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Roch Hachana – Un mélange de joie et de crainte

+ Roch Hachana - Un mélange de joie et de crainte :

-> Bien que Roch Hachana, le Jour du Jugement pour le monde entier, soit un jour terrifiant et redoutable, ce n'est pas un jour triste (c'est un yom tov).
Au contraire, nous devons avoir principalement un cœur heureux de téchouva, d'amour, d'attachement avec D., et nous devons pleurer de joie.
Comme il est dit : "béchim'ha yéguiloun kol ayom" (en Ton nom nous nous réjouirons toute la journée - Téhilim 89,17 - בשמך יגילון כל היום), dont les 1eres lettres forment : "békhia" (pleurer - בכיה).
[même si nous pleurons à Roch Hachana, cela doit l'être dans la joie, et pas avec tristesse et désespoir.]

[A Roch Hachana, il n'y a pas de place pour] l'abattement et un cœur brisé [de découragement], car [de tels sentiments] sont associés à la klipa et à la justice (din), et nous ne devons pas éveiller la justice/rigueur en ce jour".
['Hatam Sofer]

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-> Selon nos Sages, il ne faut pas se forcer à pleurer, mais si des larmes nous viennent pendant les prières, c'est un signe de pureté, de complétude de la néchama (selon le Arizal).

Rabbi Shlomo Kluger dit que les larmes sont si précieuses à Roch Hachana, qu'avant Roch Hachana nous devons prier pour en avoir.

=> Le rabbi Pin'has de Koritz (Imré Pin'has) interroge : comment concilier que sur Roch Hachana, il soit dit : "Ne vous attristez donc pas, car la joie en Hachem est votre force" (Né'hémia 8,10), et que c'est également un signe positif d'en arriver à pleurer?

Il répond : cela est similaire à un mariage : la joie est énorme, mais il y a également une part de crainte, puisque les mariés espèrent que le mariage sera des plus réussi (pression qu'il soit à la hauteur des espérances, que tout se passe bien) et paisible.
De même, Roch Hachana, est un jour où le monde entier est créé de nouveau, il y a une énorme joie car Hachem renouvelle Sa royauté (mélou'ha), et nous êtres humains, formés à partir de la la terre, nous avons le privilège de proclamer Hachem LE Roi (hamélé'h).
Est-ce qu'il y a une chose plus joyeuse que cela?
C'est pour cela que nous sommes heureux à Roch Hachana, et que c'est un yom tov.
Mais d'un autre côté, nous pleurons car nous ne savons pas ce que sera le futur, et ce qui sera décidé pendant le jugement qui se tient en ce jour.

[d'un côté nous avons une confiance heureuse que le Jugement sera en notre faveur, car Hachem nous aime infiniment, mais d'un autre côté nous avons une crainte d'être à la hauteur de ce jour si spécial de Roch Hachana, et également de la responsabilité d'agir à la hauteur de la bonté de D. pendant l'année à venir.
En effet, Hachem nous témoigne tellement de miséricorde, nous trouvant tous les moyens de nous pardonner et nous combler du meilleur, que cela nous incite à donner le meilleur de nous même pendant l'année à venir.]

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-> Le Tour (581) écrit : "Aucune nation est comparable à cette nation ...
Le jour de son jugement, la nation juive s'habille d'habits blancs, se rase la barbe, se coupe les ongles.
A Roch Hachana, ils mangent, boivent et sont joyeux, car ils savent que Hachem va accomplir un miracle pour eux."

-> La michna Broura (597,1) écrit : " Nous mangeons et buvons, et nous sommes joyeux.
Bien que Roch Hachana soit un jour de jugement, néanmoins, la mitsva de se réjouir de la fête (samarta békhagué'ha) s'applique également à Roch Hachana".

=> Certes en se basant purement sur nos actions nous sommes très loin d'être méritants d'avoir un bon jugement, alors pourquoi sommes-nous si heureux?

Nous sommes joyeux car c'est notre Père au ciel qui nous juge, et Il désire nous combler de bontés.
Il recherche dans les lois de la Justice, des moyens de nous accorder la meilleure année possible.
La crainte est énorme (les enjeux sont réels et énormes!), mais dans cette crainte il y a une immense joie.

Le rabbi Moché 'Haïm de Slonim disait à ceux qui avaient excessivement peur : "Ce n'est pas une bande de voleurs qui sont assis à la court [de notre jugement] en haut au ciel. C'est notre Père, et nous pouvons avoir confiance qu'Il sauvera Ses enfants (les juifs) du jugement."

-> Le Sforno (Vayikra 23,24) écrit :
"Bien qu'en ce jour [de Roch Hachana] Hachem s'assoit sur le Son Trône de Jugement ... il est approprié de se réjouir car Il est notre Roi qui cherchera à nous octroyer des bontés, et à nous faire sortir méritant de Son jugement."

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-> Pourquoi être joyeux à Roch Hachana?

Le rav Elimélé'h Biderman répond :
1°/ c'est une mitsva d'être joyeux, puisque c'est un Yom tov ;
2°/ Nous avons confiance (bita'hon) que Hachem nous accordera un bonne année ;
3°/ La joie est un bon signe (siman) pour l'année à venir ;
4°/ Le Ohr haMéïr dit que nous sommes joyeux à Roch Hachana car nous couronnons Hachem comme Roi sur le monde entier, et nous sommes joyeux d'avoir ce privilège.
En effet, dans la guémara (Roch Hachana 34b), Hachem dit : A Roch Hachana, récitez devant Moi des versets de "mal'hiyot" (royauté) ... afin que vous acceptez Ma souveraineté sur vous.
A ce sujet, le rabbi Pin'has de Koritz dit : Il n'y a rien de plus agréable que cela!

5°/ Nous sommes également joyeux car Hachem rencontre [individuellement] chaque juif à Roch Hachana, et c'est une raison de faire la fête.

6°/ D'après le Séfer ha'Hihoukh (311) : "en jugeant chaque année les juifs, Hachem fait une bonté en leur permettant que leurs fautes ne deviennent pas trop nombreuses pour être pardonnées.
Puisque leurs fautes sont peu nombreuses, alors Hachem leur pardonnent, et l'expiation peut se faire petit à petit. [la douleur étant saucissonnée en parts supportables!]
Comme la guémara (Avoda Zara 4a) le dit : "A ceux qu'Il aime, Il punit petit à petit".
En effet, si Hachem ne se rappelait des juifs que de temps en temps, leurs fautes seraient nombreuses, et le monde devrait pratiquement être détruit.
Ainsi, Roch Hachana est un jour spécial, qui apporte l'existence au monde.
C'est pourquoi, il est convenable de faire de ce jour un yom tov."

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-> Le Sfat Emet (5639) écrit :
"Bien qu'ils sachent que Hachem se souvienne d'eux pour les juger, néanmoins chaque juif comprend que c'est un énorme mérite d'être rappelé par Hachem ... et ils considèrent que cela vaut la peine d'être jugé par Lui, uniquement pour avoir le mérite qu'Hachem pense à nous.
Puisque les juifs se sentent privilégiés et joyeux que Hachem pense à eux, Hachem se rappelle d'eux pour le bien.
Hachem quitte Son Trône de Justice/Rigueur et s’assoit sur Son Trône de miséricorde.
Ils méritent cela car ils comprennent qu'être rappelés par Hachem en jugement est le plus grand bien et un présent extrême de la part d'Hachem."

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-> "A Roch Hachana, tous les habitants du monde passent devant Lui comme un troupeau"
[guémara Roch Hachana 18a]

Rachi commente : comme un troupeau qui est compté pour le maasser et qui traverse une petite porte un par un.

=> Il en découle qu'à Roch Hachana nous passons tous, individuellement, devant Hachem.

Le Sfat Emet explique les juifs désirent passer devant Hachem, ils veulent être en Sa présence car ils savent que Hachem leur accordera les bénédictions et des bontés.
[ainsi, certes la crainte est énorme : les livres de la vie et de la mort étant ouverts, mais la joie est énorme : nous avons le privilège de se tenir tout seul en présence d'Hachem, le Maître sur tout l'univers.]

Le rav Elimélé'h Biderman dit : "Nous ne comptons pas que Hachem nous accorde une bonne année car nous le méritons, mais plutôt en raison de Sa compassion et de Son amour sans limite à notre égard."

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-> "Faites le relevé de toute la communauté des enfants d’Israël" (Bamidbar 1,2)

Selon le Ramban (Bamidbar 1,45), une des raisons du recensement à ce moment dans le désert était :
"Si les enfants d’Israël reçurent l’ordre de se faire recenser par Moché et Aharon, c’est parce qu’en se présentant devant eux et en disant son nom, chacun y gagnait mérite et longévité … car Moché et Aharon (les tsadikim de la génération) allaient prier pour lui."

Ainsi, lorsque Moché et Aharon se présentaient devant la maison de chaque juif (pour les compter), ils posaient leur regard bienveillant sur eux, et ils avaient un tel amour envers chaque juif, qu’ils ont traduit cela en priant pour le meilleur pour cette personne [incluant sa descendance!].

=> D'une façon similaire, lorsque nous passons devant Hachem à chaque Roch Hachana, c'est un moment merveilleux pour nous.
A ce moment, Hachem va certainement nous bénir d'énormément de bénédictions.
Rien que le fait d'être en présence de D. est une bénédiction en elle-même, qui génère des réussites spirituelles et matérielles.

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+ La crainte :

-> En même temps que notre joie, nous devons avoir une immense crainte.
Par exemple, le Choul'han Arou'h (597,1) écrit : "Nous mangeons, buvons et sommes heureux ... à Roch Hachana ... cependant, on ne doit pas trop manger pour ne pas être distrait. [En ce jour,] la crainte de Hachem doit être sur notre visage".

-> "D. a arrangé les choses de telle sorte qu'on le craigne" (Kohélét 3,14)
Le Zohar explique : "Hachem nous a fait Roch Hachana afin que nous Le craignons .
[quelque soit notre passé, notre situation, rien n'est acquis puisque totalement remis en cause lors du jugement de Roch Hachana. La crainte est là!]

-> Le Séfer ha'Hinoukh (311) écrit : "Le son brisé de la sonnerie du Shofar signifie que nous devons tous briser notre yétser ara et regretter nos mauvaises actions ...
C'est pour cette raison que nous ne récitons pas le Hallel ... car il n'est pas convenable de le dire alors que nous nous tenons en jugement."

-> Le Rambam (Pirouch haMichnayot - Roch Hachana 4) écrit : "Le Hallel n’est pas récité à Roch Hachana et à Kippour, car c’est des jours de service, d’humilité, de peur, de crainte d’Hachem, pour s’enfuir et courir vers Lui, à faire téchouva, dire des supplications, requêtes et le pardon.
Et pour tout cela, la joie et la gaieté ne sont pas appropriées."

-> La michna Broura (584,1) écrit : "Nous ne récitons pas le Hallel à Roch Hachana car les livres de la vie et de la mort sont ouverts, alors comment pouvons-nous chanter le Hallel?
Bien que nous sommes certains que nous sortirons du jugement en tant que tsadikim [tellement Hachem agit envers nous avec miséricorde!], néanmoins nous devons être effrayé en raison de la crainte du jugement.
Par le mérite de notre crainte, nous serons rappelés pour mériter une bonne année."

[c'est toute la dualité : amour/crainte d'Hachem.
Plus nous développons en nous de la crainte de ce Jugement impitoyable où aucune pensée, aucun acte, ... ne peut rester caché, où nous ne pouvons pas mentir/baratiner à Hachem, ... , plus nous pourrons ouvrir notre cœur à la prière, à la téchouva (l'heure est grave : notre vie est en jeu!), plus nous pourrons développer de l'amour et de la reconnaissance face à la miséricorde totalement folle de Hachem.
D'une certaine façon, la crainte est ce qui nous remet à notre vrai place, ce qui permet de nous réveiller à encore davantage aimer papa Hachem!]

-> "Bien que chez les êtres humains la crainte et la joie soient contraires ... chez Hachem ce n'est pas ainsi. En réalité, la crainte augmente la joie" (Rabbénou Yona - guémara Béra'hot 21a)

=> A Roch Hachana, nous sommes à la fois très effrayés, et nous sommes très joyeux.
Dans notre service Divin, ces 2 émotions ne sont pas contradictoires, l'une vienne accroître l'autre.

-> Les sons du Shofar expriment également cette idée.
En effet, selon nos Sages, la tékiya longue exprime la joie, et les autres sons un cœur brisé.

-> L'attribut principal de Its'hak est la crainte du Ciel (pa'had Its'hak)
Cependant, son nom Its'hak, signifie : le rire, la joie.
Le Sfat Emet écrit : "Il est probable qu'il était appelé Its'hak car son visage brillé de joie, car personne n'est plus heureux que celui qui craint réellement Hachem et qui n'a pas d'autres craintes."

[à Roch Hachana, nous proclamons le plus fortement possible la grandeur de Hachem sur le monde, sur nous même. Ainsi, d'un côté nous avons une crainte énorme face à Son infinie grandeur!
Cependant maintenant que D. est tellement énorme à nos yeux, alors tous nos autres soucis, peurs, deviennent minuscules, voir inexistantes, et c'est alors un état de joie énorme.

Comme nos Sages nous enseignent : "Ne dis pas combien tes problèmes sont grands, mais plutôt à quel point ton papa Hachem est énormes!" (il n'y a alors plus de soucis, uniquement de la bonté Divine!)]

-> b'h, quelques autres raisons sur la non récitation du Hallel : http://todahm.com/2017/09/27/pourquoi-ne-recite-t-on-pas-le-hallel-a-roch-hachana

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-> "Nous devons être effrayé en raison de la crainte du jugement. Par le mérite de notre crainte, nous serons rappelés pour mériter une bonne année." (michna Broura 584,1).

-> "La chose principale est [qu'à Roch Hachana] toute personne doit amener sur elle-même de la crainte ...
Quelle est la définition de la crainte?

[La forme la plus élevée de crainte] est lorsque nous reconnaissons Hachem et que nous sommes proches de Lui. C'est ce qu'on appelle : "yira iloya" (la crainte Divine = une crainte issue de la grandeur d'Hachem).
Si l'on n'est pas à ce niveau, nous devons être effrayé par le jugement.
La chose principale est que tout juif doit avoir très peur, et alors Hachem lui fera de la bonté."
[Beit Aharon - Nitsavim]

=> Le Beit Aharon enseigne que : à Roch Hachana, nous devrons être effrayés, et par le mérite de notre crainte Hachem nous accordera un bon jugement.
Mais si nous ne sommes pas effrayés, alors nous avons beaucoup à craindre.

-> Le rabbi Aharon de Tchernobyl enseigne que si à Roch Hachana nous devenons humbles et que l'on se sent brisé par nos avérot (regret d'avoir fait quelque chose d'aussi grave, contraire à la volonté de D.), alors l'Attribut de Rigueur, de jugement strict, va nous quitter et nous mériterons une bonne année.
Au contraire, si nous pensons que nous méritons d'avoir une bonne année (ça va mon année est pas si mal, ce n'est pas si mal/grave ce que j'ai pu faire, il y a bien pire que moi!), alors nous perdons la compassion d'Hachem.
Cela est en allusion dans le verset : "alla élokim bit'roua" (l'Attribut d'Hachem de stricte justice s'en va avec la téroura, son qui représente un cœur brisé).
Mais l'Attribut Divin de compassion/miséricorde peut partir si : "békol Shofar" = si nous ressentons que nous sommes bons et que nous n'avons pas besoin d'améliorer nos actions.
["shipérou maassé'hem" (améliorer vos actions) => le mot Shofar est lié à la notion de s'améliorer (léssapèr).]

> "L’orgueilleux repousse les pieds de la Présence Divine.
D. dit à son sujet : Moi et lui, nous ne pouvons demeurer ensemble!"
[guémara Sotah 4b]

En effet, Hachem dit : "Des yeux hautains et un cœur enflé d’orgueil, Je ne puis les supporter" (Téhilim 101,5).

Le Rambam (Hilkhot Déot 2,3) enseigne que l’orgueilleux refuse d'admettre l’existence de Hachem.
[sans la présence d'Hachem pour nous sauver au Jugement on est foutu!
Par ailleurs, Roch Hachana est le jour où l'on proclame la Royauté de Hachem, et comment peut-on le faire si l'on n'a pas brisé son orgueil!]

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+ Ne pas imposer nos mauvais sentiments à autrui :

-> Le rav Israël Salanter enseigne que quelque soit notre sentiment de tristesse, peur, découragement, ... nous devons le cacher extérieurement, afin de ne pas tirer avec nous des gens vers le bas, et idéalement nous devons toujours avoir un visage heureux.

[à Roch Hachana, si Hachem voit que nous irradions positivement notre entourage même quand cela ne va pas super chez nous (ex: joie/sourire, encouragement, ...), alors cela témoigne que nous sommes nécessaire à la communauté, et Hachem nous accorde un bon jugement car on a besoin de nous.]

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