La Torah rapporte que Yaakov a reçu les bénédictions de son père Its'hak de manière indirecte, puisque Its'hak croyait bénir Essav. Pourquoi ces bénédictions n'auraient-elles pas pu être accordées de manière plus directe?
La façon dont les choses se sont passées est préférable, car cela a permis à Rivka, la mère de Yaakov, de jouer un rôle central en redirigeant les bénédictions de son mari vers le destinataire approprié.
La bonté de sa nature a contribué à atténuer la stricte justice/rigueur qui caractérisait Its'hak.
[Sfat Emet - Toldot 5641 ]
Catégorie : #06- Toldot
L’influence des habits
"Yaakov dit à son père : "Je suis Essav, ton premier-né. J'ai fait ce que tu m'as dit" (Toldot 27,19)
-> Le rav Hillel de Paritch affirme que ce verset nous enseigne une leçon importante sur la façon dont nous devons nous habiller.
Yaakov Avinou a revêtu les vêtements d'Essav. Après les avoir mis, il dit : "Je suis Essav".
Cela nous apprend à quel point les vêtements non juifs peuvent avoir un effet impur sur une personne. Le fait de porter ces vêtements l'a amené à dire qu'il était Essav.
Bien sûr, Yaakov n'a dit cela que pour tromper son père (pour recevoir les bénédictions), et il ne voulait pas vraiment dire qu'il était Essav, mais nous voyons quand même que les vêtements non-juifs ont réellement eu un impact sur lui, au point que, bien qu'il ait été un "ich tam", une personne honnête, il était maintenant capable de dire des mots de tromperie.
Its’hak décida qui de Yaakov ou d’Essav recevra la Torah
+ Its'hak décida qui de Yaakov ou d'Essav recevra la Torah :
-> Pour recevoir la Torah, les Bné Israël ont dû faire face à bien plus que les plaintes des anges qui souhaitaient garder la Torah au Ciel. Même après qu'il fut décidé d'accorder la Torah à l'humanité, il y eut un autre débat au Ciel pour savoir quelle nation la recevrait.
Au nom de leurs propres bonnes actions, et par le mérite de leurs ancêtres, les Bné Israël ont revendiqué la Torah pour eux-mêmes et pour leurs descendants, pour toutes les générations futures.
Rabbi Yaakov Abou'hatséra (Pitou'hé 'Hotam - Toldot) explique que ce débat a précédé de longue date le don de la Torah. Lorsque Its'hak a choisi le fils qu'il allait bénir, il s'est préparé à lui accorder toutes les bénédictions de ce monde et de l'autre, ainsi que de lui octroyer la sainte Torah.
Un esprit de sagesse Divine reposait sur Its'hak Avinou, lui accordant la vision de prévoir que la Torah serait un jour accordée à ses descendants.
Cependant, il ne voyait pas lequel de ses descendants était destiné à la recevoir. Il vit devant lui ses 2 fils (Yaakov et Essav), chacun avec ses propres mérites.
Il vit que Yaakov se consacrait à l'étude de la Torah, tandis qu'Essav réalisait la mitsva d'honorer son père plus que quiconque dans l'histoire. Its'hak ne savait pas quel mérite était le plus grand et lequel de ses fils était le plus méritant.
Il décida donc de mettre ses fils à l'épreuve. Si Essav était vraiment digne de recevoir la Torah, Hachem lui permettrait de recevoir les bénédictions, et avec elles la Torah.
Cependant, si Essav n'en était pas digne et que Yaakov méritait vraiment de recevoir la Torah, Hachem ferait en sorte que Yaakov obtienne d'une manière ou d'une autre les bénédictions et qu'il reçoive avec eux la sainte Torah.
Pour préparer le terrain à cette épreuve, Its'hak ne se contente pas de convoquer Essav pour qu'il reçoive ses bénédiction sans délai. Il demanda donc à Essav de chasser un animal et d'en préparer un repas pour lui. Si Hachem permettait à Essav de réussir, ce serait le signe qu'Hachem voulait que les descendants d'Essav reçoivent la Torah.
Mais si Essav était empêché d'accomplir cette tâche, ou si Yaakov trouvait un moyen de recevoir les bénédictions à sa place, ce serait le signe qu'Hachem voulait que les descendants de Yaakov reçoivent la Torah.
Afin de mener à bien ce test, Its'hak veilla à ce que personne n'entende ses instructions à Essav, de sorte qu'il n'y ait aucun moyen naturel pour que Yaakov le découvre et déjoue ses plans.
Si, néanmoins, Yaakov le découvrait, ce serait le signe qu'Hachem avait guidé Yaakov vers ce but, et il revendiquerait à juste titre le bénédictions et verrait ses descendants recevoir la Torah.
Rivka découvrit tout cela et connut les instructions que Its'hak avait données à Essav. Elle aussi avait un esprit de sagesse Divine (roua'h hakodech), grâce auquel elle comprit l'intention d'Its'hak en faisant ce test.
Elle en conclut que si Its'hak s'était engagé à donner le bénédiction à Essav, il l'aurait fait immédiatement, et n'aurait pas fait dépendre cela de la chasse d'un animal par Essav et de la préparation d'un repas pour qu'il le mange.
Elle a vu que tout cela n'était qu'un test pour voir qui méritait de recevoir les bénédiction, et de se voir la Torah accordée à ses descendants.
Sur cette base, nous pouvons comprendre le verset : "Rivka entendit lorsque Its'hak parla à son fils Essav" (Toldot 27,5), ce qui implique qu'elle entendit ce que Its'hak dit à Essav, seulement à Essav, dans sa présomption que personne d'autre n'était présent pour l'entendre. Elle comprit qu'il s'agissait d'un test visant à déterminer qui Hachem voulait qu'il bénisse.
Puisque, malgré tous les efforts de Its'hak, elle découvrit les instructions d'Essav concernant l'apport de viande, elle comprit qu'Hachem voulait qu'elle contrecarre les plans d'Its'hak.
Yaakov était vraiment destiné à recevoir les bénédiction et la Torah. C'est pourquoi Hachem l'a mise en position de faire en sorte que cela se produise. (le Ohr ha'Haïm haKadoch donne une explication similaire)
C'est pourquoi Rivka dit à Yaakov : "J'ai entendu ton père parler à ton frère Essav" (Toldot 27,6).
Le fait même qu'elle les ait entendus parler était un signe du Ciel lui indiquant qu'elle était destinée à arracher les bénédictions à Essav.
Elle comprit que si Yaakov entrait d'une manière ou d'une autre à la place d'Essav pour réclamer les bénédictions, cela prouverait la valeur de Yaakov.
Elle dit ensuite à Yaakov : "Mon fils, écoute ma voix et ce que je te dis de faire" = dépêche-toi d'apporter de la viande pour ton père avant Essav, afin de pouvoir réclamer les bénédictions pour toi.
"Va et prends pour moi 2 bons chevreaux de là-bas" = les 2 chevreaux représentent les 2 Torah, Ecrite et Orale, que les descendants de Yaakov recevront au mérite des bénédictions d'Its'hak.
"Elle donna les plats savoureux et le pain qu'elle avait préparé dans la main de Yaakov, son fils" = elle donna la nourriture dans la "main de Yaakov", signifiant que ses descendants mériteraient également de recevoir la Torah avec leurs "mains" avant leurs oreilles, en disant "naassé vé'nichma" : nous ferons et nous écouterons.
Lorsque Yaakov se présenta devant son père et dit : "Je suis Essav, ton premier-né", Its'hak lui demanda : "Comment l'as-tu trouvé si vite, mon fils?" (ma zé miarta limtso béni).
"Parce qu'Hachem, ton D., l'a fait venir devant moi", répondit-il.
Ici, Its'hak a fait allusion à l'héritage de la Torah, qui était inclus dans ses bénédictions. La question "ma zé" fait allusion aux Lou'hot HaBriy (Table de la Loi), dont il est écrit : "mizé oumizé ém kétouvim" (elles ont été gravés sur les deux côtés - Ki Tissa 32,15).
En notant la rapidité avec laquelle l'animal a été attrapé et la viande préparée, Its'hak a vu un signe du Ciel que le fils qu'il croyait être Essav était en fait destiné à recevoir les bénédictions, et en fin de compte, la Torah.
Yaakov, qui lui avait apporté la viande, était d'accord avec lui sur le principe, à savoir que le fait qu'il soit arrivé le premier si rapidement était un signe qu'il était destiné à recevoir les bénédictions.
"Hachem, ton D., l'a fait venir devant moi", répondit-il, ce qui signifie non seulement qu'Hachem a fait venir devant lui la viande, mais aussi qu'Hachem lui a donné l'occasion de revendiquer les bénédictions et la Torah.
Its'hak dit alors à Yaakov : "Approche-toi, s'il te plaît, mon fils, et je te toucherai pour voir si c'est vraiment mon fils Essav, ou non."
Après l'avoir touché et avoir senti ses mains poilues, Its'hak dit : "La voix est la voix de Yaakov, mais les mains sont celles d'Essav".
Ces paroles étaient animées par un esprit de prophétie, par lequel il annonçait qu'après avoir reçu la Torah, Yaakov serait en mesure d'amener à la sainteté même les "mains d'Essav" tachées de sang, en accomplissant la mitsva d'exécuter les condamnés à mort par le beit din.
- "La voix est la voix de Yaakov" = c'est le son de l'étude de la Torah, qui a été accordé à Yaakov.
- "Mais les mains sont les mains d'Essav" = mais même ainsi, il sera capable d'utiliser les mains d'Essav, lorsque cela sera nécessaire pour accomplir les mitsvot de la Torah.
- "Et il (Its'hak) ne le reconnut pas (Yaakov)" = par peur que nous n'en venions à penser que Its'hak l'a effectivement reconnu, et que ces mots n'ont pas été prononcés par un esprit de prophétie, le verset précise ensuite que Its'hak n'a pas reconnu Yaakov.
Une autre allusion au don de la Torah dans les bénédictions d'Its'hak peut être trouvée dans les mots : "Voici, le parfum de mon fils est comme le parfum du champ qu'Hachem a béni" (Toldot 27,27).
Cela fait allusion à l'enseignement de nos Sages (guémara Shabbath 88b), lorsque Hachem a donné la Torah sur le mont Sinaï, à chaque mot qu'Il parlé le monde était rempli du parfum du Gan Eden.
Le secret derrière les bénédictions d’Its’hak
+ Le secret derrière les bénédictions d'Its'hak (selon le rabbi de Berditchev) :
-> Comme nous le savons, Its'hak souhaitait donner les bénédictions à son fils aîné, Essav, et l'envoya chasser et préparer de la nourriture afin qu'il puisse manger et ensuite le bénir. Pendant ce temps, Yaakov, à qui Essav avait vendu le droit d'aînesse pour un pot de lentilles, se faufila dans la tente, enveloppé dans une peau de chèvre pour simuler les bras poilus d'Essav.
Lorsque Its'hak, qui avait perdu la vue, sentit les bras de Yaakov, il pensa qu'il s'agissait d'Essav et s'exclama : "La voix est celle de Yaakov, mais les mains sont celles d'Essav" (hakol kol Yaakov, véa'yadayim yidé Essav).
Dans sa confusion, Its'hak donna les bénédictions à Yaakov au lieu d'Essav.
=> À propos de cet épisode, le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Toldot) dit : "Hakol dougma déléla" (tout cela n'est qu'une allégorie d'un drame conceptuel qui s'est déroulé au ciel).
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-> En tant que juifs, nous avons la conviction profonde que tout ce qui arrive est pour le mieux. Quelles que soient les difficultés, nous pouvons nous réconforter en sachant que la douleur que nous traversons est une kappara, une expiation pour nos fautes.
Le rabbi de Berditchev enseigne que, bien que cela soit vrai, Hachem accomplit une bonté ('hessed) supplémentaire en faisant en sorte que même la "punition" que nous devons subir pour être purifiés à la fin se révèle être une bénédiction en soi.
Outre notre capacité à dire, face à des situations difficiles, "que ce soit une expiation", et à continuer avec un élan dans notre démarche, nous pouvons également être sûrs que cette même situation se révélera être pour le mieux.
Il n'est pas du tout facile de voir la douleur avec cette perspective, et en effet, la situation peut sembler aussi sombre que la nuit, mais nous pouvons rester absolument certains que dans le futur l'obscurité se transformera en une belle aube, remplissant notre monde de lumière et de chaleur. [voir le Tanya - Iguéret haKodech 11]
Le rabbi de Berditchev explique que ce système selon lequel Hachem nous punit avec ce qui finira par tourner à notre avantage a été établi lorsque Yaakov a reçu les bénédictions d'Its'hak.
Its'hak Avinou représente l'attribut Divin de Guévoura, le jugement rigoureux.
Le désir d'Its'hak de donner sa bénédiction à Essav, l'homme sauvage des champs, représente l'attribut de Guévoura qui demande que la punition soit administrée de la manière la plus extrême et la plus douloureuse possible [un juif faute = punition stricte]. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé. Ce qui s'est passé, c'est que notre saint père Yaakov, déguisé en Essav, s'est faufilé et a reçu les bénédictions à sa place.
Parce que c'est Yaakov qui a reçu les bénédictions d'Its'hak, un nouveau phénomène est apparu dans le monde : bien que la punition soit administrée d'une manière qui semble dure, dans l'aspect "véa'yadayim yidé Essav", au fond, sous toute la douleur et le chagrin, se trouve la douce voix de notre père Yaakov, l'aspect de "hakol kol Yaakov".
=> Le fait que Yaakov reçoive des bénédictions a eu pour conséquence que pour toutes les générations futures, de profondes bontés ('hessed) seraient cachés dans les punitions célestes de la négativité totale ; tout cela n'est que Yaakov Avinou sous le déguisement d'Essav.
Cela signifie qu'un jour, nous serons capables de voir que la douleur que nous avons endurée n'était pas seulement bonne pour nous en ce qu'elle nous purifie de nos péchés, mais qu'elle s'est avérée être la plus grande bonté, produisant le résultat le plus bénéfique.
"Et voici la postérité d’Its’hak, fils d’Avraham: Avraham engendra Its’hak" (Toldot 25,19).
=> Comment comprendre la redondance dans ce verset : "Its’hak, fils d’Avraham : Avraham engendra Its’hak"?
On peut rapporter les explications suivantes :
1°/ Rachi commente : "Les moqueurs de la génération disaient que c’est d’Avimèlekh (roi de Guérar – voir Vayéra 20) que Sarah était devenue enceinte, puisqu’elle était demeurée si longtemps avec Avraham sans avoir eu d’enfants. Qu’a fait Hachem? Il a modelé le visage d’Its’hak à la ressemblance de celui d’Avraham, et tout le monde a pu ainsi témoigner que celui-ci était bien son père.
C’est la raison pour laquelle il est écrit ici : ’Its’hak, fils d’Avraham’, étant donné qu’il était désormais prouvé que ‘Avraham a engendré Its’hak’."
2°/ Le midrach (Tan’houma Toldot 4) commente :"Its’hak fut couronné en Avraham, et Avraham fut couronné en Its’hak".
Chacun faisait la fierté de l’autre.
[de plus cela atteste de l'humilité de chacun d'eux. Its'hak attribuait ses mérites au fait qu'il était le fils d'Avraham, et Avraham tirait tout son mérite par le fait d'avoir un fils comme Its'hak.]
On peut rapporter les explications suivantes du Ohr ha'Haïm haKadoch :
-> "Avraham a donné naissance à Its'hak" = cela veut dire qu'Avraham a fait rentrer en son fils le pouvoir d'enfanter, et cela grâce à la Akédat d'Its'hak.
[Le Arizal dit que quand les anges annoncèrent la naissance d'Its'hak, ils dirent : "Il y aura un fils à Sarah ta femme". Ils attribuèrent le fils à Sarah et non à Avraham. Cela signifie qu'Its'hak aura une âme d'une dimension féminine, à l'image de sa mère. Et avec une telle âme, il ne pourra pas avoir d'enfants.
Nos Sages disent que quand Avraham s'apprêta à sacrifier Its'hak, l'âme de ce dernier quitta son corps. Et alors, Hachem lui restitua une autre âme, cette fois-ci d'une dimension masculine, qui pourra désormais enfanter. Dès lors, Its'hak, doté d'une âme d'une dimension masculine, peut être attribué à Avraham, son père.
Il est devenu ''fils pour Avraham'', et plus seulement ''pour Sarah''. Et puisqu'à présent il pourra enfanter, il est donc arrivé le moment qu'il se marie.]
-> Nos sages (guémara Yévamot 64) ont enseigné qu'on ne peut pas comparer la valeur de la prière d'un tsadik qui est le fils d'un tsadik et celle d'un tsadik fils de racha [effectivement, Its'hak priait de son côté pour avoir des enfants et Rivka de son côté. La Torah témoigne et nous dit que D. a répondu à Its'hak par le mérite d'Avraham].
Donc on apprend de là que par le fait qu'Its'hak avait un père tsadik, alors D. a écouté sa prière et lui a donné des enfants ; donc par le mérite d'Avraham, Its'hak a donné naissance.
-> Nos sages (midrach Béréchit Rabat 63,2) disent que par le mérite de Yaakov, alors Avraham a été sauvé de la fournaise [du fait que Yaakov devait descendre d'Avraham, alors D. a sauvé Avraham du feu avec l'épisode de Nimrod afin de pouvoir donner naissance à Yaakov], car si ce n'est grâce au mérite de Yaakov qui est le descendant d'Its'hak, alors Avraham aurait été brûlé avant de pouvoir donner naissance à Its'hak.
-> Le fait que les épreuves qu'aurait traversé Its'hak ne sont pas connues [ne sont pas contées dans la Torah] et que l'ampleur de sa tsidkout [son integrite] n'était pas connue, c'est la raison pour laquelle la Torah vient nous dire "voici les descendants d'Its'hak fils d'Avraham" comme pour dire, regarde celui qui a donné naissance à Its'hak et celui qui est descendu de lui est comme lui-même.
Cela veut dire que tout comme Avraham était connu pour son intégrité par rapport à toutes les épreuves qu'il a traversées; de la même manière, Its'hak était aussi grand que son père.
-> Le Ohr ha’Haïm explique qu'Avraham s'est battu toute sa vie pour reconnaitre Hachem, pour convertir et faire le bien autour de lui (la tsédaka, l'hospitalité, ...).
Et ce, alors que lui-même a vécu dans un environnement extrêmement malsain et négatif. En effet, son père Téra'h était un très grand idolâtre. Aussi, pour arriver au niveau spirituel qu'il a atteint, Avraham a dû se battre sans fin pour devenir "notre" saint patriarche Avraham.
A contrario, Its'hak a grandi dans la maison d'Avraham, une maison pure et spirituelle. Il s'est développé au sein d'un environnement acquis où son père Avraham l'éduqua et le forma à devenir un serviteur d'Hachem.
Le Ohr ha'Haïm explique que c'est pour cette raison que le verset insiste sur le fait que c'est bien Avraham qui a engendré Ist'hak, "engendrer" au sens spirituel du terme. C'est Avraham qui a façonné son fils, en le faisant devenir, lui aussi, un patriarche d'exception. En le protégeant au maximum du monde extérieur que lui-même avait réussi à surmonter dans sa jeunesse pour devenir un homme exceptionnel.
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3°/ Il est connu qu’Avraham symbolise le Service divin bâti sur l’amour et la bonté, tandis qu'Its'hak est l’exemple de la crainte et de la rigueur.
Le Tséma’h Tsédek (dans son Ohr haTorah) explique que chacun de ces pôles du Service divin a 2 niveaux. Il y a la "crainte inférieure", qui est l’adhésion par crainte du châtiment qu’encourt le péché, ou tout mal résultant du péché.
Tandis que la "crainte supérieure" est un sentiment de respect profond et d’annulation devant la Majesté de D.
L’"amour inférieur" est un attachement à D. motivé par la récompense, qu’elle soit matérielle ou spirituelle. Alors que l’"amour supérieur" est étranger à tout désir de profit personnel ; c’est simplement un attachement à D. par amour pour Lui.
Le verset, dans son apparente répétition, nous enseigne le chemin approprié qui conduit à l’attachement indéfectible avec Hachem. Ainsi, l’ordre des noms dans notre verset (Its’hak, Avraham, Avraham, Its’hak) nous indique que le Service divin commence avec la crainte inférieure (Its’hak), monte vers l’amour inférieur (Avraham), puis vers l’amour supérieur (Avraham), pour enfin atteindre son point culminant avec la crainte supérieure (Its’hak).
4°/ Le Zohar explique qu’Avraham représente symboliquement l’âme tandis que Sarah représente le corps. Its’hak, dont le nom signifie "rire" (ts’hok), représente les plaisirs que connaîtra l’âme dans le Monde futur.
Traduit ainsi, le verset énonce : "Le plaisir sera la récompense de l’âme" ("Its’hak, fils d’Avraham") dans le monde futur, si "l’âme engendre des plaisirs à D." ("Avraham engendra Its’hak") par son Service divin ici-bas.
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=> Quel est donc le rapport entre ces 4 explications précédentes?
-> Selon le Zohar, l’amour et la crainte de D. sont appelés les "ailes" du Service divin, car ils permettent à l’homme se s’élever dans les hauteurs de la sainteté. Si son Service divin est pur et désintéressé, l’élévation procurée peut potentiellement lui permettre de transcender les limitations de la loi naturelle, non seulement dans les choses spirituelles, mais aussi dans les choses matérielles.
Ainsi en fut-il pour Avraham Avinou. Selon les seules règles de la nature, Avraham n’aurait pas pu avoir d’enfant. Lui et sa femme étaient âgés et stériles. Avraham n’aurait pas été "couronné" en Its’hak, car ce dernier en réalité paracheva et compléta le Service de son père, apportant un élément qui manquait à Avraham même.
Cependant, avant d’avoir Its’hak, Avraham avait déjà eu une "progéniture" spirituelle, car "la progéniture des justes, ce sont leurs bonnes actions" (voir Rachi - Noa'h 6,9) ; mais la naissance d’Its’hak prouva que même dans le domaine physique, des événements miraculeux l’accompagnaient, réfutant ainsi les "moqueurs de la génération".
L’élévation procurée par les "ailes" du Service divin résulte des efforts accomplis par un juif en ce monde pour permettre à son âme de surmonter les limites de l’existence terrestre. Aussi, lui vaudra-t-elle d’être récompensé par les délices spirituels de la vie future.
[basé en partie sur un dvat Torah du Collel de Sarcelles - 5783]
"Et qu'Hachem te donne" (Toldot 27,28)
-> Rachi explique le terme "Et ... (te donne)", comme signifiant : "Qu'Il te donne et recommence à te donner".
=> Mais quel est l'apport de ce renouvellement dans le don? Pourquoi le don devait-il se faire par un recommencement?
-> Le Sfat Emet explique :
En fait, nos Sages disent que bien qu'Hachem aie créé le monde, Il continue et recommence à chaque instant à le refaire exister et à le renouveler.
Ainsi, en plus du fait qu'Hachem bénira Yaakov, Il lui donnera aussi cette bénédiction de sorte à ce qu'il ressente qu'elle lui vient d'Hachem à chaque instant, de façon renouvelée.
Il te donnera une bénédiction qui recommencera et se renouvellera à chaque instant, au même titre que le monde qui est renouvelé constamment.
"Que je te bénisse avant de mourir" (Toldot 27,4)
=> Pourquoi Its'hak n'appela que son fils Essav pour le bénir, et non Yaakov aussi?
En fait, du Ciel on a fait tourner les choses ainsi pour que Yaakov prenne les bénédictions alors qu'Its'hak penserait que c'est Essav qui se tient devant lui.
En effet, si Its'hak avait béni Yaakov clairement, l'ange accusateur aurait pu argumenter qu'un juif, descendant de Yaakov, ne peut bénéficier de la bénédiction d'Its'hak que s'il est aussi méritant que Yaakov. La bénédiction ne peut se transmettre qu'aux juifs aussi tsadikim (Justes) que leur ancêtre.
Mais à présent que Yaakov a reçu les bénédictions alors qu'Its'hak pensait bénir Essav, de cette façon tout juif pourra mériter de bénéficier de ces bénédictions, car il n'y a pas de juif qui soit pire que Essav.
Tout juif mérite donc cette bénédiction qu'Its'hak pensait donner à Essav.
[Beit Its'hak]
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-> b'h, en clin d'œil, on peut ajouter : https://todahm.com/2020/03/22/12617-2
"Hachem le bénit. Et l'homme grandit" (Toldot 26,13)
-> Souvent, quand un homme s'enrichit, il risque de tourner vers l'égoïsme. L'humanité qui est en lui encoure le risque de s'affaiblir, et il aura plus de mal à penser aux autres.
Mais, pour les tsadikim il en est autrement. Plus Hachem les couvre de bénédictions et les enrichit, et plus à titre de gratitude vis-à-vis d'Hachem, ils renforceront leurs vertus et développeront leur bonté.
L'humanité, l''homme'' qui est en eux, prendra alors encore plus d'ampleur.
C'est ce qui en fut concernant Its'hak. "Hachem le bénit". Mais loin de se désolidariser des autres du fait de cette bénédiction, au contraire, "l'homme" qui est en lui "grandit" encore plus.
[Béer Its'hak]
"Hachem l'exauça (à lui)" (Toldot 25,21)
-> Bien que Rivka et Its'hak prièrent tous deux pour avoir des enfants, c'est Its'hak qu'Hachem exauça.
Rachi explique que c'est parce que la prière d'un tsadik fils de tsadik comme Its'hak est plus grande que celle d'un Its'hak fils (ou fille) de racha, comme Rivka.
=> Pourquoi en est-il ainsi, alors qu'un tsadik fils de racha devrait avoir encore plus de mérite?
-> Le Saba de Kelm répond :
En fait, à un certain plan, il est encore plus difficile de devenir tsadik pour un fils de tsadik, que pour un fils de racha. Car, si le père est un racha, quand le fils découvrira la Torah, il aura l'impulsion de la nouveauté et de la découverte qui le poussera à avancer.
Ce qui ne sera pas le cas pour un fils de tsadik, qui risque de tomber dans la routine. Ayant toujours connu la Torah, il devra se battre contre la routine et la monotonie pour mettre de la fraîcheur et de la vitalité dans son service d'Hachem, comme s'il était lui aussi le premier à découvrir la Torah dans sa famille, et non pas être dans l'imitation de ses parents.
S'il a réussi ce défi, il aura un grand mérite qui donnera encore plus de force à sa prière.
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-> Nos Sages (guémara Soucca 14b) demandent : "Pourquoi la prière du Juste est-elle comparée, par allégorie, à : une fourche (לעתר)?
Ils répondent : "Car de même que la fonction de la fourche est de déplacer, en retournant la récolte, d'un endroit vers un autre de la grange, de même en est-il pour la prière des Justes qui "déplace et retourne" les intentions de Hachem, de Sa mesure de Rigueur (din), à la mesure de Miséricorde."
-> Its'hak et de Rivka ont prié ensemble afin qu'Hachem adoucisse la rigueur d'Its'hak, par l'intermédiaire de la bonté de Rivka.
Le Mégalé Amokot nous signale que les noms Rivka (רבקה) et Its'hak (יצחק) additionnés ont une valeur numérique de 515, qui est égale au mot prière (תפלה).
[ la prière a la force d'inverser une situation en son contraire, en adoucissant la rigueur en bonté/miséricorde. ]
Sans Hachem, nous n’avons rien!
"Its'hak sema dans ce pays-là et trouva cette même année, au centuple : tant le Hachem le bénissait" (Toldot 26,12)
-> Ce verset présente une particularité : tout d'abord "Its'hak sema (vayizra)", et ensuite : "il trouva" (vayimtsa - וַיִּמְצָא).
Lorsque quelqu'un plante, on ne peut pas dire qu'il trouve par hasard sa récolte.
La nature est telle que si nous plantons alors forcément et naturellement notre culture va se développer.
=> Pourquoi alors dire que Its'hak trouva sa récolte, et non plutôt qu'il la ramassa, cueillit.
-> Le Kédouchat Yom Tov répond que Its'hak a compris que toute chose est une trouvaille.
Nous ne méritons rien pas le simple pouvoir de notre main.
Ce n'est pas parce que je plante, que j'investis des efforts dans mont travail que j'ai forcément ma parnassa.
Pour Its'hak et tous ceux qui ont de la émouna, tout l'argent qu'ils gagnent est une trouvaille car c'est un cadeau du Ciel, sans rapport avec le travail effectué.
[la hichtadlout est une punition liée à la 1ere faute, où l'on se comporte comme si cela venait de nous, afin de dissimuler la réalité du miracle : Hachem nous donne en cadeau notre parnassa (faut faire attention à ne pas croire en la dissimulation, mais plutôt avoir en tête la véritable origine : Hachem).
J'ai travaillé très dur des jours et des jours, et au moment de la récolte, du jour de ma paie, je dois être tout étonné : Waou Hachem m'a fait un cadeau! Merci HM!!]
Le Kédouchat Yom Tov écrit :
"Il considère toute chose comme "trouvée", car il sait que l'abondance n'est pas le fruit de son propre travail.
[La réalité est qu'] absolument tout ce que l'on a vient des bénédictions d'Hachem."
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-> "Its'hak dit à son fils [Yaakov] : comment as-tu trouvé [l'animal] si rapidement?
[Yaakov] a répondu : Hachem l'a placé (ikra - הִקְרָה) devant moi" (Toldot 27,20)
=> Comment Hachem a-t-il pu placer l'animal devant Yaakov? N'est-ce pas Rivka qui le lui a donné : "va au menu bétail et prends moi deux beaux chevreaux [Rachi : le contrat de mariage lui permettait d'y prendre chaque jour 2 chevreaux]" (v.27,9)?
N'est-il pas en train de mentir à son père?
-> Le Zera Chimchon écrit :
"Tout le monde doit savoir que pour chacune de ses actions, il ne peut rien faire si cela n'est pas la volonté d'Hachem ... tous les gains ... ne sont que bonté de Hachem".
Ainsi, Yaakov a dit la vérité : bien qu'il l'a pris des biens de sa mère, il a vu qu'en réalité c'est Hachem qui le lui a préparé.
=> Même lorsque nous prenons quelque chose qui nous appartient, l'origine de pouvoir en bénéficier provient de Hachem, car nous ne pouvons rien avoir sans que D. émette un décret en ce sens.
-> Onkelos traduit en araméen les mots : "ki ikra Hachem éloké'ha léfanav" (Hachem l'a placé devant moi - כִּי הִקְרָה יְהוָה אֱלֹהֶיךָ לְפָנָי) par : "Hachem ton D. l'a préparé pour moi" (aré zamin Hachem élaa'h kadamaï - אֲרֵי זַמִּין יְיָ אֱלָהָךְ קֳדָמָי).
A plusieurs reprises Onkelos traduit : הִקְרָה (pris) par זמין (préparé).
Le terme "ikra" (הִקְרָה) signifie généralement quelque chose qui arrive par hasard, par accident.
Cependant Onkelos le traduit par : "zamin" (זמין - préparé), car même les choses qui semblent être le plus dues, qui nous arrivent le plus naturellement (j'ai fait des efforts, je l'ai acheté, ..., c'est normal que ce soit le mien!), et bien la vraie réalité c'est qu'elles nous sont toutes préparées par Hachem.
Hachem se cache tellement, que nous nous persuadons de tout faire nous-même.
Certes cela est nécessaire pour permettre d'avoir un libre arbitre, mais c'est également une bonté de D. pour nous éviter au maximum un sentiment de redevabilité infinie.
Ainsi, D. nous permet de faire une hichdadlout, mais en réalité c'est Hachem qui fait tout.
[ex: notre patron n'est qu'un conduit pour qu'Hachem nous transmette notre parnassa.]
[l'effort, le travail que nous faisons met en place le récipient, mais ce qui va y arriver dedans c'est Hachem qui le donne.
Chaque jour de paie nous devrions être aussi étonnés que de trouver une forte somme par terre dans la rue.]
[bien que D. nous comble constamment de cadeaux gratuits (indépendant de nos mérites), notre hichtadlout vient cacher cette bonté infinie de papa Hachem, et nous donne le sentiment à tort qu'on se débrouille tout seul, qu'on l'obtient par nous-même.]
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-> Quelqu'un qui a une bonne vision des choses ne perd jamais espoir.
En effet, pourquoi désespérer si c'est Hachem qui est celui qui permet toute chose (rien ne peut se passer sans décret Divin)?
Ceux qui désespèrent sont ceux qui pensent pouvoir agir uniquement par eux-mêmes.
Lorsqu'ils reconnaissent que leurs capacités sont limitées et insuffisantes, alors ils deviennent inquiets et perdent espoir.
S'ils avaient su qu'absolument tout vient d'Hachem, alors ils auraient également su qu'il y a toujours de l'espoir, car Hachem peut tout faire.
[d'après les enseignements du rabbi Mendel de Kotzk]
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+ "Its'hak sema dans ce pays-là et trouva cette même année, au centuple : tant le Hachem le bénissait" (v.26,12)
-> "C'est la bénédiction d'Hachem qui enrichit" (Michlé 10,22)
On a pu voir que le Kédouchat Yom Tov enseigne :
- "Its'hak sema dans ce pays-là" = l'effort que l'homme doit investir n'est nécessaire que pour s'acquitter de la malédiction originelle (comme un taxe à s'acquitter) : "C'est à la sueur de ton front que tu mangeras ton pain" ;
- "trouva cette même année, au centuple : tant Hachem le bénissait" = les 100 mesures que produisent la terre, lui fut octroyée comme cadeau du Ciel.
-> Le Séfer haBrit écrit sur ce sujet :
"Il ne sied pas à un homme sage et sensé comme toi de s'évertuer à investir dans ses besoins [plus que nécessaire], mais tu dois au contraire te renforcer dans la confiance en D.
Remets ta subsistance entre les mains d'Hachem et Il te nourrira moyennant un effort minime correspondant à tes forces sans que tu ne te sois forcé de t'évertuer du matin au soir par monts et par vaux et d'affronter de nombreux dangers sans répit, la nuit comme le jour.
De plus, tu ne te procureras pas cette subsistance par des moyens tortueux et tu ne te rendras pas coupable ...
Tu devras te reposer sur Hachem et Lui faire confiance.
Ainsi, dans tout ce que tu entreprendras avec intégrité et droiture, Il te bénira en retour".