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L’importance de désirer la reconstruction du Temple

+ L'importance de désirer la reconstruction du Temple :

"Un héritage ne passera pas d'une tribu à une autre tribu" (Massé 36,9)

-> Le Tiféret Shlomo commente ce verset :
"Cela vient faire allusion à la valeur de la sainteté de la terre d'Israël et de Jérusalem, car chaque homme doit désirer ardemment et de tout son coeur la terre d'Israël et sa sainteté, comme il est écrit : "Recherchez la paix de Jérusalem" (Téhilim 122,6), ou encore "Tsion n'a personne qui la recherche" (Yirmiyahou 30,17) = on en déduit qu'elle a besoin qu'on la recherche (guémara Souca 41a).
Et ce désir en lui-même contribue à la délivrance future.

Si le désir d'un juif s'enflamme pour la terre et la reconstruction du Temple, les Bné Israël seront très rapidement exaucés, car le Temple est déjà construit et se tient prêt En-Haut. Il faut seulement demander à ce qu'il descende … C'est d'ailleurs à cela que fait allusion l'expression "Dévir Bété'ha" (le 'parvis de Ta Maison' - employée dans plusieurs de nos prières comme dans celle de 'Rétsé' de la Amida).
Le mot ''dévir'' (דביר) ) est associé au mot "dibour" (la parole - דיבור), afin de suggérer la nécessité de demander à Hachem qu'il soit reconstruit de nos jours, comme l'enseignent nos Sages : "Celui qui s'afflige sur la destruction de Jérusalem méritera de la voir consolée" (guémara Taanit 30b).
[En ce sens,] chaque juif qui prononce sincèrement dans sa prière les mots "vélirouchalayim ir'ha béra'hamim" tachouv" (et à Jérusalem Ta ville reviens avec miséricorde - Amida dans le rite achkénaze - ולירושלים עירך ברחמים תשוב), agit réellement dans le Ciel pour anticiper la délivrance".

-> Le Tiférète Shlomo ajoute grâce à cela, une explication des versets suivants (Nitsavim 29,21-23) : "Alors, quand viendra la dernière génération, vos descendants qui naîtront plus tard ... et que diront tous ces peuples : 'A quel propos Hachem a-t-Il ainsi traité ce pays? Pourquoi s'est allumée cette grande colère ?' "
On peut en effet se demander pourquoi on précise ici que ce sera seulement "quand viendra la dernière génération", que l'on posera cette question.
Et de répondre que ce sera la génération qui mettra tout son coeur à demander cette question, et qui se lamentera réellement sur la destruction de la terre et de Jérusalem, qui sera la dernière génération de l'exil.
Car ce sera grâce à son désir ardent qu'elle suscitera la délivrance, et "celui qui s'afflige sur la destruction de Jérusalem méritera de la voir consolée".

-> Le ‘Hatam Sofer (dans ses Drachot) affirme que grâce à ce désir intense, l’homme est considéré comme étant déjà présent à l’intérieur du Temple (beit hamikdach) :
""Je me suis réjoui lorsqu’on m’a dit ‘allons à la maison d’Hachem’, nos pieds se trouvaient aux portes de Jérusalem" (Téhilim 122,1), car même à notre époque, lorsqu’un homme a le coeur joyeux et qu’il désire ardemment la reconstruction du Temple, c’est comme s’il l’avait reconstruit.
C’est ce que le verset : "Nos pieds se trouvaient aux portes de Jérusalem" signifie, c’est-à-dire que c’est comme si nous nous y trouvions déjà. Par notre pensée, nous lui conférons déjà sa sainteté".

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+ Les 4 espèces = en souvenir du Temple :

Il y avait une grande différence entre la réalisation de la mitsva du loulav dans le Temple (beit hamikdach) ou bien ailleurs.
Lorsque l'on prenait le loulav dans le Temple, il y avait une mitsva supplémentaire d'être joyeux, comme il est écrit : "vous vous réjouirez [avec les 4 espèces], en présence d'Hachem [c'est-à-dire au Temple]" (Emor 23,40).

=> Pourquoi peut-on ressentir une joie pure uniquement en tenant les 4 espèces à proximité du Temple?

Rabbi Shlomo Zalman Auerbach (Halikhot Shlomo 11,120) explique que cette joie spirituelle est le résultat d'atteindre une unité complète entre les juifs.
Les 4 espèces représentent l'unité des différents groupes de juifs, et l'unique endroit où l'on pouvait arriver à cela à la perfection était à l'intérieur du Temple.

-> Selon la Torah, c'est uniquement dans le Temple que que l'on pouvait prendre le loulav tous les jours de Souccot. Dans tous les autres endroits (en dehors du Temple, ou bien selon une opinion en dehors de Jérusalem), on ne le prenait que le 1er jour.
Après la destruction du Temple, rabbi Yo'hanan ben Zakaï a institué que le loulav soit pris tous les jours de Souccot (à l'exception de Shabbath), partout dans le monde.
La motivation de cela est basée sur le verset : "cette Sion dont personne ne se soucie [de son bien]" (Yirmiyahou 30,17) = cela implique qu'il convient de chercher le bien de Sion en commémorant la manière dont le loulav était pris au Temple. [guémara Roch Hachana 30a ; ainsi que guémara Souccot 41a]

=> Comment rabbi Yo'hanan ben Zakaï a pu promulguer que prendre le loulav à Souccot va encourager les gens à "chercher Sion" et à prier pour son bien?

Le Ram’hal (Messilat Yécharim - chap.19) explique que la commémoration de rabbi Yo'hanan n'a pas était établi comme une fin en soi, mais plutôt son but était que les gens se rappellent de la joie qui existait au Temple et qu'ils soient ainsi inspirés à prier pour sa restauration.

-> Le Sfat Emet (5652) commente ce passage de la guémara :
"cette Sion dont personne ne se soucie [de son bien]" (tsion hi dorech én la - Yirmiyahou 30,17)
[litt. "dorech" = rechercher]. Cela signifie qu'en "recherchant" (dorech) le Temple, nous pouvons atteindre le même accomplissement spirituel que le Temple lui-même fournissait.
Le prophète Yirmiyahou écrit ailleurs : "nos danses joyeuses sont changées en deuil" (Eikha 5,15). Le cri plaintif du prophète peut aussi être interprété dans un sens plus positif : notre deuil sur la destruction du Temple a le même effet sur nos âmes que sa réjouissance pendant qu'il existait.
Ainsi prendre le deuil du Temple de nos jours, nous permet de toujours en ressentir les effets!

Les vœux et les serments

+ Les vœux et les serments :

-> Le Méam Loez (Matot 30,2) écrit :
A moins de vouloir tempérer son penchant, il est interdit de faire un voeu ou un serment, même pour dire la vérité.
Ainsi, D. a ordonné aux Bné Israël de prendre garde à leurs paroles de crainte qu'ils ne prononcent facilement un vœu ou un serment.
Quiconque viole un voeu en ne l'exécutant pas finira par enfreindre un voeu solennel [prononcé en invoquant le Nom d'Hachem]. Or quiconque profane un voeu solennel est considéré comme ayant nié l'existence de D. ; il n'a pas d'expiation possible.
Il est écrit : "Hachem ne laissera pas impuni celui qui invoque Son Nom en vain" (Yitro 20,7).

Hachem dit aux Bné Israël : "Ne croyez pas que Je vous interdisse seulement de jurer pour accréditer un mensonge. Ne faites pas de serment même à propos d'une vérité! C'est seulement si vous possédez certains traits de caractère sublimes qu'il vous est permis de jurer : "craindre D., Le servir, et s'attacher à Lui" ; et le verset poursuit : "et de [pouvoir] jurer en Son Nom" (Ekev 10,21).
[...]

2 000 villes sur lesquelles régnait le roi Yanaï furent détruites parce que leurs habitants juraient à tort et à travers.
Bien qu'ils respectaient leurs serments, leurs villes furent détruites car n'étant pas au niveau de remplir les 3 conditions mentionnées, ils n'étaient pas autorisés à jurer, même pour témoigner d'une vérité.

Si telle fut leur fin alors qu'ils juraient sur une vérité, comme la punition infligée à ceux qui jurent sur un mensonge sera sévère.

De plus, D. dit aux Bné Israël que s'ils ont fait un vœu, ils doivent l'accomplir immédiatement. Nous pouvons prendre la leçon du prophète Yona qui lorsqu'il se trouva en péril au fond de la mer, se souvint qu'il avait fait un vœu dont il ne s'était pas acquitté.
Yona dit : "Maître de l'univers! Je connais la faute pour laquelle je me trouve dans cette triste situation : j'ai fait un vœu que je n'ai pas accompli. Je T'en supplie, sauve-moi et je réaliserai mon vœu".
Il est écrit : "De mon affliction, j'ai appelé ... Je T'offrirai des sacrifices avec des remerciements ; le vœu que j'ai fait, je m'en acquitterai" (Yona 2.3,10).
[...]

Nos Sages enseignent : Quiconque tarde à s'acquitter d'un vœu peut causer la mort de ses jeunes enfants et de sa femme ... cela signifie qu'en retardant le paiement de ses voeux, un homme provoque la mort de ses enfants et de sa femme.
[...]

A notre époque, trop de distractions et d'obstacles empêchent l'homme d'exécuter ce qu'il a juré de faire. Et s'il ne tient pas parole, il s'attirera une multitude de maux.
[...]

Quiconque prononce un vœu est appelé: racha, même s'il s'en acquitte.
De plus, s'il tarde à le réaliser, on examine ses comptes en Haut. On passe en revue ses bonnes actions et toutes ses fautes.
Nous voyons donc à quel danger l'homme s'expose en prononçant un vœu.
Il ne doit pas non plus faire de serment solennel même pour donner la charité ; il donnera sa contribution sans s'y être engagé formellement auparavant.
Si l'on ne peut éviter de prononcer un vœu, par exemple lorsqu'on fait une collecte à la synagogue, il faut ajouter à voix basse : "bli néder".

Faire un vœu pour renforcer ses décisions et améliorer ses actes est louable.
Si par exemple, un homme s'adonne à la boisson et fait le vœu de ne pas boire telle quantité de vin pendant un certain temps, de ne pas boire jusqu'à l'ivresse, ou de s'écarter d'autres habitudes blâmables, ce sont des vœux désintéressés (lechem chamayim) qui doivent être encouragés.
Ces vœu représentent une mitsva car ls sont prononcés pour servir D.
Si l'homme gardait ses mauvaises habitudes, il en arriverait à commettre des transgressions. Nos Sages déclarent à propos : "Les vœux sont une barrière pour l'abstinence". Cependant, même dans ce but louable, il ne faut pas prendre cette habitude. On essaiera de quitter ses mauvaises voies sans prononcer de vœu.

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-> Le Méam Loez (Matot 30,7-17) écrit :
La valeur du mot nédarim (vœux) est la même que celle du mot "rotséa'h" (meurtrier). Ceci indique que les veux peuvent causer la mort. Un homme qui viole son vœu peut causer la mort de ses enfants.

"Moché envoya les mille hommes de chaque tribu à l'armée avec Pin'has, fils du Cohen El'azar, responsable des objets sacrés et des trompettes de signal" (Matot 31,6)

-> Moché avait l'intention de montrer aux Bné Israël les terribles effets d'une faute et le châtiment qu'elle entraîne.
Il leur dit : "Vous avez vu vous-même comment, sans épée et sans arme, Zimri a tué 24 000 Israélites.
Pour expier cette faute, vous vaincrez la multitude des Midianites avec 12 000 hommes seulement. Il n'y aurait rien d'étonnant à ce que comme dans toute guerre, des hommes tombent des 2 côtés. Mais vous verrez que les victimes appartiendront à un seul camp ; nul d'entre vous ne tombera au combat. Ce miracle extraordinaire se produira car vous partez pour sanctifier le Nom de D."

A la différence des soldats qui portent leurs armes sur eux, les armes de ces guerriers se trouvaient dans leur coeur ; il s'agissait de leurs mitsvot et de leurs bonnes actions.
[...]

Le verset dit : "Détachez de parmi vous (méitkhem) des hommes pour la guerre" (Matot 31,3).
Les hommes que Moché choisit devaient être munis d'armes intérieures (méitkhem) : ils devaient craindre D. et être emplis de mitsvot et de bonnes actions. D'ailleurs, ce n'était pas eux mais Hachem qui allait faire la guerre.
Cette idée est aussi suggérée par les mots de ce verset : "hé'haltsou méitkhem anachim latsava", que l'on peut traduire par : puisez en vous une force supérieure qui vous précédera et vous permettra de vaincre l'ennemi.
Ce verset montre combien les Bné Israël aimaient leurs dirigeants. Ils ne laissèrent pas Moché en paix tout au long de sa vie, comme nous l'avons vu : "Bientôt, ils me lapideront!" (Béchala'h 17,4).
Mais lorsqu'ils apprirent que sa mort suivrait la guerre contre Midiane, ils refusèrent de partir et il fallut les enrôler de force. Le verset dit : "vayimasrou méalfé Israël", littéralement : 1000 hommes furent livrés. En d'autres termes, les combattants furent livrés à Moché contre leur gré car ils avaient refusé de se porter volontaires.

Ici, la vertu de Moché est mise en évidence. Après que D. lui ait demandé de mener cette guerre, Moché ordonna immédiatement aux Bné Israël de partir au combat. Bien qu'il dût mourir à l'issue de cette bataille, son seul souci fut d'obéir aux ordre de D.
Par contre, Yéhochoua n'agit pas ainsi. Avant de faire la guerre aux 31 rois, il se dit : "Si je les vaincs tous en une fois, je mourrai aussitôt après, comme Moché. Je vais donc les soumettre peu à peu".
Il allongea donc la conquête du pays, ainsi qu'il est écrit : "Yéhochoua fit la guerre pendant longtemps contre ces rois" (Yéhochoua 11,18).

Hachem lui dit : "Puisque tu as agi ainsi, Je raccourcirai tes jours pour que tu vives 120 ans comme Moché.
En effet, "Nombreuses sont les pensées dans le cœur de l'homme mais c'est le conseil de D. qui prévaut" (Michlé 19,21).

On pourrait poser une question : pourquoi Moché n'a-t-il pas participé personnellement à la guerre contre Midiane, cette très grande mitsva?

Comme Moché avait vécu en Midiane [et avait profité de ce pays], il ne voulait pas frapper ses habitants, ainsi qu'il est dit : "Ne jette pas de pierre dans un puits duquel tu as bu".
Moché se dit : "Il est certain que D. ne voulait pas m'ordonner de participer à la guerre mais d'envoyer des hommes au combat. Je vais donc détacher Pin'has. Il a déjà commencé à accomplir ce commandement en tuant la femme midianite, et lorsqu'un homme a commencé à faire une mitsva, D. l'aide à la terminer."

Selon une autre interprétation, l'ordre de "prendre la revanche des Bné Israël" ne signifiait pas que Moché participe au combat mais plutôt qu'il soumette l'ange protecteur de la nation contre laquelle D. demandait vengeance. C'était seulement ensuite que cette nation pourrait être vaincue.
Comme le déclare le prophète : "Hachem punira l'armée du ciel en haut et les rois de la terre sur terre" (Yéchayahou 24,21).

Hachem dit donc littéralement à Moché : "Venge la revanche (nékom nikmat) des Bné Israël".
La répétition des termes évoque le fait que "nékom" concerne Moché individuellement : il reçut l'ordre de se venger de l'ange protecteur (sar) céleste.
Hachem dit à Moché qu'il devait d'abord prier pour la chute de l'ange protecteur des midianites car lui seul pourrait le faire. Après la chute de cet ange protecteur, les Bné Israël seraient capables de se venger du peuple de Midiane.

Cette guerre apaisa un grand tourment chez Moché.
Hachem lui accorda la grandeur et la supériorité sur les êtres célestes, comme il est écrit : "Tu es monté en haut, tu as fait des captifs" (Téhilim 68,19).
Lorsque Moché avait atteint les royaumes célestes [pour recevoir la Torah], les anges lui avaient conféré de grands honneurs et lui avaient ménagé une place dans le domaine de feu.
D'autre part, les égyptiens le respectaient beaucoup et se levaient devant lui chaque fois qu'ils le voyaient. Il domina la mer, fendit l'eau puis la ramena à leur état antérieur. Il acquit l'autorité sur les éléments de la nature, les nuages et la grêle, et avait fait s'abattre 10 plaies sur les égyptiens.

Après tout cela, lorsque l'incident avec la femme midianite se produisit, Moché, désarmé, se mit à pleurer. Il espéra ensuite se venger des Midianites.
Bouleversé, il ne trouva pas la paix jusqu'à ce que D. lui eut dit : "Prends la revanche des Bné Israël contre les midianites. Ensuite tu seras rassemblé à ton peuple".
"Tu étais désespéré de ne pas t'être vengé des midianites. Par ta vie, Je fais le serment que tu ne quitteras pas ce monde avant d'avoir pris la revanche des Bné Israël contre les midianites. Tu exerceras la vengeance que tu as tant désirée puis tu seras rassemblé à ton peuple".

"(Moché envoya) Mille par tribu, mille pour chacune des tribus" (Matot 31,4)

-> "Et les princes des tribus, Moché ne les envoya pas avec eux, afin de ne pas faire honte à la tribu de Chimon dont le prince de tribu avait été tué dans l'épisode de Zimri (et qui n'avait donc pas de prince à envoyer)." [Baal Hatourim verset 6]

-> Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Ce commentaire du Baal haTourim vient nous enseigner une leçon de
conduite à propos du respect d'autrui. Même si, en effet, il aurait semblé plus stratégique d'envoyer les Grands de la génération accomplir la mitsva de combattre Midian, cependant, Moché s'en abstint afin de ne pas provoquer une peine et une humiliation à autrui, bien que la tribu de Chimon ne fusse pas entièrement innocente dans l'histoire de Zimri (cf. la guémara Sanhédrin 82a et Rachi sur le verset 26,13).
=> De là, nous apprenons à quel point chacun doit veiller à ne pas causer de honte ni de peine à son prochain, même si le bon droit est de son côté.

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-> La guémara (Yérouchalmi Demaï 1,2) rapporte qu'un jour, Rabbi Pin'has Ben Yaïr dut traverser le fleuve Guinaï. Il se tint sur la berge et donna l'ordre aux eaux de lui laisser le passage. Et de fait, celles-ci s'élevèrent comme lors de l’épisode de la mer Rouge, ce qui lui permit de traverser le fleuve à pieds secs. Ses disciples lui demandèrent alors s'ils étaient, eux aussi, dignes de bénéficier du même miracle et que les eaux se transforment également en murailles.
"Celui, leur répondit-il, qui peut témoigner n'avoir jamais fait de peine à un juif de sa vie, celui-là est digne que le fleuve se fende pour lui".

=> On peut apprendre de là que celui qui fait attention à ses paroles et qui veille à ne vexer personne, en paroles ou en actes, est comparé aux 600 000 Bné Israël par le mérite desquels la mer Rouge se fendit, et qu'il est digne, dans le Ciel, de bénéficier de grands miracles.

"Il ne profanera pas sa parole, tout ce qui sortira de sa bouche, il fera" (Matot 30,3)

-> Ce verset parle du respect des vœux qu'un homme prononce.
Mais on peut aussi y voir une autre signification. Une personne qui enseigne aux autres le bon chemin qu'ils doivent suivre, doit d'abord avant tout exiger des autres ce qu'il réalise déjà.
Pour qu'un message puisse vraiment passer, il faut déjà faire soi-même ce qu'on attend des autres.
"Il ne profanera pas sa parole" = il ne doit pas profaner son message, qu'il répand.
"Tout ce qui sortira de sa bouche" envers les autres, "il fera" déjà lui-même.
[Torat Maharits]

"C'est uniquement lorsque nous renforçons notre prochain par des mots agréables, de la valorisation et des encouragements, que nous pouvons sortir victorieux de nos batailles internes et exploiter notre potentiel au maximum.

En effet, il est écrit (Matot 31,49) :
- "avadé'ha" (tes serviteurs) = il s'agit des juifs qui réussissent à servir Hachem comme il le faut ;
- "nas'ou ét roch" = ils ont élevé la tête [et l'esprit par des mots d'encouragement] ;
- "anché hamil'hama acher béyadénou" = des gens de guerre (anché hamil'hama) parmi le peuple juif [qui sont en lutte avec l'obscurité de la vie] ;
- "vélo nifkad miménou ich" = et alors personne n'a été manquant. Cet état d'esprit d'amitié, de responsabilité et d'assistance permet que tous nos frères et sœurs juifs puissent suivre au mieux leur mission dans la vie.

[rabbi Velvel]

"Il ne profanera pas sa parole" (Matot 30,3)

Le mot : ya'hél (יַחֵל - profanera) est lié au mot : 'haloul (vide, creux).
Une personne doit réaliser que ses mots ne sont pas vides et creux, mais plutôt qu'ils vont générer une certaine réalité spirituelle.

Si nous parlons de mots de Torah et de sainteté, nous créons des anges qui intercèdent pour nous au Ciel.
Cependant, si nous disons des mots futiles/frivoles, voir pire du lachon ara et des commérages, alors nous créons des anges Destructeurs qui vont agir contre nous, que D. nous en préserve.

[le Ari zal]

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"Il ne profanera pas sa parole" (Matot 30,3)

-> Le Ben Ich 'Haï commente ce verset :
La parole de l’homme peut revêtir 2 aspects : le premier, dans la sainteté, quand il parle de Torah et de mitsvot, et le 2e dans le matériel, quand il s’occupe de sa subsistance et de ses besoins de tous les jours.
La Torah est appelé "Sam ‘Haim" (une potion de vie), et le matériel est appelé "‘Hol" (profane).
Quand un homme accomplit ses obligations profanes dans le but d’être en capacité d’atteindre son but spirituel, alors il élève la matérialité au niveau de la spiritualité et ces actions lui sont comptées aussi comme des mitsvot.
Comme le disait le Baal Chem Tov : "là ou est la tête de l’homme, là il se trouve" : quand on travaille pour étudier, on étudie déjà.
Il en est de même au niveau de la parole, car la parole se dit "Dibour" et la valeur numérique de "Dibour" est celle de "Sam ‘Haim" plus celle de "‘Hol", c’est-à-dire que lorsque l’homme sait associer les paroles qu’il doit prononcer dans les actions matérielles, le ‘Hol, avec leur but qui est la Torah, le Sam ‘Haim, alors son Dibour (sa parole) est complètement sainte.

C’est sur quoi notre passouk veut attirer notre attention en utilisant le terme : "lo ya'hel dévaro" (Il ne profanera pas sa parole - לֹא יַחֵל דְּבָרוֹ) = il ne profanera pas sa parole, pour dire : "Il respectera sa parole", c’est pour que nous fassions attention à ne pas séparer les 2 éléments, saints et profanes, car le profane n’a de raison d’être que pour le saint.

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-> Sur ce verset, le Ben Ich 'Haï enseigne également :

[Ce verset met en avant 2 bontés d'Hachem : ]

1°/ Quand un homme demande des choses qui ne sont pas bonnes pour lui, par exemple, celui qui demande une nouvelle voiture sans savoir qu’elle le mènera à l’accident ou celui qui demande une place de travail particulière sans savoir qu’on va l’y faire souffrir, dans ces cas là, Hachem dans sa bonté, peut refuser la demande afin de ne pas apporter ce mal caché.

2°/ Quand la personne demande en se trompant dans les mots, [par exemple] parce qu’il ne parle pas l’hébreu ou ne sait pas prier et qu’à la place de demander du bien, elle demande du mal.
Le verset explique :
- "lo ya'hel dévaro" (לֹא יַחֵל דְּבָרוֹ) = l’homme qui ne profane jamais sa parole, et qui fait toujours ce qu’il dit
- "ké'hol ayotsé mipiv" (כְּכָל הַיֹּצֵא מִפִּיו) = tout ce qu’il bénira ou demandera, même s’il se trompe et demande du mal
- "yaassé" (יַעֲשֶׂה) = Hashem le réparera et l’accomplira en bien, car le mot yaassé veut dire : il fera, dans le sens de faire quelque chose de bon et bien, comme Vayéra (18:8) : "ouven abakar acher assa (עָשָׂה)" (et le veau qu’il avait préparé), ou dans Shmouel (II 19,25) : וְלֹא-עָשָׂה שְׂפָמוֹ – Et il n’avait pas soigné sa barbe (lit. moustache).

=> Donc, Hachem peut transformer les paroles de mal dans la prière, faites par erreur, pour celui qui fait toujours attention à ne pas profaner sa parole.

"Si un homme a fait un vœu à Hachem ou prête serment pour imposer une interdiction à sa personne, il ne profanera pas sa paroles ; selon tout ce qui sort de sa bouche, il fera." (Matot 30,3)

-> L'idée que les mots d'une personne sont sacrés est la fondation de l'obligation de garder les mitsvot.
En effet, nous sommes liés aux mitsvot car nous les avons accepté de bon cœur au mont Sinaï et avions juré de les accomplir.
Si nos mots sont sans valeur, il est est de même avec notre engagement dans la Torah.

La Torah introduit les lois sur les vœux par les mots : "Voici la chose (zé adavar) qu'a ordonné Hachem" (Matot 30,2), sous-entendant que c'est l'unique chose qu'Il nous commande.
Il est bien évident que nous avons pleins de commandements divins, mais la Torah met l'accent sur le fait que cette mitsva (de garder Ses mots) est le commandement sous-jacent, car pour celui qui ne garde pas Ses mots, c'est toute son acceptation de la Torah qui est sans valeur.

[le 'Hatam Sofer]

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-> La guémara (Nédarim 8a) enseigne que l'on peut faire un vœu afin de réaliser une mitsva.

=> Puisque l'ensemble du peuple juif a juré au mont Sinaï de respecter les mitsvot, quel est le sens de faire un nouveau vœu pour accompli une mitsva? Ne sommes-nous pas déjà obligés la faire par le vœu du mont Sinaï?

La guémara répond que tout nouveau vœu qui peut amener de la motivation à une personne, est permis.
=> Si le 1er vœu n'était pas suffisant, quel sera le gain d'un vœu supplémentaire?

Lorsque l'on jure de faire une mitsva, le nouveau vœu va amener un vent de "fraîcheur" sur l'ancien, transformant son engagement intellectuel en une émotion pleine de vie.
Cela va assurer que la perpétuité de la mitsva.

[Rabbi Tsadok haCohen de Lublin – Pri Tsadik]

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-> Moché pouvait communiquer les paroles de D. de 2 façons : soit comme les autres prophètes en transmettant le message qu'il avait reçu de Hachem ; soit directement par le fait que la présence Divine parlait en utilisant sa bouche.

Cependant, Moché pouvait utiliser ce dernier niveau de prophétie uniquement lorsque le peuple juif suivait la Volonté de D.
[le Malbim]

=> La paracha des vœux nous apprend l'importance des nos mots, au point où même Hachem peut les utiliser pour nous parler.

D. a créé le monde entier par 10 Paroles.
Ainsi, nous qui avons une partie Divine en nous, combien pouvons-nous créer (ou détruire) par les très nombreux mots que nous prononçons en permanence?

[un vœu = quelques mots simples, anodins aux conséquences très engageantes!]

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+ "Exerce la vengeance des enfants d'Israël sur les Midianites" (Mattot 31,2)

-> Le Baal haTourim fait remarquer que le sujet sur les vœux est suivi par le récit du peuple juif allant en guerre contre Midiyan. Cela nous apprend que les juifs peuvent faire des vœux en période de danger et de guerre.

-> La loi de "il ne profanera pas sa parole" (lo ya'hél dévaro) ne s'applique qu'aux juifs.
Un vœu a le pouvoir de rendre un chose qui nous est permise, interdite.
Cependant, Hachem a donné cette force uniquement au peuple juif.

Lorsque nous faisons un vœu, nous augmentons l'Attribut de rigueur (midat hadin), par le fait de rendre une chose interdite.
Nous apprenons de Yaakov : "Yaakov prononça un vœu" (Vayétsé 28,20), que lorsque nous traversons une période de crise, il est bien de faire des vœux, car l'Attribut de rigueur ne règne pas dans un moment de danger (Tossafot - 'Houlin 2b).

Le midrach (Béréchit rabba 26,6) fait remarquer qu'en période de rigueur dans le monde, il y a une absence de rigueur au Ciel.
Ainsi, en période de danger, le fait de faire un vœu va provoquer de la rigueur dans ce monde, mais pas au Ciel, ce qui permet d'être épargné de toute mauvaise conséquence.

Cependant, lorsqu'il n'y a pas de période de danger, on ne doit pas créer de la rigueur, comme il est dit : "Tu ferais mieux de t'abstenir de tout vœu que d'en faire un et de ne pas l'accomplir" (Kohélet 5,4).

[Rabbi Shimon Schwab ]

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-> Nos Sages ont enseigné : il ne faut pas s'habituer à prononcer des vœux, de peur d'en venir à ne pas les accomplir. [guémara Nédarim 20a]
Rav Dimi, le frère de rav Safra, disait : Prononcer un vœu, même s'il est accompli, est considéré comme une faute. [guémara Nédarim 77b]

-> "C'est un piège pour l'homme d'abuser des choses saintes, comme de prodiguer des vœux" (Michlé 20,25)
Ce verset signifie que si quelqu'un fait des vœux, Hachem ouvre le carnet où sont inscrits ses actes et les examine minutieusement.
D'après une autre explication, l'accomplissement des vœux fait que le carnet de ses actions s'ouvre.
En effet, il arriva qu'un homme fît le vœu d'offrir un holocauste, mais ayant tardé à l'apporter au Temple, son bateau sombra en mer.
[guémara Yérouchalmi Nédarim réglé - rapporté dans le Tour Yoré Déa]

[d'où l'habitude de procéder à une annulation des vœux par exemple la veille de roch 'Hodech Elloul, de Roch Hachana, ...]

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-> "Moché parla aux chefs de tribus" (Matot 30,2)

Le passage de la Torah qui traite des vœux et serments a été essentiellement transmis par Moché aux chefs d’Israël. On peut s’interroger sur cela puisque finalement, les vœux concernent tous les juifs et pas uniquement les chefs.

-> Le Chné Lou’hot haBrit explique qu’un homme qui se voue à enseigner la Torah et à rapprocher les cœurs des Juifs d’Hachem, doit avoir constamment devant lui le principe selon lequel un homme ne peut "arranger" son prochain que si au préalable il s’est "arrangé" lui-même, tout au moins concernant le domaine qu’il cherche à corriger chez son prochain. Un homme qui réprimande un autre et le pousse à changer et à corriger son comportement, s’il n’a pas lui-même lutté pour corriger ce défaut en lui, s’il n’a pas réussi à dépasser cette faiblesse, alors ses paroles ne porteront pas leurs fruits.
Les chefs d’Israël, qui sont chargés d’enseigner la Torah au peuple, mais aussi plus modestement les parents et les éducateurs, doivent eux-mêmes en premier, appliquer et respecter ce qu’ils exigent de leurs disciples. Sinon, ils prennent le risque de ne pas être écoutés. A contrario, un enseignant qui constate que ses leçons ne portent pas leurs fruits doit se remettre en question, car peut-être qu’il n’est pas entièrement en accord avec ce qu’il enseigne.

Les lois des vœux attestent de l’importance de la parole. Quand un homme prononce un vœu, cela l’engage dans sa vie et il doit s’y conformer avec application.
Comme le dit le verset : "Il ne profanera pas sa parole, tout ce qui sortira de sa bouche, il le fera". Cela est le principe de base de l’enseignement. Tout maître ou éducateur doit l’intégrer profondément. Car pour que son message puisse avoir un impact dans le cœur de ceux qui l’écoute, il lui faut appliquer tout ce qu’il prononce et exige de ses élèves, comme s’il s’agissait d’un vœu qu’il prenait sur lui. Moché adresse donc ce message aux chefs d’Israël.
"Tout ce qui sortira de sa bouche", tout enseignement que ce chef et ce Maître transmettra à ses disciples, tout bon comportement qu’il attendra d’eux, "il le fera" et tâchera de l’appliquer lui-même. C’est ainsi qu’il sera assuré de toucher les cœurs et rapprocher ses disciples du chemin de la Torah et de la crainte d’Hachem.

"Exerce la vengeance des enfants d'Israël sur les Midianites" (Mattot 31,2)

Le moment est venu d'infliger aux Midianites la punition pour avoir entraîné le peuple à l'immoralité et à l'idolâtrie, fautes qui ont coûté la vie à 24 000 personnes à la suite du fléau.
Quant aux Moabites, ils seront épargnés.

-> Rachi (31,17) rapporte la guémara (Yébamot 60b), qui enseigne qu'on faisait passer les femmes Midianites devant le Tsits (bandeau frontal du Cohen Gadol), et à ce moment, le visage de toute femme en âge de se marier devenait vert. Elle était alors mise à mort.

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-> Le midrach (Chir haChirim rabba 4,3) rapporte que les soldats juifs qui ont combattu les Midianites faisaient attention à mettre les téfilin des mains avant ceux de la tête (comme l'exige la loi juive), et c'est pourquoi Moché les en a félicités.
=> Quelle est la signification de ce midrach?

-> Tous ceux qui sont partis en guerre contre Midian étaient des tsadikim et des Sages qui avaient le mérite d'avoir le roua'h haKodech.
[Min'ha Béloula]

-> La sainteté des téfilin est plus grande que le tsits (le bandeau frontal du Cohen Gadol).
En effet, le nom de D. n'est écrit qu'une seule fois dans le tsits, et 21 fois dans les téfilin.

-> La guémara (Sotah 44b) dit qu'une personne qui parle entre la mise des téfilin des mains et ceux de la tête a fauté, et ne doit pas partir en guerre, car seul celui qui est totalement juste et qui n'a pas transgressé même une petite faute peut aller en guerre.
Ainsi, le fait d'accomplir les mitsvot dans les moindres détails est une condition pour réussir le combat.

-> Selon le Yichma'h Moché (Pin'has 25,11), lorsque le peuple d'Israël faute cela entraîne : une distanciation entre Hachem et les juifs, et également le fait que le Nom Divin soit incomplet.
C'est donc ce qu'a entraîné la faute avec les midianites.

Rabbi Yaakov Schechter émet l'idée que :
- les téfilin de la main symbolisent la nécessité de l'unité parmi le peuple, puisque les 4 parachiot sont écrites sur un seul parchemin.
La 1ere étape est de servir Hachem dans l'unité, tous branchés sur un objectif commun.
- ce n'est qu'ensuite qu'on met les téfilin de la tête qui ont plusieurs compartiments distincts pour les parchemins.
Une fois que l'on est unit (avec son vrai soi-même, avec autrui, avec D.), alors on peut faire que le Nom de D. soit de nouveau grand dans le monde entier.

=> Il y a bien une réparation des dégâts de la faute : rapprochement vers Hachem, et rendre l'éclat du Nom Divin.

-> Le concept de mettre d'abord les téfilin de la main et ensuite ceux de la tête, peut se rapprocher du : "naaché" (la main => nous faisons (la volonté de D.)!), et ensuite : "nichma" (la tête => nous comprendrons (plus tard le pourquoi)!).

En respectant scrupuleusement cet ordre, lors de la mise des téfilin, ils réparaient la faute où un "vent de folie" a poussé le peuple à fauter (faire selon ses envies du moment), au détriment du : "est-ce bien ce que Hachem souhaite que je fasse?".

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-> Le rav David Touitou dit que les téfilin de la tête symbolisent le fait que l'on peut avoir des divergences d'idées, de vision sur les choses, mais les téfilin de la main n'ont qu'un seul boitier, en allusion au fait qu'au final il faut se serrer la main, être en paix, dans l'amour/respect l'un de l'autre.

"Moché dit aux enfants de Gad et aux enfants de Réouven : "Vos frères iraient au combat et vous demeureriez ici?" (Matot 32,6)

Les tribus de Gad et de Réouven ont demandé à Moché de pouvoir recevoir la terre située de l'autre côté du Yarden, au-delà de la terre d'Israël (Ever haYarden).
Ils ont expliqué que puisqu'ils avaient de très nombreux troupeaux, ils avaient besoin de beaucoup de terrain.

=> Pourquoi Moché n'en a-t-il pas été satisfait, les critiquant même?

+++ En leur "faveur" :

-> Les tribus de Réouven et de Gad étaient tellement liées à Moché qu'elles ressentaient le besoin de résider dans la terre dans laquelle serait enterrée Moché (en Ever haYarden).
['Hozé de Lublin]

-> Leur intention en demandant de résider dans le Ever haYarden était dans l'intérêt de Moché.
En effet, il y avait un décret interdisant à Moché d'entrer en Israël.
Au moment de leur demande Moché était déjà en Ever haYarden, et en demandant à recevoir cette terre, ces 2 tribus pensaient qu'elle allait recevoir la même sainteté que celle en Israël.
Cela revenait comme si Moché était déjà en Israël, et le décret serait alors annulé.
[le 'Hidouché haRim, au nom du rabbi Bounim de Peschis’ha]

-> Rav Moché Feinstein (Darach Moché) est d'avis qu'ils ont vu que ce territoire (Ever haYarden) était très adaptée au regard de la taille très importante de leur troupeau.
En effet, cela leur permettrait d'y vivre facilement sans consacrer beaucoup d'efforts à leur subsistance, leur laissant alors du temps supplémentaire afin d'étudier la Torah et faire davantage de mitsvot.

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+++ En leur "défaveur" :

-> "Ils s'approchèrent de lui (Moché) et dirent : "Des enclos pour le menu bétail nous construirons ici pour nos troupeaux et des villes pour nos jeunes enfants". Et nous irons en armes, résolument, à la tête des enfants d'Israël" (Matot 32, 16-17)

Selon le Malbim, les tribus de Gad et Réouven ont accordé trop d'importance à leur bétail.
Elles ont rendu prioritaires leurs biens sur leur corps, et à plus forte raison sur leur âme.

Elles ont fait prioritaire leur bétail sur leur famille (enclos bétail, puis villes pour nos enfants).
C'est pour cela qu'elles ont été punies et qu'elles vont être les 1eres tribus à partir en exil (cf. Divré haYamim I 5,26)..

-> "Vous vous établirez en terre d'Israël" (Massé 33,53)
Selon le Ramban, il y a une mitsva de la Torah nous obligeant à habiter en Israël.
Hachem nous l'a donné, et il n'est pas convenable de la rejeter.
[les tribus de Gad et Réouven devaient humblement se soumettre à la volonté de D., sans trop chercher à faire de savants calculs.]

-> Moché savait que de l'autre côté du Yarden, c'était un endroit de touma (d'impureté), qu'il y avait beaucoup de Moavim qui étaient connus pour agir d'une façon impudique.
C'est pourquoi, il était préoccupé que cela influence négativement les tribus de Gad et de Réouven.

Pour les protéger, il a envoyé la moitié de la tribu de Ménaché, les enfants de Yossef, qui est la fondation de la kédoucha d'Israël (Yossef ayant surmonté les tests en Egypte, pays de l'impureté).
La Torah met cela en avant : "la moitié de la tribu de Ménaché fils de Yossef" (Matot 32,33)
[Rabbi Yissa'har de Belz]

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"Moché leur donna, aux enfants de Gad et aux enfants de Réouven, et à la moitié de la tribu de Ménaché fils de Yossef" (Matot 32,33)

Bien qu'à l'origine, seules les tribus de Gad et de Réouven aient revendiqué les terres situées à l'est du Jourdain, la moitié de la tribu de Ménaché recevra l'ordre de partager également ces territoires.
Pourquoi Moché inclut la tribu de Ménaché alors que celle-ci n'a pas demandé d'y être?
On peut citer comme réponses :

-> En leur associant une partie de la tribu de Ménaché, Moché assure un point de contact pour ne pas isoler les 2 tribus avec le reste du peuple. En effet, la moitié de la tribu de Ménaché restera étroitement liée à sa famille de l'autre côté du Jourdain.
Leurs rapports auront donc une influence positive sur les tribus de Gad et de Réouven.
[Déguel Ma'hané Efraïm]

-> Aucune communauté ne peut se maintenir au plan spirituel, voir continuer à exister, sans abriter en son sein de grands maîtres de la Torah pour la guider.
Or, la tribu de Ménaché compte justement de telles personnalités, et avant d'accéder à la requête de Gad et Réouven, Moché pose la condition qu'une partie de Ménaché accepte de vivre avec eux.
En agissant ainsi, Moché donne l'exemple aux générations à venir.
[Haamek Davar - Dévarim 3,16]

-> Puisque Ménaché (fils du vice-roi Yossef) a été celui qui a causé que ses frères déchirent leurs habits lorsqu'il les a pourchassés en Égypte, et qu'il a retiré la coupe du sac de Binyamin, son héritage (en Israël) a été divisé.
Au lieu que toute sa tribu reçoive une part dans une seule zone, elle a reçu une moitié en Israël et une autre moitié de l'autre côté du Jourdain.
[Yalkout Réouvéni]

-> Le Méam Loez (Dévarim 3,17) écrit également à ce sujet :
La moitié de la tribu de Ménaché a été punie en ne recevant pas de part en terre sainte avec ses frères à cause de la faute suivante : lorsque les fils de Yaakov sont descendus en Egypte pour acheter du blé et que Yossef les a accusés d'espionnage, Ménaché a pris la coupe de Yossef et l'a glissée dans le sac de Binyamin (Béréchit 44,2).
Ménaché a demandé à ses frères pourquoi ils avaient volé la coupe, et lorsqu'on l'a découverte dans le sac de Binyamin, tous les frères ont déchiré leurs vêtements (Béréchit 44,12-13).

Comme Ménaché avait fait souffrir les autres tribus dans cet épisode, D. l'a puni en ne lui accordant pas de part en terre sainte avec les autres tribus. La moitié de la tribu a donc reçu sa part avec les descendants de Réouven en Transjordanie et l'autre moitié, avec les autres tribus en terre sainte.
Hachem a puni Ménaché mesure pour mesure. Comme ses frères ont déchiré leurs vêtements à cause de lui, son pays a été déchiré car D. se montre très exigeant envers les tsadikim.