Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

+ Le respect de la vie de la femme Sotah (paracha Nasso) :

-> Avant que la femme Sotah ne boive les eaux, qui provoqueront le gonflement de son ventre et la mort si elle s'était rendue impure, la Torah se soucie de sa vie et nous ordonne de tout faire pour l'amener à regretter, reconnaître son méfait et donc à demeurer en vie.

De plus : "On la fait monter au Grand Tribunal de Jérusalem (pour par exemple l'impressionner par le lieu et lui donner du temps de réflexion supplémentaire), et on la menace (dans le cas où elle refuse d'avouer son infidélité) de la même façon qu'on menaçait les témoins d'un assassinat" (afin qu'elle reconnaisse son infidélité - guémara Sotah 7a).

-> Il est écrit à ce sujet :
"Le mari amenait l'offrande (min'ha) ... et la posait sur les mains de sa femme afin qu'elle se fatigue (en tenant quelque chose de lourd pendant toute la procédure).
[...]
Pourquoi tous ces efforts pour la fatiguer?
Afin qu'(en raison de sa fatigue) elle finisse par reconnaître qu'elle a trompé son mari (et n'ait plus besoin de boire les eaux).

Si la Torah se soucie autant de ceux qui transgressent, à plus forte raison elle se soucie de ceux qui accomplissent Sa volonté."
[guémara Sotah 14a]

=> Cela nous donne beaucoup de forces quant à la conscience d'à quel point Hachem se soucie de nous (qui essayons d'agir au mieux selon Sa volonté), à chaque instant, même si nous nous n'en rendons pas vraiment compte.

+ Origine de la débauche de Zimri (paracha Balak) :

Comment comprendre que Zimri ben Salou, chef de la tribu de Chimon, un érudit éminent et très âgé, puisqu'il avait 250 ans au moment des faits, en soit arrivé à une telle débauche et à un tel niveau de provocation en s'unissant à la princesse étrangère Kozbi en présence de Moché, Aharon et de tout le peuple?

La guémara (Sanhédrin 82a) explique son attitude :
"Les membres de la tribu de Chimon se rendirent auprès de Zimri ben Salou et lui dirent : 'Eux jugent des affaires criminelles et toi tu demeures assis, réduit au silence!'
Qu'à fait Zimri?
Il réunit 24 000 israëlites et alla auprès de Kozbi (la princesse midianite)."

Cela signifie que "Eux" : ces jeunes érudits, qui sont loin d'avoir ton niveau et ton expérience, sont préposés aux affaires de meurtre et la vie des hommes jugés est entre leurs mains ; tandis que toi, un homme âgé érudit et expérimenté, prince de la tribu de Chimon et petit-fils de Yaakov : tu es "réduit au silence"!!
Personne ne te questionne concernant quoi faire et comment agir!!

Ainsi le discours des membres de sa tribu vont l'exciter à propos du manque de considération et d'honneur que les dirigeants manifestaient à son égard, du fait qu'ils ne lui ont confié aucune responsabilité juridique.
La réaction de Zimri, qui a alors ressenti une grande frustration sur le plan de son honneur, a été d'aller se venger et de se révolter contre tout ce qui est sacré.

La guémara (Sanhédrin 82a) poursuit : Zimri prit Kozbi, fille du prince de Midian, et se présenta avec elle devant Moché et lui demanda : "M'est-elle interdite ou permise? Et si tu dis qu'elle m'est défendue, qui t'a permis d'épouser la fille de Yitro?"

En réalité, Moché avait épousé légalement Tsipora, fille de Yitro, avant le don de la Torah, tandis que Zimri n'a pas le droit de s'unir avec la princesse midianite Kozbi, après le don de la Torah où cette union devient interdite.

=> Une personne (même très élevée), lorsqu'elle est touchée dans son honneur, dans son amour-propre, peut descendre très bas, aller loin dans le chemin du mal.

Combien de personne vexée sont prête à tout détruire (même elle même), pour peu que la personne à l'origine de ce sentiment y perde.

On peut citer l'exemple de Bar Kamtsa (guémara Guittin 56a), qui a été chassée d'une grande réception, en public et en présence de grand rabbanim.
Dans sa frustration, sa réaction a été de dénoncer les juifs auprès des autorités romaines, ce qui mena à la destruction du 2e Temple.

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+ Le désir des honneurs :

-> "D. saisit Yéroboam par son vêtement et lui dit : 'Repens-toi de tes fautes, et Moi-même, toi et (le roi David) le fils de Ychaï, nous nous promènerons ensemble dans le Gan Eden.'
Yéroboam demanda : 'Qui sera en tête?'
D. répondit : 'Le fils de Ychaï (David)'
Yéroboam répondit : 'S'il doit en être ainsi, je ne veux pas!' "
[guémara Sanhérin 102a]

-> Le Ram'hal d'enseigner :
"Il est possible que l'homme puisse refréner ses passions pour l'argent ou les autres profits (de ce monde). Cependant, l'homme est (toujours) poussé vers la recherche des honneurs, car il ne peut pas supporter de se voir inférieur à son prochain ; c'est en cela que de nombreuses personnes ont trébuché et sont allées à leur perte.
Ainsi, Yéroboam fils de Nébat n'a pas eu part au monde à venir pour avoir recherché les honneurs;"
[Messilat Yécharim - fin du chap.11]

-> Nous allons voir un développement à ce sujet du Rabbi 'Haïm Chmoulevitch (Si'ha 59).
On voit que Yéroboam est prêt à renoncer à être en compagnie d'Hachem et du roi David au Gan Eden, si pour cela il doit être en 2e position.
Mais, plus que cela ...

Il est écrit : "Moi, toi et le fils de Ychaï ", ce qui implique qu'il devait avoir la 1ere position devant le roi David.
Alors pourquoi pose-t-il juste ensuite la question : "Qui sera en tête?"
C'est qu'il veut entendre explicitement d'Hachem Lui-même, qu'il sera bien en 1ere place, bien qu'il le sache déjà, et tout cela pour augmenter son honneur.

En réponse à cette démarche, D. l'amoindrit et répond : "Le fils d'Ychaï sera en tête", selon le principe : "Quiconque poursuit la gloire (ou les honneurs), la gloire le fuit" (guémara Erouvin 13b).

Suite à cela, il a préféré renoncer à son monde futur plutôt que de se sentir inférieur à son prochain ("S'il en est ainsi, je refuse!).

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-> "Celui qui dans sa jeunesse a poursuivi un peu les honneurs, il le poursuivra avec plus d'avidité dans sa vieillesse"
[Rabbi Yéhouda Leib 'Hasman - le Hagril]

Au moment de la vieillesse d'un homme, où ses volontés et ses désirs de ce monde s'affaiblissent, en parallèle la recherche des honneurs s'amplifie et se renforce naturellement.

=> Il faut avoir cela à l'esprit et essayer de s'améliorer le plus tôt possible dans ce domaine, car sinon cela n'en sera que plus difficile par la suite.

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+ La sensibilité aux honneurs dans le monde à venir :

-> Il faut s'éloigner du plaisir attaché aux honneurs, et ce même dans le ciel, comme le rapporte l'histoire suivante :

"Lorsque Rabbi Yéochoua ben Lévi entra au Gan Eden, Rabbi Chimon bar Yo'haï lui demanda : 'Un arc-en-ciel t'est-il apparu durant ta vie (sur terre)?'
Rabbi Yéochoua ben Lévi répondit : 'Oui'.
Rabbi Chimon lui dit : 'Alors tu n'es pas le fils de Lévi'

En fait aucun arc-en-ciel n'est apparu de son vivant, mais Rabbi Yéhochoua ben Lévi a pensé qu'il ne fallait pas s'en attribuer le mérite."
[guémara Kétouvot 77b]

L'arc-en-ciel est un signe qui annonce que le monde ne sera pas détruit par un nouveau déluge, bien que la génération où il apparaît l'ait mérité.
Mais, s'il existe un véritable juste (tsadik) dans une génération, le monde sera pardonné de la destruction grâce à son mérite et l'apparition de l'arc-en-ciel deviendra alors inutile.
D'où la question de Rabbi Chimon à Rabbi Yéhochoua.

-> "Il existe des générations qui n'auront pas besoin du signe (de l'arc-en-ciel), car y vivait un juste parfait, telle la génération du roi 'Hizkiyahou et celle de Rabbi Chimon bar Yo'haï." (Rachi - Béréchit 9,12).

=> Lorsque Rabbi Chimon bar Yo'haï pose la question à Rabbi Yéhochou, ce dernier ne veut pas s'attribuer le mérite de l'absence de l'arc-en-ciel.
Cela prouve que même dans le monde à venir, la notion d'honneur existe et Rabbi Yéhochoua s'est efforcé de le fuir autant que dans ce monde-ci.

[Il lui était permis de ne pas dire la vérité, comme il est permis à un érudit de dire qu'il n'est pas compétent dans un traité de guémara ou dans un thème étudié, bien qu'il le soit, dans un soucis sincère de refuser les honneurs et de faire preuve d'humilité]

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-> L'honneur se dit en hébreu : kavod (כָּבוֹד), mot qui peut se lire aussi : kavéd (lourd).
A titre personnel, on doit s'éloigner des honneurs, mais on doit en témoigner à autrui, en faisant qu'il soit "lourd" (kavéd), qu'il est du poids à nos yeux et à ceux des autres.

On doit s'efforcer à se focaliser, à zoomer sur les qualités appréciables et les bons comportements d'une personne, et à dézoomer sur le reste.
Honorer autrui, c'est profiter de chaque occasion pour qu'il soit plus lourd, appréciable à nos yeux, en mettant un avant quelque chose de positif de lui.

Bien qu'à titre personnel on doit les éviter, il est dans la nature de chaque personne d'avoir besoin d'honneurs (je suis quelqu'un de bien!).
Ainsi, il ne faut pas hésiter à arroser de mots et d'expressions de considération autrui, car à l'image d'un plante qui a besoin d'eau pour être au top de sa forme, il en est de même pour l'être humain.
Honorer autrui, c'est lui donner de la vie, de l'oxygène, qui va lui permettre à son tour d'illuminer son entourage.

-> Honorer son rav ou ses parents, au-delà de la mitsva, c'est permettre que les messages qu'ils vont nous transmettre vont avoir beaucoup plus d'importance à nos yeux, car c'est une personne importante qui nous les délivre.

-> Par moment, il faut savoir se témoigner de l'honneur, en se disant par exemple : "Comment moi, qui suis une personne importante, bien (fils de D., ...), je peux me laisser aller à la faute, à perdre mon temps, à faire du lachon ara, ... Cela n'est pas digne de mon rang!! "

-> Il ne faut pas que notre honneur nous empêche de progresser dans la vie, comme par exemple : la peur de poser des questions lorsque l'on a mal compris un passage en Torah, en craignant de passer pour une personne de faible niveau, ou bien le fait d'éviter d'étudier avec une personne car elle ne correspond pas à son honneur, ...

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-> "Pourquoi Hachem est-il appelé le Roi de l'honneur (mélé'h hakavod)?
Car Il partage Son honneur avec ceux qui Le craignent."
[midrach Bamidbar rabba 15,13]

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+ Rav Kahana vendait des paniers (contenant des objets de couture) lorsqu'une courtisane lui fit des avances séductrices.
Rav Kahana lui dit : Je vais me préparer.
Il monta alors sur le toit et se jeta vers le sol.
Le prophète Eliyahou survint, saisit rav Kahana et lui dit : "Tu m'as dérangé en me faisant parcourir 400 parsa (environ 1 600km) pour te sauver!"
Rav Kahana répondit : "Qu'est-ce qui m'a valu cette épreuve? N'est-ce pas la pauvreté!"
Alors Eliyahou haNavi donna à rav Kahana une bourse remplie de dinars (d'or).
[guémara Kiddoucin 40a]

=> Pourquoi Eliyahou haNavi a-t-il transmis à rav Kahana cette grande somme d'argent? Rav Kahana était-il autorisé à utiliser cet argent?

-> Rav Kahana était la réincarnation de Pin'has et la courtisane était la réincarnation de la princesse étrangère Kozbi.
Cette dernière a désiré faire trébucher rav Kahana, pour venger son assassinat par Pin'has qui avait agi avec des intentions pures par Kiddouch Hachem.
C'est pourquoi, c'est Eliyahou haNavi, qui est la réincarnation de Pin'has, qui est venu sauver rav Kahana.
Comme un père, Eliyahou (1er guigoul), est venu s'occuper de la parnassa de son fils [rav Kahana] (2e guiguoul) en lui faisant bénéficier de cette grande somme d'argent.
['Hida - dans Péta'h Enaïm]

-> Si Eliyahou haNavi avait donné à rav Kahana ce coffret de pièces d'or obtenu par une action miraculeuse, rav Kahana n'aurait pas été autorisé à profiter de cet argent, d'après la guémara (Taanit 24b), selon laquelle on ne peut pas profiter d'un miracle.
Dans notre récit, Eliyahou haNavi a en fait indiqué à rav Kahana l'emplacement où un coffret de pièces d'or était enfoui sous terre.
Rav Kahana a récupéré lui-même ce coffret de grande valeur qui était sans propriétaire, et a pu ainsi s'enrichir et profiter de cet argent qui n'était pas le fruit d'un miracle.
[Ben Ich 'Haï - guémara Kidouchin 40a]

"Et tu viendras ... chez le juge en fonction à ton époque" (Choftim 17,9)

-> Rachi d'expliquer : "Même s'il n'est pas à la hauteur de ses prédécesseurs, tu dois l'écouter!
Tu ne dois pas considérer que le juge qui t'est contemporain"

-> "Bien qu'une 'génération s'en aille et qu'une génération lui succède' (Kohélet 1,4), ne dis pas : 'Si Rabbi Akiva était vivant, je me serais assis pour étudier avec lui' "
[midrach Kohélet rabba 1,4]

A chaque génération, il n'y a pas mieux, pour chacun de nous, que l'influence des rabbanim de notre génération.
Nous allons b"h développer cette notion importante.

-> "Pourquoi les noms des 70 anciens [d'Israël - qui composaient le grand Sanhédrin à l'époque de Moché] n'ont-ils pas été révélés?
Pour ne pas susciter chez les gens des réflexions [à propos des membres du beit din de leur époque) telles que : 'Untel ressemble t-il à Moché ou Aharon [pour que je l'écoute]?
Untel ressemble t-il à Nadav et Avihou?' "
[guémara Roch Hachana 25a]

-> "Après avoir été nommé chef de communauté, même le plus insignifiant doit être respecté et écouté comme s'il était le plus éminent"
[guémara Roch Hachana 25a]

-> Au sujet du verset ci-dessus (Choftim 17,9), il est également écrit :
"Peut-il venir à ton esprit qu'un homme puisse aller auprès d'un juge qui ne vit pas à son époque?
Donc (c'est pour te dire) qu'il n'y a pas mieux pour toi que les juges de ta génération."
[guémara Roch Hachana 25b]

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-> "Et Yéoyada était le supérieur d'Aharon" (Divré haYamim I 12,27)

Le midrach (Kohélet rabba 1,4) de commenter :
"Est-ce que Yéoyada était le supérieur d'Aharon?
C'est en fait, pour nous dire que si Aharon était demeuré vivant à l'époque de Yéoyada, ce dernier aurait été plus grand qu'Aharon à cet instant.
[...]
Si Aharon et ses fils vivaient à la même époque que Tsadok, ce dernier aurait été supérieur à eux, à son époque."

=> Ainsi, Aharon, qui a un niveau très supérieur à celui de Yéoyada, s'il venait à vivre à cette génération, il ne lui aurait pas été supérieur car ce n'est pas la sienne.

Des propos du type : "J'aurai été prêt à étudier avec les rabanim des générations antérieurs, mais avec ceux de ma génération, de niveau plus bas, je ne suis pas prêt!", proviennent du yétser ara.
Au contraire, à chaque génération, on doit apprécier et s’imprégner de nos Sages, car il n'y a pas mieux qu'eux pour nous.

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+ L'impact du rav :

-> Quand Rabbi Eliézer est tombé malade, ses plus éminents élèves sont venus lui rendre visite, et se sont exprimés de la façon suivante :
"Rabbi Tarfon lui dit : Tu es plus précieux pour Israël que les gouttes de pluie ...
Rabbi Yéhochoua lui dit : Tu es plus précieux pour Israël que le disque solaire ...
Rabbi El'azar ben Azaria lui dit : Tu es plus précieux pour Israël que père et mère ..."
[guémara Sanhédrin 10a]

Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 82) de commenter le fait qu'il est comparé :
-> à la pluie : les graines et les noyaux enfouis dans la terre ont besoin de l'influence de la pluie pour se développer et donner des fruits mûrs ; de même, notre âme enfouis dans notre corps a besoin de l'influence du rav pour se développer et révéler ses qualités supérieurs.

-> au soleil : il assure par son rayonnement la croissance des végétaux ; de même le rav, permet par son rayonnement de Torah le développement de ses élèves.
Le rav illumine aussi le chemin de ses élèves, leur épargnant tout écueil, leur retirant leurs doutes et les éclairant dans la loi (halakha) et la voie à suivre.

-> à un père et à une mère : sans la protection des parents et les sacrifices consentis pour leurs enfants, ces derniers auraient été malheureux, désorientés et sans force. De même, le rav doit se sacrifier pour ses élèves, doit être attentionné et faire preuve de patience avec ses élèves, qu'il se doit de supporter comme une maman avec son nourrisson.

[ A ce sujet, la guémara (Sanhédrin 8a) rapporte en effet :
"Il s'agit d'un avertissement aux juges (et au rav) afin qu'ils supportent la (charge de la) communauté. Jusqu'à quel point?
'Comme le nourricier porte le nourrisson' (Bamidbar 11, 12 - à propos de Moché). " ]

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+ L'attachement à son rav :

1°/ Par la vision :

-> "Rabbi dit : Si j'ai l'esprit plus pénétrant que mes compagnons d'étude, c'est que j'ai (souvent) vu Rabbi Méïr (mon maître) de dos ...
Et s'il m'avait été donné de voir Rabbi Méïr de face, mon esprit aurait été encore plus pénétrant!"
[guémara Erouvin 13b]

-> "Rabbi Yo'hanan et Rech Lakich disaient : Nous, nous n'avons bénéficié d'une bonne compréhension de la Torah que parce que nous observions le doigt (l'index) de Rabbi."
[Bétsa 5 - Halakha 2]

-> Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 26) rapporte que par sa vision, l'âme de l'élève s'attache à celle de son maître et ce lien profond confère à ce dernier le pouvoir de mieux rayonner sur son élève et de lui transmettre le flux de spiritualité qu'il reçoit lui-même du Ciel.

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2°/ Par l'annulation, le respect et la crainte :

-> "Lorsque Moché (seul) parlait (aux peuple d'Israël), Aharon tendait son oreille pour écouter avec crainte, ... comme s'il avait entendu (le message) de D. lui-même"
[Yalkout Chimoni - 191]

Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 26) commente que plus l'élève s'annule devant son rav, plus il pourra progresser et se rapprocher du niveau de Torah de son maître.

-> Rava déclare : "Qu’ils sont stupides ces hommes qui se lèvent devant un rouleau de la Torah, et non devant le disciple d’un Sage qui est un rouleau de la Torah vivant."
[guémara Makot 22b]

-> "Lorsque Rava quittait (son maître) Rav Yossef, il sortait à reculons, si bien que ses pieds heurtaient le seuil et du sang coulait.
On raconta à Rav Yossef (aveugle) comment se comportait son élève à son égard, et il le bénit : 'Plaise à D. que ta tête domine toute la ville' "
[guémara Yoma 53a et 53b]

-> "Même dans le monde à venir, D. rendra honneur à ses sages"
[midrach Vayikra rabba 11,8]
=> Si même D. rendra honneur aux sages dans le monde de vérité, alors pourquoi pas nous dès maintenant, dans le monde du libre arbitre?

-> "Que la crainte (ou la vénération) vis-à-vis de ton maître soit aussi grande que la crainte (ou la vénération) envers D." (Pirké Avot 4,12)
=> Plus un élève respectera son maître, plus il donnera du "poids" à ses paroles et donc à Hachem.

-> "Réchauffe-toi au feu des sages, mais fais attention à leur charbon ardent pour ne pas te brûler, car leur morsure est celle d'un renard, leur piqûre est celle d'un scorpion et leur sifflement est celui d'un dragon" (Pirké Avot 2,10)

De même qu'il est dangereux de s'approcher trop près d'un feu, au risque de se brûler, n'approche pas de trop près les sages au risque de leur manquer de respecter.
En effet, lorsque l'on a trop de proximité et de familiarité, on en vient à considérer notre maître comme un "pote", un bon ami, ce qui fait qu'on en oublie la crainte qu'on doit avoir avec lui.

A l'image de D., qui est à la fois : "avinou" (notre père) mais également "malkénou" (notre Roi).

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3°/ Par la fidélité à ses paroles :

-> Rabbi Eliézer témoigne : "Je n'ai jamais prononcé une parole (de Torah) que je n'ai pas entendue de la bouche de mon maître."
[guémara Soucca 28a]

-> Il est pourtant écrit : "Rabbi Eliézer étudiait et commentait des paroles de Torah qu'aucune oreille n'avait jamais entendues" (Avot déRabbi Nathan 6,3)

=> Comment comprendre cette contradiction apparente?

Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 26) de répondre qu'il ne faisait aucun commentaire, ni ne tranchait aucune nouvelle loi, sans être convaincu après réflexion que son maître en aurait été d'accord.
Mais s'il avait le moindre doute, il se retenait de transmettre son nouvel enseignement.

Ainsi, un élève doit réfléchir et se demander : "Qu'aurait dit mon maître? Comment aurait-il agit? Comment l'aurait-il expliqué?"
Il faut se conformer à son maître dans sa réflexion et ses actions.

=> Le maître enseigne essentiellement à ses élèves un regard de vérité sur les paroles de nos sages et une conception juste du monde qui nous entoure, conforme à l'esprit de la Torah, transmise de maître à élève depuis Moché, sans interruption, ni déformation.

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4°/ Par la fréquentation :

-> "La fréquentation (du rav) est supérieure à l'étude de la Torah (qu'on reçoit de lui)"
[guémara Béra'hot 7b]

-> Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 26) de dire magnifiquement :
"La seule voie qui mène au véritable développement spirituel de l'élève, c'est sa communication avec son rav et sa fréquentation qui produiront plus d'effets que les paroles de Torah entendues de la bouche de son maître.
Un élève doit être très attaché à son rav pour recevoir le rayonnement de Torah depuis le Ciel, par le canal du rav et pour intégrer et comprendre la façon d'étudier de son maître."

-> "Yéhochoua bin Noun, son jeune serviteur, ne quittait pas l'intérieur de sa tente (de Moché, son maître)" (Ki Tissa 33,11).

On rapporte également (Michpatim 24,13) qu'il a campé, tout seul, pendant 40 jours au pied de la montagne, à la limite qu'on ne pouvait franchir, afin de pouvoir accueillir son maître Moché au plus tôt, dès sa descente, et ne pas perdre une seconde en sa compagnie, lui permettant d'absorber le flux de Torah que lui déverser sa proximité avec son rav (Moché).

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-> "Même si un homme a lu la Torah et étudié la michna, mais n'a pas côtoyé les sages, c'est (néanmoins) un ignorant (am aarets)"
[guémara Béra'hot 47b - les élèves de Rabbi Méïr]

+ Bonus (b"h) :
Pour information, cette guémara pose la question : Comment définir un ignorant (am aarets)?

Voici les 6 réponses qui y sont rapportées :
-> celui qui ne lit pas chaque jour le Shéma Israël (selon Rabbi Eliézer) ;
-> celui qui ne met pas ses téfilin tous les jours (selon Rabbi Yéhochoua) ;
-> celui qui ne porte pas de franges (tsitsit) à son habit (selon Ben Azaï) ;
-> celui qui ne place pas de mézouza à ses portes (selon Rabbi Nathan) ;
-> celui qui ne fait pas étudier la Torah à ses enfants (selon Rabbi Nathan ben Yossef) ;
-> celui qui étudie seul, sans fréquenter les sages (selon les élèves de Rabbi Meïr).

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-> "La vie des sages et de ceux qui recherchent la sagesse, sans étude de la Torah, est considérée comme la mort."
[Rambam - Rotséa'h 7,1]

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+ Tsadikim & renouvellement du monde tous les 70 ans :

-> "Le secret du caroubier, le monde qui est détruit" ("sod ilan 'harouvin alma dé'harouva" - rabbi 'Haïm de Volozhin - Roua'h 'Haïm sur Pirké Avot 3,1)

Qu'est-ce que cela signifie?
b'h, Nous allons voir une réponse enrichissante du rav Israël Reisman.

Tous les 70 ans, qui est la durée de vie moyenne d'un caroubier (guémara Taanit 23a), Hachem fait changer fondamentalement le monde.
Cela est en allusion dans l'enseignement de la guémara (Ména'hot 44a) rapportant que le 'hilazon, une créature aquatique dont le sang était utilisé pour créer la couleur bleue du té'hélét (fils) des tsitsit, émergeait de la mer une fois tous les 70 ans.
La guémara (Ména'hot 43b) dit que le té'hélet de couleur bleue, a pour but de nous renvoyer à l'eau de la mer et au Ciel (bleus également), et cela a pour objectif de nous rappeler le Trône de Gloire de Hachem (kissé hakavod).
Par ailleurs, le rav Reisman enseigne que l'apparition du 'hilazon tous les 70 ans, a pour but de nous signifier que la perception et le service Divin sont modifiés fondamentalement toutes les 70 années.

La guémara (Taanit 23a) nous rapporte que 'Honi haMéagel a dormi pendant 70 années. A son réveil, il s'est rendu dans une maison d'étude (beit midrach), où il a entendu des Sages disant : "Ces halakhot sont aussi claires que celles pendant les années de 'Honi haMéagél, car lorsque ce dernier entrait dans un beit midrach, il résolvait aux Sages toutes les difficultés qu'ils pouvaient avoir."
'Honi leur a dit : "C'est moi 'Honi!", mais ils ne l'ont pas cru, et ils ne lui ont pas témoigné le respect dû, comme c'était le cas auparavant. 'Honi en a été bouleversé, et il en est mort.

Comment comprendre qu'il ne leur a pas prouvé son identité en partageant ses connaissances hors norme? Comment comprendre qu'il en soit mort?

En se basant sur l'enseignement du rav 'Haïm de Volozhin, le rav Reisman, dit que chaque génération à une approche et un lien unique avec la Torah, puisqu'adoptant le style qui correspond le mieux à la personnalité et aux forces du moment (D. modifiant fondamentalement le monde tous les 70 ans).
C'est pourquoi, lorsque 'Honi est revenu dans un bét midrach 70 années plus tard pour parler de Torah avec les rabbanim, il s'est rendu compte que le monde avait changé, et il était alors si bouleversé de constater à quel point il ne faisait pas partie de ce nouveau monde, qu'il en est finalement mort.

=> Ce divré Torah du rav Reisman vient bien illustrer l'idée que chaque génération ("La durée de notre vie est de 70 ans" - Téhilim 90,10) a une approche unique de la Torah, puisque Hachem fait changer fondamentalement le monde tous les 70 ans.
Il en découle que les maîtres de nos générations sont véritablement les plus appropriés, qu'il n'y a pas mieux pour nous.
[à l'image du géant en Torah : 'Honi haMéagel qui 70 ans plus tard, n'était plus en adéquation, ne se sentait plus pouvoir répondre aux besoins de la nouvelle réalité du moment que D. a pu mettre en place.]

Le jour du mariage = jour des expiations

+ Le jour du mariage = jour des expiations

-> "On pardonne au 'Hatan toutes ses fautes"
[guémara Yérouchalmi - Bikourim - Chap.3,2]

-> "Etant donné qu'un homme a épousé une femme, ses fautes sont pardonnées"
[guémara Yébamot 63b]

-> "On pardonne à 3 personnes leurs fautes : un converti, celui qui s'élève à la grandeur et à celui qui épouse une femme"
[Rachi - Béréchit 36,3]

-> "La Kalla voit également toutes ses fautes pardonnées"
[Tachbets 465]

-> "Etant donné que l'on pardonne au 'Hatan ses fautes, il en est de même bien entendu pour la Kalla"
[Rav Lévi Yts'hak de Berditchev]

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+ Mais aussi :

-> "De même que le roi ne passe pas seul, mais joint son escort, ainsi en est-il du 'Hatan le jour de son mariage, il joint à lui les accompagnateurs et ses proches et on leur pardonne aussi"
[l'Admour de Gour - le Beth Israël]

-> "Celui qui se trouve à un repas de mariage est sauvé du jugement du Guéhinam"
[guémara Pessa'him 114a]

=> Ainsi, ce pardon élevé des fautes, les accompagnateurs et les proches du 'Hatan et de la Kalla, y ont également droit.
Dans tous les cas, la condition préalable est de passer par toutes les étapes de la téchouva, dans notre relation avec D. et avec autrui.

[Certains disent que les fautes sont comme mises de côté, en attente de voir si on est honnête dans notre démarche de téchouva, si on fait de notre mieux pour changer, pour la mettre en pratique]

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-> L'utilisation d'une bague renvoie à l'apparence de la lettre hébraïque samé'h : ס
Ecrite pleinement, cette lettre est : ס-מ-ך (samé'h mém kaf), ce qui est l'acronyme de : "séli'ha, mé'hila et kappara", car le 'hatan et la kalla voient leurs fautes pardonnées, le jour de leur mariage.

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-> On peut citer les paroles de l'Admour de Ropshitz (Bichouroun Mélé'h) :
"Sache qu'à 3 reprises, on [a coutume ] d'allumer des bougies pour l'homme : lors de sa brit mila, de sa 'Houpa et de sa mort.
La 1ere fois, il ne peut pas faire téchouva, car il n'est pas apte à cela, et il n'a pas de faute qu'il doit regretter.
La 3e fois et dernière fois, au moment de la mort, il est déjà trop tard pour faire téchouva.

C'est seulement ici, la 2e fois, le jour de la 'Houpa, un moment de téchouva, que les portes des opportunités illimitées sont ouvertes pour le 'Hatan et la Kalla, et si ce n'est pas maintenant, alors quand?"

-> "Les anges et les séraphins regardent et nous jalousent de la manière dont l'homme se sanctifie et se purifie avant le mariage"
[le grand-père du Min'hat Eliezer avant sa 'Houpa]

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+ Le jour du mariage, c'est également :

-> "Le 'Hatan, le jour du mariage, fait en un pas ce qu'une personne forte qui conquiert son pendant actionne par de nombreuses mortifications et des supplices pendant un long moment ... on lui facilite la voie pour courir dans les voies d'Hachem, à savoir comme une nouvelle créature"
[Roua'h 'Haïm léNissouim]

-> "Le mariage, c'est une occasion de s'élever.
En ce jour, il est possible de s'élever et de demander des enfants et une subsistance et que soient agréées toutes nos demandes"
[Koupat Béssamim]

=> Le jour du mariage est un jour qui influe sur toute notre existence.

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+ Mais encore :

-> "En ce grand jour pur, dans chaque mariage juif casher, on sort une âme [souffrant dans le] Guéhinam"
['Hidouch du Rim - Beth émet]

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-> Sur ce sujet, voir également : http://todahm.com/2017/07/18/5477-2

"[Telle est] la parole de celui qui entend les paroles de D. et qui connaît l'esprit du Très-Haut" (Balak 24,16)

-> "S'il ne savait même pas ce que pensait son ânesse, comment pouvait-il savoir ce que D. pensait?
L'expression ("connait l'esprit du Très-Haut") enseigne qu'il savait déterminer le moment précis où D. se met en colère."
[guémara Béra'hot 7a]

La personnalité de Bil'am est pleine de contradictions ...

-> Nos Sages disent : "Le verset : 'Il ne s'est pas levé en Israël de prophète semblable à Moché' (Dévarim 34,10) veut dire que, dans le peuple juif, il ne s'est pas levé d'égal à Moché mais que, parmi les autres nations, un tel prophète s'est levé ... : il s'agit de Bil'am".
[midrach Bamidbar rabba 14,20]

-> D'autre part, Bil'am était un homme si mauvais que la michna le compte parmi les 4 personnes qui, à cause de leurs méfaits, ont perdu leur part au monde futur.
[guémara Sanhédrin 10,1 (90a)]

-> "[Celui qui possède] un oeil mauvais, un esprit arrogant et une personnalité grossière fait partie des disciples du méchant Bil'am" [Pirké Avot 5,19]
Le Maharal explique que Bil'am était plongé dans les vices et les passions ; il a tant livré son âme à son corps qu'elle ne désirait rien d'autre que de satisfaire les désirs de son enveloppe corporelle.

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-> Bil'am avait une haine dévorante contre Israël.

On peut citer par exemple :
1°/ c'est Bil'am qui avait conseillé à Pharaon de jeter les nouveaux-nés mâles dans le Nil (guémara Sanhédrin 106a) ;

2°/ Quand le peuple juif a quitté l'Egypte, c'est sur le conseil de Bil'am qu'Amalek a délaré la guerre à Israël (cf. Targoum Yonatan - Balak 31,8) ;

3°/ Après que Bil'am se soit rendu compte qu'il ne pouvait convaincre D. de le laisser maudire Israël, il s'est rendu chez Balak et lui a conseillé de faire fauter les enfants d'Israël par des relations adultères et idolâtres avec les femmes moabites (cf. fin paracha Balak et début de Pin'has) ;

4°/ Même après sa mort, dans sa résidence éternelle en enfer, Bil'am reste ferme dans sa haine féroce contre Israël, comme le raconte la guémara (Guittin 57a) : avant qu'Onkelos ne se convertisse au judaïsme, il a pratiqué la nécromancie et a invoqué Bil'am pour lui demander s'il serait bon qu'il s'attache au peuple juif et à sa religion.
Bil'am lui a répondu : "Ne recherche jamais leur paix ou leur bonté!"

=> Pouquoi un tel comportement?

-> La source de cette haine se trouve dans le fait que Bil'am n'agissait pas en accord avec le haut niveau de prophétie qu'il avait atteint ; il poursuivait les passions les plus grossières.
Il n'était qu'un instrument de transmission des messages de D. aux nations, mais il n'a nullement intériorisé ses expériences prophétiques afin de progresser.

Bil'am ne pouvait accepter le fait que les juifs, malgré une perception de la prophétie inférieure à la sienne (seul Moché étant un prophète hors du commun), aient atteint des échelons de sainteté et de spiritualité supérieurs au sien.

Nos Sages décrivent : "Avant que le peuple juif ait quitté l'Egypte, toutes les nations venaient demander conseil à Bil'am.
Mais une fois qu'Israël a quitté l'Egypte, même une servante juive était considérée comme plus avisée que Bil'am.
C'est alors qu'il est devenu affligé"
[Avot déRabbi Nathan 45]

Mais, au lieu de faire des efforts pour progresser et sortir de son naufrage spirituel, Bil'am a essayé de compenser ses défauts en laissant chuter Israël jusqu'à son niveau, d'abord en essayant de les maudire puis en leur faisant commettre une faute que D. déteste (pécher avec les femmes).
Pour lui, la grandeur de ce peuple dans ce monde soulignait sa propre bassesse.
Ainsi, il décida purement et simplement de l'exterminer.

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-> Bil'am a dit : "Puisse mon âme mourir de la mort des justes et puisse ma fin ressembler à la leur" (Balak 23,10)

Bil'am a prié pour que sa mort soit semblable à celle des justes d'Israël et qu'au terme de sa vie, il soit admis comme eux dans le monde à venir.
Cela met bien en avant que d'un côté il avait une haine sans limite envers eux, mais aussi un désir intense de leur ressembler à sa mort, au moment de vérité (mais sans faire les efforts nécessaires pour y parvenir).

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-> La fin de cette paracha Balak, nous parle de Zimri, chef de la tribu de Chimon, l'un des plus grands hommes du peuple, qui s'est laissé entraîner à commettre 2 fautes capitales : l'adultère avec une princesse midianite et l'idolâtrie en rendant un culte à Baal Péor.

Comment a-t-il pu tomber en si peu de temps?

Au début, l'une des femmes moabites l'a séduit secrètement. Mais lorsque Zimri a pris conscience de son acte, il n'en a pas éprouvé de remords.
Au lieu de cela, il s'est tourné contre les hommes simples, qui bien que spirituellement inférieurs à lui, avaient résisté aux avances des femmes étrangères.
Comme il ne pouvait pas supporter le fait qu'ils avaient réussi là où lui-même avait échoué, il a renversé toutes les barrières et a passé la frontière bien gardée qui avait toujours séparé Israël des autres nations : il a été jusqu'à amener une princesse midianite à l'intérieur du camp sacré d'Israël pour chercher à entraîner les membres de sa tribu sur le chemin de ses voies perverties.

C'est un autre exemple du défaut qui entraîne l'homme à commettre de graves fautes même quand le seul bénéfice qu'il ait à en tirer soit la satisfaction malsaine de voir son prochain sombrer avec lui dans la faute.

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-> Durant toute l'histoire juive, nos pires ennemis ont souvent été des juifs qui ne pouvaient pas accepter le contraste entre leur échec personnel et la loyauté des juifs intègres envers D. et Sa Torah.
Ils ne parvenaient pas à trouver la paix tant que le reste du peuple n'était pas tombé comme eux dans le piège de l'impiété.

Ainsi, parfois, une personne dotée d'un grand potentiel, peut trébucher et, en tombant cherche à entraîner les autres dans sa chute, qui ne se rendent pas toujours compte de son état d'esprit.

-> Chez un enfant ou un adolescent en perte de vitesse, qui est plutôt démoralisé de voir les autres atteindre un niveau spirituel plus élevé que le sien, il a seulement besoin qu'on lui fasse retrouver l'estime de soi, et qu'on l'encourage à croire en sa capacité à remonter la pente.
Il a besoin qu'on lui rappelle ses qualités et qu'on le complimente.

On doit tous savoir que notre papa Hachem a toujours confiance en nous, et qu'avec une téchouva sincère, on peut redémarrer sur une nouvelle page blanche, plein d'envies positives.

Tomber c'est normal, mais justifier notre chute ou le fait de ne pas se relever, en amenant d'autres dans notre situation, c'est inaceptable.
La force d'un juste c'est de se relever, en faisant téchouva et en cherchant à s'améliorer de ses échecs, et non une personne qui cherche à nier, justifier cette chute en s'en dédouanant.

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-> "Parole de ... celui qui connait l’Esprit Supérieur" (Balak 24,16)

Nos Sages enseignent que chaque jour, Hachem éveille Sa Colère pour la durée d’un instant. Ce court moment de courroux est nécessaire pour le bon équilibre et la bonne marche du monde. Il s’agit de tempérer l’abondance de bonté par un peu de rigueur, instaurant une mesure de crainte nécessaire pour l’équilibre du monde.
Mais Bilaam connaissait cet instant de colère et il voulait maudire le peuple Juif à ce moment précis. Seulement, ces malédictions prononcées à ce moment critique auraient eu une grande force et auraient pu causer de grands dégâts pour le peuple juif, D. Préserve. Ainsi, Hachem réalisa un miracle extraordinaire et n’éveilla pas cette Colère pendant toute cette période.
=> Mais on peut s’interroger. Pourquoi avoir eu besoin de modifier la structure même du fonctionnement du monde en n’éveillant pas cette colère? Il aurait été plus simple d’empêcher Bilaam de maudire le peuple Juif à ce moment-là. Hachem aurait pu par exemple le faire plonger dans un sommeil profond à cet instant de colère, ce qui aurait été apparemment plus simple.

-> Le Sabba de Kelm explique qu’Hachem voulait montrer Son Amour pour Israël. S’Il avait empêché Bilaam de maudire à cet instant, cela aurait signifié comme s’il était possible de nuire à Israël et que pour préserver le peuple juif, Hachem a dû empêcher le racha de faire ce mal. Comme s’il y avait quelque chose à craindre et qu’il fallait empêcher.
Mais Hachem voulait montrer à Son peuple qu’il n’y a rien à craindre. Aucune créature ne peut porter atteinte à Israël. Pour bien montrer cela, Hachem laissa Bilaam en possession de toutes ses forces et le laissa réaliser sa volonté jusqu’au bout. Ce dernier se prépara à maudire Israël et prit la parole pour proférer ses malédictions précisément au moment critique de cet instant de colère. Et en fin de compte, non seulement Hachem changea la constitution du monde en n’éveillant pas Sa Colère, mais en plus Il transforma ses malédictions en bénédictions.

Par-là, Hachem voulait montrer définitivement que le peuple Juif n’a rien à craindre. Même si les réchaïm tentent de nuire à Israël et que toutes les conditions sont réunies pour qu’ils réussissent, Hachem fera échouer leurs plans. Il n’y aura même pas d’utilité de les empêcher d’agir, car en fait, il n’y a rien à redouter.
Au contraire, Hachem veut montrer qu’on peut même les laisser aller au bout de leurs projets. En fin de compte, ils se rendront compte que toutes leurs tentatives ont été vaines et que personne ne peut atteindre Israël du fait même de la constitution des choses.

Le veau d’or

+ Le veau d'or :

-> Pendant presque une année entière, le peuple juif a joui de la protection que lui assurait Moché.
A présent, à l'issue des 40 jours que Moché a passé au Ciel auprès de Hachem, les juifs attendent son retour.
Ne le voyant toujours pas revenir, ils ont l'impression d'avoir perdu tout contact avec lui et de se retrouver seuls dans un désert sans fin.

Aharon (son frère) et 'Hour (son neveu) servent de guides intérimaires pendant son absence.
Moché a prévenu qu'il reviendra dans 40 jours au cours des 6 premières heures du 41e jour.
Or la question qui se pose est de savoir quand exactement ces 40 jours ont commencé.
Les enfants d'Israël ont commis une erreur en démarrant leur calcul le 7 Sivan (jour de sa montée du Sinaï), alors qu'il fallait commencer le 8 Sivan, qui est son 1er jour en entier au Ciel.

Le peuple attendait Moché dans la matinée du 16 tamouz, au lieu du 17 tamouz (la bonne date).

Ce malentendu aura des conséquences désastreuses.

-> L'heure limite dépassée et Moché n'arrivant pas, le peuple commence à s'inquiéter.
Le Satan profite de la situation et crée une impression de ténèbres et de confusion, puis fait apparaître une image sombre ressemblant à Moché dans un cercueil porté à travers les cieux.
Il attire l'attention du peuple sur cette illusion.
[Ben Yéhoyada sur la guémara Shabbath 89a]

Un sentiment de panique se développe alors ...

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-> La Torah dit : "Et le peuple vit que Moché tardait (vochéch - בֹשֵׁשׁ)" (Ki Tissa 32,1)
Le mot "vochéch" peut se lire : "ba chéch", ce qui signifie : "La 6e [heure] est arrivée".
Le peuple pensait que Moché était mort puisqu'il n'était pas revenu la 6e heure passée.
[Yeffé Toar]

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-> "Le peuple vit que Moché tardait à descendre de la montagne, le peuple se rassembla" (Ki Tissa 32,1)

=> Pourquoi Hachem n'a-t-il pas fait redescendre Moché plus tôt afin d'éviter au peuple d'Israël de commettre la redoutable faute du Veau d'or?

-> Le Ohr 'Haïm haKadoch répond :
Moché partit durant 40 jours, soit 4 périodes de 10 jours : 10 jours pour étudier le sens littéral de la Torah (le pchat), 10 jours pour étudier toutes ses allusions (le rémez), 10 jours pour étudier le drach, et encore 10 jours pour étudier les secrets de la Torah (le sod).
Si Hachem avait fait redescendre Moché plus tôt, il aurait manqué plusieurs heures d'études de la Torah cachée et Hachem ne voulait pas transmettre une Torah tronquée. Elle devait être intégralement transmise à Moché.

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-> "Le peuple vit que Moché tarda (בושש - bochech)" (Ki Tissa 32,1)

-> Nos Sages enseignent que Moché tarda de 6 heures (באו שש – Baou Chech – six heures étaient passées). Ne le voyant pas redescendre, ils pensèrent qu'il était mort et firent le veau d'or. Ainsi, ce sont ces 6 heures de "retard" qui mena à la faute du veau d'or.
Nos Sages enseignent que le respect des 3 fêtes de pèlerinage est une expiation pour cette faute. Aussi, le sujet des 3 fêtes suit immédiatement le passage de la faute du veau d'or, dans notre paracha.
La faute fut exprimée par l'exclamation des mots "Voici (אלה) tes dieux, Israël". Les fêtes qui en sont une réparation sont exprimées par les mots : "Voici ( אלה ) les convocations de Hachem".
Il est un principe dans la Halakha selon lequel un interdit s'annule dans un volume de 60 fois plus de permis. Pour annuler et expier la faute du veau d'or commise du fait des 6 heures de retard, il faut annuler ces 6 heures "d'interdit" dans 60 fois plus, à savoir dans 360 heures (60x6 = 360).
Il s'agit des 360 heures qui constituent les 3 fêtes de pèlerinage.
Selon la Thora, Pessa'h dure 7 jours, Shavouot dure 1 jour et Souccot dure 7 jours (en ne comptant pas Chemini Atseret qui est une fête à part entière). Soit un total de 15 jours de fête qui constituent 360 heures (15 (jours) x 24 (heures) = 360 (heures)).
C'est ainsi que les fêtes de pèlerinage comptent un total de 360 heures de Sainteté, en mesure d'annuler et d'apporter réparation au 6 heures de "retard", à l'origine de la faute du veau d'or.
[Chaar hé'hatser]

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+ Le érev rav :

-> En sortant d'Egypte, les juifs étaient accompagnés de 40 000 personnes nouvellement converties au judaïsme (le érev rav), dont des anciens sorciers égyptiens, comme Ianous et Iambrous, fils de Bilam.
[midrach hagadol - Chémot 32,1]

Le érev rav était constitué de personnes qui, voyant la futilité de la sorcellerie (face aux miracles de D. en Egypte), ont jugé plus prudent de se joindre au peuple juif.

D. n'a jamais dit à Moché de les accepter, le laissant libre de décider.
Moché les a accepté, mais, vu la façon dont ils se sont convertis (la présence de D. étant alors évidente), ils restent exclus de certains privilèges.
Par exemple, ils ne sont pas installés à l'intérieur des nuées, mais campent en périphérie du camp avec leurs troupeaux.

Malgré cette situation, le érev rav a toujours senti un certain attachement vis-à-vis de Moché qui les a accueillis et les a traité avec compassion.
Maintenant qu'il n'est plus là, la panique règne chez eux : Continuera-t-on à les admettre au sein du peuple juif ou va-t-on les renvoyer dans leur pays d'origine?

Ils profitent de l'occasion en se joignant aux contestataires du peuple, ce qui forme une immense foule qui se dirige vers Aharon et les anciens.

-> Selon le Alchikh, en discutant avec Aharon, ils en viennent à dire :
"Nous t'aimons beaucoup, Aharon, mais nous ne croyons pas que tu puisses sérieusement endosser le rôle de dirigeant, ni toi ni n'importe quel autre être humain, d'ailleurs.
Nous avons besoin d'une force surnaturelle pour nous conduire et nous protéger ...
Il faudrait fabriquer l'image d'un bélier rappelant les mérites d'Avraham, prêt à immoler son fils pour se soumettre à la volonté de D. ...
Un veau d'or pu, voilà qui conviendrait à merveille!"

Le bœuf est également un des 4 animaux du char divin (Tan'houma 26).

-> Leur discussion va encore dériver, et ils expriment clairement :
"Mettons cette entité à notre tête, faisons-en un dieu, servons-là et exaltons-la tous ensemble comme nous le faisions en Egypte."
[midrach Chémot rabba 42,1]

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-> Le Méam Loez (Ki Tissa 32,4) écrit :
Le érev rav étaient les initiateurs du Veau d'or, qui connaissaient de nombreux tours de sorcellerie, ainsi que les moments de la journée où la magie est particulièrement efficace.

Il existe 2 moments appelées "soirées" (aravim) : l'un commence à la 7e du jour et se termine au début de la 9e heure. On l'appelle la "grande soirée" (érev rav), parce qu'il fait encore grand jour.
La 2e soirée commence à la 9e heure de la journée et s'achève à minuit. C'est à ce moment-là que les forces de destruction agissent.

Ainsi, ces hommes sont appelés "érev rav" (grande soirée) parce que leurs sortilège avaient de l'effet au cours de la grande soirée, c'est-à-dire en début d'après-midi.
Lorsque les sorciers virent que la 7e heure était arrivée (Moché devant revenir à la 6e heure!), ils se rendirent compte que le moment était propice.
Les 2 sorciers (Ianous et Iambrous), fils de Bilam, donnèrent de l'or à Aharon sur lequel ils avaient jeté un sort (cf. 5°/ ci-dessous), et qui fit émerger des flammes un Veau doué de parole.

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Aharon leur demande d'attendre le retour de Moché un jour de plus avant d'en rediscuter, mais la foule refuse, souhaitant une solution immédiate.

Après que les Anciens tentèrent également de faire patienter davantage le peuple, 'Hour (fils de Myriam), le neveu de Moché, va s'exprimer durement, en leur disant par exemple :
"Moché est un Juste, un géant parmi les hommes, mais c'est un homme.
D. ne peut-Il pas accomplir des miracles sans Moché?
Hachem, Lui seul est notre guide! Mais vous, vous Le repoussez en proférant d'infâmes ineptie! Vous osez blasphémer! Honte à vous! Vous ne méritez pas tous les bienfaits que D. vous accorde ... Vous allez attirer sur vous le malheur!"

La foule réagit avec indignation.
Certains des manifestants étaient des conseillers et des officiers hauts gradés à la cour de Pharaon, sont vexés qu'un jeune leur parle de la sorte.
Une avalanche de pierres s'abat alors sur 'Hour le tuant, et également sur plusieurs Anciens, les blessant (certains opinions disent qu'eux aussi ont été tués).
[le Méam Loez écrit qu'ils tuèrent tous les 70 anciens, et ensuite 'Hour, comprenant qu'il ne les laisserait pas agir à leur guise.]

Aharon est alors face à la foule, la mort, en face de lui ...
Il cède à leurs exigences, cherchant à gagner du temps dans l'attente du retour de Moché, et à capitaliser sur le fait que la majorité de la foule ne cherche pas à fabriquer un dieu, mais seulement à se doter d'un intermédiaire chargé de les représenter auprès de D., ce qui facilitera une future téchouva.

Il va demander une quantité très importante d'or, le métal le plus précieux, ce qui demandera du temps, surtout que n'ayant pas souffert de l'esclavage, le érev rav n'a reçu aucune compensation matérielle à la sortie d'Egypte.

Aharon va également imposer que cet or provienne uniquement de bijoux.
Les égyptiens (érev rav) ayant gardés leur coutume de porter des boucles d'oreille en or, souvent frappées à l'effigie de dieux égyptiens, comme symbole de beauté, il leur sera plus difficile de s'en séparer.
Il pense également en profiter pour faire disparaître ces symboles idolâtres.

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+ Les femmes juives :

-> Les épouses horrifiées à l'idée de fabriquer une idole, n'ont aucune intention de céder leurs bijoux et protestent fortement.
Elles montreront leur foi et leur sincérité, en donnant avec joie et empressement leurs bijoux pour construire le michkan et embellir le lieu de résidence de la présence divine parmi le peuple juif.

-> En récompense, le jour de Roch 'Hodech, leur est dédié, et elles auront le privilège de ne pas y effectuer de travaux, coutume observée dans de nombreuses communauté jusqu'à ce jour.
[Pirké déRabbi Eliézer 45]

-> Le Méam Loez (Ki Tissa 32,3) écrit :
Hachem récompensa les femmes en leur donnant une fête à laquelle les hommes n'ont pas de part.
Il s'agit de Roch 'Hodéch, que seules les femmes observent.
De plus, une grande récompense leur est réservée au monde futur.

Hachem fit don de cette fête aux femmes car les 3 fêtes de pèlerinage font référence aux Patriarches.
Pessa'h correspond à Avraham, Shavouot à Its'hak et Souccot à Yaakov.
Les 12 fêtes annuelles de la nouvelle lune correspondent aux 12 tribus. Cependant, après la faute des hommes, les 12 fêtes de la nouvelle lune leur furent enlevées et données aux femmes.

Il est écrit : "J'ai trouvé un homme sur mille, et de tous ceux-ci, je n'ai trouvé une femme" (Kohélét 7,28).
Le mot "ceux-ci" (élé) fait allusion au Veau d'or, car le peuple dit : "Ceux-ci (élé) sont tes dieux, Israël".
Parmi ceux-ci, on ne trouva pas une seule femme.
Pas une femme ne fauta en disant : "Ceux-ci sont tes dieux, Israël" [rabbénou Bé'hayé - Vayakél]

Si les juifs ont commis cette faute, c'est qu'ils désiraient rester sous l'influence des signes du zodiaque comme les nations.
Ils firent la forme d'un veau car ils voulaient dépendre du signe du Taureau (chor), la constellation la plus importante.
Les 12 fêtes de la nouvelle lune correspondent aux 12 signes du zodiaque.
Le refus des femmes montrait qu'elles désiraient être dirigées par Hachem seul.
Les 12 fêtes de la nouvelle lune (Roch 'Hodech) furent donc retirées aux hommes et offertes aux femmes.

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-> S'il n'y avait pas eu la faute du Veau d'or, le jour de Roch 'Hodech aurait été un Yom Tov, comme tous les autres.
Cependant, c'est uniquement dans ce monde que Roch 'Hodech est diminué.
Au Ciel, Roch 'Hodech a la même sainteté que les autres Yamim Tovim
, et lorsque que l'on dit : "mékoudach ha'hodéch" dans ce monde, le mois reçoit toute sa sainteté au Ciel.
[Tour, Pirké déRabbi Eliézer]

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-> Comme autre récompense, après la faute des explorateurs, le décret de D. frappant les hommes et leur imposant de mourir dans le désert, ne les touchera pas, et elles ont eu le privilège d'enter en terre d'Israël.
[midrach hagadol - Chémot 32,3]

-> On peut ajouter que : "Nos ancêtres ont été sauvés d’Égypte par le mérite des femmes vertueuses d’alors, et il en sera de même pour la rédemption future." (Guémara Sota 2b)

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-> Selon le Zohar, certains hommes ont arraché de force les boucles à leur femme, et d'autres ont donné leurs bijoux personnels à la place.

Le zèle et l'enthousiasme permet à ces hommes d'accomplir cette tâche en un temps record, obligeant Aharon a arrêter la collecte.
Nos Sages enseignent qu'il y en avait pour environ 3,2 tonnes d'or!

Selon le Léka'h Tov (Chémot 32,3), presque toutes les tribus, à part la tribu et les princes des tribus, ont participé à la collecte.
Même celles qui n'y ont pas participé sont coupables de ne pas avoir essayer de dissuader ses amis, famille et voisin.

Le Maharal Diskin enseigne que personne n'a protesté parce chacun pensait qu'il était seul à rejeter le veau d'or et ne se sentait donc pas capable de faire front à tous les autres.
=> Leur erreur a été de ne pas juger autrui favorablement (pensant être le seul à s'opposer), car sinon ils se seraient unis contre les 3000 personnes qui faisaient le Veau (que les Lévi'im vont tuer ensuite), évitant ainsi cette catastrophe.

En récompense de leur comportement :
- la tribu de Lévi aura le service du michkan et plus tard du Temple ;
- les princes bénéficieront d'une certaine mesure d'inspiration divine.
[Pirké déRabbi Eliézer 45]

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Une fois tout l'or marqué et enveloppé, Aharon s'apprête à le faire fondre en le jetant au feu.

-> Quelques autres intentions d'Aharon à ce sujet :

1°/ En réalité, Aharon pensait fabriquer un chérubin en or, semblable au chérubin gravé sur le Trône de Gloire et à celui qui sera, par la suite, placé au-dessus de l'Arche sainte dans le michkan (Tabernacle).
Il souhaitait que cette image en or, s'il se trouvait obligé de la fabriquer, traduise au moins le lien d'Israël avec D.
Malheureusement, les sorciers ont eu le dessus et en ont fait un veau.
[Malbim - Chémot 32,4]

2°/ Après avoir pris tout l'or apporté par le peuple, Aharon l'a entassé en une masse difforme puis, lentement, en a formé un veau qu'il a ensuite jeté au feu pour lui donner une forme permanente
Selon le Radlag, l'or a d'abord été fondu et a ensuite reçu une forme.
Essayant au maximum de gagner du temps, il espérait qu'ils finissent par regretter ce qu'ils faisaient, et changent alors d'avis.
[en ce sens, il y grava de nombreuses décorations.
De plus, il ne voulait pas que les gens puissent prétendre que sa simplicité était la cause de son inefficacité. C'est pour cela qu'il le fit le plus élaboré possible. [Abarbanel]]

3°/ Cette idole est sortie du feu par la faute d'un racha nommé : Mikha.
Ce dernier, avait eu la vie sauve grâce à l'intervention de Moché.
Celui-ci, aux pires jours de l'esclavage, voyant comment les égyptiens se servaient de nouveaux-nés hébreux à la place des briques manquantes et les recouvraient de ciment, avait plaidé pour eux auprès de Hachem et avait eu gain de cause.
L'un de ces enfants était ce Mikha.
[Le nom Mikha signifie : "celui qui était écrasé" (mémoua'h). On lui donna ce nom parce qu'on l'avait trouvé écrasé dans le mur.
Moché va prendre ce bébé pas encore mort (qui était utilisé comme du ciment dans le mur), le raviva et le soigna jusqu'à le rétablir.]

Mais les événements vont montrer à Moché qu'il n'a peut-être pas eu raison d'intervenir.
En effet, des années plus tard lorsque le peuple s'est préparé à quitter l'Egypte, Moché a accompli la promesse faite à Yossef d'emporter ses ossements afin de les enterrer en terre d'Israël.
Moché s'est donc apprêté à prendre le cercueil de Yossef resté immergé dans les profondeurs du Nil pendant toutes les année d'esclavage afin de le transporter.
Mais où se trouvait exactement le cercueil et comment allait-on le faire remonter à la surface?

Dans les bénédictions que Yaakov avait accordées à ses enfants, il avait comparé Yossef à un taureau (chor).
Moché, à ce moment, s'est servi de la métaphore.
Après avoir inscrit, sur une plaque d'or, le Nom de D. et les mots : "monte taureau" (alé chor), il a tendu cette plaque au-dessus du Nil et, miraculeusement, le cercueil est apparu.

Or Mikha, qui observait cette scène, a attendu l'occasion et dès qu'elle s'est présentée, a volé la plaque.
A présent, au moment où l'or des boucles d'oreille est jeté dans la fournaise, Mikha lance dans le feu la fameuse plaque portant l'inscription : 'alé chor', et effectivement, c'est un veau d'or qui apparaît au milieu des flammes.
[midrach hagadol - Chémot 32,4]

Le Yalkout Réouvéni enseigne que cette plaque portait le Nom Divin explicite (Chém haméforach), et c'est pour cette raison que le veau qui apparut dans le feu était doué de parole.
Le veau annonça : "Je suis l'Eternel (Hachem) votre D.", et le peuple crut à son pouvoir.

[Le Sifté Cohen dit que le Satan s'introduisit dans le veau. Lorsque l'idole émergea du feu, elle cria pour induire en erreur les juifs.
"Aharon vit [cela] et construisit un autel devant lui" (Ki Tissa 32,5) = selon le Zohar, Aharon vit l'influence du Satan (l'Autre Côté), et édifiant un autel saint (le peuple pensait offrir au veau, et Aharon à D.), il lui fît perdre ainsi une grande partie de ses pouvoirs.
Ainsi, en construisant l'autel dans la sainteté (mizbéa'h) avant que ne se prosterne le peuple et qu'il ne sacrifie le veau, Aharon sauva le monde d'une destruction certaine car les forces du mal étaient sur le point de dominer irrémédiablement.]

4°/ Selon une version légèrement différente, ce sont 4 plaques d'or que Moché a préparé pour faire émerger le cercueil de Yossef du Nil.
Sur chacune d'elles, il a gravé l'une des représentations ornant le Trône de Gloire : un lion, un homme, un aigle et un bœuf.
Moché a utilisé :
-> la 1ere plaque : le lion : pour retrousser les eaux du fleuve et les faire rugir comme un lion ;
-> la 2e : l'homme : pour rassembler les ossements épars et reformer le corps de Yossef ;
-> la 3e : l'aigle : pour soulever le cercueil au-dessus du fleuve.

Quant à la 4e plaque (le taureau), dont il n'avait pas besoin, Moché l'a mise dans le cercueil de Yossef.
C'est de là que Mikha l'a volée puis l'a utilisée pour fabriquer le eau d'or.
[midrach Chir haChirim 13a-13b]

5°/ La fabrication d'un veau, plutôt que n'importe quelle autre image, a surtout été le fait de 2 anciens sorciers égyptiens (Ianous et Iambrous), qui ont rejoint le peuple d'Israël avec le érev rav
Au moment le plus propice pour leurs tours de sorcellerie, ils se sont mis à l'oeuvre et ont prononcé des incantations (lui jetant un sort) puis, prenant l'or avec précaution, ils l'ont mis entre les mains d'Aharon qui, ne se doutant de rien, l'a lancé dans le feu, et un veau d'or est apparu.

Selon une autre version, ce sont 13 veaux d'or qui ont fait leur apparition : un pour chaque tribu et le 13e, en l'honneur d'Aharon, représentant l'ensemble du peuple.
[guémara Yérouchalmi Sanhédrin 10,2]
Les Tossafot font remarquer que symboliquement les mots : "yaasou éguel massé'ha" (il en fit un veau de métal - Chémot 32,4), ont 13 lettres.

Selon une autre version encore, la créature apparue à ce moment était en partie bœuf et en partie âne, l'âne symbolisant les racines non juives du érev rav.
[Yalkout Réouvéni Ki Tissa]

6°/ L'idée de faire un veau a trouvé son origine à l'époque d'un Pharaon appelé : "Apis".
Cet Apis, sorcier accompli, avait déclaré être une divinité.
Après avoir fabriqué un veau d'or, il avait pris l'habitude, tous les matins à 10 heures, de le faire émerger du fleuve puis de le faire voler dans les airs tandis que les égyptiens chantaient ses louanges.
(selon d'autres opinion, il ne faisait ce tour qu'une fois par an, lors d'une fête appelé : "Jour d'Apis")

Ces manifestations, faisant partie intégrante de la tradition égyptienne, ont profondément marqué le érev rav.
Ainsi, dès que l'occasion s'est présentée, ils ont décidé de reproduire le veau représentant cette légende.
[Yalkout Réouvéni Ki Tissa]

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=> Le résultat est qu'une statue en or d'un veau de 3 ans va apparaître dans les flammes.
Les sorciers ont eu le dessus sur les efforts d'Aharon, et sont parvenus à leurs fins.

-> Immédiatement, le Satan s'introduit dans le corps du veau en métal.
Il fait bouger ses pattes comme un bœuf en colère : le veau d'or semble doué de vie, faisant croire que le nouveau guide du peuple est né.
[midrach Vayikra rabba 7,1]

-> Le érev rav jubile alors :
"Voici tes dieux, Israël. Ce sont eux qui t'ont fait sortir d'Egypte.
Ce sont les dieux auxquels il faut dorénavant adresser vos prières si vous voulez qu'elles soient exaucées.
A l'avenir, ces dieux seront les partenaires d'Aharon pour diriger le peuple"
[Sforno - Chémot 32,4]

Ils transgressent ainsi le 1e et 2e commandements, et contredisent le : "Je suis Hachem votre D. qui vous a fait sortir d'Egypte".

-> Les Bné Israël ont eux des circonstances atténuantes, car la plupart d'entre eux savent parfaitement que c'est D. qui a réalisé tous les miracles de la sortie d'Egypte, et ils n'ont aucunement l'intention de nier Son unicité.
Ce qu'ils s'imaginent, c'est que de la même manière qu D. a accordé à Moché des pouvoirs le rendant apte à conduire le peuple dans le désert, Il a donné des pouvoirs au veau d'or.
Au fond de leur cœur, ils croient toujours en D., mais on profanait le 2e commandement (celui de ne pas servir d'autres dieux).
['Hizkouni - Chémot 32,4]

Le érev rav a totalement rejeté D. et s'est livré à l'idolâtrie (à l'image de ce qu'ils pratiquaient par le passé en Egypte), mais n'ont pas réussi à entraîner le peuple à les imiter jusqu'au bout.

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+ Pourquoi le choix d'un veau est-il si séduisant aux yeux du peuple.

1°/ Pendant la révélation du Sinaï, le peuple a perçu une vision fugitive du Trône de Gloire.
Or, les pieds du trône ressemblent vaguement aux pattes du bœuf.
L'image du bœuf va donc s'associer, dans leur esprit, à une représentation de la présence divine.
[Léka'h Tov - Chémot 32,4]

[Le Sifté Cohen enseigne que lorsque Hachem s'est révélé au mont Sinaï pour donner la Torah à Israël, ils aperçurent le Trône de Gloire et 4 'hayot (anges).
Ces anges avaient le visage : d'un homme, d'un bœuf, d'un lion et d'un aigle (Yé'hezkiel 1,10).
Le peuple voulait un veau, c'est-à-dire la forme ressemblant aux 'hayot (puisque la 1ere : un homme n'est plus (Moché étant probablement mort), alors ils souhaitaient passer à la 2e : un bœuf). La seule différence entre un bœuf et un veau est leur différence d'âge.

Le Sifté Cohen écrit également que l'idole prit la forme d'un jeune animal et non celle d'un bœuf pour mettre en évidence l'infériorité de ses instigateurs.
Ils voulaient pour dirigeant une créature, qui pour grandir devait se nourrir d'herbe.
Il est écrit : "Ils se révoltèrent contre la Gloire et firent la forme d'un bœuf mangeur d'herbe" (Téhilim 106,20).
Ils voulurent échanger la Gloire de D. contre un bœuf. Cependant, ils étaient si méprisables que la représentation qu'ils substituèrent n'était pas même celle d'un bœuf adulte mais celle d'une créature qui devait encore grandir.]

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2°/ Il n'en est pas de même pour le érev rav, qui n'a pas perçu la révélation aussi clairement (étant exclu à l'extérieur du campement).
Après la traversée de la mer rouge, le érev rav a vu, sur le sable, des empreintes semblant avoir été faites par un boeuf, ce qui les a conduit à penser que la présence divine ressemble à un boeuf.
En réalité, ce sont les anges escortant Israël qui ont laissé ces traces.
[le 'Hizkouni]

[le Sifté Cohen enseigne que lors de la traversée de la mer Rouge, tous les juifs aperçurent la Présence Divine. Par contre, le érev rav n'ont pas eu ce mérite, mais ils virent uniquement les pieds des anges, à la forme de pieds de veau, dont il est dit : "Leurs pieds ressemblent au bas d'un pieds de veau" (Yé'hezkiel 1,7). Ils pensaient que c'étaient là les pieds de Hachem.

Le Yalkout Réouvéni écrit qu'avant que les juifs n'aient fait le veau d'or, les 'hayot (anges) avaient 4 ailes. Après la faute, les 'hayot reçurent 2 ailes supplémentaires pour couvrir leurs pieds semblables à ceux des veaux, et ce afin qu'ils ne rappellent en rien la faute du veau d'or.]

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3°/ Puisque les déplacements couronnées de succès dans le désert ont été entrepris au cours du mois d'Iyar, placé sous le signe du Taureau, ils ont décidé d'en fabriquer un pour les guider en permanence.

4°/ Le nom du désert : "midbar chour" (désert du Taureau) a fait supposer au érev rav que le signe du taureau y régnait en permanence, et il leur a semblé de bon augure que leur 'guide' prenne cette forme.
[Rabbi Avraham ben haRambam - Chémot 32,4]

5°/ La plaque que Mikha avait jeté dans le feu portait les mots : "Monte, bœuf ; monte, bœuf!" (alé chor, alé chor!).
Ils dirent plus tard (au moment du veau d'or) : "Voici tes dieux, Israël, qui t'ont fait sortir d'Egypte" (Ki Tissa 32,4).
Le Kli Yakar explique : "C'est la forme d'un bœuf qui, en réalité, t'a fait sortir d'Egypte car sans cette plaque, le cercueil de Yossef n'aurait pu être tiré du Nil où les égyptiens l'avaient plongé. Et sans les ossements de Yossef, les juifs ne seraient pas sortis d'Egypte. Selon eux, la sortie d'Egypte se produisit grâce au pouvoir du bœuf."

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-> 6°/ Le veau sortit du feu à cause d'une chose que les juifs avaient apprise des égyptiens.
Autrefois, un maître-sorcier du nom d'Apich était roi en Egypte. Grâce à ses pouvoirs occultes, il faisait sortir un veau du Nil une fois par an à 10 heures du matin. Ce veau s'envolait ensuite dans les airs.
Ce jour-là, les égyptiens célébraient une grande fête appelée "le jour d'Apich" ; ils chantaient et dansaient devant le veau.

En Egypte, les juifs avaient entendu parler de cette cérémonie.
Ils avaient retenu cette idée et y croyaient. Ils voulaient donc à présent produire la forme d'un veau.
[Yalkout Réouvéni]

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-> Selon certains commentateurs, dans une dernière tentative afin de gagner du temps, Aharon propose de construire un autel afin d'y offrir des sacrifices à ce maître et l'adorer (le construire très lentement et espérant que le peuple priera pour que la ché'hina y réside), puis argumentant qu'il n'est pas convenable de faire un sacrifice la nuit tombant, il va le repousser au lendemain matin (le 17 tamouz).

-> Le Satan va réveiller à l'aube les dirigeants du érev rav, qui plein de joie vont sauter sur leurs pieds et réveiller tous les dormeurs, à l'exception d'Aharon et de la tribu de Lévi.
Le Abarbanel (Chémot 32,5) rapporte leurs paroles :
"Vite! Dêpechons-nous d'apporter des sacrifices. N'attendons pas Aharon. Nous voulons honorer immédiatement notre guide, le dieu que nous avons façonné. Nous voulons lui témoigner tout de suite notre respect et notre zèle".

-> Le 'Hatam Sofer fait remarquer que la faute principale est que le jour du don de la Torah, ils ont dormi trop longtemps, alors qu'ils se sont levés de très bonne heure pour faire le veau d'or.

-> Ce sont les 1ers nés qui sont choisis pour diriger les rites sacrificiels parce que c'est à eux qu'incombe le service sacerdotal.
Ainsi, les 1ers nés apportent des holocaustes et des sacrifices de paix sur le nouvel autel.
[midrach Bamidbar rabba 4,6]

En punition d'avoir rejetés la souveraineté de D., toutes les charges liées à la prêtrise et au service sacerdotal seront transferées à la tribu de Lévi qui n'a pas pris part aux événements.

-> Un grand nombre de ceux qui offrent des sacrifices le font en toute bonne foi, pensant rendre hommage à D. dont ils reconnaissent la toute puissance.
En revanche, le érev rav et ceux qui les ont rejoints rendent un culte idolâtre à l'image qu'ils ont façonnée.
[Sifté Cohen - Chémot 32,6]

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-> Ils se sont prosternés devant le veau d'or, ont célébré l'instauration de ce nouveau dieu et se sont assis pour festoyer en son honneur.
Ils mangent, boivent et vont jusqu'à servir de la manne au veau d'or.
[midrach Chémot rabba 41,1&7]

-> La fête va dégénérer en un banquet bruyant accompagné d'excès de la table et de boisson, suivi de chants et de danses.
On apporte des instruments de musique, et bientôt, les cornes, les tambourins, les tambours, les cymbales et les flûtes donnent un concert au veau d'or.
[Rabbénou Bé'hayé - Chémot 32,18]

-> La gaîté de la fête tourne à la débauche.
Il ne leur faut pas longtemps pour retrouver les pratiques immorales auxquelles ils s'adonnaient en Egypte.
[Malbim - Chémot 32,6]

-> Ils se sont à présent rendus capable des 3 péchés capitaux : le meurtre, l'idolâtrie et l'adultère.
Ils ont assassiné 'Hour, adoré l'idole et maintenant, ils se laissent aller à la débauche.
[Kli Yakar - Chémot 32,6]

-> En acceptant la Torah, les enfants d'Israël ont doté d'un rayonnement semblable à celui des anges mais ils l'ont perdu à présent. Leur visage s'est à jamais assombri.
[Yalkout Réouvéni - Ki Tissa]

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+ Aharon a agi en toute bonne foi en s'efforçant de tempérer le érev rav dans l'espoir d'empêcher toute faute significative avant le retour de Moché, mais néanmoins, il a commis 2 erreurs :

1°/ il aurait dû se méfier de 2 anciens sorciers (Ianous et Iambrous), et ne pas lancer directement au feu l'or qu'ils lui ont remis (car ils ont pu le transformer en veau) ;

2°/ en enveloppant si soigneusement l'or, il l'a rendu insensible au mauvais oeil, permettant ainsi aux incantations des sorciers de produire leur effet.
[Zohar ; Or ha'Haïm - Chémot 32,4]

Selon le midrach (Vayikra rabba 10,4), ces 2 erreurs infimes seront prises en compte lorsqu'Aharon perdra 2 de ses fils.

-> Le Zohar rapporte que la preuve évidente de l'innocence d'Aharon est qu'il survivra à cet épisode, alors que tous les pécheurs seront mis à mort.
De plus, même lorsque le veau d'or sera détruit, l'autel qu'il a construit restera intact.
Aharon a fait de son mieux et est entièrement innocent dans la façon dont il a agi.

-> D'ailleurs, selon le midrach (Chémot rabba 37,2), D. a vu les bonnes intentions d'Aharon et ses efforts en Son honneur, et le récompensa par la fonction de grand prêtre dans le michkan qui sera bientôt construit.
Hachem le récompensera aussi, lui et ses descendants, en lui accordant les 24 présents donnés aux prêtres par le peuple.

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+ Comment est-il possible que les enfants d'Israël aient commis une telle faute? Pourquoi Hachem les a-t-Il laissés aller si loin?

-> Une des réponses est que afin de montrer aux générations futures que, quelle que soit la gravité d'une faute, il existe toujours une possibilité de repentir, afin de les encourager à chercher sans se lasser le chemin de la téchouva.
Si le peuple d'Israël a obtenu le pardon pour la faute du veau d'or, alors aucune faute ne peut être au-delà du repentir.
[guémara Avoda Zara 4b - Rachi]

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-> Le Beit haLévi explique que l'intention des juifs était de construire un Michkan par lequel ils pourraient servir Hachem, Qui résiderait alors parmi eux, comme cela sera le cas après la faute du Veau d'or. En l'absence de Moché, qui les menait et les inspirait, ils s'imaginaient qu'un Michkan serait la solution parfaite.
Cependant, leur erreur a été de croire qu'ils pourraient édifier un tel lieu sans en recevoir l'ordre de D. Lui-même. Ils n'ont pas compris que le fait d'avoir uniquement de bonnes intentions ne transforme pas ce désir en une mitsva. En effet, sans un ordre spécifique de Hachem, la meilleure des intentions peut entraîner des conséquences tragiques.
C'est ainsi que bien qu'inspirés par de nobles aspirations, le Veau d'or s'est transformé en pire incident de l'histoire du peuple juif, pour lequel nous payons encore actuellement un important prix, comme nos Sages enseignent : il n'existe pas de châtiment dans ce monde qui ne contient pas une fraction de punition pour la faute du Veau d'or (guémara Sanhédrin 102a).

[le yétser ara nous pousse parfois à faire des actions qui nous paraissent comme des mitsvot de 1er choix, mais qui sont en réalité les pires choses à faire!
La faute du Veau d'or réside dans l'absence d'avoir comme priorité dans sa tête : qu'est-ce que Hachem attend de moi dans cette situation?
D'ailleurs, la définition du bien et du mal, n'est pas selon nos impressions subjectives du moment, mais plutôt selon ce que la Torah nous enseigne dans toute sa véracité et son éternité.]

[Rabbénou Bé'hayé dit que certes Hachem se souvient du veau d'or dans chaque génération, mais cependant dans le futur, Hachem oubliera totalement cette faute.
En effet, D. dit à Son prophète : "Ceux-là (élé) aussi seront oubliés" (Yéchayahou 49,15) = dans le futur, Hachem oubliera à jamais la faute du veau d'or où ils dirent : "Voici (élé) tes dieux, Israël" (v.32,4)]

"Les mots de la Torah dirigent ceux qui l'étudient : des chemins de la mort vers ceux de la vie."

[guémara 'Haguiga 3b]

-> Au moment de la destruction du Temple, Hachem a déclaré : "Si seulement, ils m'avaient abandonné, Moi, mais qu'ils observeraient encore Ma Torah!
Car la lumière divine qui est en elle [la Torah] les aurait ramené dans le bon chemin"
[midrach Eikha rabbati - Introduction 2 ]

-> Le Messilat Yécharim ajoute que lorsqu'une personne s'immerge dans l'étude de la Torah et reconnait la sagesse de ses mitsvot et de ses enseignements, alors le temps passant, un esprit d'inspiration va s'allumer dans son âme, qui le guidera sur le bon chemin.

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-> "Si vous peinez beaucoup avec les mots de la Torah, Hachem retirera le yétser ara de vous"
[midrach Bamidbar rabba 14,4]

-> "Si le yétser ara s'élève contre vous, donnez-lui à manger du pain de la Torah [...] S'il est assoiffé, donnez-lui à boire de l'eau de la Torah"
[midrach Téhilim 34,2]

-> "Mon fils! Si ce malpropre [le mauvais penchant] se porte à ta rencontre, tire-le à la maison d’étude ; s’il est comme une pierre, il s’effritera ; s’il est comme du fer, il se brisera en éclats!"
[guémara Soucca 52b]

-> Nos Sages (guémara Béra'hot 5a) enseignent que si une personne n'arrive pas à vaincre son yétser ara, alors elle doit "peiner dans la Torah".
Le Noda biYéhouda note qu'il n'est pas écrit : "étudier la Torah", mais "peiner dans la Torah", car il ne faut pas de la superficialité, mais une étude en profondeur, permettant ainsi au cœur de se remplir totalement de Torah.

-> "Rabbi Yossé dit : Lorsqu'une personne sent qu'elle va être submergée par de mauvaises pensées, elle doit s'immerger dans la Torah. De cette façon, les pensées vont cesser et partir d'elle.

Rabbi Eliézer dit : Lorsque le yétser ara cherche à attirer quelqu'un à la faute, il devra l'amener vers la Torah et il le quittera."
[Zohar - Vayéchev - 190a]

-> "Aussi longtemps que les mots de Torah trouvent les cavités du cœur d'une personne vides, ils y résident et le yétser ara n'y a aucun pouvoir, et personne ne peux les y retirer."
[Avot déRabbi Nathan - chap.13]

-> "Si le yétser ara trouve que les paroles de Torah ne règnent pas sur le cœur d'une personne, [alors il viendra y résider et] vous ne pouvez plus l'en faire partir [sauf en s'immergeant dans la Torah, dont les mots qu'on étudie purifient l'esprit et le cœur]."
[midrach Michlé - chap.24]

-> "Les pensées immorales ne peuvent prédominer que dans un cœur vide de connaissance [de Torah]"
[Rambam - Hilkhot Issouré Bia 22,21]

=> La Torah et le yétser ara ne peuvent pas résider en même temps.
A nous de ne jamais rester vide de Torah, pour éviter de laisser la place au yétser ara, qui gérera alors notre comportement, nos pensées et nos émotions.

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Face au yétser ara, il faut appliquer le :
-> "fuir le mal" (sour méra) = je mets en place toutes les barrières me permettant d'éviter d'y être confronté ;
-> "et fais le bien" (assé tov) = je suis tellement occupé positivement, qu'il n'a pas de place pour venir en moi.

"Si un homme acquiert des honneurs par l'humiliation d'un autre, il n'a pas de part au monde futur"

[guémara Yérouchalmi 'Haguiga 2,1]

Le rav Sim'ha Wasserman explique que la guémara ne parle pas d'un homme qui se réjouit de l'humiliation de son prochain mais de celui qui obtient des honneurs aux dépens de son prochain.

"Je pense que la plus grande aventure que l'on puisse vivre sur terre est celle qui consiste à partager sa vie avec D.

Nous réalisons alors que nous ne sommes jamais seuls et que D. Se trouve constamment à nos côtés pour nous épauler.
En effet, si D. nous observe à chaque instant, ce n'est pas simplement pour nous juger, mais aussi et surtout parce qu'Il nous aime et veut sincèrement nous venir en aide."

[rav Yossef 'Haïm Sitruk]

"D. n'opère pas de miracle pour une personne qui a peur"

[le Radak]

-> Le rav Yossef 'Haïm Sitruk a dit à ce sujet :
"Si nous voulons mériter tous les bienfaits extraordinaires dont D. souhaite très certainement nous gratifier, il nous faut impérativement être confiants.
Si le peuple juif a peur, si les gens doutent, aucun miracle ne peut se produire.
Les gens dans la vie desquels il se passe de grandes choses sont ceux qui ont décidé d'être sereins.

Il n'y a pas de défi plus urgent que d'être confiant. Lorsqu'on est serein, D. nous octroie tout ce qu'Il avait prévu de nous donner."