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Plaisanteries & Torah – réflexion du rav Greenfeld

++ Plaisanteries & Torah - réflexion du rav Greenfeld :

+ "Ceci est l’histoire de Yits’hak, fils d’Avraham. Avraham a engendré Yits’hak. " (Toldot 25,19)

Pour quelle raison le verset a-t-il trouvé nécessaire de répéter que Avraham a engendré Yits’hak ?

Parce que les railleurs de la génération disaient que Sarah avait conçu d’Avimélé’h.
Ils disaient que Sarah vivait avec Avraham depuis tant d’années et elle n’a jamais eu d’enfants.
Que fit D. ?
Rachi de répondre : D. dessina les traits du visage de Yits’hak semblables à celui d’Avraham afin que tout le monde témoigne : c’est Avraham qui a engendré Yits’hak.

Il est écrit : "une moquerie repousse 100 réprimandes".
Pourquoi cela ?

Parce que la moquerie n’est pas du domaine de la raison.
Au contraire, elle a le pouvoir d’obstruer l’esprit et de te dévier vers un autre monde.

Face à une blague, personne ne réfléchit si la chose est plausible ou non ; l’essentiel est qu’elle soit « bien trouvée ! »
[Avraham et Sarah étaient les 2 très âgés, il n’était pas plus naturel que Sarah puisse enfanter, que Avraham puisse en être à l’origine.]

La raillerie a un rôle : celui de faire le vide dans le cerveau.
La sagesse est acquise par le labeur du cerveau, la raillerie est exactement l’opposé.
Il est simple et facile de prêter foi à une parole de plaisanterie car cela ne demande aucun effort, aucune recherche de vérité.

La raillerie empêche tout simplement les gens de réfléchir et c’est là son danger.
Lorsqu’un homme veut faire abstraction du sérieux de la vie, il s’exclut littéralement du monde.
Il s’imagine qu’il sera plus heureux en riant de tout, mais le 1er verset des Téhilim dit, au contraire : « Heureux l’homme … qui ne s’assied pas parmi les railleurs/moqueurs. »

Nous voyons dans la paracha ‘Houkat, jusqu’où la raillerie peut amener l’homme.
Les Bnéi Israël, par myriades, se tiennent assoiffés devant le rocher duquel Moché s’apprête à faire jaillir de l’eau.
Et voilà qu’une poignée de plaisantins s’avancent et lui disent avec ironie : "Ce n’est pas malin de sortir de l’eau de ce rocher justement !
Tu sais certainement à l’avance qu’il contient de l’eau. Voyons si tu es capable d’en faire jaillir d’un autre rocher ! "

Et tous les Bnei Israël se sont laissés entraînés par cette manifestation contre Moché jusqu’à ce qu’ils aient réussi à le sortir de son calme.
Il s’est alors écrié : « Ecoutez donc, rebelles ! », ce qui lui a coûté très cher.

Comment est-il possible qu’une foule si assoiffée soit justement intéressée à prouver que Moché n’est pas prophète mais qu’il exploite une connaissance préalable ?

Cela vient nous enseigner quelle est la force de la moquerie.
= Elle parvient à détourner l’esprit de personnes souffrant de soif jusqu’à leur faire oublier leur état.

Il est écrit dans la guémara (Avoda zara 18) :
"Rabbi Eliézer dit : quiconque tourne les choses en dérision connaîtra la souffrance.
Rav Katouna dit : quiconque plaisante verra ses biens diminuer.
Reich Lakich dit : quiconque plaisante tombera dans le guéhinam.
Tan’houm bar ‘Hanoulaï dit : quiconque plaisante entraîne l’extermination du monde. […]"

Le Maharal écrit dans ses ‘hidouché Agadoth :
"De là tu apprends la gravité de la raillerie et son châtiment : le fait que le verset (le 1er des Téhilim – cf.ci-dessus) la cite en dernier de toutes les fautes prouve que la raillerie est la plus sévère. »

Il n’y a pas plus grande perfection de la sagesse et il n’y a pas plus insensé que la raillerie, son opposé.
Elle vide l’homme de son essence, c’est pourquoi il n’a pas la force de résister aux épreuves, "des souffrances l’accableront".
C’est aussi la raison pour laquelle, elle cause la destruction du monde.

C’est ainsi que nos Rabbanim se sont toujours éloignés à l’extrême de toute plaisanterie, moquerie.
Par exemple, le Steipler a dit suite à jeu de mot humoristique sur des mots de la Torah : "Comment peut-on faire une plaisanterie sur une parole de la Torah !"

Dans le séfer Bessamin Roch, le Roch aurait envoyé au Rachba une question intéresante.
Lors d’un cours donné par le Roch dans sa yéchiva, lorsqu’il a mentionné le nom "Rabbi Ychmaël" dans le déroulement du sujet, un élève s’est levé et a demandé : "Comment se fait-il qu’un maître de la Michna ait porté le nom d’un racha ? Pourquoi personne ne s’est appelé Rabbi Essav ?"

Le Rachba lui a répondu :
"Examine bien l’intention réelle de cet élève. S’il voulait sincèrement comprendre pourquoi ils ont utilisé le nom d’un racha explique lui que Ychmaël a fait téchouva à la fin de sa vie (cf. Rachi 'Hayé Sarah 25,9).
Cependant, s’il voulait simplement poser une question plaisante, revoie-le de la yéchiva.
De la manière dont il a demandé : pourquoi n’y a-t-il pas de Rabbi Essav, il me semble que ça a été plutôt le cas et il faut le renvoyer. »

Il est écrit dans la guémara (Méguila 25b) : "Rabbi Na’hman dit : toute plaisanterie est interdite sauf celle qui tourne l’idolâtrie au ridicule."

Le pouvoir extraordinaire qu’a la raillerie de détourner le cerveau des hommes de la raison et sa puissance attractive doivent être utilisés pour combattre la Avoda zara.
En effet, il est extrêmement difficile de persuader une personne du mensonge de sa religion par la raison.

De plus, les non-juifs ne sont pas, pour nous, des partenaires de discussion théologiques comme le prétendent les protagonistes du dialogue.
Le seul effet que le dialogue peut avoir est de nous affaiblir dans notre conviction car on sait que dans tout débat, chacun des partis cède un peu sur l’autre ou du moins se laisse influencer.

Nous n’avons pas de meilleure arme que la moquerie et c’est elle que nos ancêtres et nos maîtres ont toujours utilisée.

Le 1er fut le prophète Elie sur le mont Carmel face aux prophètes de Ba’al (Méla’him I,18) :
"Sur le midi, Elie les railla en disant : Criez plus fort puisque c’est un D., peut-être tient-il conseil, peut-être est-il parti en guerre ?
Peut-être est-il allé faire ses besoins, peut-être s’est-il endormi et se réveillera-t-il ? "

[la guémara Méguila 25b rapporte d’autres exemples de raillerie contre l’idolâtrie dans le Tana’h]

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+ Petit supplément :

-> Définition de la plaisanterie = faire ou dire quelque chose que l'on ne prend pas au sérieux.
Le yétser ara posséde une arme redoutable en nous incitant à plaisanter afin de diminuer à nos yeux la valeur de la vie, de la Torah, d'autrui, de nos responsabilités, ...
Son pouvoir est énorme, car comme on l'a dit : "une moquerie repousse 100 réprimandes".

-> Rabbi Chnéor Zalman de Lyadi disait : "Lorsque l'humour est employé à bon escient, lorsqu'il égaye au culte de D., il relève du sacré."

Source (b"h) : compilation personnelle issue du "Binéoth Déché" du rav David Chaoul Greenfeld

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-> "Le rire conduit à la perte de la conscience morale, au point que la raison et la sagesse ne la maîtrisent plus.
L'homme devient alors comme une personne ivre ou un fou, à qui aucune directive ne peut être donnée car il méprise toute autorité.
[...]
Le rire est voué essentiellement à détourner du cœur les pensées droites et réfléchies, empêchant totalement la crainte [d'Hachem, de la faute] d'y pénétrer."

[Ram'hal - Messilat Yécharim - chap.5]

[Le Ram'hal écrit : Comme le bouclier oint d'huile sur lequel les flèches vont tomber, et qui les renvoie et ne leur permet pas d'arriver jusqu'au corps de l'homme, de même la raillerie devant les remontrances.
En effet, avec une seule raillerie et un petit rire, l'homme fait tomber de lui beaucoup d'éveil et de questions du profond de son cœur lorsqu'il voit et entend des choses qui le poussent à réfléchir à ses actes.]

-> "N'agis pas avec légèreté d'esprit et que la crainte du Ciel t'anime"
[le Roch - Or'hot 'Haïm - 40]

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