Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Quand l'homme fera, et il vivra par eux." (A'harei Moth 18,5)

Le rav Soloveitchik a dit :
"Celui qui ne fait pas ce qui lui incombe et n'accomplit pas la volonté de D. ne vit pas, il est déjà mort.

Quand est-ce que l'homme est-il véritablement en "vie"?

Quand il mène ses jours selon la volonté de D. et se dirige ainsi vers le but pour lequel il a été créé. "

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-> "Que l’homme fera et par lesquelles il vivra"

Le rav Chakh (Bézot ani Botéa'h) enseigne :
Les gens ont l’habitude d’expliquer que de "se dévouer pour la sanctification du Nom de Hachem" consiste à mourir en martyre. Mais de ce verset, nous entendons que la Torah ne veut pas moins, et peut-être même plus, que l’homme "vive" pour sanctifier le Nom de Hachem.
La Torah accorde une grande valeur à la vie. Elle exige que l’homme vive en pratiquant les mitsvot, en toutes circonstances, même les plus difficiles, et non qu’il meure pour les pratiquer ...
La Torah veut que vous nous donnions pour elle, tous les jours de notre vie.
Voyez combien des gens qui sont prêts même à se faire tuer à la guerre ne peuvent pas résister au plus petit de leurs désirs. Alors que la Torah exige le contraire : que l’homme vive sa vie, mais en se dévouant pour les mitsvot.

Rabbi Akiva, dans ses derniers instants, au moment où on l’a mené à l’exécution et où l’on peignait sa chair avec des peignes de métal, prenait sur lui le joug du royaume des Cieux, en prolongeant le mot "e’had", jusqu’à ce que son âme sorte sur "e’had".
Un dévouement exceptionnel, au milieu des plus grande souffrances et en prenant sur lui le joug du Royaume des Cieux.

Mais le langage de cette guemara (Béra'hot 61b) semble mettre en valeur une idée totalement différente.
Il y est écrit : "Quand on mena Rabbi Akiva à l’exécution, c’était le moment du Shéma, on peignait sa chair avec des peignes de métal, et il prenait sur lui le joug du royaume des Cieux".
Cela veut dire qu’exactement à ce moment-là était arrivé le moment de la mitsva de dire le Shéma, c’est pourquoi il l’a fait.
Cela implique que la grandeur de Rabbi Akiva n’était pas de s’être livré au supplice pour sanctifier le Nom de Hachem, mais que même au moment où on le tuait, il n’a pas laissé passer une mitsva sans l’accomplir.
En effet, le devoir du juif est d’observer la Torah toute sa vie, même pendant des épreuves difficiles, et même à ses derniers instants, tant qu’il est encore vivant il doit accomplir les mitsvot.
Ne disons donc pas que Rabbi Akiva est mort par dévouement, mais qu’il a vécu dans le dévouement et a accompli les mitsvot avec dévouement, car c’est cela qu’ordonne la Torah.

" Toutes les souffrances qui arrivent aux juifs le sont car ils ne désirent pas ardemment la terre d'Israël"

[midrach Téhilim 17,1]

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-> "L'unique objectif de toutes nos afflictions est de nous réveiller à retourner à notre sainte terre [d'Israël]."
[rabbi Yissa'har Shlomo Teichtal - Ein haBanim Sémé'ha]

-> Rabbi Yaakov Emden (le Yaavets - Siddour beit Yaakov) écrit que si le peuple juif traverse un exil aussi long, c'est une punition Divine pour les juifs pour leur faute monumentale : celle d'être indifférant à la terre d'Israël.
b'h, voir : http://todahm.com/2018/05/30/6484

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-> "A chaque fois que les juifs en exil ressentent qu'ils vivent dans des demeures permanentes, c'est un signe certain que des malheurs leur arriveront.
Par la colère et la haine, ils vont bientôt apprendre qu'ils ne sont que des invités non désirables dans les terres des non-juifs."
[Rav 'Haïm de Kosov]

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-> Nous allons voir b'h 2 illustrations de cela :

1°/ Rabbi Bounim de Peshischa dit qu'il y a 2 moyens de faire bouger un animal : soit en l'appelant verbalement, soit en le frappant (plus ou moins fortement).
Il demande : "Ne devons-nous pas tenir compte de l'appel de Hachem pour la terre d'Israël, et ne pas attendre jusqu'à ce qu'Il en vienne à nous frapper avec Son bâton?"

Le Méchéch Chochma (paracha Bé'houkotaï) a écrit 40 ans avant la 2e guerre mondiale :
"Il arrivera un jour où les juifs de Berlin penseront qu’ils vivent à Jérusalem.
A ce moment, il y aura des horreurs indescriptibles."

Il enseigne que cette attitude va amener une puissante tempête, une qui va les détacher de leurs racines, les posant parmi d'autres gens, dans une répétition de l'histoire juive, jusqu'à ce que les juifs réalisent que c'est uniquement la terre d'Israël qui est l'endroit où ils pourront trouver du repos.

[Hachem désire que nous venons résider en Israël.
Il nous accorde de longues périodes de calme, ainsi qu'un exil confortable (comme une magnifique salle d'attente, de transit!), nous appelant et attendant constamment notre retour en Israël.
Lorsque nous oublions que nous sommes en exil (c'est beau, c'est confortable, agréable, ...), alors Il est obligé de nous "taper" pour que nous bougeons en Israël ... ]

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2°/ Durant la période des croisades (1095-1291), beaucoup de juifs ont été tués dans les villes allemandes de Worms, de Mayence et de Spire.
Chacune de ces villes a subi de terribles tragédies, mais c'est à Worms, que les souffrances ont été les plus importantes.

Rav Yé'hiel Halperin (Séder haDorot) fait remarquer que Worms est une des communautés les plus anciennes en dehors d’Israël, et elle a commencé par se développer lorsqu'un groupe de juifs s’y est installé après la destruction du 1er Temple.

Lorsqu'on a annoncé à cette communauté, que le 2e Temple allait être reconstruit, leur réponse a été : "Vous restez où vous êtes dans la grande Jérusalem, pendant que nous restons ici dans notre petite Jérusalem".
Ils en sont arrivés à oublier où se situe leur véritable maison.

Rachi (guémara Kidouchin 69b) rapporte qu'à cette époque c'est seulement les pauvres et les opprimés qui sont allés en Israël avec Ezra haSofer.
Les autres ont préféré garder leur richesse, leur position sociale et autres avantages.

Selon le 'Hovot Yaïr (Rabbi Yaïr Bacharach), Rabbi Zeira était très peiné de constater qu'autant de juifs restaient en Babylonie (après y avoir été exilés) plutôt que d'aller en Israël avec Ezra haSofer, les appelant : "les Babyloniens fous" (guémara Beitsa 16a), car si les juifs étaient allés en Israël, il y aurait eu une délivrance définitive (la guéoula).

"Il n'y a pas de bénédiction dans une propriété que l'on possède en dehors d'Israël (èn baém béra'ha), mais cependant lorsque tu retourneras dans la terre de tes ancêtres, Je (Hachem) serais avec toi"

[midrach Béréchit rabba 74,1 - paroles de Rech Lakich ]

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-> "Celui qui construit une maison [permanente] afin d'agrandir son domicile en dehors d'Israël, sans avoir une pensée de revenir en Israël ... ne sera pas protégé du danger chez lui, car par cela il étend son séjour en dehors d'Israël."
[le 'Hatam Sofer - dans ses téchouvot sur Yoré Déa 138]

-> Le Chla haKadoch déplorait le fait que les riches construisaient de luxueuses maisons permanentes dans une terre impure (en dehors d'Israël), rendant apparent le fait qu'ils avaient complètement oublié la venue de la guéoula.

[Le Chla écrit : "Si Hachem t'a donné de la richesse, construit une demeure modeste répondant à tes besoins essentiels, mais pas plus"]

"Il vaut mieux habiter dans les déserts de la terre d'Israël que dans les palaces en dehors d'Israël"

[Avraham Avinou - midrach Béréchit rabba 39,8]

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-> "On doit toujours habiter en terre d'Israël, même dans une ville où la plupart des gens sont idolâtres, et non en dehors, même dans une ville à majorité juive, car quiconque vit en terre d'Israël est semblable à quelqu'un qui a un D., et quiconque vit ailleurs est semblable à quelqu'un qui n'a pas de D."
[guémara Kétoubot 110b]

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-> "Mieux vaut un morceau de pain sec mangé en paix, qu'une maison pleine de festins accompagnés de disputes" (Michlé 17,1)

Le midrach (Yalkout Chimoni 2,956) commente :
- "Mieux vaut un morceau de pain sec mangé en paix" = rabbi Yo'hanan a dit : Cela désigne la terre d'Israël, car même si une personne mange du pain sec et du sel quotidiennement en demeurant en terre d'Israël, elle est assurée d'obtenir une part dans le monde futur.
- "qu'une maison pleine de festins accompagnés de disputes" = cela désigne ce qui est hors d'Israël ('houts laarets), qui est plein de violence et de vol."

-> "Il est plus grand d'être un simple ouvrier en Israël que d'être un rabbin en dehors d'Israël"

[Rabbi Yossef 'Haïm Sonnenfeld - rapporté par rabbi Hillel Danziger]

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-> "Toute personne qui a les moyens de venir vivre en Israël et ne le fait pas, devra rendre des comptes pour cela au Ciel"

[Rabbi Yossef 'Haïm Sonnenfeld]

"Hachem nous aime plus qu'aucun père ne pourrait aimer son fils.
Ainsi, nous ne devons pas nous lamenter excessivement sur nos douleurs, car tout ce qui nous arrive est dans notre meilleur intérêt.

Nous ne pouvons pas toujours comprendre les plans de Hachem, mais nous devons avoir confiance en Lui, tout comme un enfant a confiance en son père, et ce même s'il ne comprend pas ses décisions."

[le Ibn Ezra - Réé 14,1]

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-> Dans le Shéma, nous déclarons : "Hachem Elokénou, Hachem é'had" (שְׁמַע יִשְׂרָאֵל יְהוָה אֱלֹהֵינוּ יְהוָה אֶחָֽד).

Hachem (יְהוָה) représente le nom de D. dans Son attribut de miséricorde, et Elokénou (אֱלֹהֵינוּ) est celui dans Sa justice.

En apparence, il y a : "Hachem Elokénou" (la miséricorde et la justice), mais en réalité : "Hachem est l'Unique" (tout n'est que miséricorde).
C'est ce que nous déclarons au début du Shéma.

Selon le Rabbi de Klausenbourg, nous nous couvrons les yeux à la lecture de ce passage, afin de cacher l'apparence extérieure des événements qui peut sembler très difficile, pour mieux exprimer notre certitude que : "Tout ce que fait Hachem c'est pour le bien" [Rabbi Akiva - guémara Béra'hot 60b].

"Le but des Lois de la Torah est d'apporter la miséricorde, l'amour du prochain et la paix dans le monde"

[Rambam - Michné Torah 2,3]

"Tout est dans les mains du Ciel, à l'exception de la crainte de D."
[guémara Béra'hot 33b]

Une personne se doit de faire ses propres choix dans le domaine de la crainte de D. et dans le fait d'éviter la faute.

Rav 'Haïm Kanievsky, se basant sur le 'Hazon Ich (Ora'h 'Haïm 156) apporte l'enseignement suivant.

Hachem nous donne la pleine liberté de choix de faire le bien ou le mal.
Cependant, tous les juifs étant responsables les uns des autres, ils sont considérés unis comme une seule personne.

Ainsi, lorsqu'un juif utilise son libre arbitre pour prier pour l'amélioration spirituelle d'un autre juif, sa prière peut avoir un effet sur la transformation spirituelle d'autrui, et cela n'est pas considérée comme venant du Ciel, puisqu'étant le résultat d'un choix libre d'un juif.

La 10e plaie : la mort des 1ers nés

+ La 10e plaie : la mort des 1ers nés :

-> Pour la 1ere fois, Hachem a communiqué avec Moché directement dans le palais de Pharaon.

Pour le placer au-dessus de l'espace souillé par l’idolâtrie, D. va élever Moché à une hauteur de 1 mètre (10 téfa'him).
[Daat Zékénim - Bo 11,1]

-> Hachem va réunir Son tribunal céleste, et la sentence décrétée sur tous les premiers-nés d'Egypte sera appliquée à minuit.
C'est D. Seul qui les punira, mais Il "demande conseil" à Son tribunal pour montrer l'importance de l'humilité.
[Rachi - Bo 12,29 ; midrach Chémot rabba 12,4]

-> Brusquement à minuit de la nuit du 15 Nissan, les ténèbres de la nuit se dissipent et l'Egypte toute entière s'illumine comme en plein jour, et ce pendant toute la durée de la plaie.
[Zohar haKadoch 37 - rapporté par le Or ha'Haïm]

Le tonnerre et les éclairs déchirent le ciel. [Rokéa'h]
Un gaz toxique pollue l'air, faisant de nombreuses victimes. [Abravanel]
[le Abarbanel (Bo 12,3) enseigne que la plaie des 1er nés a eu lieu par le fait qu'Hachem a amené un air pollué sur l'Egypte. L'air entré dans la bouche et les narines des 1er nés, et allait directement dans leur coeur, les tuant.
Dans la grande miséricorde d'Hachem, les 1er nés juifs qui avaient le sang du korban Pessa'h sur leur porte, n'ont pas été affectés par cette plaie.]

Un certains nombre de premiers-nés périssent, terrassés par ces bruits terrifiants [Rokéa'h], et d'autres sont frappés par le décret divin sans qu'aucune cause naturelle n'explique leur mort. [Targoum Yonathan]

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-> Tous les premiers nés égyptiens vont y mourir.

Le midrach haGadol rapporte que Moché en prévenant Pharaon, s'est tourné vers les ministres l'entourant et a dit : "Vous, cher monsieur, vous êtes un premier-né et vous allez mourir : je ne vous reverrai plus jamais! Vous, par contre, n'êtes pas premier-né, vous vous humilierez en venant m'implorer."

-> S'il n'y a pas de premier-né dans une maison, c'est la maître de maison qui mourra. [Ibn Ezra] ; ou l'enfant le plus âgé [midrach haGadol].

Les premiers-nés des animaux périssent également. [Baal haTourim]

Les femmes enceintes d'un premier-né accouchent d'un mort-né et périssent en même temps. [midrach Chémot rabba 17,5]

-> Tous les premiers-nés étrangers séjournant en Egypte sont également morts, afin que les égyptiens n'attribuent pas cette plaie aux divinités d'autres peuples. [Rachi - Bo 12,29]

[les premiers-nés égyptiens qui s'étaient sauvés d'Egypte par peur de la mise en garde de Moché, sont également morts]

-> Les seuls premiers-nés égyptiens à être épargnés sont ceux qui se sont convertis plus tôt dans la journée pour prendre part au sacrifice Pessa'h.
[midrach Chémot rabba 18,10 -> il rapporte également que tous ceux qui haïssaient Israël sont morts, même s'ils n'étaient pas des premiers-nés]

Pharaon est le seul 1er-né non méritant à rester en vie, car Hachem voulait qu'il soit témoin des différents miracles qui vont avoir lieu à la mer Rouge. [Mékhilta Bo 13]

Batya, la fille aînée de Pharaon a été épargnée par le mérite d'avoir sauvée Moché du Nil. Elle était une femme juste aux yeux de Hachem. [midrach Chémot rabba 18,3]

-> Chez les juifs, absolument personne ne va mourir (même ceux à l'agonie), pour ne pas laisser croire aux égyptiens que la plaie les affecte aussi.
[Haggadat haGra]

-> Le midrach haGadol précise que la notion de premier-né est à prendre au sens large : c'est le 1er enfant du père ou de la mère.
Dans un pays aux mœurs légères comme l'Egypte, cela faisait qu'un homme ou une femme pouvait avoir plusieurs enfants considérés comme premier-né (issus de relations cachées).

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-> Le Nétsiv (Bo 12,30) enseigne :
Les soldats de Pharaon n'ont pas été inclus dans la plaie des premiers-nés, puisque les membres de l'armée n'avaient pas de supériorité sur les autres en raison du fait d'être premier-né (à la différence des membres d'une famille qui vivent ensemble).
C'est pourquoi les premiers-nés servant dans l'armée n'avaient pas véritablement le statut de premiers-nés.
Les membres de l'armée de Pharaon seront tous punis plus tard, au moment de la mer Rouge.

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-> Rabbénou Yona (guémara Béra'hot 2b) nous rapporte :
Cette nuit les juifs ont prié d'être épargné de la plaie des premiers-nés.
Bien qu'ils avaient pu recevoir la promesse qu'Hachem passera au-dessus de leur maison, néanmoins ils avaient peur qu'ils aient pu commettre une faute dans l'intervalle, qui aurait conduit Hachem à revenir sur Sa promesse.
En se basant sur cette prière que nous avons dite en Egypte, nous disons également la prière de "Hachkivénou" chaque soir, demandant à Hachem de nous protéger des dangers.

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-> "Il y eut un grand cri en Egypte" (Bo 12,30)

Le rav Ovadia Yossef explique :
Le verset vient nous apprendre qu'il y avait beaucoup de cris en Egypte, et nous apprenons cela du verset "tout premier-né mourut".
Comme l'ont expliqué les Sages, même un aîné de père mourait.
Comme les égyptiennes trompaient leur mari et avaient des enfants d'hommes célibataires, ces enfants étaient des aînés de père. Donc il y avait beaucoup d'aînés dans chaque maison et ils sont tous morts.
Et comme dans la plaie des premiers-nés les maris ont compris que ces enfants qui muraient n'étaient pas les leurs, mais ceux d'un autre, des disputes éclataient à cause de la conduite des femmes égyptiennes.

C'est cela : "Il y eut un grand cri en Egypte" = il y avait une multitude de cris. Non seulement un cri à cause de la mort des fils, mais aussi des cris sur les femmes qui étaient infidèles à leur mari.

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-> Les égyptiens tenaient en grande estime les premiers-nés, et lorsque ce dernier mourrait, sa famille faisait sculpter une effigie du défunt ou une reproduction de son portrait sur les murs de sa maison. Puis tous dansaient et chantaient, comme s'il était encore vivant.
Pendant cette nuit, toutes ces représentations se sont pulvérisées en un clin d’œil. (le métal fondant, la pierre tombant en miette).

La Mékhilta poursuit en rapportant : "Les égyptiens avaient l'habitude d'enterrer leurs morts dans leur maison. La nuit de cette 10e plaie, les chiens ont creusé et ouvert ces tombes. Ils y ont retiré les ossements des premiers-nés enterrés, et ils ont joué, se sont promenés joyeusement avec ces os. Cela a été aussi douloureux pour les égyptiens que le jour où ils ont pu enterrer leurs enfants.

-> Le midrach haGadol raconte le cas d'une vieille femme qui vivait entièrement seule, sans enfant, ni famille. Le seul lien qu'elle avait encore avec le monde qui l'entoure était la statue sculptée à l'image de son premier-né défunt. Le culte idolâtre qu'elle lui vouait représentait toute sa raison d'être et sa consolation.
Cette nuit, lorsque cette statue s'est réduite à néant, cette femme a poussé un cri inhumain, qui dominait tous les autres bruits.

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-> On a vu que les premiers-nés vivants, ainsi que les effigies des défunts, ont été détruits.

Cette plaie va également entraîner l'exhumation de tous les premiers-nés égyptiens, qui sont morts et enterrés depuis longtemps.

Dans tous le pays, les chiens se déchaînent, et déterrent les cadavres, dans les cimetières et sous les maisons, et ils les mettent en pièces, éparpillant les ossements à travers tout le pays.

Les égyptiens en sont affligés, car ils ont tous au moins un ancêtre qui a été tiré de sépulture et profané par les chiens déchaînés.

[Léka'h Tov ; midarch Chir haChirim 2,10]

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-> Quelques égyptiens, craignant la colère de D., essaient de sauver leurs premiers-nés en les envoyant dormir dans les maisons des juifs.

Ce sont les mêmes qui avaient mis leur bétail à l'abri avant la grêle.
Même s'il dort dans un même lit qu'un enfant juif, le premier-né égyptien est frappé à mort.

Cette nuit-là, les juifs dorment si profondément qu'ils n'entendent pas les clameurs que poussent les égyptiens, et ne vont s'en rendre compte qu'à leur réveil.
[midrach Chémot rabba 18,2 ; midrach Yalkout Chimoni 984]

-> Certains égyptiens vont cacher leurs premiers-nés dans les temples égyptiens, s'imaginant qu'ils y seront en sécurité.

Cette nuit-là, Hachem va détruire toutes les divinités des égyptiens, à l'exception de l'idole de Baal Tséfon, fait qui encouragera les égyptiens à poursuivre les juifs, et à se noyer dans la mer.

Ainsi, tout objet en rapport avec les idoles vont se désintégrer (le métal fond, la pierre s'effrite, le bois pourrit), et cette destruction va causer aux égyptiens encore plus de chagrin que la mort de leurs premiers-nés (tellement ils y sont attachés).

[midrach haGadol ; Mékhilta]

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-> Cette plaie a entraîné :

1°/ une révolte des premiers-nés qui ont massacrés leur père.

En effet, après avoir soufferts pendant 9 plaies, les 1ers nés ont pris à cœur l'avertissant annonçant leur mort pendant la 10e plaie. Ils demandent à leurs pères et à Pharaon de laisser partir les juifs, mais ils vont refuser.

Frustrés et terrorisés, ils vont reporter leur colère sur leurs pères, et 600 000 égyptiens vont mourir ainsi.

Ils vont alors essayer de soulever la masse du peuple égyptien, qui va faire la sourde oreille, les laissant affronter l'inévitable : la 10e plaie.

[Chaque plaie a le nom de ce qui a attaqué les égyptiens (ex: celle des sauterelles). Cette 10e plaie est dénommée celle des 1ers-nés, car le principal dégât est provenu de cette révolte des 1ers-nés envers leurs pères.]

2°/ la plaie elle-même : la mort des 1ers-nés.

3°/ juste après, Pharaon lui-même a massacré un grand nombre de personnalités de 1er rang. [Zohar haKadoch 45]

4°/ Selon le Beit haLévi, les corps en pourriture des morts de cette plaie, vont répandre largement un grave épidémie. [ceci est développé immédiatement ci-dessous]
On parle de "maka bé'horot" : car il y avait la mort des "bé'hor" (1ers-nés), puis une autre "maka" (plaie) dans la plaie : une épidémie dévastatrice.

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-> "Il n’y aura pas chez vous de prise pour l’exterminateur quand Je frapperai la terre d’Egypte" (v.12,13)
-> "Il ne permettra pas à l’exterminateur d’entrer dans vos maisons pour sévir" (v.12,23)
=> Comment comprendre cette apparente contradiction?

Le Beit haLévi explique : Dès que les égyptiens mouraient dans la plaie des premiers-nés, ils pourrissaient immédiatement, et il s’ensuivait des épidémies supplémentaires.
En plus de la plaie des premiers-nés, il y avait des "exterminateurs" (c’est la signification du verset selon lequel Hachem ne laissera pas l’exterminateur frapper les maisons des juifs : ils ne souffriront ni de la plaie des premiers-nés ni des épidémies qui la suivront).

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-> Après la plaie, Pharaon est allé voir Moché, qui lui a demandé de proclamer publiquement : "Peuple d'Israël, vous n'êtes plus les esclaves de Pharaon. Vous êtes dorénavant les serviteurs de D.!"
[guémara Yérouchalmi - Pessa'him 5,5]

-> Selon le Ibn Ezra, Pharaon a uniquement accordé aux juifs le voyage de 3 jours, qu'ils avaient pu demander.

-> Selon le Rokéa'h et le Alchikh, Pharaon a accepté que les juifs ne reviennent pas du tout.

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+ Les jours précédents la 10e plaie :

-> Le 10 Nissan, Shabbath avant la sortie d'Egypte, les juifs vont se repentir de leurs fautes et se détourner de l’idolâtrie. ['Hatam Sofer]

Dès ce jour, ils vont attacher au lit pour chaque foyer un agneau mâle sans défaut, de première qualité, sous les yeux des égyptiens, montrant ainsi leur bravoure (c'était pour eux une divinité).

-> Les juifs vivaient en Egypte depuis 210 ans, et Hachem avait informé Avraham d'un exil de 400 ans pour ses descendants (Béréchit 15,13).
Selon le Zohar, durant les quelques jours où les juifs gardèrent l'agneau, ils éprouvèrent une si grande terreur d'être tués par les égyptiens que ces 4 jours leur furent comptés comme complétant les 400 ans.

Pour les égyptiens le fait de voir leur animal sacré enchaîné dans une maison juive allait leur causer plus de douleur que ne le firent toutes les autres plaies. [Zohar - Pin'has]

Un jour de Hachem représente 1 000 ans (Téhilim 90,4).
Hachem créa le monde en 6 jours, un jour pour chacun des 6000 ans que le monde est destiné à durer.
Le 7e jour, le Shabbath correspond donc au dernier Shabbath qui sera l'ère messianique.
Cette préparation à la sortie d'Egypte eut lieu [en 2448], soit 2000 après la création d'Adam.
Hachem ordonna que les juifs retinssent le sacrifice Pessa'h pendant 4 jours, correspondant aux 4000 ans à venir jusqu'à la rédemption finale.
[...]
Hachem ordonna aux juifs de se procurer l'agneau le 10 Nissan, 4 jours avant son sacrifice, et de le garder enchaîné dans leurs maisons, là où les égyptiens pourraient le voir.
Aux questions des égyptiens, les juifs seraient bien obligés de répondre qu'ils allaient égorger et manger l'animal, tout en sachant que cette réponse mettait leur vie en danger.
De la sorte, pendant 4 jours entiers, les juifs allaient sanctifier le nom de D. et réparer la profanation des 4 lettres de Son Nom (יהוה).
Cet acte allait également expier les 4 fautes qu'ils avaient commises en participant aux rites idolâtres.

Moché prescrit donc aux juifs : "Conduisez et prenez un mouton pour vous" (Bo 12,21) = ceci signifie qu'ils devaient acheter des agneaux et les conduire dans les rues, là où tous les égyptiens pourraient les voir.
L'agneau devait également être égorgé publiquement, en présence de toute la communauté : hommes, femmes et enfants.
Ce rituel était destiné à offenser les égyptiens et à les faire réagir très vivement à la profanation de leur animal sacré, attaché et rôti au feu.
En effet, ils risquaient de venir avec épées dégainées et d'attaquer les juifs.
Ces derniers mettaient ainsi leur vie en danger en réfutant les divinités égyptiennes et expiaient leur péché d'idolâtrie. En contrepartie, Hachem allait protéger les juifs en rendant les égyptiens aussi faibles que les agneaux n'osant pas même protester contre le "sacrilège" perpétré par les juifs.

[une autre raison à l'attente de 4 jours, est que les juifs devaient se circoncire pour consommer ce sacrifice (v.12,48), et que durant 3 jours les douleurs sont fortes et empêchent les mouvements (la célébration et la sortie d'Egypte n'auraient pu être totales!).]
[Méam Loez - Bo 12,7]

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-> Dans la Haggada avant de réciter les 10 plaies, nous disons : "dam va'éch vétim'rot achan" (du sang, du feu et des colonnes de fumée - Yoël 3,3).

Cela fait allusion : au sang placé sur les portes, au feu de la viande du korban Pessa'h qui était rôtie, et au fait que ce feu a entraîné une colonne de fumée.
Pour les égyptiens le fait de voir leur propre idole (dieu) traité d'une telle manière était aussi douloureux pour eux qu'une autre plaie, puisqu'ils étaient impuissants de pouvoir sauver leur dieu.  [à l'inverse des ex-esclaves qui avaient un D. au-delà de tout!]
[haChir véHachéva'h]

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-> Lorsque Hachem parcourut l'Egypte pour frapper les premiers-nés, Il guérit en même temps les plaies de la circoncision dont souffraient les juifs et leur rendit force et santé.
Moché y fit allusion lorsqu'il dit aux juifs : "Hachem passera au-dessus de l'ouverture" (Chémot 12,23) = Moché aurait dû dire que "Hachem passera au-dessus de vous" (Chémot 12,13), comme D. le lui avait promis.
En réalité, Moché faisait également allusion au fait que Hachem allait passer au-dessus de l'ouverture (péta'h) de la plaie ouverte de la circoncision pour la guérir. [ils ont ainsi pu quitter l'Egypte sans souffrir et danger liés à une très récente circoncision]
[Méam Loez - Bo 12,51]

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-> Cette nuit-là Hachem provoqua la calcination des moutons sacrés d'Egypte. Leur odeur se répandit à travers toute la ville, ce qui causa aux égyptiens autant de souffrance que toutes les autres plaies.

Hachem jugeau également les anges veillant sur l'Egypte ; Il les abaissa et réduisit leur puissance.
A ce moment-là, Douma, l'ange gardien de l'Egypte, parcourut 400 lieues en un instant pour supplier Hachem de ne pas le démettre de sa fonction.
Hachem lui répodnit qu'une fois un décret semblable émis, il ne peut être annulé. Pourtant, puisque cet ange avait supplié D. d'avoir pitié de li, Il le fit régner sur le Guéhinam (purgatoire), où il punirait tous les réchaïm.

[Zohar (Chémot) - rapporté par le Méam Loez - Bo 12,12]

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-> Les égyptien adorait le mouton, et en particulier le signe zodiacal du Bélier (associé au feu), qui est lié au mois de Nissan. [l'Egypte fêtait pendant un mois entier le dieu mouton à partir du 15 Nissan (la pleine lune)]
Le sacrifice Pessa'h était "rôti au feu" (v.12,8) pour fournir un contraste avec Avraham qui jeté au feu en était sorti sain et sauf.
[Taamé haMitsvot]

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-> La veille de Pessa'h, à la suite des milliers de circoncisions effectuées, une véritable rivière de sang se répandit. Le sang de la circoncision se mêla au sang de l'agneau pascal, et par le mérite de ces sangs, les juifs furent libérés.
[...]

Lorsque Hachem parcourut l'Egypte pour frapper les premiers-nés, Il guérit en même temps les plaies de la circoncision dont souffraient les juifs et leur rendit force et santé.
Moché y fit allusion lorsqu'il dit aux juifs : "Hachem passera au-dessus de l'ouverture" (Chémot 12,23) = Moché aurait dû dire que "Hachem passera au-dessus de vous" (Chémot 12,13), comme D. le lui avait promis.
En réalité, Moché faisait également allusion au fait que Hachem allait passer au-dessus de l'ouverture (péta'h) de la plaie ouverte de la circoncision pour la guérir. [ils ont ainsi pu quitter l'Egypte sans souffrir et danger liés à une très récente circoncision]
[Méam Loez - Bo 12,50-51]

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-> Le 14 Nissan, Hachem a donné 2 mitsvot aux juifs à faire : se circoncire et préparer le sacrifice de Pessa'h, afin qu'ils acquièrent des mérites.

En mangeant du sacrifice, ils vont être immédiatement guéris de la brit mila. [Zohar]

Le midrach (Chémot rabba 15,12) dit : "De votre côté, vous égorgerez le sacrifice Pessa'h, et de Mon côté, j'égorgerai les premiers-nés égyptiens".

-> Les juifs appliqueront le sang du sacrifice (associé à celui de la circoncision) sur les montants latéraux et la poutre transversale des portes, en expiation de leurs fautes.

Le sang ainsi mis forme la lettre 'hét (ח), qui est la première du mot : 'haïm (la vie).
Selon le 'Hizkouni cela est une allusion au fait que Hachem passera alors au-dessus d'eux, leurs laissant la vie sauve.

Selon le midrach (Chémot rabba 17,3), cela va rappeler le mérite de la brit mila d'Avraham, faite à Pessa'h, qui va protéger ses descendants pendant la plaie.

Selon le Béer Mayim 'Haïm, les 2 montants latéraux font allusion à Moché et à Aharon, les piliers qui supportent la nation juive. Le sang sur le montant transversal renvoie à Hachem qui regarde le peuple juif avec plein de bienveillance et de bonté.

Selon le 'Hizkouni, certains sont d'avis que les juifs ont inscrit en haut : un youd ; sur le montant à droite : un vav, et à gauche : un hé.
Il y avait ainsi écrit le nom de D. (Tétragramme) dans Sa pleine miséricorde.

Le midrah rapporte également que pour appliquer le sang sur les portes, ils ont utilisé des branches d'hysope, un tout petit arbrisseau.
Cela symbolise, que malgré le mépris des égyptiens qui les considèrent comme un peuple inférieur et sans importance, les juifs sont précieux aux yeux de Hachem.

-> Selon le Zohar (Bo 35b), le sang va mettre une barrière entre les maisons juives et l'idolâtrie répandue en Egypte.

-> "Vous toucherez le linteau et les 2 montants (mézouzot - מְּזוּזֹת) avec le sang" (Bo 12,22)
Le Tikouné Zohar (10,25a) fait remarquer que les lettres du mot : mézouzot (les montants (d'une porte) - מזוזות), permettent de former : "la mort est enlevée" (zaz mavét - זז מות).
De même que le sang sur les montants (mézouzot) a permis de protéger les juifs de la plaie des premiers-nés, de même, de nos jours, chaque mézouza protège la maison.

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-> Hachem voulait dire aux juifs : "Le sang sera pour vous un signe sur les maisons dans lesquelles vous demeurez. Je connais tous vos péchés et Je sais que vous méritez d'être punis. Toutefois, Je vous donne ce commandement du sacrifice afin que vous vous repentiez. Vous devez vous rendre compte que tout ce que vous ferez à cet agneau : l'égorger, le dépecer et le rôtir, ... aurait dû vous être fait à vous.
C'est donc un signe pour vous, afin que vous ressentiez, comme par procuration, la punition que vous méritez ...
Voyez le sang et prenez conscience de Ma miséricorde et de Mon amour envers nous.
Vous vous rapprochez alors de Moi et vous deviendrez Mon peuple".
[Méam Loez - Bo 12,13]

-> Le sang sur les portes [des maisons juives au moment de la sortie d'Egypte] n'a pas empêché la plaie d'entrer dans leur maison, mais c'est plutôt ... tout celui qui croyait et avait confiance en Hachem, et n'avait pas peur de Pharaon et de ses décrets, en sacrifiant publiquement le dieu égyptien (l'agneau) ... celui-ci est considéré comme un tsadik.
Puisqu'il a confiance en Hachem, alors il mérite d'être protégé.
[rabbénou Bé'hayé]

[En ce sens, le Kessef Mézoukak dit que Hachem n'a pas besoin de signe, mais le sang sera la preuve, l'affirmation symbolique de l'indépendance vis-à-vis des croyances égyptiennes. Le mérite de cet acte de confiance va les protéger de la plaie.]

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-> La nuit du 15 Nissan, où tous les juifs se sont réunis, a duré 36 heures.
[Séder haDorot]
Selon le Zohar, le soleil a brillé pendant cette nuit.

-> Au moment où les juifs étaient sur le point de manger, un nuage Céleste est descendu, il s'est élevé et les a transporté à Jérusalem, où tous les juifs ont mangé leur part du korban Pessa'h au-dessus du mont du Temple.
En un instant, ils sont retournés en Egypte.
[Targoum Yonahan - Yitro]

-> Après avoir mangé du sacrifice, ils se sont tranquillement endormis afin de prendre des forces pour le départ dans le désert le lendemain matin.
Le bruit du deuil et des souffrances atroces des égyptiens ne les a pas réveillé, et en rêve Hachem leur a montré tous les miracles se produisant au même moment en Egypte.
[Méam Loez]

-> "Les Egyptiens se réjouirent de leur départ, car ils avaient été saisis de peur à cause d’eux." (Téhilim 105,38)

Le Bné Yissakhar rapporte que les égyptiens leur ont donné leur or et argent, espérant ainsi les persuader de partir au plus vite, mais les juifs ont patiemment attendu le temps fixé par Hachem.

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-> "Que pas un d'entre vous ne franchisse alors le seuil de sa demeure, jusqu'au matin." (lo tétsé'ou ich mipéta'h béto ad boker -Bo 12,22).

=> Quels juifs avaient le droit de quitter leur maison pendant cette nuit?

-> L'ordre contenu dans le verset ci-dessus ne s'appliquait qu'aux hommes juifs.
Les femmes et les enfants avaient le droit de sortir de leur maison.
[c'est pour cela que le verset utilise le terme "ich" [אִישׁ] pour en exclure les femmes et les hommes]
Les femmes allaient et demandaient l'or, l'argent et les vêtements des égyptiens pendant cette nuit.
[Panim Yafot]

-> Le Ibn Ezra explique qu'après l'exécution de la plaie des 1ers nés, Pharaon a appelé Moché et Aharon, qui sont alors apparus devant lui dans son palais.
Cela implique qu'également Moché et Aharon sont allés dehors de leur maison en cette nuit.

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-> "Hachem, Lui-même infligera cette plaie (en un instant), car Lui seul sait quels égyptiens sont réellement des premiers-nés." [Zohar haKadoch - Vayéra 108]

D. qui sait tout n'a pas besoin de signe pour différencier les juifs, des non-juifs.
Rachi (Bo 12,13) dit : "Hachem a-t-Il besoin de voir pour savoir ? D. a dit : "Je saurai, en voyant le sang, que vous êtes occupés à la pratique de mes mitsvot, et je passerai alors sur vous". "

Parfois nous nous interrogeons : En quoi mes actions sont-elles utiles à Hachem, qui a et est tout?

Sans nullement remettre en question l'ordre divin, les juifs ont appliqué la volonté de D. dans la joie, et c'est tout ce que Hachem attend de nous.

Une mitsva peut sembler un acte simple, inutile, mais le fait que Hachem nous l'ordonne, lui confère une valeur infinie, et doit nous remplir de joie d'avoir l'honneur de pouvoir l'accomplir.

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-> "Je verrai le sang et Je passerai par-dessus vous"

L'agneau était l'idole principale des égyptiens, et qu’il fallait beaucoup de dévouement aux Bné Israël pour acheter et égorger leur idole aux yeux de leurs ennemis. Pourtant, ils n’ont pas tardé et n’ont pas hésité, mais l’ont fait avec simplicité, sans aucun calcul.
Les dernières lettres des mots "Et adam oufassa’hti aleikhem" (le sang et Je passerai par-dessus vous - אֶת הַדָּם וּפָסַחְתִּי עֲלֵכֶם) forment le mot "tamim" (simples - תמים), pour nous insinuer que par le mérite d’avoir fait la mitsva avec simplicité, Hachem a passé par-dessus eux.
[Maskil El Dal]

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+ "Hachem passera pour frapper l'Egypte ... et Hachem passera par-dessus l'entrée et Il ne permettra pas au destructeur d'entrer dans vos maisons pour frapper"(Bo 12,23)

-> Selon la guémara (Baba Kama 60a), une fois que l'ange de la mort/destructeur a la permission de tuer, il ne fait pas la distinction entre les tsadikim et les réchaïm.
[c'est pour cela que les juifs avaient l'interdiction de sortir de leur maison cette nuit]

=> Est-ce Hachem ou bien un ange qui a apporté cette plaie?
De plus, si les 1ers-nés égyptiens sont morts vers midi, alors pourquoi les juifs ne pouvaient-ils pas sortir ensuite?

Le 'Hatam Sofer donne la réponse suivante.
A minuit, Hachem a frappé les 1ers-nés égyptiens par une plaie mortelle, mais cependant ceux-ci sont restés en vie jusqu'au matin.
En effet, Hachem ne voulait pas les tuer lui-même, puisqu'un baiser mortel est une mort adaptée uniquement pour les tsadikim, et les égyptiens ne méritaient pas une telle mort.

Le 15 Nissan c'est le jour où la constellation du bélier est au plus haut. Or, le bélier, c'était le signe du zodiaque propre aux égyptiens. Ainsi, le 15 Nissan, la force des égyptiens était au plus haut.
C'est alors qu'au milieu de la nuit du (14 au) 15 Nissan, Hachem frappa dans le ciel la constellation du bélier. La conséquence de cela fut que les 1ers-nés égyptiens en furent extrêmement affaiblis, car le bélier c'est l'aîné et le 1er des 12 signes du zodiaque.

Quand on dit que seul Hachem frappa les 1ers-nés, il s'agit de ce coup qu'Hachem occasionna à l'astre des égyptiens à minuit. Mais, c'était un ange qui termina la plaie et qui mit réellement à mort les 1ers-nés au matin.
Ces deux étapes étaient nécessaires
Les 1ers-nés égyptiens étaient dans un état d'agonie toute la nuit, et au matin, Hachem envoya un ange qui finalisa la mort des 1ers-nés.
En effet, si Hachem ne les avait pas affaiblit, alors l'ange de la mort n'aurait pas pu triompher sur Rahav, l'ange responsable de l'Egypte (Zohar 2:272b).
[les 1ers-nés étant alors au plus haut de leur force, du fait qu'en ce jour leur astre était au plus haut, alors, l'ange n'aurait pas eu assez de force pour les tuer au matin.]

Une fois que l'ange de la mort avait la permission de tuer les 1ers-nés, jusqu'au matin, les juifs devaient rester cachés, et Hachem veillait sur eux.

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+ Pourquoi est-ce que Hachem, Lui-même, a tué les 1ers-nés?

-> Selon le Zohar (Béréchit 117a), il y avait tellement d'impureté en Egypte qu'aucun ange ne pouvait se risquer à y aller, seul Hachem qui est parfait, pouvait le faire tout en restant par la suite complet.

-> Selon le Sfat Emet, les juifs étaient remplis de fautes (ils étaient au 49e degré d'impureté sur 50), et seulement Hachem qui a mis en chaque juif une âme divine était capable de déceler cette trace dans Son peuple, permettant alors de les sauver.

Le Or ha'Haïm voit cette intervention divine, comme un signe de Son énorme amour pour Sa nation : "le 1er-né de Mes fils" (Chémot 4,22).
[D. nous aime tellement qu'Il voulait Lui-même le faire!]

-> Le Maharal rapporte que la naissance est une des 3 clés que D. n'a donné à personne d'autre que Lui-même (guémara Taanit 2a).
Puisque cette nuit de Pessa'h marque la naissance du peuple juif, seulement Hachem pouvait être la "sage-femme".

-> La guémara (Baba Kama 60b) enseigne que les aboiements des chiens sont un signe que l'ange de la mort est présent dans la ville.
Il est écrit : "pas un chien n'aboiera" (Bo 11,7).
Selon Rabbi David Feinstein c'est une preuve que seul Hachem est intervenu en cette nuit.

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-> Le Ramban explique que la mort des 1ers-nés a été réalisée par Hachem. C'est Lui Qui les a mis à mort. Seulement, il est connu que quand dans un endroit, se trouve de nombreux morts rassemblés, cela peut entraîner une infection, car des microbes peuvent se diffuser et entraîner une contamination.
Or, il existe un ange particulier, responsable de cette sorte de contamination suite au rassemblement de nombreux morts. Et la Torah vient ici préciser que non seulement la mort des 1ers-nés en elle-même, qui a été réalisée par Hachem seul, n'a pas atteint les juifs. Mais même une fois tous les morts égyptiens exposés, que cela risquait d'entraîner une infection et une contamination, malgré tout Hachem protégea les juifs pour que cet ange destructeur responsable de cette contamination, ne les touche pas.

-> Le Gaon de Vilna explique que la Torah vient préciser que non seulement la plaie des 1ers-nés n’atteindra pas les juifs, laquelle plaie était réalisée uniquement par Hachem. Mais qu’en plus de cela aucun juif ne mourra cette nuit-là même d’une mort naturelle.
En effet, le peuple d’Israël était très nombreux et il est clair que naturellement plusieurs juifs auraient dû mourir cette nuit-là, ne serait-ce que de vieillesse, leur temps étant arrivé.
Cependant Hachem a empêché l’ange de la mort de faire son travail pour reprendre l’âme du moindre juif et même de celui pour qui le moment de mourir était arrivé.
Tout cela avait pour but de faire taire les égyptiens qui voudraient dire que même chez les juifs il y a des morts.

=> C’est à cela que fait référence la Torah quand elle dit qu’Hachem ne laissera pas l’ange destructeur (il s'agit donc de l'ange de la mort) frapper les juifs, à savoir d’une mort naturelle. Mais il est clair que la plaie de la mort des 1ers-nés en elle-même, n’a été réalisée que par Hachem Lui-Même.

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-> "Lorsque Hachem s’avancera pour frapper l’Égypte, il regardera le sang appliqué au linteau et aux deux poteaux et il passera devant la porte et il ne permettra pas au Destructeur d’entrer dans vos maisons pour sévir" (Bo 12,23)

=> Il est une apparente contradiction entre le début et la fin de ce verset, qui a frappé les égyptiens lors de cette plaie de la mort des premier-nés? En premier lieu il semble que ce soit Hachem lui-même, mais alors pourquoi ensuite dire que c’est l’ange Destructeur?
De plus, pourquoi exiger ce signe du sang? Que ce soit Hachem ou un ange, il pourra très bien faire la différence entre une maison juive et une maison égyptienne.

-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï - Bo) enseigne :
En fait le midrach rabba (Chémot 18,2) nous explique que ce signe a induit les égyptiens en erreur, ils ont cru qu’ils allaient échapper à la plaie des premier-nés en les cachant dans les maison juives et que grâce à ce signe du sang à la porte, ils seraient épargnés. Mais une peine double leur a alors été appliquée.
En effet, l’ange Destructeur n’a pas été autorisé à entrer dans les maisons juives porteuses du signe du sang, il ne s’est aventuré que dans celles des égyptiens et y a tué les premier-nés présents, mais dans celles où le premier-né (béchor) avait été placé en maison juive, il a tué le plus grand de la famille à la place du premier né.
Ensuite Hachem lui-même est entré dans les maisons juives et y a tué les premiers-nés égyptiens. Et pourquoi?
Car l’ange Destructeur, s’il avait eu a tuer les égyptiens dans les maisons juives y aurait tué aussi des juifs, car il est inspiré par l'attribut de Rigueur (midat hadin), mais Hachem, Lui, y a fait usage de miséricorde, Midat Hara’hamim, avec les Bné Israel, même au moment de tuer les égyptiens cachés.
On comprend donc quel est le rôle de l’ange Destructeur, celui d’Hashem et la raison du sang sur les portes.

[c'est exactement ce que dit le verset : "(Hachem) ne laissera pas l’ange destructeur venir dans vos maisons pour frapper" = Ce verset évoque le cas où le 1er-né égyptien se trouvait dans une maison juive. Dans ce cas, Hachem ne laissa pas l'ange entrer dans la maison juive pour frapper l'égyptien, car il risquait de ne pas savoir distinguer. Alors, c'est Hachem Lui-Même qui frappa.]

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-> La guémara (Taanit 2a) enseigne que Hachem Lui-même va réaliser la résurrection des morts.
Hachem a le statut de Cohen (kav ya'hol).

Un Cohen n'a pas le droit de se rendre impur, à l'exception de pour ses enfants.
Ainsi, si le peuple juif n'était pas considéré comme Ses enfants, D. n'aurait pas le droit de se rendre impur pour eux, en réalisant leur résurrection.
Cela démontre que les juifs sont Ses enfants.

Lorsqu'un père envoie ses enfants travailler en tant qu'esclaves, il fait tout ce qu'il peut pour en raccourcir la durée.
De même, Hachem a souffert plus qu'un père en voyant Ses enfants souffrir en esclavage, et Il a tout fait pour en diminuer la durée au maximum.

[le 'Hida - Roch David ]

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+ Le 15 Nissan : une date historiquement favorable aux juifs :

Depuis la Création, cette nuit du 15 Nissan est une date propice pour les juifs, et néfaste pour leurs ennemis.

On peut citer par exemple :

1°/ Adam avait dit à ses enfants Caïn et Evél, que cette nuit-là convenait pour offrir à Hachem un sacrifice.
En effet, c'est cette nuit-là que les juifs apporteront plus tard le sacrifice de Pessa'h.

Caïn, le fils aîné, avait alors apporté un sacrifice de peu de valeur, tandis que Evél, le plus jeune, avait apporté une offrande convenable.
D. avait accepté celle de Evél, et refusé celle de Caïn.
[Pirké déRabbi Eliézer 21]

2°/ Its'hak a choisi de bénir son fils Essav le 14 Nissan.

Essav est un chasseur extrêmement habile, mais Hachem a éloigné les animaux pour le retenir loin du foyer pendant qu'il chassait de la nourriture pour son père.

Pendant ce temps, Rivka demande à son fils le plus jeune, Yaakov, de se préparer à prendre les bénédictions, et lui dit : "Cette nuit (le 15 Nissan), les portes de la bénédiction sont ouvertes. Cette nuit, les anges dans le ciel vont chanter un cantique pour célébrer la délivrance future de nos enfants ..."

Yaakov pris alors 2 chevreaux : un pour que sa mère prépare un plat pour son père, et un autre symbolisant le sacrifice de Pessa'h, qui sera offert plus tard.

C'est ainsi que Yaakov reçoit les bénédictions de son père.
[Pirké déRabbi Eliézer 32]

3°/ A l'époque des Juges, Midiyan opprima les juifs et leur causa des ennuis sans fin.
La nuit du 15 Nissan, Guidéon prendra une armée de 300 hommes et détruira la puissante armée midianite.
[Choftim7,9 ; Rachi sur ce verset]

4°/ A l'époque des Rois, les armées assyriennes opprimeront les juifs, et sous le règne de San'hériv, elles mettront le siège autour de Jérusalem.

La nuit du 15 Nissan, un ange de D. descendra dans le camp assyrien endormi et fera périr 185 000 soldats.
San'hériv retournera seul en Assyrie, sans aucune armée, et mourra assassiné par sa propre famille.
[Méla'him II 19,35 ; Radak sur ce verset]

5°/ Après la destruction du 1er Temple, les juifs ont été exilés dans les territoires de l'empire perse.
Haman, 1er ministre, préparera une potence élevée pour y pendre Mordé'haï, dirigeant spirituel des juifs exilés.

La nuit du 15 Nissan, le roi A'hachvéroch ne trouve pas le sommeil, et c'est le début d'une chaîne d'événements qui vont conduire Haman à sa chute, et au sauvetage des juifs.
[méguilat Esther 6 ; Pessikta déRav Kahana 17]

6°/ Autres : c'est en cette nuit du 15 Nissan que Hachem a détruit Sodome, que Daniel sortira indemne de la fosse aux lions, que Avraham est parti en guerre contre les 4 rois qui ont enlevé Lot, son neveu, et qu'il retrouva sa trace.

7°/ C'est en une nuit du 15 Nissan, qu'une femme juive va pousser des cris déchirants en voyant son nouveau né jeté dans le ciment du puits où elle travaille.
Ces cris vont monter directement au ciel et l'ange Gavriel descendra pour prendre le ciment dans lequel est imbriqué l'enfant et le déposer au pied du trône céleste.

Le tribunal céleste décrète alors qu'un an plus tard, jour pour jour, les égyptiens seront punis pour toutes ces atrocités.
[Pirké déRabbi Eliézer 48]

==> La nuit du 15 Nissan est une nuit de protection contre tout mal (leil chimourim - Bo 12,42 : "une nuit de protection pour tous les enfants d'Israël, pour leurs générations"), et ce de tout temps.

A la fin des temps, c'est ce jour que débutera la rédemption finale avec Eliyahou hanavi et le machia'h. [Or ha'Haïm - Bo 12,42 ; midrach Chémot rabba 18,12]

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-> La nuit de Pessa'h est différente de toutes les autres nuits, et appartient à la miséricorde totale.
Non seulement la nuit de Pessa'h qui a eu lieu en Egypte, mais chaque année c'est une nuit de miséricorde totale.
Le verset (12,42) se termine d'ailleurs par : "pour tous les enfants d’Israël, pour leurs générations".
[le Kaf Cohen]

-> La nuit du Séder nous sommes des gardiens (shomrim), et c'est pour cela que cette nuit s'appelle : "leil shimourim" (la nuit des gardes). En effet, en cette nuit chaque juif est de service et il doit rester debout aussi longtemps qu'il le peut afin de parler à propos de la sortie d'Egypte.
[Ibn Ezra - Bo 12,42]

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+ Mesure pour mesure :

-> Ils ont opprimé et tué Israël, premier-né de D. (cf.Chémot 4,22).
A présent, les premiers-nés, dont les égyptiens vouaient un culte idolâtre vont mourir.
[Malbim]

-> Le Ramban explique que les égyptiens avaient l'autorisation de prendre un juif comme esclave personnel à son service.
Ainsi chaque famille égyptienne avaient plusieurs esclaves juifs.
Le rav Soloveitchik dit qu'à cette époque, les premiers-nés étaient généralement les responsables de la gestion du foyer et avaient la responsabilité des esclaves. Lorsque le père n'était pas là, ils assuraient sa place.
Puisque globalement ils ont tous joué un rôle de premier plan dans l'oppression des juifs, ils ont été punis mesure pour mesure par Hachem.

-> Les prêtes égyptiens étaient composés des premiers-nés égyptiens. [Kol Bo 58]
De plus, les premiers-nés étaient eux-mêmes servis comme idoles par la nation.
Ainsi, Hachem a puni les idoles d'Egypte par le biais de la plaie des premiers-nés. [Panim Yafot]

-> La plaie des premiers-nés était la rétribution des égyptiens pour avoir jetés les bébés juifs dans le fleuve. [Abarbanel 6,6]
Au sujet de la 10e plaie :"Ce fut une clameur immense dans l'Égypte : car il n'y avait point de maison qui ne renfermât un mort" (Bo 12,30)
Les pleurs et les cris que l'on entendait des égyptiens à cause de la plaie des premiers-nés, était une punition directe pour être restés silencieux lorsqu'ils ont entendu les juifs crier pendant tout leur esclavage, et pour être restés silencieux lorsque les enfants juifs ont été tués.
Maintenant, eux-aussi allaient crier de douleur.
[rav Chimchon Raphaël Hirsch]

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-> Dans le livre de Bamidbar, la Torah rapporte le recensement des premiers-nés mâles, qui sont un total de 22 273.
Pourquoi y avait-il si peu de premiers-nés? En effet, puisqu'à cette époque la nation juive comprenait 600 000 hommes, nous pourrions penser qu'il y avait certainement un nombre beaucoup plus important de premiers-nés dans la population.

Le Targoum Yonathan ben Ouziel (Chémot 2,23) écrit que lorsque Pharaon a contracté la lèpre, chaque jour il égorgeait 300 garçons premiers-nés juifs, afin de se baigner dans leur sang.
Puisque le barbarisme de Pharaon a considérablement appauvri le nombre des premiers-nés au sein du peuple juif, mesure pour mesure, les premiers-nés ont été décimés pendant la plaie des premiers-nés.
[rav Binyamin Wurzburger]

[le Gaon de Vilna (Adéret Eliyahou - Béchala'h) dit que Pharaon tuait 150 enfants pour son bain du matin, et 150 enfants pour son bain du soir, soit 300 enfants chaque jour.
Selon l'opinion de Rabbi Akiva (citée dans la Haggada), Hachem a puni les égyptiens de 300 plaies (50 en Egypte et 250 à la mer Rouge). Les égyptiens ont mérité 300 plaies en punition pour le fait que Pharaon tuait 300 enfants juifs tous les juifs.]

"Il arriva que Rabbi Eliézer, Rabbi Yehochoua, Rabbi Elazar ben Azariah, Rabbi Akiva et Rabbi Tarfon étaient accoudés (dans un Séder de Pessa'h) à Bnei Brak.
Ils discutèrent de la sortie d'Égypte toute la nuit, jusqu'à ce que leurs élèves vinrent et leur dirent : "Nos Maîtres, le temps est venu de réciter le Chéma du matin !"

-> Pourquoi leurs élèves ont-ils dû venir les interrompre?
Ces éminents Sages ne pouvaient-ils pas simplement s'en rendre compte en regardant par la fenêtre?

Le rav Yaakov Galinsky développe la réponse suivante.

-> La guémara (Soucca 28a) rapporte que lorsque Yonatan ben Ouziel étudiait la Torah, tous les oiseaux qui passaient au-dessus de sa tête étaient brûlés par le feu.

-> Le Yérouchalmi enseigne que son maître, Hillel haZaken, était entouré d'un feu dans les 4 amot autour de lui (environ 2 mètres).
Ce feu était le même feu qui enveloppa le mont Sinaï au moment du don de la Torah.

-> La gémara ('Haguiga 15a) rapporte que lorsque Rabbi Eliezer et Rabbi Yéhochoua étudiaient un feu descendait et les entourait.

Un fois, la personne qui les hébergeait, a pris peur qu'ils fassent brûler sa maison.
Ils lui ont répondu : "Non, nous étions en train de connecter les versets de la Torah avec les versets des Névi'im, et les versets des Névi'im avec des versets des Kétouvim, et c'est alors que les paroles de Torah (divré Torah) étaient aussi contentes que lorsqu'elles ont été données au mont Sinaï.
Et la Torah n'a-t-elle pas été transmise dans le feu?
C'est pour cela également qu'ici un feu est venu et nous entoure."

-> Lorsque Rabbi Elazar ben Arach était en train d'expliquer la vision du Char divin (Maasé merkava), qui contient beaucoup de secrets et de mystères, à Rabbi Yo'hanan ben Zakaï, un feu est descendu, entourant tous les arbres du champ.

Lorsqu'avant de mourir, Rabbi Chimon bar Yo'haï a transmis les secrets de la Torah à ses élèves, un feu est descendu l'entourer, et personne ne pouvait l'approcher.
[Zohar III 287,20]

-> "Rabbi Eliézer s'est assis, a enseigné la Torah et son visage a brillé comme l'éclat du soleil, des rayons de lumière provenaient de sa face, similaires à ceux de Moché rabbénou, à tel point qu'aucune personne présente ne pouvait distinguer entre le jour et la nuit."
[Pirké déRabbi Elizer - 2]

-> Rav Yaakov Galinsky conclut que nos Sages de la Haggada étaient eux aussi entourés par un mur de feu, ce qui les empêchait de voir par la fenêtre que le soleil commençait à se lever.
Ils ont dû compter sur des élèves qui n'étaient pas présents en ce lieu.

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-> Certains commentateurs expliquent que la nuit fait référence à la période de l'exil, et le début du jour à la guéoula.

Les élèves ont ainsi demandé à leurs maîtres : Quand est-ce que vient le moment de machia'h?

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+++ Les Sages présents étaient :
- Rabbi Akiva : un descendant de convertis (guémara Sanhédrin 96).
Il donnait des explications même sur les couronnes au-dessus des lettres de la Torah (guémara ména'hot 29b) ;
- Rabbi Elazar ben Azarya (Nassi à l'âge de 18 ans!) et Rabbi Tarfon : ils étaient Cohanim (guémara Baba Métsia 11) ;
- Rabbi Yéhochoua et Rabbi Eliézer : ils étaient Lévi'im.

Les convertis, les Lévi'im et les Cohanim n'ont pas subi directement l'esclavage égyptien.
Malgré tout, ces Sages ont accompli la mitsva de raconter la sortie d'Egypte.

Selon le Maharam Schick, la délivrance que nous fêtons à Pessa'h porte principalement sur celle de notre âme, et secondairement sur celle de notre corps, puisque c'est grâce à elle que nous avons mérité de recevoir la Torah.

Ainsi, ils vivaient la sortie d'Egypte comme libération permettant de recevoir la Torah, en plus d'une libération d'atroces souffrances que subissaient leurs frères juifs esclaves.

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+ "étaient accoudés à Bnei Brak" :
-> Selon Rabbénou Don Its'hak Abarbanel, "Bné Brak" ne fait pas référence à une ville.
Pour lui, il s'agit des magnifiques récipients qui sont utilisés à Pessa'h pour montrer notre liberté et notre gloire.
"Barak" signifie quelque chose qui brille, et "Bné" est une expression qui veut dire : "capable de".

=> Ainsi, la définition de "Bné Brak" est : "des récipients qui ont sont capables de briller".
Ces grands personnages étaient inclinés avec leur argenterie coûteuse et clinquante, comme il convient de le faire pendant le Séder, la seule nuit où nous pouvons montrer ostensiblement notre richesse afin d'illustrer le fait que nous sommes une nation libre (à la fois matériellement et spirituellement) de l'esclavage égyptien.
==> Ces géants en Torah inclinaient "Bné brak" (leur argenterie brillante), qui symbolise l'éclat à la fois de leur richesse spirituelle et matérielle.

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-> Le Sfat Emet fait le développement suivant :
Selon le Choul'han Aroukh (481,2), le soir du Séder on a l'obligation de passer autant de temps que possible à développer le récit de la sortie d'Egypte jusqu'à ce que le sommeil nous emporte.
Ainsi, lorsque la Haggada déclare que celui qui passe beaucoup de temps à parler de la sortie d'Egypte, il est digne de louanges (aré zé méchouba'h) [cela indique que ce n'est relatif à une obligation, mais c'est très recommandé d'agir ainsi,] elle fait en vérité allusion aux autres moments où l'on en parle pendant le restant de l'année.

Le récit mentionné dans la Haggada à propos des Sages qui ont passé toute la nuit à discuter de la sortie d'Egypte, ne se déroulait probablement pas pendant la nuit du Séder, puisqu'il illustre le fait qu'on doit prendre du temps même pendant l'année pour parler de la sortie d'Egypte car cela est digne de louanges, comme nos Sages ont pu le faire.
[si eux qui faisaient tellement attention à leur temps ont passé une nuit entière à évoquer le récit de la sortie d'Egypte, c'est forcément que le fait de parler de cela nous est très bénéfique!]

Une preuve à cela peut être trouvée dans le fait que Rabbi Eliézer était assis avec les Sages à Bné Brak.
Or, puisque Rabbi Eliézer est d'avis qu'on ne doit pas quitter sa famille à Yom Tov (guémara Soucca 27b) et que lui-même vivait à Lod (guémara Sanhédrin 32b), comment pouvait-il passer Pessa'h à Bné Brak?
En se basant sur ce qu'on a vu auparavant, il nous est aisé de comprendre que cette histoire ne s'est pas déroulée pendant une nuit du Séder de Pessa'h.

-> D'autres commentateurs (comme le Béer Miriyam) ne sont pas d'accord et voit ce récit de la Haggada comme la continuation de l'histoire mentionnée dans la michna (Maaser Shéni 5,9, Tossefot sur Baba Métsia 11a) où Rabban Gamliel et les Sages étaient sur un bateau la veille de Pessa'h.
Ils n'avaient pas assez de temps pour rentrer chez eux avant Pessa'h, et c'est pour cela qu'ils sont tous allés dans la ville la plus proche : Bné brak, où Rabbi Akiva résidait.
[cela explique pourquoi Rabbi Eliézer a passé Yom Tov loin de sa maison, bien que d'une manière générale il désapprouvé cela]

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=> Qui a passé la nuit du Séder dans une cave?

-> Les Sages mentionnés dans la Haggada vivaient pendant la période de persécution romaine, et ils étaient ainsi forcés de se cacher à Bné Brak, loin de Jérusalem.
Ils se dissimulaient dans des caves ou bien des greniers avec les volets fermés pour bloquer tout rayon de lumière, afin qu'ils ne puissent pas se faire remarquer. [surtout en train d'étudier la Torah!]
Puisqu'ils étaient dans un endroit sombre, ils ne pouvaient pas savoir que le moment de la lecture du Shéma était arrivé, et c'est pour cela que leurs élèves sont venus les informer du lever du soleil.
[Otsar Divré haMéfarchim - p.172]

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-> Certains commentateurs comprennent que Bné Brak n'était pas un endroit, mais plutôt des réceptacles brillants (du mot : "barak" qui renvoie à la notion de : éclairant) ; ils étaient inclinés sur des divans/canapés brillants qui étaient recouverts d'or et de bijoux.
Ils avaient leur Séder qui se passait dans la ville de Lod (selon Tossefta - Pessa'him 10,8). [Abarbanel]

-> Le Rambam et les Géonim lisent le texte ainsi : "bivné kéra'h" (בבני כרך) : sur une île.
[cf. Otsar Méfarché Haggada - p.95]

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-> Selon le Rachbam, bien que les Sages ont développé le récit de la sortie d'Egypte, ils sont arrivés rapidement à leur repas afin que leurs enfants ne tombent pas de sommeil avant de manger la matsa et le maror.
Le Ritva dit que pour être sûr de cela, ils ont mangé la matsa et bu les 4 verres avant 'hatsot (le minuit juif).
Ce n'est qu'après leur repas qu'ils ont passé la nuit entière à rapporter la sortie d'Egypte et discuter des halakhot de Pessa'h. [Tossefta - Pessa'him 10,8]