Aux délices de la Torah

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"Un feu permanent (éch tamid) sera entretenu sur l’autel, il ne devra pas s’éteindre" (Tsav 6,6)

-> On a : "un feu permanent ... sera entretenu ... ne devra pas s'éteindre."
Selon nos Sages cela met en avant l'importance de traduire une inspiration en une action, et de tout faire pour garder en nous ce feu qu'elle a allumé, le temps passant.

-> Le Rabbi de Loubavitch, rabbi Ména'hem Mendel Schneerson explique ce verset :
"Dans chaque homme existe un autel : le cœur.
C’est en lui que brûle le feu de l’amour de D.

Souvent ce feu ne brûle pas au grand jour, mais couve sous les braises, invisible, et pourtant existant.
C’est à l’homme qu’il incombe de ranimer cette étincelle, de raviver la foi enfouie dans son cœur et de la nourrir de "matières inflammables" : la Torah et les commandements.

L’homme se doit donc de préserver ce feu pour qu’une flamme claire illumine sa vie quotidienne."

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-> "Un feu permanent (tamid) sera entretenu sur l'Autel"

Le livre Likutei basar likutei écrit qu'il faut observer les paroles :
-> " Je fixe en permanence (tamid) mes regards sur Hachem" (chiviti Hachem lénegdi tamid - Téhilim 16,8) ;
-> "qui a le cœur content est en permanence (tamid) en fête (vétov lev michté tamid - Michlé 15,15).

=> Tout juif doit s'assurer que brûle toujours en lui un feu : de émouna et de joie.

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+ "Un feu permanent sera entretenu sur l’autel, il ne devra pas s’éteindre"

-> Le Chla haKadoch dit que de nos jours, notre table à manger est comparé à l'Autel (mizbéa'h), qui est le lieu où toute la famille se retrouve pour célébrer Shabbath, les Yamim Tovim, ...
A quel type de feu fait-on référence?

A chaque repas, il doit y brûler le feu de la Torah.
Rabbi Guttman commente que l'idée est que nous ne devons pas nous abaisser aux préoccupations des non-juifs (ex: la politique, le commérage), mais nous devons plutôt élever notre vie quotidienne en y mettant notre Torah de vie!
C'est grâce à ce feu d'amour pour Hachem et Sa Torah, que nous pourrons transmettre le flambeau à la génération suivante. En effet, plus nos enfants remarquent à quel point cela est important à nos yeux, à quel point cela apporte de la joie, du sens (et non un fardeau), plus ils ont envie de suivre ce chemin.

=> Le verset prend alors tout son sens : si tu entretiens toujours ce feu sur l'Autel (à table), alors il ne s'éteindra jamais, puisque tes enfants suivront ton exemple!

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+ "Voici la loi (litt. Torah) de l'offrande de l'élévation (aola - litt. qui monte) : c'est l'offrande d'élévation sur le feu de l'Autel" (Tsav 6,2)

-> De façon plus littérale, ce verset peut être traduit ainsi : "Ceci est la Torah qui monte, elle monte sur le feu de l’autel".
En effet, la Torah que l'on étudie, pour pouvoir monter dans les Cieux et parvenir auprès d’Hachem, devra être étudiée avec amour, enthousiasme et ardeur.
Cela est en allusion dans ce verset : "Ceci est la Torah qui monte", pour que la Torah puisse monter, il faut qu’elle soit étudiée "sur le feu de l’autel", avec le feu sacré de l’amour et de l’enthousiasme.
[Toré Zahav]

-> "Ordonne à Aaron et à ses fils ce qui suit : Voici la loi de l'offrande de l'élévation : c'est l'offrande d'élévation sur le feu de l'Autel"
Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°567) enseigne :
"La Torah a utilisé le mot "tsav" (ordonne) parce que nous avons appris dans la guémara Kidouchin (29a) : "Le mot "tsav" est une façon d’inciter à l’empressement, maintenant et pour toutes les générations".
Mais quand est-ce que l’homme devient empressé?
Uniquement dans quelque chose qu’il aime, et certainement pas dans une chose à laquelle il est habitué. Toute
la puissance du sacrifice de l’holocauste est que les Cohanim soient empressés quand ils accomplissent les mitsvot, et que tous les juifs les regardent, et imitent ensuite les Cohanim qui servent D.
L’essentiel de la base de la Torah est que les grands de la génération l’accomplissent et que tout le peuple les voie et ensuite les imite, ainsi la sainte Torah sera naturelle dans la bouche de tout juif ...
Les grands de chaque génération sont pour cette génération comme Moché, ainsi que le dit le Zohar : "Il y a un peu de l’âme de Moché dans chaque génération et dans chaque tsadik"."
[on peut apprendre davantage des actions (même celles les plus banales) de notre rav que de ses enseignements]

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-> "Un feu continuel sera entretenu sur l’autel, il ne devra pas s’éteindre" (Tsav 6,6)

"Dix miracles se produisaient pour nos pères dans le Temple : ... les pluies n’éteignaient pas le feu des bois de l’autel" (Pirké Avot 5,5).

=> C’est étonnant : Y a-t-il quelque chose d’extraordinaire pour Hachem? Il aurait pu faire en sorte que les pluies ne tombent pas du tout sur l’autel, et Il n’aurait alors pas eu besoin d’un si grand miracle!

Rabbi ‘Haïm de Volozhin expliqu que ceci nous guide vers le comportement souhaitable à adopter : nous ne devons en aucun cas abandonner notre place dans le service sacré. Tout comme le feu était entretenu en permanence sur l’autel et ne s’éteignait pas malgré la pluie qui s’abattait sur lui, nous devons rester sur nos positions et ne pas nous écarter de notre service de D. malgré toutes les raisons qui perturbent notre quotidien.
La plupart des gens cherchent à justifier leur manque d’étude par le prétexte du souci de la subsistance. Mais en réalité, chacun doit savoir faire confiance à Hachem pour lui donner ce dont il a besoin et veiller à ce que les "pluies", soit tout ce qui concerne la matérialité et la subsistance, n’éteignent pas le feu, qui représente la Torah au sujet de laquelle il est dit : "Est-ce que Ma parole ne ressemble pas au feu?"

-> Le secret pour nager est de ne jamais laisser sa tête totalement sous l'eau (ou très brièvement).
Nous vivons dans un monde [matériel] qui nous attire vers lui, et nous devons toujours être vigilant à avoir notre tête au-dessus de l'eau, c'est-à-dire à ne pas se permettre d'être totalement submergé par les préoccupations du quotidien.
[rabbi Ména'hem Mendel de Kotzk]

-> Notre cœur est l'Autel (mizbéa'h). Dans tout ce que vous entreprenez [ex: dans le train-train de notre vie matérielle], laissez une étincelle de feu sacré brûler en vous, afin de la transformer en flamme.
[Baal Chem Tov - Tsav 6,6]

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+ "Voici la loi (litt. Torah) de l'offrande de l'élévation (aola - litt. qui monte) : c'est l'offrande d'élévation sur le feu de l'Autel" (Tsav 6,2)

-> Le Ben Ich ‘Haï explique ce verset en rapport avec l’histoire d’un grand sage qui est entré au beit hamidrach et y a vu beaucoup d’élèves en train d’étudier par le "pilpoul" de façon acérée, mais il a compris que tous étudiaient la Torah avec un but ultérieur.
Il leur a dit : Je vois le beit hamidrach rempli de Torah jusqu’à ras bord, et les élèves se réjouirent de ces paroles, car ils pensaient qu’il parlait pour leur faire un compliment.
Quand le sage vit qu’ils n’avaient pas compris ses paroles, il leur dit : Sachez que le souffle de l’étude monte devant Hachem, car la Torah s’appelle "feu" et la nature du feu est de monter. Mais si l’étude a des raisons intéressées, le souffle de la Torah n’a pas la force de monter, car d’en haut on le repousse, et il reste dans le beit hamidrach.
C’est pourquoi j’ai dit que je vois le beit hamidrach rempli de Torah ...

=> Ceci se trouve en allusion dans le verset "voici la loi (Torah) sur l’offrande de l'élévation" (Torat aOla - תּוֹרַת הָעֹלָה - litt. qui monte), c’est-à-dire que la Torah de la meilleure qualité "c'est l'offrande d'élévation" qui monte (olé) immédiatement en haut et n’est pas repoussée vers le bas. A une condition, qu’elle soit "sur le feu de l'Autel" = que l’étude se fasse avec enthousiasme et pour l’amour du Ciel uniquement.

-> Cela est également applicable avec l'enseignement du Tikouné Zohar : "La Torah qui n’est pas étudiée avec crainte et amour ne s’envole pas vers le haut".

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-> "Ordonne à Aaron et à ses fils pour dire : Voici la loi de l'offrande de l'élévation : c'est l'offrande d'élévation sur le feu de l'Autel" (Tsav 6,2)

Ramban dit : l’essentiel du sacrifice est que le pécheur voit comment on égorge le sacrifice, on jette son sang et on brûle ses membres, et qu’il pense en son cœur qu’en réalité, c’est lui-même à qui il conviendrait de faire tout cela. Mais Hachem dans Sa bonté accepte le corps de la bête à la place de son propre corps ; cela éveille en l’homme des pensées de repentir et de regret de ses mauvaises actions.

C’est ce que dit Hachem : "Ordonne à Aharon et à ses fils - pour dire" : qu’ils disent à tout homme d’Israël qui apporte un sacrifice : "ceci est la loi (torat - תּוֹרַת) de l’holocauste", l’essentiel de la Torah et de la leçon à apprendre du sacrifice est qu’il doit être un "holocauste", lui-même, celui qui offre le sacrifice.
Qu’il soit l’holocauste, qu’il mette son cœur à réfléchir que tous les actes exécutés sur la bête, c’est à lui qu’il aurait fallu les faire.
"sur le feu de l'Autel" : en réalité, le feu de l’autel devrait consumer le corps de celui qui offre. Mais Hachem a eu pitié de l’homme et Il accepte le sacrifice à sa place.
Si l’homme comprend cela et améliore ses actes, alors son sacrifice sera accepté par Hachem.
[haDrach véHaIyoun]

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-> Le midrach (Chir haChirim rabba) nous rapporte l'histoire de 'Hananya, Michaël et Azarya allant dans la fournaise car ils avaient refusé d'accorder le moindre crédit à l’idolâtrie.

Névou'hadnétsar a ordonné qu'ils soient jetés dans la fournaise ardente, mais au final ils en sont sortis sains et saufs, n'ayant même pas l'odeur de la fumée!
Une importante foule a pu être témoin de cet énorme miracle.

De façon étonnante le midrach demande : Quel est l'élément de kidouch Hachem dans cet épisode?

=> Comment comprendre cette question du midrach alors que 3 tsadikim juifs ont miraculeusement survécu au feu d'une fournaise ardente?

Le rav Eliyahou Dessler nous donne une explication à ce sujet.
Le kiddouch Hachem n'est pas dans l'événement initial, mais dans ce qui va en suivre.
En effet, si un énorme miracle ne produit pas d'effets par la suite, il n'y a pas de kiddouch Hachem.
A l'inverse, une petite action qui produit des effets positifs (Quelle honnêteté, quelle droiture!), est un kiddouch Hachem.

Le rav Dessler dit que la foule a pu voir l'énorme miracle de la fournaise, mais ils ont cependant continué à vivre comme avant, rentrant ensuite chez eux faire de l'idolâtrie.

=> Ressentir une belle inspiration, voir un miracle, cela n'a que peu d'importance, si nous ne transformons pas cela en quelque chose de concret.
Le feu brûle en moi sur le moment, mais après qu'en reste-t-il?

[Tâchons au maximum d'éviter une déperdition entre le : "j'aimerai faire, je devrais faire", et ce qu'on va finalement faire.
Travaillons à conserver l'enthousiasme initial en alimentant dans le temps ce feu interne d'amour pour Hachem.]

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-> Sur ce sujet voir aussi : https://todahm.com/2018/01/02/5950

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+ "Toute l'assemblée des enfants d'Israël se retira de devant Moché. Puis vinrent tous les hommes (kol ich) portés par leur cœur" (Vayakél 35,20-21)

Il y a un passage de "toute l'assemblée" (impliquant l'ensemble des juifs) à "tout homme" (kol ich : le terme ich est un singulier), impliquant que la taille de la foule a fondu.
Pourquoi cela?

Le 'Hida répond que cela fait référence à une réalité de la vie commune.
Au départ tout le monde a été excité en entendant de Moché ce qu'il fallait faire, mais quand est venu le moment de sortir le chéquier pour contribuer au michkan, beaucoup de personnes se sont refroidis.

L'inspiration initiale ressentie par "toute l'assemblée" sur la construction du michkan s'est dissipée au moment de mettre la main à la pâte.
La construction du Sanctuaire repose alors sur "kol ich", ces quelques personnes restants qui ont réussi à passer du potentiel à la réalité, de leur aspiration à l'action.

[nous sommes souvent plein de bonne volonté dans nos actions, mais à partir du moment où il faut commencer à agir, beaucoup de ces aspirations s'évaporent!]

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-> Selon la loi juive (par exemple : Choul'han Arou'h 180,5 ; Michna Broura 180,11), nous avons l'habitude de recouvrir les couteaux à notre table au moment de réciter le birkat hamazon.

Il y a 2 raisons principales à cela :

1°/ Le métal étant souvent utilisé pour raccourcir la vie, tandis que la table est comparée à Autel du Temple (cf. 'Haguiga 27a), qui allongeait la vie.
La vision du couteau est incompatible avec l'émotion de notre remerciement à Hachem pour notre repas.

2°/ Nous couvrons les couteaux car une fois une personne disant : "ou'vné Yérouchalayim" (que Hachem reconstruise Jérusalem) s'est alors poignardée, submergée par la tristesse que cela ne soit pas encore arrivé.

[c'est une réaction normale à avoir (au point d'être pris en compte dans la halakha!), c'est nous qui sommes trop apathiques dans notre douleur liée à la perte du Temple]

Concernant la 2e raison, le rav Chatzkel Levenstein demande : en quoi le fait de couvrir les couteaux à table peut-il aider?
Si quelqu'un a beaucoup de peine sur la destruction de Jérusalem au point de se poignarder, en quoi un petit bout de papier/tissu, va-t-il l'en dissuader?

Rav Levenstein répond que la majorité des gens sont paresseux, au point qu'une fois que le couteau est recouvert nous n'avons pas a craindre qu'ils fassent l'effort de le découvrir dans le but de s'en saisir pour se poignarder.

=> Nous avons tous de très belles aspirations, mais leur conversion dans la pratique va malheureusement en éliminer la majorité.
Par exemple, une douleur immense sur la perte de notre Jérusalem, va être réduite à néant par un petit bout de serviette trop fatiguant à nos yeux à retirer.

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-> Les kabbalistes ont donné une raison supplémentaire pour enlever le couteau : quand on mange, il y a sur la table : sakin (couteau), mela'h (sel), okhél (nourriture) et lé’hem (pain), dont les initiales forment ensemble le mot Samaël, qui est le nom de l’ange du mal.
C’est pourquoi à la fin du repas on enlève le couteau et on laisse sur la table mela’h (sel), okhél (nourriture), le’hem (pain) et kos (le "verre" du Birkat HaMazone), dont les initiales forment ensemble le nom de l’ange Michaël, qui est un ange de miséricorde.

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+ "Un feu continuel brûlera sur l'autel, il ne devra pas s'éteindre" (Tsav 6,6)

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 132) enseigne :
"Il est bien connu dans notre tradition que les grands miracles que D. dans Sa grande bonté, opère en faveur des hommes sont toujours réalisés de manière voilée.
En effet, lorsqu'on les observe, ils semblent véritablement relever des lois de la nature, ou de s'en approcher tout au moins.

Ainsi, même au sujet de l'ouverture de la mer Rouge, qui fut un miracle évident, le verset précise pourtant : "Hachem fit reculer la mer toute la nuit par un vent d'est impétueux, Il mit la mer à sec et les eaux furent divisées" (Chémot 14). [il était possible de justifier ce miracle Divin, et de la banaliser : c'est normal, il y a eut un coup de vent d'une force rare!]
Toute personne intelligente comprendra que ce voile [placé devant tout miracle] atteste de la grandeur du Créateur, et de la petitesse des créatures.

En vertu de ce principe, la Torah nous ordonne d'allumer un feu sur le mizbéa'h. Or, bien qu'un feu descendit du Ciel à cet endroit, nous y étions cependant tenus afin de dissimuler le miracle. En effet, le feu qui descendait du Ciel n'était pas perceptibles à l’œil humain [car D. réalise pour nous de grands miracles d'une manière voilée]."

=> Si cela est vrai pour les miracles exceptionnels, combien encore davantage pour ceux qui sont fréquents, dissimulés dans la normalité de la vie!!
Ainsi, si nous n'avons pas "un feu continuel" de émouna qui brûle en nous, alors nous sommes dans l'obscurité et n'avons pas la possibilité de distinguer l'évidence : Hachem fait en permanence pour chacun d'entre nous des miracles!
[ex: si l'ensemble de nos facultés humaines fonctionne correctement, ce n'est pas une normalité des lois de la nature, mais plutôt grâce à la bonté de D. qui à chaque instant recrée le monde!]

[lorsque l'on sait remercier Hachem au maximum pour Sa bonté à notre égard, alors on entretient en nous un feu d'amour pour Lui.
La résultante est : s'il est si bon, alors c'est la moindre des choses que de faire Sa volonté au mieux avec enthousiasme, avec joie! (on est alors capable de sacrifier ses envies, pour celles de D., et ce avec le sourire!)]

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"Il lèvera la cendre que le feu aura consumé" (6,3)

-> On peut voir dans ce verset une allusion dans le Service d’Hachem.
Quand une personne lève la cendre et s’inspire d’elle, en se remplissant d’humilité, à l’image de Avraham qui dit : "Je suis poussière et cendre", alors il méritera d’être "consumé" par le feu sacré.
=> Ainsi, pour mériter d’être enflammé et enthousiasmé dans le Service d’Hachem, pour être empli du feu sacré, il faut commencer par s’emplir d’humilité et de modestie, au point de se voir "comme terre et cendre".
[Déguel Ma'hané Efraïm]

-> Chaque matin, la 1ere tâche que devait faire le Cohen en entrant dans le Michkan était de retirer les cendres qui se sont accumulées par tous les sacrifices de la veille.
Le 'Hovot haLévavot explique que la Torah ne voulait pas que la position élevée du Cohen lui monte à la tête, qu'il en vienne à se voir comme meilleur que les autres.
C'est pourquoi sa 1ere mission était de retirer les cendres (regarde la fin de toute animalité!).

-> Rabbénou Yona demande pourquoi est-ce que la Torah juxtapose la mitsva de nettoyer les cendres de l'Autel (téroumat hadéchen), avec celle du Korban Ola (l'offrande de l’élévation).
Il explique qu'une personne doit réaliser que ce qui peut paraître aux yeux humains comme une tâche indigne (ex: faire le ménage sur l'Autel!) est en réalité de la plus haute importance aux yeux de Hachem.
La mitsva de nettoyer l'Autel est introduite par le terme : "tsav" (un commandement Divin) = ainsi même l'acte le plus insignifiant de notre vie de tous les jours, lorsqu'il est réalisé selon la volonté de D. contient une énorme sainteté.
L'offrande d'élévation et le nettoyage, sont des moyens de nous élever spirituellement, de nous attacher davantage avec D., et nous ne devons pas mépriser ce qui semble indigne à nos yeux (l'essentiel n'est pas notre égo, mais de faire ce que Hachem désire!).

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-> "Il (le Cohen) sortira la cendre à l'extérieur du camp, dans un endroit pur" (Tsav 6,4)

Le rav Moché Sternbuch (Taam véDaat) enseigne :
La cendre fait allusion aux personnes qui ne sont pas douées de grandes capacités pour l'étude de la Torah et sa compréhension. Ils ont un esprit plus opaque qui ne leur permet pas d'exceller dans l'étude. Parfois, leurs parents constatant leur échec, préfèrent les destiner dans le monde du travail, dans un milieu profane et extérieur, relativement loin de l'esprit du judaïsme. Ils pensent qu'ainsi, ils réussiront mieux.
Mais la Torah dit que même la cendre, allusion à ces gens-là, même si on la sort à l'extérieur du camp et qu'ils ne peuvent s'investir comme il se doit sur les bancs des maisons d'étude, malgré tout, on doit les placer "dans un endroit pur". On doit les faire évoluer dans un monde certes extérieur à l'étude, mais qui reste pur, où l'esprit de la Torah et ses valeurs sont respectés, et on ne doit pas désespérer de ces personnes et les abandonner dans des lieux complètement profanes, D. Préserve.

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"Un feu continuel sera allumé sur l’autel" (Tsav 6,6)

-> Rachi explique que ce verset nous apprend que le feu des bougies de la Ménora (chandelier), qui est appelé "bougie continuelle" sera allumé à partir du feu de l’autel des sacrifices.
Que vient nous enseigner cela ?

-> Rabbi Moché Feinstein (Darach Moché) de répondre :
Les bougies de la Ménora représentent la lumière de la Thora. Cette étude doit se faire avec amour, joie et enthousiasme.
Seulement, tous ces sentiments doivent imprégner l’homme surtout avant d’étudier, quand on prend conscience de la grande mitsva qu'on va accomplir. Mais l’étude à proprement dite doit se faire avec beaucoup de calme et de sérénité, et pas avec des sentiments d’ardeur, qui risqueraient de mener l’homme à des erreurs de raisonnement.
Ainsi, le feu de la Ménora, qui symbolise le feu de l’étude, doit être allumé à partir de l’autel des sacrifices, qui se situe à l’extérieur du Michkan et plus tard, du Temple. Car cette ardeur doit surtout exister avant de pénétrer à même l’étude, quand on est encore un peu à l’extérieur.

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-> "Un feu permanent brûlera sur l'autel, il ne s'éteindra pas" (Tsav 6,6)

-> Le Divré 'Haïm commente :
un feu permanent doit brûler sur l'autel que représente le cœur de l'homme.
"Il ne s'éteindra pas" vient ajouter que même après avoir trébuché, il ne laissera pas la faute éteindre la ferveur qui l'anime, mais il poursuivra son Service d'Hachem. C'est toute la Torah!

"Et si son offrande (korbano) est d'entre le petit bétail, d'entre les moutons ou d'entre les chèvres, comme offrande d'élévation (ola)" (Vayikra 1,10)

"Et si son offrande à Hachem (korbano l'Hachem) est une offrande d'élévation (ola) d'entre les oiseaux, il apportera son offrande d'entre les tourterelles ou d'entre les jeunes colombes." (Vayikra 1,14)

-> Dans le cadre du korban ola, la Torah parle :
- de "korbano" : lorsque l'on apporte des moutons ou des chèvres ;
- de "korbano l'Hachem" : lorsque l'on amène des tourterelles ou des jeunes colombes.

Pourquoi une telle différence?

-> Le Ohr ha'Haïm explique que l'offrande faite avec des oiseaux est apportée par un pauvre, et une telle personne souffre souvent d'embarras.
C'est pourquoi le Nom de Hachem se trouve avec elle, faisant allusion au fait que Hachem se trouve parmi les pauvres et les humbles de Son peuple.

-> Selon le Zohar (Vayakél), une personne a de la chance d'avoir la visite d'un pauvre, et on doit voir cela comme si l'on recevait un cadeau de Hachem.

[un pauvre n'est pas un boulet, mais une occasion que D. nous donne afin d'acquérir des mérites si puissants que même un décret de mort sur nous en serait déchiré!]

-> Le Pélé Yoéts (Kavod haBriyot) dit qu'on doit réellement se lever lorsqu'un pauvre passe à côté de nous, car la présence divine est avec le pauvre.

Cela se base sur : "Il [Hachem] se tient à la droite de l'indigent (ev'yon), pour l’assister contre ceux qui condamnent sa personne" (Téhilim 109,31).

-> D'ailleurs, le 'Hafets 'Haïm a commenté ce Téhilim ainsi : "lorsqu'un pauvre ira au Ciel après sa mort, il se tiendra devant le tribunal céleste, et il aura Hachem comme avocat qui l'aidera, ce qui le fera sûrement obtenir le Gan Eden. Qui a-t-il de mieux que cela?"
[ce Téhilim : "ki yaamod léyamin ev'yon, léochia michofté nafcho" = Hachem se tient à la droite du pauvre, pour le sauver dans le jugement]

-> Lorsque sa femme est décédée, le 'Hafets 'Haïm a demandé qu'elle soit enterrée à proximité d'une femme pauvre, qui était morte peu auparavant.
Il a expliqué : "Dans les Téhilim, il est écrit : "ki yaamod léyamim ev'yon" ([Hachem] se tient à la droite de l'indigent - Téhilim 109,31). Il n'est pas dit que Hachem se tient à droite d'un tsadik, ou bien à droite des gaonim (génies en Torah). Mais plutôt, les pauvres méritent que Hachem se tienne à leur côté.
Je veux que ma femme soit également là-bas!"

-> Le rav Shlomo Kluger a également demandé à être enterré à côté d'un pauvre, avec la condition que le pauvre se soit comporté comme il le fallait de son vivant.

[Aux yeux du 'Hafets 'Haïm, les pauvres sont des gens qui bénéficient constamment d'une énorme proximité avec Hachem, et qui vont très probablement sortir gagnant du beit din d'en-Haut.
Combien nous devons respecter et veiller à ne pas froisser un pauvre!]

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-> "Si c’est un oiseau qu’on veut offrir en holocauste" (Vayikra 1,14)

Le Zohar (Vayikra 5a) commente :
Rabbi Yossi a demandé : "Pourquoi les lois concernant l’holocauste diffèrent-elles selon les sortes d’animaux : du gros bétail, du petit bétail ou un oiseau? Puisqu’il s’agit du même sacrifice (holocauste) et qu’on les brûlera tous de la même manière, pourquoi les distinguer l’un de l’autre?

En réalité, quiconque en a les moyens offrira du gros bétail. S’il ne le peut pas, il prendra du menu bétail. Enfin, s’il n’en a pas non plus la possibilité, il offrira un oiseau. En effet, il est dit : "Si cet homme est pauvre et que ses moyens sont insuffisants" : D. n’éprouve pas une personne au-delà de ses capacités."

Rabbi Elazar a déclaré : "Le sacrifice est à l’image de la faute". Un riche qui est parfois arrogant offrira un taureau, car il aura davantage tendance à fauter devant son Créateur. Un homme moyen offrira du petit bétail, car il n’a pas vraiment la volonté de fauter. Un pauvre, qui n’est pas arrogant du tout et dont la volonté est la moins affirmée, offrira le sacrifice le plus léger.

Les sacrifices sont reconnus individuellement. D. juge chaque personne de manière droite.

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-> Le rav Yaakov Klein enseigne que :
Il existe 4 catégories : les minéraux, les végétaux, les animaux et les humains.
Le minéral le plus élevé est le mont Everest avec 8 849 mètres, le végétal le plus élevé est un arbre qui fait environ 116 mètres de haut, l'animal le plus haut est la girafe avec environ 5 mètres, et enfin l'homme le plus grand de l'ère moderne est Robert Wadlow qui mesurait 2,72 mètres.
=> Cela peut s'expliquer ainsi : le moins une entité a de spiritualité, le plus elle a une matérialité élevée.

D'ailleurs, nos Sages disent qu'il y a une 5e catégorie dans la création : les juifs.
Cela peut expliquer pourquoi tout au long de l'histoire les juifs sont considérés de haut par les autres nations (ex: des sales juifs!).

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"Cette pierre que j'ai érigée en stèle sera une maison de D., et tout ce que Tu me donneras, j'en prélèverai régulièrement de la dîme à Ton intention" (Vayétsé 28,22)

Selon rabbi Moché Feinstein (Darach Moché), c'est le fait de prélever régulièrement des actes de bonté ('hessed) et de tsédaka, comme écrit à la fin du verset, qui va faire d'une maison : "une maison de D.", comme écrit au début du verset.

Rabbi Feinstein d'ajouter : "Même si vous accomplissez de nombreuses autres mitsvot (que la tsédaka), et même si vous n'avez aucune faute en votre nom, votre maison n'a pas le statut de : "maison de D.", tant que le 'hessed n'y est réalisé."

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+ Il est intéressant de noter que l'offrande apportée par les pauvres est moindre en taille (oiseau vs. animal domestique), mais en plus :
-> "avec ses plumes" (v.1,17).
Rachi commente : Il n'y a pas d'odeur plus répugnante que celle des plumes brûlées, et pourtant on ne les retire pas du volatile avant de les faire brûler sur l'Autel. Pour quel raison?
Parce que les offrandes d'oiseaux ne sont apportées que par des pauvres n'ayant pas les moyens d'acheter autre chose ; or, sans ses plumes, l'oiseau paraîtrait petit et insignifiant.
Il est donc préférable de supporter cette odeur afin que l'honneur de l'Autel soit rehaussé par l'offrande du pauvre.

Rabbi Yérou'ham Lévovitz (Daat Torah) fait remarquer que par nature les hommes aiment bien se mélanger avec ceux qui sont riches et célèbres, qui sont habillés à la perfection avec classe et dignité (si de telles personnes m'aiment, alors c'est que je suis également quelqu'un de bien!).
Tel n'est pas le cas avec les pauvres, qui ont souvent des habits déformés, les cheveux mal coiffés, une odeur pas toujours agréable. Généralement, les gens tournent leur nez en leur présence, et en sont dégoûtés (je vaux mieux que cela!).
Cependant, Hachem prend l'approche opposée, puisqu'Il recherche la compagnie des pauvres. Par exemple, Il nous demande d'offrir dans Son Temple ce qui a une odeur la plus répugnante possible (les plumes brûlés) par amour et sensibilité à la dignité du pauvre.
Tout spectateur des korbanot devait s'inspirer de cette odeur pour changer sa vision sur les pauvres, et les traiter avec dignité et honneurs.

Rabbi David Pinto (Voie à suivre n°1025) enseigne : "Si on séparait les ailes de l’oiseau, celui-ci se consumerait immédiatement, et le pauvre en éprouverait de la tristesse et de la jalousie vis-à-vis du riche, dont l’offrande, tirée du gros bétail, demandait de nombreux soins jusqu’à ce qu’elle soit brûlée, tandis que la sienne se consumerait rapidement. Afin de lui éviter cette peine, la Torah a ordonné que l’oiseau qu’il apportait soit sacrifié entier, avec ses plumes, de sorte à prolonger la durée de sa combustion et à procurer ainsi de la joie au pauvre. Nous en déduisons combien Hachem tient compte de l’honneur de Ses créatures."

-> Selon rabbi Yaakov Neimann (Darké Moussar), la Torah fait particulièrement attention à l’honneur du pauvre. C’est pourquoi elle enjoint au sujet de son offrande : "Qu’on la divise en morceaux", afin qu’elle ait l’air importante, la poêle en étant pleine.

-> "son jabot avec ses entrailles" (v.1,16)
Rachi commente : Elles ne peuvent pas être offertes sur l'Autel, car contrairement aux animaux nourris par leurs propriétaires, les oiseaux vont librement et mangent tout ce qu'ils trouvent sans s'inquiéter du vol.
[puisque dans le jabot, la nourriture n'est pas tout à fait digérée, on peut encore distinguer le produit du "vol"]
Or, il serait inconvenant de brûler de la nourriture "volée" sur l'Autel.
En revanche, ce problème n'existe pas pour le bétail : leurs entrailles peuvent donc être offertes sur l'Autel.

Rabbénou Bé'hayé dit que cela doit nous inspirer sur la gravité de la faute du vol. De même que Hachem rejette les entrailles des oiseaux de peur qu'elles ne contiennent des traces de nourritures volées, de même Il rejette ce que nous pouvons apporter et qui est souillé par de l'argent volé.
Parmi toutes les fautes (comme la débauche), celle qui a entraîné le Déluge est le vol, et le prophète Yirmiyahou (17,11) écrit sur celui ayant acquis son argent par le vol : "il devra l'abandonner et sa fin sera misérable".
Cette faute retire une personne de ce monde, lui refuse l'entrée dans le monde à venir, et elle a la particularité d'empêcher l'âme de se connecter à sa Source Divine.

=> "un arôme d'agrément" (réa'h nikhoa'h - v.1,17)
Rachi commente : Il est remarquable que les coûteuses offrandes de bétail et les modestes offrandes d'oiseaux soient pareillement qualifiées : d'arôme d'agrément.
Rachi de conclure : "cela pour t’enseigner qu’il importe peu que l’offrande soit importante ou modeste, pourvu que l’on élève son cœur vers le ciel".

[il est intéressant de constater qu'un oiseau (tourterelle ou colombe) est déjà beaucoup plus petit qu'un animal domestique tel qu'un mouton ou une chèvre, et en plus on va lui retirer ses entrailles et son jabot, ne laissant les plumes que pour que cela paraisse grand aux yeux du pauvre.
Or pour les 2, Hachem va témoigner de la même appréciation ("arôme d'agrément").

Le dénuement présent dans la vie d'un pauvre lui accorde davantage d'occasions de se considérer petit et dépendant de Hachem, de Le remercier sur la moindre petite chose, ... La quantité n'est pas là, mais la qualité du cœur l'est plus facilement!
A l'inverse, un riche se doit de brûler un sacrifice beaucoup plus important en taille (et valeur), en allusion à tous les nombreux écrans pouvant le séparer de D., par son attitude hautaine et détachée de D. (c'est ma réussite!, mes honneurs!, ma richesse!, ...).
La quantité est là, mais la qualité du cœur se doit d'être davantage consumée pour apparaître en toute sincérité (à l'image des animaux domestiques qui brûlaient plus longtemps que les oiseaux, car ayant davantage de matérialité qu'eux!).]

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-> "Qu'il fasse beaucoup ou peu n'importe pas, à condition que son cœur soit tourné vers le Ciel."
[guémara Béra'hot 5b - é'had amarbé véé'had amam'it oubilvad chéyé'havén libo lachamaïm]

=> Chacun doit servir Hachem selon ses moyens, l'essentiel étant d'y offrir tout son cœur!

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-> "Il est au sujet de l'offrande d'élévation (ola - holocauste) d'une pièce de bétail : "un arôme d'agrément pour Hachem" (iché réa'h ni'hoa'h l'Hachem), et concernant l'offrande d'élévation de volaille, il est dit également : "un arôme d'agrément pour Hachem".
Ceci nous apprend que, quelle que soit la valeur du sacrifice, l'essentiel est de vouer son cœur à D."
[guémara Ména'hot 110]

-> "Les sacrifices agréables à Hachem, c'est un esprit contrit : un cœur brisé et abattu, ô D. Tu ne le dédaignes pas" [Téhilim 51,19]
[il n'y a rien de plus entier, qu'un cœur brisé!]

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+ "Lorsque quelqu'un (litt. néféch = une âme) apportera une offrande de farine (korban min'ha) à Hachem" (Vayikra 2,1)

-> Rachi de commenter : Qui est celui dont la nature le pousse à présenter un sacrifice min'ha?
Le pauvre.
Hachem a dit : Je lui en tiens compte comme si c’est sa propre "âme" (néfech) qu'il avait offerte.

-> Rabbénou 'Haïm Palaggi (Torah vé'Haïm) enseigne :
La Torah est comparable à une offrande ...
Quelqu'un qui a de grandes difficultés à étudier en raison de douleur et de souffrances, et malgré cela il va étudier, alors il est loué et glorifié.
A l'inverse, celui qui échoue à étudier la Torah alors qu'il a les capacités d'y investir ses énergies, il n'a pas réalisé son devoir. Il est comme un riche qui offre un sacrifice d'un pauvre.

=> En terme de sacrifices, nous pouvoir voir que le plus important est d'y apporter nos ressources intérieures, et non extérieures!

-> Selon le rabbi Guttman, la Torah nous enseigne qu'en ce qui concerne la Torah ou les mitsvot, l'essentiel n'est pas dans le résultat, mais dans l'effort.
Ainsi, lorsqu'un garçon "pauvre" en capacités va mettre toute son âme dans l'étude de la Torah, ne produisant qu'une maigre farine (à l'image du korban min'ha - cf.Rachi), la réalité est qu'il est bien plus aimé par Hachem, qu'un autre garçon qui est très "riche" en capacités, et qui va produire de magnifiques 'hidouché Torah mais sans y mettre tout son cœur et toute son âme.
En effet, Hachem n'a besoin de rien, et ne désire que notre âme.

De même dans les mitsvot, il est facile de se laisser aller à la superficialité.
Par exemple : regarde le prix de ma magnifique Ménora! Ceci n'est pas l'essentiel, qui est plutôt le fait de mettre dans la réalisation de la mitsva toutes ses forces, son cœur, sa joie, son intention, ...
Il faut chercher à embellir Hachem à l'intérieur de son cœur, et ne pas se suffire de le faire extérieurement.

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-> De même Rabbi Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou - Vayikra) écrit :
Lorsqu’un riche apporte un taureau en holocauste, il lui reste encore chez lui des biens qui sont supérieurs à la valeur du sacrifice qu’il a apporté. Et bien que sa générosité soit acceptée favorablement par Hachem s’il a offert le sacrifice selon ses lois et dans l’intention qui convient, il reste certain que cela n’arrive pas encore au
niveau du don de soi.
Mais quand le pauvre vient au Temple avec un cœur brisé, honteux du sacrifice bon marché qu’il a apporté (une offrande faite de farine), et demande à Hachem : "Je T’en prie, accepte mon offrande comme si je T’avais sacrifié un taureau en holocauste", Hachem lui dit : "Non seulement ton sacrifice n’est pas inférieur à celui du riche, mais Je le considère comme si tu t’étais lié toi-même et que tu avais donné ta vie pour être brûlé sur l’autel."

De là nous pouvons tirer une leçon pour l’étude de la Torah : il y a des gens à qui Hachem a donné une excellente mémoire ou une compréhension rapide, ou les deux à la fois. Heureux sont ceux qui ont reçu ces dons en cadeau!
Mais il y a aussi des gens qui ne sont pas doués, et qui travaillent dur pour comprendre chaque paragraphe. Quand on arrive au paragraphe suivant, ils oublient presque ce qu’ils ont appris dans le premier paragraphe, et ils doivent le revoir, jusqu’à ce que les paroles de Torah rentrent dans leur âme.
De la même façon que dans les sacrifices le verset n’a parlé de néfech (âme) que dans l’offrande du pauvre, parce qu’il donne littéralement son âme pour le sacrifice, c’est la même chose en ce qui concerne celui qui est pauvre intellectuellement, qui doit travailler très dur pour comprendre la Torah, et qui très souvent ne connaît aucune réussite.
Hachem dit d’une telle personne : c’est comme si tu avais offert ton âme pour la Torah, et Je t’accorde Mon aide.

-> Beaucoup de gens se contentent d’être meilleurs que les autres ... Mais ils se trompent, parce que ses dons et les possibilités qui lui ont été données sont bien supérieurs à ce qui a été donné aux autres, c’est pourquoi on attend beaucoup plus de lui.
Et la faute du riche n’est pas pardonnée s’il apporte le sacrifice d’un pauvre.
Il en va de même dans tous les domaines ...

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-> b'h, on peut illustrer cela par les paroles du Steïpler : http://todahm.com/2018/10/10/agir-au-maximum-de-ses-capacites

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+ "Lorsque quelqu'un [néfech] apportera une offrande de farine (korban min'ha) à Hachem" (Vayikra 2,1)

-> Rachi commente : On n’emploie pas le mot néfech (litt. : âme) pour les autres sacrifices volontaires, mais uniquement au sujet de l’oblation. Qui a coutume d’offrir volontairement une oblation? Le pauvre.
Hachem dit : Je lui en tiens compte comme s’il avait offert sa personne, son âme.

-> Le Baal haTourim fait remarquer : à propos de l’oiseau et de l’oblation, il n’est pas dit "devant Hachem" comme pour le gros bétail, parce qu’il s’agit là des sacrifices apportés par les pauvres, qui se gênent de le faire en présence de tout le peuple ; c’est pourquoi Il a dit à Aharon et ses fils de ne pas le faire en public, et a averti Aharon afin de lui signifier que même le Cohen Gadol ne doit pas mépriser l’offrande du pauvre.

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-> voir également : http://todahm.com/2019/07/07/9442-2

"Il parla à Kora'h et à toute l'assemblée, en disant : "Au matin, Hachem fera savoir qui est à Lui et qui est le saint" (Kora'h 16,5)

-> Rachi commente : Moché leur a dit : "Hachem a fixé des limites dans Son monde. Ce n’est que si vous êtes capables de transformer le matin en soir que vous pourrez abroger le statut de Aharon."

Pourquoi est-ce que Moché utilise-t-il spécialement les limitations du jour et de la nuit?

-> Le Sfat Emet cite le Zohar (3,176) sur cette paracha disant : "Kora'h s'est battu contre la paix et le Shabbath" (Kora'h 'halak al shalom).
Qu'est-ce que cela signifie?
On comprend que sa rébellion va à l'encontre de la paix, mais en quoi a-t-il combattu le Shabbath?

-> Le Séfer Gvoul Binyamin (cité dans le Otsar haTéfillot) explique pourquoi Shabbath est appelé : 'hemdat yamim, comme nous le disons dans la prière de Shabbath : 'hemdat yamim oto karata (le jour désiré, Tu l'as nommé).

A l'origine, Hachem a créé une semaine avec 6 jours, dont chacun avait une durée de 28 heures (faisant une semaine à 168 heures).
Ces 6 jours sont allés voir Hachem et Lui ont dit : "Nous ne pouvons pas être tous égaux, nous avons besoin d'un chef, un jour vers lequel se tourner".

Hachem a demandé à chacun de ces jours de donner 4 heures afin de créer un 7e jour.
Ainsi, les 6 autres jours ont tous permis équitablement de créer le jour du Shabbath, qui est devenu leur chef.

Ceci est le sens de : "le jour désiré" ('hemdat yamim), puisque c'est un jour désiré par tous les autres jours.

=> Le Shabbath représente l'idée qu'il doit y avoir une hiérarchie, que nous ne pouvons pas tous être égaux, car sinon il n'y a pas de véritable paix.

[Rabbi 'Hanina dit : "Prie pour la paix du gouvernement, car si on ne le craignait pas, les hommes s’entre-dévoreraient vivants." (Pirké Avot 3,2)]

Et c'est spécialement ce contre quoi s'opposait Kora'h : "Toute l'assemblée, tous sont saints et Hachem est parmi eux ; et pourquoi vous élevez-vous au-dessus de l'assemblée de Hachem?" (Kora'h 16,3).
Pour Kora'h tout le monde est saint, et il n'y a pas de nécessité d'un responsable.

=> On comprend l'analogie de Moché de l'impossibilité "de transformer le matin en soir".

Selon Kora'h pour une vrai égalité, le jour du Shabbath doit disparaître, et nous devons revenir à une semaine de 6 jours de 28 heures, en place des 24h actuelles, avec le rythme jour-nuit sur cette nouvelle base.
On aurait alors en quelques jours une modification totale, et ce qui aurait été le jour sera la nuit, et inversement.

Moché dit à Kora'h que de même que l'on ne peut pas changer le calendrier des jours et des semaines, nous ne pouvons pas changer Moché et Aharon de leur position de responsables, car cela enlèverait la paix entre les gens.

"C'est le jour de Kippour, ce sera une convocation sainte pour vous et vous mortifierez vos personnes ... aucun travail vous n'accomplirez, c'est un décret éternel pour vous ('houkat olam) pour vos générations" (Emor 23,27-31)

Pourquoi est-ce que le terme "décret éternel" fait référence à l'interdiction de faire tout travail pendant Yom Kippour (v.31), et non à l'interdiction d'y manger (v.27)?

Le Méchekh ‘Hokhma répond que c'est parce qu'il y a eu une exception où cette halakha n'a pas été appliquée.

La guémara (Moéd Katan 9a) rapporte que l'année où le roi Chlomo a inauguré le 1er Temple, le peuple juif n'a pas observé Kippour de la façon habituelle, et en fait, ils ont mangé et bu en ce jour.
D'ailleurs, Hachem a approuvé ce comportement, disant même que chaque personne présente aura droit au monde futur (olam aba).

=> Ceci explique pourquoi la Torah n'emploie pas : "décret éternel", concernant l'interdiction d'y manger.

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"Le 7e mois, le 1er du mois, ce sera pour vous un jour de repos, un jour de repos, un souvenir par la sonnerie du Shofar" (Vayikra - Emor 23,24)

"Au 7e mois, le 1er du mois, il y aura une convocation sainte pour vous ... ce sera un jour de sonnerie [de Shofar] pour vous." (Bamidbar - Pin'has 29,1)

Pourquoi en ce qui concerne la sonnerie du Shofar, lors de la 1ere mention de Roch Hachana (Emor), on ne parle que : "d'un souvenir"?

Selon la guémara (Roch Hachana 29b), si Roch Hachana tombe un jour de semaine nous devons sonner le Shofar, mais un Shabbath nous ne devons pas le faire et uniquement le mentionner.

Selon la guémara (Shabbath 87b), l'année où les juifs ont quitté l'Egypte, Pessa'h a commencé un jeudi.

Selon le Kéhilat Yits'hak, cela signifie qu'en cette année, Roch Hachana est tombée un Shabbath.

=> Ainsi, en parlant de comment elle s'est déroulée lors de cette 1ere année, la Torah mentionne : "un souvenir", puisque le Shofar n'a pas pu y être sonné.

"Moché les envoya ... c'était tous des hommes (anachim) de bien (considérés), chefs des enfants d'Israël" (Chéla'h Lé'ha 13,3)

-> Selon Rachi : "Le mot "anachim" désigne dans la Torah des hommes de bien, éminents et à ce moment là (à leur départ), ils étaient irréprochables."

-> Le Rokéa'h fait remarquer que les dernières lettres de : שְׁלַח לְךָ אֲנָשִׁים forment le mot : 'hakham, indiquant que ces hommes étaient des érudits.

-> Selon Ramban : "Ils (les explorateurs) étaient des chefs et des princes du peuple ... et ils n'avaient pas le même niveau (de sagesse).
Le plus respectable a été nommé en premier, car c'est par rapport à leur qualité personnelle qu'ils ont été cités (dans l'ordre décroissant) et non pas par rapport aux qualités de leur tribu."

-> Dans la liste de niveau décroissant des 12 explorateurs cités dans les versets 4 à 15, Kalev et Yéhochoua, qui ont été les seuls à avoir le mérite de ne pas médire d'Israël, occupent la 3e et la 5e place respectivement dans cette liste.

=> Comment en seulement 40 jours, les 10 explorateurs, dont certains avaient un niveau supérieur à celui de Kalev et Yéhochoua, ont pu chuter spirituellement si bas (Rachi : "ils dirent cela contre Hachem" - v.13,31)?

-> "D'après le Zohar (v.13,3), c'est la recherche des honneurs qui est la cause de la médisance du pays par les explorateurs, ce qui a entraîné leur mort et celle de toute la génération (du désert).
En effet, ils craignaient qu'en entrant dans la terre d'Israël, leur honorabilité diminuerait en perdant leur titre de prince des tribus d'Israël et que d'autres prendraient leur place."
[Ram'hal - Messilat Yécharim 11]

-> Leur souci est d'autant moins compréhensible qu'ils n'étaient pas des chefs de tribu de mille, mais des simples chefs de cinquante, comme l'explique le Baal haTourim (v.13,3) :
"Le mot המה (éma - eux) a une valeur numérique de 50 pour t'apprendre qu'ils n'étaient que des chefs de 50."

Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 83) de commenter :
Combien de chefs de 50 existait-il dans le peuple d'Israël composé de 600 000 hommes adultes?

Il y en avait : 12 000!
Malgré leur position sociale peu importante (puisque assez commune), ils ont pourtant jugé que tout le peuple devrait demeurer dans le désert sans rentrer en Israël de peur que le "petit honneur" de chef de 50 dont ils jouissaient dans le désert soit diminué.

=> Nous voyons combien est grand le danger enfoui de la poursuite des honneurs.

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-> Rabbi Israël Salanter affirme que l'homme a tendance à justifier son attitude en couvrant ses volontés personnelles et intéressées par un voile d'attitude noble inspirée par son intellect, à l'exemple des explorateurs.
Seul Hachem peut savoir ce qui se trame dans les replis et profondeurs de nos cœurs.

Par exemple, les explorateurs ont justifié leur désir d'honneur par une volonté plus noble : "Les Cananéens ont entendu que nous allons conquérir le pays et ils vont cacher leur argent (et leur biens) ... Nous ne trouverons rien. La parole (la promesse) de D. serait alors annulée!" (Yalkout Chimoni Bamidbar 742).

[Hachem qui peut tout faire, va permettre aux juifs de trouver ces biens : "Quand Hachem ton D. t'aura conduit dans le pays qu'il avait juré à tes pères ... avec des maisons regorgeant de toutes sortes de biens" (Dévarim 6,10-11) ]

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+ "Les hommes qui étaient partis avec lui, dirent : "Nous ne pouvons marcher contre ce peuple, car il est plus fort que nous"." (Chéla'h Lé'ha 13,31)

-> En réponse à Kalév, les explorateurs s'écrièrent : "Tu dis des mensonges! As-tu vu davantage que nous? Nous affirmons que nous ne pouvons marcher contre ce peuple, car il est trop fort pour nous!"

En réalité, par les mots : Il est trop fort pour nous (miménou - מִמֶּנּוּ)", les explorateurs voulaient dire que le peuple à conquérir était trop fort pour Hachem Lui-même (miménou).
En effet, le nom de chaque lettre du mot : "miménou" contient 2 fois la même lettre : mém (מם), noun (נון), vav (וו).
Ainsi, le verset contient la double signification du mot miménou : "pour nous" et "pour Lui", cette dernière étant une offense contre Hachem.
[Méam Loez - Chéla'h Lé'ha 13,31]

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-> Pour troubler plus encore les esprits, l'ange du mal insuffla à ces hommes un sentiment d'humilité trompeur/illusoire, qui les conduisit à se demander s'ils étaient suffisamment méritants pour que Hachem opère des miracles en leur faveur durant les combats. Ces pensées eurent le pouvoir de faire paraître tous les avantages du pays comme des obstacles, inoculant en eux une profonde terreur.
Tel fut donc l'échec des explorateurs : ils tombèrent dans les filets de cette "fausse" piété tendus par le mauvais penchant ...

Ils affirmèrent en vérité que Hachem ne pouvait pas leur accorder la victoire, pour la simple raison qu'Il ne chasse une nation d'un pays qu'à partir du moment où Il en trouve une autre plus méritante. Or, comme les juifs avaient commis de nombreuses fautes, ils n'avaient aucune légitimité justifiant d'expulser les Cananéens de leur territoire ...

Nos Sages enseignent que le yétser ara se tient "aux portes du cœur" : parfois, il gonfle l'homme d'orgueil, le persuadant qu'il a déjà atteint la perfection et qu'il peut désormais se permettre de contredire ses parents ou ses maîtres ...
Dans d'autres circonstances, le yétser ara opte pour la voie opposée, comme il le fit avec les explorateurs ... il rappelle à l'homme les fautes de ses pères et ses propres écarts de jeunesse, et c'est ainsi qu'il parvient peu à peu à le remplir de désespoir et à le décourager.
Chacun devra bien garder à l'esprit les manœuvres dont use le yétser ara pour éviter de tomber dans ses filets.
[Léka'h Tov]

[on a vu que par les mots : Il est trop fort pour nous (miménou - מִמֶּנּוּ)", les explorateurs voulaient dire que le peuple à conquérir était trop fort pour Hachem Lui-même (miménou).
Or de même que nous devons avoir confiance en Hachem, nous devons avoir confiance en nous-même (puisqu'ayant une partie Divine en nous!).
En se rappelant l'infinie grandeur, miséricorde (ex: le pouvoir fou d'un mot/soupir de téchouva), ... de Hachem, nous en venons à être tamim (intègre, simple), à agir de notre mieux, sans se poser de question (on comprendra dans le monde à venir de Vérité), laissant la gestion du reste à papa Hachem (seul Lui peut et sait tout!).
Ainsi, au cours de notre vie il faut évoluer en équilibre avec ces 2 sentiments : je suis quelqu'un d'énorme, presque Divin (étant fait à l'image de D.), et pourtant je ne suis rien en propre dans le sens où tout ce que j'ai, provient et dépend à 100% de D. (je ne peux pas tout comprendre, je ne peux pas maîtriser, ...).]

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°938) enseigne :
"Sur le mode allusif, nous pouvons remarquer que les lettres finales des mots chela’h lekha (שְׁלַח לְךָ) forment le mot koa’h (force, pouvoir), tandis que si on inverse l’ordre des lettres de chela’h, on obtient ’halach (faible).
Ces 2 notions antithétiques nous livrent un précieux message. Hachem désirait signifier à Moché qu’en envoyant des hommes prospecter la Terre Sainte, il affaiblissait son pouvoir et celui du peuple.
Tentons d’expliquer en quoi cette exploration était synonyme d’affaiblissement.

Lorsque les enfants d’Israël traversaient le désert, ils vivaient à un niveau surnaturel. En effet, conduits sur le mode du miracle, ils étaient perpétuellement entourés par les nuées de gloire, qui avaient la propriété d’absorber les flèches ennemies, ce qui les dispensait du combat. Ainsi, en envoyant une délégation en reconnaissance du terrain à conquérir, ils se rabaissèrent au niveau de la nature, alors que Hachem avait prévu de leur faire hériter de la Terre promise de manière exclusivement miraculeuse. Mais la volonté qu’ils exprimèrent d’explorer le pays avant de le conquérir, comme le fait tout peuple avant de déclarer la guerre à un pays ennemi, prouva leur attachement indéniable à l’ordre naturel, ce qui modifia le projet divin initial et les contraignit à conquérir la terre à la manière de tous les humains.
D’où l’allusion qui se lit dans les mots chela’h lekha (שְׁלַח לְךָ) : l’exploration de la Terre Sainte revenait à un affaiblissement, puisqu’elle fit passer nos ancêtres d’une conduite miraculeuse à un vécu naturel.
[...]
Moché savait que telle était la volonté des enfants d’Israël, et il désirait leur enseigner une leçon, ainsi qu’à toutes les générations à venir : lorsqu’un homme ne se conforme pas aux directives du Créateur, il risque fort d’en pâtir. Car il n’existe pas d’échappatoire au projet divin, et quiconque veut jouer au plus fin avec Hachem, loin d’en retirer un quelconque intérêt, ne fait que se rendre coupable et mettre sa vie en danger.

Moché leur transmettait également un autre message : l’homme est responsable de ses actes et "on [le] mène dans la voie qu’il désire emprunter". Par conséquent, s’il démontre une volonté d’être conduit par une Providence surnaturelle, il le méritera. Par contre, s’il exprime une préférence à se restreindre aux lois de la nature, pensant pouvoir connaître ainsi le salut, Hachem lui retirera Sa Providence et lui laissera le loisir de s’en sortir par ses propres moyens, mais bien souvent, il en fera alors les frais."

"Un vêtement [fait] d'un mélange de fibres (chaatnez) ne montera pas sur toi" (Kédochim 19,19)

"Tu ne revêtiras pas de fibres combinés (chaatnez), laine et lin ensemble" (Ki Tétsé 22,11)

Il est fait allusion à la mitsva du chaatnetz : l'interdiction de porter un habit composé de lin et de laine.

-> Le Rikanti commente le terme : chaatnez (שַׁעַטְנֵז), comme étant composé de 2 mots : "Satan" (שטן) et "Oz" (עז).

Le Satan fait référence au yétser ara, et "oz" à : puissant, force.
Le Rikanti explique que lorsqu'un juif porte du chaatnez, il donne davantage de puissance au yétser ara, il est plus susceptible de fauter, et c'est nuisible à sa santé spirituelle.

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+ Caïn et Evel : 2 opposés

-> "Caïn présenta du produit de la terre une offrande à Hachem ; les Sages disent : il s’agissait de graines de lin.
Evel offrit de son côté des premiers-nés de son bétail, de leurs parties grasses [et donc de la laine].

C'est la raison pour laquelle la Torah interdit les mélanges de lin et de laine ... ainsi parla Hachem : 'Il ne convient pas que l’offrande du fauteur se mêle à celle de l’innocent.'
C'est pourquoi ce mélange fut interdit."
[Midrach Tan’houma - Béréchit chap.9]

-> Rabbénou Bé’hayé (Kédochim) enseigne :
"Lorsqu'un homme associe ici-bas 2 éléments de la même espèce, il fait régner la paix dans les Cieux, car les forces supérieures peuvent alors achever leur mission convenablement ; mais celui qui mêle des espèces différentes ici-bas, il génère l’inverse de la paix, car il mélange les forces supérieures, les annule et les empêche ainsi d’accomplir leur mission.
[…]
Comme les deux 1ers-nés de l’humanité [Caïn et Evel] approchèrent des sacrifices de laine [le bétail] et de lin, c’est la raison pour laquelle l’assemblage de ces 2 matières nous a été interdit.

L’union de ces 2 hommes issus d’un même sein n’a pas été favorable, car il s'agissait d’un mélange de forces opposées, suscitant l’inverse de la paix.
La fin de leur histoire en établit d’ailleurs la preuve : l’un assassina son frère, et ces deux hommes furent finalement perdus …"

-> Le rav Youdel Rosenberg (1859-1935) donne une explication au fait que l'on peut constater une augmentation des meurtres et des vols dans le monde. C'est en raison de l'impureté du Chaatnez, qui s'est largement répandu ces dernières années, à l'image du fait que le meurtre de Evel par Caïn provient de l'impureté du Chaatnez : Evel ayant apporté de la laine, et Caïn du lin.

Le Choul'han Aroukh fait allusion à cela puisque les halakhot concernant le Chaatnez commence au chapitre (siman) 298, qui s'écrit en hébreu : רצח (rotséah - un meurtrier) [Yoré Déa 298].
[Le I'houd bé'Hidoud note que la discussion à ce sujet se termine au chapitre 30, écrit : ש"ד, ce qui est l'acronyme de : chéfi'hat damim (verset du sang).]

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-> Le Ben Ich 'Haï écrit que la mitsva de Chaatnez nous met en garde contre le mélange de bien et de mal.

Il ne s’agit pas de ceux qui progressent à leurs rythmes ou de ceux qui négligent une partie de la Torah par faiblesse ou difficulté.
Il s’agit là de gens qui fabriquent une idéologie selon laquelle il faut certaines mitsvot et il ne faut pas d’autres mitsvot. Pour ne pas se sentir mal de ne faire qu’une partie de la Torah, ils préfèrent la déformer et tromper les autres.
C’est ce chemin erroné que la Torah nous prévient de ne pas suivre.

[la Torah ne doit pas devenir un mélange, une sélection de ce qui nous arrange. N'oublions pas qu'elle est 100% Vérité, 100% made in Hachem!]

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-> "Un vêtement [fait] d’un mélange de fibres (chaatnez) ne montera pas sur toi"

Nos Sages nous enseignent que les mitsvot que nous réalisons créent des vêtements spirituels pour notre âme, pour ne pas qu’elle se retrouve "nue" après avoir quitté le corps.
Cependant, pour que ces vêtements soient entiers, il faut que les mitsvot soient accomplies complètement pour Hachem, sans y mêler des intentions personnelles et intéressées, comme la recherche des honneurs ou de la récompense, par exemple.

Cela est en allusion dans ce verset : "Un vêtement contenant un mélange ne montera pas sur toi" = c'est-à-dire que les mitsvot doivent être pleinement pour Hachem et on ne doit pas y mêler des intentions extérieures. C’est ainsi que les vêtements que l’âme portera dans l’autre monde seront complets et ne seront pas des vêtements contenant un mélange, où se mêleront des défauts et des manques liés à ces intentions imparfaites.
[Makré Dardéké]

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-> Le Rambam (cité par le Séfer ha'Hinoukh 551) considère que le chaatnez, comme beaucoup d’autres mitsvot, constitue une manière de nier la valeur des cultes idolâtres.
En effet, dans le passé les prêtres païens avaient coutume de vêtir des habits tout spécialement confectionnés à partir d’un mélange de lin et de laine (selon son propre témoignage, c’était encore le cas à son époque chez les prêtres égyptiens).

C’est donc pour nous éloigner de ces pratiques que la Torah interdit le port de telles étoffes.

-> Le Daat Zékenim (Ki Tétsé) écrit pour sa part que cet interdit a pour origine l'une des pièces du Temple : la parokhet : cet épais rideaux suspendu devant le Saint des saints, qui était composé à la fois de lin et de laine.

De ce fait, la Torah nous interdit de reproduire cet alliage, de la même façon qu’elle interdit de mélanger les ingrédients composant la kétoret (l'encens) à des fins personnelles, pour établir une distinction claire entre le saint et le profane.

[nos Sages (guémara Roch Hachana 24a) nous interdisent de faire une copie d'un élément utilisé au Temple.
Hachem souhaite que l'on garde le mélange lin et laine uniquement à des fins Divines/sacrées, et ainsi Il nous interdit un tel mélange dans nos vêtements du quotidien.]

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-> "Combien d’embûches ont été suscitées par la faute de cette terrible interdiction!

Ses lettres témoignent d’ailleurs de la gravité de sa punition : chaatnez (שַׁעַטְנֵז) correspond à Satan-Az [Satan effronté - שטן et עז].
A ce titre, si une personne porte sur elle du chaatnez pendant un seul jour, sa prière ne sera pas entendue pendant 40 jours!"

[le Noda biYéhouda - Drouché haTsla’h 8,6)

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-> "Concernant les vêtements que l’on porte, j'ai lu dans un ouvrage que rien n'entrave les prières davantage que le port d’habits contenant du chaatnez, même si on ne le fait que par inadvertance …"
[Rabbi Israël Elgazi - Chalmé Tsibour]

-> Le Pélé Yoets (fin du Erekh Levicha) nous prévient que le fait de porter du chaatnez empêche les prières d'une personne de s'élever vers le Ciel.

-> Selon le Séfer 'Hasssidim (553), aimer son prochain est un prérequis à une prière efficace.
Le Arizal rapporte la coutume : avant de prier, il faut prendre sur nous la mitsva de : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même".

=> A l'inverse, une personne qui porte du chaatnez porte en elle le symbole de la 1ere haine entre un homme et son prochain, et ses prières sont donc bloquées.

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-> "Un vêtement Chaatnez (contenant de la laine et du lin) ne montera pas sur toi" (Kédochim 19,19)

=> Pourquoi la Torah utilise-t-elle cette formulation : "Un vêtement Chaatnez ne montera pas sur toi"? Il aurait été plus simple de dire : "Ne porte pas un vêtement Chaatnez".

-> On pourra le comprendre à travers une anecdote. Un jour de Kippour, au plein milieu de la prière, un élève de la yéchiva de Mir sortit soudainement de l'enceinte de la synagogue, pour revenir peu après, portant des vêtements de jours profanes. Cela étonna tout le monde. A la fin de Kippour, il expliqua à ses camarades qu'il n'arrivait pas à se concentrer dans sa prière. Il sentit qu'il y avait des blocages qui l'empêchait de prier avec ferveur, ce qui le perturbait beaucoup. Alors, il se rappela qu'il avait acheté pour Kippour un costume qu'il n'avait pas encore vérifié s'il était cachère, c'est-à-dire sans mélange de lin et de laine, c'est ce vêtement qu'il portait pendant sa prière. Or les Textes enseignent que celui qui porte un tel vêtement, cela empêche ses prières de monter vers Hachem.
C'est pourquoi, il sortit de la synagogue, se changea avec des habits profanes et revint. Alors, il réussit soudainement à se concentrer. Après Kippour, il fit vérifier son costume et effectivement, il contenait ce mélange.

=> Mais pourquoi le fait de porter ce type de vêtement empêche la prière de monter ?
Rabbénou Bé'hayé explique que quand un homme porte un vêtement Chaatnez, un esprit d'impureté se met à planer au dessus de lui. Ainsi, ses prières ne peuvent pas monter, car elles sont bloquées par cet esprit d'impureté.
C'est cela le sens du verset : "Un vêtement Chaatnez ne montera pas sur toi" = cela fait allusion à cet esprit impur qui monte au dessus de l'homme qui porte ce vêtement et qui plane sur lui, empêchant ses prières de s'élever vers Hachem.

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-> Le Méam Loez (Kédochim 19,19) enseigne :
Il est évident que personne ne transgresserait volontairement le commandement de chaatnez.
Comme le corps n'en retire aucun plaisir physique, le mauvais penchant n'incite pas l'homme à commettre cette faute.
Ainsi, si les gens connaissaient la gravité de cette transgression, dans ce monde et dans le prochain, ils la fuiraient comme on fuit un serpent.

En Haut, il existe des anges qui dénoncent Israël.
Comme Hachem aime profondément Israël, Il sépare et disperse ces forces pour les empêcher d'accuser conjointement le peuple juif.
Si Israël était montré du doigt par leurs critiques unanimes, il lui serait très difficile de survivre.
Le chaatnez fait allusion à ces Accusateurs célestes. Un homme qui porte un vêtement de laine et de lin mélangés réunit ces anges dénonciateurs en un même lieu où ils sont capables de médire Israël.
Par conséquent, celui qui porte du chaatnez cause du tort à tout le peuple juif.

Un ange saint recueille les prières d'Israël.
Lorsque l'ange saint voit une personne vêtue de chaatnez, il constate qu'elle ressemble aux prêtes idolâtres et rejette sa prière qui n'est pas acceptée parmi celles d'Israël.
La personne vêtue d'un habit contenant un mélange interdit (chaatnez) donne du pouvoir au mauvais esprit chargé des porteurs de chaatnez et sera livrée à son autorité.

Lorsqu'un homme donne du pouvoir à l'esprit mauvais, c'est comme s'il adorait des idoles.
Le mot chaatnez (שַׁעַטְנֵז) y fait allusion, il se décompose en : "Satan az" (Satan puissant - שטן עז).
De plus, les lettres "ayin" (ע) et "zaïn" (ז) [de az - עז] sont une abréviation de "avoda zara" qui veut dire : idôlatrie.
Quiconque porte du chaatnez est livré au pouvoir de l'esprit mauvais qui est le Satan.
Le mot "Az" signifie : fort.
L'homme vêtu d'un habit contenant du chaatnez donne de la force au Satan qui lui inflige des tourments.

Le verset y fait allusion : "Un vêtement d'espèces mélangées chaatnez ne sera pas sur toi".
La Torah dit à l'homme : si tu veilles à ne pas porter de kilayim (mélanges), Chaatnez (le Satan fort) ne sera pas sur toi, c'est-à-dire qu'il n'aura pas de pouvoir sur toi.
Ce verset peut également se traduire littéralement : "Des vêtements d'un mélange chaatnez, cela ne montera pas pour toi".
Le mot "cela" désigne la prière. Le verset nous dit que si l'on porte des vêtements chaatnez, notre prière ne montera pas en Haut.

Sans le Séfer Torah, les lettres : chin, ayin, tét, noun, zaïn, guimet et tsadik sont surplombées de couronne.
L'acrostiche des 5 premières forme les mots : "chaatnez" (Satan fort), alors que celui des 2 dernières (guimel et tsadik) est celui des mots : gadol tsorer, signifiant : le grand ennemi.
Ceci enseigne que quiconque étudie la Torah est protégé du Satan et du grand ennemi.
Ces couronnes [de la Torah] sont appelées : "taguine" en hébreu, un mot proche de hagana, qui signifie protection.

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-> b'h, sur les mélanges interdits : http://todahm.com/2020/03/11/13334

"Hachem parla à Moché après la mort des 2 fils d'Aharon" (A'haré Mot 16,1)

-> A ce sujet le midrach (Vayikra rabba 20,5) rapporte qu'après que Iyov ait appris la mort des 2 enfants de Aharon (Nadav et Avihou), il a récité : "C'est aussi ce qui jette la frayeur dans mon cœur et le fait vivement tressauter." (Iyov 37,1).

En quoi la connaissance de leur mort a conduit Iyov à avoir si peur?
Nous allons voir, b'h, une réponse du 'Hida.

La guémara (Sotah 11a et Sanhédrin 106a) explique que Pharaon avait 3 conseillers : Bilam, Yitro et Iyov.

Lorsque Iyov a appris le plan de Pharaon de noyer les bébés juifs, il n'a ni exprimé de désaccord, ni d'accord avec cette mesure. Il est simplement resté silencieux.
En réalité, Iyov était totalement persuadé que son attitude était parfaite.
De plus, même après que Iyov a commencé à avoir d'atroces souffrances dans sa vie, il ne lui ai jamais venu à l'esprit que son silence en était la cause.

La guémara (Sanhédrin 52a) relate qu'une fois Moché et Aharon marchaient ensemble, et Nadav et Avihou étaient en train de marcher derrière eux.
Nadav dit à Avihou : "Quand est-ce que ces 2 vieillards vont mourir et toi et moi allont diriger la génération?"

Le 'Hida enseigne : Puisque c'était Nadav qui a émis l'idée à Avihou, on aurait pu penser qu'uniquement Nadav mériterait d'être puni.
Avihou n'a rien fait, pourquoi devrait-il être tué?

La réponse est que la Torah est d'avis que si vous êtes au courant d'un mauvais projet et que vous restez silencieux à son sujet, vous êtes aussi coupable que si c'était vous qui l'avez réalisé.
C'est pour cela que Avihou a été puni sévèrement tout comme son frère.

Le 'Hida dit qu'avec cela on comprend le midrach initial.
Suite à leur mort, Iyov était plein de frayeur car pour la 1ere fois de sa vie, il était capable de comprendre pourquoi il a subi autant de souffrances durant sa vie.
A l'image de Avihou qui s'est tu et as été puni, il a été puni pour son silence.

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+ Le saviez-vous?

-> Iyov a connu d'atroces souffrances.
Selon le midrach (Yalkout Chimoni – rémez 908), si Iyov ne s’était pas plaint des malheurs qui lui sont arrivés, et s’il avait à la place pris conscience qu’ils lui étaient nécessaires et pour son bien, alors nous aurions ajoutés son nom au début de la amida : "D. d’Avraham, D. de Yits’hak, D. de Yaakov et D. de Iyov".

=> De là, on peut se rendre compte de la grandeur d’accepter tout ce qui nous arrive (volonté de D.) avec amour.

"Tout harnais que chevauchera celui qui a un écoulement (azav) deviendra impur" (Métsora 15,9)

Toute chose sur lequel un zav ou une zava (personne ayant un certain type d'écoulement corporel) s’appuiera dessus devient impur (tamé).

-> Nos Sages font remarque que pour les écoulements, on parle :
- chez l'homme de : "chevauchera" (v.15,9);
- chez la femme de : "assise" (v.15,23).

=> Pourquoi la Torah n'utilise-t-elle pas le même terme pour les deux?

Selon Rachi (guémara Pessa'him 3a), c'est parce que mentionner le fait de "chevaucher" pour une femme aurait été une manière indécente de s'exprimer, en raison de la façon dont ses jambes sont positionnées lorsqu'elle est à califourchon sur l'animal.
C'est pourquoi, pour la femme, la Torah passe de "chevaucher" à "s'asseoir".

Toute mention non nécessaire d'une femme dans une position indécente doit être évitée.

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-> Le Gaon de Vilna (Igérét haGra) enseigne qu'un homme est capable de prendre le contrôle de son yétser ara par l'étude de la Torah, et que [en parallèle] pour la femme son arme principale dans cette bataille est son attachement à la tsinout (pudeur).
De même que l'étude de la Torah élève et purifie l'homme, de même pour la tsniout chez la femme.

-> Le midrach (Béréchit rabba 18,2) rapporte que lorsque Hachem a créé 'Hava, Il a dit à chacun des membres de son corps au moment de les créer : "Soit tsniout!"

Le Anaf Yossef commente que Hachem a agit ainsi, afin que la pudeur soit particulièrement importante dans le caractère des femmes, et afin qu'elle y soit sensible.

-> De même que la récompense pour l'étude de la Torah est infinie, de même pour la tsniout chez la femme.
Par exemple, selon le midrach (Bamidbar rabba 8), toute femme qui est pudique, méritera que ses fils deviennent des érudits en Torah.

Le Gaon de Vilna (Even haEzer) voit une allusion à cela dans le verset : "Ta femme sera comme une vigne féconde dans l’intérieur de ta maison, tes fils, comme des plants d’olivier autour de ta table." (Téhilim 128,3).
Si la femme est pudique (sera ... dans l’intérieur de ta maison), alors : "tes fils ... autour de ta table" [étudiant la Torah].

Cela est en accord avec les propos de la guémara (Baba métsia 42a) : "la bénédiction ne peut se trouver que dans quelque chose qui est cachée des yeux".

"Les fils de Aharon, Nadav et Avihou ... apportèrent devant Hachem un feu étranger (ésh zara) qu'Il ne leur avait pas ordonné [d'apporter]." (Chémini 10,1)

Nous pouvons citer quelques explications de ce qui a pu entraîner leur mort :

-> 1°/ Nadav est Avihou sont morts car ils ont offert une offrande de Kétoret (l'encens) sans en avoir reçu l'ordre, comme il est écrit dans le verset : "[Hachem] ne leur avait pas ordonné [d'apporter]" (v.10,1).

[cf. le 'Hidouché haRim ci-dessous]

-> 2°/ La guémara (Sanhedrin 52a) rapporte qu'un jour Moché et Aharon marchaient ensemble, et Nadav et Avihou marchaient juste derrière eux.
Nadav dit à Avihou : "Quand est-ce que ces 2 vieillards vont mourir et toi et moi allons diriger la génération?"

-> Rabbi Yossef Leib Nandik enseigne :
"Nous n’avons pas à les soupçonner d’avoir commis une faute aussi grave. Cela veut tout simplement dire que d’après leur haute stature spirituelle et leur respect pour Moché et Aharon, même la plus petite pensée a une signification très grave, comme s’ils attendaient déjà de pouvoir diriger à leur place."

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-> "Après la mort des deux fils d’Aharon" (A'haré Mot 16,1)

Le midrach explique qu'une des raisons qui leur valut la mort est : "qu’ils entrèrent dans le sanctuaire sans tous leurs vêtements. Lequel leur manquait-il? Le manteau."

Pourtant, le manteau était l’un des vêtements du Cohen gadol, alors que Nadav et Avihou étaient seulement des Cohanim qui ne devaient donc pas le porter.

Le Roch explique que, du fait qu’ils se permirent d’entrer dans le sanctuaire pour y offrir de l’encens prouve qu’ils se considéraient comme des Cohanim guédolim ; aussi, de leur point de vue, ils étaient astreints de porter le manteau et se rendirent donc passibles de mort en omettant de le vêtir.
=> Mais pour quelle raison le midrach ne mentionne-t-il que le manteau parmi tous les vêtements propres au Cohen gadol, alors qu’ils ne portaient pas non plus les autres?

Dans l’ouvrage Yam haTalmoud, il est expliqué que Nadav et Avihou, ayant fauté en médisant de Moché et Aharon : "Quand donc ces deux vieillards mourront-ils et nous pourrons diriger la génération?", auraient dû porter le manteau qui, selon nos Sages, expie la médisance. D’où l’interprétation du midrach selon laquelle l’absence de ce vêtement leur causa la mort, puisqu’ils ne purent alors être absous de ce péché.

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-> 3°/ La Sifra explique que Nadav et Avihou sont entrés dans le Saint des Saints, le lieu ayant le plus de sainteté du Michkan.
En ce lieu, uniquement leur père Aharon le Cohen Gadol, pouvait y entrer, et encore que durant un moment limité le jour de Kippour.
Il est à noter qu'au moment où ils sont entrés, leur père n'avait pas encore reçu cette permission d'y entrer.

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-> 4°/ Le midarch (Vayikra rabba 12,1) rapporte que leur faute a été de rentrer dans le Sanctuaire en ayant consommés du vin.

[Rabbi Guttman dit que par cette attitude (vu leur niveau élevé), ils transmettaient à tous la fausse idée qu'une véritable joie peut venir de l'extérieur, et non uniquement de notre pratique des mitsvot.
Si un juif désire le plus grand bonheur, il ne doit pas aller rechercher des moyens étrangers (ex: alcool), mais plutôt dans les mitsvot et la Torah qui nous permettent de nous rapprocher de Hachem, de faire ce qu'il y a de mieux de notre vie. C'est cela la plus grande des joies!
Nous affirmons dans notre prière que par amour Hachem a multiplié la Torah et les mitsvot (irba lahem Torah oumitsvot). En effet, ce n'est pas une charge, mais autant d'occasions de nous générer de la joie et des mérites! (je fais la volonté de D., alors que les autres nations investissent leur temps dans du vide!)]

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-> 5°/ La guémara (Erouvin 63a et Yoma 53a) enseigne qu'ils ont pris des décisions dans la halakha devant leur enseignant (Moché), et c'est pour cela qu'ils ont été tués.

La guémara (Erouvin 63a) rapporte que Rabbi Eliézer avait un élève, qui enseigna un jour une loi en sa présence.
Rabbi Eliézer dit alors à Ima Shalom, sa femme : "Je serais très étonné que cet élève vive jusqu'à la fin de l'année."
Et de fait, il mourut dans l'année.
Ima Shalom lui dit alors : "Es-tu donc prophète?"
Il lui répondit : "Je ne suis ni prophète ni fils de prophète. Mais on m'a transmis le principe suivant : Quiconque enseigne une loi en présence de son maître est passible de mort".
=> On peut imaginer qu'un maître pardonnera toujours avec joie l’attitude effrontée de son élève (surtout s'il risque de mourir!). Comment alors comprendre que la conséquence est si extrême?

Le rav 'Haïm Chmoulévitch explique qu'à partir du moment où l'on manque d'apprécier et d'avoir recourt à nos anciens/Sages, alors l'existence même du peuple juif est en péril. [nos anciens sont nos ailes qui nous permettent d'avancer! Sans eux, le peuple juif se meurt!]
C'est pour cela qu'un rav ne peut pas pardonner à son élève d'établir une loi en sa présence, car il n'a pas fauté uniquement envers son maître, mais également il retire à toute la nation juive le pouvoir d'être guidé.

-> "Rabbi Akiva dit : Le peuple juif est comparé à un oiseau, de même que l'oiseau ne peut voler sans ses ailes, ainsi le peuple juif ne peut rien faire sans Ses Anciens" [midrach Vayikra rabba 11,8]

[De même, nous devons respecter nos parents et notre rav, car plus on les respecte, plus les paroles de Torah qu'ils vont nous transmettre auront de la valeur à nos yeux. C'est la base de la pérennité du peuple juif, chaque maillon transmettant le flambeau au suivant grâce à ce respect. [ce que j'ai reçu a une valeur énorme/vitale, je me dois donc de le transmettre!]
Le rabbi Kaminetsky disait que si nos parents sont pour nous des hommes descendants des singes, alors ils nous sont détestables car ils sont plus proches que nous d'une génération, de ces singes. [nous sommes alors plus évolués, humains qu'eux!]
Par contre, s'ils sont des juifs, nous devons les respecter car nos parents sont plus proches du don de la Torah d'une génération par rapport à nous. A nos yeux, ils sont alors magnifiques, et nous devons profiter de cet avantage de proximité qu'ils ont d'avoir rencontrés en face à face Hachem au mont Sinaï! (de plus, chaque génération est plus basse que la précédente, nos parents/rabbanim sont donc une occasion d'échanger avec des plus grands!).
Par ailleurs, étant plus âgés, ils ont un nombre de mitsvot tellement plus élevé que nous, et c'est également admirable.
=> Ainsi, les respecter, c'est respecter la Torah qui est en eux, et c'est la base pour permettre sa transmission future! A l'inverse, toute diminution de ce respect participe, dans une certaine mesure, à la mort du judaïsme.]

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-> Le Méam Loez (Chémini 10,1) enseigne à ce sujet :
Nadav et Avihou n'avaient pas encore entendu la loi d'apporter un feu humain sur l'autel ("les fils d'Aharon mettront du feu sur l'autel" - Vayikra 1,7), de la bouche de Moché.
Après avoir déposé les sacrifices sur l'autel, les fils d'Aharon interprétèrent ce verset à leur façon sans interroger Moché. Ils apportèrent dans leur pelle du feu pour brûler de l'encens (v. 10,1).
Ils méritaient la mort pour avoir rendu une décision halakhique en présence de leur maître.
En réalité, le feu devait descendre du ciel.

Selon la loi, un disciple qui rend une décision (moré halakha) en présence de son maître mérite la mort, même s'il n'est pas réellement devant son maître mais se trouve à moins de 3 mil de lui.
La distance nécessaire est de 3 mil car le camp juif mesurait 3 mil de diamètre.
"Quiconque cherchait Hachem se rendait à la Tente d'audience (Ohel Moed) hors du camp" (Chémot 33,7).
Dans le camp, aucun érudit ne devait trancher la loi même si sa décision était juste car Moché, le maître d'Israël, se trouvait dans la tente, à moins de 3 mil.

La Torah dit donc : "Ils offrirent devant Hachem un feu non autorisé que D. ne leur avait pas ordonné" = les fils de Aharon méritaient la mort pour avoir apporté un feu que Moché n'avait pas ordonné.
Cet acte était considéré comme une prise de décision halakhique en présence de leur maître.

Selon certains Sages, la raison de leur punition est différente.
Moché leur avait enseigné cette loi, mais leur erreur était d'avoir cru que l'obligation d'apporter un feu s'appliquait à un jour comme celui-là.
En réalité, en ce 1er jour, le feu devait seulement provenir du ciel afin que tout Israël constate le miracle. En effet, la gloire de Hachem descendit du ciel et brûla les sacrifices.
En apportant un feu non autorisé, ils avaient minimisé le miracle.
La Torah dit donc : "Ils offrirent devant Hachem un feu non autorisé qu'Il ne leur avait pas ordonné" = Moché ne leur avait pas prescrit de l'apporter, car en ce 1er jour [d'inauguration du Michkan], il fallait que la gloire de D. soit manifeste.

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-> "Un feu s’élança de devant D." (Chémini 10,2)

Voici ce que la guémara (Sanhédrin 52a) enseigne au sujet de la manière dont sont morts Nadav et Avihou.
"Deux colonnes de feu sont sorties du saint des saints et se sont divisées en quatre. Puis deux sont entrées dans le nez de l’un et deux dans le nez de l’autre et les ont brûlés".

Rabbi Yonathan Eibschutz a expliqué :
"Nous savons que ‘Quiconque professe une halakha en présence de son maître mérite d’être piqué par un serpent.
Or nos Sages ont affirmé : ‘Les fils d’Aharon ne sont morts que pour avoir professé une halakha en présence de Moché’. Ils auraient donc dû être punis par la morsure d’un serpent!

Cependant à ce moment-là, il n’y avait aucun serpent pour les piquer : en effet nos Sages racontent que lorsque les juifs sont arrivés dans le désert, ils craignaient les serpents. Deux colonnes de feu sont alors sorties du saint des saints, se sont divisées en quatre et les ont tous brûlés.
C’est la raison pour laquelle lorsqu’il a été décrété qu’ils devraient être punis par une morsure de serpent, ces mêmes deux colonnes de feu qui avaient brûlé les reptiles sont entrées dans le nez des fils d’Aharon et les ont brûlés, réalisant ainsi la mission des serpents tués par leur intermédiaire.

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-> 6°/ Il est écrit : "Nadav et Avihou moururent ... et ils n'avaient pas eu d'enfants" (Bamidbar 3,4)
La guémara (Yébamot 64a) enseigne que s'ils avaient eu des enfants, ils ne seraient pas morts.

A ce sujet, selon le midrach (Vayikra rabba 20,9-10), ils ne se sont pas mariés car ils pensaient que personne ne pouvait être assez bien pour eux.

-> "Nadav et Avihou moururent ... et ils n’eurent pas d’enfants" (Bamidbar 3,4)
Le 'Hatam Sofer de commenter :
L'homme vit dans ce monde pour s'approcher d’Hachem, et après cette mission, il peut remonter vers Lui.
Nadav et Avihou ont atteint leur objectif en s’approchant énormément d’Hachem, au point que leur mission était achevée, et qu'ils en moururent.
Cependant, quelqu’un qui a des enfants, même s’il a fini sa mission dans ce monde, Hachem peut le laisser encore vivre, pour qu’il s’occupe encore d’eux, matériellement comme spirituellement.

=>Ainsi, certes Nadav et Avihou moururent, une fois leur mission achevée. Mais, ils ne bénéficièrent pas d’un supplément, car "ils n’eurent pas d’enfants", et n’avaient donc pas de raison de rester encore sur terre, une fois leur perfectionnement personnel atteint.

[même si un décret de mort plane sur nous, par le mérite de nos enfants on peut nous accorder de nombreuses années de vie supplémentaires!]

-> Le Torat Moché enseigne :
[On a pu voir que parmi les raisons de la mort des fils d'Aharon, il y a: ] ils ne s’étaient pas mariés, ils entrèrent ivres dans le Michkan et énoncèrent une loi devant leur Maître.
En réalité, ces 3 motifs ne font qu’un.
En effet, l’homme ne comprend l’importance de respecter ses parents qu’à partir du moment où il a des enfants ou des élèves auxquels il arrive de manquer de respect vis-à-vis de lui. Etant lui-même intransigeant à cet égard, il en déduit la manière dont il doit honorer ses parents et Maîtres.
=> Nadav et Avihou, restés célibataires, ne sont pas parvenus à cette prise de conscience. Aussi, manquèrent-ils de respect tant envers Hachem, en entrant ivres dans le Michkan, qu’envers leur Maître, en enseignant une loi en sa présence.

-> "Pour avoir apporté devant Hachem un feu étranger et ils n’avaient pas d’enfants" (Bamidbar 3,4)
Le Messekh ‘Hokhma explique : Le midrach (Vayikra 24a) dit que lorsqu’un homme faute, s’il a un fils tsadik, il n’est pas puni pour sa faute, sinon son fils aussi en souffrirait, or le fils est tsadik, donc pourquoi devrait-il souffrir?
C’est le sens du verset : "ils n’avaient pas d’enfant", car s’ils en avaient eu, il est possible que par leur mérite ils aient évité le châtiment.

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-> Le ‘Hatam Sofer (Pitou’hé ‘Hotam) enseigne qu’un grand tsadik peut rester en vie afin de guider ses disciples comme ses propres enfants, ce qui signifie que la 2e étape de la Avoda ne se limite pas à l’aide apportée aux enfants, mais s’applique également à celle apportée à ses élèves.
[Ce concept apparaît deux versets plus haut (v.3,2), quand la Torah parle des disciples de Moché comme de ses enfants. Rachi explique que l’enseignement qu’il leur prodigua le fit devenir un père spirituel.
Ainsi, de la même manière qu’une personne a la responsabilité de guider ses enfants biologiques, elle doit agir pareillement envers ses enfants "spirituels". Apparemment, Nadav et Avihou n’eurent pas d’élèves qui auraient pu prolonger leurs vies. ]

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-> 7°/ Le midrach (Vayikra rabba 20,10) rapporte qu'ils ont regardé la présence divine durant Sa révélation au mont Sinaï, d'une façon qui était trop familière et inappropriée.

Il est écrit : "Contre les nobles des enfants d'Israël ... ils contemplèrent D. et ils mangèrent et burent" (Michpatim 24,11).
Le midrach Tan'houma (Béaaloté'ha 16) explique les termes "les nobles des enfants d'Israël" comme faisant référence à Nadav et Avihou, qui ont mangé et bu pendant qu'ils regardaient la présence divine.

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-> [Il est intéressant de constater que] selon une opinion, la faute de Nadav et Avihou consista à entrer au Michkan en état d'ébriété.
Ne serait-il pas déplacé et inconvenant d'entrer au palais royal pour accomplir son service en état d'ivresse?
De plus, l'ivresse de Nadav et Avihou les empêchait d'être attentifs à leurs actes ; ils apportèrent donc de l'encens sans en avoir reçu l'ordre.
Cette offrande, l'un des services les plus importants, aurait dû être présentée par Moché ou Aharon. C'est pour cette raison que Nadav et Avihou méritaient la mort.
[Méam Loez - Chémini 10,1]

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8°/ "Ils apportèrent devant Hachem un feu étranger" (v.10,1)
Nadav et Avihou apportèrent du feu en offrande. En effet, le feu symbolise la rigueur, et ces 2 tsadikim étaient tellement grands qu’ils pensèrent pouvoir se dispenser de toute Bonté Divine. Et que même si on les jugeait avec la plus stricte rigueur, ils allaient être méritants, tellement ils étaient persuadés de n’avoir aucune faute ni aucune faille.

D'ailleurs, en réalité, ils avaient raison. Ils étaient tellement irréprochables qu’ils pouvaient sortir méritants même si on les jugeait avec la plus stricte sévérité.
Cependant, leur faute était que malgré tout, ils ne devaient pas avoir autant confiance en eux. Même s’il est totalement méritant, un homme doit néanmoins se considérer comme étant quelque peu manquant et ayant besoin de la Bonté Divine pour subsister.
=> Cette si grande confiance en soi qu’ils avaient contenait une fine part d’orgueil, et cela était leur faute.
[Rabbi Eliyahou Dessler - Mikhtav méEliyahou)

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-> Selon la guémara (Sanhedrin 52a), ils sont morts par un feu provenant du Saint des Saints, qui est rentré en eux par leur nez, et qui a brûlé leur âme.
De façon étonnante, leur corps est resté intact.

-> La Torah parle de : "un feu étranger" (ésh zara)
Le feu représente l'enthousiasme qu'ils avaient pour être au plus proche de D., cependant ce feu était "étranger" car il entraînait des actions contraires à la volonté de D.

Il faut faire attention à ce que de bonnes attentions n'entraînent pas des actes regrettables : la fin ne justifie pas les moyens.

[Ils avaient beaucoup d'amour de D., et pas assez de crainte.]

Puisque c'est uniquement leur âme bien-intentionnée (avec un enthousiasme mal placé) qui devait être punie, alors c'est seulement elle qui a été brûlée, laissant le corps (non fautif) intact.

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-> Selon certains, Nadav et Avihou virent que tous les sacrifices avaient été offerts et que tout ce que Moché avait ordonné avait été accompli.
Malgré cela, le feu n'était pas descendu du ciel et la Présence Divine n'était pas manifeste dans le Michkan.
Ils voulurent commencer par brûler l'encens afin que la Présence Divine se manifeste et viennent brûler les offrandes, honorant ainsi Hachem. Ils apportèrent du feu extérieur et le placèrent sur l'autel sans la permission de Moché.

Hachem leur dit : "Je vous donnerai plus d'honneur que vous ne M'en avez accordé. Vous M'avez apporté un feu profane sans attendre le Mien, mais J'enverrai du ciel un feu pur qui vous consumera."

A ce moment-là, un feu sortit du Saint des saints et les consuma.
C'et ainsi qu'ils moururent devant Hachem : 2 langues de feu sortirent du Saint des saints et se divisèrent en 4.
2 entrèrent dans les narines de Nadav, et 2 autres dans celles d'Avihou.
Le feu brûla leur corps de l'intérieur mais leurs vêtements restèrent intacts ...

Selon certains, seule leur âme brûla ; leur corps resta intact. La Torah dit donc : "Ils moururent devant Hachem".
[d'après le Méam Loez - Chemini 10,2]

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-> "Moché convoqua Michaël et Eltsafane, les fils d'Ouziel l'oncle d'Aharon, et leur dit : "Approchez-vous et retirez vos proches parents de l'intérieur du Michkan ; [emportez-les] hors du camp.
Ils s'approchèrent et portèrent [Nadav et Avihou] hors du camp dans leurs tuniques. (Chémini 10,4-5)

-> Les fils d'Ouziel emportèrent Nadav et Avihou hors du camp et leur enlevèrent leurs vêtements de Cohanim. Ils les couvrirent d'un linceul et les enterrèrent.
[les vêtements de Nadav et Avihou étaient restés intacts, puisqu'ils n'ont brûlé qu'intérieurement!]
[...]

Nos Sages sont d'opinion partagée quant à la façon dont Michaël et Eltsafane emportèrent les corps de Nadav et Avihou.
- Selon certains, ils n'entrèrent pas dans le Saint des saints pour les emporter bien qu'ils eussent une raison valable de le faire ; c'était nécessaire pour emporter les morts.
Cependant, il fut décidé du Ciel qu'ils n'aient pas à entrer. Un ange avait poussé Nadav et Avihou hors du Saint des saints de leur vivant. Ils moururent donc à l'extérieur, et ce fut de là qu'on les emporta.
- Selon d'autres, ils moururent à l'intérieur du Saint des saints et Michaël et Eltsafane les sortirent à l'aide de crochets de fer. Ils n'eurent donc pas à pénétrer dans le Saint des saints.
[Méam Loez - Chémini 10,4-5]

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+ "Un homme qui prendra sa sœur ... et il verra sa nudité et elle verra sa nudité, c'est une honte (en hébreu: 'hessed ou) et ils seront retranchés ..." (Kédochim 20,17)

-> D'après le Radak, le terme 'hessed a 2 sens : "bonté" et "honte".

Les 2 sont liés, car la honte liée à l'immoralité est la conséquence d'une trop grande bonté.
Celui qui se soucie trop de donner du plaisir et n'arrive pas à discipliner sa personne ou son entourage, risque de sombrer dans l'immoralité.

=> A leur niveau extrêmement élevé, on peut imaginer que Nadav et Avihou avaient un tel désir de se lier à Hachem, qu'ils ont été aveuglés par cette recherche au point d'en venir à fauter.

[la frontière est fine entre le zèle et l'enthousiasme souhaitables dans notre relation avec D., et une attitude avec trop de proximité, de familiarité et pas assez de crainte]

=> Il faut faire attention que sous couvert d'actes plein de bons sentiments, de bonté, nous n'en arrivons à agir de façon déplacée.

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-> "Adorez Hachem avec crainte, et réjouissez-vous [en D.] avec tremblement" (Téhilim 2,1 - ivdou ét Hachem béyir'a, véguilou bir'ada)
Il y a 2 façons de se rapprocher de Hachem : par la crainte (yira) et par l'amour (aava).
Le Zohar enseigne qu'il faut tout d'abord servir Hachem avec crainte, et ensuite avec amour.
Le fait de servir Hachem comme il le faut avec crainte, est ce qui va permettre à une personne de pouvoir le servir avec amour.
[la crainte doit être la base, ce qui va canaliser dans la bonne direction le développement d'un amour débordant/infini pour D.]

Le Torat Cohanim (Chémini) dit que Nadav et Avihou ont : "ajouté de l'amour à de l'amour".
Ils sont morts car ils ne se sont pas rapprochés de D. de la bonne façon : plutôt que d'utiliser la crainte pour parvenir à l'amour, ils ont voulu y arriver en n'utilisant que de l'amour.
[le Béer Moché]

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+ "[Nadav et Avihou] apportèrent devant Hachem un feu étranger qu'Il ne leur avait pas ordonné [d'apporter]" (Chémini 10,1)

-> Lorsqu’un tsadik accomplie une mitsva, il le fait avec une telle ardeur et un tel enthousiasme, qu’il investit toute son énergie et toute sa vitalité dans cette mitsva.
C'est ainsi que suite à la mitsva, il ne lui reste plus de force au point que naturellement, il devrait mourir. Seulement, Hachem a mis dans chaque mitsva un potentiel de vie, comme il est dit concernant les mitsvot : "Il vivra par elles" ('haï bahem), et ne mourront donc pas à cause d’elles.
Un tsadik se donne tellement pour une mitsva qu'il doit normalement en mourir, mais cette mitsva possède le pouvoir de recharger de vie, ce qui le maintient en vivant.

Nadav et Avihou eux-aussi (au regard de leur très haut niveau spirituel), quand ils ont offert ce feu, il l’ont fait avec toutes leurs forces et toute leur vitalité, comme si c’était une mitsva. Seulement, la Torah atteste "que Hachem ne leur avait pas ordonné [d'apporter]", entraînant que cela n'était pas une mitsva de D., qui a ce potentiel de vitalité.
=> Ainsi, après avoir fait leur acte de dévotion avec toute leur âme, ils ne disposaient pas de la recharge de vitalité liée à la mitsva, et c'est ainsi qu’ils en moururent, purement et simplement.
['Hidouché haRim]

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9°/ D'après nos Sages, l'un des raisons de la mort de Nadav et Avihou serait due au fait que leurs parents ont inversé l'ordre des prénoms.
La femme d'Aharon s'appelait Elichéva bat Aminadav, et Aharon appela son fils aîné "Nadav" en son honneur, bien qu'il ne fut pas son père, mais son beau-père.
Quant à "Avihou", c'était le prénom du père d'Aharon (avi hou = c'est mon père), et il ne l'a donné qu'à son second fils.
[Sdé 'Hessed - Yoré Déa question 22]

[telle est la coutume chez les Séfarades de donner au 1er garçon le prénom du grand-père paternel, et le second fils sera nommé selon le prénom du grand-père maternel.
Le Ben Ich 'Haï (Choftim 27), ainsi que le rav Ovadia Yossef (Halikhot Olam) disent que la mère ne pourra pas exiger d'appeler leur premier fils d'après le prénom de son père, le mari ne pourra pas l'écouter, car par cela il transgresserait la mitsva de respecter son propre père.
Cependant, si le père de la femme est décédé, il pourra le faire avec l'accord de son propre père (le grand-père paternel).]

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10°/ Selon rabbi Lévi (un sage du 3e siècle), Nadav et Avihou sont morts à cause de la profonde peine qu'ils ont causée aux jeunes filles d'Israël qui auraient voulu se marier avec eux.
Ils étaient tellement arrogants et imbus de leur importance qu'ils ont préféré rester célibataires, jugeant toutes les jeunes filles qu'ils rencontraient comme indignes d'eux!

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11°/ Le Torat Cohanim (1,32) écrit : "Nadav et Avihou ne demandèrent pas conseil à Moché ... et chacun partit de son propre chef, sans tenir conseil".
Ainsi, les fils d’Aharon n’offrirent pas l’encens ensemble ; ils eurent tous deux la même idée indépendamment et allèrent isolément dans le Michkan.

On leur reproche de n’avoir pas pris conseil auprès de leur maître, Moché Rabbénou, avant d’entreprendre cet acte intrépide, mais aussi de ne s’être pas concerté avant d’agir.
Rav Berel Soloveitchik trouve ce midrach très difficile à saisir ; on comprend bien qu’ils dussent faire appel à Moché, puisque celui-ci leur aurait certainement conseillé de ne pas approcher l’encens, mais pourquoi désapprouver le fait qu’ils n’aient pas pris conseil mutuellement ? Tous deux étaient certainement convaincus de la validité de leur projet : qu’allaient-ils donc gagner à en discuter, si ce n’est d’en confirmer sa justesse?

Le rav Soloveitchik répond que l’on apprend d’ici un principe fondamental sur la nature humaine : on peut désirer commettre une mauvaise action et reconnaître en même temps sa nature négative quand une autre personne l’accomplit.
En effet, chacun est influencé par son yétser ara qui l’empêche de prendre des décisions en toute objectivité. Celui-ci voile notre raisonnement et nous fait croire que nos actions sont acceptables.
Or, quand notre prochain est sur le point de faire la même faute, nous sommes capables de considérer les choses avec plus de recul et d’avoir une analyse plus objective et juste. Parce que quand il s’agit d’autrui, on n’est pas embrumé par un désir d’autosatisfaction et l’on peut juger plus correctement de la pertinence de ses intentions.
Donc, si Nadav avait pris conseil auprès d’Avihou (et inversement), ce dernier aurait certainement vu le côté négatif du raisonnement de son frère, même s’il projetait de faire la même chose. C’est l’objet de la critique qui leur est faite.

-> " Acquiers pour toi un ami" (Pirké Avot 1,6)
Rabbénou Yona nous enseigne l’importance d’avoir au moins un ami qui puisse jouer le rôle de spectateur neutre sur nos actions, et cet ami ne doit pas forcément être d’un niveau supérieur au nôtre.

Le rabbi Yéhonathan Gefen commente :
Nous apprenons de ce développement une leçon très importante dans la vie : une personne ne doit pas se baser sur ses propres jugements concernant ses actions ; nos décisions seront biaisées par notre subjectivité qui justifiera nos fautes. Il est important de comprendre la nécessité d’avoir un ami qui est prêt à prodiguer des conseils judicieux, voire à réprimander, si nécessaire, s’il nous voit aveuglés par nos désirs.

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-> "Après la mort des deux fils d’Aharon" (Chémini 16,1)

D’après le Zohar, Nadav et Avihou avaient moins de 20 ans, ce pour quoi ils sont appelés "fils d’Aharon", en référence à leur statut d’enfant dépendant de leur père.
=> S’il en est ainsi, pourquoi furent-ils punis par D., alors que l’homme ne l’est qu’après avoir atteint cet âge?

Le Hadrach véhaIyoun explique, en s’appuyant sur les paroles de nos Maîtres (guémara Béra'hot 31b), qu’un jeune enfant particulièrement intelligent peut être puni avant 20 ans. C’est pourquoi Eli Hacohen dit à Chmouel, âgé de 2 ans, qu’il était passible de mort, car il avait perçu sa grande sagesse.

D’où la suite du verset "qui, s’étant avancés devant Hachem", nous expliquant la cause de leur mort : du fait qu’ils avaient accédé à un haut niveau, étaient très proches de D., ils décédèrent, bien qu’ils n’eussent pas encore atteint l’âge d’être punis par le Ciel.

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"[Nadav et Avihou] apportèrent devant Hachem un feu étranger qu'Il ne leur avait pas ordonné [d'apporter]" (Chémini 10,1)

-> Le Rabbi de Loubavitch rapporte le commentaire du Ohr ha'Haïm haKadoch qui dit qu'en fait Nadav et Avihou ne commirent aucune faute.
En fait, ils s'élevèrent tellement par leur acte et se rapprochèrent tellement de la Lumière Divine, que leur âme s'attacha à Hachem et fut attirée par la douceur de Sa Lumière. C'est ainsi qu'ils moururent. C'était une mort de dévotion.

De plus, même quand un homme est proche d'Hachem, tant qu'il est encore séparé de Lui, il aura besoin qu'Hachem lui exprime Sa Volonté pour qu'il l'accomplisse. En effet, cet homme n'est pas encore arrivé à un niveau d'attachement avec Hachem tel que sa volonté se confonde avec la Volonté Divine. Mais l'homme qui s'est tellement attaché à Hachem, peut arriver au niveau de proximité tel que sa propre volonté s'efface complètement devant la Volonté Divine.
Ainsi, la Volonté d'Hachem deviendra sa volonté personnelle. Il n'aura plus d'autre volonté autre que celle d'Hachem. De ce fait, il en viendra à accomplir les mitsvot tout à fait naturellement, comme un homme qui réalise ses propres désirs.
A ce niveau, un tel homme n'aura plus besoin d'Ordre Divin pour appliquer la Volonté Divine, au même titre que l'on ne donne pas d'ordre à un homme pour qu'il réalise sa volonté personnelle.
Nadav et Avihou se sont tellement élevés et rapprochés d'Hachem lorsqu'ils apportèrent leur encens, qu'ils furent "aspirés" par la Lumière Divine et en moururent.
A ce niveau, ils s'attachèrent à Hachem au point que la Volonté d'Hachem est devenu complètement leur propre volonté. A ce niveau qu'ils atteignirent, ils n'avaient plus besoin qu'Hachem leur exprime Sa Volonté par l'émission d'un ordre.

Telle est l'allusion de notre verset : "Ils apportèrent un feu étranger qu'Il ne leur avait pas ordonné" = Ce feu était étranger, car il leur avait permis de s'élever de façon extraordinaire, ce niveau était étranger au niveau habituel que les encens accordent à l'homme. Ce degrés d'élévation était tel qu'"Il ne leur avait pas ordonné". Ils se sont élevés au point de ne plus avoir besoin d'ordre.

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-> "Hachem parla à Moché, après la mort des deux fils d’Aharon, qui, s’étant avancés devant Hachem, avaient péri" (A'haré Mot 16,1)

La mort des fils d’Aharon et leur faute sont évoquées à 4 reprises. Et ce, afin de souligner que c’était là leur seule et unique faute.
"Voyez combien est dure la mort des fils d’Aharon devant Hachem! souligna Rabbi Elazar Hamodaï. A chaque fois que leur disparition est évoquée, leur faute aussi."
Pourquoi?
Afin de faire taire les mauvaises langues, qui auraient pu dire qu’ils fautaient en secret, et que c’est ce qui causa leur mort.
[Pessikta déRav Kahana]

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-> "Toute la maison d’Israël pleura ceux qu’a brûlés Hachem" (Chémini 10,6)

Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1182) enseigne :
Nadav et Avihou savaient que le jour de l’inauguration du Michkan, une immense joie régnerait dans les sphères supérieures et inférieures ...
Or, Nadav et Avihou craignirent que ce débordement de joie empêche les enfants d’Israël de réparer l’atteinte portée par leur péché à l’ensemble des mondes.
En effet, s’ils étaient uniquement plongés dans la joie, leur esprit ne serait pas libre pour terminer de réparer le péché du veau d’or, qui avait entraîné le départ de la Présence divine. Et, s’ils ne mettaient pas à profit le jour de l’inauguration du Michkan pour le réparer à la racine, Hachem risquait de nouveau de prendre congé d’eux.

Ainsi, appliquèrent-ils la vérité énoncée par le verset : "Mieux vaut aller dans une maison de deuil que dans une maison où l’on festoie" (Kohélet 7,2). Ils furent prêts à mourir le jour où la Présence divine reviendrait résider parmi le peuple juif, afin que ses membres déplorent leur disparition, et par ce biais, se repentent et se purifient complètement de toute trace de péché, permettant ainsi à Hachem de continuer à résider parmi eux.

Ces 2 tsadikim, fils d’Aharon, comprirent que la joie accompagnant le déploiement de la Présence divine ne pouvait pas, à elle seule, conduire les enfants d’Israël à une réparation absolue de leur péché. Pour cela, il était nécessaire qu’ils s’endeuillent, car ceci les conduirait à se remettre en question, à réfléchir pourquoi D. fut contraint de les quitter momentanément et à définir leur raison d’être sur terre.
Hachem conscient de leur pureté d’intentions, accepta leur démarche, comme le souligne notre verset : "Toute la maison d’Israël pleura ceux qu’a brûlés Hachem" (Chémini 10, 6)."

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-> Dans un commentaire sur la paracha de Bamidbar (Bamidbar 3,4), Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1187) enseigne :
"Nadav et Avihou étaient si attachés à Hachem qu’ils dédaignèrent tout ce qui avait trait à la matière, n’aspirant qu’à se rapprocher encore davantage de Lui. Ils le firent tant et si bien qu’ils virent la lumière éclatante émanant des vertus d'Hachem. Voulant tellement y adhérer, ils ne parvinrent pas à faire marche arrière et moururent, consumés par Hachem, "feu dévorant".

Par contre, d’autres tsadikim, comme Moché et Aharon, s’attachèrent également à Hachem, mais avec pondération et précaution. Ils savaient jusqu’où il leur était permis de se rapprocher de Lui et ne dépassèrent pas cette limite, ce qui leur permit de rester en vie. C’est pourquoi il est dit "Je serai sanctifié par Mes saints", car les fils d’Aharon aspiraient tant à adhérer à Hachem que cela leur coûta la vie.

Comment expliquer qu'Hachem, "feu dévorant", puisse résider à l’intérieur de notre être sans nous brûler?
Il s’agit là d’un grand miracle pour lequel nous devons Le remercier à tout instant. Le Créateur se réduit en nous, de sorte à ne pas nous brûler.
Afin de concrétiser cette réalité, Hachem a permis à Nadav et Avihou d’être brûlés vifs, pour nous enseigner que cela devrait normalement arriver à tout homme. Mais, dans Sa grande bonté, D. a pitié de nous et fait en sorte que nous puissions rester en vie, malgré Sa Présence en notre sein.
Il nous incombe de Le louer constamment pour cet immense miracle permanent, comme nous le disons dans les derniers mots de la bénédiction de acher yatsar : "oumafli laassot" (qui fait des prodiges)."

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-> "Et vos frères, toute la maison d'Israël, pleureront l'embrasement que Hachem a enflammé" (Chémini 10,6)

=> On peut s'interroger sur cet Ordre Divin à l'adresse du peuple de pleurer la mort de Nadav et Avihou. En effet, devant un tel drame, tout le monde fut sensibilisé et peiné jusqu'aux larmes. Pourquoi donc donner un tel ordre de pleurer à ceux qui pleureront d'eux-mêmes? Et pour ceux qui ne sentent pas les pleurs venir, peut-on forcer quelqu'un à pleurer?

-En fait, l'ordre ne concernait pas le fait même de pleurer. Seulement, Hachem prescrit au peuple que quand ils pleureront, ils auront conscience qu'ils sont en train de se lamenter pour l'embrasement "que Hachem a enflammé". C'est-à-dire qu'ils devront se rappeler que ce drame vient d'Hachem et c'est Lui Qui a provoqué la mort de ces deux jeunes gens, pour la faute qu'ils ont commise.
Et surtout, qu'ils n'imaginent pas que ce drame est venu suite à des causes naturelles.
[rabbi Yaakov Neuman]

"Ils transmirent le message ... : ''Homme ou femme ne feront plus le travail''... Et le peuple cessa d'apporter" (Vayakél 36,6)

=> Quel rapport entre l'ordre d'arrêter le travail sacré de construction du Michkan et l'arrêt du peuple d'apporter des offrandes?

En fait, le peuple avait déjà amené suffisamment d'offrandes pour fabriquer le Michkan. Mais dans leur élan, on ne pouvait plus les arrêter d'en apporter, car ils étaient tellement poussés par leur grande générosité et leur bonne volonté qu'ils ne pouvaient pas se freiner.
Ainsi, pour les stopper, le conseil qu'il fallait appliquer était de déclarer qu'il fallait arrêter le travail de construction. Car tant que le peuple voyait le travail se faire, cela les encourageait d'apporter encore des offrandes, car cela créait une stimulation. Mais, quand on arrêta le travail, alors cela entraîna aussi que le peuple cesse d'apporter des offrandes.
Ainsi, le fait de déclarer d'arrêter le travail, c'était l'astuce pour arrêter les offrandes.
Tout cela met en évidence la grande générosité du peuple.
['Hidouché haRim]

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"Moché ordonna qu'on fasse passer dans le camp une proclamation disant : "Que ni homme ni femme ne fassent plus de travail pour le don au Sanctuaire!" Et le peuple fut empêché d'apporter.
Et le travail était suffisant pour tout le travail, pour le faire et il y en avait en surplus" (Vayakél 36,6-7)

La générosité du peuple n'ayant pas de limite, Moché a proclamé que l'on cesse d'apporter des dons.
Pourquoi cela?
On peut toujours trouver une utilité à ce surplus de don : par davantage d'ornements, d'embellissements, de récipients, ... ?
Le michkan aurait alors ressemblait au luxueux Temple construit plus tard par le roi Chlomo.

Rabbi Ménachem Zaks (Ménachem Tsion) dit que le michkan devait être un structure temporaire et mobile.
Ainsi, plus on donnerait et ajouterait pour le michkan, plus les lévi'im aurait d'éléments à porter entre 2 campements.

Par contre, le Temple était conçu pour être une structure permanente et fixe à une seule location.
Il avait ainsi une quantité sans fin de matériaux précieux et on pouvait lui donner des objets sans limitation.

=> On apprend d'ici que lorsque l'on veut prendre sur nous une nouvelle mitsva ou 'houmra, nous devons être sûr que nous ne blessons, ni ne gênons pas quelqu'un d'autre.

Faire une 'houmra ne doit pas se faire au détriment de notre prochain.
En effet, Moché a demandé à arrêter les dons destinés à embellir le michkan (lieu de résidence de D. parmi le peuple), afin de ne pas porter préjudice aux lévi'im qui en assuraient le transport dans le désert.

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"Il fit la barre du milieu pour filer à l'intérieur des planches de bout en bout" (Vayakél 36,33)

-> La barre du milieu (béria'h ati'hon) était la poutre du milieu qui soutenait les murs du michkan.

-> La guémara (Shabbath 98b) nous dit que par nature c'était un miracle complet.

-> D'où venait-elle?
1°/ Selon le Targoum Yonathan ben Ouziel (36,33) : de l'arbre planté par Avraham : "il planta un échel (arbre) à Beer Shéva et il proclama là le Nom de Hachem" (Vayéra 36,33).
Les anges l'ont coupé et jeté dans la mer Rouge, et il a flotté jusqu'à ce que Moché le récupère.

2°/ Selon une autre opinion (le midrach), c'était initialement le bâton de Yaakov.

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-> "Pour concevoir des œuvres d’art, et mettre en œuvre l’or, l’argent et l’airain" (Vayakel 35,32)

Le Midrach explique que "l’or" = c’est Avraham, "l’argent" = c’est Its’hak, "l’airain" = c’est Yaakov.
Pendant que les artisans confectionnaient les objets saints que le peuple avait offerts comme don au Sanctuaire, ils mentionnaient à voix haute les noms des patriarches Avraham, Its’hak et Yaakov.
Ce faisant, ils éveillaient dans les cœurs des bné Israël l’amour pour cette mitsva.

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-> "Tous ceux qui se trouvaient en possession de bois de chitim propre à l’exécution du service, l’apportèrent" (Vayakel 35,24)

=> Il y a lieu de s’étonner : pourquoi le bois de chitim est-il cité à part et non pas à la suite du verset "quiconque donne de l’argent, de l’airain et du bois de chitim "?
D’autre part, pourquoi est-il dit uniquement à propos du bois de chitim : "propre à l’exécution du service"?

Le Ben Ich Haï répond :
Nos Sages demandent dans le midrach d’où ils avaient du bois de chitim dans le désert. Yaakov leur avait dit de planter des arbres de chitim au pays de Gochen et, en sortant d’Egypte, ils les avaient emportés.
Donc, d’après cela, ceux qui avaient porté ces bois depuis l’Egypte s’étaient donné beaucoup de peine, 100 fois plus que pour l’or, l’argent et l’airain (le cuivre).
A cause de cette peine qu’ils s’étaient donnée, Hachem a considéré leur don comme si l’or, l’argent et les autres matières qui avaient été apportées venaient de leur part, ainsi la récompense qu’ils méritaient serait grande.
C’est ce que signifie le verset : "Tous ceux qui se trouvaient en possession de bois de chitim" et avaient donc fourni beaucoup d’efforts, on le leur a compté comme si tout venait de leur part.

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+ "Le peuple fut empêché d'apporter" :

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch explique que certes au bout du compte, après que toutes les offrandes aient été apportées, il s’est avéré qu’il y en avait en plus. Mais, par amour de Son peuple, Hachem ne souhaitait repousser aucune offrande, et toutes devaient servir à l’œuvre du Michkan.
C’est ainsi que bien que certains dons étaient en trop, malgré tout, par miracle, toutes les offrandes trouvèrent leur place dans le Michkan de sorte qu’au bout du compte les offrandes étaient juste "suffisants", sans surplus.
=> Hachem réalisa ce miracle par amour pour le peuple juif, pour que le don d’aucun d’entre eux ne soit repoussé et ne serve pas dans le Michkan.
Ainsi, le verset dit que certes, il y avait du surplus dans les dons amenés, mais au final, par miracle les dons étaient suffisants, sans surplus.

-> Le Ben Ich 'Haï rapporte que chaque élément fabriqué dans le Michkan, a été conçu avec des pensées très élevées et très spirituelles. Certes, chaque élément était en soi matériel, mais il renfermait des pensées spirituelles. Et bien que chaque élément matériel ait une valeur intrinsèque, de par lui-même, malgré tout, grâce aux pensées qu’il renfermait, sa valeur augmentait de beaucoup.
Ils ajoutèrent en qualité, en beauté, augmentant ainsi la valeur de leurs contributions, à l’image d’un diamant, dont la valeur augmente lorsqu’il est monté sur une bague en or, sa beauté apparaissant alors dans tout son éclat.
C’est à cela que le verset fait allusion. "Le travail était suffisant pour faire tout le travail" = c’est-à-dire que le travail d’attirer la sainteté spirituelle dans chaque élément, était suffisant pour faire tout le travail matériel.
Chaque objet matériel était empreint des saintes intentions de façon suffisante, et ces pensées spirituelles apportaient un "surplus" de valeur à chacun de ces objets.
Ces pensées pures étaient un supplément qualitatif, par rapport aux dons originaux, qui octroya une beauté spirituelle au michkan et amplifia la gloire Divine.

-> Le Beth Its'hak (rapportant un des Admourim de Vorka) explique que le Michkan a été construit pour apporter une expiation à la faute du veau d’or.
Non seulement les dons et les offrandes apportées ont été suffisants pour obtenir le pardon de cette faute, mais en réalité ils dépassaient même cet objectif, en étant supérieurs à ce qu’il fallait.
=> Du point de vue de l’expiation de cette faute (objectif du Michkan), il y avait même du surplus, plus que ce qui était exigé.

-> Le Beer Maïm 'Haïm dit que pour la construction du Michkan, lieu de Résidence pour la Présence Divine, il convient d’embellir et d’honorer ce lieu le plus possible. Ainsi, il n’aurait pas été convenable d’apporter le strict minimum nécessaire, car cela pourrait sembler être de la radinerie et de l’étroitesse.
=> C'est ainsi que par amour, les juifs ont apporté les offrandes avec générosité au point d’apporter plus qu’il en fallait. Mais ce surplus, qui n’était pas nécessaire pour la fabrication à proprement dite, servait à attester de la générosité des donateurs pour cette œuvre si importante.
S’ils avaient amené uniquement ce qu’il fallait, cela n’aurait pas été véritablement assez pour attester de l’amour de cette cause. De sorte que pour être suffisant, il fallait qu’il y en ait plus!

-> Le Sfat Emet fait le commentaire suivant :
Pour la fabrication du Michkan, il fallait que l’action corresponde exactement à la volonté du cœur, pour que l’offrande soit authentique, à savoir conforme au cœur.
Mais certains, pour recevoir des éloges ou ne pas avoir honte, ou encore d’autres raisons intéressées, apportèrent plus d’offrandes que ce que leur cœur désirait vraiment.
=> C’est à cela [en particulier] que fait allusion ce verset : "Le peuple apporte trop" = leur action surpasse la volonté de leur cœur. Et une telle chose ne convenait pas pour la fabrication du Sanctuaire d’Hachem, où l’authenticité devait être la base.

-> "Le peuple fut empêché d'apporter"
Le Sifté Cohen (rabbénou Mordé'haï haCohen) explique : "le peuple" fait référence ici au : érev rav, qui apportaient des donations car ils se sentaient forcés de le faire, n'ayant pas d'intentions convenables, puisque pas léchem chamayim.
Lorsque Moché a entendu cela, il a demandé aux gens d'arrêter d'apporter des donations car le Michkan nécessite une véritable pureté de ceux qui sont impliqués dans sa construction.
[pour Hachem l'essentiel n'était pas l'objet amené (Il n'a besoin de rien!), mais plutôt le cœur de celui qui l'apportait!]
Immédiatement alors, les gens du érev rav ont été plus que content de pouvoir arrêter.

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"Ils (Bétsalel, Aholiav et les autres hommes l'aidant dans la construction) prirent de devant Moché tout le prélèvement que les enfants d'Israël avaient apporté ... Ils continuaient à lui apporter des dons volontaires matin après matin" (Vayakél 36,3)

=> Comment comprendre ce verset : Qui et pourquoi continuaient-ils à apporter des dons? Pourquoi tous les matins?

Le rav Barou'h Frankel Toumim (le Barou'h Ta'am), cite la halakha qu'un salarié a le droit de prendre une pause au milieu de sa journée de travail afin de manger, et son salaire ne doit pas en être diminué par son employeur (Choul'han Aroukh - Hochen Michpat 358).
Bien qu'il soit parfaitement permis pour un salarié de suivre cette pratique, les travailleurs qui ont construit le Michkan dans le désert n'ont pas agi ainsi.
Ils avaient conscience de l'importance de leur travail (construire la demeure de D. dans ce monde!) et ils ont refusé de faire la moindre pause dans leur mission sacrée, pas même pour une seule minute.
Cependant, une personne a naturellement besoin de manger durant la journée (surtout pour être pleinement efficace), et ces hommes n'y échappaient pas. Qu'ont-ils fait?
Ils se levaient le matin plus tôt que d'habitude, et ce temps supplémentaire au travail leur permettait de "perdre" du temps pour manger lorsqu'ils en avaient besoin durant la journée.

=> La Torah décrit comment Bétsalel, Aholiav et les autres hommes ("sage de cœur") qui ont participé à la construction du Michkan, ont : "apporter des dons volontaires matin après matin" = cela correspondait au temps où ils se levaient plus tôt le matin pour aller au travail, afin de n'avoir à déduire aucune minute de leur tâche sacrée (même si la halakha le permet).

==> Tout juif peut en prendre exemple, en décidant également de dédier chacun des instants disponibles de sa vie à faire la volonté de Hachem, même si pour cela il faut se lever un peu plus tôt.

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"Le travail était suffisant pour tout le travail, pour le faire et il y en avait en surplus" (Vayakél 36,7)

=> Est-ce que c'était "suffisant" ou bien "il y en avait en surplus"?

-> Le Divré Yoël donne la réponse suivante :
Il y en avait suffisamment pour le Michkan, et le surplus a permis de construire un lieu d'étude (beit midrach).
Le Michkan était le lieu de résidence de la Présence Divine (Ché'hina). Cependant, pour que les juifs soient méritants qu'elle réside parmi eux, ils devaient s'y préparer en étudiant la Torah.
C'est pourquoi tant qu'ils n'avaient pas terminé de bâtir le beit hamidrach, la construction du Michkan ne pouvait pas être complète, puisqu'ils ne méritaient pas que la Présence Divine réside parmi eux.

=> D'un côté, le travail du Michkan était "suffisant", mais d'un autre côté, "il y avait un surplus" qui devait encore être utilisé afin d'édifier le beit midrach (lieu destiné à l'étude de la Torah), qui permettrait aux juifs d'être suffisamment méritants pour recevoir la Ché'hina.

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-> A ce sujet, le Béré'h Moché enseigne également :
Moché a dit à Hachem que concernant le Michkan tout était réalisé, et il a demandé ce qu'il devait faire du matériel en surplus.
Hachem lui a répondu qu'il devait construire un : Michkan lé'eidout = un grand beit midrach, un lieu d'étude de la Torah.

Selon le Binyan Ariel, Moché était le "gizbar" (la personne en charge des fonds), pour la construction du Michkan.
Or la loi juive (Choul'han Arou'h - Ora'h 'Haïm 153,65) est qu'une fois que de l'argent est sous le contrôle du "gizbar", il n'a pas le droit d'utiliser le moindre centime pour quelque chose d'une kédoucha inférieure à ce qui a été prévu.
=> On peut s'interroger : le Michkan ayant davantage de sainteté que le beit midrach, comment Moché a-t-il pu utiliser des fonds du Michkan pour bâtir le beit midrach?

En se basant sur les paroles du Divré Yoël ci-dessus, nous pouvons répondre qu'en réalité ce plus haut niveau de sainteté du Michkan, n'est devenu effectif qu'une fois que le beit midrach a pu être édifié.
En effet, c'est la construction d'un lieu d'étude de la Torah, qui a permis à la Présence Divine de venir résider dans le Michkan, le propulsant alors à un haut niveau de sainteté.

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-> "Les matériaux suffirent pour l’exécution de tout l’Ouvrage [le Michkan], et par-delà [והְותֵֹר - véotèr- et même au-delà]" (Vayakel 36,7)

1°/ Rachi commente : "Les matériaux qu’on avait apportés étaient suffisants à ceux qui accomplissaient le travail pour toute la construction du Tabernacle pour le faire, et pour qu’il en reste."

2°/ Le Ohr ha'Haïm haKadoch nous fait remarquer en réalité que le verset se contredit. En effet, d’un côté le texte nous dit que les matériaux étaient suffisants, c’est-à-dire qu’il y en avait juste assez, et d’autre part il est écrit qu’il en resta (car il y en avait trop). Le commentateur explique que le verset vient nous faire entendre combien Hachem chérit ses enfants. Bien qu’en réalité les Bné Israël apportèrent plus que ce qu’il fallait, D. considéra le don de chacun. Il ne voulait décevoir personne! Ayant apporté au-delà de la mesure, certains auraient pu en effet être déçus et s’imaginer que leur offrande ne serait pas utilisée pour la construction du Michkan.
C’est la raison pour laquelle le verset insiste pour dire qu’il y avait suffisamment de matériaux (juste ce qu’il en faut) afin que chacun ressente le mérite de voir son offrande utilisée. [Également, si les travaux effectués avaient été tous justes suffisants, chacun aurait pu s’enorgueillir à la pensée que c’était grâce à sa contribution que la Chékhina était venue résider en Israël. C’était pour éliminer de telles spéculations répréhensibles que le produit excédent, allant au-delà de la mesure strictement suffisante, s’avéra nécessaire].

3°/ Rabbi ‘Haïm Vital nous dit qu’en réalité, la quantité de matériaux était suffisante (juste ce qu’il faut) mais puisqu’ils furent utilisés pour une œuvre sainte, la bénédiction de l’abondance régna et ainsi, il en resta.

4°/ Le Ramban explique que cet excédent ne représentait pas une quantité assez importante pour qu’il en fût fait état dans les comptes rapportés dans la Paracha de Pékoudé (il était donc négligeable).
Il fut réservé pour des réparations ou aménagements ultérieurs ou encore pour la confection d’objets sacrés de réserve.

5°/ Le midrach (Chémot rabba 51) relate que Moché s’est rendu chez Betsalel (l’artisan du Michkane) et constata qu’il restait du surplus des prélèvements des Béné Israël, après que fut achevé la construction du Tabernacle. Il dit alors devant le Saint, béni soit-Il : "Maître du Monde, nous avons effectué les travaux du Michkan et il nous reste des matériaux. Que doit-on en faire?"
Hachem lui répondit : "Va et fais-en un ‘Tabernacle de témoignage’ (un Beth HaMidrach pour étudier la Torah – Yafé Toar)."

Le midrach explique ici, de manière allégorique, ainsi la redondance du mot "Michkan" du premier verset de la paracha de Pékoudé : "Voici le décompte du Tabernacle (le Michkan pour la résidence de D.), le Tabernacle de témoignage (le Beth HaMidrache pour les Béné Israël).» Après que les Béné Israël aient accepté la Torah en prononçant les mots : "Naassé VéNichma" (Nous ferons et nous écouterons), ils reçurent aussitôt l’ordre de construire le Michkan.

Le Divré Yoël explique qu’il était nécessaire qu’ils construisent alors un Beth HaMidrache, pour apprendre les Lois, et notamment celles relatives au Service divin, afin de faire résider en eux la Chékhina de façon parfaite.