Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Moché dit à Aharon : Approche de l'Autel et accomplis le service de ton offrande de faute et de ton offrande d'élévation et obtiens la réparation pour toi-même et pour le peuple" (Chémini 9,7)

-> Aharon voyait l'Autel comme un taureau, et il craignait de l'approcher.
[Torat Cohanim]

-> Comme Aharon était un homme entièrement voué à D., et qu'il n'avait sur la conscience aucune autre faute que d'avoir contribué à l'édification du Veau d'or, cet acte le hantait à tout instant, comme il est dit : "Ma faute est constamment sous mon regard" (Téhilim 51,5).
C'est pourquoi l'image d'un veau, décidé à repousser ses sacrifices, lui apparaissait à la place de l'Autel (mizbéa'h).
C'est pourquoi Moché lui dit : "Reprends confiance en toi et ne sois pas si humble, car Hachem a déjà agréé tes actions."
[Ramban]

-> Selon Rachi : Aharon était rempli de honte et craignait de s'approcher de l'Autel [en raison de son rôle dans l'affaire du Veau d'or]
Moché l'a encouragé en disant : "Pourquoi as-tu honte? C'est pour cela [pour occuper la fonction de Cohen Gadol] que tu as été choisi!"

-> Le Déguél Ma'hané Efraïm commente : "C'est précisément parce que tu possèdes une telle humilité que tu as été choisi ; D. hait les orgueilleux".

-> Rabbi Yitsélé de Volozhin dit : "Moché lui a dit, pourquoi as-tu honte, c’est pour cela que tu as été choisi."
C’est-à-dire que parce que tu as honte, c’est pour cela que tu as été choisi comme Cohen gadol. En effet Aharon, dans sa grande modestie, se disait : qui suis-je pour approcher Hachem et Le servir?
Jusqu’à ce que Moché lui dise que c’est justement à cause de cette honte elle-même, et à cause de son humilité, qu’il avait été choisi pour être prêtre.

-> Le Ari zal enseigne également : Non seulement c’est parce que Aharon a été choisi qu’il ne doit pas avoir honte (comme le sens simple), mais c’est aussi parce qu’il a honte qu’il a été choisi.
En effet, Hachem affectionne les personnes modestes et humbles, et c’est eux qu’Il choisit pour diriger Son Peuple.

=> Selon la vision juive, plus une personne va rechercher de la grandeur, plus elle va s'en éloigner.
De plus, elle va perdre toute proximité avec Hachem, avec tout le flux de bénédictions que cela implique.
[celui qui veut être au-dessus des autres, sera en réalité en-dessous car il n'a pas D. comme associé dans sa vie!]

<--------------------------->

+ "Obtiens la réparation pour toi-même et pour le peuple" (v.9,7)

-> Puisque le peuple devra également apporter des sacrifices pour son expiation, en quoi ceux de Aharon viendraient aussi "pour le peuple"?

Nos Sages (guémara Baba Métsia 107b) enseignent que celui qui veut purifier et améliorer les autres doit d’abord être pur lui-même.
Ainsi, avant que Aharon n’apporte les sacrifices du peuple pour leur expiation, il doit tout d’abord se purifier lui-même par ses propres offrandes.

=> La Torah dit que Aharon devra apporter ses sacrifices non seulement pour son expiation personnelle, mais aussi comme préalable pour se purifier dans le but d’apporter ensuite les offrandes des juifs pour leurs expiations.

[Agra déKala ; Ibn Ezra]

=> Avant de faire des remarques à autrui, il faut d'abord s'interroger si l'on a fait ces mêmes remarques à nous-même, et quel est notre exemplarité actuelle à ce sujet.

<--------------------------->

-> Le Nétsiv (v.9,7) se basant sur le Yalkout, enseigne que Aharon a agit 100% léchem chamayim, et qu'il était ainsi totalement irréprochable concernant la faute du Veau d'or.
Il a apporté un sacrifice sur le fait qu'au regard de son attitude extérieure, certaines personnes pouvaient s'interroger et suspecter qu'il s'était impliqué dans la création du Veau d'or (seul Hachem ayant conscience de la pureté de ses pensées/intentions).
Puisque cela est assimilable à une faute, Aharon besoin d'expiation par un korban.

<--------------->

"Moché dit à Aharon : C'est cela dont avait parlé Hachem, en disant : 'Je serai sanctifié par ceux qui Me sont les plus proches et Je serai glorifié devant tout le peuple', et Aharon se tut" (Chémini 10,3)

-> Le feu qui les a consumés était un décret Divin ; c'était le message silencieux de la volonté Divine. [Ramban]

-> Selon Rachi, Moché a dit à Aharon : "Je savais que le Michkan serait sanctifié par quelqu'un sur qui la gloire de D. repose, et je pensais qu'il s'agirait de toi ou de moi. Je vois à présent qu'ils étaient plus grands que toi et moi."

-> Rabbi 'Haïm Palagi (Kaf ha'Haïm) rapporte que Moché a perdu le droit d'être Cohen au bénéfice de son frère Aharon, lorsqu'au buisson ardent il a refusé à plusieurs reprises d'être celui qui allait libérer le peuple juif.
Ainsi, Moché dit à Aharon : "Ne refuse pas ou n'aie pas honte de faire le Service Divin, car c'est pour cela que tu as été choisi, et si tu refuses alors tu perdras une opportunité en or, comme j'ai pu le faire!"

-> Aharon pleurait à haute voix, mais en entendant les paroles consolatrices de Moché, il s'est arrêté (Ramban), réconforté de savoir que ses enfants avaient sanctifié le Nom de D. (Sforno).
Selon la guémara (Zéva'him 115b) : "lorsqu'Aharon s'est rendu compte à quel point ses fils étaient proches de D., il se tut".

-> Le 'Hatam Sofer explique que si Aharon a tout d'abord pleuré, mais ce n'était nullement en protestation contre Hachem, mais plutôt car il pensait être responsable de leur mort par son implication dans la faute du Veau d'or.
Moché l'a alors réconforté en lui disant que leur mort était un moyen de sanctifier le Michkan, et qu'elle avait amené un énorme kidouch Hachem.
Dès qu'il a su que leur mort n'avait pas été entraînée par ses fautes, mais en l'honneur du Ciel, alors il est resté silencieux.

De plus, Aharon voulait remercier Hachem de lui avoir donné de tels enfants, mais par humilité de ne pas avoir le niveau de remercier D. dans la tragédie, et par peur d'en venir à émettre une protestation, il est resté silencieux.
[le 'Hatam Sofer]

-> "il se tut = vayidom (וַיִּדֹּם). Le 'Hafets 'Haïm dit que ce mot est similaire à : "domèm" (objet inanimé - דומם), en allusion à Aharon qui était de marbre en ayant accepté la nouvelle de la mort de ses 2 enfants.

Le Hafets ‘Haïm se pose la question sur l’emploi du terme "vayidom" pour "se taire" au lieu du mot "hé’hérich", plus couramment utilisé.
Et d'expliquer : Même lorsque quelqu’un se tait (ma’harich), on peut deviner son humeur grâce aux expressions de son visage. En revanche, on ne peut déceler aucune expression sur un objet inanimé (domem), puisque son aspect ne révèle pas son intérieur.
Le niveau d’Aharon était tel qu’à ce moment-là, il était comme "inanimé" : on ne pouvait déceler sur son visage aucun signe de souffrance ou de deuil, même par un changement de physionomie : elle ne s’est pas altérée, et aucun nuage n’est passé sur son visage.

-> Dans la Guemara (Shabbat 30a), il est dit que la Présence Divine ne réside pas là où il y a de la tristesse, mais dans la joie de la mitsva.
Il est dit quelque chose de similaire sur la prophétie (Midrach Gadol Vayigach) : la prophétie ne repose pas là où il y a la tristesse, mais dans la joie de la mitsva.
Le Tsor haMor dit que comme la Parole Divine s’est adressée à Aharon, alors c’est une preuve éclatante qu’il a vraiment accepté de tout cœur la décision d'Hachem, avec amour et une joie parfaite. Car sans cela, la Présence Divine ne se serait pas adressée à lui. Et c’est cela sa récompense.

-> Le Ménorat haMaor enseigne qu'en récompense de la grande humilité démontrée par Aharon (telle est la volonté de D., et j'accepte avec amour de ne pas comprendre), il a mérité (ainsi que ses descendants) de pouvoir bénir tout le peuple juif par la bénédictions des Cohanim (birkat Cohanim), qui contient 60 lettres, comme la guématria du mot : "il se tut" (vayidom - וַיִּדֹּם).

-> Les tsadikim ont l'habitude d'accepter que Hachem les traite avec rigueur ... Moché a dit à Aharon : "Aharon, mon frère, tes enfants sont morts uniquement en l'honneur de Son saint Nom". ...
Aharon resta silencieux et il a été récompensé pour son silence. D'ici, il est dit : "Quiconque accepte [son décret] et se tait, cela augure de bonnes choses pour lui".
[midrach Yalkout Chimoni]

<--->

-> Le Baal haTourim écrit que dans toute la Torah, on ne trouve que 2 fois le mot : vayidom (il se tut).
Dans notre paracha (Chémini), il est dit : "Aharon se tut", et dans le livre de Yéhochoua, dans le récit de la guerre contre les 5 rois de Canaan, il a été fait un miracle et le soleil a interrompu sa course, ainsi que le dit le verset : "le soleil s’arrêta (vayidom)" (10,13).
Quel rapport y a-t-il entre ces 2 versets?
Ils nous disent en allusion que la grandeur de "Aharon se tut" est quelque chose de tout à fait aussi surnaturel que de voir le soleil s’arrêter, ce qui va à l’encontre des lois de la nature.
Lorsque ses 2 fils tsadikim sont morts le même jour, Aharon s’est imposé le silence.

<--->

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°876) écrit :
"Aharon se tut" : "Le silence d’Aharon révèle qu’il a accepté le jugement Divin sans poser de questions, qu’il a accepté la sentence avec amour, sans mettre en cause la décision de Hachem de punir ses fils, qui plus est le jour de l’inauguration du Michkan. Il a compris que D. savait prendre la décision la plus juste : S’Il avait jugé bon de faire mourir ses fils le jour de l’inauguration du Sanctuaire, qui est un jour aussi joyeux pour D. que celui de la Création du monde, c’était certainement la meilleure décision, même si elle était difficile à accepter.

Le silence d’Aharon vient délivrer un message aux générations suivantes : il ne faut pas poser de questions sur les actions de D. Même s’il nous arrive un événement qui nous semble incompréhensible, il nous faut accepter la sentence Divine avec amour, et remercier D. pour le mal comme on Le remercie pour le bien.

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1132) dit :
"Il y a lieu de se demander pourquoi Hachem choisit un moment de joie pour appliquer une sanction si sévère, plutôt que de le faire à une autre occasion. C’est qu’il désirait enseigner au peuple juif qu’il existe 2 manières de Le servir, dans le bien-être et dans le tourment. Les enfants d’Israël et Aharon avaient entamé avec enthousiasme le service des sacrifices, enchantement auquel s’étaient jointes les sphères supérieures. Cependant, survint tout d’un coup une tragédie, D. ayant rappelé à Ses côtés les âmes de 2 fils d’Aharon. Ce retournement de situation visait à leur signifier qu’il est aussi possible de servir Hachem au travers de souffrances.
Il arrive que l’homme doive faire face à d’immenses difficultés, comme Aharon qui perdit subitement 2 enfants lors des joyeuses festivités de l’inauguration du Michkan. Une douloureuse peine emplit alors son cœur et, pourtant, il lui incombait de la surmonter pour poursuivre son service Divin. Ceci nécessitait d’énormes forces d’âme, ce dont il fit preuve en faisant comme si rien de grave n’était arrivé et en continuant à apporter les sacrifices comme il était prévu ...

Celui qui sert D. alors qu’il doit faire face à l’adversité, tandis que "toutes Tes vagues et Tes ondes ont passé sur moi", Le sert de la manière la plus sublime. Car, en continuant avec dévotion à rester fidèle à la Torah et aux mitsvot en dépit de ses épreuves, il sanctifie le Nom et l’honneur d'Hachem et est considéré comme l’un de Ses proches.
Si déjà un service Divin effectué dans la sérénité, en jouissant d’un gagne-pain honorable et d’une bonne santé, est assimilable au service de D. dans le Michkan, a fortiori, il est considéré comme tel s’il est réalisé au travers de difficultés. Hachem le porte d’autant plus en estime, en vertu de l’enseignement de nos Sages selon lequel, "un acte dans la peine a plus de valeur que 100 sans peine"
(Avot de Rabbi Nathan 3)."

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1028) enseigne également :
"Le verset de Michlé (12, 25) conseille : "le souci abat le cœur de l’homme", ce qui n’est pas le cas lorsqu’on le partage : lorsqu’on se met à parler, à confier sa peine à d’autres, on allège en quelque sorte le poids que l’on porte dans son cœur.
Pourtant, Avraham Avinou choisit de garder le silence, de ne pas extérioriser ses sentiments. En fait, il accepta avec amour le décret, conscient qu’il émanait d’Hachem, si bien qu’il n’en ressentit pas la moindre peine. C’est pourquoi il ne ressentit pas le besoin de se décharger et opta plutôt pour le silence – un silence d’or.

C’est également le parti que prit Aharon : ne pas extérioriser son ressenti, mais garder un silence remarquable et accepter le jugement céleste avec amour et joie ; c’est pourquoi il reçut sa pleine récompense et Hachem s’adressa à lui en privé."

<--->

-> On souligne ici la grandeur d’Aharon, puisque quand ses 2 fils, des Tsaddikim, trouvèrent la mort brutalement, il garda le silence, silence qui lui valut une récompense.
Mais il existe un niveau encore plus élevé que celui-là, comme nous le trouvons chez le doux chantre d’Israël, le roi David, l’oint d’Hachem. Ainsi, après tous les malheurs et souffrances qui s’abattirent sur lui, il dit : "De la sorte, mon âme Te chantera sans relâche" (Téhilim 30,13), autrement dit, qu’il continuerait à entonner des chants de louanges!
[d’après le Tiféret Chlomo]

<--->

-> Le Chla haKadoch chérissait particulièrement la leçon de morale cachée dans le silence d’Aharon au moment où Moché a pris la parole, comme il est écrit : "Aharon garda le silence", et dont Rachi commente : "Il a été récompensé de son silence. Et quelle rétribution a-t-il reçue? De se voir adresser à lui seul la parole Divine, puisque le passage concernant ceux qui boivent du vin n’a été dit qu’à lui".
Le Chla haKadoch en conclut : "Chacun apprendra d’ici à ne pas dédaigner la morale et à l’accepter avec amour".

Rabbi Yaakov Neuman (Darké Moussar) écrit : "De par notre nature, nous n’aimons pas les faiseurs de remontrances. Nous pensons que nul n’est plus intelligent que nous et que nous n’avons plus besoin d’éducation ou de leçons de morale. Notre entêtement ne laisse pas de place aux reproches."

[Hachem communique avec nous pour notre bien en nous envoyant des épreuves. A nous des les accepter (sans rouspéter, se plaindre, trouver des raisons extérieures, ...) avec amour, avec joie de pouvoir s'améliorer, et en appréciant cette main tendue par Hachem pour que l'on soit plus proche de Lui pour l'éternité.]

<--->

-> "Ne faites pas pousser vos cheveux et ne déchirez pas vos vêtements et ... Israël pleurera ceux qu'Hachem a brûlé" (Chémini 10,6)

=> Quel rapport entre le fait qu'Aharon et ces 2 autres enfants restants ne doivent pas porter le deuil en laissant pousser les cheveux et en déchirant les vêtements, et le fait que le peuple d'Israël quant à lui pleurera la mort de Nadav et Avihou ?
En fait, si Aharon avait lui aussi porter le deuil et qu'il allait déchirer ses vêtements et laisser pousser ses cheveux, alors on aurait pu interpréter les pleurs du peuple comme venant du fait de la peine de voir Aharon s'endeuiller et s'affliger. Il n'y aurait donc pas de preuve que le peuple pleure la mort de ces deux Justes, puisque ces pleurs pourraient être compris comme venant pour la peine d'Aharon.
Mais à présent que la Torah dit à Aharon et ses 2 autres enfants de ne pas s'affliger et ne pas porter le deuil, à présent il est clair que les pleurs du peuple ne peuvent pas venir du fait d'Aharon, puisque ce dernier n'était pas en deuil.
Dès lors, il est clair que le peuple "pleurera ceux qu'Hachem a brûlé", à savoir que les pleurs du peuple venaient assurément du fait de leur peine pour la mort de Nadav et Avihou eux-mêmes, qui sont ceux qu'Hachem a brûlé.
['Hatam Sofer]

Le 'Hatam Sofer émet l'idée que si Aharon pleurait et faisait dépendre la mort de ses fils de ses fautes, alors le Michkan ne serait pas sanctifié, et les bnei Israël ne craindraient pas de le toucher.
[en effet, malgré la grandeur de Nadav et Avihou, ils sont morts pour leur attitude qui n'était pas en phase avec l'immense respect envers la Chékhina qui est attendue dans le Michkan. Mais s'ils étaient morts à cause des fautes d'Aharon (comme Aharon pourrait le laisser comprendre en pleurant ses fautes), alors cela signifie que ce n'est pas si grave d'aller à notre guise dans le Michkan, à l'image d'aller dans un bar! (cela doit nous renforcer dans notre attitude dans une synagogue, qui est un petite Temple/Michkan)]. C'est pourquoi, soucieux que les juifs captent fortement cette leçon, alors immédiatement : "Aharon se tut".

-> "ceux qu'Hachem a brûlé"
Selon le Ohr ha'Haïm haKadoch on peut expliquer cette précision d’après la guémara (Shabbat 105b) : "Quiconque pleure et prend le deuil sur un homme juste voit toutes ses fautes être pardonnées, et il ne pleurera plus".
C’est à cela que fait allusion la phrase "ceux qu'Hachem a brûlé" = s’ils pleurent sur ceux qu’a brûlés Hachem, Il ne brûlera plus rien.

-> Au moment de la mort de Nadav et Avihou, le verset dit : "tout le peuple d'Israël a pleuré leur mort". Puisque leur perte a été ressentie à un niveau individuel, alors la mort de ces 2 tsadikim a permis d'expier les fautes à la fois individuellement, que collectivement.
['Hatam Sofer - issu du dvar Torah : http://todahm.com/2018/08/08/6915-2 ]

-> b'h, voir également : http://todahm.com/2017/09/26/5552-2

<--->

-> Le Méam Loez (Chémini 10,3) enseigne :
Moché consola Aharon : Ne t'afflige pas. Tu ne devrais pas pleurer mais plutôt te réjouir. Hachem n'a-t-Il pas dit : "Je serai sanctifié parmi ceux qui Me sont proches, et devant tout le peuple, Je serai glorifié".

Au mont Sinaï, Hachem avait dit à propos du Michkan : "Là Je communiquerai avec les juifs et Je serai sanctifié par Ma gloire" (Chémot 29,43).
Dans ce verset, Hachem désignait le jour où le Michkan serait érigé et où la Présence Divine y reposerait, c'est-à-dire le 1er Nissan.
Ce jour-là, Son Nom allait être sanctifié dans le Michkan parmi les hommes les plus honorés, les plus éminents d'Israël.
A cause d'une petite infraction touchant à l'honneur du Michkan, les juifs sauraient qu'ils doivent sanctifier le Nom Divin car même les plus grands hommes sont punis s'ils le profanent.

Lorsque Hachem juge les tsadikim, le peuple Le craint. Il est élevé et loué.
Les gens comprennent que D. punit même les plus grands sans leur montrer de considération particulière pour leurs bonnes actions. A plus forte raison punit-Il ceux qui transgressent Ses commandements!

Cette punition rehausse également l'honneur du Michkan et fait dire aux gens : "A cause d'une petite faute, d'un léger manque de respect envers le Michkan, une chose pareille est arrivée aux fils d'Aharon!"
Dès lors, tous veilleront à révérer le Michkan.

"Redoutable est Hachem, de Ton sanctuaire" (Téhilim 68,36) = les gens craignent Hachem car dans le sanctuaire Hachem punit ceux qui Lui étaient consacrés.
Moché dit à Aharon : "Lorsque j'entendis ces paroles au Sinaï, je ne savais pas si cette sanctification du Nom Divin se produirait par moi ou par toi car tu m'es supérieur. Mais à présent je comprends que que tes fils étaient les plus saints parmi le peuple et même supérieur à nous.
Hachem les choisit comme instruments pour la sanctification de Son Nom. Ne t'afflige donc pas pour eux mais réjouis-toi d'avoir eu des fils aussi éminents.

"Je serai sanctifié parmi ceux qui Me sont proches, et devant tout le peuple, Je serai glorifié" = au mont Sinaï, Hachem dit : "Je serai sanctifié par ceux qui sont les plus proches de Moi, c'est-à-dire par les plus éminents. Lorsque le peuple verra que Je juge les tsadikim, Mon Nom sera sanctifié."

Après les paroles de Moché, Aharon se tut. Il accepta le jugement Divin et ne s'en affligea plus. Il comprit que ses enfant étaient des hommes éminents et craignant Hachem ...

Par son silence, Aharon montra qu'il acceptait le jugement Divin avec amour.
Il reçut le privilège de recevoir seul la parole de Hachem.
En effet, il est écrit dans le chapitre suivant : "Hachem parla à Aharon" (Vayikra 10,8) sans que le nom de Moché ne soit mentionné.

<--->

-> Lorsqu'un juif manifeste sa foi en D., D. le récompense par toutes sortes de bénédictions.
[Rabbi Aharon Kotler - Chémini 9,5]
[nos moments difficiles sont des occasions en or pour prouver la valeur réelle de notre émouna. C'est le thermomètre de notre foi, de notre attachement à D.!]

-> Par exemple, Rachi rapporte qu'en récompense de son silence devant le décret Divin, Aharon a eu le privilège de recevoir seul et directement de D. l'enseignement interdisant aux Cohanim d'accomplir le service et de rendre une décision halakhique en étant ivre.

[Rabbi Bounem de Pschischa enseigne que D. veut que Ses serviteurs trouvent leur joie dans la Torah et l'accomplissement de Ses commandements, et non grâce à des stimulants extérieurs comme l'alcool.
Si un Cohen accomplit le service du Temple sans aucune joie, c'est qu'il est déficient.]

<--->

-> La guémara (Nidda 31b) dit que nous attendons 8 jours pour faire une brit mila qu'afin que les invités ne se réjouissent pas, alors que les parents sont tristes.
Pourquoi seraient-ils tristes?

C’est parce que la femme est impure (tamé) durant les 7 premiers jours suivant la naissance, et que le mari et la femme ne peuvent ainsi pas avoir de contact physique.
Lorsque le 8e jour arrive tout le monde peut être pleinement joyeux.
[Précision: à cette époque la femme était interdite durant seulement 7 jours après l’accouchement d’un garçon].

=> Aharon aurait pu tenir cette plainte, alors que le peuple juif était en train de célébrer une fête historique : l'inauguration du Michkan.
En effet, si Hachem souhaite que tout le monde soit heureux à une brit mila, alors ne doit-il pas en être de même pour cette énorme joie? Est-ce que les enfants de Aharon n'auraient-ils pas pu mourir ultérieurement?
Cependant, Aharon est restait silencieux, et il n'a nullement remis en question Hachem.
[le Gaon de Vilna]

[Rabbi Yonathan Eybeschütz fait un commentaire similaire : Aharon avait un argument à présenter devant D. : tout comme pour la circoncision, la Torah avait évité que tous soient joyeux à l’exception des parents, il aurait été convenable de ne pas provoquer la mort de ses 2 fils, afin de ne pas porter atteinte à la joie du moment. Malgré cela : "Aharon se tut".]

<--->

-> Hachem dit à Moché : "2 des fils d'Aharon sont destinés à mourir. J'ordonne donc qu'ils restent assis jour et nuit pendant 7 jours à l'entrée du Michkan comme des endeuillés.
Un homme en deuil ne quitte pas sa maison pendant 7 jours pour se promènent ou aller au travail afin que son deuil ne quitte pas son esprit.
Ici aussi, les fils d'Aharon ne doivent pas quitter leur "maison" : le Michkan, pendant 7 jours. Qu'ils prennent le deuil avant même de mourir!"

Moché ne révéla pas explicitement cet ordre à Aharon et à ses fils.
Il fit l'allusion suivante : "Vous demeurerez à l'entrée du Ohel Moed, jour et nuit pendant 7 jours. Vous garderez ainsi la charge de D. et vous ne mourrez point, car tel est l'ordre que j'ai reçu" (Tsav 8,34)
[...]

Hachem, qui connaît l'avenir, ordonna à Aharon et ses fils de prendre le deuil à l'avance car Nadav et Avihou allaient mourir le 8e jour de leur installation. Or ce jour-là allait être pour eux une fête où ils ne prendraient pas le deuil.
Il fallait donc que la période de deuil soit observée avant le décès.
[Méam Loez - Tsav 8,34-45]

<---------------------->

-> "Moché parla à Aharon et à ses fils survivants, El'azar et Itamar" (Chémini 10,12-13)

Le verset décrit El'azar et Itamar comme les "fils survivants" d'Aharon.
Le décret initial voulait que ses 4 fils mourussent à cause de la faute du Veau d'or. Cependant, la prière de Moché fit annuler la moitié du décret.
El'azar et Itamar furent épargnés ; ils sont donc appelés les "survivants", ceux qui échappèrent à la mort à ce moment-là.
[Méam Loez - Chémini 10,12-13]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.