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+ A Pessa'h, le mot Séder (signifie : l'ordre), est le contraire de ness (miracle).
Un miracle est un événement extraordinaire qui se produit en dehors de l'ordre naturel des choses (du séder de la naturalité). Pourtant, nous utilisons le nom : "lél haSéder", même s'il commémore une série de miracles. Pourquoi?

Le 'Hidouché haRim explique que c'est parce que toute l'histoire de la sortie d'Egypte s'est déroulée dans une dimension si éloignée de la nature que les miracles étaient la norme.
Pour notre nation, nous disons que les miracles sont le séder, que l'histoire de la sortie d'Egypte fait partie de ce que nous sommes.

[Pessa'h est un moment tellement exceptionnel que des miracles incroyables étaient la norme!
Sachant que la Délivrance à venir va suivre l'exemple de celle d'Egypte, on ne peut être que plein d'impatience et de confiance en Hachem.]

Le mois de Nissan

+ Le mois de Nissan :

-> "Ce mois [Nissan] est pour vous la tête des mois ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,2).
-> "Vous sortez aujourd'hui, au mois du printemps" (Bo 13,4).

-> Lorsque Hachem a choisi Son monde, il y a établi un système de mois et d'années. Et lorsqu'Il a choisi Yaakov et ses fils, Il a établi pour eux que la tête des mois (sera celui où aura lieu) la rédemption.
En effet, c'est au cours du mois de Nissan que Israël a été racheté d'Egypte, et c'est au cours de ce mois qu'ils seront rachetés à l'avenir. Comme il est dit : "Comme à l'époque de votre sortie du pays d'Egypte, je ferai des prodiges" (Mi'ha 7,15).
C'est au cours de ce mois que naquit Its'hak, qu'il fut attaché (sur l'autel - Akéda) et que Yaakov reçut les bénédictions.
Et c'est au cours de ce mois qu'Hachem a indiqué à Israël qu'il serait le premier mois de leur salut (à l'avenir), comme il est dit : "C'est le premier (mois) pour vous, pour les mois de l'année" (Bo 12,2).
[midrach Béréchit rabba 15,11]

-> C'est à partir de Roch 'Hodech Nissan que la géoula (rédemption) avait déjà commencé.
[Rachbam]

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-> "Ce mois [Nissan] est pour vous (a'hodéch azé la'hem) la tête des mois (roch 'hodachim) ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,2).

Le terme roch (רֹאשׁ - généralement traduit par "tête") peut ici être compris comme "premier" ou "choisi", comme dans le verset : "ka'h lé'ha samim roch" (tu prendras des aromates de premier choix - Ki Tissa 30,23).
En spécifiant que le mois est la'hém (לָכֶם - pour vous), le verset signifie que c'est seulement pour Israël que Nissan est un mois de premier ordre.
La déclaration de nos Sages (gémara Roch Hachana 10b) va dans le même sens : "en Nissan, ils (les juifs) furent délivrés (la sortie d’Egypte), et en Nissan ils le seront également dans l’avenir (la Délivrance finale). Ce mois est destiné à l'ascension et au bénéfice d'Israël.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

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-> "Ce mois [Nissan] est pour vous la tête des mois (roch 'hodachim) ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,2).

-> Ce mois est une période particulièrement efficace pour rectifier sa roch (tête), c'est-à-dire pour purifier son esprit et son intellect.
Même si la tête (roch) d'une personne peut être rempli de toutes sortes de pensées inappropriées, d'une nature basse et impure ou même de tendances potentiellement hérétiques, il est possible pour une personne de se renouveler à cette époque et de purger son esprit de telles pensées.
Et cette résolution et renouvellement peuvent affecter positivement tout le reste de l'année, comme conclue le verset : "c'est pour vous le premier des mois de l'année" [tellement ce mois peut impacter le restant de l'année!].
[Beit Avraham]

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-> "Ce mois [Nissan] est pour vous la tête des mois (roch 'hodachim) ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,2).

-> Il y a en fait 2 mois de l'année qui sont des périodes de jugement divin.
On peut comparer cette situation à celle d'un roi qui examine périodiquement le courage et la loyauté de son royaume. Parfois, il les teste pour voir s'ils aiment leur roi ; parfois, il les teste pour voir si leur amour s'étend à sa descendance.
Le jugement divin opère de la même manière. Au cours du mois de Tichri, Hachem juge le monde pour déterminer s'ils L'aiment et Le craignent. Mais pendant le mois de Nissan, Il cherche à déterminer s'ils aiment Son peuple, le peuple juif.
C'est pour cette raison que la défaite de Pharaon s'est produite en ce mois. Il avait manifestement maltraité les enfants d'Hachem, et c'est au cours de Nissan, lorsque Hachem juge le monde sur cette question précise, qu'il a connu sa chute.
Le verset fait allusion à cet état de fait : "a'hodech azé la'hem" (Ce mois [Nissan] est pour vous) = c'est surtout au cours de ce mois qu'Hachem juge et agit en votre faveur (pour vous - la'hem - לָכֶם).
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi]

[ => quel enseignement : chaque juif a tellement d'importance aux yeux d'Hachem, qu'au mois de Nissan le monde entier est jugé sur son amour envers les juifs, les enfants adorés d'Hachem.
Combien le mois de Nissan doit nous redonner de l'espoir en nous, de la confiance en nos capacités et en notre relation privilégiée avec Hachem, et que nous n'avons rien à craindre, mais plutôt tout à espérer pour le meilleur! ]

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-> "Ce mois [Nissan] est pour vous la tête des mois ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,2).

-> Dans le moussaf de Roch 'Hodech, nous décrivons Roch 'Hodech comme un temps de : "téchout nafcham miyad choné" (le salut de leur âme de la main de l'ennemi).
Le Yessod ha'Avoda interprète cela au sens spirituel, faisant référence à l'assistance divine pour vaincre le yetser ara, le plus grand "ennemi de l'âme".
Bien que Roch 'Hodech se réfère au premier jour du nouveau mois, nos Sages nous enseignent que la totalité de Nissan est considérée comme un Roch 'Hodech d'une durée d'un mois (chaque jour de ce mois est comme un jour de roch 'hodech). C'est ce qu'indique le verset qui se réfère à Nissan en ces termes : "a'hodech azé la'hem roch 'hodachim" = ce mois est pour vous comme un Rosh 'Hodech.
Ainsi, cet aspect de la victoire sur le yétser ara est une caractéristique prédominante de l'ensemble du mois de Nissan, qui est, au sens littéral (et comme nous le récitons dans la Haggadah), une période de "notre délivrance et la rédemption de nos âmes" (géoulaténou oufdout nafchénou).
[ainsi en Nissan chaque jour est comme un jour de roch 'hodech, et donc nous avons chaque jour une aide d'Hachem pour vaincre notre yétser ara (notre grand ennemi de l'âme), et grâce à cela nous pouvons délivrer nos âmes et devenir des personnes libres (des chaînes dont nous attachent le yétser ara le restant de l'année). Ainsi, c'est vraiment le moment de notre délivrance personnelle! ]
[Birkat Avraham]

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-> "c'est pour vous le premier des mois de l'année" (richon ou la'hem - Bo 12,2).

-> Selon le midrash, le mot : richon (רִאשׁוֹן - littéralement : premier) peut être compris comme se référant, pour ainsi dire, à Hachem lui-même. [ce qui est premier à toute chose c'est Hachem]
Ainsi, le verset peut être lu ainsi : "Rishon Hou la'hem" = (si l'on peut dire), Hachem est pour vous, car Il se rend encore plus disponible pour tout juif au cours de ce mois exceptionnellement élevé.
[Birkat Avraham]

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-> "c'est pour vous le premier des mois de l'année" (richon ou la'hem - Bo 12,2).

-> La littérature kabbalistique regorge de références à la notion d'itarouta, les "réveils" divins, qui se présentent sous deux formes :

- Un réveil par le bas, s'effectue à travers les actions de chaque individu. C'est-à-dire qu'en tant que résidents des sphères inférieures, nous prenons nous-mêmes des mesures qui catalysent une stimulaiton et un "réveil de l'inspiration divine".
C'est ce que décrit le verset : "Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi" (Ani léDodi, véDodi li - אֲנִי לְדוֹדִי וְדוֹדִי לִי - Chir haChirim 6,3). Ici, c'est par l'initiative humaine que l'on se rapproche d'Hachem, notre "Bien-aimé". Cette forme d'avoda (service) est du ressort du mois de אלול (Elloul), dont le nom est un acrostiche de : אֲנִי לְדוֹדִי וְדוֹדִי לִי

- le mois de Nissan, quant à lui, se caractérise par un réveil d'en haut.
Cette forme de réveil (itarouta) a son point de départ entièrement dans les cieux ; dans un geste de pure magnanimité (indépendant de nos mérites, actes), Hachem fait descendre d'en haut un éveil de lumière et d'assistance.
Dans ce cas, c'est le "Bien-aimé" qui initie le processus, comme l'indique le verset : "Mon bien-aimé est à moi, et moi, je suis à mon bien-aimé (odi li, vaani lo - דּוֹדִי לִי וַאֲנִי לוֹ - Chir haChirim 2,16).
Mais cela ne s'applique qu'à l'"éveil" initial ; après avoir reçu ce don, un juif doit prendre certaines mesures de son propre chef pour maintenir un tel lien. C'est ce à quoi fait allusion le verset : "richon ou la'hém" = même pendant Nissan, ce n'est que "dans un premier temps" (richon) qu'Hachem vous accorde la'hém, un bienfait spirituel sous la forme d'un réveil d'en haut.
Par conséquent, il faut se mettre en mouvement et s'efforcer d'obtenir un réveil par le bas.
[Torat Avot - citant le Saba Kadicha de Slonim]

[par amour Hachem nous donne en Nissan de l'impulsion d'en-Haut, et à nous ensuite de l'utiliser pour générer des éveils de bonnes choses du Ciel suite à nos actions. ]

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-> Nissan est un mois au cours duquel des yéchout (délivrances) sont "prêtées" au peuple juif.
En d'autres termes, Hachem peut accorder le salut même à quelqu'un qui n'a pas suffisamment de mérite par lui-même, comme ce fut le cas pour la sortie d'Egypte.
[le rav d'Apt (Ohev Israël)]

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-> La guémara (Roch Hachana 10b) fait état d'un différend concernant la date de la future rédemption. Selon Rabbi Eliezer, la géoula aura lieu en Tichri, tandis que selon Rabbi Yéhochoua, elle aura lieu en Nissan (comme la géoula originale à l'époque de la sortie d'Egypte).

Nous pouvons comprendre le différend de la manière suivante : Tous sont d'accord pour dire que Tichri, le mois contenant les jours de jugement des Yamim Nora'im, est une période marquée par l'attribut de michpat (jugement), tandis que Nissan est un mois de ra'hamim v'hessed (miséricorde et bonté divines).
Le problème tourne autour de la question de la valeur des juifs. Selon Rabbi Eliezer, les juifs doivent être jugés dignes afin de mériter la rédemption future.
Ils y parviendront en fait et seront jugés favorablement au moment du jugement. Ainsi, la géoula arrivera au cours du mois de Tichri.

En revanche, s'ils sont jugés indignes, il ne sera pas possible de les racheter. Rabbi Yéhochoua adopte l'approche opposée. Même si les juifs n'avaient pas suffisamment de mérite, Hachem les rachèterait néanmoins dans un acte de bonté et de bienveillance divines.
C'est pourquoi, selon lui, la guéoula aura lieu pendant le mois de Nissan, un mois marqué par une augmentation de miséricorde et bonté divines.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Chémot 5,22 ; 6,1]

[cela met en avant à quel point le mois de Nissan est une période positive, pleins d'aide et de bénédictions gratuites que D. nous donne.]

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-> Une chose remarquable se produit au cours de la période de 30 jours qui précède Pessah. Dans Son infinie bonté, Hachem prépare Sa nation à cette occasion capitale et sacrée au cours de cette période.
Il extrait leurs âmes, petit à petit, des chambres de l'impureté (hé'halot hatouma).
Cela se produit chaque jour d'un degré, une partie sur trente, de sorte que, le soir de l'éradication du 'hamets (levain), c'est-à-dire la nuit précédant Pessah, même les pécheurs ne se trouvent plus qu'à la "périphérie" de ces 'chambres de l'impureté'.
Puis, lorsque la nuit de Pessah arrive enfin, ils sont complètement débarrassés de l'impureté et sont complètement libérés, devenant des hommes libres (bné 'horin).
[rabbi Avraham Azoulai - 'Hessed léAvraham]

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-> "Ce mois [Nissan] est pour vous la tête des mois" (Bo 12,2).

-> Au sujet de la vision en rêve de l'échelle de Yaakov, il est écrit : "et voici qu'une échelle se tient sur la terre, et son sommet atteignait les cieux ... et voici qu'Hachem se tenait dessus" (véiné soulam moutsav artsa vérocho maguia achamayéma ... véiné Hachem nitsav alav - Vayétsé 28,12-13)
Le Nésivot Shalom (Torat Avot) affirme que cette vision reflète les 2 façons différentes par lesquelles Hachem conduit les affaires de l'humanité.
Le "et voici qu'une échelle se tient sur la terre" = cela fait référence à la conduite "naturelle" du monde.
La Torah y fait allusion en parlant de la terre : "soulam moutsav artsa" = "l'échelle qui se tient sur la terre". Déterminé par le jugement annuel de Roch Hachana, Hachem établit l'ordre et le plan qui dicteront les affaires de chaque individu tout au long de l'année, ainsi que la mesure de la shéfa (émanation de bénédiction) qui lui parviendra d'en haut.
La mention dans le verset de "Hachem nitsav alav" (Hachem se tient dessus) = reflète l'autre forme de conduite Divine, celle qui transcende tout autre calcul ou plan naturel. Ce mode de conduite est laissé entièrement entre les mains d'Hachem seul.

Rabbi Eliézer dit : "le monde a été créé en Tichri" ... Rabbi Yéhochoua dit : "Le monde a été créé en Nissan" (guémara Roch Hachana 10b).
Bien qu'il s'agisse de 2 opinions, il est possible de se baser sur les deux, comme l'affirment nos Sages (guémara Guittin 6b) : "Ceux-ci et ceux-là sont les paroles du D. vivant" (élou véélou divré Elokim 'haïm én).
Ainsi, Roch Hachana (en Tichri) représente le renouveau du monde et l'établissement, pour cette année, de l'ordre naturel, un temps de "voici qu'une échelle se tient sur la terre".

Mais le mois de Nissan représente le renouveau du monde dans la mesure où la transcendance de l'ordre naturel est concernée : "voici qu'Hachem se tenait dessus" (Hachem nitsav alav).
Cela reflète la nature de Nissan en tant que période d'immense bonté divine.
Il se peut que façon naturelle de conduire le monde dicte qu'une personne doive subir un malheur ; c'est ce qui lui a été décrété à Roch Hachana, lorsqu'il a reçu un jugement défavorable. Néanmoins, Hachem, dans Son attribut de pure bienveillance, peut décider de "prendre les choses en main".
Même si, selon les critères de la stricte justice, l'individu n'est pas méritant, Hachem peut annuler le décret de Roch Hachana et accorder un salut miséricordieux venant d'en haut.

C'est cette qualité de Nissan, la transcendance de la nature et même du temps, ce qui en fait une période de guéoula : "en Nissan, ils (les juifs) ont été délivrés (d’Egypte), et en Nissan ils le seront également dans le futur" (guémara Roch Hachana 11a).
À l'origine, il avait été décrété que les juifs resteraient dans l'exil d'Egypte pendant 400 ans (Lé'h Lé'ha 15,13). Cependant, l'atmosphère spirituelle polluée d'Egypte a eu un effet des plus délétères sur les juifs, et comme nous le disent les Sages, ils sont descendus au 49e niveau d'impureté. S'ils étaient restés plus longtemps, ils auraient atteint le 50e et dernier niveau, au-delà duquel il n'y a pas de retour possible.
Ainsi, Hachem a "sauté" le temps imparti ; comme le dit le verset : "c'est la voix de mon bien-aimé! Le voici qui vient, franchissant les montagnes, bondissant sur les collines" (Chir haChirim 2,8).
Ainsi, même avant le temps fixé, Il a racheté Sa nation au cours de ce mois [de Nissan] qui est au-dessus de la nature (lémaala min hatéva).
[Nétivot Shalom]

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+ Nissan : moment propice pour se renouveler :

-> Hachem dit à Moché et à Aharon, dans la terre d'Égypte : "Ce mois-ci [Nissan] est le premier des mois ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,1-2)

-> La géoula d'Egypte a été marquée non seulement par la libération des juifs de la main de ses oppresseurs, mais aussi par une transformation considérable de leur statut spirituel.
Auparavant, comme nous le disent nos Sages, ils avaient succombé à l'atmosphère polluée d'Egypte et atteint le 49 des 50 niveaux d'impureté, grâce à la sortie d'Egypte, ils se sont élevés à une grande hauteur spirituelle ; comme le proclame le prophète : "Vous avez grandi et vous avez été parés d'ornements" (Yé'hezkel 16,7).

Comme nous le savons, les périodes spéciales et les fêtes juives qui se déroulent tout au long de l'année ne sont pas de simples événements de commémoration ; au contraire, les événements eux-mêmes, d'une certaine manière, se répètent ...
Nos Sages déclarent (guémara Roch Hachana 11a) : "en Nissan, ils (les juifs) ont été délivrés (d’Egypte), et en Nissan ils le seront également dans le futur" = la géoula d'alors, qui a affecté l'ensemble du peuple juif, ressurgit chaque année pour chaque individu.
Au cours du mois de Nissan, alors que l'aura de la géoula refait surface, chacun d'entre nous est en mesure d'émerger de son exil personnel, dans lequel il a pu tomber aux mains du yétser ara.
Nous aussi, tout comme les Bné Israel l'ont fait à travers de la sortie d'Egypte, nous pouvons nous élever de l'indigence spirituelle vers les plus hauts sommets.
[Méor Enayim]

-> [à la différence des non-juifs, nous établissons notre calendrier en fonction de la lune (qui a la différence du soleil évolue cycliquement de rien à complet).]
La Torah nous dit que : même si vous vous trouvez, au sens propre ou figuré, dans une situation de "terre d'Egypte" (Bo 12,1), à un point d'abaissement et d'obscurité flagrants, vous êtes néanmoins capable et même obligé de vous transformer en une nouvelle personne.
Telle est la signification de l'association des juifs avec le système lunaire : Israel compte selon la lune (Israel monin lalévana ).
La lune est le modèle parfait à cet égard ; alors qu'elle est engloutie dans l'obscurité totale, au point de ne plus être visible, elle commence à briller d'un nouvel éclat.
C'est pourquoi cette mitsva [de sanctifier le nouveau mois] n'est destinée qu'à Israël, car seul Israël possède cette qualité de renouvellement ...

Un juif, même au plus bas, possède toujours une étincelle spéciale et éternelle de la Divinité qui est une "portion divine d'en haut" ('helek Eloka mima'al - Iyov 31,2). C'est à partir de cette étincelle qu'il peut se régénérer et se former à nouveau.
Les non-juifs, cependant, n'ont pas cette étincelle de kédoucha (sainteté), de sorte que lorsque le déclin s'installe, il le fait de manière définitive.

Tel est le message de la mitsva de Roch 'Hodech ("Ce mois-ci est le premier des mois"), que la Torah a jugé si important de transmettre qu'elle en a fait la toute première mitsva.
Nous devons être conscients que même au milieu d'une obscurité abjecte, où il ne semble pas y avoir la moindre lueur de lumière, nous avons toujours la capacité de nous renouveler et de devenir comme une entité complètement nouvelle.
[Nétivot Shalom]

[ainsi, le mois de Nissan est un moment propice pour se renouveler. Même si à l'image de nos ancêtres nous sommes tombés au plus bas (49e niveau d'impureté), que notre vie est pleine d'obscurité, nous avons cette capacité de se renouveler et devenir une nouvelle personne sublime (qui tend vers le 49e niveau de pureté, comme nos ancêtres dans le désert).
Nous ne fêtons Nissan (et Pessa'h) pas en une seule commémoration d'un lointain passé, mais parce qu'à un niveau spirituel cela se reproduit identiquement de nos jours. Alors profitons-en! ]

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+ Nissan & inauguration du Michkan :

-> Le Michkan (Tabernacle) a été érigé le premier du mois de Nissan (Pékoudé40,17).
Cela est assez curieux, car la construction du Michkan s'est achevée plusieurs mois avant, au mois de Kislev. Pourquoi une telle attente?

Il est écrit : "Les eaux abondantes ne peuvent éteindre l'amour, ni les rivières l'emporter ; si une personne offrait toute la fortune de sa famille (en échange) pour l'amour, elle serait dénigrée" (Chir haChirim 8,7).
Le midrach (Chemot rabba 49,1) explique :
"Les eaux abondantes" se réfèrent aux non-juifs ; comme il est dit, "(les nations) déferlent comme la mer en crue" (Yéchayahou 17,12), car si tous les non-juifs se rassemblaient pour annuler l'amour entre Hachem et les juifs, ils seraient incapables de le faire. C'est l'intention de : "les eaux abondantes ne peuvent éteindre l'amour" (en référence à l'amour d'Hachem pour Son peuple) ; comme il est dit : "J'ai aimé Yaakov" (Mala'hi 1,2).
... (Le verset de Chir haChirim continue) : "Si une personne offrait la totalité de la fortune de sa famille (en échange) de l'amour, elle serait dénigrée" = mais Mes enfants M'ont façonné un sanctuaire de (simples) rideaux, et Je suis descendu et ai reposé Ma Présence au milieu d'eux.

-> Nous voyons donc que le Michkan servait à refléter l'amour suprême entre Hachem et les juifs.
Nous retrouvons cette même idée dans le fait que nos Sages associent la construction du Temple à des festivités de mariage. C'est également ce qu'exprime un autre verset du Chir haChirim : ""le jour de son mariage et le jour de la joie de son cœur" (Chir haChirim 3,11).
Selon la guémara (Taanit 26b) : "Le jour de son mariage" fait référence au don de la Torah ; "et le jour de la joie de son cœur" : cela fait référence à la construction du Temple.

Il en ressort que le mois de Nissan a été choisi pour l'édification du Michkan parce qu'il s'agit d'une période d'abondance où le grand amour qu'Hachem porte à son peuple se manifeste de manière éclatante.
En effet, c'est au cours de ce mois qu'a lieu la sortie d'Egypte, un événement marqué par l'amour illimité d'Hachem pour les juifs.
Au début du processus de rédemption, qHachem a envoyé par l'intermédiaire de Moché un message révélant son grand amour pour ses enfants, en les désignant par des termes très affectueux : "ainsi parle Hachem : Israël est Mon premier-né!" (béni bé'hori Israël - Chemot 4,22). Ce message est d'autant plus puissant qu'il a été délivré alors que Israël (les juifs) se trouvait encore en Egypte, à une époque où son état spirituel était assez faible.

=> Bien qu'ils soient descendus, comme le racontent nos Sages, au 49e des 50 niveaux d'impureté, Hachem n'hésite pas à proclamer son amour éternel pour eux. Car les juifs sont toujours Ses enfants, peu importe jusqu'où ils peuvent tomber et peu importe ce qu'ils peuvent faire.
Le prophète fait référence à une telle circonstance en déclarant : "l'amour couvre toutes les transgressions" (al kol pécha'im té'hassé aava - Michlé 10,12).
Et cet amour est éternel, il se manifeste surtout pendant le mois [symbolisant] l'amour [d'Hachem envers nous], le mois de Nissan.
Ainsi, le mois de Nissan présente les deux géoulot (rédemptions) : passées et futures. Comme le disent nos Sages (guémara Roch Hachana 11a) : "en Nissan, ils (les juifs) ont été délivrés (d’Egypte), et en Nissan ils le seront également dans le futur".
[Nétivot Shalom]

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-> Le Déguel Ma’hané Efraïm nous rapporte un enseignement au nom de son grand-père, le Baal Chem Tov, sur Roch ‘Hodech Nissan :
"Le Baal Chem Tov dit au célèbre Maguid de Mézéritch, un jour de Roch ‘Hodech Nissan : ‘Maintenant, il nous faut prier, car le premier jour de Nissan est le Roch Hachana des rois. Ce jour-là sont nommés tous les princes et gouverneurs du Monde. Or jusqu’à présent, ce sont de mauvais dirigeants qui ont été nommés ..."

Le shiour 'hamets (le rendant interdit) n'est qu'une quantité infime (un machéou).
La règle de nos Sages est toujours que : la mesure du bien divin est toujours plus grande que celle de la punition divine (mida tova mérouba mimidat pour'anout - guémara Yoma 76а).
Si une quantité infime de 'hamets peut créer l'interdit de 'hamets, alors une quantité infime de judaïcité, même une petite étincelle de sainteté, peut également définir toute la personne.
[Imré Emet]

[chaque juif a en lui une partie d'Hachem, qui reste pure, et ce quoiqu'on puisse faire.
Ainsi, chaque juif doit s'aimer soi-même (pas de désespoir), et autrui, car il reste toujours défini comme une sublime personne! ]

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-> Le Zohar haKadoch (3:252:1) souligne que toute la différence entre le 'hamets et la matsa est un petit point d'encre. Les 2 mots symbolisant les extrêmes de notre service d'Hachem, de ce qui ne doit pas être mangé et de ce qui doit être mangé à Pessa'h. Ils s'écrivent de manière très similaire (ה et ח), mais là où le mot חמץ ('hamets) a la lettre ח au début, מצה (matsa) a la lettre ה à la fin.
Quelle est la signification de cette distinction?

Le Sfat Emet explique qu'une est essentiellement comparée à la lettre ד, qui représente דלות (dalout - pauvreté), une création appauvrie sans rien qui lui soit propre.
Une étincelle divine peut élever la personne, cette petite ligne (י) au milieu peut transformer un ד appauvri en la lettre ה, qui confère une orientation et une direction à son avoda (service d'Hachem), une nékouda (point, étincelle) intérieure qui anime une personne.

Mais parfois, au lieu de rester concentré sur cette étincelle et de la garder à l'intérieur, une personne la tire vers elle et l'intègre à son extérieur, sans qu'on puisse la distinguer. [est-ce que j'agis pour mon véritablement moi intérieur, ou pour ce que je crois être moi-même, une moi qui s'est ajouté (par l'environnement, par la facilité, l'égo, ...)]
C'est ce qui se passe lorsque le ה est transformé en ח, cette petite ligne qui s'étend du milieu et qui n'est plus visible par elle-même (elle se fond dans la masse de la lettre 'hét, plutôt que d'être une ligne à part, unique [comme notre intériorité]). Elle devient 'hamets, sans direction ni substance.

[ainsi tout juif doit avoir conscience et apprécier ce petit youd (י - yéhoudi), cette étincelle d'Hachem qui est toujours en lui, et il doit en être très fier et joyeux. Et cela tout en sachant qu'elle vient s'abriter dans le dalét, représentant la "dalout" (pauvreté), donc l'humilité, la conscience que tout cela ne provient que d'Hachem (sans qui je ne peux pas vivre une seconde supplémentaire), et qu'on doit en faire bon usage. ]

"Tu raconteras alors à ton fils ce jour-là en disant : "C'est pour cela que Hachem a agi en ma faveur, quand je sortis d'Égypte" (Bo 13,8)

-> "Et tu raconteras à ton fils" = il y a lieu de remarquer que la Torah emploie deux langages לֵאמֹר (lémor - en disant) , וְהִגַּדְתָּ (véhigadéta - tu raconteras), l'intention du verset, (en s'inspirant de la parole de nos Sages dans le Traité Pessahim 116), est que la Haggada de Pessa'h, débute par des choses honteuses/malheureuses et se termine par des louanges.

C'est à cela que font allusion les 2 verbes employés : "tu raconteras" ce sont des paroles dures (au début nos ancêtres étaient des idolâtres ...) et des choses que le cœur de l'homme a du mal à accepter, et ensuite la Haggada termine par des louanges (et maintenant D. nous a approché de son service) et c'est à cela que le verset fait allusion en disant les mots "en lui disant" (לֵאמֹר - se décompose en deux : lo mar = pas amère) c'est-à-dire raconter à ton fils des choses pleine de louanges, réjouissantes, qui enflamment le cœur et qui vont le renforcer.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

[on apprend de là qu'à Pessa'h certes on commence par une part du récit de l'esclavage en Egypte très dure, mais ensuite notre récit doit vécu avec plein de positivisme, de émouna en la grandeur d'Hachem, ...
A l'image de l'afikoman (dernier aliment du repas du Séder), on doit quitter notre Séder de Pessa'h en ayant reçu une bouffée d'optimisme, de joie et de fierté d'être juif et de servir Hachem. ]

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-> "et tu raconteras à ton fils" : si tu fais le récit de la Haggada de Pessah, même si tu n'as pas d'enfants, alors Hachem te donnera le mérite de la réciter à tes enfants (la lecture de la Haggada est une ségoula pour avoir des enfants).
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

"Et ce fut au bout de 430 ans, précisément le même jour, que toutes les milices de D. sortirent du pays d'Égypte. C'était la Nuit prédestinée par Hachem, pour leur sortie du pays d'Égypte; c'est cette même nuit instituée par Hachem, comme prédestinée à toutes les générations des Bné Israël" (Bo 12,41-42)

-> Selon le Ohr ha'Haïm haKadoch :
C'est une nuit prédestinée [protégée - lél chimourim].
Le verset fait référence à 5 grands miracles extraordinaires qui ont eu lieu la nuit du 15 Nissan à travers l'Histoire du peuple juif :
1°/ à l'époque d'Avraham, lorsqu'il a fait la guerre contre les 4 rois et qu'il les a vaincus.
2°/ la sortie d'Égypte.
3°/ à l'époque du roi 'Hizkiyaou (Méla'him II 19,35). Lorsque l'Ange Gabriel a frappé San'hériv. Il est écrit là-bas "et voici cette nuit". C'était également la nuit du 15 Nissan.
4°/A l'époque de Mordé'haï et Esther.
"Cette nuit le roi a eu une insomnie" (Esther 6,1) = Il s'agit aussi de la nuit du 15 Nissan.
5°/ la délivrance à venir dans les temps futurs qui aussi se déroulera la nuit du 15 Nissan.

En ce qui concerne la victoire d'Avraham sur les 4 rois, la Torah y fait allusion en disant : "Une nuit que D. protège". Par rapport à la sortie d'Égypte, le verset dit "le jour où ils sont sortis d'Egypte", au sujet du miracle du Roi 'Hizkiyaou, le verset dit "cette nuit-là". Au sujet du miracle de l'époque de Mordé'haï et Esther, le verset dit "cette nuit-là est pour D."
Et enfin, pour la délivrance à venir, le verset y fait allusion en mentionnant "une nuit protégée pour les enfants d'Israël" pour toutes leurs générations.
Que D. fasse que se réalise cette promesse très bientôt, de nos jours.

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-> "Sept jours vous mangerez des matsot" (Bo 12,15)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch commente :
La raison de cette mitsva est que du fait que la pâte de pain que les Bné Israël avaient préparée [au moment de leur sortie d'Egypte au matin après avoir passés la nuit chez eux] n'avait pas eu le temps de lever (fermenter), D. les a délivrés.
Il y a lieu de se demander pourquoi la Torah ordonne de manger des matsot la nuit de Pessa'h avant même d'être sorti d'Égypte. Effectivement, les Bné Israël n'étaient pas encore sortis d'Egypte donc comment célébrer le souvenir de la sortie d'Egypte avant même d'en être sorti?
De la même manière, l'ordonnance de manger l'agneau de Pessah en signe de remerciement car D. est passé au-dessus des maisons des égyptiens et les a épargnés est étonnant. Hachem n'était pas encore passé sur les maisons.

=> Il faut dire que par le mérite de la mitsva de manger le sacrifice de Pessah, les Bné Israël vont être délivrés. Et de la même manière, par le mérite de la mitsva de manger la matsa, D. délivrera rapidement les Bné Israël, comme cela s'est effectivement passé.

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-> b'h, également sur ce sujet : le Séder de Pessa'h = un accélérateur de la venue du machia'h : http://todahm.com/2022/03/18/pessah-un-accelerateur-du-machiah

Shabbath haGadol

+ Shabbath haGadol :

=> Pourquoi le Shabbat qui précède Pessa'h est-il appelé Shabbat Hagadol, le grand Shabbat?

-> Le Maharal enseigne :
Il semble que ce titre soit basé sur la haftora que nous lisons ce Shabbath, et qui contient le verset concernant la future guéoula : "Voici que je vous envoie Eliyah haNavi, avant l'avènement du jour grand et redoutable d'Hachem (yom hagadol véanora)" (Mala'hi 3,23)
Le nom "Shabbath haGadol" reflète cette prophétie.

Il ne fait aucun doute que la sortie d'Egypte était un événement qui, en soi, pouvait être qualifié de gadol, dans la mesure où il mettait en scène les actes grands et puissants d'Hachem.
Comme le mentionne la Haggadah : "Et Hachem nous a fait sortir d'Égypte ... avec une grande
avec une grande crainte" (Ki Tavo 26,8) -> oubémora gadol (avec une grande crainte) = cela fait référence à la révélation de la Ché'hina.
Mais Israël attend pour l'avenir un jour de guéoula qui sera également marqué par une véritable grandeur, une guéoula calquée sur les événements de la sortie d'Egypte. Comme le déclare le prophète : "Comme à l'époque de votre départ du pays d'Égypte, je ferai des merveilles" (Mi'ha 7,15).
[ainsi de même qu'il y a eu une "oubémora gadol", alors à plus forte raison nous l'aurons lors de la guéoula (révélation de la Présence d'Hachem), d'où le nom de Shabbath gadol. ]

C'est pourquoi la nuit de Pessa'h est désignée par la Torah comme "lél chimourim" : "une nuit de protection pour tous les enfants d'Israël, pour leurs générations" (Bo 12,42).
C'est cette nuit qu'Hachem garde pour lui, pour les faire sortir du pays d'Égypte ... cette nuit est gardée et préservée pour nous pour l'avenir, servant de modèle à la géoula finale.
[à la fin des temps, c'est en ce jour que débutera la rédemption finale avec Eliyahou haNavi et le machia'h. - selon le Ohr ha'Haïm (Bo 12,42) ; et le midrach Chémot rabba 18,12]

En fait, tout en reflétant la sortie d'Egypte, les actes grands et puissants (gadol vénora) de la guéoula finale dépasseront de loin ceux de la sortie d'Egypte.
Comme il est dit : "En vérité, des jours viendront, dit Hachem, où l'on ne dira plus: "Vive Hachem qui a fait monter les Bné Israël du pays d'Egypte!"; mais "Vive Hachem qui a fait monter les BnéIsraël du pays du Nord et de toutes les contrées où il les avait exilés! "Car je les aurai ramenés sur leur territoire, que j'avais donné à leurs ancêtres." (Yirmiyahou 16,14-15).
[ainsi les miracles à venir seront tellement grands que ceux d'Egypte ne seront pales en comparaison, et ainsi l'appelation "Shabbath gadol" nous renforcent dans cette idée : tous les miracles incroyables que nous allons raconter en détails lors du Séder de Pessa'h, et bien tout cela sera comme rien par rapport à ce qui arrivera très bien tôt lors de la guéoula finale! On doit pas se dire qu'à l'inverse de nos ancêtres en Egypte nous en valons rien, au contraire nous aurons aussi des miracles encore plus incroyables car Hachem nous aime et souhaite retrouver une grande proximité avec Lui! (Shabbath gadol = Hachem est gadol et Son amour pour nous est gadol! ).]

Cette notion est liée spécifiquement au Shabbath pour une bonne raison.
Tous les événements importants qui se déroulent au cours de la semaine ont en réalité commencé à "germer" dès le Shabbat précédent.
Ainsi, chaque année, le Shabbath haGadol est en fait une période de grande anticipation de la fête de Pessa'h, qui marquera le début de la guéoula. Nous sommes remplis d'espoir pendant ce Shabbath, car les portes du Ciel s'ouvrent, permettant à la géoula de passer du potentiel à la réalité au cours de la semaine à venir.

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-> "Toutes les bénédictions concernant les mondes supérieur et inférieur dépendent du 7e jour" (Zohar - paracha Yitro).
Nous voyons de là que Shabbath est le canal par lequel toutes les bénédictions et les bontés divines sont transmises : tout bienfait accordé à quelqu'un pendant la semaine est en fait enraciné dans Shabbath. Cette bienveillance, qu'elle concerne un individu ou le monde dans son ensemble, a commencé à jaillir, d'une certaine manière, dès le Shabbath précédent. Ainsi, les grandes merveilles associées à la sortie d'Egypte, quel que soit le jour de la semaine où elles se sont produites, ont commencé à émerger le Shabbath précédent.
La Torah qualifie ces miracles de "gadol, comme il est écrit : "Israël a vu la grande main (ayad aguédola) que Hachem a exercée sur les égyptiens" (Béchala'h 14,31).
Par conséquent, c'est ce Shabbath qui a été considéré comme le Shabbath haGadol.
[Béer Mayim 'Haïm]

[de même que toutes les grandes choses que nous raconterons lors du Séder de Pessa'h proviennent du Shabbath qui le précède, de même dans notre vie on peut mériter tellement de grandes choses si l'on respecte le Shabbath (la source des bénédictions - mékor habérakha) comme il faut.
Ce Shabbath est gadol, car il doit concrètement nous renforcer dans notre conscience de la grandeur de chaque Shabbath.
Ainsi, Shabbath haGadol est un grand jour de fête où l'on prend le temps d'apprécier ce cadeau qu'Hachem nous donne : le Shabbath (le fait qu'il ait lieu toutes les semaines n'en réduit pas sa valeur [par routine], mais témoigne de l'amour de D. à notre égard [qui augmente les occasions d'avoir des bénédictions]).]

-> La vérité est que, par essence, chaque Shabbath peut être qualifié de "grand".
C'est ce que nous disons dans le texte du birkat hamazon de chaque shabbat : "rétsé véa'halitsénou Hachem ... yom achévi'i aShabbath haGadol azé, ki yom zé Gadol vékadoch ou léfané'ha" (épargne-nous, Hachem notre D., par Tes commandements et le commandement du 7e jour, ce grand et saint Shabbath, car ce jour est grand et saint devant Toi) ...
Bien que chaque Shabbath soit marqué par la noblesse, le Shabbath haGadol est à part. Cela s'explique par sa proximité avec la nuit de Pessa'h, la nuit la plus sacrée de l'année, qui comporte la révélation de la Présence divine elle-même.
[Beit Avraham]

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-> Shabbath hGadol, le "grand" Shabbath, peut être compris de la même manière suivante :
la lumière spirituelle qui émane de ce moment est si grande et si vaste qu'elle s'étend même aux humbles et aux pécheurs. De cette manière, tous les juifs, quel que soit leur statut, peuvent être raffinés, élevés et pleinement préparés à entrer dans la sublimité de la sainte fête de Pessah.
[Beit Avraham]

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-> Yom Kippour est le point culminant de la période connue sous le nom de Yamim Noraïm. En tant que tel, c'est un jour imprégné d'une très grande quantité de crainte (yir'a).
Pessa'h est une fête marquée par l'amour (aava), comme l'indique le verset de Chir haChirim (qui est lu à Pessa'h) : "Son drapeau sur moi démontre l'amour" (védiglo alaï aava - v.2,4).
Alors que les lumières des Yamim Tovim (fêtes) commencent à briller depuis le Shabbat précédent, il apparaît que le Shabbat Shouva est un jour uniquement marqué par la crainte, tandis que le Shabbat haGadol est un jour d'amour.

La yir'a et la aava sont toutes deux des qualités essentielles pour servir Hachem, et le service divin (avoda) d'une personne ne peut être considérée comme complète si l'une n'est pas complétée par l'autre.
Néanmoins, lorsque l'on compare ces deux qualités, c'est la midda de la aava (amour) qui se voit accorder une certaine primauté, étant considéré comme la plus élevée et le plus "grande" des deux.

C'est pourquoi le Shabbath qui précède Pessa'h mérite ce titre vénérable. Comme il précède le Yom Tov de : aava, et contient donc l'émanation de Pessa'h lui-même, il reflète la midda de aava. Et cette midda est la plus grande, la "gadol" des qualités essentielles de dans notre service (avoda) d'Hachem.
[Nétivot Shalom]

[une forme d'amour d'Hachem est de prendre conscience de Son infinie grandeur, et par cela apprécier la chance de pouvoir être Son enfant adoré, et de pouvoir suivre Sa volonté.
Ainsi, la crainte permet de poser des limites (c'est le Roi!), tandis que l'amour permet de donner une profondeur/grandeur et des sentiments à notre relation avec Hachem (c'est notre Père!). ]

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-> b'h, également sur : Shabbath haGadol : http://todahm.com/2014/04/01/shabbath-hagadol

"La guémara (Roch Hachana 8a) détaille les 4 différents Roch Hachana (nouvelle année) que le peuple juif célèbre tout au long de l'année : 1) la nouvelle année civile (en Tichri), 2) les arbres (en Chevat), 3) le décompte des Yamim Tovim et des royaumes (en Nissan), 4) la dîme du bétail (en Elloul).
Le fait même qu'ils s'appellent tous Roch Hachana doit nous rappeler que chacun d'entre eux est une nouvelle occasion de prendre un nouveau départ."
[Gaon de Vilna]

Le message du récit de la sortie d’Egypte = tout ce qu’Hachem accomplit est pour le bien!

+++ Le message du récit de la sortie d'Egypte = tout ce qu'Hachem accomplit est pour le bien!

"Hachem dit à Moché : ''Va chez Pharaon, car j'ai appesanti son cœur et le cœur de ses serviteurs, afin d'opérer tous ces prodiges en son sein. Et afin que tu racontes aux oreilles de ton fils et du fils de ton fils ce que J'ai comploté contre l'Egypte"." (Bo 10,1-2)

-> Rachi commente : "J'ai comploté" = Je me suis ri (de l'Egypte)."

-> Le 'Hatam Sofer (Torat Moché) explique longuement en quoi consista cet ''amusement'' par lequel le Hachem se rit des égyptiens :
Lorsque nos pères se trouvaient en Egypte, esclaves du cruel Pharaon, toutes sortes de questions et de contradictions auraient pu leur venir à l’esprit, telles que :
"Comment le peuple d'Israël, qualifié par Hachem Lui-même de Mon fils premier-né, peut-il être ainsi asservi totalement par les égyptiens, d'une manière qui donne tout à penser qu'ils demeureront, eux et leurs descendants jusqu'à la fin de toutes les générations, esclaves de Pharaon en Egypte? (En particulier, quand on se rappelle que Pharaon est un descendant de Canaan qui fut ainsi maudit pour son péché : "Que Canaan soit maudit (...) et que Canaan soit leur esclave." (Noa'h 9,25-26) Et comment se peut-il que ses descendants asservissent les descendants de Chem?)
De plus, comment se fait-il que tout l'argent et l'or du monde entier soit parvenu en Egypte durant les années de famine, lorsque, des 4 coins du monde, les gens vinrent alors y acheter de quoi subsister? Tout cela suggère que "la servante aurait hérité de sa Maîtresse"!"

Néanmoins, lorsque les Bné Israël sortirent d'Egypte, il s'avéra à quel point Hachem s'était ri des Egyptiens : en effet, Il leur avait donné, durant toutes ces années, l'impression d'amasser pour eux-mêmes, des biens et une richesse incommensurable.
Alors qu'en vérité, tout cela n'avait pour seul et unique but de remettre cette fortune entre les mains des Bné Israël, pour que s'accomplisse ainsi la promesse du Créateur selon laquelle : "Et après cela, ils sortiront avec de grands biens" (Lé'h Lé'ha 15,14).
Ce fut, d'ailleurs, la raison pour laquelle les Bné Israël descendirent en Egypte et y furent asservis par les égyptiens, pour qu'au terme de cet exil, ils sortent avec de grandes richesses et dépouillent l'Egypte pour la rendre "comme un filet vide de poisson" (Béra'hot 9b). Il s'avéra donc finalement que tout ce voilement apparent de la présence Divine et cet esclavage avaient uniquement un but bénéfique.

Et c'est la visée du récit de la sortie d'Egypte : montrer comment Hachem s'est ri des Egyptiens. Car toute cette histoire (la famine et l’abondance qu’elle permit d’amasser, l'asservissement des Hébreux) s'étala sur une durée d'environ 320 ans, pendant lesquels, nombre de Bné Israël naquirent et moururent sans jamais voir son dénouement bénéfique.
Et pourtant, le véritable croyant est convaincu que le Créateur ''a toujours existé, existe, et existera à tout jamais'', et que tout est soigneusement calculé.
=> C'est pour cela qu'il nous incombe de faire le récit de la sortie d'Egypte : afin d'enraciner dans le cœur des Bné Israël, dans toutes les générations, que lors de chaque épreuve ou voilement de la face Divine, ils soient convaincus que Hachem met tout en œuvre pour leur bien. Et même si, à ce moment là l’homme n’est pas en mesure de comprendre les voies d'Hachem, son travail consiste à garder confiance que tout est pour le bien et à attendre que Sa bonté se manifeste.

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+ Toute souffrance dans ses moindres détails provient d'Hachem, et nous est bénéfique :

-> L'esclavage en Egypte a été extrêmement éprouvant, avec des souffrances énormes.
En faisant le récit de la sortie D'Egypte et en essayant de le vivre, nous devons développer en nous l'idée que chaque souffrance, aussi minime soit-elle, est bénéfique, et que tout est minutieusement calculé, pas même une goutte de souffrance n'est perdue. [rien ne peut se produire sans un décret d'Hachem en ce sens]

-> Le Saba de Kelm explique que les premiers-nés méritèrent d'être dotés d'une sainteté particulière car lorsque Hachem frappa ceux des égyptiens, les premiers-nés des Hébreux eurent très peur de périr également, et la souffrance morale que cela leur causa leur fit mériter ensuite cette sainteté particulière. Et en y réfléchissant bien, on comprendra aisément que ce ne furent pas seulement les premiers-nés qui furent dans la crainte, mais chacun des Bné Israël lors des autres plaies et ils méritèrent aussi grâce à cela une certaine sainteté, comme il est dit : "Israël est consacré pour Hachem" (Yirmiyahou 2,3).
Néanmoins, puisque les premiers-nés subirent un supplément de souffrance, ils méritèrent également un supplément de sainteté.

-> "Et le sang sera, pour vous, un signe sur les maisons où vous vous trouverez, Je verrai le sang, Je passerai sur elles, et le fléau n'aura pas prise sur vous lorsque Je frapperai la terre d'Egypte" (Béchala'h 12,13).
Rabbi Zalman Sorotskin (Oznaïm La Torah) explique : Car ce sang constituait un signe et un rappel qu'ici, dans cette maison, le sang juif fut versé lors de l'esclavage d'Egypte, et ce furent ces mêmes coups et ces mêmes souffrances qu'ils endurèrent alors qui les protégèrent du fléau destructeur.

-> "Et sous Ses pieds se trouvait comme une brique faite de Saphir" (Michpatim 24,10)
Rachi commente : "(Cette brique) était devant Lui au moment de la servitude afin de se souvenir de la souffrance des Hébreux [en Egypte] qui étaient asservis à faire des briques.''
Le rav Chlomo Kluger écrit : A priori, cela peut paraître surprenant : quel rapport existe-t-il entre le Saphir, qui est une pierre précieuse, et ces briques, qui suggèrent la dureté de leurs souffrances?
C'est que chaque peine et chaque souffrance que subit Israël possède une valeur énorme dans le Ciel. C'est pourquoi ces ''briques'' y rayonnent d'un éclat splendide comme celui du Saphir.

Se souvenir de la sortie d’Egypte

+++ Se souvenir de la sortie d’Egypte = comment se rappeler et intégrer la foi dans la providence individuelle :

"Souviens-toi de ce jour où tu es sorti d'Egypte" (Bo 13,3)

-> Le Téchouat 'Hen (paracha Vaéra) enseigne :
"L'exil de l'Egypte était le fait qu'ils croyaient au hasard. Car Pharaon, souverain absolu, niait que le monde fût dirigé par une providence individuelle, suivant le droit et la justice, mais prétendait qu'il était conduit par les lois de la nature.
Or, les Bné Israël étant soumis à sa souveraineté, furent abreuvés par cette vision des choses. Et, à dire vrai, nous ne nous sommes toujours pas entièrement purifiés de cette souillure, et ce yétser ara danse encore parmi nous, et instille dans notre cœur des pensées qui nous incitent à croire au hasard.
C'est afin de sortir de cette confusion que nous sommes tenus de mentionner quotidiennement la sortie d'Egypte et d'enraciner en nous la émouna absolue que tout provient d’Hachem.
Un homme ne peut recevoir ne serait-ce que le moindre coup sur son doigt dans ce monde sans que ce ne soit décrété auparavant dans le Ciel.
C’est Hachem qui dirige les pas de l'homme selon une intention Divine qui nous échappe".

-> Rabbi Ména'hem Mendel de Vitebsk (Pri haArets - paracha Bo) explique pourquoi Hachem appesantit le cœur de Pharaon et de ses serviteurs pour ensuite les punir :
"Tout avait pour but que les Bné Israël parlent des prodiges d'Hachem et qu'ils sachent qu'Il est le vrai D., qu'il n'y en a pas d'autre que Lui, et que le monde est dirigé par une providence individuelle et minutieusement calculée.
Et en vérité, le cœur des réchaïm est loin de concevoir une telle providence, à savoir que l’homme ne peut recevoir le moindre petit coup, un brin d'herbe ne peut sécher ou être déraciné, une pierre ne peut être projetée, si ce n'est en temps et en lieu voulus par Lui.
Tous les mouvements, grands ou petits, depuis le "timtsoum" originel jusqu'à ceux des créatures les plus basses de ce monde, sont le fait d'Hachem, selon Sa Sagesse infinie, pour la gloire de Son Nom, et ont pour but que se dévoilent Sa Divinité, Sa Sagesse et Sa manière de diriger le monde."

[le ''timtsoum'' est un concept kabbalistique selon lequel, lors de la création, D. ''contracta'' sa présence pour permettre au monde d'exister.]

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-> "Et à partir des grands et célèbres miracles (comme ceux de la sortie d'Egypte et de la mer Rouge, au cours desquels Hachem bouleversa les lois naturelles des cieux et de la terre), l'homme reconnaît les miracles cachés qui constituent le fondement de toute la Torah. Car l'homme n'a pas de part dans la Torah de Moché Rabbénou tant qu'il ne croit pas que tout ce qui nous concerne et tout ce qui nous arrive sont des miracles et non le fruit de la nature ni l’ordre naturel du monde."
[Rambam - fin paracha Bo]

+ "Qu’est-il de différent cette nuit de toutes les autres nuits?" (ma nichtana alaïla azé mikol alélot)

-> Le Ben Ich 'Haï (Ora'h 'Haïm) explique :
Dans la Haggada on fait poser aux enfants les 4 questions des 4 enfants : le ‘Hacham (le sage), le Racha (le renégat), le Tam (le simple) et le Shééno yodéa lichol (celui qui ne sait pas demander).
Il y a tellement de profondeur dans les explications sur ces questions et en général ce ne sont pas des questions que réellement poseraient de petits enfants, alors on est en droit de se demander pourquoi présenter les choses de cette manière et pourquoi faire poser ces questions aux enfants, à tel point que si on demande à n’importe quel enfant : "raconte moi la Haggada" il nous répond : "ma nichtana"?

La réponse est dans la guémara Méguila, on y rapporte que Daniel a vu une vision effrayante, mais les autres prophètes qui étaient avec lui ne l’ont pas vu, mais ont quand même eu peur. La guémara demande : "s’il ne l’ont pas vue, pourquoi ont-ils eu peur?" et de répondre : "Même s’ils ne l’ont pas vue, leur Mazal (leur néchama) l’ont vue".
=> C’est ici la même chose, même si dans leur conscient les enfants (et même nous) ne ressentent pas toute la portée de la question, au plus profond de leur néchama, par contre, ils ressentent tous les niveaux de profondeur de la question, et la lumière du dévoilement de cet enseignement vient quand même illuminer la personne qui le dit.