne montera pas sur toi" = c'est-à-dire que les mitsvot doivent être pleinement pour Hachem et on ne doit pas y mêler des intentions extérieures. C’est ainsi que les vêtements que l’âme portera dans l’autre monde seront complets et ne seront pas des vêtements contenant un mélange, où se mêleront des défauts et des manques liés à ces intentions imparfaites.
[Makré Dardéké]

<------------------>

-> Le Rambam (cité par le Séfer ha'Hinoukh 551) considère que le chaatnez, comme beaucoup d’autres mitsvot, constitue une manière de nier la valeur des cultes idolâtres.
En effet, dans le passé les prêtres païens avaient coutume de vêtir des habits tout spécialement confectionnés à partir d’un mélange de lin et de laine (selon son propre témoignage, c’était encore le cas à son époque chez les prêtres égyptiens).

C’est donc pour nous éloigner de ces pratiques que la Torah interdit le port de telles étoffes.

-> Le Daat Zékenim (Ki Tétsé) écrit pour sa part que cet interdit a pour origine l'une des pièces du Temple : la parokhet : cet épais rideaux suspendu devant le Saint des saints, qui était composé à la fois de lin et de laine.

De ce fait, la Torah nous interdit de reproduire cet alliage, de la même façon qu’elle interdit de mélanger les ingrédients composant la kétoret (l'encens) à des fins personnelles, pour établir une distinction claire entre le saint et le profane.

[nos Sages (guémara Roch Hachana 24a) nous interdisent de faire une copie d'un élément utilisé au Temple.
Hachem souhaite que l'on garde le mélange lin et laine uniquement à des fins Divines/sacrées, et ainsi Il nous interdit un tel mélange dans nos vêtements du quotidien.]

<------------------>

-> "Combien d’embûches ont été suscitées par la faute de cette terrible interdiction!

Ses lettres témoignent d’ailleurs de la gravité de sa punition : chaatnez (שַׁעַטְנֵז) correspond à Satan-Az [Satan effronté - שטן et עז].
A ce titre, si une personne porte sur elle du chaatnez pendant un seul jour, sa prière ne sera pas entendue pendant 40 jours!"

[le Noda biYéhouda - Drouché haTsla’h 8,6)

<------------------>

-> "Concernant les vêtements que l’on porte, j'ai lu dans un ouvrage que rien n'entrave les prières davantage que le port d’habits contenant du chaatnez, même si on ne le fait que par inadvertance …"
[Rabbi Israël Elgazi - Chalmé Tsibour]

-> Le Pélé Yoets (fin du Erekh Levicha) nous prévient que le fait de porter du chaatnez empêche les prières d'une personne de s'élever vers le Ciel.

-> Selon le Séfer 'Hasssidim (553), aimer son prochain est un prérequis à une prière efficace.
Le Arizal rapporte la coutume : avant de prier, il faut prendre sur nous la mitsva de : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même".

=> A l'inverse, une personne qui porte du chaatnez porte en elle le symbole de la 1ere haine entre un homme et son prochain, et ses prières sont donc bloquées.

<------------------>

-> "Un vêtement Chaatnez (contenant de la laine et du lin) ne montera pas sur toi" (Kédochim 19,19)

=> Pourquoi la Torah utilise-t-elle cette formulation : "Un vêtement Chaatnez ne montera pas sur toi"? Il aurait été plus simple de dire : "Ne porte pas un vêtement Chaatnez".

-> On pourra le comprendre à travers une anecdote. Un jour de Kippour, au plein milieu de la prière, un élève de la yéchiva de Mir sortit soudainement de l'enceinte de la synagogue, pour revenir peu après, portant des vêtements de jours profanes. Cela étonna tout le monde. A la fin de Kippour, il expliqua à ses camarades qu'il n'arrivait pas à se concentrer dans sa prière. Il sentit qu'il y avait des blocages qui l'empêchait de prier avec ferveur, ce qui le perturbait beaucoup. Alors, il se rappela qu'il avait acheté pour Kippour un costume qu'il n'avait pas encore vérifié s'il était cachère, c'est-à-dire sans mélange de lin et de laine, c'est ce vêtement qu'il portait pendant sa prière. Or les Textes enseignent que celui qui porte un tel vêtement, cela empêche ses prières de monter vers Hachem.
C'est pourquoi, il sortit de la synagogue, se changea avec des habits profanes et revint. Alors, il réussit soudainement à se concentrer. Après Kippour, il fit vérifier son costume et effectivement, il contenait ce mélange.

=> Mais pourquoi le fait de porter ce type de vêtement empêche la prière de monter ?
Rabbénou Bé'hayé explique que quand un homme porte un vêtement Chaatnez, un esprit d'impureté se met à planer au dessus de lui. Ainsi, ses prières ne peuvent pas monter, car elles sont bloquées par cet esprit d'impureté.
C'est cela le sens du verset : "Un vêtement Chaatnez ne montera pas sur toi" = cela fait allusion à cet esprit impur qui monte au dessus de l'homme qui porte ce vêtement et qui plane sur lui, empêchant ses prières de s'élever vers Hachem.

<---------------------------------------->

-> Le Méam Loez (Kédochim 19,19) enseigne :
Il est évident que personne ne transgresserait volontairement le commandement de chaatnez.
Comme le corps n'en retire aucun plaisir physique, le mauvais penchant n'incite pas l'homme à commettre cette faute.
Ainsi, si les gens connaissaient la gravité de cette transgression, dans ce monde et dans le prochain, ils la fuiraient comme on fuit un serpent.

En Haut, il existe des anges qui dénoncent Israël.
Comme Hachem aime profondément Israël, Il sépare et disperse ces forces pour les empêcher d'accuser conjointement le peuple juif.
Si Israël était montré du doigt par leurs critiques unanimes, il lui serait très difficile de survivre.
Le chaatnez fait allusion à ces Accusateurs célestes. Un homme qui porte un vêtement de laine et de lin mélangés réunit ces anges dénonciateurs en un même lieu où ils sont capables de médire Israël.
Par conséquent, celui qui porte du chaatnez cause du tort à tout le peuple juif.

Un ange saint recueille les prières d'Israël.
Lorsque l'ange saint voit une personne vêtue de chaatnez, il constate qu'elle ressemble aux prêtes idolâtres et rejette sa prière qui n'est pas acceptée parmi celles d'Israël.
La personne vêtue d'un habit contenant un mélange interdit (chaatnez) donne du pouvoir au mauvais esprit chargé des porteurs de chaatnez et sera livrée à son autorité.

Lorsqu'un homme donne du pouvoir à l'esprit mauvais, c'est comme s'il adorait des idoles.
Le mot chaatnez (שַׁעַטְנֵז) y fait allusion, il se décompose en : "Satan az" (Satan puissant - שטן עז).
De plus, les lettres "ayin" (ע) et "zaïn" (ז) [de az - עז] sont une abréviation de "avoda zara" qui veut dire : idôlatrie.
Quiconque porte du chaatnez est livré au pouvoir de l'esprit mauvais qui est le Satan.
Le mot "Az" signifie : fort.
L'homme vêtu d'un habit contenant du chaatnez donne de la force au Satan qui lui inflige des tourments.

Le verset y fait allusion : "Un vêtement d'espèces mélangées chaatnez ne sera pas sur toi".
La Torah dit à l'homme : si tu veilles à ne pas porter de kilayim (mélanges), Chaatnez (le Satan fort) ne sera pas sur toi, c'est-à-dire qu'il n'aura pas de pouvoir sur toi.
Ce verset peut également se traduire littéralement : "Des vêtements d'un mélange chaatnez, cela ne montera pas pour toi".
Le mot "cela" désigne la prière. Le verset nous dit que si l'on porte des vêtements chaatnez, notre prière ne montera pas en Haut.

Sans le Séfer Torah, les lettres : chin, ayin, tét, noun, zaïn, guimet et tsadik sont surplombées de couronne.
L'acrostiche des 5 premières forme les mots : "chaatnez" (Satan fort), alors que celui des 2 dernières (guimel et tsadik) est celui des mots : gadol tsorer, signifiant : le grand ennemi.
Ceci enseigne que quiconque étudie la Torah est protégé du Satan et du grand ennemi.
Ces couronnes [de la Torah] sont appelées : "taguine" en hébreu, un mot proche de hagana, qui signifie protection.

<--------------->

-> b'h, sur les mélanges interdits : http://todahm.com/2020/03/11/13334

"Hachem parla à Moché après la mort des 2 fils d'Aharon" (A'haré Mot 16,1)

-> A ce sujet le midrach (Vayikra rabba 20,5) rapporte qu'après que Iyov ait appris la mort des 2 enfants de Aharon (Nadav et Avihou), il a récité : "C'est aussi ce qui jette la frayeur dans mon cœur et le fait vivement tressauter." (Iyov 37,1).

En quoi la connaissance de leur mort a conduit Iyov à avoir si peur?
Nous allons voir, b'h, une réponse du 'Hida.

La guémara (Sotah 11a et Sanhédrin 106a) explique que Pharaon avait 3 conseillers : Bilam, Yitro et Iyov.

Lorsque Iyov a appris le plan de Pharaon de noyer les bébés juifs, il n'a ni exprimé de désaccord, ni d'accord avec cette mesure. Il est simplement resté silencieux.
En réalité, Iyov était totalement persuadé que son attitude était parfaite.
De plus, même après que Iyov a commencé à avoir d'atroces souffrances dans sa vie, il ne lui ai jamais venu à l'esprit que son silence en était la cause.

La guémara (Sanhédrin 52a) relate qu'une fois Moché et Aharon marchaient ensemble, et Nadav et Avihou étaient en train de marcher derrière eux.
Nadav dit à Avihou : "Quand est-ce que ces 2 vieillards vont mourir et toi et moi allont diriger la génération?"

Le 'Hida enseigne : Puisque c'était Nadav qui a émis l'idée à Avihou, on aurait pu penser qu'uniquement Nadav mériterait d'être puni.
Avihou n'a rien fait, pourquoi devrait-il être tué?

La réponse est que la Torah est d'avis que si vous êtes au courant d'un mauvais projet et que vous restez silencieux à son sujet, vous êtes aussi coupable que si c'était vous qui l'avez réalisé.
C'est pour cela que Avihou a été puni sévèrement tout comme son frère.

Le 'Hida dit qu'avec cela on comprend le midrach initial.
Suite à leur mort, Iyov était plein de frayeur car pour la 1ere fois de sa vie, il était capable de comprendre pourquoi il a subi autant de souffrances durant sa vie.
A l'image de Avihou qui s'est tu et as été puni, il a été puni pour son silence.

<------------------------------------------------>

+ Le saviez-vous?

-> Iyov a connu d'atroces souffrances.
Selon le midrach (Yalkout Chimoni – rémez 908), si Iyov ne s’était pas plaint des malheurs qui lui sont arrivés, et s’il avait à la place pris conscience qu’ils lui étaient nécessaires et pour son bien, alors nous aurions ajoutés son nom au début de la amida : "D. d’Avraham, D. de Yits’hak, D. de Yaakov et D. de Iyov".

=> De là, on peut se rendre compte de la grandeur d’accepter tout ce qui nous arrive (volonté de D.) avec amour.

"Tout harnais que chevauchera celui qui a un écoulement (azav) deviendra impur" (Métsora 15,9)

Toute chose sur lequel un zav ou une zava (personne ayant un certain type d'écoulement corporel) s’appuiera dessus devient impur (tamé).

-> Nos Sages font remarque que pour les écoulements, on parle :
- chez l'homme de : "chevauchera" (v.15,9);
- chez la femme de : "assise" (v.15,23).

=> Pourquoi la Torah n'utilise-t-elle pas le même terme pour les deux?

Selon Rachi (guémara Pessa'him 3a), c'est parce que mentionner le fait de "chevaucher" pour une femme aurait été une manière indécente de s'exprimer, en raison de la façon dont ses jambes sont positionnées lorsqu'elle est à califourchon sur l'animal.
C'est pourquoi, pour la femme, la Torah passe de "chevaucher" à "s'asseoir".

Toute mention non nécessaire d'une femme dans une position indécente doit être évitée.

<------------------------------------------------->

-> Le Gaon de Vilna (Igérét haGra) enseigne qu'un homme est capable de prendre le contrôle de son yétser ara par l'étude de la Torah, et que [en parallèle] pour la femme son arme principale dans cette bataille est son attachement à la tsinout (pudeur).
De même que l'étude de la Torah élève et purifie l'homme, de même pour la tsniout chez la femme.

-> Le midrach (Béréchit rabba 18,2) rapporte que lorsque Hachem a créé 'Hava, Il a dit à chacun des membres de son corps au moment de les créer : "Soit tsniout!"

Le Anaf Yossef commente que Hachem a agit ainsi, afin que la pudeur soit particulièrement importante dans le caractère des femmes, et afin qu'elle y soit sensible.

-> De même que la récompense pour l'étude de la Torah est infinie, de même pour la tsniout chez la femme.
Par exemple, selon le midrach (Bamidbar rabba 8), toute femme qui est pudique, méritera que ses fils deviennent des érudits en Torah.

Le Gaon de Vilna (Even haEzer) voit une allusion à cela dans le verset : "Ta femme sera comme une vigne féconde dans l’intérieur de ta maison, tes fils, comme des plants d’olivier autour de ta table." (Téhilim 128,3).
Si la femme est pudique (sera ... dans l’intérieur de ta maison), alors : "tes fils ... autour de ta table" [étudiant la Torah].

Cela est en accord avec les propos de la guémara (Baba métsia 42a) : "la bénédiction ne peut se trouver que dans quelque chose qui est cachée des yeux".

"Les fils de Aharon, Nadav et Avihou ... apportèrent devant Hachem un feu étranger (ésh zara) qu'Il ne leur avait pas ordonné [d'apporter]." (Chémini 10,1)

Nous pouvons citer quelques explications de ce qui a pu entraîner leur mort :

-> 1°/ Nadav est Avihou sont morts car ils ont offert une offrande de Kétoret (l'encens) sans en avoir reçu l'ordre, comme il est écrit dans le verset : "[Hachem] ne leur avait pas ordonné [d'apporter]" (v.10,1).

[cf. le 'Hidouché haRim ci-dessous]

-> 2°/ La guémara (Sanhedrin 52a) rapporte qu'un jour Moché et Aharon marchaient ensemble, et Nadav et Avihou marchaient juste derrière eux.
Nadav dit à Avihou : "Quand est-ce que ces 2 vieillards vont mourir et toi et moi allons diriger la génération?"

-> Rabbi Yossef Leib Nandik enseigne :
"Nous n’avons pas à les soupçonner d’avoir commis une faute aussi grave. Cela veut tout simplement dire que d’après leur haute stature spirituelle et leur respect pour Moché et Aharon, même la plus petite pensée a une signification très grave, comme s’ils attendaient déjà de pouvoir diriger à leur place."

<--->

-> "Après la mort des deux fils d’Aharon" (A'haré Mot 16,1)

Le midrach explique qu'une des raisons qui leur valut la mort est : "qu’ils entrèrent dans le sanctuaire sans tous leurs vêtements. Lequel leur manquait-il? Le manteau."

Pourtant, le manteau était l’un des vêtements du Cohen gadol, alors que Nadav et Avihou étaient seulement des Cohanim qui ne devaient donc pas le porter.

Le Roch explique que, du fait qu’ils se permirent d’entrer dans le sanctuaire pour y offrir de l’encens prouve qu’ils se considéraient comme des Cohanim guédolim ; aussi, de leur point de vue, ils étaient astreints de porter le manteau et se rendirent donc passibles de mort en omettant de le vêtir.
=> Mais pour quelle raison le midrach ne mentionne-t-il que le manteau parmi tous les vêtements propres au Cohen gadol, alors qu’ils ne portaient pas non plus les autres?

Dans l’ouvrage Yam haTalmoud, il est expliqué que Nadav et Avihou, ayant fauté en médisant de Moché et Aharon : "Quand donc ces deux vieillards mourront-ils et nous pourrons diriger la génération?", auraient dû porter le manteau qui, selon nos Sages, expie la médisance. D’où l’interprétation du midrach selon laquelle l’absence de ce vêtement leur causa la mort, puisqu’ils ne purent alors être absous de ce péché.

<--->

-> 3°/ La Sifra explique que Nadav et Avihou sont entrés dans le Saint des Saints, le lieu ayant le plus de sainteté du Michkan.
En ce lieu, uniquement leur père Aharon le Cohen Gadol, pouvait y entrer, et encore que durant un moment limité le jour de Kippour.
Il est à noter qu'au moment où ils sont entrés, leur père n'avait pas encore reçu cette permission d'y entrer.

<--->

-> 4°/ Le midarch (Vayikra rabba 12,1) rapporte que leur faute a été de rentrer dans le Sanctuaire en ayant consommés du vin.

[Rabbi Guttman dit que par cette attitude (vu leur niveau élevé), ils transmettaient à tous la fausse idée qu'une véritable joie peut venir de l'extérieur, et non uniquement de notre pratique des mitsvot.
Si un juif désire le plus grand bonheur, il ne doit pas aller rechercher des moyens étrangers (ex: alcool), mais plutôt dans les mitsvot et la Torah qui nous permettent de nous rapprocher de Hachem, de faire ce qu'il y a de mieux de notre vie. C'est cela la plus grande des joies!
Nous affirmons dans notre prière que par amour Hachem a multiplié la Torah et les mitsvot (irba lahem Torah oumitsvot). En effet, ce n'est pas une charge, mais autant d'occasions de nous générer de la joie et des mérites! (je fais la volonté de D., alors que les autres nations investissent leur temps dans du vide!)]

<--->

-> 5°/ La guémara (Erouvin 63a et Yoma 53a) enseigne qu'ils ont pris des décisions dans la halakha devant leur enseignant (Moché), et c'est pour cela qu'ils ont été tués.

La guémara (Erouvin 63a) rapporte que Rabbi Eliézer avait un élève, qui enseigna un jour une loi en sa présence.
Rabbi Eliézer dit alors à Ima Shalom, sa femme : "Je serais très étonné que cet élève vive jusqu'à la fin de l'année."
Et de fait, il mourut dans l'année.
Ima Shalom lui dit alors : "Es-tu donc prophète?"
Il lui répondit : "Je ne suis ni prophète ni fils de prophète. Mais on m'a transmis le principe suivant : Quiconque enseigne une loi en présence de son maître est passible de mort".
=> On peut imaginer qu'un maître pardonnera toujours avec joie l’attitude effrontée de son élève (surtout s'il risque de mourir!). Comment alors comprendre que la conséquence est si extrême?

Le rav 'Haïm Chmoulévitch explique qu'à partir du moment où l'on manque d'apprécier et d'avoir recourt à nos anciens/Sages, alors l'existence même du peuple juif est en péril. [nos anciens sont nos ailes qui nous permettent d'avancer! Sans eux, le peuple juif se meurt!]
C'est pour cela qu'un rav ne peut pas pardonner à son élève d'établir une loi en sa présence, car il n'a pas fauté uniquement envers son maître, mais également il retire à toute la nation juive le pouvoir d'être guidé.

-> "Rabbi Akiva dit : Le peuple juif est comparé à un oiseau, de même que l'oiseau ne peut voler sans ses ailes, ainsi le peuple juif ne peut rien faire sans Ses Anciens" [midrach Vayikra rabba 11,8]

[De même, nous devons respecter nos parents et notre rav, car plus on les respecte, plus les paroles de Torah qu'ils vont nous transmettre auront de la valeur à nos yeux. C'est la base de la pérennité du peuple juif, chaque maillon transmettant le flambeau au suivant grâce à ce respect. [ce que j'ai reçu a une valeur énorme/vitale, je me dois donc de le transmettre!]
Le rabbi Kaminetsky disait que si nos parents sont pour nous des hommes descendants des singes, alors ils nous sont détestables car ils sont plus proches que nous d'une génération, de ces singes. [nous sommes alors plus évolués, humains qu'eux!]
Par contre, s'ils sont des juifs, nous devons les respecter car nos parents sont plus proches du don de la Torah d'une génération par rapport à nous. A nos yeux, ils sont alors magnifiques, et nous devons profiter de cet avantage de proximité qu'ils ont d'avoir rencontrés en face à face Hachem au mont Sinaï! (de plus, chaque génération est plus basse que la précédente, nos parents/rabbanim sont donc une occasion d'échanger avec des plus grands!).
Par ailleurs, étant plus âgés, ils ont un nombre de mitsvot tellement plus élevé que nous, et c'est également admirable.
=> Ainsi, les respecter, c'est respecter la Torah qui est en eux, et c'est la base pour permettre sa transmission future! A l'inverse, toute diminution de ce respect participe, dans une certaine mesure, à la mort du judaïsme.]

<--->

-> Le Méam Loez (Chémini 10,1) enseigne à ce sujet :
Nadav et Avihou n'avaient pas encore entendu la loi d'apporter un feu humain sur l'autel ("les fils d'Aharon mettront du feu sur l'autel" - Vayikra 1,7), de la bouche de Moché.
Après avoir déposé les sacrifices sur l'autel, les fils d'Aharon interprétèrent ce verset à leur façon sans interroger Moché. Ils apportèrent dans leur pelle du feu pour brûler de l'encens (v. 10,1).
Ils méritaient la mort pour avoir rendu une décision halakhique en présence de leur maître.
En réalité, le feu devait descendre du ciel.

Selon la loi, un disciple qui rend une décision (moré halakha) en présence de son maître mérite la mort, même s'il n'est pas réellement devant son maître mais se trouve à moins de 3 mil de lui.
La distance nécessaire est de 3 mil car le camp juif mesurait 3 mil de diamètre.
"Quiconque cherchait Hachem se rendait à la Tente d'audience (Ohel Moed) hors du camp" (Chémot 33,7).
Dans le camp, aucun érudit ne devait trancher la loi même si sa décision était juste car Moché, le maître d'Israël, se trouvait dans la tente, à moins de 3 mil.

La Torah dit donc : "Ils offrirent devant Hachem un feu non autorisé que D. ne leur avait pas ordonné" = les fils de Aharon méritaient la mort pour avoir apporté un feu que Moché n'avait pas ordonné.
Cet acte était considéré comme une prise de décision halakhique en présence de leur maître.

Selon certains Sages, la raison de leur punition est différente.
Moché leur avait enseigné cette loi, mais leur erreur était d'avoir cru que l'obligation d'apporter un feu s'appliquait à un jour comme celui-là.
En réalité, en ce 1er jour, le feu devait seulement provenir du ciel afin que tout Israël constate le miracle. En effet, la gloire de Hachem descendit du ciel et brûla les sacrifices.
En apportant un feu non autorisé, ils avaient minimisé le miracle.
La Torah dit donc : "Ils offrirent devant Hachem un feu non autorisé qu'Il ne leur avait pas ordonné" = Moché ne leur avait pas prescrit de l'apporter, car en ce 1er jour [d'inauguration du Michkan], il fallait que la gloire de D. soit manifeste.

<--->

-> "Un feu s’élança de devant D." (Chémini 10,2)

Voici ce que la guémara (Sanhédrin 52a) enseigne au sujet de la manière dont sont morts Nadav et Avihou.
"Deux colonnes de feu sont sorties du saint des saints et se sont divisées en quatre. Puis deux sont entrées dans le nez de l’un et deux dans le nez de l’autre et les ont brûlés".

Rabbi Yonathan Eibschutz a expliqué :
"Nous savons que ‘Quiconque professe une halakha en présence de son maître mérite d’être piqué par un serpent.
Or nos Sages ont affirmé : ‘Les fils d’Aharon ne sont morts que pour avoir professé une halakha en présence de Moché’. Ils auraient donc dû être punis par la morsure d’un serpent!

Cependant à ce moment-là, il n’y avait aucun serpent pour les piquer : en effet nos Sages racontent que lorsque les juifs sont arrivés dans le désert, ils craignaient les serpents. Deux colonnes de feu sont alors sorties du saint des saints, se sont divisées en quatre et les ont tous brûlés.
C’est la raison pour laquelle lorsqu’il a été décrété qu’ils devraient être punis par une morsure de serpent, ces mêmes deux colonnes de feu qui avaient brûlé les reptiles sont entrées dans le nez des fils d’Aharon et les ont brûlés, réalisant ainsi la mission des serpents tués par leur intermédiaire.

<--->

-> 6°/ Il est écrit : "Nadav et Avihou moururent ... et ils n'avaient pas eu d'enfants" (Bamidbar 3,4)
La guémara (Yébamot 64a) enseigne que s'ils avaient eu des enfants, ils ne seraient pas morts.

A ce sujet, selon le midrach (Vayikra rabba 20,9-10), ils ne se sont pas mariés car ils pensaient que personne ne pouvait être assez bien pour eux.

-> "Nadav et Avihou moururent ... et ils n’eurent pas d’enfants" (Bamidbar 3,4)
Le 'Hatam Sofer de commenter :
L'homme vit dans ce monde pour s'approcher d’Hachem, et après cette mission, il peut remonter vers Lui.
Nadav et Avihou ont atteint leur objectif en s’approchant énormément d’Hachem, au point que leur mission était achevée, et qu'ils en moururent.
Cependant, quelqu’un qui a des enfants, même s’il a fini sa mission dans ce monde, Hachem peut le laisser encore vivre, pour qu’il s’occupe encore d’eux, matériellement comme spirituellement.

=>Ainsi, certes Nadav et Avihou moururent, une fois leur mission achevée. Mais, ils ne bénéficièrent pas d’un supplément, car "ils n’eurent pas d’enfants", et n’avaient donc pas de raison de rester encore sur terre, une fois leur perfectionnement personnel atteint.

[même si un décret de mort plane sur nous, par le mérite de nos enfants on peut nous accorder de nombreuses années de vie supplémentaires!]

-> Le Torat Moché enseigne :
[On a pu voir que parmi les raisons de la mort des fils d'Aharon, il y a: ] ils ne s’étaient pas mariés, ils entrèrent ivres dans le Michkan et énoncèrent une loi devant leur Maître.
En réalité, ces 3 motifs ne font qu’un.
En effet, l’homme ne comprend l’importance de respecter ses parents qu’à partir du moment où il a des enfants ou des élèves auxquels il arrive de manquer de respect vis-à-vis de lui. Etant lui-même intransigeant à cet égard, il en déduit la manière dont il doit honorer ses parents et Maîtres.
=> Nadav et Avihou, restés célibataires, ne sont pas parvenus à cette prise de conscience. Aussi, manquèrent-ils de respect tant envers Hachem, en entrant ivres dans le Michkan, qu’envers leur Maître, en enseignant une loi en sa présence.

-> "Pour avoir apporté devant Hachem un feu étranger et ils n’avaient pas d’enfants" (Bamidbar 3,4)
Le Messekh ‘Hokhma explique : Le midrach (Vayikra 24a) dit que lorsqu’un homme faute, s’il a un fils tsadik, il n’est pas puni pour sa faute, sinon son fils aussi en souffrirait, or le fils est tsadik, donc pourquoi devrait-il souffrir?
C’est le sens du verset : "ils n’avaient pas d’enfant", car s’ils en avaient eu, il est possible que par leur mérite ils aient évité le châtiment.

<--->

-> Le ‘Hatam Sofer (Pitou’hé ‘Hotam) enseigne qu’un grand tsadik peut rester en vie afin de guider ses disciples comme ses propres enfants, ce qui signifie que la 2e étape de la Avoda ne se limite pas à l’aide apportée aux enfants, mais s’applique également à celle apportée à ses élèves.
[Ce concept apparaît deux versets plus haut (v.3,2), quand la Torah parle des disciples de Moché comme de ses enfants. Rachi explique que l’enseignement qu’il leur prodigua le fit devenir un père spirituel.
Ainsi, de la même manière qu’une personne a la responsabilité de guider ses enfants biologiques, elle doit agir pareillement envers ses enfants "spirituels". Apparemment, Nadav et Avihou n’eurent pas d’élèves qui auraient pu prolonger leurs vies. ]

<--->
-> 7°/ Le midrach (Vayikra rabba 20,10) rapporte qu'ils ont regardé la présence divine durant Sa révélation au mont Sinaï, d'une façon qui était trop familière et inappropriée.

Il est écrit : "Contre les nobles des enfants d'Israël ... ils contemplèrent D. et ils mangèrent et burent" (Michpatim 24,11).
Le midrach Tan'houma (Béaaloté'ha 16) explique les termes "les nobles des enfants d'Israël" comme faisant référence à Nadav et Avihou, qui ont mangé et bu pendant qu'ils regardaient la présence divine.

<--->

-> [Il est intéressant de constater que] selon une opinion, la faute de Nadav et Avihou consista à entrer au Michkan en état d'ébriété.
Ne serait-il pas déplacé et inconvenant d'entrer au palais royal pour accomplir son service en état d'ivresse?
De plus, l'ivresse de Nadav et Avihou les empêchait d'être attentifs à leurs actes ; ils apportèrent donc de l'encens sans en avoir reçu l'ordre.
Cette offrande, l'un des services les plus importants, aurait dû être présentée par Moché ou Aharon. C'est pour cette raison que Nadav et Avihou méritaient la mort.
[Méam Loez - Chémini 10,1]

<--->

8°/ "Ils apportèrent devant Hachem un feu étranger" (v.10,1)
Nadav et Avihou apportèrent du feu en offrande. En effet, le feu symbolise la rigueur, et ces 2 tsadikim étaient tellement grands qu’ils pensèrent pouvoir se dispenser de toute Bonté Divine. Et que même si on les jugeait avec la plus stricte rigueur, ils allaient être méritants, tellement ils étaient persuadés de n’avoir aucune faute ni aucune faille.

D'ailleurs, en réalité, ils avaient raison. Ils étaient tellement irréprochables qu’ils pouvaient sortir méritants même si on les jugeait avec la plus stricte sévérité.
Cependant, leur faute était que malgré tout, ils ne devaient pas avoir autant confiance en eux. Même s’il est totalement méritant, un homme doit néanmoins se considérer comme étant quelque peu manquant et ayant besoin de la Bonté Divine pour subsister.
=> Cette si grande confiance en soi qu’ils avaient contenait une fine part d’orgueil, et cela était leur faute.
[Rabbi Eliyahou Dessler - Mikhtav méEliyahou)

<------------------------>

-> Selon la guémara (Sanhedrin 52a), ils sont morts par un feu provenant du Saint des Saints, qui est rentré en eux par leur nez, et qui a brûlé leur âme.
De façon étonnante, leur corps est resté intact.

-> La Torah parle de : "un feu étranger" (ésh zara)
Le feu représente l'enthousiasme qu'ils avaient pour être au plus proche de D., cependant ce feu était "étranger" car il entraînait des actions contraires à la volonté de D.

Il faut faire attention à ce que de bonnes attentions n'entraînent pas des actes regrettables : la fin ne justifie pas les moyens.

[Ils avaient beaucoup d'amour de D., et pas assez de crainte.]

Puisque c'est uniquement leur âme bien-intentionnée (avec un enthousiasme mal placé) qui devait être punie, alors c'est seulement elle qui a été brûlée, laissant le corps (non fautif) intact.

<--->

-> Selon certains, Nadav et Avihou virent que tous les sacrifices avaient été offerts et que tout ce que Moché avait ordonné avait été accompli.
Malgré cela, le feu n'était pas descendu du ciel et la Présence Divine n'était pas manifeste dans le Michkan.
Ils voulurent commencer par brûler l'encens afin que la Présence Divine se manifeste et viennent brûler les offrandes, honorant ainsi Hachem. Ils apportèrent du feu extérieur et le placèrent sur l'autel sans la permission de Moché.

Hachem leur dit : "Je vous donnerai plus d'honneur que vous ne M'en avez accordé. Vous M'avez apporté un feu profane sans attendre le Mien, mais J'enverrai du ciel un feu pur qui vous consumera."

A ce moment-là, un feu sortit du Saint des saints et les consuma.
C'et ainsi qu'ils moururent devant Hachem : 2 langues de feu sortirent du Saint des saints et se divisèrent en 4.
2 entrèrent dans les narines de Nadav, et 2 autres dans celles d'Avihou.
Le feu brûla leur corps de l'intérieur mais leurs vêtements restèrent intacts ...

Selon certains, seule leur âme brûla ; leur corps resta intact. La Torah dit donc : "Ils moururent devant Hachem".
[d'après le Méam Loez - Chemini 10,2]

<--->

-> "Moché convoqua Michaël et Eltsafane, les fils d'Ouziel l'oncle d'Aharon, et leur dit : "Approchez-vous et retirez vos proches parents de l'intérieur du Michkan ; [emportez-les] hors du camp.
Ils s'approchèrent et portèrent [Nadav et Avihou] hors du camp dans leurs tuniques. (Chémini 10,4-5)

-> Les fils d'Ouziel emportèrent Nadav et Avihou hors du camp et leur enlevèrent leurs vêtements de Cohanim. Ils les couvrirent d'un linceul et les enterrèrent.
[les vêtements de Nadav et Avihou étaient restés intacts, puisqu'ils n'ont brûlé qu'intérieurement!]
[...]

Nos Sages sont d'opinion partagée quant à la façon dont Michaël et Eltsafane emportèrent les corps de Nadav et Avihou.
- Selon certains, ils n'entrèrent pas dans le Saint des saints pour les emporter bien qu'ils eussent une raison valable de le faire ; c'était nécessaire pour emporter les morts.
Cependant, il fut décidé du Ciel qu'ils n'aient pas à entrer. Un ange avait poussé Nadav et Avihou hors du Saint des saints de leur vivant. Ils moururent donc à l'extérieur, et ce fut de là qu'on les emporta.
- Selon d'autres, ils moururent à l'intérieur du Saint des saints et Michaël et Eltsafane les sortirent à l'aide de crochets de fer. Ils n'eurent donc pas à pénétrer dans le Saint des saints.
[Méam Loez - Chémini 10,4-5]

<-------------------->

+ "Un homme qui prendra sa sœur ... et il verra sa nudité et elle verra sa nudité, c'est une honte (en hébreu: 'hessed ou) et ils seront retranchés ..." (Kédochim 20,17)

-> D'après le Radak, le terme 'hessed a 2 sens : "bonté" et "honte".

Les 2 sont liés, car la honte liée à l'immoralité est la conséquence d'une trop grande bonté.
Celui qui se soucie trop de donner du plaisir et n'arrive pas à discipliner sa personne ou son entourage, risque de sombrer dans l'immoralité.

=> A leur niveau extrêmement élevé, on peut imaginer que Nadav et Avihou avaient un tel désir de se lier à Hachem, qu'ils ont été aveuglés par cette recherche au point d'en venir à fauter.

[la frontière est fine entre le zèle et l'enthousiasme souhaitables dans notre relation avec D., et une attitude avec trop de proximité, de familiarité et pas assez de crainte]

=> Il faut faire attention que sous couvert d'actes plein de bons sentiments, de bonté, nous n'en arrivons à agir de façon déplacée.

<--->

-> "Adorez Hachem avec crainte, et réjouissez-vous [en D.] avec tremblement" (Téhilim 2,1 - ivdou ét Hachem béyir'a, véguilou bir'ada)
Il y a 2 façons de se rapprocher de Hachem : par la crainte (yira) et par l'amour (aava).
Le Zohar enseigne qu'il faut tout d'abord servir Hachem avec crainte, et ensuite avec amour.
Le fait de servir Hachem comme il le faut avec crainte, est ce qui va permettre à une personne de pouvoir le servir avec amour.
[la crainte doit être la base, ce qui va canaliser dans la bonne direction le développement d'un amour débordant/infini pour D.]

Le Torat Cohanim (Chémini) dit que Nadav et Avihou ont : "ajouté de l'amour à de l'amour".
Ils sont morts car ils ne se sont pas rapprochés de D. de la bonne façon : plutôt que d'utiliser la crainte pour parvenir à l'amour, ils ont voulu y arriver en n'utilisant que de l'amour.
[le Béer Moché]

<------------------------>

+ "[Nadav et Avihou] apportèrent devant Hachem un feu étranger qu'Il ne leur avait pas ordonné [d'apporter]" (Chémini 10,1)

-> Lorsqu’un tsadik accomplie une mitsva, il le fait avec une telle ardeur et un tel enthousiasme, qu’il investit toute son énergie et toute sa vitalité dans cette mitsva.
C'est ainsi que suite à la mitsva, il ne lui reste plus de force au point que naturellement, il devrait mourir. Seulement, Hachem a mis dans chaque mitsva un potentiel de vie, comme il est dit concernant les mitsvot : "Il vivra par elles" ('haï bahem), et ne mourront donc pas à cause d’elles.
Un tsadik se donne tellement pour une mitsva qu'il doit normalement en mourir, mais cette mitsva possède le pouvoir de recharger de vie, ce qui le maintient en vivant.

Nadav et Avihou eux-aussi (au regard de leur très haut niveau spirituel), quand ils ont offert ce feu, il l’ont fait avec toutes leurs forces et toute leur vitalité, comme si c’était une mitsva. Seulement, la Torah atteste "que Hachem ne leur avait pas ordonné [d'apporter]", entraînant que cela n'était pas une mitsva de D., qui a ce potentiel de vitalité.
=> Ainsi, après avoir fait leur acte de dévotion avec toute leur âme, ils ne disposaient pas de la recharge de vitalité liée à la mitsva, et c'est ainsi qu’ils en moururent, purement et simplement.
['Hidouché haRim]

<------------->

9°/ D'après nos Sages, l'un des raisons de la mort de Nadav et Avihou serait due au fait que leurs parents ont inversé l'ordre des prénoms.
La femme d'Aharon s'appelait Elichéva bat Aminadav, et Aharon appela son fils aîné "Nadav" en son honneur, bien qu'il ne fut pas son père, mais son beau-père.
Quant à "Avihou", c'était le prénom du père d'Aharon (avi hou = c'est mon père), et il ne l'a donné qu'à son second fils.
[Sdé 'Hessed - Yoré Déa question 22]

[telle est la coutume chez les Séfarades de donner au 1er garçon le prénom du grand-père paternel, et le second fils sera nommé selon le prénom du grand-père maternel.
Le Ben Ich 'Haï (Choftim 27), ainsi que le rav Ovadia Yossef (Halikhot Olam) disent que la mère ne pourra pas exiger d'appeler leur premier fils d'après le prénom de son père, le mari ne pourra pas l'écouter, car par cela il transgresserait la mitsva de respecter son propre père.
Cependant, si le père de la femme est décédé, il pourra le faire avec l'accord de son propre père (le grand-père paternel).]

<------------->

10°/ Selon rabbi Lévi (un sage du 3e siècle), Nadav et Avihou sont morts à cause de la profonde peine qu'ils ont causée aux jeunes filles d'Israël qui auraient voulu se marier avec eux.
Ils étaient tellement arrogants et imbus de leur importance qu'ils ont préféré rester célibataires, jugeant toutes les jeunes filles qu'ils rencontraient comme indignes d'eux!

<------------->

11°/ Le Torat Cohanim (1,32) écrit : "Nadav et Avihou ne demandèrent pas conseil à Moché ... et chacun partit de son propre chef, sans tenir conseil".
Ainsi, les fils d’Aharon n’offrirent pas l’encens ensemble ; ils eurent tous deux la même idée indépendamment et allèrent isolément dans le Michkan.

On leur reproche de n’avoir pas pris conseil auprès de leur maître, Moché Rabbénou, avant d’entreprendre cet acte intrépide, mais aussi de ne s’être pas concerté avant d’agir.
Rav Berel Soloveitchik trouve ce midrach très difficile à saisir ; on comprend bien qu’ils dussent faire appel à Moché, puisque celui-ci leur aurait certainement conseillé de ne pas approcher l’encens, mais pourquoi désapprouver le fait qu’ils n’aient pas pris conseil mutuellement ? Tous deux étaient certainement convaincus de la validité de leur projet : qu’allaient-ils donc gagner à en discuter, si ce n’est d’en confirmer sa justesse?

Le rav Soloveitchik répond que l’on apprend d’ici un principe fondamental sur la nature humaine : on peut désirer commettre une mauvaise action et reconnaître en même temps sa nature négative quand une autre personne l’accomplit.
En effet, chacun est influencé par son yétser ara qui l’empêche de prendre des décisions en toute objectivité. Celui-ci voile notre raisonnement et nous fait croire que nos actions sont acceptables.
Or, quand notre prochain est sur le point de faire la même faute, nous sommes capables de considérer les choses avec plus de recul et d’avoir une analyse plus objective et juste. Parce que quand il s’agit d’autrui, on n’est pas embrumé par un désir d’autosatisfaction et l’on peut juger plus correctement de la pertinence de ses intentions.
Donc, si Nadav avait pris conseil auprès d’Avihou (et inversement), ce dernier aurait certainement vu le côté négatif du raisonnement de son frère, même s’il projetait de faire la même chose. C’est l’objet de la critique qui leur est faite.

-> " Acquiers pour toi un ami" (Pirké Avot 1,6)
Rabbénou Yona nous enseigne l’importance d’avoir au moins un ami qui puisse jouer le rôle de spectateur neutre sur nos actions, et cet ami ne doit pas forcément être d’un niveau supérieur au nôtre.

Le rabbi Yéhonathan Gefen commente :
Nous apprenons de ce développement une leçon très importante dans la vie : une personne ne doit pas se baser sur ses propres jugements concernant ses actions ; nos décisions seront biaisées par notre subjectivité qui justifiera nos fautes. Il est important de comprendre la nécessité d’avoir un ami qui est prêt à prodiguer des conseils judicieux, voire à réprimander, si nécessaire, s’il nous voit aveuglés par nos désirs.

<------------------------>

-> "Après la mort des deux fils d’Aharon" (Chémini 16,1)

D’après le Zohar, Nadav et Avihou avaient moins de 20 ans, ce pour quoi ils sont appelés "fils d’Aharon", en référence à leur statut d’enfant dépendant de leur père.
=> S’il en est ainsi, pourquoi furent-ils punis par D., alors que l’homme ne l’est qu’après avoir atteint cet âge?

Le Hadrach véhaIyoun explique, en s’appuyant sur les paroles de nos Maîtres (guémara Béra'hot 31b), qu’un jeune enfant particulièrement intelligent peut être puni avant 20 ans. C’est pourquoi Eli Hacohen dit à Chmouel, âgé de 2 ans, qu’il était passible de mort, car il avait perçu sa grande sagesse.

D’où la suite du verset "qui, s’étant avancés devant Hachem", nous expliquant la cause de leur mort : du fait qu’ils avaient accédé à un haut niveau, étaient très proches de D., ils décédèrent, bien qu’ils n’eussent pas encore atteint l’âge d’être punis par le Ciel.

<------------------------>

"[Nadav et Avihou] apportèrent devant Hachem un feu étranger qu'Il ne leur avait pas ordonné [d'apporter]" (Chémini 10,1)

-> Le Rabbi de Loubavitch rapporte le commentaire du Ohr ha'Haïm haKadoch qui dit qu'en fait Nadav et Avihou ne commirent aucune faute.
En fait, ils s'élevèrent tellement par leur acte et se rapprochèrent tellement de la Lumière Divine, que leur âme s'attacha à Hachem et fut attirée par la douceur de Sa Lumière. C'est ainsi qu'ils moururent. C'était une mort de dévotion.

De plus, même quand un homme est proche d'Hachem, tant qu'il est encore séparé de Lui, il aura besoin qu'Hachem lui exprime Sa Volonté pour qu'il l'accomplisse. En effet, cet homme n'est pas encore arrivé à un niveau d'attachement avec Hachem tel que sa volonté se confonde avec la Volonté Divine. Mais l'homme qui s'est tellement attaché à Hachem, peut arriver au niveau de proximité tel que sa propre volonté s'efface complètement devant la Volonté Divine.
Ainsi, la Volonté d'Hachem deviendra sa volonté personnelle. Il n'aura plus d'autre volonté autre que celle d'Hachem. De ce fait, il en viendra à accomplir les mitsvot tout à fait naturellement, comme un homme qui réalise ses propres désirs.
A ce niveau, un tel homme n'aura plus besoin d'Ordre Divin pour appliquer la Volonté Divine, au même titre que l'on ne donne pas d'ordre à un homme pour qu'il réalise sa volonté personnelle.
Nadav et Avihou se sont tellement élevés et rapprochés d'Hachem lorsqu'ils apportèrent leur encens, qu'ils furent "aspirés" par la Lumière Divine et en moururent.
A ce niveau, ils s'attachèrent à Hachem au point que la Volonté d'Hachem est devenu complètement leur propre volonté. A ce niveau qu'ils atteignirent, ils n'avaient plus besoin qu'Hachem leur exprime Sa Volonté par l'émission d'un ordre.

Telle est l'allusion de notre verset : "Ils apportèrent un feu étranger qu'Il ne leur avait pas ordonné" = Ce feu était étranger, car il leur avait permis de s'élever de façon extraordinaire, ce niveau était étranger au niveau habituel que les encens accordent à l'homme. Ce degrés d'élévation était tel qu'"Il ne leur avait pas ordonné". Ils se sont élevés au point de ne plus avoir besoin d'ordre.

<--->

-> "Hachem parla à Moché, après la mort des deux fils d’Aharon, qui, s’étant avancés devant Hachem, avaient péri" (A'haré Mot 16,1)

La mort des fils d’Aharon et leur faute sont évoquées à 4 reprises. Et ce, afin de souligner que c’était là leur seule et unique faute.
"Voyez combien est dure la mort des fils d’Aharon devant Hachem! souligna Rabbi Elazar Hamodaï. A chaque fois que leur disparition est évoquée, leur faute aussi."
Pourquoi?
Afin de faire taire les mauvaises langues, qui auraient pu dire qu’ils fautaient en secret, et que c’est ce qui causa leur mort.
[Pessikta déRav Kahana]

<------------------------>

-> "Toute la maison d’Israël pleura ceux qu’a brûlés Hachem" (Chémini 10,6)

Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1182) enseigne :
Nadav et Avihou savaient que le jour de l’inauguration du Michkan, une immense joie régnerait dans les sphères supérieures et inférieures ...
Or, Nadav et Avihou craignirent que ce débordement de joie empêche les enfants d’Israël de réparer l’atteinte portée par leur péché à l’ensemble des mondes.
En effet, s’ils étaient uniquement plongés dans la joie, leur esprit ne serait pas libre pour terminer de réparer le péché du veau d’or, qui avait entraîné le départ de la Présence divine. Et, s’ils ne mettaient pas à profit le jour de l’inauguration du Michkan pour le réparer à la racine, Hachem risquait de nouveau de prendre congé d’eux.

Ainsi, appliquèrent-ils la vérité énoncée par le verset : "Mieux vaut aller dans une maison de deuil que dans une maison où l’on festoie" (Kohélet 7,2). Ils furent prêts à mourir le jour où la Présence divine reviendrait résider parmi le peuple juif, afin que ses membres déplorent leur disparition, et par ce biais, se repentent et se purifient complètement de toute trace de péché, permettant ainsi à Hachem de continuer à résider parmi eux.

Ces 2 tsadikim, fils d’Aharon, comprirent que la joie accompagnant le déploiement de la Présence divine ne pouvait pas, à elle seule, conduire les enfants d’Israël à une réparation absolue de leur péché. Pour cela, il était nécessaire qu’ils s’endeuillent, car ceci les conduirait à se remettre en question, à réfléchir pourquoi D. fut contraint de les quitter momentanément et à définir leur raison d’être sur terre.
Hachem conscient de leur pureté d’intentions, accepta leur démarche, comme le souligne notre verset : "Toute la maison d’Israël pleura ceux qu’a brûlés Hachem" (Chémini 10, 6)."

<--->

-> Dans un commentaire sur la paracha de Bamidbar (Bamidbar 3,4), Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1187) enseigne :
"Nadav et Avihou étaient si attachés à Hachem qu’ils dédaignèrent tout ce qui avait trait à la matière, n’aspirant qu’à se rapprocher encore davantage de Lui. Ils le firent tant et si bien qu’ils virent la lumière éclatante émanant des vertus d'Hachem. Voulant tellement y adhérer, ils ne parvinrent pas à faire marche arrière et moururent, consumés par Hachem, "feu dévorant".

Par contre, d’autres tsadikim, comme Moché et Aharon, s’attachèrent également à Hachem, mais avec pondération et précaution. Ils savaient jusqu’où il leur était permis de se rapprocher de Lui et ne dépassèrent pas cette limite, ce qui leur permit de rester en vie. C’est pourquoi il est dit "Je serai sanctifié par Mes saints", car les fils d’Aharon aspiraient tant à adhérer à Hachem que cela leur coûta la vie.

Comment expliquer qu'Hachem, "feu dévorant", puisse résider à l’intérieur de notre être sans nous brûler?
Il s’agit là d’un grand miracle pour lequel nous devons Le remercier à tout instant. Le Créateur se réduit en nous, de sorte à ne pas nous brûler.
Afin de concrétiser cette réalité, Hachem a permis à Nadav et Avihou d’être brûlés vifs, pour nous enseigner que cela devrait normalement arriver à tout homme. Mais, dans Sa grande bonté, D. a pitié de nous et fait en sorte que nous puissions rester en vie, malgré Sa Présence en notre sein.
Il nous incombe de Le louer constamment pour cet immense miracle permanent, comme nous le disons dans les derniers mots de la bénédiction de acher yatsar : "oumafli laassot" (qui fait des prodiges)."

<-------------->

-> "Et vos frères, toute la maison d'Israël, pleureront l'embrasement que Hachem a enflammé" (Chémini 10,6)

=> On peut s'interroger sur cet Ordre Divin à l'adresse du peuple de pleurer la mort de Nadav et Avihou. En effet, devant un tel drame, tout le monde fut sensibilisé et peiné jusqu'aux larmes. Pourquoi donc donner un tel ordre de pleurer à ceux qui pleureront d'eux-mêmes? Et pour ceux qui ne sentent pas les pleurs venir, peut-on forcer quelqu'un à pleurer?

-En fait, l'ordre ne concernait pas le fait même de pleurer. Seulement, Hachem prescrit au peuple que quand ils pleureront, ils auront conscience qu'ils sont en train de se lamenter pour l'embrasement "que Hachem a enflammé". C'est-à-dire qu'ils devront se rappeler que ce drame vient d'Hachem et c'est Lui Qui a provoqué la mort de ces deux jeunes gens, pour la faute qu'ils ont commise.
Et surtout, qu'ils n'imaginent pas que ce drame est venu suite à des causes naturelles.
[rabbi Yaakov Neuman]

"Ils transmirent le message ... : ''Homme ou femme ne feront plus le travail''... Et le peuple cessa d'apporter" (Vayakél 36,6)

=> Quel rapport entre l'ordre d'arrêter le travail sacré de construction du Michkan et l'arrêt du peuple d'apporter des offrandes?

En fait, le peuple avait déjà amené suffisamment d'offrandes pour fabriquer le Michkan. Mais dans leur élan, on ne pouvait plus les arrêter d'en apporter, car ils étaient tellement poussés par leur grande générosité et leur bonne volonté qu'ils ne pouvaient pas se freiner.
Ainsi, pour les stopper, le conseil qu'il fallait appliquer était de déclarer qu'il fallait arrêter le travail de construction. Car tant que le peuple voyait le travail se faire, cela les encourageait d'apporter encore des offrandes, car cela créait une stimulation. Mais, quand on arrêta le travail, alors cela entraîna aussi que le peuple cesse d'apporter des offrandes.
Ainsi, le fait de déclarer d'arrêter le travail, c'était l'astuce pour arrêter les offrandes.
Tout cela met en évidence la grande générosité du peuple.
['Hidouché haRim]

<--------->

"Moché ordonna qu'on fasse passer dans le camp une proclamation disant : "Que ni homme ni femme ne fassent plus de travail pour le don au Sanctuaire!" Et le peuple fut empêché d'apporter.
Et le travail était suffisant pour tout le travail, pour le faire et il y en avait en surplus" (Vayakél 36,6-7)

La générosité du peuple n'ayant pas de limite, Moché a proclamé que l'on cesse d'apporter des dons.
Pourquoi cela?
On peut toujours trouver une utilité à ce surplus de don : par davantage d'ornements, d'embellissements, de récipients, ... ?
Le michkan aurait alors ressemblait au luxueux Temple construit plus tard par le roi Chlomo.

Rabbi Ménachem Zaks (Ménachem Tsion) dit que le michkan devait être un structure temporaire et mobile.
Ainsi, plus on donnerait et ajouterait pour le michkan, plus les lévi'im aurait d'éléments à porter entre 2 campements.

Par contre, le Temple était conçu pour être une structure permanente et fixe à une seule location.
Il avait ainsi une quantité sans fin de matériaux précieux et on pouvait lui donner des objets sans limitation.

=> On apprend d'ici que lorsque l'on veut prendre sur nous une nouvelle mitsva ou 'houmra, nous devons être sûr que nous ne blessons, ni ne gênons pas quelqu'un d'autre.

Faire une 'houmra ne doit pas se faire au détriment de notre prochain.
En effet, Moché a demandé à arrêter les dons destinés à embellir le michkan (lieu de résidence de D. parmi le peuple), afin de ne pas porter préjudice aux lévi'im qui en assuraient le transport dans le désert.

<-------------------------->

"Il fit la barre du milieu pour filer à l'intérieur des planches de bout en bout" (Vayakél 36,33)

-> La barre du milieu (béria'h ati'hon) était la poutre du milieu qui soutenait les murs du michkan.

-> La guémara (Shabbath 98b) nous dit que par nature c'était un miracle complet.

-> D'où venait-elle?
1°/ Selon le Targoum Yonathan ben Ouziel (36,33) : de l'arbre planté par Avraham : "il planta un échel (arbre) à Beer Shéva et il proclama là le Nom de Hachem" (Vayéra 36,33).
Les anges l'ont coupé et jeté dans la mer Rouge, et il a flotté jusqu'à ce que Moché le récupère.

2°/ Selon une autre opinion (le midrach), c'était initialement le bâton de Yaakov.

<--->

-> "Pour concevoir des œuvres d’art, et mettre en œuvre l’or, l’argent et l’airain" (Vayakel 35,32)

Le Midrach explique que "l’or" = c’est Avraham, "l’argent" = c’est Its’hak, "l’airain" = c’est Yaakov.
Pendant que les artisans confectionnaient les objets saints que le peuple avait offerts comme don au Sanctuaire, ils mentionnaient à voix haute les noms des patriarches Avraham, Its’hak et Yaakov.
Ce faisant, ils éveillaient dans les cœurs des bné Israël l’amour pour cette mitsva.

<--->

-> "Tous ceux qui se trouvaient en possession de bois de chitim propre à l’exécution du service, l’apportèrent" (Vayakel 35,24)

=> Il y a lieu de s’étonner : pourquoi le bois de chitim est-il cité à part et non pas à la suite du verset "quiconque donne de l’argent, de l’airain et du bois de chitim "?
D’autre part, pourquoi est-il dit uniquement à propos du bois de chitim : "propre à l’exécution du service"?

Le Ben Ich Haï répond :
Nos Sages demandent dans le midrach d’où ils avaient du bois de chitim dans le désert. Yaakov leur avait dit de planter des arbres de chitim au pays de Gochen et, en sortant d’Egypte, ils les avaient emportés.
Donc, d’après cela, ceux qui avaient porté ces bois depuis l’Egypte s’étaient donné beaucoup de peine, 100 fois plus que pour l’or, l’argent et l’airain (le cuivre).
A cause de cette peine qu’ils s’étaient donnée, Hachem a considéré leur don comme si l’or, l’argent et les autres matières qui avaient été apportées venaient de leur part, ainsi la récompense qu’ils méritaient serait grande.
C’est ce que signifie le verset : "Tous ceux qui se trouvaient en possession de bois de chitim" et avaient donc fourni beaucoup d’efforts, on le leur a compté comme si tout venait de leur part.

<-------------------------->

+ "Le peuple fut empêché d'apporter" :

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch explique que certes au bout du compte, après que toutes les offrandes aient été apportées, il s’est avéré qu’il y en avait en plus. Mais, par amour de Son peuple, Hachem ne souhaitait repousser aucune offrande, et toutes devaient servir à l’œuvre du Michkan.
C’est ainsi que bien que certains dons étaient en trop, malgré tout, par miracle, toutes les offrandes trouvèrent leur place dans le Michkan de sorte qu’au bout du compte les offrandes étaient juste "suffisants", sans surplus.
=> Hachem réalisa ce miracle par amour pour le peuple juif, pour que le don d’aucun d’entre eux ne soit repoussé et ne serve pas dans le Michkan.
Ainsi, le verset dit que certes, il y avait du surplus dans les dons amenés, mais au final, par miracle les dons étaient suffisants, sans surplus.

-> Le Ben Ich 'Haï rapporte que chaque élément fabriqué dans le Michkan, a été conçu avec des pensées très élevées et très spirituelles. Certes, chaque élément était en soi matériel, mais il renfermait des pensées spirituelles. Et bien que chaque élément matériel ait une valeur intrinsèque, de par lui-même, malgré tout, grâce aux pensées qu’il renfermait, sa valeur augmentait de beaucoup.
Ils ajoutèrent en qualité, en beauté, augmentant ainsi la valeur de leurs contributions, à l’image d’un diamant, dont la valeur augmente lorsqu’il est monté sur une bague en or, sa beauté apparaissant alors dans tout son éclat.
C’est à cela que le verset fait allusion. "Le travail était suffisant pour faire tout le travail" = c’est-à-dire que le travail d’attirer la sainteté spirituelle dans chaque élément, était suffisant pour faire tout le travail matériel.
Chaque objet matériel était empreint des saintes intentions de façon suffisante, et ces pensées spirituelles apportaient un "surplus" de valeur à chacun de ces objets.
Ces pensées pures étaient un supplément qualitatif, par rapport aux dons originaux, qui octroya une beauté spirituelle au michkan et amplifia la gloire Divine.

-> Le Beth Its'hak (rapportant un des Admourim de Vorka) explique que le Michkan a été construit pour apporter une expiation à la faute du veau d’or.
Non seulement les dons et les offrandes apportées ont été suffisants pour obtenir le pardon de cette faute, mais en réalité ils dépassaient même cet objectif, en étant supérieurs à ce qu’il fallait.
=> Du point de vue de l’expiation de cette faute (objectif du Michkan), il y avait même du surplus, plus que ce qui était exigé.

-> Le Beer Maïm 'Haïm dit que pour la construction du Michkan, lieu de Résidence pour la Présence Divine, il convient d’embellir et d’honorer ce lieu le plus possible. Ainsi, il n’aurait pas été convenable d’apporter le strict minimum nécessaire, car cela pourrait sembler être de la radinerie et de l’étroitesse.
=> C'est ainsi que par amour, les juifs ont apporté les offrandes avec générosité au point d’apporter plus qu’il en fallait. Mais ce surplus, qui n’était pas nécessaire pour la fabrication à proprement dite, servait à attester de la générosité des donateurs pour cette œuvre si importante.
S’ils avaient amené uniquement ce qu’il fallait, cela n’aurait pas été véritablement assez pour attester de l’amour de cette cause. De sorte que pour être suffisant, il fallait qu’il y en ait plus!

-> Le Sfat Emet fait le commentaire suivant :
Pour la fabrication du Michkan, il fallait que l’action corresponde exactement à la volonté du cœur, pour que l’offrande soit authentique, à savoir conforme au cœur.
Mais certains, pour recevoir des éloges ou ne pas avoir honte, ou encore d’autres raisons intéressées, apportèrent plus d’offrandes que ce que leur cœur désirait vraiment.
=> C’est à cela [en particulier] que fait allusion ce verset : "Le peuple apporte trop" = leur action surpasse la volonté de leur cœur. Et une telle chose ne convenait pas pour la fabrication du Sanctuaire d’Hachem, où l’authenticité devait être la base.

-> "Le peuple fut empêché d'apporter"
Le Sifté Cohen (rabbénou Mordé'haï haCohen) explique : "le peuple" fait référence ici au : érev rav, qui apportaient des donations car ils se sentaient forcés de le faire, n'ayant pas d'intentions convenables, puisque pas léchem chamayim.
Lorsque Moché a entendu cela, il a demandé aux gens d'arrêter d'apporter des donations car le Michkan nécessite une véritable pureté de ceux qui sont impliqués dans sa construction.
[pour Hachem l'essentiel n'était pas l'objet amené (Il n'a besoin de rien!), mais plutôt le cœur de celui qui l'apportait!]
Immédiatement alors, les gens du érev rav ont été plus que content de pouvoir arrêter.

<----------------------------------->

"Ils (Bétsalel, Aholiav et les autres hommes l'aidant dans la construction) prirent de devant Moché tout le prélèvement que les enfants d'Israël avaient apporté ... Ils continuaient à lui apporter des dons volontaires matin après matin" (Vayakél 36,3)

=> Comment comprendre ce verset : Qui et pourquoi continuaient-ils à apporter des dons? Pourquoi tous les matins?

Le rav Barou'h Frankel Toumim (le Barou'h Ta'am), cite la halakha qu'un salarié a le droit de prendre une pause au milieu de sa journée de travail afin de manger, et son salaire ne doit pas en être diminué par son employeur (Choul'han Aroukh - Hochen Michpat 358).
Bien qu'il soit parfaitement permis pour un salarié de suivre cette pratique, les travailleurs qui ont construit le Michkan dans le désert n'ont pas agi ainsi.
Ils avaient conscience de l'importance de leur travail (construire la demeure de D. dans ce monde!) et ils ont refusé de faire la moindre pause dans leur mission sacrée, pas même pour une seule minute.
Cependant, une personne a naturellement besoin de manger durant la journée (surtout pour être pleinement efficace), et ces hommes n'y échappaient pas. Qu'ont-ils fait?
Ils se levaient le matin plus tôt que d'habitude, et ce temps supplémentaire au travail leur permettait de "perdre" du temps pour manger lorsqu'ils en avaient besoin durant la journée.

=> La Torah décrit comment Bétsalel, Aholiav et les autres hommes ("sage de cœur") qui ont participé à la construction du Michkan, ont : "apporter des dons volontaires matin après matin" = cela correspondait au temps où ils se levaient plus tôt le matin pour aller au travail, afin de n'avoir à déduire aucune minute de leur tâche sacrée (même si la halakha le permet).

==> Tout juif peut en prendre exemple, en décidant également de dédier chacun des instants disponibles de sa vie à faire la volonté de Hachem, même si pour cela il faut se lever un peu plus tôt.

<-------------------------->

"Le travail était suffisant pour tout le travail, pour le faire et il y en avait en surplus" (Vayakél 36,7)

=> Est-ce que c'était "suffisant" ou bien "il y en avait en surplus"?

-> Le Divré Yoël donne la réponse suivante :
Il y en avait suffisamment pour le Michkan, et le surplus a permis de construire un lieu d'étude (beit midrach).
Le Michkan était le lieu de résidence de la Présence Divine (Ché'hina). Cependant, pour que les juifs soient méritants qu'elle réside parmi eux, ils devaient s'y préparer en étudiant la Torah.
C'est pourquoi tant qu'ils n'avaient pas terminé de bâtir le beit hamidrach, la construction du Michkan ne pouvait pas être complète, puisqu'ils ne méritaient pas que la Présence Divine réside parmi eux.

=> D'un côté, le travail du Michkan était "suffisant", mais d'un autre côté, "il y avait un surplus" qui devait encore être utilisé afin d'édifier le beit midrach (lieu destiné à l'étude de la Torah), qui permettrait aux juifs d'être suffisamment méritants pour recevoir la Ché'hina.

<---->

-> A ce sujet, le Béré'h Moché enseigne également :
Moché a dit à Hachem que concernant le Michkan tout était réalisé, et il a demandé ce qu'il devait faire du matériel en surplus.
Hachem lui a répondu qu'il devait construire un : Michkan lé'eidout = un grand beit midrach, un lieu d'étude de la Torah.

Selon le Binyan Ariel, Moché était le "gizbar" (la personne en charge des fonds), pour la construction du Michkan.
Or la loi juive (Choul'han Arou'h - Ora'h 'Haïm 153,65) est qu'une fois que de l'argent est sous le contrôle du "gizbar", il n'a pas le droit d'utiliser le moindre centime pour quelque chose d'une kédoucha inférieure à ce qui a été prévu.
=> On peut s'interroger : le Michkan ayant davantage de sainteté que le beit midrach, comment Moché a-t-il pu utiliser des fonds du Michkan pour bâtir le beit midrach?

En se basant sur les paroles du Divré Yoël ci-dessus, nous pouvons répondre qu'en réalité ce plus haut niveau de sainteté du Michkan, n'est devenu effectif qu'une fois que le beit midrach a pu être édifié.
En effet, c'est la construction d'un lieu d'étude de la Torah, qui a permis à la Présence Divine de venir résider dans le Michkan, le propulsant alors à un haut niveau de sainteté.

<--->

-> "Les matériaux suffirent pour l’exécution de tout l’Ouvrage [le Michkan], et par-delà [והְותֵֹר - véotèr- et même au-delà]" (Vayakel 36,7)

1°/ Rachi commente : "Les matériaux qu’on avait apportés étaient suffisants à ceux qui accomplissaient le travail pour toute la construction du Tabernacle pour le faire, et pour qu’il en reste."

2°/ Le Ohr ha'Haïm haKadoch nous fait remarquer en réalité que le verset se contredit. En effet, d’un côté le texte nous dit que les matériaux étaient suffisants, c’est-à-dire qu’il y en avait juste assez, et d’autre part il est écrit qu’il en resta (car il y en avait trop). Le commentateur explique que le verset vient nous faire entendre combien Hachem chérit ses enfants. Bien qu’en réalité les Bné Israël apportèrent plus que ce qu’il fallait, D. considéra le don de chacun. Il ne voulait décevoir personne! Ayant apporté au-delà de la mesure, certains auraient pu en effet être déçus et s’imaginer que leur offrande ne serait pas utilisée pour la construction du Michkan.
C’est la raison pour laquelle le verset insiste pour dire qu’il y avait suffisamment de matériaux (juste ce qu’il en faut) afin que chacun ressente le mérite de voir son offrande utilisée. [Également, si les travaux effectués avaient été tous justes suffisants, chacun aurait pu s’enorgueillir à la pensée que c’était grâce à sa contribution que la Chékhina était venue résider en Israël. C’était pour éliminer de telles spéculations répréhensibles que le produit excédent, allant au-delà de la mesure strictement suffisante, s’avéra nécessaire].

3°/ Rabbi ‘Haïm Vital nous dit qu’en réalité, la quantité de matériaux était suffisante (juste ce qu’il faut) mais puisqu’ils furent utilisés pour une œuvre sainte, la bénédiction de l’abondance régna et ainsi, il en resta.

4°/ Le Ramban explique que cet excédent ne représentait pas une quantité assez importante pour qu’il en fût fait état dans les comptes rapportés dans la Paracha de Pékoudé (il était donc négligeable).
Il fut réservé pour des réparations ou aménagements ultérieurs ou encore pour la confection d’objets sacrés de réserve.

5°/ Le midrach (Chémot rabba 51) relate que Moché s’est rendu chez Betsalel (l’artisan du Michkane) et constata qu’il restait du surplus des prélèvements des Béné Israël, après que fut achevé la construction du Tabernacle. Il dit alors devant le Saint, béni soit-Il : "Maître du Monde, nous avons effectué les travaux du Michkan et il nous reste des matériaux. Que doit-on en faire?"
Hachem lui répondit : "Va et fais-en un ‘Tabernacle de témoignage’ (un Beth HaMidrach pour étudier la Torah – Yafé Toar)."

Le midrach explique ici, de manière allégorique, ainsi la redondance du mot "Michkan" du premier verset de la paracha de Pékoudé : "Voici le décompte du Tabernacle (le Michkan pour la résidence de D.), le Tabernacle de témoignage (le Beth HaMidrache pour les Béné Israël).» Après que les Béné Israël aient accepté la Torah en prononçant les mots : "Naassé VéNichma" (Nous ferons et nous écouterons), ils reçurent aussitôt l’ordre de construire le Michkan.

Le Divré Yoël explique qu’il était nécessaire qu’ils construisent alors un Beth HaMidrache, pour apprendre les Lois, et notamment celles relatives au Service divin, afin de faire résider en eux la Chékhina de façon parfaite.

"Voyez, Hachem a proclamé nommément Bétsalel ... Il l'a rempli d'esprit divin, de sagesse, d'intelligence et de connaissance ... pour penser des pensées, pour travailler l'or, l'argent et le cuivre" (Vayakél 35,30-32)

-> Hachem a donné à Bétsalel l'esprit divin, la sagesse, l'intelligence et la connaissance.

Selon la guémara (Béra'hot 55a), cela signifie que Bétsalel connaissait les secrets du comment unir les lettres de l'alphabet afin de faire le michkan, comme Hachem a pu utiliser ces lettres pour créer le ciel et la terre.

[Rabbi 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm) affirme également que la création du Michkan était similaire à la Création du monde. De même que pour créer un lieu de résidence pour l'homme : "Hachem par la sagesse, a fondé la terre ; par l'intelligence, il a affermi les cieux. Par sa connaissance, les abîmes s'entrouvrent, et les nuées ruissellent de rosée." (Michlé 3,19), de même Bétsalel a utilisé ces 3 attributs : la sagesse, l'intelligence et la connaissance, afin de construire un lieu de résidence pour Hachem.]

-> La Torah nous dit : "penser des pensées" (la'hchov ma'hachavot).
Qu'est-ce que cela signifie? Peut-on penser autre chose que des pensées?

Selon nos Sages (comme le 'Hidouché haRim ou Rabbi 'Haïm de Volozhin), Bétsalel était capable de discerner à la fois l'intention et le niveau spirituel de chaque donateur au michkan.
Par exemple, si quelqu'un donnait avec plein d'enthousiasme et vraiment pour l'honneur de Hachem, alors ce qu'il apportait était utilisé pour les biens les plus précieux, comme l'Arche.

Si le niveau et l'intention étaient moindres, alors la donation était utilisée pour des biens moindres.

=> Ainsi, Bétsalel savait "penser les pensées" des donateurs afin de travailler l'or, l'argent et le cuivre.

<------------------->

"Betsalel fils de Ouri et de 'Hour de la tribu de Yehouda" (Vayakél 35,30)

Pourquoi la Torah remonte-t-elle la généalogie de Betsalel à 'Hour, son grand-père ?

En remontant sa généalogie à 'Hour, la Torah veut enseigner que cette intelligence lui est venue par le mérite de son grand-père, 'Hour. En effet, quand le peuple fit le veau d’or, 'Hour essaya à tout prix d’empêcher la faute, et pour cela, il fut prêt même à donner sa vie et le peuple le tua.
Une telle attitude s’oppose au bon sens. 'Hour a agi pour l'Honneur d’Hachem, sans aucune logique et aucune considération.
L’intelligence de l’homme lui permet de se protéger et de sauver sa vie. 'Hour mit son intelligence de côté et donna sa vie pour empêcher la faute.
=> Hachem le récompensa en lui donnant Bétsalel comme petit-fils, qui fut justement doté d’une intelligence extraordinaire.
[Méchèkh 'Hokhma]

<--->

-> La récompense que Hachem a accordé à Betsalel, fut celle de lui donner une intelligence hors du commun. Cette récompense est très précise. Car 'Hour a complètement fait abstraction de son bon sens, pour l'Honneur de Hachem. Il s'imposa aux juifs insurgés, pour empêcher la fabrication du veau d'or et y perdit la vie. Apparemment, il s'agit d'un acte irréfléchi voire insensé. Un acte qui va à l'encontre de l'intelligence de base, qui incite l'homme à protéger sa vie. Et pour avoir "sacrifié" son bon sens, pour ne pas avoir réfléchi et avoir donné sa vie, sans aucun calcul rationnel, sa récompense fut justement rendue.
Son petit-fils Betsalel fut doté de la plus grande intelligence. Cela montre comment Hachem rétribue les efforts investis pour Son Honneur. Celui qui renonce au bon sens, méritera l'intelligence. De même, celui qui renonce à son argent, méritera la richesse. C'est ainsi que la tsédaka enrichit l'homme. Hachem accorde en récompense l'élément même auquel l'homme a été prêt à renoncer pour Son Honneur.

<-------------------->

-> b'h, également sur Bétsalel : http://todahm.com/2022/01/03/35605

"Et le peuple commença à agir de façon immorale avec les filles de Moav ... Israël s'est attaché à baal péor et la colère d'Hachem s'enflamma contre Israël" (Balak 25,1-3)

-> Rachi explique que la pratique de ce culte consistait à se dévêtir devant la statue pour ensuite déféquer.

=> Quel est le sens de ce culte idolâtre de baal péor d'après la kabbale?

Nous avons reçu de nos maîtres les Mékoubalim que le fondement de l'idolâtrie réside dans le fait de transmettre de la force de sainteté au sitra a'hra. Aussi, pour comprendre ce phénomène mystérieux du culte de baal péor, nous devons comprendre le secret de la nutrition.

Le Arizal (taamé mitsvot Yitro) nous enseigne qu'il existe dans chaque aliment une force de vie spirituelle, des étincelles de sainteté. Puisque le corps de l'homme est fait de matière, la nourriture qu'il consomme est également matérielle.
Lorsque l'homme se nourrit, les éléments nutritifs qui renferment ces forces vives, étincelles de sainteté, sont absorbés par le corps tandis que les déchets qui ne contiennent plus de forces vives vont être expulsés à l'extérieur. Après la digestion, les résidus expulsés dans les selles ne contiennent plus aucune
étincelle de sainteté.
Ainsi, aucune étincelle de sainteté n'est transmise aux forces du sitra a'hra.

=> D'après ce que nous venons de dire, le peuple n'a donc transmis aucune force au mal. Dans ce cas, pourquoi est-il interdit de faire ses besoins devant une effigie d'avoda zara?

-> Il est écrit dans la guémara (Sanhédrin 64a) un enseignement de Rav Yéhouda rapporté au nom de Rav : une fois, une femme non-juive était très malade. Elle promit que si elle guérissait, elle pratiquerait tous les cultes idolâtres existant dans le monde. Elle se rétablit et commença à pratiquer tous les cultes idolâtres comme elle s'était engagée à le faire.
Lorsqu'elle se présenta devant les prêtres de baal péor, elle leur demanda en quoi consistait ce culte et ce qu'elle devait faire. Ils lui expliquèrent qu'elle devait manger des téradine (Rachi explique que c'est un aliment qui libère les intestins) et boire de l'alcool.
Elle déclara : il est préférable pour moi de retomber malade plutôt que de pratiquer un culte idolâtre aussi répugnant!

La raison pour laquelle les prêtres demandèrent à cette femme de manger des téradine réside dans le fait que ces derniers accélèrent le processus de descente des aliments dans les intestins sans les digérer complètement, c'est-à-dire avant que le corps ne puisse trier entre les forces vives qui doivent être absorbées et les détritus qui doivent être expulsés.
Il se trouve donc que le tri n'ayant pas été réalisé totalement par le corps, des forces vives, étincelles de sainteté, restent encore dans les aliments expulsés.
C'est le secret de cette pratique idolâtre qui détourne les étincelles de sainteté vers le sitra a'hra.
[rav Yaniv Cohen - roch Yéchiva des mékoubalim de Beit El]

Nazir = s’élever au niveau d’Adam avant la faute

"Car la couronne de son D. est sur sa tête, durant toute la période de son statut de nazir, il est saint pour Hachem" (Nasso 6,7-8)

-> Le Alchikh haKadoch nous éclaire sur le statut de nazir. Il nous explique que Hachem a souhaité nous enseigner que chaque juif, même s'il n'appartient pas à la descendance des Cohanim, a le potentiel de grandir en sainteté jusqu'à atteindre le niveau de sainteté du Cohen Gadol.

Voici ses paroles :
"Hachem a distingué parmi Son peuple saint, la tribu de Lévi, et parmi ses membres, la descendance d'Aharon, et parmi eux, le Cohen Gadol qui fut distingué parmi tous ses frères. Ne viens pas croire que le niveau de sainteté dépend de nos ascendants car D. vient nous enseigner ici qu'il n'en est pas ainsi.
En effet, il appartient à chaque homme de s'écarter de la matérialité du monde et de se sanctifier jusqu'au niveau qu'il s'est fixé.

Il est écrit au sujet du Cohen Gadol une précision importante : "Pour son père et sa mère, il ne se rendra pas impur ... car le sacre de l'huile d'onction de son D. est sur lui" (Emor 21,21).
Le Cohen Gadol prend ses fonctions suite à l'onction qu'il reçoit. C'est donc un facteur extérieur à lui qui va déterminer son statut contrairement au nazir.
En effet, un nazir ne se rendra pas non plus impur pour ses parents mais ce niveau de sainteté dépend de lui, de sa volonté sincère et de son amour pour Hachem et il est écrit à son propos : "Car la couronne de son D. est sur sa tête" (Nasso 6,7)."

=> Lorsque nous analysons les paroles du Alchikh Hakadoch, nous sommes amenés à comprendre que la sainteté du nazir est plus élevée que celle du Cohen Gadol.
Le Cohen Gadol atteint ce niveau de sainteté par le statut qu'il endosse après avoir reçu l'onction tandis que la sainteté du nazir provient d'un choix personnel de se mettre en retrait de la matérialité de ce monde même sans avoir reçu l'huile d'onction.

[ il est à noter que : Rabbi 'Haïm Vital témoigne qu'il a entendu de son maître le Arizal, que les commentaires du Alchikh haKadoch sur la Torah représentent une des 70 explications enseignées dans les mondes supérieurs.]

<--->

=> Approfondissons les enseignements du Alchikh haKadoch : au-delà du choix personnel d'endosser le statut de nazir, en quoi la sainteté de ce dernier peut-elle dépasser celle du Cohen Gadol?

-> Le Chlah haKadoch (Torat Ohr - Nasso 11) enseigne :
"Nos Sages (guémara Béra'hot 63a ; Sota 2a) disent : "pourquoi la section du nazir est-elle juxtaposée à la section de la femme soupçonnée d'adultère (la sota)? Ceci pour nous apprendre que quiconque voit la femme soupçonnée d'adultère dans son humiliation, qu'il se sépare, qu'il s'abstienne de boire, du vin."
On explique : il devra s'abstenir de consommer tout ce qui provient de la vigne qui est selon certains avis le fruit de l'arbre de la connaissance.
En effet, 'Hava pressa du fruit défendu, qui était une grappe de raisin, à Adam et le midrach (Béréchit rabba 19,5) nous enseigne que ce vin le mit en état d'ébriété ...
A cause du vin qu'elle a servi à son mari, la mort frappa le monde. Si Adam n'avait pas fauté en s'abstenant de consommer du fruit de la vigne, il aurait conservé son niveau de sainteté et son vêtement de lumière.
Cependant après la faute, il fut revêtu d'un vêtement de peau jusqu'à ce qu'Aharon vienne réparer cette profanation par l'intermédiaire de l'onction sainte.
[le 'Hatam Sofer explique que le fruit de l'arbre de la connaissance, la vigne, aurait été permis le jour du Shabbat si Adam avait patienté. En effet, il aurait sanctifié le kidouch avec le vin. ]

Lorsque le nazir s'écarte du vin de son propre gré, il dévoile son intention profonde de revenir au niveau d'Adam Harichon avant la faute, c'est-à-dire de réparer ce qui causa la perte du vêtement de lumière d'Adam.
Ainsi, lorsqu'un homme prononce le vœu de devenir nazir, il exprime son désir de s'écarter des plaisirs de ce monde de toutes ses forces et il fixe une période spécifique en fonction de ce que son corps peut accomplir. Il se contente alors de satisfaire les besoins élémentaires de son corps et s'écarte des envies superflues.
[ le mot nazir signifie "s'abstenir", "renoncer" tandis que le mot nézer signifie "couronne", "diadème". ]

C'est le sens des mots de la Torah : "Car la couronne de son D. est sur sa tête" = c'est-à-dire qu'il s'est placé au niveau d'Adam Harichon avant la faute, car il était couronné par D. lui-même sans l'intermédiaire de l'onction.
Cependant, lorsque la période de son vœu se sera écoulée, il redeviendra comme tous les autres hommes et sa couronne se retirera de sa tête, et c'est la raison pour laquelle il devra apporter un sacrifice tout comme Adam Harichon qui dut apporter un sacrifice après sa faute, comme l'ont enseigné nos Sages : "Adam Harichon apporta en offrande un taureau" (guémara Shabbath 28b).
Ainsi le nazir amène un sacrifice pour la même raison."

-> "Hachem fit pour Adam et pour sa femme des tuniques de peau et les en vêtit" (Béréchit 3,21).
Les sages du Midrach (Béréchit rabba 4,8) expliquent à propos de ce verset qu'à l'origine, la fonction de prêtrise (Cohanim) revenait aux premiers-nés qui réalisaient des sacrifices jusqu'à ce que la tribu de Lévi hérite de la couronne de la prêtrise.
Adam Harichon en tant que premier-né de l'humanité, apporta un sacrifice, comme il est écrit : "plus agréable à Hachem qu'un taureau aux grandes cornes et aux puissants sabots" (Téhilim 69,32).
Il se vêtit pour ce faire des habits du Cohen Gadol, comme il est écrit : "Hachem fit pour Adam et pour sa femme des tuniques de peau et les en vêtit" (Béréchit 3,21) = il s'agissait de vêtements précieux que les premiers-nés pouvaient revêtir.
Avant de mourir, Adam transmit ses vêtements à 'Hét, qui les transmit à Métouchela'h, qui les transmit ensuite à Noa'h. Comme nous l'explique la Torah, Noa'h se leva et réalisa un sacrifice pour Hachem : "Il prit de tous les animaux qui étaient purs" (Noa'h 8,20).

Rabbénou Bé'hayé nous fait remarquer que la Torah utilise exactement le même terme "vayalbichem" (revêtir - וַיַּלְבִּשֵׁם) au sujet du Cohen Gadol (Tsav 8,13) mais aussi au sujet d'Adam Harichon (Béréchit 3,21).
De plus, le verset : "Hachem fit pour Adam et pour sa femme des tuniques de peau et les en vêtit" (וַיַּעַשׂ יְהוָה אֱלֹהִים לְאָדָם וּלְאִשְׁתּוֹ כָּתְנוֹת עוֹר וַיַּלְבִּשֵׁם - Béréchit 3,21) contient huit mots faisant ainsi allusion aux huit vêtements du Cohen Gadol.

-> Le rav Pin'has Fridman conclut ce développement ainsi :
D'après ces explications, si Adam n'avait pas consommé de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, il serait devenu le roi de toute la création sans même les 8 vêtements de prêtrise que Hachem lui confectionna après la faute.
En effet, avant la faute, Adam n'avait pas de vêtements de prêtrise (Cohen), c'est uniquement après cette dernière qu'il perdit la couronne de la royauté et que Hachem le revêtit des habits de prêtrise pour lui permettre d'évoluer dans ce monde ici-bas.

Nous comprenons de quelle façon le nazir peut s'élever à un niveau de sainteté équivalant voir supérieur au Cohen Gadol puisqu'il peut s'élever au niveau d'Adam Harichon avant la faute.
Il est écrit dans la Michna : "Tout le monde n'est pas apte à prendre cet éloge" (Béra'hot 16b), en l'occurrence de formuler le vœu de nézirout et de s'élever au niveau de sainteté d'Adam Harichon avant la faute.
Pour y parvenir, il faut que l'intention de l'homme qui en émet le vœu soit dirigée vers Hachem. En maîtrisant les envies de notre corps, en y prenant conscience et en dédiant cette élévation au Maître de l'univers, nous devenons comme ce nazir qui cherche à s'élever en sainteté et à prendre part à la réparation de la faute originelle.

"Moché les envoya du désert de Paran sur la proposition de Hachem ; c'étaient tous des notables (anachim), chefs des enfants d'Israël étaient-ils" (Chéla'h Lé'ha 13,3)

-> Rachi explique l'utilisation du terme "anachin", comme signifiant qu'au moment où ils sont partis ils étaient des justes et ils n'avaient aucune intention de parler négativement de la terre d'Israël.

Regardons de plus près les mots que Rachi utilise : "béota chaa kéchérim ayou".
=> Il semble nous signifier que les explorateurs étaient encore des justes pendant 1 heure après leur départ? Sur quoi se base-t-il pour affirmer cela?

Nous allons voir la belle réponse apportée par le rav Eizel Charif, alors qu'il n'avait que 8 ans.

-> "Selon le nombre de jours où vous avez exploré la terre, 40 jours, un jour pour une année, un jour pour une année, vous porterez vos iniquités, 40 ans, et vous saurez ce que [signifie] se détourner de Moi" (Chéla'h Lé'ha 13,34)

On a :
1 jour d'exploration = 1 année dans le désert ;
24 heures = 1*12 mois
=> 1 heure d'exploration = 1/2 mois dans le désert, soit 15-16 jours.

-> Le peuple juif a quitté l'Egypte le 15 Nissan, 1er jour de Pessa'h.
Il est entré en terre d'Israël le 10 Nissan (cf.Yéhochoua 4,19), ce qui correspond à 5 jours en avance par rapport au décret des 40 années dans le désert.

-> Rachi écrit (Dévarim 1,2) que si les juifs avaient mérité de traverser le désert directement pour aller en Israël (sans faire aucun détour), il aurait fallut 11 journées.
Cette période ne doit donc pas être comptabilisée dans la punition des explorateurs (40 ans d'errance).

=> Suite à ce constat, il ressort qu'il manque une période de 1/2 mois (16 jours) sur les 40 années.

Afin de résoudre cette difficulté, Rachi a conclu qu'ils avaient de bonnes intentions pendant la 1ere heure de leur mission, ce qui justifie la réduction de la peine pour cette durée.

<-------------->

-> "Ils allèrent et revinrent trouver Moché et Aharon" (Chéla'h Lé'ha 13,26)

Rachi explique : "C’est pour comparer leur départ à leur venue. De même que leur venue était dans une mauvaise intention, leur départ était dans une mauvaise intention".

Apparemment c’est difficile, car Rachi lui-même (v.13,3) a expliqué qu’à ce moment-là ils étaient honnêtes
L'Admour rabbi Avraham Méïr de Gour donne l'explication suivante : nos Sages (guémara (Kidouchin 40) disent que Hachem joint une bonne pensée à l’acte, alors qu’il ne joint pas une mauvaise pensée à l’acte.
D’après cela, au moment où Moché a envoyé les explorateurs, même si leur départ était a priori dans une mauvaise intention, la mauvaise pensée n’avait pas encore été ajoutée à l’acte, donc à ce moment-là ils étaient honnêtes.
Mais une fois qu’ils ont mis leur mauvaise pensée à exécution et ont dit du mal de la terre d'Israël, la mauvaise pensée a déjà été ajoutée à l’acte, et c’est ce que dit Rachi : "C’est pour comparer leur départ à leur venue".