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Il se peut qu'un homme accomplisse son obligation de prier, mais il n'en tire rien et sa prière ne lui apporte rien.
Car l'essentiel est que se renforce en lui la émouna, par la méditation et la pensée.
C'est la même méthode que dans l'étude du moussar où il faut se représenter les principes mentalement et les appliquer dans les actes.
Pour cela, la description d'un livre ne suffit pas ; en fait, l'illustration vise essentiellement à ce qu'on intègre le message, auquel cas on en aura tiré un intérêt.
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La prière (téfila) est un grand moment [personnel] de pensée juive (moussar).
De même que l'étude du moussar doit rapprocher l'homme de la vérité et d'Hachem, de même la prière doit faire entrer dans le cœur de l'homme que tout est entre les mains d'Hachem et tout ce que l'homme doit recevoir dépend en détails de la Providence du Créateur.

[rav Yé'hezkel Lévinstein]

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-> Le Saba de Kelm zatsal explique pourquoi les Sages des anciennes générations n’avaient pas l’habitude d’étudier le moussar, bien qu’il existe des ouvrages à ce sujet sous leur plume.
Rabbénou Yona, dans son Chaaré Téchouva (2,15), affirme que nous devons quotidiennement effectuer un examen de conscience. Mais, à son époque aussi, il n’existait pas une étude fixe de ce sujet, comme cela est de coutume de nos jours.
Le Saba explique que, chez les Richonim, la prière avait la même influence que l’étude du moussar a aujourd’hui, car ils priaient du plus profond de leur cœur. Ainsi que l’explique le Kouzari, la prière déverse sur l’homme un courant de foi et de pureté de l’âme.

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-> La prière doit être présente en nous à chaque instant de la journée, dans toutes nos activités.
Qu’est-ce que j’ai de la peine lorsque je vois des gens qui disent à la fin de la prière : "alénou léchabéa'h" et ferme le sidour, en se déconnectant ainsi de la prière.
Ils reviennent rapidement à leur état d’homme matériel et loin d’Hachem, au lieu de garder ce lien puissant avec Hachem …
La prière doit être le fruit d’une connexion permanente avec Hachem, avec Sa crainte, avec Sa Providence, avec notre soumission et humilité devant Lui ; il n’y a rien de pire que l’interruption qui empêche toute croissance spirituelle, tout lien fort avec Hachem."
[rav Yérou'ham Lévovitz]

-> "Si seulement un homme pouvait prier toute la journée" (guémara Béra'hot 21a)

-> "Je ne suis que prière" (le roi David - Téhilim 109,4 - vaani téfila).
Le Métsoudat écrit : Je suis un homme de prière.
Rachi explique : Je prie Hachem en permanence.

-> Rabbénou Yona (Béra'hot 20b) demande pourquoi les femmes sont-elles astreintes à la prière, alors qu'il s'agit d'une mtisva qui dépend du temps?
Il répond : "ce n'est pas une mitsva qui dépend du temps, car il faudrait prier à chaque instant de la journée ... elle ressemble donc à une mitsva qui ne dépend pas du temps".

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-> "Le mot mitpallel (prier) vient du mot piloul, rigueur/jugement, la forme mitpallel (pronominale) veut dire que l’homme se fait rigueur à lui-même.
De plus, le mot mitpallel est proche du mot ballal : mélanger, insérer un autre élément à un mélange ... et là aussi c’est le but de la prière : faire rentrer en nous (mélanger ou insérer) la vérité absolue en ce qui concerne Hachem et Sa direction du monde avec le plus de rigueur possible.
L’homme doit se faire rigueur à lui-même en prenant conscience de la vérité absolue, c’est-à-dire que tous les coins et recoins de son être et de sa vie, à chaque instant, sont entre les mains d’Hachem.

Grâce à sa prière, l’homme pourra acquérir une perfection d’âme et vivre en permanence à la lumière d’Hachem ...

Il en ressort que la prière, d’après la définition juive, est le contraire de la prière telle que les gens la connaissent.
Il ne s’agit pas d’exprimer son intériorité à l’extérieur, il ne s’agit pas non plus de raconter son ressenti à Hachem qui est en face de nous, comme le pense le peuple.
[Certes, il y a également, mise à part la prière ce qu’on appelle : te'hina, bakacha ou si'ha où nous pouvons parler à Hachem et Lui raconter ce que l’on ressent.]

Il n’en reste pas moins que la prière c’est exactement l’inverse : non pas faire sortir à l’extérieur mais faire rentrer à l’intérieur de son cœur la vérité concernant la providence divine.

C’est pourquoi la prière s’appelle une Avoda (un travail) chébalev (du coeur), car celui qui prie est en train de se travailler et de se réparer afin que son cœur prenne conscience de la vérité la plus authentique concernant tous les domaines de sa vie.
[s’il racontait seulement ses problèmes : ce ne serait pas une Avoda!]
De plus, si la prière consistait à raconter ses sentiments à Hachem, comment nos sages pourraient-ils l’obliger 3 fois par jour. Comment pourrait-on lui fixer un texte précis (que ferait celui qui n’a rien à raconter?)

La prière c’est un réveil du cœur et un moyen de vivre dans notre intériorité en prenant conscience de toutes les valeurs éternelles qui ont toujours besoin d’être renforcées et protégées concernant la Providence, et la Emouna (foi).

Celui qui a des angoisses ou des demandes particulières pourra s’en servir pour que la prière soit encore plus importante à ses yeux, ou encore plus indispensable (mais ces besoins ne restent qu’un moyen et ne sont pas le but premier de la prière)."

[rabbi Chimchon Raphael Hirsch (Vayéra 20,7)]

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