Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Juge ton semblable équitablement" (Kédochim 19,15)

-> "C'est-à-dire juge ton prochain de manière favorable"
[guémara Chvouot 30a]

Rachi commente : "Ce verset ne s'adresse donc pas aux juges, mais à celui qui verrait son prochain effectuer une action qu'il peut interpréter soit comme une faute, soit comme une chose permise : il a le devoir de le juger favorablement, et de ne pas le soupçonner de fauter".

-> Selon le rav Dov Yaffé : "Si l'honneur de notre prochain est véritablement cher à nos yeux, on n'écartera aucune éventualité pour le juger favorablement, même au détriment de la logique la plus élémentaire."

[nos Sages disent que si l'esprit tordu existe en nous, c'est afin de pouvoir trouver des raisons (mêmes les plus folles, créatives) afin de juger autrui favorablement]

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-> "De la même façon qu'un homme se comporte (avec son prochain), le Ciel se comportera avec lui"
[guémara Sotah 8b]

-> "Quiconque juge autrui, en bien ou en mal, prononce du même coup sa propre sentence"
[Baal Chem Tov]

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-> Le 'Hafets 'Haïm (lois sur la médisance - chap.3) donne à ce sujet des précisions :
Si l'acte équivoque est réalisé par une personne craignant le Ciel, on sera tenu de la juger favorablement même si les faits semblent l'accuser.

S'agissant d'un homme "moyen", généralement respectueux des mitsvot, mais à qui il arrive parfois de fauter, la loi juive stricte exige qu'on le juge favorablement seulement dans le cas où les faits sont ambigus.
Mais si l'on veut faire preuve d'une bienveillance exemplaire, on le jugera de manière favorable même quand tout paraît l'accuser.

C'est seulement pour un mécréant notoire qu'on a le devoir de juger de façon défavorable.

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-> Le Yessod véChorech haAvoda (Portique Avodat haLèv) écrit :
"Le commandement positif de "juger autrui équitablement" se concrétise par la simple pensée, à chaque fois que l'occasion se présente ...
C'est-à-dire que si l'on voit son prochain faire un acte ou prononcer une parole qui, à priori, contreviennent à la volonté du Créateur, il nous incombe de le juger favorablement.

On se dira alors : "Je m'apprête à accomplir la mitsva de juger autrui équitablement".
Et l'on s'efforcera par tous les moyens de lui trouver, par la pensée, des arguments à sa décharge.
[...]
Et même si, finalement, il s'avère que notre jugement favorable était faux, il n'en reste pas moins que l'on a accompli la volonté du Créateur (Hachem), Qui nous a enjoints de "juger autrui équitablement.

Il est donc certain que l'on a procuré de la satisfaction à D. en cela qu'on s'est conformé à Son ordre."

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+ "Juge tout homme favorablement" (Pirké Avot 1,6)

-> Le Tiférét Shlomo (rabbi Shlomo haCohen Rabinowitz de Radomsk) commente :
N'est-il pas vain de juger tout homme favorablement? Après tout la vérité est connu au Ciel, alors comment notre jugement favorable aurait-il un effet?

Nos Sages veulent nous enseigner que le jugement qu'un juif prononce a un poids immense dans les Cieux.
Les paroles qu'il prononce, que ce soit pour le bien ou pour le mal, suscitent une réponse correspondante dans les mondes supérieurs.
Lorsque vous défendez une personne et parlez favorablement d'elle, vous réveillez en Haut un avocat céleste qui justifie, la défend et la sauve de la perdition.
Inversement, lorsque vous condamnez quelqu'un, vous causerez une réaction similaire en Haut.
[...]
C'est ainsi que le saint rabbi Bounim de Pshis'ha nous dit de ne jamais mentionner la fauter d'un juif, mais de toujours essayer d'exonérer le peuple juif et de rappeler ses bonnes actions devant D., car tous sont saints et purs, et tous [au fond d'eux-même] veulent accomplir la volonté de leur Maître avec une crainte révérencielle.

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Quelques autres divré Torah sur ce sujet (b'h) :

-> https://todahm.com/2016/10/18/4883
-> https://todahm.com/2016/06/29/4582
-> https://todahm.com/2014/02/01/juger-son-prochain-favorablement
-> https://todahm.com/2018/12/09/limportance-de-garder-sa-langue-4e-partie

"Ils s'assemblèrent contre Moché et contre Aharon, et leur dirent : "C'en est trop pour vous! Car toute l'assemblée, tous sont saintes et Hachem est parmi eux ; et pourquoi vous élevez-vous au-dessus de l'assemblée de Hachem?" (Kora'h 16,3)

-> "C'en est trop pour vous!" - Selon Rachi : Vous vous êtes approprié beaucoup trop d’honneurs pour vous-mêmes.

-> A ce sujet le rabbi de Kotsk enseigne :
Kora’h avait remarqué que quand il faisait son service de Lévi, de chanter dans la cour du Michkan, il ressentait une grande élévation spirituelle.
C'est pourquoi il souhaitait bénéficier également de la prêtrise pour servir aussi à l’intérieur du Michkan, car il mériterait ainsi encore plus d’élévation.
Il voulait donc prendre la fonction de Aharon.

Mais ce qu’il ne savait pas c’est que toute cette grandeur qu’il ressentait de par son service dans la cour, ne lui parvenait que grâce au mérite de Aharon qui servait à l’intérieur.

-> Kora'h était jaloux de Moché, car s'il n'était intéressé que par la volonté de Hachem, il ne se soucierait pas du fait que Moché était le responsable.
Kora'h désirait ardemment devenir le dirigeant, plutôt que de voir la volonté de D. réalisée.
[le Kédouchat Lévi]

A l'inverse, Moché dit : "Par ceci vous saurez que Hachem m'a envoyé accomplir tous ses actes, que ce n'est pas de moi-même" (v.16,28)

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-> "[Les tsitsit :] Afin que vous vous souveniez et accomplissez tous Mes commandements, et que vous soyez saints (kédochim) pour votre D." (Chéla'h Lé'ha 15,40)

Kora'h pensait que Hachem avait dit à Moché qu'il serait le dirigeant jusqu'à ce que le peuple reçoive la mitsva des tsitsit, car tous les juifs seraient alors kédochim.
C'est son argument à Moché : "toute l'assemblée, tous sont saintes et Hachem est parmi eux".

Depuis la réception de cette mitsva des tsitsit, tout le monde est égal en sainteté, et ainsi Moché et Aharon n'ont plus aucune supériorité sur le restant du peuple.
[le Kéhilat Yits'hak]

-> Selon Rabbi Soloveitchik, certes chaque juif a en lui une sainteté inhérente, mais dans sa volonté de flatter le peuple, Kora'h oublie de mentionner un autre aspect de la sainteté, celui qui dépend du mérite personnel de chacun : plus une personne se parfait, plus elle s'élève en sainteté.

=> Kora'h reconnait la sainteté naturelle collective et commune à tous les juifs, mais ne prenait pas en compte l'essentiel : l'individu et son mérite personnel.

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+ Kora'h : Ne pas oublier que plus une personne est élevée plus elle a un yétser ara élevé!

-> On peut rapporter un développement du rav Yéhouda Leib 'Hassman (Ohr Yahel) :
La guémara (Béra'hot 28b) raconte que le jour où rabbi Yo'hanan Ben Zakaï allait disparaître, il s'est mis à pleurer. Après avoir entendu l'étonnement de ses élèves (pourquoi leur maître qui a eu une vie si complète/exemplaire en vient-il à pleurer au moment de mourir?), il expliqua : "Deux chemins s'ouvrent devant moi, celui du paradis et celui de l'enfer. Et je ne sais pas où je vais aller. Comment pourrais-je ne pas pleurer?"
En général, on comprend que son doute concerne sa vie dans ce monde. En fonction de son comportement tout au long de sa vie, il ne savait pas où il allait se rendre. Seulement, il est étonnant qu'un tsadik comme lui, d'une sainteté hors du commun, fusse-t-il être d'une très grande humilité, mais comment pourrait-il se tromper à ce point sur lui-même, craignant hériter de l'enfer, comme les réchaïm!

En fait on peut expliquer que son doute ne concernait pas le passé. Il savait effectivement que son comportement passé était méritoire et qu'il lui donnait droit au paradis. Seulement, il craignait pour les derniers moments qui lui restaient à vivre. Il se préoccupait du fait de savoir s'il allait rester intègre même encore pendant ces moments-là, ou si D. Préserve, il allait s'égarer.
Cette idée est en allusion dans les mots qu'il prononça : "Deux chemins s'ouvrent devant moi" = il craignait la faute et l'enfer à cause du temps qui lui reste devant lui, et non derrière lui c'est-à-dire non le temps passé.
Même un tel tsadik craignait la faute pendant ses derniers instants. Car tant qu'une personne est en vie, il doit rester sur ses gardes et craindre son mauvais penchant.
Jamais un homme doit se sentir rassuré et sûr de lui en se disant que son envergure spirituelle est telle qu'il est à présent sauvé et que la faute ne le concerne plus, ce qui le conduirait à commettre l'erreur de penser que tous ses désirs et ses comportements émanent forcément du bien.

C'était cela l'erreur de Kora'h.
La Torah demande à l'homme de toujours se remettre en question. Même s'il a atteint des niveaux de sainteté grandioses, là encore (et peut-être même plus encore) il doit se ''suspecter'' pour savoir s'il est dans le vrai chemin, où s'il s'égare.
Les grands niveaux atteints ne doivent surtout pas le rassurer et le conforter à penser qu'il est forcément dans le droit chemin. Cela est la tentation des grands hommes et il convient de s'en méfier à tout prix.
C'est cela le sens de l'enseignement : "Celui qui est plus grand que son prochain, son penchant aussi est plus grand". Il s'agit du penchant de se croire protégé par sa grandeur, et d'en venir à être sûr de soi et de ses choix. Kora'h s'est laissé prendre à ce piège.
N'oublions pas : "Ne sois pas sûr de toi, jusqu'au jour de ta mort" (Pirké Avot 2,4), ''jusqu'au jour'' inclus!

"Vous observerez Mes décrets ('houkotaï) et Mes lois (michpataï), parce que l'homme qui les pratique obtient par eux la vie" (A'haré Mot 18,5)

-> Selon le 'Hidouché haRim, la Torah nous demande de ne pas accomplir les mitsvot avec indifférence.
Nous devons, au contraire, les considérer comme une source de joie, d'enthousiasme et de vie.
Nous devons vivre par elles.

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-> "Chaque mitsva de la Torah est rattachée au Roi saint et suprême (Hachem) : certaines sont reliées à Sa tête, d'autres à Son corps, d'autres enfin à Ses mains ou à Ses pieds".
[le Zohar - Yitro 85b ]

Il est écrit : "Vous qui êtes attachés à Hachem, votre D., vous êtes tous vivants aujourd'huit" (Vaét'hanan 4,4)

=> En accomplissant les mitsvot, nous avons la possibilité de s'attacher, de s'unir de son vivant avec Hachem (si l'on peut dire).

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-> Selon le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm), ce verset doit se comprendre au sens premier :
"Lorsqu'un homme accomplit une mitsva, il vit à l'intérieur d'elle à proprement parler. La sainteté de la mitsva l'enveloppe, le plongeant dans l'atmosphère même du Gan Eden.
[...]
Si l'homme est attentif pendant l'accomplissement d'une mtisva, son âme sentira qu'elle s'entoure et s'enveloppe de sainteté, et qu'un nouvel esprit l'habite.

C'est en ce sens que le verset dit : "L'homme qui les pratique obtient par elles la vie" : par elles, littéralement, c'est-à-dire qu'il trouve la vie à l'intérieur même des mitsvot, car leur sainteté l'investit où il les accomplit, et parce que l'atmosphère du Gan Eden l'imprègne."

-> Dans les bénédictions, nous disons : "Qui nous a sanctifiés par Ses commandements, et nous a ordonné ..."
D'un côté, le fait de faire les mitsvot nous sanctifie, d'un autre côté, nous devons avoir en tête que nous les faisons car c'est un ordre de Hachem, la sanctification n'étant qu'une résultante.

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-> Onkelos explique "Il obtient par eux la vie" par : "dans le monde futur".

-> Le 'Hafets 'Haïm note que les 248 membres du corps humain sont en corrélation avec les 248 mitsvot positives de la Torah, entraînant que chaque mitsva accomplie fait vivre le membre qui lui correspond.

C'est la raison pour laquelle, dans notre verset, la Torah recommande d'observer tous les décrets et les lois, car ils permettent l'existence de nos "organes spirituels", dont l'existence est éternelle.

-> Selon la guémara (Kétouvot 111), même le corps pourra se maintenir pour l'éternité grâce à la lumière de la Torah.

Dans la bénédiction avant la lecture du Shéma, nous disons : "car les paroles de la Torah sont notre vie et la longueur de nos années".
Ainsi, la Torah est la nourriture spirituelle de l'âme, de même que le pain est la subsistance du corps.
Grâce à elles nous construisons notre éternité (notre vie!), et tirons vers le haut le monde entier.

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-> "Vous observerez mes lois et mes statuts, parce que l’homme qui les pratique obtient, par eux, la vie : je suis Hachem" (A'haré Mot 18,5)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
On pourrait croire que le rapport de cause à effet entre l’observance des mitsvot et l’obtention de la vie, est du au fait qu’on va être jugés sur nos actions et ensuite récompensés. Et que si on s’est effectivement bien comportés alors on recevra "la vie" en salaire. C’est une vision réductrice.
En fait, c’est l’essence même de la mitsva qui amène la vie au corps humain, c’est la raison pour laquelle il y a le même nombre de mitsvot positives que de membres dans le corps humain : 248 et qu’il y a le même nombre de mitsvot négatives que de nerfs : 365.
Quand on observe une mitsva on attire la lumière Divine (source de vie), sur le membre correspondant à cette mitsva précise et quand on s’abstient de faire une faute (avéra) on attire cette même lumière sur le nerf correspondant.
=> De là on doit prendre conscience de l’importance de chacune des 613 mitsvot, et de la même manière qu’on n’est pas prêt à se passer d’un nerf ou un membre, même le moins important, on ne doit pas être capable de délaisser un mitsva ou de faire un avéra, même si elle ne nous parait pas si essentielle que ça.

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-> De l'expression "par lesquels il vivra", nos Sages déduisent que l'objectif des mitsvot que D. nous a données est de faire vivre et non de faire mourir.
Par conséquent, par exemple, si le respect du Shabbath risque de mettre une vie en danger, l'obligation de sauver une vie a préséance sur l'observance du Shabbath.

[dans cette situation : la mitsva est de tout faire pour préserver la vie ; la avéra est de s'en abstenir pour rester fidèle au Shabbath]

Selon la guémara (Sanhédrin 74a), les exceptions à cette règle sont les 3 fautes cardinales : l’idolâtrie, l’immoralité et le meurtre ; ainsi que tout cas où la transgression entraînerait la profanation du nom de D.

"Et un vêtement, lorsqu'il y aura dessus une lésion de tsara'at (lèpre) sera sur lui" (Tazria 13,47)

Il est intéressant de voir comment D. communique à travers la lèpre et les épreuves.

-> Le Kli Yakar écrit :
"De toute évidence, les plaies lépreuses qui affectent les habits ou les maisons ne procèdent pas des lois de la nature.
Ces éléments sont en effet dépourvus de sang ou de purulence susceptibles de putréfaction, ou de provoquer des maladies.

Force est d'en conclure qu'il s'agit de manifestations miraculeuses, survenant comme châtiment.
Ces plaies [affectant les habits et les maisons] peuvent nous aider à comprendre également les plaies frappant le corps humain : elles aussi ne procèdent nullement de la nature, elles surviennent en tant que punition pour l'homme."

-> Le Sforno enseigne également :
"Au-delà de tout doute, ces plaies ne procèdent aucunement des lois de la nature, car jamais des vêtements ne peuvent être affectés par des marques étranges.
[...]
Ces manifestations (miraculeuses) sont destinées à éveiller l'attention de leur propriétaire sur des fautes dont ils sont coupables.
[...]
Ceci est l'expression de la bienveillance du Créateur à l'égard de ceux qui observent Ses mitsvot ...

Le verset prévient les hommes que s'ils s'éloignent de cette voie, Il (Hachem) attirera leur attention au moyen d'épreuves ...
Pour cette raison, nous savons par tradition que les habits des non-juifs et leurs maisons ne sont pas du tout concernés par l'impureté de la lèpre."
[Sforno]

=> Par la lèpre (tsaraat), l'homme saura que Hachem est là, qu'Il s'adresse à lui pour attirer son attention sur ses fautes.

-> "Les châtiments sont prêts à s'abattre sur les fauteurs ...
Hachem dit : Avant d'avoir créé l'homme, Je lui ai préparé 5 fouets : les tumeurs (ché'ét), les dartres (chapa'hat), les tâches (baérét), les ulcères, les brûlures ... "
[midrach Bamidbar rabba 13,4]

Il apparaît que chacune de ces affections est comme un claquement de fouet, destiné à sortir l'homme de sa torpeur.

Juste après la faute, c'est une petite tape, mais si nous tardons à prendre en compte le message de D., alors le coup devient de plus en plus fort jusqu'à ce que nous le comprenions.

=> Nous devons voir nos difficultés comme des messages de Hachem, afin que l'on s'améliore.

"Sur l'ordre du Cohen, on apportera pour l'homme à purifier 2 oiseaux vivants purs, du bois de cèdre, un fil écarlate et de l'hysope" (Métsora 14,4)

-> Selon Rachi, cet individu a été puni pour ses bavardages et sa médisance, c'est pourquoi sa purification se fait au moyen d'oiseaux qui jacassent et qui caquettent en permanence.

[les oiseaux qui volent dans les airs, viennent réparer les mauvaises paroles que la bouche a fait volée dans les airs.]

-> "La médisance est équivalente à toutes les autres fautes" [Rambam - sur Pirké Avot 1,7]

A chaque mot prononcé en vain, on perd un petit peu plus de ce qui fait de nous des êtres humains

-> Les sacrifices ont pour but de faire prendre conscience au fauteur qu'il aurait mérité de subir le sort de la bête qu'il offre au Temple : comme elle, il aurait dû être égorgé, brûlé sur l'autel, ...
C'est seulement par l'effet de la miséricorde divine, qu'il lui a été donné la possibilité d'offrir à sa place un bête ou un oiseau.

Mais si le lépreux n'avait apporté qu'un seul oiseau en sacrifice, il en aurait conclu que toute parole est nuisible, et il aurait alors pris la résolution de s'abstenir de parler, de rester toujours muet.
Pour qu'il ne commette pas cette erreur, la Torah lui impose d'offrir 2 oiseaux :
- Le 1er était sacrifié afin que comprendre qu'il aurait dû s'abstenir de certaines paroles ;
- et le 2e oiseau était laissé en vie, pour lui enseigner que certaines paroles sont bénéfiques.
[Selon le Zohar, de même qu'il est grave de dire du lachon ara, de même il est grave de se retenir de dire des paroles positives à autrui!]

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-> Les 2 oiseaux font allusion au : yétser ara et au yétser hatov.
Le verset nous explique comment régner sur les 2 : "on égorgera l'un des oiseaux au-dessus d'un ustensile d'argile, sur de l'eau vive" (Métsora 14,5).
On doit égorger notre yétser ara sur de "l'eau vive", qui correspond à la Torah (qui est comparée à l'eau).
C'est uniquement grâce à la Torah que l'on peut dominer son yétser ara.
[le Lé'hem Min haChamaïm]

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-> Une des causes premières de la tsaraat est les mauvaises paroles qui entraînent souvent des divisions, des disputes.
Le mot hébreu pour : "oiseau" est : "tsipor" (צפור), qui a une guématria de 376, la même que : shalom (paix - שׁלום).
En disant de mauvaises paroles, on en vient à fauter vis-à-vis de D., et vis-à-vis d'autrui. Les 2 oiseaux font allusion à cette nécessité d'obtenir le shalom avec ces 2 parties.
Certes tu as pu faire téchouva et apporter des sacrifies, mais à l'image des 2 oiseaux qui devaient être exactement identiques, tu dois également rétablir l'harmonie avec ton prochain, au point qu'il n'y a plus de différents entre vous.
[Rabbi El'azar Meisels]

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-> Rachi commente : "Quel est le moyen de sa guérison ? Qu’il s’abaisse de son orgueil comme un ver et comme l’hysope."

-> Rabbi Shalom de Belz rapporte que d'un côté le Cohen doit penser que le métsora est guéri grâce à sa téchouva, mais d'un autre côté, le métsora se doit de penser que ce n'est pas grâce à ses mérites qu'il est guéri, mais plutôt grâce à ceux du Cohen qui s'occupent de lui.

En effet, l'origine du métsora est dans l'orgueil.
S'il pensait qu'il pouvait se guérir tout seul, l'orgueil serait alors toujours présent comme au moment de la faute.

En même temps, le Cohen ne doit pas devenir orgueilleux et fier d'avoir un pouvoir de guérison, car il en deviendrait orgueilleux.

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-> "Et du bois de cèdre, du ver à soi et de l'hysope" (Métsora 14,4)

-> Le Métsora devait utiliser ces différents éléments pour sa purification.
Rachi explique que s'il s'était auparavant enorgueilli comme le cèdre, il se rabaissera à présent comme le ver et l'hysope.
=> Seulement, on peut s'interroger. Puisque l'hysope, tout comme le cèdre, est un végétal, contrairement au ver à soi, pourquoi le verset ne les a-t-il pas réuni en disant : "du bois de cèdre, de l'hysope et du ver à soi", comme la Torah le fait quand elle développe la purification par la vache rousse, dans la paracha de 'Houkat?

En fait, la Torah veut faire allusion au fait que la Tsara'at (sorte de lèpre) est une punition Divine pour la médisance. Or le ver, en plus d'être un message d'humilité, a aussi la caractéristique de pouvoir ronger avec sa bouche. En juxtaposant le cèdre et le ver, la Torah enseigne que le médisant doit réfléchir au fait qu'il agit comme le ver. Il peut ruiner même un cèdre par sa bouche.
[Kli Yakar]

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-> Dans métsora, il est écrit : "Sur l'ordre du Cohen, on apportera pour l'homme à purifier ... du bois de cèdre, un fil écarlate et de l'hysope" ;
-> Au sujet de la vache rousse, il est écrit : "Le Cohen prendra du bois de cèdre, de l'hysope et du fil écarlate" ('Houkat 19,6)
La guémara (Nidda 26a) précise que l'hysope est une plante plus grande que l'animal à l'origine d fil écarlate.
Ainsi, au sujet de la vache rousse les 3 éléments suivent un ordre : du plus grand au plus petit.
=> Pourquoi n'est-ce pas le cas en ce qui concerne le métsora?

Le rav 'Haïm Kanievsky, cite le Rambam (Hilkhot Déot), selon lequel pour chaque trait de caractère une personne doit chercher à éviter les extrêmes, devant se conduire selon le chemin du milieu.
Cependant, si une personne trouve que concernant un trait particulier elle est attirée vers un extrême, il n'est alors pas suffisant d'uniquement tendre vers le milieu, puisque son attirance naturelle va petit à petit la ramener vers l’extrémité.
Dans ce cas, une personne doit d'abord aller vers l'extrême opposé pendant un certain temps, afin d'éradiquer totalement son attirance à l'autre extrême. Ce n'est qu'à partir de ce moment que l'on peut revenir sans risque au milieu, où l'on pourra y rester sur le long terme.

Il y a 3 éléments du plus grand au plus petit : le bois de cèdre, l'hysope et le fil écarlate.
Le rav Kanievsky dit qu'il n'est pas suffisant pour une personne orgueilleuse de se rabaisser au niveau de l'hysope (la voie du milieu), car elle ne pourra pas tenir sur le long terme. Plutôt, il faut tout d'abord se rabaisser jusqu'à l'extrême, allusion au fil écarlate (élément le plus petit), après quoi on peut revenir à la voie du milieu, qui est représentée par l'hysope.

[on retrouve cela dans l'ordre de notre verset :
- du bois de cèdre = c'est son orgueil qui l'a conduit à devenir métsora ;
- un fil écarlate = il doit donc viser l'extrême opposé à l'orgueil, se voir le plus bas possible ;
- de l'hysope = pour finalement pouvoir se stabiliser durablement sur la voie du milieu. ]

Selon le rav Kanievsky, bien que le Rambam écrit que concernant l'orgueil (à l'inverse des autres traits de caractère), il faille viser les extrêmes et non le chemin du milieu, le Lé'hem Michné nous explique que nous ne devons pas comprendre cela littéralement (plus on est extrémiste mieux c'est!).
En réalité, cela signifie simplement que nous devons être plus proches de l'extrême de l'humilité que de l'extrême de l'arrogance.

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-> "Du bois de cèdre et l'hysope" (Métsora 14,4)

Dans le processus de purification du Métsora (sorte de lépreux), la Torah demande d'apporter du bois de cèdre et de l'hysope (une plante sauvage) qu'il faudra brûler. Nos Sages expliquent que ce sont des fautes qui ont entraîné ces plaies. Et notamment des fautes liées à l'orgueil.
Ainsi, dans le cadre de sa purification, on demande au lépreux d'apporter du cèdre et de l'hysope. C'est comme si la Torah lui disait : "Si tu t'es enorgueilli comme un cèdre, tu te feras petit et tu te rabaisseras comme de l'hysope".
=> D'après cela, on comprend que l'on devait brûler le cèdre, pour faire disparaître l'orgueil. Mais pourquoi brûler également l'hysope? L'humilité est à conserver, et non à éliminer!

Le 'Hidouché haRim explique que lorsqu'un homme orgueilleux, essaie de s'appliquer à être plus modeste, il devra se convaincre de leçons de sagesse qu'il ne considérait pas jusqu'alors. Il rectifiera son regard de lui-même pour réaliser la fragilité de l'homme, ses limites, ses erreurs et fautes, son manque de discernement. Ainsi, à force de réflexion et de travail, il pourra atteindre une conscience plus réaliste des choses et se sentira plus humble.
Mais alors, surviendra le risque de la prise de conscience de son humilité. Il a beaucoup travaillé, beaucoup réfléchi, et maintenant, il réalise qu'il est bien moins grand qu'il ne pensait. Néanmoins, le danger est qu'il ressente un sentiment de fierté, voire de grandeur, face à son humilité. Il a du mérite d'avoir acquis cette si belle qualité, qui manque à tant de personnes! Et il risque (inconsciemment) d'en tirer un certain orgueil. C'est pourquoi, le travail final, celui de ne pas se sentir valorisé du fait de son humilité, est de brûler l'hysope.

La Torah attend in fine que l'homme soit humble, parce que telle est la vérité. En réalité, il n'a tout simplement pas de quoi être orgueilleux! Il doit se sentir humble avec simplicité, conscient de sa condition d'homme limité, sans le vivre comme un exploit.
Telle est la perfection de l'humilité. Être humble, parce qu'il ne peut pas en être autrement.
C'est pourquoi, la Torah ne donne pas de commandement à l'homme d'être humble. Car si l'homme cherchait à être humble pour respecter un commandement, ce serait déjà une forme d'orgueil. Comme s'il avait de quoi être orgueilleux et qu'il lutte contre, pour respectait ce commandement. L'homme doit donc rester simple uniquement parce qu'il n'y a vraiment aucune bonne raison d'être orgueilleux.

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"Voici la règle imposée au lépreux lorsqu'il redeviendra pur : on le présentera au Cohen" (Métsora 14,2)

-> La michna (Négaïm chap.14) enseigne qu'au terme du processus de purification, le Cohen devait annoncer à voix haute : "Pur!"

De la sorte, le lépreux comprenait que la parole a le pouvoir de guérir, et il prenait pleinement conscience du fait que "la mort et la vie sont au pouvoir de la langue" (Michlé 18,19).

"Cela sera pour vous un décret éternel afin d'obtenir la réparation pour les enfants d 'Israël de toutes leurs fautes une fois dans l'année" (A'haré Mot 16,34)

Pour quelle raison la Torah indique-t-elle précisément au sujet du jour de Kippour qu'il arrive "une fois dans l'année"?
Toutes les autres fêtes ne sont-elles pas également célébrées une fois par an?

-> Il est écrit dans la guémara (Moèd Katan 28) :
"Rabbi Ami demanda : Pourquoi, dans la Torah, la mort de Myriam est-elle juxtaposée au passage relatif à la vache rousse?
Pour t'apprendre que de même que la vache rousse expiait les fautes, ainsi la mort des Justes (tsadikim) expie les fautes.

Rabbi El'azar demanda : Pourquoi, dans la Torah, la mort d'Aharon est-elle juxtaposée au passage relatif aux vêtements des Cohanim?
Pour t'apprendre que les vêtements des Cohanim expiaient les fautes, ainsi la mort des Justes expie les fautes."

-> Suite à cela, le rav Eliyahou Lopian (discours de Kippour en 1959) répond à la question ci-dessus :
"En réalité, Yom Kippour diffère effectivement des autres fêtes, en cela que de nombreux autres "jour de Kippour" peuvent survenir pendant l'année.
Cela se produit à chaque fois qu'un Juste (tsadik) meurt.

Nous adressons donc nos prières au Maître du monde, et Lui demandons que Yom Kippour n'arrive vraiment qu'une seule fois l'an.
Voici ce que la Torah suggère par cette précision.
[...]
Le décès de certains tsadikim offre une expiation à ses proches et aux membres de sa famille.
La mort de tsadikim plus grands efface quant à elle les fautes de tous ses concitoyens.
Mais lorsque le maître de la génération vient à décéder, il offre une expiation à tous les hommes de son époque!"

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-> "De même que Yom Kippour expie les fautes d'Israël, de même la mort des tsadikim expie [nos fautes]"
[Rabbi 'Hiya bar Ba - guémara Yérouchalmi Yoma 1,1]

-> Lorsqu'un tsadik meurt, son âme va au Ciel dans le monde des néchamot.
Les âmes des autres tsadikim se réjouissent alors qu'il les rejoigne, et cela entraîne qu'il y a un moment propice (ét ratson) également dans ce monde.

Ainsi, la mort d'un tsadik est un moment propice pour faire téchouva.
Cependant, il faut savoir que Yom Kippour et la mort des tsadikim n'expient pas automatiquement les fautes. Ce sont des moments favorables où la téchouva est plus facilement acceptée.
=> Il faut donc avoir conscience de cela, et saisir ces opportunités lorsqu'elles se présentent à nous.
[Messekh 'Hokhma]

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-> On a pu citer la guémara (Moèd Katan 28) : "Pourquoi, dans la Torah, la mort de Myriam est-elle juxtaposée au passage relatif à la vache rousse?
Pour t’apprendre que de même que la vache rousse expiait les fautes, ainsi la mort des tsadikim expie les fautes".

Le 'Hatam Sofer enseigne qu'à la mort de Myriam, le peuple juif a échoué à prendre son deuil comme il le fallait.
Ainsi, sa mort a servi de réparation (tikoun) pour le peuple juif dans sa globalité, comme la vache rousse. Cependant, puisqu'ils n'ont pas ressenti sa perte à un niveau personnel, cela n'a pas expié les fautes de chaque individu.

Par contre, au moment de la mort de Nadav et Avihou, le verset dit : "tout le peuple d'Israël a pleuré leur mort". Puisque leur perte a été ressentie à un niveau individuel, alors la mort de ces 2 tsadikim a permis d'expier les fautes à la fois individuellement, que collectivement.

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- "La mort des tsadikim est équivalente à l’incendie du Temple" (guémara Roch Hachana 18b) ;
- la mort des tsadikim est pour D. une perte plus grande que la brisure des Tables de la Loi (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1) ;
- "celui qui rend visite au tsadik, c’est comme s’il accueillait la Chékhinah" (Tan’houma Ki Tissa 27)

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-> Le Midrach dit : "La disparition des tsaddikim est plus pénible pour Hachem que les 98 malédictions énoncées dans Dévarim et que la destruction du Temple".

=> Comment comprendre une chose pareille ?

Lors de l’oraison funèbre du ‘Hafets ‘Haïm, le Rav Pessa’h Proskin, président du tribunal rabbinique et directeur de la yéchivat Kovrin, a expliqué : "Lorsque le Temple a été détruit, D. trouvait une petite consolation dans l’existence des tsadikim. En effet, tant que ceux-ci vivent, les maisons d’étude (qui sont de petits Temples) sont bien établies et les justes y sont installés et y étudient la Torah, ce qui n’est plus le cas lors de leur disparition, après laquelle il ne reste plus aucune consolation.
C’est la raison pour laquelle le départ des tsadikim est plus pénible pour D. que la destruction du Temple".

"Pourquoi le chapitre relatif aux explorateurs fait-il immédiatement suite à celui de Myriam?

Parce qu’elle a été punie pour avoir calomnié son frère, et ces dépravés, qui ont pourtant assisté à cet événement, n’en ont pas tiré la leçon." (Rachi - Chéla'h Lé'ha 13,2)

-> Le rav Aharon Leib Steinman (Ayélet haCha'har) dit qu'il est certes plus grave de parler négativement d'un être humain que d'un objet inanimé, mais les explorateurs aurait néanmoins dû apprendre de Myriam l'importance de prendre soin d'utiliser positivement son langage.

-> Le rav Shlomo Margolis (Darké haChlémout) enseigne que l'erreur des explorateurs a été de voir la terre d'Israël comme des pierres et des branches inanimées, et dans ce cas il n'y avait pas de leçon a retenir de la punition de Myriam.

Mais en réalité, la sainteté de la terre d'Israël rend chaque élément du pays aussi vivant et réel qu'un être humain.
A la différence du restant du monde, Israël n'est pas une vulgaire terre sans vie ...

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"Kalev fit taire le peuple à l'endroit de Moché et dit : "Nous monterons assurément et la conquerrons, car nous le pouvons certainement!" (Chéla'h Lé'ha 13,30)

Pourquoi est-ce particulièrement Kalev qui a essayé de réduire au silence les explorateurs, et non pas Yéhochoua pour lequel Moché a prié?

Selon rabbi Yéhouda Gross, une réponse est que Kalev était le mari de Myriam, et il a ainsi été témoin aux premières loges des conséquences dévastatrices du lachon ara, en étant témoin de ce que c'est passé avec sa femme.

Or, Rachi explique que ce qui a poussé les explorateurs à fauter c'est de ne pas avoir appris de l'épisode de Myriam.
C'est pourquoi, c'était spécifiquement à Kalev, qui était très sensible aux dangers du lachon ara, et qui a tout fait pour mettre un terme à cela.

"Tu feras un pectoral de jugement" (Tétsavé 28,15)

Ce verset débute la description du 'Hochen, le pectoral que portait le Cohen gadol.

-> La guémara (Shabbath 139a) rapporte que Aharon a mérité de le porter car il a ressenti de la joie en son cœur lorsque Hachem a choisi Moché pour mener la libération d'Egypte, et ce malgré le fait que lui (le frère aîné) était déjà le responsable du peuple juif en Egypte depuis des dizaines d'années.
[Aharon mérita de porter le ’Hochen Hamichpat sur son cœur, du fait qu’il se "réjouit en son cœur", quand il vit son jeune frère, Moché, revenir en Egypte avec le nouveau titre de dirigeant du peuple (ce qui signifiait qu’il prendrait sa place de dirigeant). Le ’Hochen Michpat n’était pas un simple vêtement, il était composé des Ourim Vétoumim.]

-> Selon le Maharacha, la joie qu'avait Aharon (de savoir Moché responsable du peuple à sa place) était complète et totale.
Puisque Aharon se réjouit dans son cœur, mesure pour mesure, il mérita de porter le 'Hochen Hamichpat qui se positionne au niveau du cœur. Cela nous indique que sa joie n’était pas extérieure, mais qu’il était sincèrement heureux devant le succès de son petit frère, même si cela signifiait qu’il perdait sa place de chef.

-> Le Drachot haRan propose une symbolique plus profonde sur le lien entre la joie d’Aharon et le ’Hochen Hamichpat.
A quoi servaient les Ourim Vétoumim présents sur ce vêtement?
Si le peuple juif avait une question d’ordre national, on demandait au Cohen Gadol de la poser aux Ourim Vétoumim et les lettres du ’Hochen Hamichpat s’allumaient de façon à épeler la réponse miraculeusement communiquée. Ainsi, les Ourim Vétoumim équivalaient presqu’à une prophétie puisque le Kohen Gadol recevait les paroles d’Hachem.
Le Ran souligne que la prophétie n’était pas forcément accordée au Cohen Gadol. Le rôle de ce dernier concernait la 'Avoda tandis que les prophètes avaient une mission tout à fait différente. Alors pourquoi était-ce précisément le Cohen Gadol qui était choisi pour communiquer avec Hachem via les Ourim Vétoumim, d’une manière pseudo-prophétique?

Le Ran répond que c’est dû à la réaction d’Aharon quand il entendit que son frère allait diriger le peuple juif à sa place. Nos Sages enseignent qu’Aharon fut prophète durant les 80 ans où il dirigea le peuple juif avant que Moché ne le fasse. Donc, il aurait été compréhensible qu’il éprouve une certaine peine à perdre sa place de chef et son titre de prophète. Mais c’est le contraire qui se produisit. Aharon ressentit une joie sincère quand il accueillit Moché qui venait d’être nommé dirigeant et prophète du peuple.
Mesure pour mesure, en récompense pour cette joie, Aharon mérita la prophétie à travers le contrôle des Ourim Vétoumim.
[on voit de là que l'on ne perd rien à se réjouir du bien d'autrui, au contraire!]

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-> Selon le midrach (Yalkout Chimoni Vayéchev 141), si Aharon avait su que Hachem allait écrire dans la Torah qu'il s'est réjouit dans son cœur lorsqu'il est allait accueillir son frère à l'annonce de la nouvelle de sa "promotion", Aharon serait venu l'accueillir avec des tambours et en dansant.

=> Il semble y avoir une contradiction : est-ce que Aharon exprimait le maximum de joie ou pas?

-> Le midrach (Vayikra rabba 34,8) explique que si Réouven avait su que la Torah le louerait pour avoir essayé de sauver Yossef (cf.Vayéchev 37,21), il aurait porté sur ses épaules Yossef, et l'aurait rapporté à son père Yaakov.

Le Sfat Emet explique que Réouven pensait que cet acte de bonté était une action privée.
Il n'a pas réalisé l'impact phénoménal des conséquences de son action.
S'il avait conscience qu'elle serait écrite dans la Torah, devenant ainsi une leçon éternelle pour les juifs, il aurait investi encore plus de lui-même.

On peut penser qu'il en a été de même avec Pharaon.
A l'annonce du rôle de Moché, sa joie était totale et il a exprimé toutes les émotions dont il se pensait capable.
Cependant, il pouvait aller encore au-delà.

[Si nous avions conscience de l'importance de nos actions, nous nous investirions toujours davantage.
Au-delà de l'impact immédiat pour l'ensemble du monde (que nous pouvons élever!), que souhaitons-nous voir écrit dans le Livre de notre vie? ]

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2015/02/16/la-relation-entre-moche-et-son-frere-aharon

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-> "Et voici les vêtements qu'ils feront : un Pectoral et un Ephod ... Aharon portera les noms des Bné Israël sur le Pectoral du jugement, sur son coeur" (Tétsavé 28,4-29)

-> Le Arizal écrit : "le sod du Pectoral ('hochen - חֹשֶׁן) est le même que celui du din, et c'est pour cela qu'il est appelé ainsi car il caractérise la pleine mesure de la rigueur.
Effectivement, le Pectoral (חֹשֶׁן) est constitué des mêmes lettres que le mot : serpent (na'hach - נחש) qui incarne la force du din".

"Aharon portera ... le Pectoral du jugement sur son cœur" (Tétsavé 28,29) : d'après la kabbala, le cœur contient une lumière et une énergie uniques qui jaillissent vers l'extérieur, ce qui atténue la rigueur du din.
Les 12 pierres qui constituent le Pectoral correspondent aux 12 tribus et lorsqu'Aharon les porte sur son coeur, il atténue toutes les rigueurs qui peuvent porter atteinte aux Bné Israël.
Aharon a mérité de devenir Cohen Gadol car il était juste et son cœur était entièrement rempli de 'hessed et de bonnes énergies. Puisqu'il aimait la paix et recherchait la paix, il a mérité que les lumières des 'hassadim (bontés) qui émanaient de son cœur adoucissent les rigueurs de tout le peuple d'Israël.

Celui qui n'éprouve pas d'amour, de bienveillance et d'empathie envers son prochain mais au contraire, ressent de la jalousie, de la haine ou de la rancune, renforcera les mauvais décrets qui ne sont que des mauvaises énergies déployées contre lui-même. Il en subira, ainsi que les membres de sa famille, les funestes conséquences que D. l'en préserve.
Ainsi, celui qui veut se renforcer dans le bien, la bénédiction, l'abondance et s'écarter des maladies et des obstructions devra s'habituer à juger son prochain de façon bienveillante et renforcer ses bons traits de caractère.

[rav Yaniv Yaakov - rapporté dans le Tsror ha'Haïm]

"Ils firent la plaque frontale, la sainte couronne, en or pur, et ils inscrivirent dessus une inscription gravée comme un sceau : "Saint pour Hachem". " (Pékoudé 39,30)

-> La guémara (Arakhin 16a et ainsi que Zéva'him 88b) dit que ce vêtement [que le Cohen gadol porte] servait de réparation aux personnes qui sont effrontées.

-> De même, le Zohar enseigne que lorsque le Cohen gadol porte la plaque frontale (le tzitz) cela va neutraliser et calmer les effrontés du monde entier.

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-> "Yehouda ben Teima avait coutume de dire : "L’effronté est voué au Guehinam et celui qui est réservé, au Paradis. Puisse être Ta volonté, Hachem notre D. et D. de nos pères, que le Temple soit reconstruit prochainement, en nos jours et de nous accorder notre part dans Ta Torah." (Pirké Avot 5,20)

Il y a un lien entre 3 éléments : l'effronté, le Temple et la Torah.
Pourquoi cela?

Selon le Tzvi lé'Israël, l'auteur de cette michna : Yéhouda ben Teima, s'est rendu compte à quel point les effrontés causent de nombreuses souffrances à de bonnes personnes.
En réponse à cela, il va prier Hachem de ramener le Temple, car ainsi le Cohen gadol portera de nouveau la plaque frontale (le tzitz), ce qui permettra de neutraliser ces gens.

Il a également prié pour la Torah, car la guémara (Bétsa 25b) assure que la Torah a été donné aux juifs afin de neutraliser notre effronterie et notre ardeur naturelle.

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-> L'effronterie est une faute si grave qu'elle a causé la destruction de Jérusalem.
C'est pourquoi nous prions d'acquérir la réserve, grâce à elle, le Temple sera reconstruisit.
[...]

L'effronterie cause le manque de pluie.
En effet, la gratitude constitue l'un des fondements du judaïsme. Il est évident que peu de défauts surpassent l'ingratitude.
Nous devons toujours être conscients de tous les bienfaits que Hachem nous a accordé et agir comme si D. était notre créancier.
Comme l'effronté n'est pas conscient de la miséricorde Divine et agi comme si D. lui devait quelque chose, alors D. retient le bien qu'Il aurait désiré offrir et ne donne pas la pluie.
Or, il n'est rien dont l'humanité ait plus besoin que la pluie.
[...]

Si une personne n'a pas la qualité de retenue, on peut conclure que ses ancêtres n'étaient pas présents au mont Sinaï, lors du don de la Torah.
Sa nature effrontée montre sans doute possible qu'elle faisait partie de la multitude de nations (érev rav) qui ne se trouaient pas au mont Sinaï. [Sifté Cohen]
[Méam Loez - Tétsavé 28,39]

"Ils feront pour Moi un Sanctuaire et Je résiderai parmi eux" (Térouma 25,8)

-> Selon le Rambam (Hilkhot Beit haBé'hira 1,1), ce verset non seulement nous donne la mitsva de construire le michkan, mais également les futurs Temples.

-> Rachi et les Tossafot (guémara Soucca 41a) disent que le 3e Temple sera construit par Hachem lui-même et qu'il descendra du Ciel.

=> Il semble à priori que les juifs n'auront plus jamais l'occasion de réaliser cette mitsva.
Cependant le Maharil Diskin dit que ce n'est pas le cas.
Pourquoi cela?

Il est écrit dans Eikha (2,9) : "Ses portes se sont enfoncées dans le sol".
Pourquoi n'ont-elles pas été détruites?

Selon le Maharil Diskin, c'est pour permettre dans le futur aux juifs de placer eux-mêmes ces portes dans le 3e Temple.
Quelle en est la raison?

La guémara (Baba Batra 53b) dit que le fait de mettre les portes d'un édifice est un moyen de l'acquérir, et c'est comme si on l'avait construit nous-même.

=> Ainsi, en plaçant les portes du 3e Temple, nous aurons de nouveau l'opportunité d'accomplir la mitsva de : "Ils feront pour Moi un Sanctuaire".

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-> Le Rambam (Hilkhot Méla'him 11,1) écrit que le roi machia'h devra restituer la royauté de la maison de David, ... reconstruire le Temple et réunir le peuple d'Israël.

=> Comment concilier cela avec l'enseignement : "Dans le futur, le Temple sera de feu et descendra du ciel déjà construit" (guémara Soucca 41a).

-> Le Arou'h laNer explique : ce sera effectivement le machia'h qui reconstruira le Temple, cependant, après avoir fini la construction du Temple, Hachem fera descendre un Temple de feu depuis le ciel qui s'intègrera dans ce 3e Temple terrestre de la même façon que la néchama entre dans le corps de l'homme.