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Préparatifs de Pessa’h

+ Préparatifs de Pessa'h :

-> Il est écrit dans nos traditions anciennes que tout effort de préparation pour Pessa'h qui conduit à avoir de la fatigue et à de l'épuisement réussit à tuer et à détruire les influences néfastes connues sous le nom de "negaé bné adam", ces "tâches/souillures" [spirituelles] sur une personne, et qui sont créées par des péchés graves.
Nous savons tous qu'aucun d'entre nous ne peut dire qu'il n'est jamais tombé dans la faute. C'est pourquoi il nous incombe de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour expier nos péchés, et cela peut être accompli en nous efforçant de nous préparer pour Pessa'h.
[Séfer Yessod Yossef (chap.84) ; également dans le Séfer Kav haYachar (chap.90) ]

-> Le Pélé Yoets (Erekh Pessa'h) écrit : "Israël est loué. Et leurs femmes sont encore plus louées qu'eux. Elles ont le scrupule de détruire tout le 'hamets qu'elles possèdent avec un soin extrême. Elles sont même plus rigoureuses que ce qui est requis. Elles méritent de bonnes bénédictions."

-> Le Sfat Emet écrit que les jours où l'on se prépare pour Pessa'h sont un moment propice pour nous purifier.
De même, le Séfer Yessod Yosef (chap.84) et le Sefer Kav Hayashar (chap.89) écrivent que lorsque les juifs nettoient en frottant leurs tables et leurs chaises pour enlever tout 'hamets, Hachem voit nos efforts et constate à quel point nous essayons de nous débarrasser de chaque miette.
En retour, Il détruit chaque vestige d'impureté et élimine les forces nuisibles de nos corps et de nos maisons.

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-> Le Séfer Bat Ayin (drach pour Shabbath haGadol) enseigne que le moment de la destruction du 'hamets (biour 'hamets), la veille de Pessah à partir de la 6e heure, est un moment où l'on détruit non seulement le 'hamets, mais aussi toutes les influences négatives.
Si une personne se rapproche d'Hachem et annule de son cœur tous ses péchés du passé, c'est un moment plus propice que tout autre moment de l'année pour revenir à Hachem, et Hachem lui fournira son aide pour se rapprocher de Lui.

Choul’han oré’h

+ Choul'han oré'h :

-> Le Lev Sim'ha cit son père, le Imré Emet, qui a fait remarquer que la séouda mangée au Séder est entourée du Hallel. En effet, on récite une partie avant de manger, puis après avoir terminé de manger.
Cela indique que la séouda (le repas [du Séder]) elle-même fait partie du Hallel, le fait de manger et de boire étant également une forme d'expression de notre gratitude envers Hachem.

Quand Hachem s'adresse à Moché, il lui dit : "Moi aussi, J'ai entendu le cri des Bné Israël" (Vaéra 6,5)

=> Pourquoi Hachem a-t-il dit qu'Il avait "aussi" entendu les cris de Son peuple? Qui d'autre que Lui a entendu ces cris?

-> Le 'Hatam Sofer dit que cela signifie que chaque juif a entendu les cris de son prochain, et que leur cœur est devenu tellement lourd de la douleur qu'avaient les autres aussi, et pas seulement pour eux-mêmes.
C'est alors qu'Hachem dit : "Moi aussi, J'ai entendu" = Je veux entendre, Moi aussi, les souffrances que chacun d'entre vous a entendues de son prochain, et ce sera le levier de votre délivrance.
Cette compassion a abouti à la fin de ce verset, à la promesse d'Hachem : "vaézkor ét bériti" (Je me souviendrais de Mon alliance [avec eux]).

-> Un fois le 'Hatam Sofer dit sur " Moi aussi, J'ai entendu la plainte des Bné Israël" = celui qui cherche un bon conseil, afin de solliciter l'aide de D., doit aider les autres précisément à ce moment-là, quand il est en difficulté. C'est alors qu'il méritera que D. lui vienne en aide et le délivre de ses maux.

-> Le Pné Ména'hem voyait parfois des tsadikim décédés dans ses rêves. Une nuit, alors qu'il dormait, il rencontra en rêve son oncle, le rav Ména'hem Mendel de Pabinetz, qui avait été tué par les nazis.
Le Pné Ména'hem demanda : "Mon oncle, comment se fait-il qu'il y ait aujourd'hui, tant de maladies, de souffrances et d'épreuves, comme il n'y en a jamais eu auparavant. Comment cela se fait-il?"

Dans son rêve, le rav Pabinetzer répondit à la question de son neveu : "Il fut un temps où à une tragédie personnelle, qu'un juif qui souffrait, cela signifiait que tout le village (shtiebel) le ressentait aussi, les voisins portant le fardeau avec celui qui souffrait. Les gens étaient liés les uns aux autres d'une manière très profonde, chacun ressentant les coups portés par ses amis.
Et lorsqu'un décret amer était décrété contre quelqu'un, il était épargné, car même s'il méritait ce coup, les autres, ceux qui pleuraient avec lui, ne le méritaient pas.

Mais aujourd'hui, conclut le Rav Pabinetzer, les gens ne se sentent plus concernés par le souffrances des autres comme ils l'étaient autrefois, et ce mérite a donc été supprimé.

En conduisant Yaakov en Egypte, Hachem lui promet : "[Moi-même] Je descendrai avec toi en Egypte, et [Moi-même] Je te ramènerai aussi (véanokhi aalé'ha gam alo)" (Vayigach 46,4).

-> Le Sfat Emet se demande ce que l'ajout du mot "gam" (aussi - גַם) ajoute. Pourquoi ne suffit-il pas de dire "Je [Moi-même] descendrai avec toi et Je [Moi] te ramènerai"?

Il explique que le mot גַם indique toujours une augmentation ou une expansion. Hachem assurait à Yaakov que le séjour en Egypte ajouterait des dimensions à la grandeur de Ses enfants, car personne ne traverse une période difficile sans acquérir de nouvelles forces, et il n'y a pas de souffrance qui ne s'accompagne pas de croissance.
Ils descendront et reviendront encore plus grands qu'ils ne sont descendus.

[à combien plus forte raison cela s'applique à notre si long exil actuel!
En racontant le récit de la sortie d'Egypte, cela nous renvoie à notre exil, et nous avons alors beaucoup d'espoirs à l'idée des sublimes richesses spirituelles et des grandes choses que nous fera Hachem, très prochainement. Amen! ]

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+ "[Lors de la plaie de l'obscurité,] pour tous les Bné Israël, il y avait de la lumière dans leurs maisons" (Bo 10,23).

-> "Même l'obscurité n'obscurcira rien de Toi" (gam 'hochékh lo ya'hchikh mimé'ha - Téhilim 139,12).
Le 'Hidouché haRim explique cela comme signifiant : "Même les ténèbres (nos difficultés) n'obscurcissent rien, car elles proviennent "de Toi" (mimekha). C'est pourquoi elles sont aussi une lumière."

=> Pour un juif, une période sombre est une opportunité de croissance, de connexion avec le Créateur, de découverte de nouvelles forces internes, et c'est pourquoi elle contient aussi de la lumière.
Dans le monde, il peut y avoir de l'obscurité, mais pour les Bné Israël, il y a toujours de la lumière.

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-> Le Imré Emet explique ce verset à sa manière, en commentant que lorsqu'une personne peut "voir" une autre personne, en ayant un bon oeil "ayin tov" et en se réjouissant des succès et de la bonne réussite de son ami, alors cela crée de la lumière dans leurs habitations.

+ Selon le midrach, au début de la servitude en Egypte, Pharaon lui-même a pris une pelle et un sceau, travaillant aux côtés des Bné Israël afin de les encourager.

Le Pné Menachem commente :
La règle de nos Sages est que "la mesure d'Hachem du bien est toujours plus grande que celle de Sa punition" (mida tova mérouba mimidat pour'anout - guémara Yoma 76a).
Le Pné Menachem dit : "Si un roi racha était prêt à se joindre au dur labeur pour asservir le peuple juif, alors à combien plus notre Roi, la Source de la compassion et de la bienveillance, un Roi qui déclare que "Je suis avec lui dans sa détresse" (Tehilim 91,15), est avec nous dans nos moments difficiles!"

"À l'origine, nos ancêtres adoraient des idoles" (mit'hila ovédé avoda zara ayou avoténou - Haggada de Pessa'h)

-> La Michna (Pessahim 10:4) stipule que : "on commence le récit par la disgrâce d'Israël et on la conclut par la gloire d'Israël".
Selon le 'Hidouché haRim, la raison en est que ce moment de disgrâce est étroitement lié à la rédemption finale. Lorsqu'une personne s'enfonce si profondément qu'elle craint de ne plus jamais pouvoir se relever, elle n'a d'autre choix que de crier.

Et c'est ce cri qui a été entendu au Ciel et qui a conduit à la gloire ultime.
Le cri n'est pas seulement quelque chose qui s'est produit avant la géoula, mais le catalyseur de la géoula.
Le 'Hidouché haRim conclut : et ceci est vrai pour chaque fils [d'Hachem], à tout moment.

"Tu le raconteras à ton fils ce jour-là" (véiguadéta livné'ha bayom aou - Bo 13,8)

-> Le mot והגדת (véiguadéta) signifie raconter, mais il est également lié au mot אגיג ביה (aguid bé), qui se réfère à un cas dans lequel un objet donné est encore attaché au donneur, et n'est pas complètement cédé au receveur (voir guémara Guittin 78b).
Le Pné Menachem explique que la nuit de Pessa'h, lorsque les pères transmettent les principes fondamentaux de la émouna, en racontant les histoires qu'ils ont reçues, c'est un moment de proximité spéciale entre le père et le fils, et le père est "lié/attaché" à son fils au fur et à mesure que ces histoires sont racontées.

La recherche du ‘hamets

+ La recherche du 'hamets :

-> "Nous recherchons le 'hamets à la lumière d'une bougie" (Michnayot Pessachim 1,1).
La lumière symbolise le pouvoir de la Torah, conformément au passuk : "Car une mitsva est une bougie, et la Torah est une lumière" (ki nèr mitsva, véTorah ohr - Michlé 6,23).
Le 'hamets fait allusion à l'entité du mal (du yétser ara).
Le moyen le plus efficace d'annuler le pouvoir de mal (ra) est d'appliquer le pouvoir écrasant du tov (bien) par l'intermédiaire de la lumière de la Torah.
[Siddour de rabbi Koppel]

[ ex: "Si ce méprisable (le yétser ara) t'affronte, amène-le dans la maison d'étude (beit hamidrach)" (guémara Soucca 52b - la Torah est tellement puissante que s'il est de fer, il va exploser!).
Ainsi, la recherche est un moyen concret de réveiller en nous le pouvoir de la Torah pour se purifier, et se protéger de notre yétser ara. ]

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-> "Nous recherchons le 'hamets à la lumière d'une bougie" (Mishnayos Pesachim 1:1).
Il est également possible de comprendre cette lumière de bougie comme emblématique de l'âme d'une personne, par le biais du verset : "L'âme d'un homme est une bougie d'Hachem" (nèr Hachem nichmat adam - Michlé 20,27).
Grâce à son rayonnement, on peut rechercher et éradiquer complètement son yétser ara.
[Avodat Israël]

[on peut éventuellement ajouter l'idée que si nous gardons à l'esprit à quel point nous avons une partie d'Hachem en nous, une étincelle pure de judaïcité, alors cela doit venir illuminer notre vie de joie.
Le yétser ara fait fermenter des doutes, du désespoir, de la tristesse, et le fait d'avoir une âme lumineuse en nous, repousse ce 'hamets, et nous remplit de confiance et d'espoirs pour le meilleur.
A chaque instant, Hachem n'est pas seulement avec nous (combler du meilleur), mais Il est en nous (un juif n'est jamais abandonné). ]

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-> "Nous recherchons le 'hamets ... dans tous les endroits où il est habituel d'apporter du 'hamets" (Choul'han Aroukh - Ora'h 'Haïm 431:1).

Le 'hamets étant emblématique du mal (ra), il incombe à une personne de rechercher et d'éradiquer ce 'hamets de tout "lieu" dans lequel il a pu être apporté.
Par exemple, quelqu'un peut avoir laissé le 'hamets/ce qui est mauvais, s'infiltrer dans ses yeux ; il doit donc contempler et examiner ses yeux pour déterminer s'il s'est permis de regarder des choses inappropriées. Si c'est effectivement le cas, il doit rectifier la situation par le remords et la téchouva complète.
De la même manière, il doit examiner tous les autres "lieux" et aspects de son être, et faire les rectifications qui s'imposent.
[Avodat Israël]

[à la lumière de la vérité, on doit faire la tournée des "pièces" de notre intériorité, à la recherche de 'hamets, jusqu'à tout détruire par une téchouva sincère. ]

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-> "Il est prudent de placer des morceaux de 'hamets dans un endroit où celui qui effectue la recherche les trouvera" (Rama - Ora'h 'Haïm 432:2).

Certaines personnes supposent que tout va bien pour elles et qu'il n'y a rien sur leur compte spirituel qui nécessite une amélioration ou une rectification. Il s'agit bien sûr d'une grave erreur ; comme le déclare le roi Shlomo : "Il n'y a pas d'homme complètement juste sur la terre qui ne fasse que le bien et ne commette jamais de péché" (Kohélet 7,20).
Telle pourrait être l'idée sous-jacente à la pratique de disposer des morceaux de pain pour la recherche du 'hamets. En effet, l'élimination du 'hamets reflète un processus d'effort de rechercher et d'éradiquer le mal [qui est en nous].
En plaçant le 'hamets au grand jour, dans un endroit où il sera trouvé (bémakom chéyimatsaém), on reconnaît que l'on a des défauts et que l'on s'engage à les traiter et à les corriger.
[Avodat Israël]

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-> "Même la plus petite quantité de 'hamets à Pessah (est interdite et rend les autres aliments également interdits) (Choul'han Aroukh - Ora'h 'Haïm 447:5).

-> Le Maguid de Mézéritch compare cela à une pomme succulente habitée par un ver.
La pomme peut être le spécimen le plus magnifique, mais même le plus petit parasite, si on le laisse faire, peut avec le temps détériorer la pomme dans son intégralité.

[il en est de même avec le yétser ara ('hamets), qui bien que tout petit au début (ça va c'est rien!), peut faire de gros dégâts, ce qui explique l'extrême rigueur de ne pas accepter même "la plus petite quantité".
C'est ainsi qu'on pourra véritablement être une personne libre (symbole de Pessa'h). ]

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-> D'un point de vue kabbalistique, les 10 morceaux de 'hamets distribués dans la maison (à trouver et à brûler) correspondent à des entités des forces du mal. On les appelle les 10 "couronnes d'impureté" ...

Nous devons garder à l'esprit qu'en éradiquant les morceaux de 'hamets, nous extrairons et libérerons toute la sainteté (kédoucha) qu'ils contenaient. Leur combustion est en accord avec le secret caché contenu dans le verset de : Lehavah telaheit resha'im - "une flamme embrasa les réchaïm" (léava téla'ét réchaïm - Téhilim 106,18 ).
[Siddour de rabbi Koppel]

Quelques réflexions sur le ‘hamets & la matsa

+ Quelques réflexions sur le 'hamets & la matsa :

-> (En ce qui concerne) la mitsva d'éradiquer le 'hamets ... les Sages ont établi et expliqué la distinction secrète entre le 'hamets et la matsa : le premier se réfère au yétser ara (mauvais penchant), tandis que le second se réfère au yétser hatov (penchant pour le bien).
[Zohar - Raya Mehemna - paracha Bo]

-> Le levain est le yétser ara, car le yétser ara opère avec une personne de la même manière que le levain interagit avec la pâte. Il pénètre petit à petit dans les entrailles d'une personne, puis s'étend jusqu'à ce qu'il se mêle à l'ensemble de la personne.
[Zohar - paracha Tétsavé]

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-> Quelle est la différence entre le 'hamets et la matsa?
Ils sont composés exactement des mêmes ingrédients : de la farine et de l'eau.
Même les deux mots en hébreu : מצה et חמץ, ont pratiquement les mêmes lettres, à une légère exception près : מצה contient un ה, tandis que חמץ comporte un ח.
Et même ces 2 lettres sont presque identiques, séparées seulement par le fait que la jambe gauche du ה est ouverte, tandis que celle du ח est fermée.
Aussi minime qu'il puisse paraître, ce détail symbolise une distinction claire et significative. Le problème, et la caractéristique propre au 'hametz, est sa propriété de levage, grâce à laquelle la pâte lève et son goût est modifié. Cela confère aux produits levés une qualité plus substantielle et matérielle, qui rappelle le yétser ara.
C'est pourquoi, lorsqu'il s'agit de 'hamets, l' "ouverture" (du ח) est fermée, conformément au verset : "Le péché s'accroupit près de l'ouverture" (lapéta'h 'hatat rovéts - Béréchit 4,7).
Il s'agit d'une référence au yétser ara, qui est constamment à l'affût, cherchant à séduire une personne par l'attrait des plaisirs matérialistes.
C'est l'immersion dans ces plaisirs qui entraîne une "fermeture", de sorte que l'ouverture du ה de מצה se transforme en ח de חמץ.
Plutôt qu'une ouverture vers Hachem, le yétser ara, en dominant une personne de cette manière, la laisse avec une barrière solide qui la sépare d'Hachem.
[on est prisonnier de ce qu'a à nous proposer ce monde matériel, de sa vision et son mode vie.
La matsa et le 'hamets sont composés d'eau (venant du Ciel - spirituel) et de farine (venant de la terre - matériel). Ainsi, le 'hamets représente le gonflement/développement du matériel (plus que le strict nécessaire) dans notre vie, étouffant notre intériorité avide de spiritualité. ]
[...]

En ce qui concerne la matsa, il est écrit : "Pendant 7 jours, vous mangerez ... de la matsa ... car vous avez quitté le pays d'Égypte à la hâte" (Réé 16,3). Nous voyons donc que la matsa est liée à la midda (qualité) de zérizout (empressement), et c'est grâce à cette qualité que l'on peut "quitter l'Egypte" et s'extirper de la force du mal.
Cette caractéristique joue également un rôle dans la production même de la matsa, car elle doit être préparée rapidement afin d'empêcher le processus de levage de commencer ...
En raison de cette noble qualité, la matsa est dotée d'une ouverture dans la région supérieure (du ה).

En revanche, l'ouverture du 'hamets se trouve en bas (dans la partie inférieure du ח). Cela reflète le fait que le 'hamets incarne l'opposé même de la matsa et de sa midda (qualité) ; au lieu de zérizout (empressement), le 'hamets est produit en s'attardant (permettant ainsi la levée) et est donc associé au trait nuisible de l'atslout (la paresse).
La tendance d'une personne à la paresse provient du fait qu'elle est enracinée dans la lourdeur de la terre à partir de laquelle son corps physique provient : "Car vous n'êtes que de la terre" (ki afar ata - Béréchit 3,19).
Ainsi, le ח de 'hamets pointe vers le bas, vers la terre, l'origine de cette midda.
[Beit Avraham]

[certes le ה a une ouverte en bas, car on a tous un yétser ara qui nous attire vers le bas, mais cette ouverture vers le haut, vers le Ciel, permet d'avoir la réalité des choses : "Je mets constamment Hachem devant moi" (Téhilim 16,8). Cela permet d'aller au-dessus de notre naturalité et de faire des efforts pour servir Hachem avec empressement et joie (à l'image de l'ouverture haute du ה comme un sourire de vivre juif!). ]

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-> La Torah regarde avec étonnement une personne qui n'est absolument pas consciente de son besoin d'amélioration, s'assurant avec arrogance que tout va bien pour elle.
Comme elle l'observe : "cet homme se donnerait de l'assurance dans le secret de son cœur, en disant : "Je resterai heureux, tout en me livrant à la passion de mon cœur" ... ne consentira jamais à lui pardonner!" (Nitsavim 29,18-19). De même : "Toute personne au cœur hautain est une abomination pour Hachem" (Michlé 16,5).
Par contraste, le roi David proclame : "Un cœur brisé et abattu, Hachem ne le rejettera certainement pas (Tehillim 51,19).

La matsa rappelle cette dernière position, car elle contient une "cassure" (dans le ה - hé).
En revanche, le 'hamets, qui ne comporte pas de rupture (dans le ח - 'hét), est révélateur de la pensée que : "Je resterai heureux, tout en me livrant à la passion de mon cœur".
[Zikhron Kadoch]

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-> [Le 'hamets et la matsa sont composés des mêmes ingrédients. Pourtant l'un doit être totalement éliminé, et l'autre nous avons une mitsva de la manger.
C'est étonnant! On aurait pu logiquement penser que la matsa soit composée d'aucun élément ayant le potentiel de devenir 'hamets (levain). ]

En fait, cela illustre la forme principale que doit prendre notre service (avodat) d'Hachem.
C'est précisément dans les domaines où notre yetser ara a le plus d'emprise que nous avons une occasion remarquable de démontrer notre dévouement à Hachem.
Dans certains cas, nous pouvons être naturellement enclins à la bonté et à la avodat Hachem ; suivre ces bons instincts est louable, mais n'est pas nécessairement un signe de dévouement absolu à Hachem.
Ce qui est encore plus précieux pour Lui, c'est lorsque nous sommes défiés par le 'hamets, c'est-à-dire lorsque nous sommes investis de passions qui pourraient nous conduire dans des directions néfastes.
Cependant, si nous gardons le contrôle, élevons et sanctifions ces passions en les transformant en amour pour Hachem, nous nous engageons alors dans la forme la plus élevée de service envers Lui.
[Nétivot Shalom]

[la matsa est spécifiquement du 'hamets potentiel, que nous empêchons de trop se développer.
De même, nous avons chacun des domaines où le yétser ara a plus de facilité à se développer, et c'est particulièrement là que nous devons être vigilants à ce qu'il ne gonfle pas, en devenant 'hamets.
Et c'est justement ces "matsa" en nous (nos faiblesses internes), qui nous demande des efforts pour ne pas pécher/tomber, et bien cela est très apprécié d'Hachem. ]

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-> La grande différence entre la composition de la matsa et du 'hamets est que la matsa manque essentiellement de substance ; elle n'a pas d'égo (yéchout) et représente donc la qualité souhaitable du renoncement à soi (hitbatlout).
Le 'hamets possède de l'égo/orgueil et incarne donc ce trait très préjudiciable.
La Torah considère qu'un tel égo/orgueil est la racine du mal et qu'il doit être complètement évité. La halakha stipule que : "même la plus petite quantité de 'hametz à Pessah (est interdite)" (Choulkhan Aroukh, Ora'h 'Haïm 447:5), ce qui reflète le fait que la Torah appelle à une négation totale de l'ego/orgueil, au point que l'on se considère comme le néant et le zéro.
[Nétivot Shalom]

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-> Il est intéressant de noter que les deux entités que sont le 'hamets et la matsa, à la fois si opposées l'une à l'autre, sont également très similaires dans leur essence. Elles sont composées des mêmes ingrédients de base, de la farine et de l'eau.
En fait, il n'y a qu'une miette de différence entre les deux. Si la farine et l'eau restent intactes, cuites pendant la période appropriée, elles sont considérées comme de la matsa, à utiliser pour accomplir les mitsvot spéciales de la fête ('hag).
Mais si une quantité minuscule (un machéhou) se transforme en 'hamets, la matsa est disqualifiée et interdite, et le contrevenant est passible d'une sanction extrêmement sévère.

Cette situation curieuse reflète l'essence même du Yom Tov.
Pessa'h est une période de aava (amour), au cours de laquelle nous nous connectons et nous nous attachons étroitement à Hachem.
Lorsque l'amour d'une personne est dédiée à Hachem, c'est une des qualités qui est la plus pure et la plus élevée qui soit.
Cependant, il existe un facteur qui peut facilement interférer et empêcher un tel amour d'Hachem, et c'est lorsque l'amour (aava) d'une personne est dirigée vers elle-même.
L'amour de soi (aavat atsmo - le "moi je"), c'est-à-dire l'intérêt personnel et la volonté de satisfaire ses propres caprices, s'oppose à l'amour d'Hachem.
C'est certainement le cas si l'amour d'une personne est dédiée à des passions interdites, en contravention avec la volonté d'Hachem.

Nous découvrons donc une autre dimension du principe selon lequel même une infime quantité de 'hamets est interdite. Même une infime quantité d'égocentrisme creusera un fossé entre l'amour qui devrait exister entre Hachem et soi-même.
Le 'hamets, qui signifie le désir égoïste de satisfaire ses propres besoins, n'a (tout particulièrement) pas sa place pendant ce Yom Tov (Pessa'h), qui est l'expression ultime de l'amour Hachem.
Nous constatons donc que le Korban Pessa'h offert la veille de la fête ne peut être apporté tant que l'on possède du 'hamets, comme l'indique le verset : "N'offrez pas le sang de mon sacrifice tant que vous avez encore du 'hamets" (Michpatim 23,18).
L'offrande de Pessa'h symbolise cette amour, qui ne peut tout simplement pas coexister avec le 'hamets et l'amour de soi.
[Nétivot Shalom]

[évidemment qu'on doit avoir de l'amour pour soi-même, mais cette amour doit être moteur d'un meilleur service d'Hachem, et non pas pour là pour alimenter notre égo (notre "nombril").]

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-> La différence entre les mots : חמץ (‘hamets) et מצה (matsa), est dans une minuscule ouverture dans le coin gauche des lettres : ח et ה.
Cela sert de symbole au fait que le plus infime manque de précision dans la cuisson de la matsa peut rapidement la transformer en 'hamets.
[le Alshich haKadoch]

-> Un juif est comme la pâte, à partir de laquelle la matsa est cuisinée.
Aussi longtemps que l'on prend le temps de la travailler et de la pétrir, c'est bien. Mais si on la laisse sans surveillance, alors elle tourne mal et devient du 'hamets.
[Rabbi Yé'hezkel de Kuzmir]

[en ce sens spirituellement, un juif soit il avance, soit il recule.
Lorsque l'on pense que l'on fait du surplace, en réalité c'est le yétser ara qui nous fait croire cela, mais en réalité le levain se développe, et c'est donc que nous reculons ... ]

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-> "A Essav, j'ai donné le mont Seïr en héritage" (vétén léEssav ét ar Seïr - Haggada de Pessa'h)

La montagne d'Essav s'appelle Seïr, ce qui signifie également : un cheveu.
Le 'Hidouché haRim explique cela par une citation du rav Sim'ha Bounim de Peshis'cha, qui dit que toute la différence entre le Gan Eden et le Guéhinam n'est qu'un cheveu.
Les gens veulent faire une chose, mais finissent par en faire une autre ; les gens avaient espéré et planifié d'agir d'une certaine manière, mais n'ont pas trouvé la force de le faire.
La différence est parfois aussi minime qu'un cheveu, mais elle peut finir par devenir le gouffre qui sépare Yaakov d'Essav.

[on peut appliquer cela à la petite différence entre le hé et le 'hét, entre la matsa et le 'hamets. ]

L’annulation du ‘hamets

+ L'annulation du 'hamets :

-> Selon l'application à la lettre de la loi de la Torah, il est suffisant pour une personne d'effectuer le l'annulation du 'hamets seulement dans son cœur. On remplit ainsi son obligation en retirant le 'hamets de sa possession.
De la même manière, l'éradication du mal [en nous] peut, en théorie, être accomplie par une simple "annulation" du mal et une résolution d'éviter qu'il ne se reproduise à l'avenir. Néanmoins, au lieu de se contenter de cet aspect interne, il faut veiller à traduire l'attitude de repentir en actes réels et tangibles.
[Beit Avraham]

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-> En annulant le 'hamets, nous récitons la formule suivante : "tout 'hamets qui est en ma possession, que je l'aie vu ou non ... que je l'aie éradiqué ou non, est annulé par la présente, et il sera rendu sans propriétaire comme la poussière de la terre".

Dans un sens homilétique, rabbi Barou'h de Mézibuzh perçoit dans cette déclaration une prière que nous faisons à Hachem pour qu'il nous aide à éliminer le mal qui est en nous :
"En ce qui concerne toute trace de 'hamets/mal qui pourraient se trouver en ma "possession" (c'est-à-dire une partie de moi-même), j'ai pu me convaincre que je les ai vues et détectées, mais en vérité, j'ai négligé de le faire. Je peux prétendre m'en être débarrassé, mais en vérité, je ne les ai pas éliminés du tout. C'est pourquoi je me tourne vers Toi et te dis : "Maître de l'Univers! Que tout ce mal qui est en moi soit annulé et devienne comme rien!"
[Nétivot Shalom]

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-> "L'annulation du 'hamets n'est possible qu'en brûlant" (michnayot Pessa'him 2:1)

Lorsque nous sommes confrontés aux passions enflammées de notre yetser ara, nous devons combattre le feu par le feu. À ce stade, un juif doit allumer en lui un feu saint (éch kodech) pour combattre ce yétser. C'est, après tout, le moyen par lequel on cachérise (rend apte à l'usage) des ustensiles qui ont absorbé des substances interdites.
La règle générale est : "kébolo ka'h polto" (de la manière dont [la substance interdite] a été absorbée, elle doit être expurgée - guémara Pessa'him 30b).
Ainsi, si la substance a été absorbée par l'application du feu et de la chaleur, c'est par le feu et la chaleur que l'ustensile retrouvera son statut de casher.
Ainsi, lorsque l'on est confronté au feu du yétser ara, il faut rassembler un feu saint (éch kodech) pour le combattre. C'est ainsi que l'on peut consumer et éradiquer complètement tout mal résiduel.
[Nétivot Shalom]

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-> "Les ustensiles ... qui ont été utilisés avec un liquide froid ... sont rincés (avec un liquide froid pour les cachériser)...
Les ustensiles qui ont été utilisés avec un liquide chaud ... sont immergés dans un liquide bouillant (pour les cachériser) (Choul'han Arou'h - Yoré Déa 121:1-2).

-> L'utilisation de substances interdites peut avoir rendu un récipient rituellement impropre. Pour le remettre en état, le cachériser, il existe un certain nombre de méthodes, déterminées par la manière dont il a été rendu impropre à l'origine ...

Ces gradations peuvent être comprises comme reflétant différents niveaux d'intensité en ce qui concerne l'avoda de la téchouva. Ici aussi, le principe reste le même : le degré de repentir est déterminé par la manière dont le péché a été commis en premier lieu.
Une personne n'est pas toujours poussée à fauter par l'apparition d'une passion irrésistible ; elle peut être placée dans une situation où elle se sent simplement obligée de transgresser, en le faisant de la manière la plus réticente. [ex: l'acte est là, mais le coeur et l'envie sont absentes, voir contraire]
Une telle situation peut être comparée à la forme la plus faible d'utilisation d'une substance interdite, c'est-à-dire par le biais d'un liquide froid. La cachérisation dans un tel cas nécessite un exercice similaire et doux consistant à simplement rincer avec de l'eau non chauffée.
La forme de téchouva exigée pour un péché de ce type est également d'une variété relativement douce. Il n'y a pas besoin d'afflictions ou de jeûne ; une simple et sincère résolution d'éviter de répéter l'acte suffit.

Un récipient rendu impropre par un milieu intensifié nécessite une forme de cachérisation intensifiée en conséquence : "les ustensiles qui ont été utilisés avec un liquide chaud ... sont immergés dans un liquide bouillant".
De la même manière, une personne qui a péché avec un esprit volontaire/enthousiasme et avec empressement doit intensifier ses efforts de téchouva ; son cœur doit être "réchauffé" dans son effort de repentir afin d'effectuer une véritable rectification.
[ex: ce qui a rendu grave la faute du Veau d'or, cela a été qu'ils ont dansé, chanté et se sont réjouis. Cela a alors impliqué une téchouva plus puissante, du même calibre. ]
[Avodat Israël]

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-> "Même la plus petite quantité de 'hamets est interdite" ('hamets assour bémachéhou).

-> Selon le Zohar (Raya Mehemna - paracha Ki Tétsé) :
En ce qui concerne la personne qui reste sur ses gardes par rapport au 'hamets et du levain (séor), son corps sera protégé du yétser ara en bas, et son âme (sera protégée) en haut.
Il est dit à propos d'un tel individu : "le mal n'habitera pas au milieu de vous" (Téhilim 5,5), car son corps est devenu saint, et son âme est le saint des saints.

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-> Les mitsvot de la matsa et de l'élimination du 'hamets ont été les toutes premières mitsvot accordées à Israël (alors qu'ils se trouvaient encore en Egypte).
Ils les ont acceptées avec beaucoup d'amour et de dévotion, en prenant la ferme résolution de respecter toutes les lois qui les régissent, qu'il s'agisse de principes généraux ou de détails particuliers.
Quiconque observe le vaste corpus de halakha entourant ces mitsvot méritera que ses jours et ses années soient prolongés.
[Chéélot ouTéchouvot min haChamayim]

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-> Le Arizal écrit que l'on peut développer la qualité de la sainteté en adhérant à toutes les règles entourant l'évitement du 'hamets.
Celui qui s'abstient de manger ne serait-ce qu'une infime quantité de 'hamets à Pessah recevra l'aide d'Hachem pour éviter les fautes tout au long de l'année.
[rabbi Pin'has de Koretz]

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-> Alors que le mois de Tichri est ponctué par la qualité de crainte (yir'a), l'objectif principal de Nissan est de cultiver l'amour (aava).
C'est pourquoi nous nous préparons à Pessa'h avec beaucoup de joie et d'anticipation, en cuisinant avec amour les matsot et en éliminant avec dévouement tout le 'hamets.
Cette idée est à l'origine de nombreuses exigences supplémentaires qui caractérisent la avoda de l'élimination du 'hamets, dont certaines peuvent même ne pas trouver leur origine dans la stricte halacha.
Ces pratiques reflètent un immense amour pour Hachem, Israël faisant preuve d'un empressement à aller au-delà de la lettre de la loi dans l'accomplissement de Sa volonté.
[Nétivot Shalom]