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La Havdala

+ La Havdala :

-> Selon le Rambam, c'est une mitsva positive de la Torah que de sanctifier le Shabbath par une expression verbale.
Ce rappel doit être fait à son début par le Kiddouch qui sanctifie le jour, et à sa fin par la Havdala qui est une déclaration de séparation.

D'après certains décisionnaires, la Havadala est une institution de nos Sages qui est évoquée implicitement dans certains versets de la Torah.
Tout le monde est d'accord, qu'elle a été rédigée par les Sages de la Grande Assemblée [à l'image des autres prières].
[le Lévouch 296,1]

-> Lorsque la Grande Assemblée a institué initialement la Havdala, la prière était uniquement prononcée pendant la Amida dans la bénédiction de : ata 'honantanou.

Lorsque les juifs ont gagné en richesses, il a été décrété que la Havdala sera récitée sur un verre de vin.
Lorsque les juifs sont devenus par la suite de nouveau pauvres, la Havdala a de nouveau été insérée dans la Amida, tout en maintenant la règle de la faire sur le vin.
[guémara Béra'hot 33a]

-> Rabbi Yo'hanan dit : Celui qui réside en Israël, celui qui éduque ses enfants à étudier la Torah, et celui qui fait la Havdala sur du vin à la sortie de Shabbath, sont assurés d'hériter leur part dans le monde à venir.
[guémara Pessa'him 113a]

-> Rabbi 'Hiya bar Abba enseigne : Quiconque récite la Havdala à toutes les sorties de Shabbath aura des enfants qui étudient la Torah.
Rabbi Yéhochoua ben Lévi dit : Il aura des enfants méritants d'être des maîtres [en Torah].
[guémara Chvouot 18a]

-> Rav Yits'hak dit : Quiconque accomplira la mitsva de la Havdala correctement, méritera d'avoir des garçons intelligents ayant le niveau d'enseigner les préceptes de la Torah, Hachem le chérira en le surnommant : "kadoch" (Saint), par contre, celui qui délaisse cette mitsva, ne connaîtra jamais le bonheur et la prospérité."
[Pirké déRabbi Eliezer - chap.20]

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-> Rabbi Tsadok [Pirké DéRabbi Elièzer] dit : "Celui qui ne fait pas la Havdala sur du vin à la sortie de Shabbath, ni ne se fait acquitter par autrui, ne verra jamais de bénédiction. Si par contre il le fait, D. l’appelle “saint” et le considère comme son joyau."
[rapporté dans la kitsour Choul'han Aroukh du rav Ich Maslia'h]

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+ L'ordre des bénédictions :

-> A ce sujet (b'h) : https://todahm.com/2016/08/22/la-havdala

-> L'ordre des bénédictions suit l'avis de Beit Hillel, qui se base sur le verset : "béssamim roch" (בְּשָׂמִים רֹאשׁ - Ki Tissa 30,23), se traduisant littéralement par : "les béssamim en 1ers".

La senteur est appréciée par l'âme, tandis que la vision de la flamme est apprécié par le corps.
Les béssamim sont prioritaires sur la flamme.
[Yaavèts]

-> Le vin, les aromatiques/épices, la flamme et la séparation s'élèvent dans l'ordre des capacités humaines, en partant de celui qui est le grossier à celui qui est le plus subtile :

1°/ le sens du goût, que nous ressentons lorsque nous mangeons et buvons, est celui qui est le plus physique. C'est pourquoi la bénédiction sur le vin vient d'abord.

2°/ le sens de l'odorat par les senteurs peuvent être ressentie même à distance sans la nécessité de devoir toucher l'objet. Etant ainsi un sens qui est moins physique, sa bénédiction vient en 2e position.

3°/ le sens de la vue : c'est un sens encore plus raffiné, puisque nous pouvons apercevoir même les étoiles qui sont à des années lumières de nous. C'est pourquoi la 3e bénédiction porte sur la vision de la flamme.

4°/ la bénédiction de la Havdala est celle qui se situe au niveau le plus élevé.
En effet, uniquement l'intelligence humaine peut faire la distinction entre le sacré et le profane.
C'est cela qui nous donne les moyens de comprendre la sainte Torah.

[le Kaf ha'Haïm 296,3]

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+ Les odeurs : Boré miné bessamim :

-> Pourquoi faisons-nous une bénédiction sur la senteur d'aromatiques/d'épices?

A la sortie de Shabbath, au moment où la néchama yétéra (le supplément d'âme) nous quitte, un juif se sent triste et déprimé.
En respirant l'odeur agréable des bessamim, cela va élever son esprit.
[Tossafot - guémara Beitsa 33b]

-> Pendant Shabbath les feux du guéhinam sont éteints, et ils ne sont rallumés qu'à sa sortie.
La senteur des bessamim est désignée pour neutraliser l'odeur nauséabonde émanant du guéhinam.
[le Bach 296]

-> Lorsque 'Hava a fauté en mangeant du fruit interdit, 4 de ses 5 sens en ont retiré du plaisir : elle l'a vu, elle a entendu la séduction du serpent, elle a touché le fruit et elle l'a goûté.

Puisque 'Hava a réalisé la faute dans la journée du vendredi, la néchama yétéra, qui prend plaisir aux senteurs n'était pas encore arrivée.
A la sortie de Shabbath, lorsque la néchama yétéra nous quitte, nous prenons plaisir à la pensée du seul sens qui n'a pas été contaminé par la faute de 'Hava : celui de l'odorat.
[Séfer Mat'amim]

-> La néchama yétéra vient d'en-haut où elle respire les odeurs divines du Gan Eden.
Elle n'est pas heureuse d'être dans ce monde avec des odeurs nauséabondes de fautes.
Nous lui fournissons les bessamim pour rendre plus agréable son inconfort.
[Séfer Mat'amim]

-> Il en est de même au moment d'une brit mila : http://todahm.com/2020/05/23/13486

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-> A la différence des effets transitoires du Shabbath, l'impact laissé par les Yom Tov est permanent, laissant pour toujours une trace indélébile sur le corps aussi bien que l'âme d'un juif.
A l'époque du Temple, les pèlerins étaient changés pour toujours par leur visite à Jérusalem pendant les Yom Tov.
Cette différence explique pourquoi nous ne sentons pas des épices parfumées dans la Havdala à la fin d'un Yom Tov.
Les Tossafot (guémara Pessa'him 102b) suggère que la fonction des épices dans la Havdala est de compenser la perte de "l'âme supplémentaire" qui nous quitte à la fin du Shabbath.
Cependant, l'âme supplémentaire accordée à un Yom Tov ne nous quitte jamais même après la fin de la fête.
[Sfat Emet - Emor 5647]

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+ La flamme : Boré méoré ha'esh :

-> Lorsque Adam fut créé, il y avait la lumière du jour pendant 36 heures de suite : 12 heures le vendredi (depuis l'heure de sa création en ce jour), 12 heures pour la nuit du vendredi soir, et 12 heures pour le Shabbath.

Lorsque le soleil s'est couché à la sortie de Shabbath, Adam en a été terrifié.
Banni du Gan Eden, il pensait qu'il faisait face à des dangers mortels invisibles à ses yeux (puisqu'il faisait nuit noire!).

Mais Hachem a fourni à Adam un instinct de survie, et il a frotté des pierres ensemble qui ont alors créé un feu, lui apportant de la lumière et de la chaleur.
A ce moment, Adam a récité une bénédiction sur le feu : "Boré méoré a'esh" (Qui créé les lumières du feu).
[midrach Béréchit rabba 11,2]

-> Le Lévouch dit que la raison principale pour laquelle nous disons la bénédiction : "Boré méoré a'esh" à la sortie de Shabbath, est pour se souvenir de la lumière originelle que Hachem a créé le 1er jour de la Création, comme il est dit : "D. dit : Que la lumière soit" (Béréchit 1,3).

Selon le Divré Yoël, parmi toutes les créations originelles, nous ne faisons de bénédiction uniquement sur le feu, car les autres créations vont bénéficier également aux réchaïm.
Quant à lui, le feu représente la lumière du 1er jour de la Création qui a été cachée dans la Torah, pour que ne puisse en profiter que les tsadikim qui étudient la Torah en l'honneur d'Hachem.

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-> La Havdala doit être récitée avec des chants traditionnels, puisque nous disons : "Au revoir!" à notre invité le Shabbath.

Un invité important est escorté jusqu'à la porte et renvoyé sur sa route avec des chansons, comme il est dit : "Je t'aurais reconduit avec allégresse, avec des chants, au son du tambourin et de la harpe!" (Vayétsé 31,27). "
[le Yaavets]

-> "A l'issue de chaque Shabbath, le machia'h et Eliyahou haNavi siègent sous l'arbre de la vie pour retranscrire les mérites du peuple juif qui respecte le Shabbath, c'est alors que Hachem s'associe à eux et appose son sceau en signe de consentement."
[midrach Ruth - chap.5]

[Nous avons l'habitude de dire à plusieurs reprises : Eliyahou haNavi za'hour létov! ]
[il y a une coutume (au nom du Arizal) de réciter à la sortie de Shabbath la phrase : Eliyahou Hanavi Zakhour Létov (אליהו הנביא זכור לטוב - le prophète Eliyahou qu’il soit mentionné pour le Bien), car celle-ci totalise la valeur numérique de 400, correspondant aux 400 forces d’impureté d’Essav qui seront soumises au machia’h lors de la Guéoula annoncée par Eliahou Hanavi. ]

-> Eliyahou haNavi est préposé pour noter à la fin de Shabbath toutes les mitsvot de chaque juif faites à Shabbath. C'est au Gan Eden, installé sous l'Arbre de Vie (ets 'haïm), qu'Eliyahou écrit chacune des mitsvot de chaque juif faite à Shabbath, c'est pour cette raison que nous mentionnons Eliyahou haNavi à la sortie de Shabbath, au moment de la havdala.
De plus, lorsque Eliyahou haNavi inscrit les mérites du peuple d'Israël, il en tire une satisfaction proportionnelle à la qualité et à la quantité des mitsvot accomplies ce Shabbath, et il éprouve pour chaque personne un amour lié à ces mérites.
[Ben Ich 'Haï - guémara Kétouvot 61a]

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-> Il est enseigné : "Ils ont l'assurance, Israël, que Eliyahou haNavi ne viendra pas les veilles de Shabbath ou veilles de fêtes pour ne pas les déranger dans leur préparatifs" (guémara Erouvin 43b).
On apprend de là qu'à partir de la sortie de Shabbath débute le moment de sa possible venue, c'est pourquoi nous mentionnons Eliyahou haNavi à la sortie de Shabbath.

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+ Mentionner Eliyahou haNavi à la sortie de Shabbath :

-> Le Tour (Ora’h ‘haim 295) écrit qu’à la sortie de Shabbat, on a la coutume de mentionner Eliyahou haNavi.

-> Le Baal haManhig (Hilkhot Shabbat 71) en explique la raison : c’est parce qu’il sera celui en charge d'annoncer la guéoula (la rédemption/délivrance), et la guémara (Erouvin 43b) affirme qu’Eliyahou ne viendra pas érev Shabbat ou érev Yom Tov (pour ne pas en perturber les préparatifs notamment). Ainsi prions nous, une fois Shabbat écoulé et que le machia’h est de nouveau susceptible de se dévoiler, qu’il vienne et nous annonce la rédemption.

-> Le Arou'h haChoulkhan suggère que puisque Chabbat est "méén olam aba" , un avant-goût du monde futur (guémara Béra'hot 57b), il est porteur de grande joie. La tristesse ressentie à son départ doit être jugulée. Chanter des chants avec des mots inspirants, remplis d’espoir pour la rédemption, atteint cet objectif.

-> Le Aboudraham écrit que la raison pour laquelle Eliyahou est associé à la sortie de Shabbat est dans le fait que nos Sages (Shabbath 118b) connectent l’observance du Shabbat à la libération et à la guéoula.
C’est donc seulement à l’issue de ce saint jour que nous implorons Hachem : "Nous avons fidèlement observé ton Shabbat, tel que Tu nous l’as ordonné. Maintenant, s’il te plaît, par ce mérite, envoie-nous Eliyahou haNavi."

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-> Le Maharil (fin d’ Hilkhot Chabbat) cite une Tossefta selon laquelle chaque à la sortie de Shabbat, Eliyahou s’assoit sous le Ets Ha’haim, l’arbre de la vie dans le Gan Eden, et consigne les mérites de tous ceux qui ont observé Shabbat.

-> On peut citer quelques liens entre Eliyahou haNavi et la sortie de Shabbat :
1°/ La sortie de Shabbat est un temps de petite mort puisque notre néchama yétéra (le supplément d'âme reçu en ce jour) nous quitte (guémara Beitsa 16a).
Eliyahou est celui qui va annoncer la guéoula, un temps d’éternité, de résurrection des morts. Cela sied parfaitement avec Eliyahou qui ne mourut pas comme on le rappelle à son sujet dans un des chants du Mélave Malka : "l’homme qui ne goûta pas le goût de la mort ni de l’inhumation" (איש שלא טעם טעם מיתה וקבורה - voir Méla'him 2,2-11).
Cela correspond bien aussi avec la sortie de Shabbat où l’on nourrit le Louz, l’os qui ne peut pas pourrir et qui sera à l’origine de la résurrection (voir michna Broura 300:2).

2°/ La brit mila est réalisée le 8e jour où est présent Eliyahou, le mala'h habrit (ange de l'alliance - Mala'hi 3,1). Le début du 8e jour depuis le début de la création (soit dimanche) est le temps de la sortie de Shabbat (la veille au soir).

3°/ Eliyahou vécut dans ce monde qu’il quitta vivant dans un tourbillon de feu et devint un mala'h (ange). De même qu’il subit une transformation, on peut comprendre qu’il assiste aux brit mila, où l’enfant subit lui aussi un changement, étant purifié par le retrait de l’excroissance de sa chair.
De même, la sortie de Shabbat opère le passage entre le Shabbat et la semaine. Eliyahou élève la personne après Shabbat quand elle connaît un certain déclin spirituel.

4°/ Eliyahou est porteur de bonnes nouvelles (comme nous le disons dans le Bircat Hamazon : "hara'haman ou yichla'h lanou ét Eliyahou haNavi za'hour létov ouyivacher lanou béchorot tovot véné'hamot -> Que le Miséricordieux nous envoie Eliyahou haNavi, de mémoire bénie, pour qu’il nous délivre de bonnes nouvelles, des délivrances et des consolations).
Dans le zémer Elyahou Hanavi que l’on chante durant le Mélavé Malka, nous disons également: איש פקיד על כל בשורות טובות = l’homme préposé aux bonnes nouvelles.
=> A la sortie de Shabbat, beaucoup connaissent un certain abattement puis sont revigorés par le Mélave Malka, lié à Eliyahou.

[après un boost de spiritualité à Shabbath, on peut risque de redescendre (le retour à la réalité de la vie quotidienne peut faire mal, nous rendre triste, avoir un peu de désespoir ... Ainsi, au moment de retrouver notre vie de tous les jours on n'oublie pas que Eliyahou haNavi peut arriver à tout instant pour nous annoncer la guéoula, et en ce sens cela nous remobilise pour qu'on donne le meilleur de nous-même dans la semaine à venir.)]

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-> b'h, Sur le sujet de la Havdala, voir également un dvar Torah sur : Pourquoi regardons-nous nos ongles durant la havdala? : https://todahm.com/2016/04/25/pourquoi-regardons-nous-nos-ongles-durant-la-havdala

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-> Dans le Zohar (Béréchit p.17), rabbi Chimon bar Yo'haï dit que chaque samedi soir un ange de destruction associé à la médisance quitte le purgatoire et tente de dominer le peuple juif lorsqu'il dit dans la prière du soir : "l'oeuvre de nos mains subsistera pour nous" (Téhilim 90,17 - vihi noam Hachem ... oumaassé yadénou konénéou).

Cet ange essaie à tout prix de se mêler aux juifs et d'introduire parmi eux le mauvais œil.
Cependant, lorsqu'ils récitent la Havdala en observant strictement toutes ses règles, l'ange les quitte pour retourner à la résidence de Kora'h et de son clan dans l'abîme.
[Méam Loez - Yitro 20,8]

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+ Pourquoi la coutume est que les femmes ne boivent pas du vin de la Havdala?

-> 'Hava pressa du raison (fruit interdit) pour que Adam en consomme, occasionnant ainsi la faute originelle, c'est pourquoi elle reçut en punition le sang des menstruations.
La punition prit cette forme suite à l'impureté que provoqua en elle le serpent. Et du fait de la consommation de vin engendra la période de Nida (la séparation entre Adam et 'Hava), les femmes n'ont pas à boire du vin de la Havdala (de séparation).
[le Chla haKadoch - traité Shabbath, chapitre Torat Ohr]

[selon certains de nos Sages : mieux vaut pour la femme ne pas goûter au vin de la Havdala, car cela pourrait éveiller l'attention des accusateurs contre elle.]

-> Si les femmes buvaient du vin de Havdala, elles auraient des accouchements très difficiles.
[des Sages de Jérusalem - répondant à une question de rabbi Chem Tov Gaguine]

Pourquoi manger du poisson à Shabbath?

+ Pourquoi manger du poisson à Shabbath?

-> Comment une personne peut prendre plaisir à Shabbath?
Rav Yéhouda répond : en mangeant un grand poisson.
[guémara Shabbath 118a]

-> Selon le Baal haTanya, la Torah ne nous ordonne pas de manger du poisson à Shabbath ; c'est un embellissement de la mitsva de prendre plaisir à Shabbath.
[Choulh'an Arou'h haRav 242,4]

-> "Il est bien de manger du poisson lors des 3 repas de Shabbath, à moins qu'on ne l'apprécie pas."
[Michna Broura 242,2]

-> Les repas de Shabbath sont comparés à la manne descendant dans le désert, et nos Sages disent qu'elle avait le goût de tout aliment qu'on pouvait imaginer, à l'exception du poisson.
Pour compenser cette saveur alors inaccessible, nous faisons un effort d'en manger à Shabbath.
[Taamé haMinhaguim]

-> La valeur numérique de : dag (poisson - דג) est de 7, mettant en avant la signification de le manger le 7e jour de la semaine, à Shabbath.
[Oneg Shabbath]

-> Shabbath est un jour destiné à des objectifs spirituels : prier, étudier la Torah, faire des mitsvot.
En ce sens, le moins nous passons de temps à dormir, le mieux c'est.

En mangeant du poisson, qui ne ferme jamais les yeux et même continue parfois à nager pendant son sommeil, nous nous rappelons de ne pas perdre les heures si précieuses de Shabbath en dormant [voir pire en tuant le temps, disant du lachon ara, ...].
[oul'Acher Amar]

[les poissons ne peuvent vivre que dans l'eau, qui représente la Torah. Or, Shabbath n'a été donné que pour l'étude de la Torah.
Manger du poisson est bien un rappel en ce sens. ]

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-> Le Rama de Pano enseigne : quelqu’un qui délaisse l’étude de la Torah finit par se réincarner en poisson ; en effet, il est écrit : "Il expira et fut rassemblé à son peuple" (Béréchit 49,33), et à propos des poissons nous trouvons : "Faut-il leur rassembler tous les poissons de la mer?" (Bamidbar 11,22).
Et le Shabbat, toutes ces réincarnations trouvent leur réparation.
Donc quelqu’un qui mange un poisson, ce qui est une chose matérielle faisant partie du repas de Shabbat en l’honneur du saint Shabbat, fait un tikoun (réparation) à ce poisson, qui est dans sa racine une réincarnation spirituelle."
[rapporté par le rav David Pinto (la voie à suivre n°616)]

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-> La guémara (Baba Batra 75a) rapporte que dans le monde futur, Hachem fera un festin pour les tsadikim.
Le menu consistera en de la chair du poisson Léviathan, de la viande d'un bœuf sauvage (le chor habor) et du vin ayant été mis de côté depuis les 6 jours de la Création.

Afin de nous donner un avant goût du monde à venir (jour qui est entièrement Shabbath), nous consommons ces 3 choses qui seront servis pendant le grand festin futur : du poisson, de la viande et du vin.
[le Matté Moché]

-> Puisque le poisson vit sous l'eau, ils n'ont pas de lien avec ce monde.
Shabbath étant un semblant du monde à venir, il est de même détaché de ce monde.
Il convient ainsi de manger du poisson en ce jour.
['Hachava léTova]

-> Contrairement aux animaux, le poisson ne produit pas de son.
En mangeant du poisson, nous nous rappelons d'agir comme eux en nous retenant de paroles inutiles et légères, en ce jour si spécial.
[Imré Yéhouda - Chéla'h]

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+ "Les cieux sont à D. tandis que la terre ferme fut octroyée à l'homme" (Téhilim 115,16)

Rabbi Baroukh Leff enseigne que ce n'est que la terre ferme qui fut donnée aux hommes ; l'eau ne nécessite pas d'être développée ultérieurement.
Les mers ne font partie que du domaine divin, et sont déjà parfaites.
Par conséquent, les poissons qui sont en son sein n'ont pas besoin de ché'hita (abattage rituel), et peuvent être consommés directement après avoir été tirés de l'eau.

Les animaux nécessitent encore une action humaine afin de les amener à leur niveau de perfection, ce qui n'est pas nécessaire pour les poissons.

Etant 2 mondes séparés, ils ne doivent jamais être mangés ensemble.

En ce sens, le Ari zal enseigne qu'une personne qui est un vrai tsadik, laisse une vie quasi parfaite ne nécessitant quasiment plus de réparation.
Ainsi, Hachem fait revenir brièvement dans notre monde son âme quasi parfaite sous la forme d'un poisson, qui ont eux aussi une forme parfaite.

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+ "De tout ce qui était sur la terre sèche, périt" (Noa'h 7,22)

-> Malgré le fait que les eaux du déluge étaient bouillantes (guémara Sanhédrin 108b), les poissons ne sont pas morts (guémara Zéva'him 113b).

Les poissons ont été les 1eres créatures vivantes que D. a créé.
Ils sont apparus le 5e jour, avant les oiseaux (qui ont aussi été créés en ce même jour), et avant les autres animaux et les hommes (qui ont été créés le 6e jour).
C'est en considération de cette qualité qu'ils n'ont pas été détruits.

D'ailleurs, la coutume de commencer par manger du poisson à Shabbath peut venir de ce fait qu'ils ont été créés avant les volailles (oiseaux) et les animaux.

-> Le Torat Yé'hiel dit qu'ils ont été récompensés d'être mangés le Shabbath, pour avoir été la seule espèce qui n'a pas fauté durant la génération de Noa'h.

-> Le Ramban (Béréchit 9,3) rapporte qu'après le déluge, Noa'h a reçu la permission de manger de la chair animale, car les animaux ont été sauvés grâce à lui.
Mais puisque les poissons ne sont pas morts pendant le déluge, Noa'h n'a pas été autorisé à les consommer.

Selon le Pardess Yossef (Noa'h), ce n'est qu'après le don de la Torah, qui a eu lieu un Shabbath, que la permission de manger des poissons a été accordée.

D'ailleurs, certains rabbanim 'hassidiques n'en mangeaient pas le restant de la semaine, car c'est un plat de fête réservé au Shabbath.

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-> Pourquoi les poissons conviennent-ils si bien aux repas du Shabbat?
Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) explique : ""Tout ce qui peuplait le sol expira", et non les poissons de la mer. Ceci peut expliquer pourquoi précisément les poissons ont été choisis pour orner la table du Chabbat : pour nous enseigner que le feu du guéhinam n’a pas d’emprise sur le jour saint, de même que les poissons échappèrent au feu du déluge, qui anéantit le monde par des eaux bouillantes."

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-> La guémara (Béra'hot 20a) rapporte que le fait qu'ils soient complètement enveloppés par l'eau protectrice garantit également de ne pas souffrir du ayin ara (mauvais œil).
Confinés dans leur domaine sûr et isolé, ils sont hors d'atteinte de toute la négativité du milieu extérieur.

-> Shabbath est l'occasion de prendre conscience et de renforcer notre souhait d'éviter de nous exposer à l'influence négative du monde matériel, pour davantage se concentrer sur notre spiritualité, et ce en étant remplis de sainteté.

=> En ce jour dédié à une grande proximité avec Hachem (néchama supplémentaire), nous prenons conscience de la requête de papa Hachem : kédochim tiyou (soyez kadoch!).

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+ "D. bénit le 7e jour et le proclama saint, parce qu'en ce jour Il se reposa de l'oeuvre entière qu'Il avait produite et organisée" (Béréchit 2,3)

-> Rabbi Tsvi Elimélé'h de Dinov (Bné Yissa'har) enseigne :
Il est de coutume de manger du poisson pendant Shabbath, à cause des 3 bénédictions que D. a prononcées au moment de la Création :
1°/ la 1ere bénédiction a été donnée aux poisson lorsque D. leur a dit : "Croissez et multipliez! Remplissez les eaux" (Béréchit 1,22) ;
2°/ la 2e bénédiction a été octroyée à l'homme : "Croissez et multipliez! Remplissez la terre" (Béréchit 1,28) ;
3°/ la 3e bénédiction a été conférée au Shabbath, selon les mots : "D. bénit le 7e jour et le proclama saint" (Béréchit 2,3).

=> Ainsi, en consommant du poisson pendant le Shabbath, nous avons le mérite que les 3 bénédictions données à l'homme, au Shabbath et au poisson, se réalisent à travers nous.

-> Les Kabbalistes retrouvent cette idée à travers les mots du roi David : "Dans de vertes prairies (déché), Il me fait camper", où le mot : "déché" correspond aux initiales des mots : daguim (poissons), Shabbat et adam (homme), allusion à cette combinaison magique garantissant une triple bénédiction, à laquelle renvoie la fin du verset : "Il me conduit au bord d’eaux paisibles" (Téhilim 23,2).

Le 3e repas de Shabbath

+ Le 3e repas de Shabbath :

-> Selon la kabbale, le moment du 3e repas de Shabbath est dénommé : "Raava Déraavin" (le temps de faveur des faveurs), c'est la période durant laquelle Hachem est disposé avec le plus de bonté envers le peuple juif.

-> Le 'Hozé de Lublin fait remarquer que les 2 premiers repas sont consommés à des horaires habituelles auxquelles nous avons faim.
Le 3e repas a lieu à un moment où souvent nous n'aurions jamais mangé à nouveau si ce n'était pas pour accomplir la mitsva.
Ainsi, c'est le seul repas qui permet d'attester que nous le faisons parce que Hachem nous l'ordonne, et non pas notre ventre.

Par cela, le 3e repas a le pouvoir de sanctifier les 2 repas précédents, et c'est comme si les 3 repas étaient consommés par un seul esprit de dévouement.
[Divré Emet]

-> Les 3 repas de Shabbath font allusion aux 3 Patriarches : Avraham, Yits'hak et Yaakov.

Yaakov, symbole du 3e repas, englobe ses ascendants : Avraham et Yits'hak.
Ainsi, le 3e repas comprend les 2 repas précédents.

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+ Un temps de faveur des faveurs :

-> Hachem a commencé à créer le monde à la sortie de Shabbath.
L'instant juste avant qu'Il commence à créer était le dernier moment de Shabbath.
Ainsi, la volonté divine de créer le monde a surgi un instant avant le début des 6 jours de la semaine, qui est le moment où l'on mange le 3e repas.

C'est un temps de déversement de faveurs, car c'est là que s'est éveillé la volonté divine de créer le monde dans un acte de suprême bonté.
[le Maor vaChémech - Likoutim]

-> Le Divré Chmouel (sur Mikets 43,25) commente en disant que Yaakov a demandé à ses enfants de partager spécifiquement leur 3e repas de Shabbath avec Yossef, car c'est un moment de "raava déraavin", que cela aiderait certainement, et ce fait le cas.

-> Puisque le 3e repas est un temps de faveur des faveurs, une prière pour la subsistance sera certainement répondue.
De plus, c'est au cours de ce repas que le comportement d'une personne est déterminé, c'est pourquoi c'est un moment opportun pour prier pour être humble et soumis (à la volonté de D.).
[Imré Pin'has - page 114]

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+ Le point culminant de Shabbath :

-> Selon le Azi zal, au moment de la 3e Séouda, les juifs sont invités à s'asseoir à la table de Hachem : "pour voir la splendeur de la présence divine".

-> Le 3e repas est le moment où Hachem s'unit avec le peuple juif et nous devenons un avec la présence divine.
[Tséma'h David - Shabbath]

-> Le Maguid de Kozhnitz dit qu'à ce moment chaque juif a le statut de : "Tsadikim qui sont assis au Gan Eden, portant les couronnes qu'ils ont obtenus avec les mitsvot qu'ils ont réalisé, profitant de la splendeur de la sainte présence divine" (guémara Béra'hot 17a).

-> Nos Sages enseignent que le 3e repas est un moment très adapté pour faire téchouva, car c'est un temps où l'âme d'une personne est (particulièrement) liée à Hachem.

D'ailleurs, rabbi Kalonymus Kalmish Shapiro disait que le 3e repas est le Yom Kippour hebdomadaire.

-> Observant 2 hommes discutant l'un l'autre pendant la période du 3e repas, le rabbi de Satmar les a réprimandé : "Vous êtes en train de perdre les minutes les plus précieuses de toute la semaine en commérages!"

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-> Le 'Hida rapporte avoir vu un manuscrit de rabbi 'Haïm Vital citant rav 'Haï Gaon, affirmant qu'il y a une tradition testée et approuvée qu'une personne qui prolonge le 3e repas sera couronnée de succès pendant la semaine à venir.

-> Le 'Hafets 'Haïm donnait un cours de Torah à une communauté, et une fois l'heure de la fin de Shabbath dépassée, il sentit une impatience grandissante dans l'assemblée : faisons arvit au plus vite, Shabbath est terminé!

Il a dit : "Qui peut dire que dans sa famille, il n'a pas un ancêtre qui est en enfer?

La règle est que l'on remet les personnes à souffrir en enfer, qu'une fois que le dernier minyan de sa ville fait sortir Shabbath (récitant le "ouva létsion" dans la prière de arvit).

Etes-vous impatient d'amener au plus vite les atroces souffrances de l'enfer sur vos ancêtres, en voulant faire sortir au plus vite Shabbath?"

La douleur de la présence divine

+ La douleur de la présence divine (Chékhina) :

-> "Dans toutes leurs souffrances, il [Hachem] a souffert avec eux (les juifs) ... il les a portés et soutenus pendant toute la durée des siècles" (Yéchayahou 63,9)

-> "La présence divine, s’il est permis de s’exprimer ainsi, réside avec Israël dans les souffrances de l’exil, et elle a inscrite Sa propre délivrance pour le jour où ils seront délivrés (guémara Meguila 29a). Elle reviendra [alors] avec eux."
[Rachi - Nitsvaim 30,3]

-> De même que les juifs souffrent de l'absence d'une relation de grande proximité avec Hachem, de même, Hachem souffre de cette relation difficile, et Il est tout seul en exil, puisqu'Il s'est éloigné d'eux.
[Tikouné Zohar - tikoun 6]

-> La guémara ('Haguiga 5b) enseigne que pour Hachem, dont la compréhension dépasse la confusion de ce monde, même la chose qui nous semble la plus difficile, est un réalité un élément faisant partie de son plan, qui est pour la joie ultime.
Cependant, il y a une exception à cela : la destruction du Temple entraîne de la tristesse et des pleurs même au Ciel.

-> Hachem agit comme un endeuillé sur la douleur (de la perte) du Temple.
[midrach rabba Eikha 1,1]

-> Il n'y aura plus aucun bonheur à Hachem tant que le Temple ne sera pas reconstruit et que le juifs ne retourneront pas à leur place appropriée : la terre d'Israël.
[Yalkout Chimoni Eikha 1009]

-> Rabbi Yossi dit à Eliyahou haNavi qu'il a entendu dans les ruines de Jérusalem une voix : "divine gémissante et pleurant : "Honte aux enfants dont les fautes M'ont poussé à détruire Ma maison et à les exiler parmi les non-juifs"

Eliyahou haNavi lui a dit : "3 fois chaque jour, Hachem pleure de cette façon sur la destruction du Temple"
[guémara Béra'hot 3a]

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-> Au moment de la destruction du Temple, Hachem dit aux anges :
"Laissez-moi verser des larmes amères. N'essayez même pas de me consoler de la rupture de mon peuple. Cette tragédie est trop grande pour être consolée.

Un jour de destruction a été appelé contre "la vallée de la Vision" (une référence à Jérusalem). Les murs de Jérusalem sont abattus, et des cris résonnent.
C'est un moment pour pleurer et se lamenter"

[Yéchayahou 22,4-5 et 12 - cf.Rachi]

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-> Le midrach (rabba Eikha Pesichta 24-25) décrit qu'au moment de la destruction du Temple, Hachem s'est apprêté à prendre congé du Temple.
Il a alors serré contre Lui et embrassé les saints murs et piliers, et a sangloté : "Au revoir Mon Temple; Au revoir Mon palais Royal. Au revoir, Ma maison bien-aimée. Au revoir pour le moment, au revoir!"

Une fois le Temple détruit, Hachem a continué à pleurer : "Mon lieu de résidence ... Honte à Moi pour la perte de Ma maison.
Mes enfants, où êtes-vous? Mes Cohanim, où êtes-vous? ... Que puis-je faire pour vous maintenant?

Je vous ai averti encore et encore, mais vous n'avez pas fait téchouva!"

Les anges ont voulu entonner leur chant, mais Hachem n'a pas voulu l'écouter.
"Je ne peux pas être réconforté par vos chants maintenant. Aujourd'hui, c'est un jour de chaos et de dévastation. C'est un moment de pleurs, et non de consolation."

Hachem a alors appelé [le prophète] Yirmiyahou : "Yirmiyahou! Je suis comme un père qui a marié son seul fils, et il est mort au moment du mariage.
Comment le père peut-il prendre le deuil de cette tragédie?

Va appeler les Patriarches : Avraham, Yits'hak et Yaakov.
Va appeler : Moché.
Va les appeler depuis leur tombe. Ils sauront comment pleurer ensemble avec Moi"
[...]

Ils sont alors venus au Temple, et ils sont allés de Porte détruite en Porte détruite, se rendant compte de la destruction et ils ont pleuré : pleuré sur la punition reçue par le peuple juif, pleuré ensemble avec Hachem.

[midrach rabba Eikha Pesichta 24-25]

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-> Chaque juif doit se sentir responsable de rejoindre la douleur d'Hachem, à l'image d'un enfant qui ressent la souffrance de son père comme la sienne.
[Yessod véChorech haAvoda 9,11]

-> Nous devons chercher à imiter la façon d'agir de Hachem, en agissant en fonction de ce qu'il fait.
Ainsi, si Hachem a de la tristesse, alors nous devons également avoir de la tristesse.
S'il pleure, alors nous devons faire de même.
Lorsqu'il se lamente, c'est également un moment pour nous de se lamenter.
[Réchit 'Hokhma - Anava 6,60]

-> Le Alshich haKadoch a écrit une kina dans laquelle il dit :
"Rassemblez-vous, enfants d’Israël! Déchirez votre cœur, plutôt que vos vêtements et ressentez le tort causé par vos fautes ...
Que dit la présence divine?
Je souffre et personne ne prête attention à M'aider.

Vos fautes ont poussé Ma main contre vous. Vous souffrez maintenant de l'exil afin de pouvoir corriger ce que vous avez fait ... mais personne ne semble prendre cela à cœur ..."

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-> Rabbi Chimin bar Yo'haï dit que Hachem est constamment en train d'attendre, et de vérifier si une personne fait téchouva afin de soulager Sa souffrance et amener le machia'h.
Mais Il est déçu, encore et encore, puisqu'Il voit tous les gens aller en fonction de leur vie, prenant soin de leurs propres besoins alors que Ses besoins sont négligés.

Ils sont trop occupés à tendre vers le monde matériel pour se rendre compte des demandes du Ciel ...
C'est pourquoi, Hachem attend encore et encore, sans fin en vue ...

[Hachem nous dit: ] Je vous aime et tout ce que Je veux c'est de pouvoir vous donner.
J'aimerai pouvoir vous couvrir de Miséricorde.
Retournez vers Moi et Je pourrais revenir vers vous.
Faites téchouva et Je réparerai notre relation et Je vous consolerai"

[Tikouné Zohar - tikoun 6]

[L'introduction du Séfer 'Harédim nous rapporte que si des géants comme Rabbi Chimon bar Yo'haï ressentait la souffrance de Hachem alors qu'ils n'avaient évidemment pas de faute personnelle pouvant provoquer l'exil, combien à plus forte raison devons-nous le faire, nous qui prenons part à de telles fautes. ]

[A chaque génération où le Temple n'est pas reconstruit, c'est comme s'il avait été détruit.
S'il n'y a pas de Temple, ce n'est pas qu'à cause de nos ancêtres, c'est principalement de notre faute (sinon il aurait été reconstruit!).
Ainsi, chaque année, nous refaisons subir à Hachem les mêmes souffrances, déceptions!!!

=> Comment peut-on vivre sans se soucier de la peine que l'on fait à Hachem! ]

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-> La Présence Divine se trouve en exil, comme un lion enfermé dans une cage.
[Zohar]

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-> Sur ce sujet, b'h, voir aussi : https://todahm.com/2016/08/22/quand-je-souffre-mon-papa-hachem-souffre-encore-plus-que-moi

Construction du Temple, venue du Machia’h :

++ Construction du Temple, venue du Machia'h :

+ Nécessité de le demander :

-> "En Ton secours j'espère Hachem" (Vayéhi 49,18)

Le midrach rabba (Béréchit 98,14) commente qu'afin de recevoir toute bonne chose, nous avons besoin de la désirer.
C'est que lorsque Yaakov a désiré la guéoula, il en a rapproché la réalisation de cette réalité.

-> "Lorsqu'il y aura une génération qui désirera Mon Royaume, alors elle sera immédiatement délivrée."
[midrach Yalkout Chimoni Eikha 997]

-> Le Séfer 'Harédim rapporte que puisque la destruction du Temple prend racine dans la faute des explorateurs qui ont manqué d'enthousiasme pour la terre d'Israël, afin de réparer cela nous devons témoigner un maximum d'enthousiasme pour la terre d'Israël et son Temple.

-> "Il n'y aura pas de Temple, du Royaume ultime de Hachem, et du machia'h, tant que les juifs ne le demanderont pas"
[Rachi - Ochaya 3,5]

Le Mahari (Yéchayahou 21,12) dit que nous avons déjà dépassé notre temps requis en exil, mais pour que la guéoula vienne nous devons le demander.

-> Le 'Hafets 'Haïm enseigne également que Hachem n'amènera pas la guéoula, même si nous en sommes méritants et que le temps est déjà arrivé, sauf si nous le demandons.

En ce sens, il conseille d'être sincère et de ressentir pleinement des émotions, lorsque dans nos 3 prières journalières nous demandons la reconstruction du Temple au plus vite.
[ce n'est que des paroles récitées avec précipitation, c'est un besoin vital : D. on ne veut pas vivre en étant loin de toi! Envoie-nous vite le machia'h!]

-> Le Ramban (Chémot 2,25) prend l'exemple des juifs esclaves en Egypte, qui ont prié et pleuré vers Hachem.
Bien qu'ils n'avaient pas les mérites pour sortir, grâce à leur prière de tout cœur, ils ont pu obtenir ce que Hachem leur avait préparé.

-> Le Sforno (Chir haChirim 2,9-15) dit que c'est la même méthode dans chaque exil.
Hachem se cache jusqu'à que nous Lui témoignons que nous ne pouvons pas exister sans Sa proximité et sa libération.

=> Hachem attend d'entendre nos voix, nos désirs d'être plus proches de Lui.

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-> La guémara (Yoma 21b) fait remarquer que le 2e Temple était nettement moins bien que le 1er, la présence divine y étant moins présente.
Pourquoi cela?

La guémara (Yoma 9b) rapporte que c'est parce que tous les juifs n'ont pas participé de tout cœur à sa reconstruction.
En effet, beaucoup ne sont pas retournés en Israël, préférant rester en exil à Bavèl.

Si tous les juifs s'étaient tous rejoints avec enthousiasme, la présence divine aurait été aussi présente que lors du 1er Temple.

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-> Lors du 2e Temple, la Présence Divine ne résidait pas parmi les juifs, mais était réfléchie du Temple d'En Haut vers le Temple d'en bas.
[Méam Loez - Vézot haBéra'ha 33,12]

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+ Que pouvons-nous faire au niveau individuel?

Le Ram'hal (Messilat Yécharim 19) répond :
"Chaque chose que fait une personne est important, et Hachem attend les prières de chacun.

Même si nos prières ne parviennent pas à reconstruire le Temple, Hachem prend beaucoup de plaisir de chacun de Ses enfants qui partage Ses désirs et prie pour la reconstruction de Sa maison.
Bien qu'il semble que nos efforts ne produisent aucun changement notable, nous ne devons pas laisser cette pensée nous en dissuader.

Chaque prière du fond du cœur est un accomplissement incomparable et nous rapproche (de D. et du Temple)."

-> De plus, chaque personne peut se construire en lui-même son propre "Temple".
Sa relation unique avec Hachem, lui permet d'être plus proche de D., comme pouvait le faire le Temple.
Par nos prières sincères, on peut amener la guéoula sur soi-même, en même temps que d’accélérer la venue de la guéoula collective.

-> "Lorsque les juifs sont revenus pour le 2e Temple, leur guéoula a été proportionnelle à leur désir pour la guéoula."
[Kouzari 2,24]

=> Plus on exprime un désir d'être proche d'Hachem, plus la reconstruction du Temple sera magnifique.

Notre Temple personnel aura une importance, une "efficacité" proportionnelle aux pleurs, à l'expression de notre désir sincère de vouloir être proche d'Hachem.

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-> Le Ibn Ezra (Téhilim 102,18) explique que Jérusalem est construite par le biais de nos prières.

-> Le Kouzari (maamar 2 ot 24) écrit que si nous avions dit les prières que nous avons déjà récitées pour le retour du Temple et de la Présence Divine à Jérusalem, avec les bonnes intentions et sentiments, alors nous aurions déjà mérité de la voir. Le problème est que nous disons ces prières comme des perroquets.

-> Le rav 'Haïm Vittal et le Imré Noam enseignent que particulièrement à notre époque (précédant la venue du machia'h), nous devons mettre un accent considérable sur le renforcement de nos prières.

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+ Prendre le deuil, s'attrister :

-> "Tout celui qui pleure pour Jérusalem méritera de partager sa joie [quand le Temple sera reconstruit], tandis que celui qui ne s'en attriste pas, n'en profitera pas."
[guémara Taanit 30b]

-> Le Ritva (Taanit 30b) dit que cela s'applique même aux personnes mortes, qui reviendront avant les autres spécialement pour se joindre à ce moment.

Il explique que la résurrection des morts se fera en 2 étapes :
- 1ere étape : au début de l'ère messianique, qui sera réservée à ceux qui auront attendu la venue du machia'h en exile.
Puisque de leur vivant, ils attendaient impatiemment la reconstruction du Temple, ils vont mériter de voir sa reconstruction, qui aura lieu avec l'arrivée du machia'h (guémara Taanit 30b).

- 2e étape : Ceux qui ne se seront pas attristés pour le Temple, ne se lèveront pas à ce moment, mais uniquement au "Grand jour du Jugement", qui se tiendra à la fin de la période messianique.

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-> La guémara utilise le terme : "bésim'ha" (litt. dans sa joie).
Que veut-on dire par le fait que nous verrons Jérusalem "dans sa joie", plutôt que de dire : reconstruire?

Le rav 'Haïm Yossef Kofman répond que lorsque nous mériterons de voir Jérusalem reconstruite dans toute sa gloire, avec la splendeur du Temple, et la lumière de la Présence Divine, pas tout le monde aura une perception identique de cette réalité.
En effet, nos Sages nous enseignent qu'une personne qui prendra le deuil de Jérusalem d'un cœur entier, non seulement méritera de voir sa reconstruction physique, mais également elle méritera une bénédiction spéciale de pouvoir apprécier cette joie.

[ainsi, le plus nous nous lamentons sur la destruction du Temple, le plus nous ressentirons de la joie suite à sa reconstruction!
Nous pensons à tord que prendre le deuil de Jérusalem doit venir naturellement/passivement, mais en réalité, c'est un travail constant. Plus nous prenons conscience de ce qu'il nous manque à cause de cela, plus nous venons à en être attristés.
Ainsi, mesure pour mesure pour les efforts que nous déployons pour prendre à cœur la disparition du Temple, Hachem nous récompensera en nous offrons de la joie supplémentaire lors de sa reconstruction.]

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-> Le Maharal explique que l'on s'attriste lorsque l'on ressent un manque.
Plus on ressent que la perte est importe, plus notre tristesse sera grande.
Celui qui ne se lamente pas clairement, ne ressent pas qu'il lui manque quelque chose.

Une personne qui ne ressent pas le vide de Jérusalem ne ressentira pas les réjouissances lorsqu'elle sera reconstruite.
Ce n'est pas une punition, c'est uniquement qu'une telle personne n'a pas de raison d'y être inclue.

-> Hachem dit aux juifs : "Vos fautes ont entraîné la destruction de Ma maison et le fait que Mes enfants aillent en exil. Si vous témoignez de l'intérêt pour leur retour paisible, Je vous pardonnerai et vous bénirai par la paix"
[Dérekh Erets Zouta - Pérek Shalom]

-> "Tout juif qui étudie la Torah convenablement et ressent de la tristesse pour le manque d'honneur de Hachem et du peuple d'Israël, et qui est attristé sur le manque de gloire de Jérusalem, le Temple et la guéoula finale, il recevra le roua'h haKodech"
[Tana déBé Eliyahou rabba - chap.4]

-> "Il a été passé au travers des générations et connu pour être véridique, que toute personne qui pense régulièrement à la douleur de la présence divine en raison du fait d'être en exil, méritera la couronne de la Torah."
[Kav haYachar - chap.93]

-> Rabbi Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou - Chémot) rapporte que lorsqu'il était jeune, il trouvait la synagogue pleine de personnes simples (de monsieur tout le monde) qui pleuraient en lisant le tikoun 'hatsot (décrivant la présence divine en exil et priant pour la guéoula).

-> La guémara (Guittin 57a) rapporte qu'un nombre élevé de grands tsadkim vivant à Kfar Sachanyah, ont été tués.
De quelle faute ont été coupables ces tsadikim pour mériter une telle punition?

La guémara répond : c'est parce qu'ils ne s'attristaient pas sur la destruction de Jérusalem.

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-> Le Yaabets (Siddour beit Yaakov) enseigne :
"A mon avis, (le fait de ne pas s'attrister sur la destruction de Jérusalem) est la raison la plus évidente pour les persécutions constantes qui dévastent régulièrement les communautés juive au travers l'exil.
Nous devenons confortable et nous en oublions que notre véritable maison a été détruite et que c'est une raison pour nous lamenter.

Alors, Hachem nous envoie les non-juifs pour renouveler le goût amer de l'exil dans nos bouches."

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-> A la suite du 2e Temple, un groupe de juifs s'est interdit de manger de la viande et de boire du vin pendant toute l'année.
Ils disaient : "Comment pouvons-nous manger de la viande maintenant que l'Auterl (mizbéa'h) n'a plus de viande à consommer? Comment pouvons-nous boire du vin alors que nous ne versons plus de vin dans le Temple?"

Les Sages n'ont pas approuvé leur comportement, les décourageant d'agir ainsi, car selon eux ces restrictions étaient trop difficiles à suivre par le peuple tout entier.
[guémara Baba Métsia 60b]

Les Sages ont donc limité cette pratique dans le temps.

-> Au moment du birkat haMazone nous devons recouvrir les couteaux, car nos Sages ont peur que par le simple rappel de la destruction du Temple nous en venions à nous tuer de douleur.

-> "Si je t’oublie jamais, Jérusalem, que ma droite me refuse son service!
Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens toujours de toi, si je ne place Jérusalem au sommet de toutes mes joies!" (Téhilim 137,5-6)

-> Nos Sages ont institué des rappels durant l'année : à son mariage un jeune marié va mettre des cendres sur son front en se dirigeant vers la 'Houpa ; nous cassons un verre pour se souvenir de cette destruction, ...

Au sommet d'une construction personnelle, d'une joie, nous n'oublions pas que Jérusalem doit être reconstruire.

-> Par ailleurs, sur le mur faisant face à l'entrée de notre habitation, nos Sages ont demandé de laisser un souvenir de la destruction du Temple, pour s'en rappeler à chaque fois que l'on rentre.

Cette mitsva consiste à laisser un carré sans peinture (ou papier peint) en gardant le plâtre apparent, sur une largeur de 48cm et une longueur de 48cm. (Choul'han Aroukh 560,1)

Le rav 'Haïm Falaji écrit que ceux qui la respectent selon la loi juive, leur maison sera protégé ainsi que leurs habitants.

Si l'on achète une habitation ayant déjà les murs peints ou tapissés, on pourra les laisser sans devoir gratter la peinture ou enlever le papier peint, mais il sera bon de le faire pour respecter cette mitsva de souvenir du 'horban.

-> A la vue des ruines du Temple, nous devons déchirer notre vêtement, à l'image de quelqu'un qui de perdre un proche parent.
[Choul'han Aroukh - Ora'h 'Haïm 561,2]

-> Lors d'un banquet, nous devons laisser sur la table un coin vide sur lequel on ne disposera pas de mets, en souvenir du Temple (Choul'han Aroukh 560,2).
Le Shabbath cela n'est pas nécessaire.

-> Les femmes ne se pareront pas de tous leurs bijoux à la fois, et ce, afin que leur joie ne soit pas entière. (Choul'han Aroukh)

-> Normalement nous de devrions plus écouter de la musique avec instruments, sauf à l'occasion d'un mariage ou autre moment de joie, de mitsva.
A notre générations, les décisionnaires ont écrit que puisque l'on manque beaucoup de paix intérieure, et comme de nombreuses personnes souffrent de tristesse, de dépression ou de stress, la musique n'est plus tout à fait une source de joie, mais plutôt de calme et de guérison.
De plus, de nombreux chants permettent de renforcer l'homme dans le service de D., rendant permis le fait de les écouter.

L’impact du Temple sur les juifs

+ L'impact du Temple sur les juifs :

-> Au Temple, la sainteté et la présence divine étaient évidentes, comme palpables.
La crainte de D. y était inévitable.
[le Radak - Téhilim 68,36]

-> Le Temple injectait une conscience de Hachem dans leurs veines.
[Yaabetz - Pirké Avot 5,23]

-> Par le simple fait de marcher dans le Temple, on ressentait une montée de sainteté en nous.

La loi juive demande d'être pieds nus dans l'enceinte du Temple (azara), et le contact physique avec le sol sacré les remplissaient d'une compréhension spirituelle.
Cela les amenaient à un niveau de roua'h haKodech (inspiration divine).
[Rabbi Yonathan Eybeschütz - Yaarot Dévach - drouch 11]

-> Le midrach rabba (Béréchit 65,22) rapporte l'exemple de Yossef Méchita.
Lorsque le 2e Temple a été détruit, les non-juifs ont demandé à ce que le 1er qui entrerait dans le lieu saint pour piller le Temple soit un Juif [ce fut sûrement dans l’intention de rabaisser encore davantage le peuple juif].

Après avoir endossé cette responsabilité, un homme du nom de Yossef Méchita (qui était resté loin de ses racines et faisait partie des soldats non-juifs) pénétra ainsi dans le Temple et en ressortit en emportant avec lui la magnifique Ménora.

Les non-Juifs voulurent garder ce trésor, et lui demandèrent alors d'entrer à nouveau afin de dérober d’autres trésors qu'il pourrait garder pour lui. Mais cette fois-ci, l’homme refusa et déclara : "J’ai déjà mis une fois mon Créateur en colère, pourquoi recommencerais-je ?"

Les non-Juifs essayèrent de le soudoyer en lui proposant beaucoup d’argent, un poste important, ... ; puis, ils le menacèrent de le torturer, et enfin de le faire mourir. Mais Yossef Méchita s'obstina.
Les non-Juifs l’exécutèrent après lui avoir fait subir de terribles souffrances en le découpant avec une scie à bois.

Tandis qu’il rendait l’âme, Yossef Méchita hurlait, mais ce n’était pas à cause de la douleur.
Voilà ce qu’il criait : "Malheur à moi qui ai mis en colère mon Créateur ! Malheur à moi qui ai mis en colère mon Créateur !"

Comment expliquer une transformation si complète?

Selon le rav de Poniovitch, c'est parce qu'il a pu faire quelques pas dans le Temple, ce qui a suffit à changer tout son système de valeur, au point d'être prêt à mourir pour Hachem (kidouch Hachem).

=> Si une personne qui était très loin de D. (au point d'être prête à y entrer pour y voler des objets sacrés, ce que même les envahisseurs n'osaient alors pas faire), avait la possibilité d'être prête à tout pour faire la volonté de D., on peut se rendre compte du pouvoir incroyable du simple fait de marcher dans le Temple.

Lorsque les juifs venaient au Temps pour les fêtes, ils faisaient entrer en eux de la sainteté qui allait les accompagner pendant toute l'année, afin d'agir d'une manière très élevée et proche de Hachem.

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+ La prophétie :

-> Le Temple était un générateur de prophétie, qui est le niveau le plus élevé d'attachement à Hachem.

Les Portes du Ciel se trouvait (ouvertes) là-bas, et c'était ainsi l'endroit où il était le plus facile de devenir proche de D.
[Rabbénou Bé'hayé - Kad haKéma'h - Avèl 4]

-> Le Ran (drachot haRan 8) appelle le Temple : "la maison faite pour amener un déversement de prophétie et de sagesse".

-> A Souccot, le "temps de notre joie", pendant 'hol haMoéd, il y avait une fête incroyable autour de la libation de l'eau.

Le midrach rabba (Béréchit 70,8) dit que la grande joie n'était pas en lien avec l'eau, mais plutôt du fait de puiser du roua'h haKodech.
C'était un moment où tous les participants pouvaient énormément être élevés au point de recevoir le roua'h haKodech (qui correspond au plus grand niveau d'attachement avec Hachem).

Selon la guémara (Yérouchalmi Soucca 5,1), le prophète Yona a pu atteindre le roua'h haKodech, uniquement en rejoignant la fête de "Sim'ha Beit haChoéva".

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+ La sagesse :

-> Les habitants de Jérusalem, de par leur proximité avec le Temple, avaient par exemple une sagesse légendaire.

Le midrach rabba (Eikha 1,4) rapporte que si un habitant de Jérusalem voyageait à l'étranger, il était accueilli avec beaucoup d'enthousiasme.
Les habitants de cette ville lui offrait un magnifique fauteuil et se réunissaient tous autour de lui, dans l'attente avide d'entendre de sa bouche des perles de sagesse.
Et ils n'en étaient jamais déçus.

-> Le midrach rabba (Eikha 1,4-13) rapporte des récits montrant que les habitants de Athènes étaient grandement impressionnés par l'intelligence et l'esprit aiguisé des habitants de Jérusalem.

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-> "Comme D. a assombri la fille de Sion dans Sa colère" (Eikha 2,1)
Selon une interprétation, l'obscurcissement de Sion représente l'assombrissement de l'intellect.
Les habitants de Jérusalem étaient célèbres pour leur sagesse mais après la destruction du Temple, leur discernement a été obscurci.

La guémara ('Haguiga 56) raconte l'épisode suivant : rabbi Yéhouda haNassi, qui a rédigé la michna, était en train d'étudier le livre d'Eikha. Lorsqu'il est arrivé au verset : "Il a précipité la gloire du ciel jusqu'à terre" (Eikha 2,1), il fut si bouleversé que le rouleau de parchemin lui est tombé des mains.
Il s'est exclamé : "D'un toit élevé à une fosse profonde!"

[il faut s'imaginer la perte du Temple comme passer du ciel à la terre, d'un toit élevé [ex: en spiritualité] à une fosse profonde. La perte est énorme pour les juifs!]

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+ Les prophètes à l'époque du Temple :

-> La guémara (Méguila 14a) nous enseigne qu'au travers toute l'histoire du peuple juif, il y a eu 1 200 000 prophètes.

-> Selon la guémara (Sotah 48b), au début du 1er Temple, la prophétie était quelque chose de très répandue, mais avec le temps elle est devenue de plus en plus rare, jusqu'au point d'être entièrement perdue peu après la construction du 2e Temple.

-> Le Ramban (Vayikra 26,11) décrit que lorsqu'un tsadik était malade, il allait rendre visite à un prophète.

A cette époque, les médecins n'avaient la visite "que" par les personnes ordinaires du peuple.
L'élite avait la capacité de traiter leur maladie à la source.
En effet, le prophète leur disait qu'elle était la faute à l'origine de la maladie, et il suffisait alors de faire téchouva pour être guéri.

-> Un prophète avait la possibilité de tout savoir sur la vie d'une personne, y qui compris tous ses secrets.
[guémara Yoma 75a]

=> Un des impacts de l'existence du Temple est la présence de nombreux prophètes, qui vont donner des conseils de vie aux juifs, afin de pouvoir constamment être à un niveau de grande proximité avec Hachem.

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+ Le Cohen Gadol :

-> Le Cohen Gadol était considéré comme le responsable de la génération.

Selon nos Sages, il devait influencer les juifs à faire téchouva par le biais de ses prières.
D'ailleurs, si un juif était puni en raison de ses fautes, dans une certaine mesure, le Cohen Gadol en était également tenu pour responsable.
En effet, ses prières n'ont pas dû être assez fortes pour pouvoir l'amener à faire téchouva.
[guémara Makot 11a et Maharcha]

-> En tant que responsable de tous les juifs, c'est lui qui était en charge d'obtenir le pardon pour les fautes de tous les juifs, le jour de Kippour.
Afin de lui permettre de faire cela, Hachem lui révélait les fautes des personnes.
C'est ainsi qu'au moment de faire la confession des fautes (vidouï) de tous les juifs, il savait avec précision les fautes sur lesquelles demander pardon à D.

Grâce à cette connaissance de chacun, il donnait aussi des conseils (et encouragement) à chaque juif pour qu'il puisse améliorer son service divin.

[Gaon de Vilna - Michlé 27,9]

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+ Le pouvoir d'expiation :

-> La guémara (Yoma 39b) nous enseigne que le Temple était appelé : "Lévanon", mot ayant comme racine : "lavan" (blanc), une allusion au fait qu'il blanchissait et nettoyait les fautes des juifs.

-> Le Gaon de Vilna (Chir haChirim 1,17) explique que même si une personne fait téchouva, elle ne peut pas se débarrasser totalement de sa faute.
Par contre, après avoir apporté un sacrifice (korban), il ne reste absolument rien.

-> Les fautes pesaient lourdement dans le cœur des gens, et ils attendaient avec impatience leur voyage à Jérusalem, où ils auraient alors l'occasion de se débarrasser de ce fardeau spirituel.

Lorsqu'ils avaient la possibilité de rendre visite au Temple, ils y offraient les sacrifices nécessaires, et ils marchaient ensuite en étant plein de joie et de paix, libre comme un oiseau.
[midrach Yalkout Chimoni Téhilim 755 - pérek 48]

-> Le Ari zal (Likouté Torah Vayakel 38,8) rapporte un fait intéressant.
La puissance du pardon par le biais d'un sacrifie pouvait être plus forte si l'on avait un Cohen méritant.

Le Cohen regardait le visage du juif (ou son reflet dans le kior si c'était une femme), afin de voir la nature de la faute faite.
Le Cohen avait la faculté de voir les intentions et les motivations, et ce qui a pu être abîmé par la faute.
Suite à cela, il pouvait apporter le sacrifice avec les pensées appropriées afin de restaurer la personne dans son état d'avant la faute.

-> "Aucune personne n'est jamais restée à Jérusalem et n'a gardé une faute sur elle.
Le korban Tamid du matin pardonnait pour tout ce qui avait pu se produire pendant la nuit précédente, et le Tamid de l'après-midi, sur ce qui a pu se passer pendant la journée"
[midrach rabba Bamidbar 21,21]

-> La guémara (Yoma 67a) rapporte que le jour de Kippour, il était possible de voir le moment où le pardon demandé par le Cohen Gadol, était accepté par Hachem.
En effet, un morceau de laine rouge accroché dans le Temple, passait alors au blanc neige.

[Les âmes de tous les juifs redevenaient alors blanches comme neige].

=> Le fait d'être toujours "blanc", permettait de bénéficier d'une proximité incroyable avec Hachem.

Cette possibilité de pouvoir facilement se laver de nos fautes, nous permettait d'éviter de devoir beaucoup souffrir comme moyen de réparer nos fautes.

=> En plus d'un éloignement avec Hachem, la destruction du Temple a causé qu'au lieu d'apporter un simple sacrifice, nous devons apporter des souffrances (tous nos malheurs proviennent de cela!).

"La destruction du Temple a été comme la mort pour les juifs.
L'âme du peuple d'Israël leur a été arrachée, les laissant comme un corps sans vie. "

[le Gaon de Vilna - Sifra déTsniouta - Lilout 9]

En effet, à la différence des autres êtres vivants (où seul le cœur doit battre), pour un juif le fait d'être vivant se retrouve principalement dans sa capacité à se connecter avec Hachem.
Or, le Temple représente la forme la plus élevée et la plus pure de connexion avec Hachem, la source de toute vie.

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-> Lors des 3 semaines menant au 9 Av 1492, à l'époque du rav Don Its'hak Abarbanel, il y a eu plus de 100 000 juifs qui ont choisi de quitter l'Espagne plutôt que de se convertir.
Bien que normalement durant cette période des 3 semaines, il nous est interdit de jouer de la musique, nos Sages de cette génération ont alors décrété une permission spéciale de pouvoir jouer des instruments afin d'élever les esprits abattus de ces juifs expulsés, de leur redonner de l'espérance et de la confiance en Hachem.
Mais, en agissant ainsi nos Sages voulaient également enseigner à ces juifs que nous ne pleurons pas sur un changement de lieu d'exil, nous pleurons uniquement sur notre départ de Jérusalem.

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Au cœur de la vie juive, nous trouvons le pouvoir de la prière et la force de l'étude de la Torah.
Nous allons voir b'h, ce que nous y avons perdu avec la destruction du Temple.

+ La prière :

-> "[Hachem dit : ] Ma maison sera dénommée : Maison des prières" (Yéchayahou 56,7)

-> Yaakov a déclaré : "Que ce lieu est redoutable! Ce n'est autre que la demeure de D. et ceci est la porte des cieux" (Vayétsé 28,17)

Le Targoum Yonathan commente : "ce n'est pas un lieu ordinaire, c'est un lieu convenable pour la prière".

Rachi explique : "c'est la porte des cieux, c'est-à-dire le point d'où les prières s'élèvent vers D."

-> "[Le Temple est ] le lien entre la terre et le Ciel, une route directe, entièrement dégagée pour que les prières s'élèvent"
[Ets Yossef - Béréchit rabba 69,7]

-> Lorsque le roi Chlomo a terminé la construction du Temple, il a prié Hachem : "Que Tes yeux soient ouverts nuit et jour sur cette maison, sur ce lieu dont tu as dit: "Mon nom y régnera", et que tu entendes les prières, ... les supplications de ton serviteur et de ton peuple Israël, proférées en ce lieu ; du haut du ciel où tu résides, tu les écouteras et tu pardonneras." (Méla'him I 8,29-30)

-> Le Maharcha (guémara Baba Métsia 59a) rapporte que si un juif n'avait pas la possibilité d'aller au Temple, il était quand même leur solution à leurs problèmes puisqu'il permettait à toutes les prières de passer.
Ce qui explique pourquoi nous nous tournons (encore aujourd'hui) vers le Temple lorsque nous prions (guémara Béra'hot 30a).

-> "Quelle est la grande nation qui a un D. proche d'elle comme Hachem, notre D., à chaque fois que nous L'appelons?" (Vaét'hanan 4,7)
Ainsi, la prière est la plus grande preuve de notre proximité avec D.

Le Yérouchalmi rapporte que les non-juifs servent des idoles qui sont proches d'eux, au sein même de leur maison, mais cependant leurs dieux ne les écoutent pas et ne font rien pour eux.
Leurs dieux semblent extrêmement proches d'eux, mais ils n'ont aucun lien avec eux.
A l'inverse, lorsque les juifs prient il semble que Hachem est très loin, dans le Ciel tandis que nous sommes sur terre, mais en réalité Hachem est extrêmement proche.
Hachem place Ses "oreilles" juste à côté de notre bouche pour entendre nos prières. De plus, Il a une affection et un amour infinis à notre égard (plus qu'aucun parent ne pourra avoir envers ses enfants).

-> "Qu’il n’y ait pas chez toi de divinité étrangère" (Téhilim 81,10)
Le rabbi Mendel de Kotzk explique que l'on ne doit pas penser que Hachem est comme un étranger (zar) qui n'est pas intéressé par nos prières, et qui est distant de nous. Mais nous devons plutôt être persuadés qu'Il désire beaucoup les entendre et qu'Il y répondra.

-> "ou yikraéni : avi ata, éli vétsour yéchouati" (Téhilim 89,27)
Le Yessod haAvoda explique :
- "ou yikraéni : avi ata" = lorsqu'une personne crie [intérieurement] : Papa à l'aide! (avi ata) ;
- "éli vétsour yéchouati" = alors Hachem lui amène le salut, la délivrance (yéchoua).
["Quelle est la grande nation qui a un D. proche d'elle comme Hachem, notre D., à chaque fois que nous L'appelons?"]

-> "Je cacherai assurément Ma face en ce jour" (Vayélé'h 31,18)

Le Ibn Ezra explique : lorsque Hachem cache Sa face c'est une allusion au fait qu'Il ne répond plus à nos prières
Nous avons détruit tout le pouvoir de la prière avec la destruction du Temple.

-> Selon la guémara (Béra'hot 32b), le prophète Yé'hezkiel a reçu une prophétie spécifique afin d'avertir les juifs que lorsque le Temple sera perdu, le canal direct pour les prières sera également détruit.

Comme il est écrit dans Eikha : "En vain je crie et appelle au secours, il ferme tout accès à ma prière" (v.3,8) ou bien encore : "Tu t'es entouré de nuages, pour empêcher les prières de passer"(v.3,44).

La guémara (Béra'hot 32b) enseigne que les Portes du Ciel ont été fermées à ce moment là, comme si un mur a été érigé pour nous séparer de Hachem, qui nous refuse alors toute proximité avec Lui.

-> "Ce qui pouvait être réalisé par 1 seule prière à l'époque du Temple, ne peut s'accomplir de nos jours qu'avec de nombreuses prières et avec beaucoup de miséricorde divine"
[Maharcha - guémara Baba Métsia 59a]

La prière est évidement toujours indispensable et vitale (si on ne demande pas à D., on ne peut pas avoir), mais sans le Temple nous devons fournir des efforts beaucoup plus nombreux pour espérer qu'elles soient acceptées.

Avec le Temple, on ouvrait la bouche et l'on recevait une pluie de bénédictions.

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+ L'étude de la Torah :

-> Le midrach rabba (Kohélet 11,12) décrit la Torah que nous avons aujourd'hui comme "vide" (néant) en comparaison avec la Torah qu'il y aura au temps du machia'h.

-> Après la destruction du Temple, les secrets de la Torah ont été perdus du public, et jusqu'à l'arrivée du machia'h, ils ne peuvent être enseignés qu'en privé.
La Torah a été perdue à tous les niveaux.
[Gaon de Vilna - Chir haChirim 8,1]

-> La guémara ('Haguiga 5b), se basant sur les paroles de Yirmiyahou (v.13,17), rapportent les 3 larmes qu'a pu avoir Hachem suite à la destruction du Temple.

La 1ere larme portait sur la perte du 1er Temple ; la 2e larme sur la perte du 2e Temple, et la 3e larme était sur l'exil qui a causé une perturbation dans l'étude de la Torah.

-> Chaque nuit, un cri de douleur éclate au Ciel pour chacune de ces pertes.
[guémara Béra'hot 3a]

=> De même que la perte du Temple est toujours palpable, de même l'affaiblissement dans l'étude de la Torah est constamment perçue comme une tragédie.
C'est un désastre dont il est approprié de prendre le deuil chaque jour.

[moins de Torah, c'est moins de bénédictions, c'est moins de connaissance, de lien avec Hachem (puisqu'en nous donnant la Torah, D. nous a donné une partie de Lui-même), ]

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-> La michna Broura (fin du siman 580) rapporte que suite à la destruction du Temple, le contrôle de la Torah a été pris par les forces du mal (klipot), et d'écrire : "Pour chaque juif, cela est une raison appropriée pour pleurer. Toute personne qui a un lien avec la Torah doit en être émue aux larmes."

-> Le Gaon de Vilna enseigne que depuis la destruction du Temple, la capacité de faire des 'hidouchim, de trouver de nouvelles approches dans la Torah a été perdue.

Il explique que nous pouvons au mieux espérer obtenir d'autres idées concernant ce qui a pu déjà être dit, mais nous ne pouvons plus rien apporter de nouveau.
A l'époque du Temple, cependant, la Torah était florissante et chaque personne ajoutait sa part de nouveautés à la Torah.

-> La michna (Sotah 49a) affirme que peu de temps avant la destruction du 2e Temple, l'honneur de la Torah a cessé d'être.
Jusqu'alors tout le monde restait debout pendant tout le temps où il étudiait la Torah afin de l'honorer.

[cela s'est terminé en même temps que la mort de Rabban Gamliel, 20 ans avant la perte du Temple]

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-> La destruction du Temple a entraîné la fin du Sanhédrin qui avait la capacité de statuer sur l'unique version correcte de la Torah. (Tossefta Sanhedrin 7,1)

La guémara (Sanhedrin 86b) enseigne la loi de : "zakèn mamré", faisant que toute personne s'opposant à la décision du Sanhédrin méritait la peine de mort.

=> Il y avait ainsi une unité totale dans la loi juive.

-> La guémara (Sanhedrin 88b), ainsi que Rachi (Baba Métsia 33b) rapportent l'idée que la destruction du Temple a apporté une obscurité dans la Torah, puisque c'est à partir de ce moment que sont apparus les désaccords dans la loi juive (makhlokét).

=> Avant la perte du Temple, la Torah était magnifique, brillante de clarté par un feu uni de la Torah.

-> Il est écrit : "Il m'a relégué dans des régions ténébreuses comme les morts" (Eikha 3,6)

La guémara (Sanhedrin 24a - Rachi) commente que ce verset fait référence à l'étude de la Torah à Bavél (et ensuite), où ils argumentaient constamment sans arriver à une clarification finale.

C'est l'obscurité de la mort puisqu'il manque une clarification totale : la clarté de la Torah.

=> Hachem pleure le fait que la clarté de la Torah soit aux mains d'une élite, et que la quasi-totalité du peuple juif est comme une bougie sur le point de s'éteindre.

[le midrach Tan'houma rapporte qu'à la génération du roi David, il y avait une capacité à voir l'ensemble des arguments pour chaque point de loi juive.

En perdant le Temple, on a perdu un énorme proximité avec Hachem et Sa Torah, et la baisse de niveau dans l'étude de la Torah a été terrible (au point que D. pleure cela tous les jours!).

De plus, sans la Torah pour nous protéger et purifier, nous sommes aux mains de notre yétser ara et autres ennemis de ce monde, ce qui est la source de nos tragédies.]

"Consolez, consolez mon peuple, dit votre D." (נַחֲמוּ נַחֲמוּ עַמִּי - Yéchayahou 40,1 - Haftara suivant le 9 Av)

Si l'objectif de ce verset était de consoler le peuple juif, il aurait dû être écrit : נַחֲמוּ נַחֲמוּ לעַמִּי.
Le Kéhilat Yaakov enseigne qu'en réalité, c'est à nous de consoler Hachem.

En effet, si le peuple juif a fait téchouva suite à la destruction du Temple (période du 9 Av), alors Hachem est consolé.
Cela n'aura pas été inutile!

[1er "Consolez" : pour de pas avoir détruit le Temple et exiler les juifs pour "rien" ;
2e "Consolez" : pour pouvoir enfin arrêter d'amener des souffrances sur Son peuple afin qu'ils se réveillent et reviennent vers Lui.]

"Il m'a rassasié d'herbes amères, abreuvé d'absinthe" (Eikha 3,15)

Le midrach (Eikha Rabba 13) commente :
-> "herbes amères" = cela fait référence au maror que l'on mange au Séder de Pessa'h ;
-> "abreuvé d'absinthe" = cela fait référence à l'amertume de la nuit du 9 Av.

Il est intéressant de noter que la 1ere nuit de Pessa'h et celle du 9 Av, tombent toujours le même jour de la semaine.
Quel message pouvons-nous en tirer?

-> Le Yéfé Anaf dit qu'à Pessa'h, quelques semaines avant le 9 Av, on a goûté à la liberté, on se sentait si proche de D., et surtout on a ressenti qu'Il est heureux d'être avec nous.

A l'image d'un multi-milliardaire qui a perdu toute sa fortune, le 9 Av, vient nous montrer ce que nous avons perdu suite à la destruction du Temple ... et donc à quel point, nous devons aspirer du plus profond de notre cœur à le voir reconstruit.

-> Le Rama (Ora'h 'Haïm 476,2) rapporte que beaucoup de personnes ont l'habitude de manger un œuf durant le Séder de Pessa'h, afin de se souvenir de la douleur et du sens du deuil de la destruction du Temple, et ce alors que l'on fête notre libération comme des rois.

-> Le Bluzhever Rebbe avait l'habitude avant le début du jeûne du 9 Av de manger un morceau de l'afikoman.

En effet, même dans un moment de deuil, il souhaitait se souvenir que nous avions était autrefois libre, et qu'un jour, très prochainement, nous le serons de nouveau.

Quelques pertes suite à la disparition du Temple

"Le Temple était la source de toutes les bénédictions dans le monde."
[Zohar - Chela'h 161b]

+ Quelques pertes suite à la disparition du Temple :

1°/ Le Temple nous apportait le pardon de nos fautes, ce qui nous rapprochait énormément de Hachem.
Même une faute par inadvertance nécessitait d'offrir un sacrifice, on faisait ainsi plus attention à ne pas fauter, et le service divin était plus pur.

La téchouva y était plus concrète, on ressentait physiquement la présence divine, et les miracles du Temple étaient évidents aux yeux de tous.

-> Selon la guémara (Yoma 39b), le Temple s'appelait également : "Lévanon", dont la racine est : "lavan" (blanc), en allusion à sa capacité à blanchir et à nettoyer les fautes des juifs.

-> Le Gaon de Vilna (sur Chir haChirim 1,17) explique que même si une personne fait téchouva, elle ne peut pas se débarrasser totalement de sa faute.
En effet, ce n'est qu'après avoir apporté un sacrifice (korban) qu'il ne reste absolument rien.
[sans le Temple, nous n'avons plus la capacité d'être totalement blanc, pur, ce qui crée une distanciation avec Hachem, un moindre sensibilité à la sainteté]

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-> "Si les générations passées étaient comme des anges, alors nous sommes comme des hommes ; s’ils étaient comme des hommes, alors nous sommes comme des ânes"
[Rabbi Zeira au nom de Rabba bar Zimouna - guémara Shabbath 112b]

-> Comment comprendre la baisse significative de niveau spirituel après l'époque des Amoraïm? (ce sont les créateurs du Talmud Babli, qui pouvaient par exemple faire revivre les morts)

Le 'Hida (Midbar Kédemot 1,26) explique que c'est parce que les Amoraïm pouvaient toujours se fournir en cendres de Para Adouma (vache rousse).
Les juifs avaient la capacité d'atteindre de telles hauteurs de sainteté, car ils avaient des moyens pour être totalement purs.
Au fur et à mesure que leur stock de cendres a diminué, l'impureté les a entraîné vers le bas.
Même quelqu'un qui consacre totalement sa vie à Hachem ne peut s'élever vers une véritable sainteté s'il manque les bases de la pureté.

Le 'Hida ajoute : "Je crois que le grand Arizal a dû avoir accès à cette pureté. Eliyahou haNavi a dû le purifier avec les cendres de la vache rousse, afin qu'il puisse atteindre l'inspiration divine (roua'h hakodech).
Et bien que j'ai tiré cette conclusion moi-même, je suis confiant que cela soit vrai et que le Arizal, par humilité, a gardé cela secret".

[Selon la tradition juive seulement 9 vaches rousses ont été sacrifiées, et ce sur une période allant de Moché rabbénou à la destruction du 2e Temple.
Une fois sacrifiée par les Cohanim, les cendres de la para adouma étaient utilisées pour élaborer une eau purificatrice, retirant l'impureté provenant du contact d'un cadavre d'une personne.
De nos jours, nous avons tous une impureté dont seule la 10e vache rousse, qui sera sacrifiée dans le 3e Temple, pourra nous en débarrasser]

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-> Le Gaon de Vilna (18e siècle) affirmait qu'il pouvait comprendre la sainteté des grands dans les générations avant lui. Par exemple, il arrivait à imaginer la grandeur des richonim tels que : le Rachba et Rachi. De même, il comprenait ce que cela signifiait d'être un Amora de la guémara, ou un Tana des michnayot.
Cependant, il ne pouvait pas remonter plus loin.

Le Gaon de Vilna déclarait : "Ce que je ne peux pas appréhender, c'est à quoi pouvait ressembler un juif simple à l'époque du 2e Temple!"

Rabbi Yo'hanan enseigne : "Le meilleur de la période du 2e Temple, ne pouvait pas être comparé au plus simple du 1er Temple" [guémara Yoma 9b ; Maharcha]
[entre les 2 Temples il y a eu une importante baisse, car il manquait beaucoup de choses importantes dans le 2e par rapport au 1er, comme par exemple (guémara Yoma 21b) : le Aron et les Lou'hot avaient disparu, la présence divine n'est pas revenue, la prophétie a été perdue ainsi que le Ourim véToumim, le chochen du Cohen Gadol ne répondait plus au question en s'éclairant, le feu des sacrifices ne se consumaient plus surnaturellement.
=> Une nette diminution du pouvoir du Temple entraîne une nette diminution spirituelle de toute la génération!]

=> Tout cela, nous permet de réaliser à quel point la perte du Temple a entraîné une chute brutale de notre niveau spirituel.
[le Gaon de Vilna pouvait remonter sur environ 1700 années, en comprenant le niveau de chacun des grands en Torah, cependant le simple fait de la présence du Temple, lui rendait alors impossible d'appréhender la spiritualité atteinte par même le plus simple des juifs!]

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-> Lors du 2e Temple, la Présence Divine ne résidait pas parmi les juifs, mais était réfléchie du Temple d'En Haut vers le Temple d'en bas.
[Méam Loez - Vézot haBéra'ha 33,12]

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Cette capacité à purifier était vraie pour les juifs, mais également pour les autres nations, comme le rapporte nos Sages (guémara Soucca 55).
Rabbi Yo'hanan dit : "Malheur aux non-juifs qui n'ont même pas compris ce qu'ils ont perdu".
En effet, le Temple expiait également les fautes des non-juifs.
A Souccot, on apportait 70 taureaux en tant que korban Moussaf, en correspondance avec les 70 nations non-juives du monde. Ces sacrifices avaient un grand impact chez eux, leur permettant par exemple d'avoir la pluie nécessaire.
Rachi ajoute que ces korbanot les protégeaient également d'autres souffrances.
[cf. également le point 6°/ ci-dessous : sur la puissance des prières des non-juifs au Temple]

=> Selon le midrach rabba (Bamidbar 1,3) si les nations du monde avaient pu apprécier combien de bénédictions elles recevaient du Temple, elles auraient envoyé des bataillons entiers pour veiller à ce que personne ne vienne perturber le Temple.

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2°/ Le Zohar (Vayakel 219) rapporte que grâce au parfum de la Kétorét, l'homme ressentait un profond désir de servir D., et les forces du mal, du fait de cette odeur sainte, s'enfuyaient.

3°/ Les 10 miracles quotidiens qui se produisaient dans le Temple renforçaient les juifs dans leur émouna, et cela était encore plus évident le jour de Kippour où l'on voyait le Cohen Gadol entrer dans le Saint des saints et en ressortir. On pouvait voir directement le tissu rouge devenir blanc, preuve que D. avait accepté leur téchouva.

Selon nos Sages : "Depuis que le Temple a été détruit, les Bné Israël qui ont une confiance (totale) en D., ont disparu".
[guémara Sotah 48a]

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4°/ Selon la guémara (Sota 48a), la parnassa était très importante, et il y avait une abondance de fruits et de récoltes.

La guémara (Kétoubot 111b) rapporte que la bénédiction : "une terre ruisselante de lait et de miel" fut manifeste jusqu'à la destruction du Temple.

Rabbi Yaakov ben Dostaï rapporte qu'un matin sur la route allant de Lod à Ono, il marchait en ayant jusqu'aux chevilles du miel s'écoulant de figuiers à proximité, et s'étant rependu jusqu'à recouvrir la route (jusqu'aux chevilles!).

Rami bar Yé'hezkel rapporte avoir vu à Bné Brak des chèvres broutant sous des figuier. Il y avait du miel s'écoulant des figues et du lait dégoulinant des mamelles des chèvres, les 2 liquides se mélangeaient ensemble.
Il a dit : ceci est le sens du verset : "une terre ruisselante de lait et de miel" (Chémot 3,8).)

Nos Sages décrivent que les choux étaient tellement grands qu'on devait utiliser une échelle pour les récolter.
De chaque vigne on pouvait vendanger 300 grappes de raisin par jour.
On ne pouvait manger qu'un tiers d'une pêche.
Les fruits mûrissaient plus rapidement que dans les autres pays.

Avec la destruction du Temple, le goût des fruits a perdu de sa puissance, leur actuelle ne représente qu'un infime pourcentage de celle qu'il y avait à l'époque du Temple.

La guémara nous rapporte aussi que nous avons perdu le : Nofét Tsofim, qui est selon les avis :
- une sorte de farine particulièrement agréable, ayant un goût de vin et de miel ;
- ou bien, c'était une bénédiction spéciale dans la pâte ;
- ou bien, une sorte de miel exceptionnellement délicieux et délectable.

-> A l'époque du Temple, la terre d'Israël était si abondante qu'il n'était pas évident de stocker toute sa production dans ses frontières. [guémara Kétoubot 112a]

-> Lorsque les juifs étaient vigilants concernant les lois de pureté, cela adoucissait le goût et l'odeur de leurs fruits. [guémara Sotah 48a]

-> Les korbanot Tamid amenaient beaucoup de réussite dans leur subsistance, et les autres sacrifices apportaient des bénédictions sur leur bétail. [midrach Tan'houma Tétsavé 13]

-> D'après la guémara (Kétoubot 10b) : Pourquoi l'Autel des sacrifices est-il appelé : mizbéa'h (מזבח)?
Ce mot dérive du mot : mazone (מזון) = c'est par le mérite des nombreux sacrifices offerts par Israël que le monde est nourri avec bénédiction.

-> Les miracles étaient encore plus présents à Jérusalem même, où la vie y était super-naturelle.
Par exemple, le Avot déRabbi Nathan (35,1) rapporte :
- personne n'a jamais ressenti la moindre difficulté à subvenir aux besoins de sa famille, et personne n'a dû quitter Jérusalem pour rechercher sa subsistance.
- personne n'a jamais été piqué par un serpent ou un scorpion ;
- personne ne s'est jamais cogné ou bien a trébuché ;
- il n'y a jamais eu de feu destructeur ;
- jamais un mur ne s'y est effondré ;
- personne n'a manqué d'un four pour faire rôtir son korban Pessa'h ;
[la guémara (Pessa'him 64b) compte qu'à une occasion il y avait : 1 200 000 korbanot apportés, chacun devant être cuit.
Ce compte a été fait à l'époque du 2e Temple où seule une partie du peuple juif habitait suffisamment proche pour venir. Ainsi, pendant le 1er Temple, période où tous les juifs habitaient en Israël, le nombre devait être beaucoup plus élevé. Malgré cela, il y avait toujours assez de fours disponibles!]
- il ne manquait jamais de place pour dormir à Jérusalem (selon nos Sages, il y avait à minima 12 millions de juifs qui venaient, et devaient être logés dans les murs de la ville : y dormir et y manger le korban).

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5°/ Tant que le Temple existait, les habitants de Jérusalem étaient d'une beauté extraordinaire et spécifique, au point que l'or pur était était moins esthétique et lumineux que les enfants de Tsion.

Rabbi Shimon Schwab dit qu'il y a un lien entre la pureté intérieure et une beauté extérieure gracieuse.
Ainsi, le pouvoir purificateur du Temple se faisait ressentir par une plus grande beauté.

Au moment où Rabbi Yo'hanan allait mourir, Rabbi El'azar lui dit : "Je pleure car ta beauté va finir décomposée dans la terre".
Rabbi Yo'hanan lui a répond : "Sur cela, il est approprié de pleurer". [guémara Béra'hot 5b]

Comment comprendre que des Sages aussi importants s'attristent sur le physique?

Le Maharcha commente : c'était le dernier survivant de la beauté des habitants de Jérusalem [de l'époque du Temple].

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6°/ A l'époque du Temple, toutes les prières (tant matérielles que spirituelles) étaient exaucées.

-> Selon la guémara (Béra'hot 32b) : "Après la destruction du Temple, les portes de la prière se sont fermées ; tandis que les portes des pleurs n'ont jamais été closes".

Rabbi Nathan Wachtfogel (Léket Réchimot) rapporte les propos de nos Sages : "Après la destruction du Temple, le mur de fer qui séparait Israël de leur Père dans le ciel s'est ouvert".

-> Le midrach Tan'houma (Térouma 9) écrit que si les non-juifs avaient compris combien le Temple leur était profitable, ils l'auraient fait garder par des soldats afin qu'il ne soit pas détruit.
[la présence du Temple entraînait un déversement de bénédictions, dont les nations en profitaient également]

Lors de son inauguration, le roi Chlomo pria Hachem afin que chaque juif qui se rendrait au Temple ne soit exaucé que si sa demande était bonne.
Par contre, chaque non-juif qui viendrait prier au Temple pour n'importe quelle requête serait exaucé immédiatement, afin que toutes les nations voient la grandeur de D.

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7°/ Nos Sages enseignent (guémara Sotah 49a) : "Depuis la destruction du Temple, les malédictions sont pires de jour en jour"

=> Tous nos malheurs : les progroms, la Shoa, nos angoisses, nos peurs, le manque de joie, ... depuis près de 2000 ans sont les conséquences directes de la destruction du Temple, parce que la présence divine s'est éloignée.

[ "Le Temple était la source de toutes les bénédictions dans le monde." (Zohar - Chela’h 161b)]

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8°/ Suite à la destruction du Temple, il nous est impossible d'accomplir un nombre important de mitsvot.

Le 'Hafets 'Haïm a répertorié les mitsvot que nous pouvons encore accomplir :
-> Sur 365 mitsvot négatives (lo taassé), il n'en reste que 194.
-> Sur 248 mitsvot positives (assé), il n'en reste que 77.

=> Ainsi de nos jours, à cause de l'exil actuel, plus de la moitié des mitsvot ne sont plus réalisables.

Cet état de fait a pour conséquences un déficit énorme de mérites pour les juifs, et un manque dans la purification de nos âmes (les mitsvot nous sanctifient et nous purifient).

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+ "Bénissez D. [vous] tous, serviteurs de D. qui vous tenez dans le Temple de D. la nuit" (Téhilim 134,1)

De quoi s'agit-il, sachant que la nuit, il n'y avait pas de Service Divin dans le Temple?

-> Le rav Shimon Schwab répond que les gens étaient tellement enthousiasmes, impatients, d'entrer dans le Temple dès son ouverture le matin, qu'ils se mettaient en file dans l'attente de pouvoir bénéficier au plus vite des opportunités d'inspiration et d'élévation du Temple.
Dans cette file d'attente, ils patientaient en discutant de Torah et en chantant des louanges à Hachem.