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"Et sachez de votre faute, qu'elle vous trouvera" (Matot 32,23)

-> Le rav Eliyahou Dessler donne une explication très forte : "Après la mort, nous nous trouverons comme au milieu de notre passé."

Si, lors de notre séjour dans ce monde du libre arbitre et de l'action, nous sommes restés attachés à la Torah et aux mitsvot, notre être se maintiendra alors fermement lié à elles et à Celui qui nous en a fait dont [D.].
Cet état subsistera non pas comme ayant appartenu au passé révolu, mais il demeurera au présent.

Il en sera de même pour nos fautes : Nous aurons alors le sentiment de les perpétrer activement, tout en sachant le plus clairement possible ce que sont les mitsvot et les transgressions.
Il n'y a pas de châtiment plus terrible que celui-ci, et il n'existe pas de repentir plus douloureux.

Voilà ce que signifie : "Et sachez de votre faute qu'il vous trouvera."

"Furent livrés parmi les milliers d'Israël, mille par tribu" (Matot 31,5)

Rachi explique cette forme passive vayimasrou ("furent livrés") comme suit :
"Pour te dresser l'éloge des bergers d'Israël [et te montrer] à quel point ils sont aimés du peuple.
Avant que [les enfants d'Israël] aient appris la mort [prochaine de Moché], qu'avait-il dit? "Encore un peu, et ils me lapideront." (Chémot 17,4).
Mais quand ils ont appris que son décès dépendait de la vengeance exercée contre Midyan, ils n'ont pas voulu y aller [à la guerre] sans avoir été enrôlés contre leur gré", et avant d'avoir été livrés.

Rachi semble plutôt dresser l'éloge des enfants d'Israël eux-mêmes.
Le 'Hatam Sofer s'étonne :
-> Pourquoi parle-t-il alors de la louange "des bergers d'Israël"?
-> Est-ce vraiment flatteur pour notre peuple d'avoir voulu lapider Moché?

Le 'Hatam Sofer de répondre en citant l'enseignement de la guémara (Kétouvot 105b) : "Lorsqu'un érudit de la Torah (talmid 'hakham) est aimé de sa ville, ce n'est pas en vertu de sa grandeur ou de son niveau, mais c'est parce qu'il ne les réprimande pas pour les méfaits."

Aussi longtemps que Moché admonestait les enfants d'Israël, ceux-ci ne le prenaient guère en pitié.
Mais quand ils ont appris que le moment de sa mort était proche, leur coeur s'est adouci.
Ils se sont remis en question et ont compris alors qu'il les avait sermonnés et réprimandés pour leur seul bien.

A la lumière de cet enseignement, nous comprenons mieux l'explication de Rachi mentionnée ci-dessus :
-> "[Il est écrit ils furent livrés, à la forme passive] pour te dresser l'éloge des bergers d'Israël" = car le fait que, de son vivant, Moché en est arrivé à s'exclamer : "Encore un peu et ils me lapideront!", montre qu'il s'est comporté en un véritable dirigeant, et qu'il n'a jamais hésité à admonester ses ouailles.

"Choisissez parmi vous (Litt. : retirez d’entre vous - הֵחָלְצוּ) des hommes d’armée ; ils marcheront contre Midian pour exercer sur lui la vindicte d’Hachem" (Matot 31,3)

-> Le Noam Mégadim explique qu’Israël étant un peuple saint, il est soumis à une seule règle lorsqu’il part à la guerre : il doit placer sa confiance en Hachem, seulement en Lui, et non dans les armes, les chevaux ou tout autre élément matériel. Ses yeux doivent être dirigés uniquement vers Hachem.

C’est ce que le verset vient signifier par l’emploi de l’expression : "Choisissez parmi vous [Retirez d’entre vous] des hommes d’armée", voulant ainsi suggérer : "Retirez" [de vos cœurs cette pensée qu’il y a] "parmi vous des hommes d’armée", et "ils marcheront contre Midian" avec une confiance absolue et exclusive en Hachem ; et dès lors, vous serez, à coup sûr, en mesure d’"exercer sur lui la vindicte d’Hachem".

Et le Noam Mégadim de conclure en disant : "Comprends-le bien, et que ces paroles pénètrent dans ton cœur, car ce doit être la même chose dans tous les domaines.
Dans chacune de ses voies, l’homme devra avoir l’intelligence de penser et de ressentir de cette manière, et grâce à cela, il bénéficiera d’une délivrance Divine complète."

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"(Moché envoya) Mille par tribu, mille pour chacune des tribus" (Matot 31,4)

-> Le midrach (Bamidbar rabba 22,3) explique en disant que, de chaque tribu, furent envoyés 2 000 hommes : 1000 pour combattre au front, et 1000 autres afin de prier pour eux.

-> Le rav Yé’hézkiel Lévinstein pose plusieurs questions sur ce midrach :
1°/ Pourquoi ceux qui priaient furent-ils également envoyés au front ; ne valait-il pas mieux les installer à la synagogue pour prier?
2°/ Pourquoi envoyer 1 000 hommes pour prier par tribu? Ne suffisait-il pas de réunir un minyan, d’autant plus que l’on pouvait compter sur la prière de tous les Bné Israël? Quelle était donc l’utilité d’assigner ce rôle particulièrement à ces 1 000 hommes?
Pourquoi était-il nécessaire que chaque soldat avait quelqu'un exclusivement une personne qui était là au front pour prier pour lui?
3°/ Par-dessus tout, il y a lieu de s’étonner : cette guerre était une guerre de mitsva que Hachem avait ordonnée à Moché en lui disant : "Exerce la vengeance des Bné Israël sur les Midianites". Dès lors, pourquoi fallait-il prier pour la victoire de cette guerre?

Le rav Yé’hézkiel Lévinstein y répond en expliquant que, certes c’était D. qui conduisait la bataille, mais néanmoins l’homme par nature a tendance à penser que c’est "à la force de son poignet" qu’il a pu réussir. Or, ce genre de pensée est "le début de la fin", et l’origine de la défaite.
Et puisque Hachem désirait les protéger de telles pensées, Moché dut envoyer 1 000 hommes, comme le nombre précis de combattants, afin qu’ils prient à proximité de ces derniers.
De cette manière, chacun savait qu’il y avait un homme en particulier qui priait pour lui, et il ne s’attribuait donc pas la victoire à lui-même? mais seulement au Maître du monde qui écoutait la prière de cette personne.
[l’homme est, en effet, influencé par ce que ses yeux voient. Donc, le fait de savoir que quelqu’un dans le camp prie pour lui n’est pas suffisant, et n’écarte pas le danger de penser que la réussite lui revient.]

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-> Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Nous pouvons avancer une autre raison pour laquelle ceux désignés pour prier devaient se trouver sur le lieu de la guerre. C'était pour qu'ils puissent prier de tout leur cœur et de toute leur âme.
Il est vrai qu'ils pouvaient prier de loin, mais s'ils ne voyaient pas le danger devant leurs yeux, leurs prières n'auraient pas la même passion et la même ferveur.
[voyant sous ses yeux les soldats adverses beaucoup plus nombreux, plus armés, plus entraînés, ... face à ce risque de mort réelle, alors chaque personne attitrée pour prier devait le faire de toutes ses forces, pour s'assurer qu'il ne mourrait pas.
Mais s'ils étaient au loin dans la synagogue, alors ils n'auraient pas conscience de cela, et ils auraient certes bien prié, mais pas de toutes leurs forces, coeur, réduisant alors l'impact de leur prière.
On apprend de là que pour nous même, et pour autrui, il ne suffit pas de remuer nos lèvres, mais il faut s'éveiller pour en arriver à tout donner dans notre prière (que tout notre coeur vibre, parle à Hachem). ]

-> Quelqu'un qui a tué accidentellement devait fuir dans une ville refuge, et y rester jusqu'à ce que le Cohen gadol meurt, car alors il devenait libre.
La michna (Makot 11) nous explique que les mères des Cohen gadol fournissaient de la nourriture et des habits [aux meurtriers qui avaient fui dans les villes de refuge] afin qu'ils ne prient pas pour que leur fils meurt.
=> En quoi de simples habits et nourriture pouvaient les apaiser, car être dans une ville refuge était comme être dans une prison (s'il en sortait avant la mort du Cohen Gadol, il pouvait être tué par la famille de la victime). Ne continueraient-ils pas à prier pour la mort du Cohen Gadol, les laisser libres de mouvement?

La réponse est qu'ils continuaient à prier pour la fin du Cohen Gadol, mais en raison des cadeaux qu'ils avaient reçu, ils ne priaient plus de tout leur coeur et de toute leur âme, et de telles prières sont moins efficaces.

-> Suite à la faute des explorateurs dans le désert, chaque année 15 000 personnes mouraient.
15 000 x 40 ans dans le désert égalent 600 000.
Il était prévu que 600 000 personnes meurent. C'était leur punition pour la faute des explorateurs.
Cependant, la dernière année, le pardon leur a été accordé. Personne ne mourut cette année-là.

Nous pouvons expliquer que lorsque les hommes sont descendus dans leurs tombes chaque année, ils n'ont pas prié de toutes leurs forces pour être sauvés.
Ils savaient que 15 000 personnes allaient mourir cette nuit-là, mais ils pensaient que d'autres mourraient peut-être et pas eux, et ils n'ont donc pas prié de tout leur cœur et de toute leur âme.
Mais en cette dernière année, les 15 000 dernières personnes de la génération précédente (qui ont péché avec les explorateurs [méraglim]) sont entrées dans leurs tombes, sachant qu'elles étaient toutes destinées à mourir.
Nous pouvons être certains que cette nuit-là, ils ont prié pour le salut de tout leur cœur.
Et lorsqu'une personne prie de tout son cœur, ses prières sont exaucés. C'est peut-être la raison pour laquelle, cette fois-ci, ils ont tous survécu.

"Il ne profanera pas sa parole ; tout ce qui sortira de sa bouche, il l'accomplira" (Matot 30,3)

-> Le 'Hida dit que le souffle que nous expirons en parlant provient de notre âme.
C'est pourquoi il nous incombe d'éviter les paroles indignes, car ce faisant, nous gaspillons une partie de notre âme.

Cette idée donne une dimension supplémentaire au verset : "Il ne profanera pas sa parole ; tout ce qui sortira de sa bouche, il l'accomplira" = un ange défenseur est créé lorsque nous parlons de manière autorisée [mitsva], et un ange accusateur est créé par nos paroles impropres [interdit par la halakha].
Si quelqu'un "profane ses paroles" et parle mal, alors "tout ce qui sortira de sa bouche" sera fait ; un ange accusateur sera créé!

Les vœux et les serments

+ Les vœux et les serments :

-> Le Méam Loez (Matot 30,2) écrit :
A moins de vouloir tempérer son penchant, il est interdit de faire un voeu ou un serment, même pour dire la vérité.
Ainsi, D. a ordonné aux Bné Israël de prendre garde à leurs paroles de crainte qu'ils ne prononcent facilement un vœu ou un serment.
Quiconque viole un voeu en ne l'exécutant pas finira par enfreindre un voeu solennel [prononcé en invoquant le Nom d'Hachem]. Or quiconque profane un voeu solennel est considéré comme ayant nié l'existence de D. ; il n'a pas d'expiation possible.
Il est écrit : "Hachem ne laissera pas impuni celui qui invoque Son Nom en vain" (Yitro 20,7).

Hachem dit aux Bné Israël : "Ne croyez pas que Je vous interdisse seulement de jurer pour accréditer un mensonge. Ne faites pas de serment même à propos d'une vérité! C'est seulement si vous possédez certains traits de caractère sublimes qu'il vous est permis de jurer : "craindre D., Le servir, et s'attacher à Lui" ; et le verset poursuit : "et de [pouvoir] jurer en Son Nom" (Ekev 10,21).
[...]

2 000 villes sur lesquelles régnait le roi Yanaï furent détruites parce que leurs habitants juraient à tort et à travers.
Bien qu'ils respectaient leurs serments, leurs villes furent détruites car n'étant pas au niveau de remplir les 3 conditions mentionnées, ils n'étaient pas autorisés à jurer, même pour témoigner d'une vérité.

Si telle fut leur fin alors qu'ils juraient sur une vérité, comme la punition infligée à ceux qui jurent sur un mensonge sera sévère.

De plus, D. dit aux Bné Israël que s'ils ont fait un vœu, ils doivent l'accomplir immédiatement. Nous pouvons prendre la leçon du prophète Yona qui lorsqu'il se trouva en péril au fond de la mer, se souvint qu'il avait fait un vœu dont il ne s'était pas acquitté.
Yona dit : "Maître de l'univers! Je connais la faute pour laquelle je me trouve dans cette triste situation : j'ai fait un vœu que je n'ai pas accompli. Je T'en supplie, sauve-moi et je réaliserai mon vœu".
Il est écrit : "De mon affliction, j'ai appelé ... Je T'offrirai des sacrifices avec des remerciements ; le vœu que j'ai fait, je m'en acquitterai" (Yona 2.3,10).
[...]

Nos Sages enseignent : Quiconque tarde à s'acquitter d'un vœu peut causer la mort de ses jeunes enfants et de sa femme ... cela signifie qu'en retardant le paiement de ses voeux, un homme provoque la mort de ses enfants et de sa femme.
[...]

A notre époque, trop de distractions et d'obstacles empêchent l'homme d'exécuter ce qu'il a juré de faire. Et s'il ne tient pas parole, il s'attirera une multitude de maux.
[...]

Quiconque prononce un vœu est appelé: racha, même s'il s'en acquitte.
De plus, s'il tarde à le réaliser, on examine ses comptes en Haut. On passe en revue ses bonnes actions et toutes ses fautes.
Nous voyons donc à quel danger l'homme s'expose en prononçant un vœu.
Il ne doit pas non plus faire de serment solennel même pour donner la charité ; il donnera sa contribution sans s'y être engagé formellement auparavant.
Si l'on ne peut éviter de prononcer un vœu, par exemple lorsqu'on fait une collecte à la synagogue, il faut ajouter à voix basse : "bli néder".

Faire un vœu pour renforcer ses décisions et améliorer ses actes est louable.
Si par exemple, un homme s'adonne à la boisson et fait le vœu de ne pas boire telle quantité de vin pendant un certain temps, de ne pas boire jusqu'à l'ivresse, ou de s'écarter d'autres habitudes blâmables, ce sont des vœux désintéressés (lechem chamayim) qui doivent être encouragés.
Ces vœu représentent une mitsva car ls sont prononcés pour servir D.
Si l'homme gardait ses mauvaises habitudes, il en arriverait à commettre des transgressions. Nos Sages déclarent à propos : "Les vœux sont une barrière pour l'abstinence". Cependant, même dans ce but louable, il ne faut pas prendre cette habitude. On essaiera de quitter ses mauvaises voies sans prononcer de vœu.

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-> Le Méam Loez (Matot 30,7-17) écrit :
La valeur du mot nédarim (vœux) est la même que celle du mot "rotséa'h" (meurtrier). Ceci indique que les veux peuvent causer la mort. Un homme qui viole son vœu peut causer la mort de ses enfants.

"Moché envoya les mille hommes de chaque tribu à l'armée avec Pin'has, fils du Cohen El'azar, responsable des objets sacrés et des trompettes de signal" (Matot 31,6)

-> Moché avait l'intention de montrer aux Bné Israël les terribles effets d'une faute et le châtiment qu'elle entraîne.
Il leur dit : "Vous avez vu vous-même comment, sans épée et sans arme, Zimri a tué 24 000 Israélites.
Pour expier cette faute, vous vaincrez la multitude des Midianites avec 12 000 hommes seulement. Il n'y aurait rien d'étonnant à ce que comme dans toute guerre, des hommes tombent des 2 côtés. Mais vous verrez que les victimes appartiendront à un seul camp ; nul d'entre vous ne tombera au combat. Ce miracle extraordinaire se produira car vous partez pour sanctifier le Nom de D."

A la différence des soldats qui portent leurs armes sur eux, les armes de ces guerriers se trouvaient dans leur coeur ; il s'agissait de leurs mitsvot et de leurs bonnes actions.
[...]

Le verset dit : "Détachez de parmi vous (méitkhem) des hommes pour la guerre" (Matot 31,3).
Les hommes que Moché choisit devaient être munis d'armes intérieures (méitkhem) : ils devaient craindre D. et être emplis de mitsvot et de bonnes actions. D'ailleurs, ce n'était pas eux mais Hachem qui allait faire la guerre.
Cette idée est aussi suggérée par les mots de ce verset : "hé'haltsou méitkhem anachim latsava", que l'on peut traduire par : puisez en vous une force supérieure qui vous précédera et vous permettra de vaincre l'ennemi.
Ce verset montre combien les Bné Israël aimaient leurs dirigeants. Ils ne laissèrent pas Moché en paix tout au long de sa vie, comme nous l'avons vu : "Bientôt, ils me lapideront!" (Béchala'h 17,4).
Mais lorsqu'ils apprirent que sa mort suivrait la guerre contre Midiane, ils refusèrent de partir et il fallut les enrôler de force. Le verset dit : "vayimasrou méalfé Israël", littéralement : 1000 hommes furent livrés. En d'autres termes, les combattants furent livrés à Moché contre leur gré car ils avaient refusé de se porter volontaires.

Ici, la vertu de Moché est mise en évidence. Après que D. lui ait demandé de mener cette guerre, Moché ordonna immédiatement aux Bné Israël de partir au combat. Bien qu'il dût mourir à l'issue de cette bataille, son seul souci fut d'obéir aux ordre de D.
Par contre, Yéhochoua n'agit pas ainsi. Avant de faire la guerre aux 31 rois, il se dit : "Si je les vaincs tous en une fois, je mourrai aussitôt après, comme Moché. Je vais donc les soumettre peu à peu".
Il allongea donc la conquête du pays, ainsi qu'il est écrit : "Yéhochoua fit la guerre pendant longtemps contre ces rois" (Yéhochoua 11,18).

Hachem lui dit : "Puisque tu as agi ainsi, Je raccourcirai tes jours pour que tu vives 120 ans comme Moché.
En effet, "Nombreuses sont les pensées dans le cœur de l'homme mais c'est le conseil de D. qui prévaut" (Michlé 19,21).

On pourrait poser une question : pourquoi Moché n'a-t-il pas participé personnellement à la guerre contre Midiane, cette très grande mitsva?

Comme Moché avait vécu en Midiane [et avait profité de ce pays], il ne voulait pas frapper ses habitants, ainsi qu'il est dit : "Ne jette pas de pierre dans un puits duquel tu as bu".
Moché se dit : "Il est certain que D. ne voulait pas m'ordonner de participer à la guerre mais d'envoyer des hommes au combat. Je vais donc détacher Pin'has. Il a déjà commencé à accomplir ce commandement en tuant la femme midianite, et lorsqu'un homme a commencé à faire une mitsva, D. l'aide à la terminer."

Selon une autre interprétation, l'ordre de "prendre la revanche des Bné Israël" ne signifiait pas que Moché participe au combat mais plutôt qu'il soumette l'ange protecteur de la nation contre laquelle D. demandait vengeance. C'était seulement ensuite que cette nation pourrait être vaincue.
Comme le déclare le prophète : "Hachem punira l'armée du ciel en haut et les rois de la terre sur terre" (Yéchayahou 24,21).

Hachem dit donc littéralement à Moché : "Venge la revanche (nékom nikmat) des Bné Israël".
La répétition des termes évoque le fait que "nékom" concerne Moché individuellement : il reçut l'ordre de se venger de l'ange protecteur (sar) céleste.
Hachem dit à Moché qu'il devait d'abord prier pour la chute de l'ange protecteur des midianites car lui seul pourrait le faire. Après la chute de cet ange protecteur, les Bné Israël seraient capables de se venger du peuple de Midiane.

Cette guerre apaisa un grand tourment chez Moché.
Hachem lui accorda la grandeur et la supériorité sur les êtres célestes, comme il est écrit : "Tu es monté en haut, tu as fait des captifs" (Téhilim 68,19).
Lorsque Moché avait atteint les royaumes célestes [pour recevoir la Torah], les anges lui avaient conféré de grands honneurs et lui avaient ménagé une place dans le domaine de feu.
D'autre part, les égyptiens le respectaient beaucoup et se levaient devant lui chaque fois qu'ils le voyaient. Il domina la mer, fendit l'eau puis la ramena à leur état antérieur. Il acquit l'autorité sur les éléments de la nature, les nuages et la grêle, et avait fait s'abattre 10 plaies sur les égyptiens.

Après tout cela, lorsque l'incident avec la femme midianite se produisit, Moché, désarmé, se mit à pleurer. Il espéra ensuite se venger des Midianites.
Bouleversé, il ne trouva pas la paix jusqu'à ce que D. lui eut dit : "Prends la revanche des Bné Israël contre les midianites. Ensuite tu seras rassemblé à ton peuple".
"Tu étais désespéré de ne pas t'être vengé des midianites. Par ta vie, Je fais le serment que tu ne quitteras pas ce monde avant d'avoir pris la revanche des Bné Israël contre les midianites. Tu exerceras la vengeance que tu as tant désirée puis tu seras rassemblé à ton peuple".

"(Moché envoya) Mille par tribu, mille pour chacune des tribus" (Matot 31,4)

-> "Et les princes des tribus, Moché ne les envoya pas avec eux, afin de ne pas faire honte à la tribu de Chimon dont le prince de tribu avait été tué dans l'épisode de Zimri (et qui n'avait donc pas de prince à envoyer)." [Baal Hatourim verset 6]

-> Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Ce commentaire du Baal haTourim vient nous enseigner une leçon de
conduite à propos du respect d'autrui. Même si, en effet, il aurait semblé plus stratégique d'envoyer les Grands de la génération accomplir la mitsva de combattre Midian, cependant, Moché s'en abstint afin de ne pas provoquer une peine et une humiliation à autrui, bien que la tribu de Chimon ne fusse pas entièrement innocente dans l'histoire de Zimri (cf. la guémara Sanhédrin 82a et Rachi sur le verset 26,13).
=> De là, nous apprenons à quel point chacun doit veiller à ne pas causer de honte ni de peine à son prochain, même si le bon droit est de son côté.

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-> La guémara (Yérouchalmi Demaï 1,2) rapporte qu'un jour, Rabbi Pin'has Ben Yaïr dut traverser le fleuve Guinaï. Il se tint sur la berge et donna l'ordre aux eaux de lui laisser le passage. Et de fait, celles-ci s'élevèrent comme lors de l’épisode de la mer Rouge, ce qui lui permit de traverser le fleuve à pieds secs. Ses disciples lui demandèrent alors s'ils étaient, eux aussi, dignes de bénéficier du même miracle et que les eaux se transforment également en murailles.
"Celui, leur répondit-il, qui peut témoigner n'avoir jamais fait de peine à un juif de sa vie, celui-là est digne que le fleuve se fende pour lui".

=> On peut apprendre de là que celui qui fait attention à ses paroles et qui veille à ne vexer personne, en paroles ou en actes, est comparé aux 600 000 Bné Israël par le mérite desquels la mer Rouge se fendit, et qu'il est digne, dans le Ciel, de bénéficier de grands miracles.

"Il ne profanera pas sa parole, tout ce qui sortira de sa bouche, il fera" (Matot 30,3)

-> Ce verset parle du respect des vœux qu'un homme prononce.
Mais on peut aussi y voir une autre signification. Une personne qui enseigne aux autres le bon chemin qu'ils doivent suivre, doit d'abord avant tout exiger des autres ce qu'il réalise déjà.
Pour qu'un message puisse vraiment passer, il faut déjà faire soi-même ce qu'on attend des autres.
"Il ne profanera pas sa parole" = il ne doit pas profaner son message, qu'il répand.
"Tout ce qui sortira de sa bouche" envers les autres, "il fera" déjà lui-même.
[Torat Maharits]

"C'est uniquement lorsque nous renforçons notre prochain par des mots agréables, de la valorisation et des encouragements, que nous pouvons sortir victorieux de nos batailles internes et exploiter notre potentiel au maximum.

En effet, il est écrit (Matot 31,49) :
- "avadé'ha" (tes serviteurs) = il s'agit des juifs qui réussissent à servir Hachem comme il le faut ;
- "nas'ou ét roch" = ils ont élevé la tête [et l'esprit par des mots d'encouragement] ;
- "anché hamil'hama acher béyadénou" = des gens de guerre (anché hamil'hama) parmi le peuple juif [qui sont en lutte avec l'obscurité de la vie] ;
- "vélo nifkad miménou ich" = et alors personne n'a été manquant. Cet état d'esprit d'amitié, de responsabilité et d'assistance permet que tous nos frères et sœurs juifs puissent suivre au mieux leur mission dans la vie.

[rabbi Velvel]

"Il ne profanera pas sa parole" (Matot 30,3)

Le mot : ya'hél (יַחֵל - profanera) est lié au mot : 'haloul (vide, creux).
Une personne doit réaliser que ses mots ne sont pas vides et creux, mais plutôt qu'ils vont générer une certaine réalité spirituelle.

Si nous parlons de mots de Torah et de sainteté, nous créons des anges qui intercèdent pour nous au Ciel.
Cependant, si nous disons des mots futiles/frivoles, voir pire du lachon ara et des commérages, alors nous créons des anges Destructeurs qui vont agir contre nous, que D. nous en préserve.

[le Ari zal]

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"Il ne profanera pas sa parole" (Matot 30,3)

-> Le Ben Ich 'Haï commente ce verset :
La parole de l’homme peut revêtir 2 aspects : le premier, dans la sainteté, quand il parle de Torah et de mitsvot, et le 2e dans le matériel, quand il s’occupe de sa subsistance et de ses besoins de tous les jours.
La Torah est appelé "Sam ‘Haim" (une potion de vie), et le matériel est appelé "‘Hol" (profane).
Quand un homme accomplit ses obligations profanes dans le but d’être en capacité d’atteindre son but spirituel, alors il élève la matérialité au niveau de la spiritualité et ces actions lui sont comptées aussi comme des mitsvot.
Comme le disait le Baal Chem Tov : "là ou est la tête de l’homme, là il se trouve" : quand on travaille pour étudier, on étudie déjà.
Il en est de même au niveau de la parole, car la parole se dit "Dibour" et la valeur numérique de "Dibour" est celle de "Sam ‘Haim" plus celle de "‘Hol", c’est-à-dire que lorsque l’homme sait associer les paroles qu’il doit prononcer dans les actions matérielles, le ‘Hol, avec leur but qui est la Torah, le Sam ‘Haim, alors son Dibour (sa parole) est complètement sainte.

C’est sur quoi notre passouk veut attirer notre attention en utilisant le terme : "lo ya'hel dévaro" (Il ne profanera pas sa parole - לֹא יַחֵל דְּבָרוֹ) = il ne profanera pas sa parole, pour dire : "Il respectera sa parole", c’est pour que nous fassions attention à ne pas séparer les 2 éléments, saints et profanes, car le profane n’a de raison d’être que pour le saint.

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-> Sur ce verset, le Ben Ich 'Haï enseigne également :

[Ce verset met en avant 2 bontés d'Hachem : ]

1°/ Quand un homme demande des choses qui ne sont pas bonnes pour lui, par exemple, celui qui demande une nouvelle voiture sans savoir qu’elle le mènera à l’accident ou celui qui demande une place de travail particulière sans savoir qu’on va l’y faire souffrir, dans ces cas là, Hachem dans sa bonté, peut refuser la demande afin de ne pas apporter ce mal caché.

2°/ Quand la personne demande en se trompant dans les mots, [par exemple] parce qu’il ne parle pas l’hébreu ou ne sait pas prier et qu’à la place de demander du bien, elle demande du mal.
Le verset explique :
- "lo ya'hel dévaro" (לֹא יַחֵל דְּבָרוֹ) = l’homme qui ne profane jamais sa parole, et qui fait toujours ce qu’il dit
- "ké'hol ayotsé mipiv" (כְּכָל הַיֹּצֵא מִפִּיו) = tout ce qu’il bénira ou demandera, même s’il se trompe et demande du mal
- "yaassé" (יַעֲשֶׂה) = Hashem le réparera et l’accomplira en bien, car le mot yaassé veut dire : il fera, dans le sens de faire quelque chose de bon et bien, comme Vayéra (18:8) : "ouven abakar acher assa (עָשָׂה)" (et le veau qu’il avait préparé), ou dans Shmouel (II 19,25) : וְלֹא-עָשָׂה שְׂפָמוֹ – Et il n’avait pas soigné sa barbe (lit. moustache).

=> Donc, Hachem peut transformer les paroles de mal dans la prière, faites par erreur, pour celui qui fait toujours attention à ne pas profaner sa parole.