Aux délices de la Torah

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La joie dans les mitsvot (1ere partie)

"Parce que tu n'auras pas servi Hachem ton D. dans la joie et le contentement du cœur" (Ki Tavo 28,47)

+ La joie dans les mitsvot (1ere partie) :

-> "L'ultime réussite pour un homme consiste à s'attacher à Hachem en accomplissant les mitsvot dans la joie"
[Nétsiv - Ar'hév Davar - Chémot 5,3]

-> Un homme doit se réjouir de chaque occasion où il sert Hachem, soit en pensée, soit dans son comportement.
Même si les actes eux-mêmes ne durent qu'un bref moment, leur impact est immense.
[Rav Aharon de Karlin - Beit Aharon]

-> Le terme Sim'ha est un acronyme pour : "Sim'hat mitsva "hiouv hou" : nous sommes obligés d'accomplir les mitsvot dans la joie.
Même une pensée positive passagère produit des résultats édifiants.

Lorsqu'un homme se réjouit de faire une mitsva, sa récompense est plus grande que celle octroyée pour l'accomplissement de la mitsva elle-même.
['Hida - Tsiporen Chamir]

Autre enseignement important du 'Hida sur ce sujet : http://todahm.com/2019/10/02/10736

-> Selon rabbénou Bé'hayé (Kad haKéma'h), la joie de faire une mitsva est plus importante que la mitsva en elle-même.

-> Lorsqu'un homme sert Hachem avec joie, sa mitsva est ennoblie, et sa récompense est démultipliée en ayant 1000 fois plus de valeur que si elle était réalisée sans joie.
[Or'hot Tsadikim - Chaar Sim'ha]

-> Ne prenez pas à la légère [le fait de servir Hachem dans la joie], car la récompense [de cela] est infiniment grande.
[le Arizal - Chaar haKavanot]

D'ailleurs, le Séfer 'Harédim écrit : "Tous [les niveaux spirituels] qu'a pu atteindre le Arizal, sont venus en récompense du fait qu'il était débordant de joie et de bonheur, au plus au point, à chaque fois qu'il réalisait une mitsva."

-> Le Baal Chem Tov avait l'habitude de dire : "Même si l'on ne devait recevoir aucune autre récompense que la joie et le plaisir d'accomplir une mitsva, cela serait suffisant."

-> Hachem nous a donné la Torah avec une abondance de mitsvot
Nous pouvons nous en servir à volonté.

Même la mitsva la plus infime a plus de valeur que tous les trésors matériels de ce monde.
Cette existence, foisonnant de joyeuses opportunités, doit nous satisfaire au point de nous combler entièrement.
[le 'Hafets 'Haïm - Chem Olam]

-> Les mitsvot ont été données pour notre bonheur et notre plaisir ultime.
L'objectif des lois de la Torah est de donner à une personne une façon de vivre qui va lui améliorer considérablement sa vie.
[Rabbi Nathan Tsvi Finkel - Tnouat haMoussar]

-> Les mitsvot ont été données dans notre intérêt et pour notre plaisir.
C'est pourquoi on doit ressentir énormément de joie lorsqu'on en réalise une.
[Rabbi Yonathan Eibeschetz - Yaarot Dvach]

-> C'est parce que nous sommes tellement impliqués dans des problématiques matérielles que nous avons perdu notre sensibilité à la quantité importante de bonheur et de joie que nous pouvons ressentir en accomplissant une mitsva.
[...]
Nous devons ressentir de la joie à agir d'une manière qui amène de la satisfaction au Créateur de l'univers.
[...]
Nous devons ressentir plus de bonheur et de plaisir à servir Hachem que si nous devions vivre tous les plaisirs qui existent.
['Hafets 'Haïm - Chem Olam - part.2 chap.11]

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-> "Its'hak a été le 1er enfant à naître juif (circoncit à 8 jours).
Il a été appelé Its'hak car la sainteté de la nation juive dépend de la joie au moment de l'accomplissement des mitsvot et de la réalisation du service de D."
[rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Halakhot II,146a]

[Lorsqu’il est né, Sarah a dit : « D. m’a fait un rire (ts’hok assa li Elokim - Vayéra 21,5-6)]

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-> Les 10 épreuves avec lesquelles Hachem a éprouvé Avraham n'auraient pas attesté de sa grandeur, s'il ne les avait pas acceptées dans la joie et de bon cœur.
['Hovot haLévavot - Chaar 'Hechbon haNéfech 3,27]

=> Ainsi, l'existence du peuple juif repose sur la joie de Avraham à toute épreuve, conscient que c'est uniquement Hachem qui est derrière, et ce dans les moindres détails.

-> La michna des Avot déRabbi Nathan (34,9), nous apprend qu'il y a en hébreu (lachon hakodech) 10 mots différents pour exprimer la joie : sasson, sim'ha, guila, rina, ditsa, tsahala, aliza, 'hedva, tiféret et alitza.

Le Séfer Machshévét Israël fait remarquer que nous trouvons cela dans aucune autre langue, car le caractère propre d'un juif est d'être joyeux!

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-> Le rav 'Haïm Vittal rapporte les enseignements de son maître le Arizal (introduction au Chaar haMitsvot) :
Comment se fait-il qu'autant de personnes réalisent les mitsvot, et qu'elles n'ont pas les récompenses promises par nos Sages?

A l'origine tout dépend du fait que nous ne devons pas considérer une mitsva comme une lourde charge, comme un fardeau dont nous devons vite nous débarrasser, mais plutôt nous devons avoir à l'esprit que nous gagnons des milliers de milliers de pièces d'or.

La joie que nous devons ressentir dans notre cœur et notre âme au moment d'accomplir une mitsva doit être sans limite, et nous devons en avoir un énorme désir, comme si on nous donner des milliers de milliers de pièces d'or pour l'accomplir."

[Hachem nous a multiplié les mitsvot, comme autant d'occasions de gagner des millions.
Comment pouvons-nous utiliser cette bonté de Hachem, pour en devenir blasés : "encore je dois me lever pour aller prier!" ; "encore je n'ai pas le droit de faire ça", ...
Les mitsvot ne sont pas des punitions, mais des cadeaux d'amour de D. pour nous, qu'Il multiplie au maximum.
=> Sachons donc avoir un sourire de remerciement lorsqu'on les fait. ]

-> Notre attitude envers la plus petite élévation spirituelle doit être similaire au bonheur et à l'excitation de trouver un trésor caché.
[Rabbi Avraham Grodzinsky - Torat Avraham]

-> Pour ressentir de la joie en accomplissant une mitsva, on doit se focaliser sur combien de joie nous aurions eut, si nous avions trouvé une importante somme d'argent.
Une fois qu'on a conscience de cela, on doit réaliser à quel point nous gagnions davantage en réalisant des mitsvot.
Nous aurons alors toujours plus de joie à les faire.
[...]
Représente-toi dans ton esprit la grande joie que peut avoir quelqu'un qui a été sauvé d'être brûlé vivant. A la dernière seconde, il a été sauvé de la mort certaine, et il a alors été élevé à la position de roi.
Représente-toi dans ton imagination chaque détail d'une telle situation.
Ressens le soulagement d'être sauvé. Ressens l'allégresse débordante d'une telle personne devenant un monarque riche et puissant.
Telle est la joie qu'on doit ressentir lorsque nous accomplissons une bonne action, si l'on apprécie la valeur d'observer les commandements de Hachem.
[le Pélé Yoets - Sim'ha]

-> Une ville était en proie à une épidémie, et quelqu'un a approché le 'Hafets 'Haïm, lui demandant s'il était d'accord de renoncer à sa récompense pour la mitsva de mettre les téfilim pendant une seule journée, afin que grâce à cela l'épidémie puisse s'arrêter.

Le 'Hafets 'Haïm lui a répondu que ce n'est pas comme cela que ça fonctionne.
Pourquoi?
Cela ressemble à une personne entrant dans un magasin de bonbons afin d'en acheter un seul valant quelques centimes, avec un billet d'un million.
Cela n'est pas possible, car il n'y a pas assez de monnaie à lui rendre.

=> La récompense pour la mise des téfilin d'un seul jour, est si importante qu'on ne peut rien avoir en échange dans ce monde, car il n'existe rien pour rendre la monnaie.

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-> "Lorsqu'une personne réalise une des mitsvot, cette mitsva monte et se tient devant Hachem, puis L'orne et dit : "Untel m'a fait, je viens de lui" ... et cela entraîne de la paix (shalom) à la fois dans les mondes supérieurs et inférieurs.
[...]
Heureux est la part de cette personne qui a accompli les mitsvot de la Torah!"
[Zohar haKadoch - Bamidbar 118a]

[notre manque de joie lors de la réalisation des mitsvot provient du fait que l'on ne les considère pas à leur juste valeur.
Un acte, même le plus simple, s'il est fait parce que telle est la volonté de D., le Roi des rois, génère des conséquences phénoménales/infinies, que seul le libre arbitre et notre limitation humaine nous empêche de percevoir dans ce monde.]

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-> L'essentiel du service d'Hachem, que ce soit dans l'étude ou la prière, doit être réalisé dans la joie.
L'essentiel du plaisir et de la satisfaction que l'on procure à Hachem en prononçant les mots de Torah ou de prière, c'est quand on le fait avec joie et plaisir.
Au point que certains Maîtres disaient des propos amusants avant l'étude pour réjouir les élèves, car il est dit : "Servez Hachem dans la joie".
[Maor vaChémech]

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-> Outre le fait que la joie est fondamentale dans le service Divin, elle est aussi révélateur de l'état d'un homme.
En effet, lorsqu'un homme prie ou réalise toute mitsva sans joie, il montre qu'il ne connaît pas Hachem, et ne sait pas comment Le servir.
Car si cela était le cas, il saurait que Hachem est LA source du bien et des bénédictions, et il serait rempli de joie.
Cela ressemble à un homme qui ramasse dans la rue un sac rempli de pierres précieuses, et ne manifeste aucun signe de joie : c'est bien la preuve qu'il n'a aucune connaissance du contenu du sac.
[rav Chimchon Pinkous]

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-> Dans les ta'hanoun, nous disons : "sharnnou mimitsvoté'ha vélo chava lanou"
Le 'Hafets 'Haïm explique : "Nous avons quitté les mitsvot car elles n'avaient pas de valeur à nos yeux".
Nous ne considérons pas chaque pensée de Torah, chaque mot de prière, chaque mitsva, comme étant largement plus précieuses que l'or et les diamants, et par conséquent nous ne les observons pas suffisamment.
=> Ainsi, notre enthousiasme, notre joie, témoigne et développe en nous l'importance de réaliser une mitsva (souhait de Hachem), et nous pousse à en faire le maximum.

[plus nous développons l'importance des mitsvot à nos yeux (comme en témoigne notre joie de les faire), plus nous développement notre importance, notre vraie valeur de nous-mêmes. En effet, nous devons êtres très importants, car Hachem nous a choisi pour être les garants du respect de Sa volonté.
[par exemple, si les juifs arrêtaient d'étudier, le monde se détruirait à la seconde!]
Plus nous croyons en Hachem (par le biais de ses mitsvot), plus nous en venons à croire en notre grandeur, et plus nous agissons avec grandeur!
La joie de faire les mitsvot, va générer une joie de faire ce qu'il y a de mieux à faire, une joie de construire notre éternité, une joie d'être de plus en plus proche de D., une joie d'avoir confiance en D. qui gère et peut tout, ... ]

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-> b'h, il y a une 2e partie sur ce sujet : http://todahm.com/2018/10/10/la-joie-dans-les-mitsvot-2e-partie-2

"Tu prendras des prémices de tous les fruits de la terre, récoltés par toi dans le pays que Hachem ton D. t'aura donné. Tu les mettras dans une corbeille et tu te rendras à l'endroit que Hachem ton D. aura choisi" (Ki Tavo 26,2)

-> " "Au commencement [béréchit], D. créa" : par le mérite des prémices qui sont appelés "réchit", le monde fut créé."
[midrach Béréchit rabba 1,6]

-> Quelle est la particularité de la mitsva des bikourim, au point que, selon les Sages, le monde fut créé par son mérite?

Le rav Yaakov Neuma (Darké Moussar) rapporte que l'agriculteur a cultivé sa terre, il l'a soignée puis a récolté les fruits de son verger, pour finalement les engranger.

Or à présent, il doit en présenter une partie au Temple et déclarer au Cohen : "J'apporte maintenant les 1ers fruits dont Tu m'as fait présent, Hachem".
Par ces mots, il conteste tout esprit d'indépendance par rapport au Créateur, il nie que : "c'est le pouvoir de mon bras qui m'a valu cette réussite".
En disant que D. lui a fait présent de ces fruits, il reconnaît que tout vient de Lui.

Le but de l'existence est de conduire l'homme à prendre conscience que tout émane seulement de Hachem, et puisque les bikourim l'amènent à cette conscience, c'est donc bien par leur mérite que le monde fut créé.

Les bikourim renforcent notre émouna.

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-> Le Alcheikh haKadoch cite une loi spécifique aux bikourim, stipulant que lorsque les agriculteurs étaient en route vers le Temple pour apporter leurs prémices (bikourim), tous les ouvriers interrompaient leur travail pendant leur passage en signe de respect.

Or en règle générale, un ouvrier ne doit saluer personne pendant son travail, pour ne pas voler son employer (en ne travaillant pas sur son temps de travail).
Pourtant, dans le cas précis des bikourim, les Sages autorise cela?

Le Alcheikh haKadoch répond que c'est en raison du fait que le devoir de gratitude constitue un fondement essentiel du service divin.

La qualité d'un homme s'apprécie selon sa faculté à reconnaître les bontés du Créateur.
Plus on apprécie les innombrables bienfaits que Hachem nous accorde, plus on devient conscient de la dette que nous avons envers Lui, et plus nous ne pouvons manquer aucune occasion pour exprimer notre reconnaissance à D.

=> Le message de reconnaissance véhiculé par les bikourim est si important que nos Sages autorisèrent les ouvriers à interrompre leur travail.

Les bikourim renforcent notre gratitude, qui est un fondement du judaïsme.

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-> Le Alcheikh haKadoch écrit :
"Car Hachem ne désire qu'une chose : faire du bien. Et Il ne nous demande en retour qu'une chose : être reconnaissant et savoir que c'est Lui le Maître du monde qui, dans Sa bonté, nous prodigue ce bien en permanence et qui est digne d'être béni et d'être loué.
Or, lorsqu'un homme se voit résider dans une terre où coulent le lait et le miel, repu et satisfait, chacun sous sa vigne ou son figuier, sans aucune inquiétude, lorsque sa maison est remplie à satiété sans qu'il ne se soit fatigué pour cela, qu'il jouit de vignes et d'oliviers qu'il n'a pas plantés, du blé et de l'orge à profusion, son mauvais penchant peut l'amener à se dire "c'est à la force de mon poignet que j'ai réussi".

A cause d'une telle attitude, le Créateur a coutume de retirer (à D. ne plaise) à l'homme tout le bien dont Il l'a gratifié et toute la bénédiction qu'Il lui a donnée.

C'est pour cela qu'Il nous a ordonné la mitsva des prémices afin que chaque homme vienne une fois par an dans Sa Maison (le Temple) avec les prémices de ses fruits qu'il apporte dans un panier et qu'il proclame après les avoir déposés à cet endroit : 'voici ce qui est à Toi devant Toi', tout cela provient de Toi et c'est Toi qui m'as gratifié de toute cette bonne récolte!
Par ce mérite, Hachem pourvoira à tous ses besoins puisqu'il n'y a pas été ingrat.
C'est la raison profonde de la mitsva des prémices : se rappeler que tout ce que nous possédons dans ce monde provient d'Hachem."

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-> Selon le rav Yaakov Neuman (Darké Moussar), par ces premiers fruits (bikourim), l'agriculteur exprime sa gratitude à Hachem pour avoir béni son champ, et reconnaît que tout ce qu'il possède vient de Lui.

D'ailleurs, même celui qui ne récolte qu'un seul grain de blé doit amener les bikourim, car Hachem subvient absolument à tous nos besoins.

[ => les bikourim sont un rappel de gratitude envers D. pour l'agriculteur, et ainsi que pour chaque personne le croisant sur son chemin vers le Temple]

-> Dans le verset suivant, il est écrit : "Tu te présenteras [avec tes bikourim] au Cohen qui sera alors en fonction et tu lui diras"
Rachi de commenter : tu lui diras = que tu n'es pas ingrat.

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-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 91) écrit sur cette mitsva des bikourim :
"Le sens profond de la mitsva est de mettre la parole de Hachem au sommet de notre joie. Nous devons nous rappeler et savoir que c'est de Lui que nous viennent toutes les bénédictions du monde.
Nous avons reçu l'ordre d'apporter à ceux qui servent dans Sa maison les fruits qui ont mûri en premier sur Ses arbres, en nous rappelant, en acceptant de prendre sur nous le joug de Son royaume et en Le remerciant pour les fruits et tous les autres biens qui nous viennent de Lui.
Alors nous serons dignes d'une bénédiction et il y aura une bénédiction dans nos fruits.
"

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-> La paracha précédente (Ki Tétsé) se termine par la mitsva de faire disparaître Amalek
Cette paracha (Ki Tavo) commence par la lettre vav (ו) signifiant : "et" (liaison), suivie par le sujet des bikourim.

Quel est le lien entre ces 2 mitsvot (Amalek et bikourim)?

Le midrach (Tan'houma Béchala'h 25) dit que Amalek était arrogant, orgueilleux.
La Torah discute immédiatement après des bikourim, pour nous enseigner que nous devons également faire disparaître notre orgueil (le Amalek en nous), qui amène à ne plus apprécier le bien que l'on nous fait.

[le Béér Moché]

[ Une personne qui a un manque d'appréciation pense qu'elle peut tout faire toute seule, indépendamment de Hachem.
En apportant les bikourim, on corrige cette tendance naturelle, et l'on démontre que nous dépendons totalement de la miséricorde divine. ]

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-> La mitsva des bikourim va à l'encontre de la nature d'une personne.
C'est par ce mérite d'aller à l'encontre de ses tendances naturelles en apportant les bikourim à Hachem, que les juifs ont mérité de recevoir la terre d'Israël.

[Rabbi Moché Teitelbaum - Béra'h Moché]

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-> A notre génération, nous pouvons observer la mitsva des bikourim en faisant que le commencement de notre journée soit saint.
A la place de sanctifier nos premiers fruits, nous sanctifions nos premiers moments de la journée.
Après s'être levé le matin, nos premières pensées, mots ou actions sont dédiées à notre service Divin.
[rabbi Sim'ha Bounim de Pshischa]

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-> "Vous vous renforcerez et vous prendre des fruits de la terre, et c’était l’époque des prémices de la vigne» (Chéla'h Lé'ha 13,20)

On trouve dans les écrits du Ari zal que les prémices (bikourim) ont pour but de réparer la faute des explorateurs.
En effet, comme ils ont dédaigné un excellent pays, la mitsva des prémices a été donnée pour manifester l’amour à la terre d’Israël, en apportant des sept espèces qui en font la gloire.

C’est pourquoi rabbi Mena’hem Zemba (dans son Amira Yaffa) dit que la Michna sur les bikourim (prémices) évoque précisément les 3 espèces que les explorateurs ont apportées : "Quelqu’un voit une figue arrivée à maturité, une grappe de raisin arrivée à maturité, une grenade arrivée à maturité".
Cela correspond à ce qui est dit sur les explorateurs : "ils ont coupé de là une branche et une grappe de raisins et l’ont portée à deux sur un bâton, et des grenades et des figues".

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-> Les grecs[à l'époque de 'Hanouca] ont émis une loi interdisant le fait de donner du bois pour l'autel (mizbéa'h) et ils ont [également] interdit d'apporter les bikourim à Jérusalem.
[guémara Taanit 28]

Le Maharal commente :
"Pourquoi les grecs ont-ils interdit ces 2 mitsvot?
C'est parce que ces mitsvot sont réalisées avec une joie immense.
Ceux qui donnaient le bois pour le mizbéa'h allaient ensuite fêter cela, et les bikourim étaient amenés au Temple dans une ambiance de grande joie, [comme le rapporte par exemple] la michna : "on jouait de la flûte devant eux ..."
Les grecs ne voulaient pas que les juifs soient joyeux."

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-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°676) écrit :
"Voici comment la michna Bikourim décrit la cérémonie de l’apport des prémices au Temple : "Tous les villages de la région se rassemblaient dans une ville qui représentait la région, ils dormaient dans les rues de cette ville sans rentrer dans les maisons, et on jouait de la flute devant eux jusqu’à ce qu’ils arrivent au mont du Temple. Les riches apportaient leurs prémices dans des ustensiles d’argent et d’or, et les pauvres les apportaient dans des paniers de tiges de saule tressées."

La Torah a voulu mettre sur un pied d’égalité le riche qui apporte son offrande dans des ustensiles d’or et d’argent et le pauvre qui apporte sa maigre offrande dans des paniers de tiges de saule tressées, c’est pourquoi tout le monde dormait dans les rues de la ville sans rentrer dans les maisons, parce que lorsqu’ils se tenaient devant le Roi des rois [Hachem], tous étaient égaux devant Lui. C’est pourquoi il est dit qu’Il "ne prend pas parti pour les grands, et ne favorise pas le riche contre le pauvre, car ils sont tous l'œuvre de Sa main" (Iyov 34,19).

Et on jouait de la flute devant eux, le mot flute (‘halil) évoquant le mot : ‘halal (creux). Quiconque venait à Jérusalem apporter les bikourim devait se ressentir lui-même comme s’il était le plus vide de tous, et qu’il n’y avait personne de plus grand que l’autre. Tous étaient égaux, l’offrande de chacun était d’agréable odeur à D., puisqu’ils l’apportaient par amour pour Lui, et la michna dit : "Celui qui apporte peu est l’égal de celui qui apporte beaucoup, à condition que son cœur soit tourné vers le Ciel" (guémara Ména'hot 110,1). "

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"Je n’ai pas passé outre Tes mitsvot et je n’ai pas oublié" (Ki Tavo 26,13)

Il y a les prémices (bikourim) qui sont les 1ers fruits de certaines sortes seulement.

Il y a également le prélèvement des dîmes sur les récoltes qui suit un cycle de 3 ans.
Tous les ans, on donne la première dîme au Lévite ; la 1ere et la 2e année, on prélève également le maasser chéni, la 2e dîme. Elle est sacrée et ne peut être consommée qu'à Jérusalem.
La 3e année, à la place de la seconde dîme, on prélève une dîme appelée maasser ani, la dîme du pauvre.
Ce cycle se répète tous les 3 ans, à l'exception de la 7e et de la 50e année (respectivement la chémita et le yovèl).

C'est ainsi que la veille de Pessa'h de la 4e et de la 7e année de la chemita (marquant la fin d'un cycle de 3 années), on doit s'assurer qu'on a bien remis toutes les dîmes à qui de droit (sur la durée de ce cycle de 3 ans), et on récite un texte de "confession sur les dîmes", le "Vidouï Maasser" (v.13-15).
Il est préférable de le réciter au Temple à Jérusalem, mais on peut le faire n'importe où.

L'extrait du verset, cité ci-dessus, fait partie de cette "confession sur la dîme", et par cela, on affirmait avoir accompli ce qu'il fallait et n’avoir rien oublié de faire.
En général, une confession (vidouï) vient connoter que la personne avoue une faute. Mais là, si elle dit que tout a été fait dans les règles, où est l’aveu?

Le rabbi de Satmar répond que dans cet aveu (vidouï), l'individu disait certes qu'il n’est passé outre aucune loi, mais il ajoutait : "Je n’ai pas oublié", dans le sens de "Je n’ai pas oublié ce que j’ai fait".
Le fait de ne pas oublier ses mitsvot est en soi déjà une faille. En effet, l’homme doit oublier les mitsvot qu’il a réalisées pour se sentir toujours redevable d’en faire encore et ne jamais se sentir quitte ni orgueilleux.
C'est sur cette faille que l’aveu prend son sens.

[A chaque instant, nous avons une dette de gratitude infinie à l'égard de D., et il en serait ingrat d'en venir à croire que grâce à ce que nous faisons nous pouvons rivaliser avec Lui.
La naturalité veut que nous n'aimons pas être endettés avec quelqu'un pour ce qu'il a pu nous faire, mais la réalité est qu'avec Hachem nous ne pourrons jamais nous débarrasser de ce sentiment de Lui être totalement redevable.

Vouloir retirer le fait d'être redevable à Hachem, c'est vouloir Le retirer de notre vie.
[c'est bon je n'ai pas besoin de ton aide, je peux très bien agir tout seul!]

Nous pouvons nous rappeler de nos mitsvot passées si elles nous permettent de se renforcer, de s'améliorer dans notre avodat Hachem (ex: du passé nous pouvons apprendre à agir mieux dans le futur ; à mon yétser ara qui veut me faire croire que je ne suis pas si grand que ça, regarde mes bonnes actions que j'ai pu faire par le passé, je me dois donc d'agir au moins aussi bien! ]

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-> Selon le Sforno, cette déclaration est appelée "confession", bien que l'on n'y mentionne aucune faute, car si Israël n'avait pas adoré le Veau d'or, le service Divin serait resté le privilège des premiers-nés, et chaque foyer aurait alors été sacré.
Ce n'est qu'à cause de cette dégradation qu'il faut sortir les dîmes de la maison et les donner aux Cohanim et aux Lévi'im, et c'est pourquoi nous nous confessons.

3 Questions/Réponses – Paracha Ki Tavo

+ 3 Questions/Réponses – Paracha Ki Tavo :

1°/ La paracha commence par le sujet des bikourim (v.26,1-11).
On peut trouver dans ce passage toutes les lettres de l'alphabet hébraïque à l'exception d'une seule.
Laquelle et pourquoi?

-> Le Baal haTourim (Ki Tavo 26,4) note qu'il manque la lettre samé'h (ס).

Cela fait allusion à l'enseignement de la guémara ('Houlin 137b) disant que bien qu'il n'y a pas de montant minimal que l'agriculteur doit apporter afin de réaliser la mitsva des bikourim, nos Sages ont institué qu'il doit amener 1/60e de sa récolte.

=> On retrouve cela avec l'absence de la lettre samé'h, qui a une guématria de 60.

De plus, la Torah utilise un mot inhabituel lorsqu'elle demande à l'agriculteur d'apporter ses premiers fruits (bikourim) dans un panier (הַטֶּנֶא - aténé - v.26,4) au cohen.
La raison est que ce mot : "panier" (טֶּנֶא - téné) a une valeur numérique de : 60.

-> Rabbi Tsadok haCohen de Lublin (Pri Tsadik) enseigne très joliment :
"Dans toute la section des bikourim et du vidouï, nous ne trouvons pas la lettre samé'h (ס), qui représente le Satan (סמאל - SamaEl).
La raison est que cette section est comparable à un fils parlant et implorant son père.
Heureusement, le Satan ne peut pas interférer pendant ce moment de tendresse et d'émotions (père/fils)."

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2°/ Il est écrit : "Tu [Moché] inscriras sur les pierres toutes les paroles de cette Torah, en [les] expliquant bien" (Ki Tavo 27,8)

Rachi, qui cite nos Sages (Sotah 32a), explique qu'elle devait être écrite de façon à ce qu'elle soit claire pour tous ceux qui désireraient la lire, c'est-à-dire dans les 70 principales langues de l'époque.

La guémara (Avoda Zara 2b) rapporte que chacune des autres nations s'est vue proposer la Torah, et elles ont toutes refusées de l'accepter.

Si elles ne la voulaient pas, pourquoi était-il nécessaire de leur rendre accessible la Torah?

-> Rav Yossef Sorotzkin (Méged Yossef) note que la guémara (Shabbath 88b) enseigne qu'au moment où la Torah a été donnée aux juifs au mont Sinaï, chacun des mots qui sortait de la "bouche" de Hachem était exprimé simultanément dans les 70 langues.

Le rav Sorotzkin explique que certes les autres nations ont rejeté à un niveau collectif la Torah, mais il y avait des individualités minoritaires parmi elles qui ont exprimé le désir de l'accepter.
A toutes les époques, les non-juifs qui se convertissent de façon halakhique au judaïsme, sont des descendants de ces personnes qui ont accepté initialement la Torah.

=> On comprend maintenant mieux la nécessité de rendre accessible et de traduire la Torah pour ceux qui désirent sincèrement observer ses lois, puisque leurs âmes étaient également présentes au moment du don de la Torah (puisque l'ayant acceptées).

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-> Le Gaon de Vilna demande : Pourquoi D. a-t-Il proposé aux peuples du monde les dernières paroles, et ne leur a-t-Il pas cité d'abord les 1erers, comme Il l'a fait avec les bnei Israël?
[aux enfants d'Essav = "Tu ne tueras pas" ; à ceux d'Amon et Moav = "Tu ne commettras pas l'adultère" ; et aux enfants d'Ichmaël = "Tu ne voleras pas".]

Il répond : les 10 Commandements étaient écrits sur 2 Tables de pierre, les 2 premiers sur la Table de droite et les 5 autres sur celle de gauche.
Mais comme dans les langues des autres peuples, on lit de gauche à droite, les yeux des peuples ont été attirés en premier par la Table de gauche où il est écrit : "Tu ne tueras pas", "Tu ne commettras pas l'adultère", "Tu ne voleras pas".
En revanche, la lecture dans la langue sainte (hébreu) se fait de droite à gauche, c'est pourquoi les bnei Israël sont arrivés de façon naturelle vers la Table de droite. C'est pourquoi Hachem a commencé par "Je suis Hachem ton D."

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3°/ La guémara (Taanit 8b ; Baba Métsia 42a) dérive du verset (Ki Tavo 28,8) que la bénédiction ne se trouve que dans ce qui est caché du regard.
En effet, ce qui est étalé sur la place publique est sujet à être endommagé par le mauvais œil (ayin ara).
Comment est-ce que ce concept fonctionne-t-il?

Le rav Eliyahou Dessler (cité dans le Sia'h 'Haïm I,237) explique que lorsque Hachem a décidé et décrété initialement qu'une personne avait le droit à quelque chose, Il trouvait qu'elle était méritante pour bénéficier d'un certain avantage personnel.

Cependant, si cette personne va s'en servir de façon ostentatoire, cela risque d'entraîner de la souffrance et de la jalousie chez d'autres (pourquoi elle a et pas moi!).
Hachem doit alors refaire les comptes. En effet, certes elle mérite d'avoir ce plaisir pour elle-même, mais il faut maintenant également considérer que cela va entraîner de la souffrance chez autrui par le fait de l'avoir publiquement exhibé.

Après le nouveau verdict : soit elle est encore méritante pour avoir ce bien, soit Hachem va considérer qu'elle ne mérite plus d'avoir ce profit à cause des conséquences que cela va avoir sur son environnement.

=> Ainsi, le ayin ara peut entraîner indirectement la perte de bénédictions, et il est judicieux de prendre en compte le conseil de nos Sages en profitant d'elles de manière plus privée, plus "cachée du regard".

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+ Questions bonus (b'h) :

Il est écrit :
-> "Hachem enverra en ton sein le manque, le désarroi et l'angoisse" (Ki Tavo 28,20)
-> "Je susciterai sur vous la panique" (Bé'houkotaï 26,16)

Ces 2 parachiot ont de commun de contenir de très nombreuses malédictions.

-> 1°/ Pourquoi est-ce que celles de la paracha Ki Tavo sont à la 3e personne ("Hachem"), tandis que celles de Bé'houkotaï sont à la 1ere personne ("Je")?

Rabbénou Bé'hayé explique que les malédictions mentionnées dans Bé'houkotaï se sont réalisées durant le 1er Temple, où la présence divine y résidait, et c'est pour cela que c'est écrit à la 1ere personne car Hachem infligea lui-même ces punitions.

Les malédictions de Ki Tavo se sont réalisées durant le 2e Temple, où la présence divine était absente du Temple (guémara Yoma 21b), elles sont donc écrites par la voix de Moché (3e personne) relatant ce que Hachem a fait.
[ceci témoigne de la distanciation]

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-> 2°/ Le Ohr ha'Haïm fait remarquer que dans la paracha Bé'houkotaï, il y a l'utilisation du pluriel ("vous"), et dans Ki Tavo c'est le singulier qui est utilisé ("tu").
Pourquoi une telle différence?

- Le singulier renvoie à des malédictions nationales, s'appliquant à l'ensemble du peuple juif, s'il ne se comporte pas comme il le faut.
- Le pluriel s'adresse à chaque individualité, qui même si la nation juive se comporte globalement bien, lorsqu'une personne faute, elle s'expose à des malédictions.

-> 3°/ Cela nous permet de comprendre pourquoi les malédictions de Bé'houkotaï se terminent par des paroles d'encouragement, ce qui n'est pas le cas pour celles de Ki Tavo.

Quelles soient les fautes, la nation juive a une garantie de toujours pouvoir exister, et ce par le mérite de l'alliance de Hachem avec nos Patriarches.
C'est pourquoi le passage se termine par des mots de consolation, car la collectivité est toujours assurée de se maintenir.
Cela n'est pas le cas au niveau individuel, où il n'y a pas une telle assurance.

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Selon l'Alter de Kelm, cela permet d'expliquer une dualité de Roch Hachana :

- en tant que nation, nous sommes plein de confiance dans la miséricorde divine, et nous nous comportons avec plein de joie et d'optimisme (de beaux habits, de beaux repas, ...).

- en tant qu'individualité, nous sommes plein de crainte et d'effroi, par la conscience que nous n'avons pas une telle garantie (nous tremblons à l'idée que l'avenir de notre vie va se jouer en ce jour! Qui peut dire s'il va avoir le droit de continuer à vivre? Rien n'est assuré, tout est remis en question!).

L'Alter de Kelm enseigne qu'on apprend de là l'importance de nous lier, d'être utile à la collectivité juive.
En effet, lorsque nous sommes nécessaire, utile à d'autres personnes, on nous dispensera d'un mauvais jugement pour ne pas handicaper les autres, et au contraire on nous comblera du meilleur afin de continuer dans ce sens.

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-> "Je me souviendrai de mon alliance avec Avraham" (Bé'houkotaï 27,46)

=> Cette promesse de consolation se cache dans un long passage de punitions. Hachem finira par nous prendre en pitié de par l'alliance de nos ancêtres.
La paracha Ki Tavo également contient de nombreuses punitions, on peut même en conter 2 fois plus. Et pourtant, aucune promesse de consolation ne s'y trouve. Comment comprendre cette différence?

-> Le 'Hatam Sofer explique :
L'essentiel de la souffrance face aux difficultés de la vie, vient du fait qu'on n'y voit pas de sens. Un homme est prêt à passer des moments même désagréables, s'il y voit un intérêt et un sens. Il est prêt à suivre des soins douloureux s'il sait que cela lui redonnera sa santé. Mais quand une personne souffre et sent qu'il souffre pour rien, cela lui est bien plus difficile.

- La paracha Bé'houkotaï introduit les punitions par le verset : "Si vous marchez avec moi de façon hasardeuse", c'est-à-dire que vous considérez les événements comme étant le fruit du hasard. Ainsi, les épreuves que vous endurerez dans un tel état d'esprit, en pensant qu'elles viennent par hasard, sans raison, seront insoutenables. Hachem a donc senti le besoin d'introduire un verset de consolation pour apaiser.
- Mais les souffrances évoquées dans la paracha de Ki Tavo, même si elles sont plus dures et bien plus nombreuses, mais vous ne les vivrez pas comme venant par hasard. Vous aurez la conscience qu'elles viennent d'Hachem, que c'est votre Père Qui est aux Cieux, qui vous éprouve. Et quand notre Père Qui nous aime est avec nous, quand on sent Sa Proximité, alors les souffrances deviennent plus supportables. Il n'y a donc plus besoin d'y ajouter une consolation, car le fait même de sentir Hachem à ses côtés est déjà la plus grande des consolations.

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2020/09/21/15282-2

"Et ce sera, lorsque tu entreras dans le pays que Hachem te donne en héritage" (Ki Tavo 26,1)

-> Au moment de la brit ben habétarim, Hachem a dit à Avraham que ses enfants iront en exil pendant 400 ans.
Cette période a démarré lors de la naissance de Its’hak (cf. Rachi Lé’h Lé’ha 15,13), et s'est terminée avec la sortie d'Egypte.

Par la suite, avant d'entrer en Israël, ils ont été 40 années dans le désert, faisant un total de : 440.

La valeur numérique de : "Lorsque tu entreras (Ki Tavo - כִּי תָבוֹא) est de : 439.
=> Après 439 années pleines, et dans la 440e année, le peuple juif est entré dans la terre d'Israël.

[Rabbi David Feinstein]

"Le servir de tout votre cœur et de toute votre âme" (Ekev 11,13)

-> Selon Rachi : "Le service du cœur n'est autre que la prière, car la prière est considérée comme un service divin."

-> Le Mabit écrit :
"La finalité des prières n'est pas d'être entendue et exaucée, mais seulement d'afficher à travers elles notre conviction qu'il ne convient d'adresser nos requêtes à nul autre qu'à D.
En énonçant nos besoins devant Lui, nous admettons que le seul être susceptible de les satisfaire est le Créateur, sans qui absolument tout nous ferait défaut dans notre vie.
Et c'est en acceptant cette réalité que notre récompense finira par arriver."

-> Rav Steinman dit :
"La prière est un exercice de notre émouna.

Lorsque nous prions, nous intériorisons la émouna simplement par la puissance des mots que nous récitons.
Nous devons travailler à intérioriser le fait que Hachem contrôle le monde, et que tout est entre Ses mains, et que néanmoins, Il prend soin de moi, qu'Il m'écoute et répond à mes requêtes."

Il fait remarquer : "Les gens se plaignent que leurs prières ne sont pas écoutées. Cela provient du fait qu'ils demandent de l'aide à Hachem, sans être totalement confiant dans le fait que leur aide ne peut venir que de D.
[par exemple : on prie pour la santé, tout en se reposant sur le médecin, idem dans la parnassa, ...]
...
Lorsqu'une personne prie Hachem avec sincérité, en ne croyant qu'en Lui, alors sa prière est écoutée."

-> La guémara (Roch Hachana 18a) rapporte que 2 personnes peuvent se tenir devant le même bourreau : une va être sauvée et l'autre pas.
La différence tient dans le fait qu'une va prier avec les bonnes intentions, et l'autre pas.

[En effet : la prière = "Le servir de tout votre cœur et de toute votre âme" (Ekev 11,13)]

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-> Le 'Hazon Ich, était reconnu pour son étude intensive de la Torah.
Il a dit une fois qu'il a mis davantage d'efforts dans ses prières que dans son étude de la Torah.
Il a également affirmé qu'il a gagné davantage de compréhension de la Torah par le biais de sa prière, que par le biais de son étude de la Torah intense et constante.

=> A l'image de ce géant de la génération, nous devons aussi mis gros sur notre prière.

-> Le rav 'Haïm Kanievsky rapporte qu'une fois rabbi Shlomo Lorincz est venu voir le 'Hazon Ich au sujet d'une question urgente de vie et de mort. Ce dernier était en pleine amida, et on ne pouvait pas attendre qu'il la termine.

Rabbi Lorincz a essayé de lui parler dans l'oreille, mais il n'a pas entendu.
Il a touché son bras, mais il ne l'a pas senti.
Ce n'est que lorsqu'il a secoué le 'Hazon Ich, que sa concentration s'est rompue.

On voit de là, à quel point il était totalement focalisé dans sa prière.

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-> Rav 'Haïm Kanievsky a dit après la mort d'un jeune garçon :
"Aucune prière n'est perdue.
Par moments, il peut sembler qu'une prière n'est pas directement écoutée, mais elle peut servir à éviter d'autres tragédies de se produire (à soi même, à d'autres, à la communauté juive).
De plus, les prières dites pour un malade qui est décédé, vont fournir un mérite à son âme dans le monde à venir."

Après la mort du Steïpler, il a déclaré : "Qui peut dire combien de tragédies à travers le monde ont été évitées par les prières massives (récitées pour lui)?"

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+ Prières & synagogues :

-> "Si une personne ne rentre pas dans une synagogue dans ce monde, elle n'y entrera (également) pas dans le monde à venir"
[guémara Yérouchalmi Béra'hot 5,1]

Rav 'Haïm Kanievsky ajoute : Si dans ce monde une personne vient constamment en retard à la prière, dans le monde à venir lorsqu'elle viendra à la synagogue, elle n'aura le droit d'y venir qu'en retard.
Par exemple, si elle vient toujours au moment où la communauté prie "Baré'hou", elle n'aura le droit d'enter qu'au moment de "Baré'hou'.

-> Le Maharam Chalava (guémara Pessa'him 46a) dit que si une personne habite dans un ville ayant une synagogue, et cependant prie chez elle, elle est considérée comme "quelqu'un qui dénigre [Hachem]".

Pourquoi cela? et pas un paresseux?

La réponse est qu'en n'allant pas à la synagogue, cette personne montre que la prière n'est pas importante pour elle, car sinon, elle irait rejoindre la communauté pour avoir la possibilité de prier de la meilleure des façons.

Le mois d’Elloul – Quelques pensées

+ Le mois d'Elloul - Quelques pensées :

-> "Le mois d'Elloul est le 6e mois de l'année, il est à mettre en parallèle avec la veille de Shabbath, qui est le 6e jour de la semaine.

De la même façon que l'on se prépare pour Shabbath, la veille de Shabbath, on doit également se préparer aux Yamim Noraïm durant le mois d'Elloul.

De même que plus on aura fait de préparations pour Shabbath, plus il sera agréable et rempli de sens, de même les efforts que nous faisons en Elloul nous assurent d'avoir une année pleine de bonté et de bénédictions."

[Chem miChmouël - Choftim 5675 ; Ki Tavo 5672]

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-> Le Ram'hal explique que la relation entre Hachem et l'âme d'une personne est à l'image du lien entre un métal et un aimant. [Messilat Yessarim]
Lorsque l'aimant est éloigné, il n'y a plus d'attraction.
Durant le mois d'Elloul, Hachem se rapproche de chacun d'entre nous, faisant que nous pouvons ressentir de nouveau une attraction pour Lui.

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-> C'est pendant le mois d'Elloul, suite à la faute du Veau d'or, alors que Moché était au Ciel (pour recevoir les 2e Tables de la Loi), que les juifs ont jeûné et ont fait téchouva, posant les bases de ce qui sera l'attitude des générations suivantes.
C'est pourquoi il nous est possible d'atteindre de si hauts niveaux en téchouva, en Torah et dans notre service de Hachem pendant cette période, par rapport au restant de l'année.
[Tana déBé Eliyahou Zouta ; 'Hayé Adam 138,1]

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-> A Roch Hachana, nous renaissons (midrach Vayikra rabba 30,3).
Cela fait que le mois d'Elloul est le dernier mois de la gestation.
Lorsqu'une femme attend un bébé, elle apprécie chacune des sensations de mouvement, car c'est un signe que le bébé dans son ventre est vivant et bien portant.
Lorsqu'il n'y a pas de mouvement, elle a peur que quelque chose n'aille pas bien chez l'enfant.
Si Elloul est l'équivalent du dernier mois avant la naissance, alors nos mouvements et notre développement sont de bonnes nouvelles.
[le Netsiv]

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-> Le Chla haKadoch fait référence au travail du mois d'Elloul comme : la bédikat 'haméts, puisque nous devons rechercher dans chacune de nos actions et y trouver le 'haméts (les avérot).

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-> "Du début du mois d'Elloul jusqu'à la fin de Yom Kippour, on doit ressentir de la crainte et de la frayeur du jugement à venir"
[Rabbénou Yona]

-> Le Bnei Yissa'har était tellement conscient de l'importance de cette période, qu'il en avait la main qui tremblait lorsqu'il écrivait.

-> Dans une lettre rédigée pendant le mois d'Elloul, le Ben Ich 'Haï écrit : "Vous devez savoir que j'écris cette lettre durant les jours de téchouva, où à mes yeux, chaque minute est comme un mois!"

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+ Importance de faire téchouva avant Roch Hachana :

-> Il faut savoir qu'il est bien plus facile de se repentir et d'avouer ses fautes avant Roch Hachana qu'après.
En effet : "Si un homme avoue lui-même un délit punissable d'une amende supplémentaire, il est dispensé de la payer."
En d'autres termes, lorsqu'un homme reconnaît sa faute au tribunal avant le témoignage de témoins accusateurs, il ne paie pas d'amende. S'il confesse sa faute seulement après leur témoignage, il doit s'acquitter de l'amende.

Ainsi en est-il du Jugement. Les anges accusateurs ne témoignent des méfaits de l'homme qu'à Roch Hachana et Yom Kippour.
Si pendant le mois d'Elloul qui précède, l'homme confesse ses fautes et se repent, il pourra se disculper au jour du jugement. Par contre, s'il s'amende après Roch Hachana, ses efforts n'auront pas le même effet.
[Méam Loez - Nasso 5,5-6]

La téchouva

+ La téchouva :

-> ""Tu aimeras Hachem ton D., de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir" (Vaét'hanan 6,5)

Le midrach (michnat Rabbi Eliézer chap.15) commente "de toute ton âme" = en faisant téchouva.

Selon le rav 'Haïm Kanievsky, cela indique que la téchouva n'est pas qu'une simple action, elle utilise toute l'âme d'une personne.

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-> "La téchouva est si grande qu'à partir du moment où une personne a une pensée de téchouva dans son cœur, elle s'élève ... pas de 10 km, pas de 20 km ... pas jusqu'au 1er Ciel ... mais jusqu'à atteindre le Trône de Gloire de Hachem."
[Pessikta Rabbati 44]

-> Les juifs ont été libérés d'Egypte à partir du moment au Hachem a vu que les fauteurs parmi eux pensaient à faire téchouva, même si à ce moment ils ne l'avaient pas encore fait.
[midrach Chémot rabba 1,36]

=> Une pensée de téchouva, même si ce n'est pas la téchouva idéale, a déjà importance considérablement.

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-> "Rien ne peut tenir sur le chemin de la téchouva" [Rambam - Hilkhot Téchouva 3,14]

-> "Il n'existe pas de faute qui soit au-delà de la téchouva" [Rav 'Haïm Kanievsky]

-> Après avoir été témoin de la téchouva de Caïn, Adam s'est écrié : "Je ne savais pas que la téchouva a une telle force!"
[midrach Béréchit rabba 22,13]

-> Lorsque quelqu'un dit : "J'ai fauté", ses accusateurs au Ciel sont vaincus, et le Satan ne peut pas le poursuivre."
[Zohar Bamidbar 231a-b]

-> La Téchouva est grande, car elle apporte la guérison sur le monde"
[guémara Yoma 86a]

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-> "Si les juifs font téchouva, ils seront délivrés de leur exil ...
Sinon, Hachem nommera un roi dont les décrets seront aussi durs que ceux de Haman, et cela fera revenir les juifs sur le bon chemin [après quoi ils seront délivrés]."
[guémara Sanhédrin 92b]

Au final, nous devrons tous obligatoirement faire téchouva.
=> Soit nous le ferons dans la joie et par amour pour Hachem, soit nous le ferons dans les souffrances et par la crainte que D. va nous imposer.
A nous de choisir ...

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-> D. a créé le repentir avant même d'avoir créé le monde, car par sa nature même, l'homme est porté à la faute.
[...]
Le repentir a une puissance si illimité que rien ne lui résiste ...
Rabbi Yichmaël a dit : "Si la téchouva n'avait pas été créée, le monde n'aurait pas survécu."
[Méam Loez - sur Nitsavim 30,14]

Le Tachli’h

+ Le Tachli'h :

Nous avons la coutume à Roch Hachana d'aller à un point d'eau afin de réciter : "Tu plongeras dans les profondeurs de la mer toutes leurs fautes " (Mikha 7,19 - vétachli'h bimétsoulot yam kol 'hatotam).
Pourquoi cela?

-> Le midrach rabba rapporte que tout au long de la route que suivirent Avraham et son fils Its'hak pour aller au mont Moria, le Satan tenta de les empêcher d'arriver par différents moyens.
Il fit surgir sur leur chemin un fleuve profond pour les décourager et les faire revenir en arrière, mais ces derniers y pénétrèrent jusqu'à hauteur de leurs bouches, puis Avraham s'exclama : "Iguiou Maïm ad Nafech", ce qui signifie que nous avons fait la volonté de D. jusqu'au bout de nos forces.
C'est alors que D. réprimanda le Satan et immédiatement le fleuve s'assécha.
[michna Broura 583,8]

[Le Maharil dit nous récitons le Tachli'h à côté d'une rivière ou d'un lac dans l'espoir que le mérite d'Avraham entrant avec enthousiasme dans le fleuve va se tenir en notre faveur dans le jugement.]

-> Selon le Zohar, une rivière profonde symbolise la "bina" (compréhension), la capacité de sonder les profondeurs de la connaissance, d'étendre, de développer et de tirer des conclusions.
Le Zohar enseigne : "Il y a des eaux qui produisent des hommes sages et il y a des eux qui produisent des sots".
La compréhension est un don précieux de D., mais nous savons tqu'elle peut être mal utilisée et corrompue pour conférer légitimité et popularité aux égarements jusque dans leurs excès.
La grandeur d'Avraham tenait tout entière en sa compréhension de la vérité ; sans qui, il aurait pu déchoir de sa grandeur spirituelle.
On comprend pourquoi le Satan se lance dans cette dernière tentative avec Avraham pour le faire reculer.
[le tachli'h symbolise cette nécessité de toujours rechercher et être fidèle à la vérité au sens de la Torah (et non pas ce que nous croyons/voulons avoir comme vérité)]

La rivière symbolise le niveau le plus profond de compréhension, l'inexorable intelligence qui proteste à chaque pas fait par Avraham, disant : "Its'hak est ton seul héritier! Tu l'as attendu toute ta vie! D. te l'a donné, à toi et à Sarah, par des miracles! D. t'a promis une postérité grâce à lui. Comment peux-tu, toi qui prêches contre le sacrifice humain assassiner ton propre fils? Comment un vieux pères peut-il tuer son fils unique de ses propres mains? Comment peux-tu obéir et même croire en un D. qui te demande cela?"

Ces questions constituent une "rivière" infiniment plus tumultueuse que toutes que toutes celles qui se trouvent sur terre.
La réponse d'Avraham se situe à un degré de compréhension plus élevé que celui du Satan.
Il implore D. de lui venir en aide : "Les eaux de la compréhension montent jusqu'à mon cou. Elles menacent de noyer mon intelligence humaine limitée. Cependant, je sais que : "le commencement de la sagesse est la crainte de Hachem" (réchit 'hokhma yir'at Hachem - Téhilim 111,10) ; la source de la sagesse n'est ni ce que mon esprit mortel conçoit, ni dans la logique absolument irrésistible du Satan (yétser ara). Je ne peux ni réfuter ses arguments, ni traverser sa rivière, parce que mon humanité me limite. Mais Toi Hachem, Tu es mon guide, et quand tout m'abandonne, je substitue Ta volonté à ma sagesse."

Avraham a en tête les infinies possibilités de sa postérité, il sait que son seul acte devra être l'équivalent spirituel de milliards de bonnes actions qui ne seront jamais accomplies.
Le but de l'existence d'Israël est de rendre manifeste la majesté de D. comme Roi.
Avraham dominant le Satan et ses propres sentiments humains, spirituels et paternels, ils démontrent que le seul facteur déterminant est la volonté du Roi [Hachem].

La rivière disparut. En s'immergeant dans la rivière qui produisait des insensés, Avraham transforma l'événement en une rivière qui produisit, en son être et dans son descendant, une perception accrue de la mission d'Israël, car expérimenter la vérité est bien plus enrichissant que de philosopher à son sujet.

Lors du Tachli'h, en se présentant à un cours d'eau, on exprime : "Comme Tu sauvas Avraham, sauve-nous, Hachem, des eaux qui menacent de noyer notre foi, parce que comme notre père, nous plaçons notre foi en Toi au-dessus de tout."
[la rivière profonde symbolise la compréhension, qui pour un juif se doit d'être Divine, et non simplement humaine]
[rav Nathan Scherman]

-> La soumission d'Avraham créa le modèle de courage, de sacrifice de soi qui depuis lors caractérise le peuple juif.
Non seulement parce qu'il influe sur le comportement juif, mais parce qu'il reste la source du mérite pour chaque juif qui conserve, en son cœur, une braise de la Akéda.
[Sfat Emet]

-> Selon certains de nos Sages, le mérite des Patriarches ne dure qu'aussi longtemps que leurs descendants suivent leur exemple et obéissent à la volonté de D.
Quand Israël délaisse les voies d'Hachem, Il l'abandonne et "oublie" les mérites de ses ancêtres.
[le tachli'h met en avant que de même que la rivière à une source, nos actions doivent prendre racine à notre source : nos Patriarches.]

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-> "A la vision de la profondeur de la mer ... on commence à contempler la grandeur du Créateur.
C'est pourquoi nous allons à un plan d'eau à Roch Hachana, qui est le jour du Jugement, afin que tout le monde puisse prendre à cœur que Hachem est le Créateur et le Roi de l'univers.

Lorsqu'une personne en vient à reconnaître l'existence de Hachem et le fait qu'Il a créé le monde à partir de rien, elle en arrive à regretter ses fautes, et par cela ses fautes lui seront pardonnées."
[le Rama - Torat haOla 3,56]

-> "[Les juifs] puisèrent de l'eau, qu'on répandit devant Hachem" (Chmouël I 7,6).
Le Targoum Yonathan traduit cela par : "Ils ont déversé leur cœur dans la téchouva, comme de l'eau, devant Hachem".

Rachi explique qu'ils ont versé l'eau en signe d'humilité, montrant qu'ils étaient comme de l'eau que l'on verse devant Hachem.
Le Beit Méïr (Ora'h 'Haïm 583) dit qu'en se rendant proche d'un plan d'eau à Roch Hachana, nous démontrons notre état d'esprit de téchouva, qui est comparé à l'eau qui coule.

-> "Souviens-toi des fautes comme l'eau qui s'est écoulée (rapidement et sans laisser de trace de son passage)" (Iyov 11,16)
Le Radak explique que le symbolisme de l'eau s'écoulant, fait allusion au pardon de nos fautes.

-> Rabbi David Hoffman explique que l'on accomplit le Tachli'h près de l'eau, en se basant sur la Mekhilta (Bo 12,1) rapportant que la présence divine n'apparaît aux prophètes en dehors d'Israël que lorsqu'ils sont proches d'un point d'eau, puisque l'eau est un élément de pureté rituelle.

Le Baak haTourim (Béréchit 16,7) écrit également qu'une prière est plus efficace lorsqu'elle est faite proche de l'eau.

-> Les rois d'Israël étaient oints proche d'une source d'eau mouvante, comme signe que leur règne devra également couler sans gêne (guémara Horayot 12a).

Puisqu'à Roch Hachana, nous acceptons de nouveau le règne de Hachem, c'est une forme de cérémonie d'investiture, qui doit se faire près d'un courant d'eau.
[Otzer haTéfilot - Tachlikh ]

-> Le rav Avraham Tirna écrit qu'il serait préférable qu'il y ait des poissons dans ce fleuve et qu'on puisse les voir, ceci étant un bon signe pour nous préserver du mauvais œil (aïn ara) durant toute l'année à venir, comme ces poissons qui sont protégés des regards.
[le Darké Moché (583,3) écrit que le poisson vit calmement, d'une façon non visible par l'homme, il n'est pas affecté par le mauvais œil (puisque caché).]
Le poisson est aussi un symbole de multiplication.

Le rav Nathan Scherman rapporte que le poisson, recouvert par les eaux et à l'abri de la jalousie, fait allusion à Israël qui a été gratifié de la protection Divine.

Le Levouch (596) écrit que les poissons sont en permanence en danger d'être capturés par un filet de pêche, et cela nous renvoie à l'idée que l'ange de la mort peut à tout moment nous capturer.
Cette pensée de notre mortalité, du caractère éphémère de notre vie, doit nous pousser à faire téchouva.

Le Chla haKadoch (Roch Hachana) enseigne que les yeux du poisson sont toujours ouverts. De même, nous prions pour que Hachem garde et protège les juifs avec des yeux ouverts et plein de miséricorde durant toute l'année.
["Les yeux de Hachem sont ouverts sur ses adorateurs, sur ceux qui ont foi en sa bonté" (Téhilim 33,18)]

Le Ohalé Yaakov écrit que la récitation de la prière de Tachli'h est un signe de bon augure : de même que les eaux s'écoulent continuellement, la miséricorde Divine se répandra sur nous et nous accordera une bonne année, en vertu du verset : "Je ferai affluer dans ses murs la paix comme un fleuve" (Yéchayahou 66,12)

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-> N'aurait-il pas été préférable de brûler ou bien d'enterrer nos fautes, afin qu'elles soient totalement détruites? Pourquoi les jetons-nous dans la mer, où elles continuent à exister?

Le Divré Yoel (29) répond :
La guémara (Avoda Zara 39a) dit : "Tout animal sur la terre a un équivalent dans la mer. Un animal impur sur terre a un équivalent dans la mer qui est pur, et inversement."

De toute évidence, la mer a le pouvoir de laver l'impur et de le purifier.
Nous jetons nos fautes dans la mer, qui y sont transformées en mérites et en mitsvot.
C'est ainsi que nous disons dans la prière de Tachli'h : "Tu plongeras dans les profondeurs de la mer toutes leurs fautes" (Mikha 7,19), et ce afin que nos fautes soient transformées en mérites lorsque nous ferons téchouva par amour pour Hachem.

[En effet, la guémara (Yoma 86b) nous enseigne que lorsqu’une personne fait téchouva par amour pour Hachem, ses fautes ne sont pas seulement effacées, mais elles sont transformées en mérites.]

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-> Un des signes pour reconnaître un poisson vivant d'un poisson mort est de voir s'il nage dans le sens ou à contre-courant. S'il nage dans le sens du courant, c'est un poisson mort.

[en jetant nos péchés dans un cours d'eau, on se débarrasse du mauvais de notre passé, mais également on apprend des poissons à aller à contre courant de notre naturalité animale, de la façon de pensée et d'agir du monde en général, ...
Nous devons être fier d'être juif et sauter de joie à contre courant vers notre papa Hachem. ]

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-> b'h, Voir aussi : https://todahm.com/2017/09/27/tachlih

"[Avec la venue du machia'h, ] la plus grande de toutes les autres nations verra le plus petit des juifs et désirera s'agenouiller devant lui, et ce en raison du Nom de Hachem qui est inscrit sur chacun [des juifs]"
[midrach Chémot rabba 15,17]

-> "En ce temps-là [de la guéoula], les autres nations décerneront des louanges à Israël : "Voyez quel mérite possède ce peuple, qui est resté attaché à Hachem durant toutes les tribulations qu’il a traversées et qui ne L’a pas abandonné."
[Rachi - paracha Haazinou 15,17]

-> Lorsque les juifs ont quitté l'Egypte, les autres nations les ont regardés avec respect et crainte.
Le midrach (Chir Hachirim rabba 3,6) rapporte : "Lorsque les juifs voyageaient de campement en campement [dans le désert], avec la colonne de Nuée et la colonne de Feu ... les nations du monde voyaient cela et disaient : "Ce sont des dieux!" ...
Les nations du monde avaient alors de la crainte et de l'inquiétude des juifs."

-> Cet état de fait a duré jusqu'à la destruction du 1er Temple, avec l'exil des juifs qui a suivi.
Le midrach (Yalkout Chimoni Esther 1053) dit : "A partir du jour où les juifs ont été exilés, ils n'ont plus été respectés par les autres nations."

"[Concernant la venue du machia'h, ] tout dépend de nous.
Si nous prions et étudions la Torah comme nous devons, toutes les guématriot et toutes les supputations sont vides de sens."

[Rav 'Haïm Kanievsky]

Il rapporte également le midrach suivant (Eikha rabba Pesichta 2) :
"Les nations du monde ont demandé [à leurs plus grands sages] : "Pouvons-nous dominer les juifs?"
Ils ont répondu : "Allez vérifier dans leurs synagogues. Si leurs enfants disent à haute voix [des prières et de l'étude de la Torah], alors vous ne pouvez pas les dominer. Si tel n'est pas le cas, vous le pouvez."

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-> b'h, en lien avec cela : http://todahm.com/2020/05/23/13522