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Haazinou – La force de la gratitude

+ Haazinou - La force de la gratitude :

-> Dans la paracha Haazinou, Hachem ordonne à Moché (Haazinou 32,48-50) de monter au sommet du Har Nevo, d'où il pourra voir tout le pays de Canaan. Il a également informé Moché qu'il mourrait là-haut. La Torah rapporte qu'Hachem a donné à Moché cet ordre "au milieu même de ce jour" (bétsem hayom hazé).
Rachi note que cette phrase apparaît 3 fois dans la Torah : lorsque Noa'h est entré dans l'Arche, "bétsem hayom hazé" signifiait en plein jour, sous le regard de tous les réchaïm qui avaient juré de le tuer s'il essayait d'entrer. Cela apparaît également dans la sortie d'Egypte, bien que les égyptiens aient voulu empêcher les juifs de partir, Hachem les a protégés et ils ont pu partir sains et saufs en plein jour.
Rachi (ibid., verset 48) note que le terme apparaît ici dans le même contexte : malgré les protestations du peuple juif, qui ne voulait pas perdre Moché, la volonté d'Hachem a été accomplie en plein jour.

Mais il y a là quelque chose de troublant. L'épisode de Haazinou est très différent des deux précédents. Les réchaïm à l'époque de Noa'h et les géyptiens au moment de la sortie d'Egypte représentaient une menace physique réelle contre Noa'h et la nation juive. Cette menace était si forte qu'Hachem a dû y mettre fin par des moyens miraculeux.
Quelle menace le peuple juif aurait-il pu représenter face à la détermination d'Hachem qu'il était temps pour Moché de mourir?

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitz répond que les juifs auraient pu empêcher Hachem de leur enlever Moché. Ils possédaient un secret qui aurait pu maintenir Moché en vie.
[la femme de Chounamit a accueilli comme invité le prophète Elicha, et par le mérite de cette mitsva de hakhnassat or'him, elle a eu un enfant (Méla'him II 4,17).]
Un midrach (Chémot rabba 4:2) souligne l'incroyable pouvoir de la gratitude dans l'épisode où le prophète Elicha a ressuscité un garçon mort (voir Melachim II 4,8-37). Après la mort tragique de ce garçon, Elicha a lancé un cri rhétorique à Hachem : "La veuve qui m'a donné la vie (voir versets 8-11) est celle que tu vas punir?"
A travers la prière d'Elicha, issue de la dette de gratitude qu'il ressentait envers cette femme, Hachem a donné à Elicha la clé de la vie et de la mort elle-même.
Le rav 'Haïm Chmoulévitz dit que le même principe s'applique dans ce cas avec Moché. La gratitude que le peuple juif a ressentie à l'égard de Moché après son service pendant plus de 40 ans [dans le désert] l'a doté d'une force qui aurait pu empêcher Moché de mourir, selon les lois normales de la justice Divine.
Ils auraient pu prétendre que Moché méritait d'entrer en terre d'Israël en vertu de ce qu'ils lui devaient, et Hachem aurait été "forcé" d'accepter.
Cette possibilité était si réelle qu'Hachem a dû accomplir un miracle pour s'assurer que le peuple juif n'empêcherait pas Moché de mourir.

=> Il est clair que la gratitude a un pouvoir énorme. Si nous cultivons ce trait de caractère, nous pouvons atteindre des sommets spirituels incroyables.
De plus, si la gratitude envers d'autres personnes peut nous aider à ce point, imaginez où la gratitude envers Hachem peut nous mener.
Lorsqu'une personne éprouve de la gratitude envers quelqu'un qui l'a aidée, la réponse naturelle à cette gratitude est que le donateur fasse tout ce qu'il peut pour offrir encore plus de services.
Le midrach (cité plus haut) va même jusqu'à dire que nous devons notre âme à celui qui nous accueille en tant qu'invité. Imaginez donc la gratitude que nous devons avoir envers Hachem! Si nous étions vraiment conscients de cette obligation, notre service à Hachem serait amélioré et inspiré.

-> Pourquoi Hachem a-t-il accordé à la gratitude une influence aussi étonnante sur la création? Peut-être parce qu'il s'agit déjà d'un élément essentiel de la vie elle-même.
Le 'Hovot haLévavot affirme que notre service d'Hachem devrait découler d'un sentiment de gratitude pour tout ce qu'Il fait pour nous.
Si l'essence du service d'Hachem est la gratitude, il n'est pas étonnant qu'il soit si puissant.

Malheureusement, la plupart d'entre nous ne ressent pas de gratitude. En fait, nous pensons souvent que nous faisons une faveur à Hachem en accomplissant les mitsvot.
Nous pouvons même nous plaindre qu'Hachem ne nous couvre pas de suffisamment de bénédictions.
Une telle attitude nous amène à considérer les mitsvot comme des fardeaux et des inconvénients. Cependant, si nous étions désireux de rendre la pareille à quelques-unes des innombrables bontés d'Hachem à notre égard, nous accomplirions les mitsvot avec amour et empressement.

C'est ce qui explique l'interprétation du Ramban (Haazinou 32,6) sur la raison pour laquelle Moché a qualifié la nation juive de peuple méprisable (am naval).
Le Ramban souligne que le terme hébreu "naval" fait référence à une personne qui ne peut plus être considérée comme humaine. Dans le contexte de notre verset, il nous est dit que celui qui manque de gratitude manque d'un trait humain fondamental, et la Torah le considère comme manquant d'humanité.
Il faut y penser la prochaine fois que nous serons tentés de fauter. Nous devons nous rappeler que la rébellion contre Hachem détruit une partie de notre humanité.

 "Souviens-toi des jours d'antan, méditez sur les années de génération en génération" (Haazinou 32,7)

-> Chaque génération a ses propres problématiques. En conséquence, ce qui a fonctionné pour l’une peut ne pas automatiquement fonctionner pour l’autre.
Seul quelqu’un en phase avec son temps sera capable de faire face et résoudre les problèmes de sa génération, décidant de la façon la plus juste et la plus appropriée d’agir sur une question donnée.

Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Likoutim) demande pourquoi nous disons : "Tékou" (תיקו), qui est l'acronyme de : "le Tichbit (Eliyahou haNavi) répondra à nos difficultés et nos doutes" (Téchbi yétaréts kouch'yot véiba'éyot - תשבי יתרץ קושיות ואבעיות), que la guémara [par exemple : Témoura 3a] utilise pour laisser en suspens une question sans réponse ) : à l’époque du machia’h, Eliyahou répondra à toutes les questions non résolues.

=> Puisque Moché ressuscitera et qu’il fut le tout premier maillon ayant reçu et transmis la Torah, pourquoi ne fournira-t-il pas lui-même les réponses?

Le Kédouchat Levi explique que seul celui qui vit dans ce bas-monde sait quelle est la situation et comment la halakha doit être décidée. Ce n’est pas le cas de celui qui est décédé et qui a donc perdu sa connexion avec le monde terrestre.
Cela explique pourquoi Eliyahou haNavi fournira lui-même les réponses, car il n’est jamais mort et a toujours fait partie du monde. [voir Targoum Yonathan Bamidbar 25,12 ; Zohar 3:214a]
Par conséquent, contrairement à Moché, Eliyahou est celui qui est le plus "qualifié" pour trancher des questions qui nous concernent.

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On peut aborder 2 sujets importants liés :

-> nous avons les meilleurs responsables spirituels, car les plus adaptés, en phase, avec les besoins de l'époque. Même un géant du passé comme Rabbi Akiva, ne nous serait pas mieux.
b'h, voir : http://todahm.com/2017/07/25/5464-2

-> Nous serons tous jugés par les Sages de notre génération.
Le ‘Hafets ‘Haïm rapporte que lors d’une assemblée rabbinique, Rabbi Zeev de Vilna a déclaré :
"De même qu’ici-bas un accusé comparaît devant les juges de son temps, les Sages de chaque génération sont chargés de juger leurs contemporains dans le monde futur, car la valeur d’une mitsva et la perte causée par une transgression varient selon le lieu et l’époque."

[d'une certaine façon lorsque nous pleurons la perte d'un géant de notre génération, on pleure aussi le fait que nous sommes mortels et qu'un jour on se présentera devant ce même sage (qui vient de décéder), pour être jugés. Serons-nous à la hauteur?
Pleurons maintenant d'une manière constructive, pour par la suite mieux rigoler de joie d'avoir réussi notre vie. ]

"S'ils (les nations du monde) étaient sages ils auraient saisi cela, ils auraient compris leur fin" (Haazinou 32,29)

=> Quel est le sens de ce verset? Et qu'auraient dû saisir les nations du monde s'ils étaient sages?

En fait, les nations du monde ont eu l'occasion de remarquer que le peuple d'Israël a été exilé et a été "livré" entre leurs mains. De la sorte, les juifs ont souffert pendant l'exil de façon surnaturelle, au-delà de toute logique.
En analysant cela, les nations auraient dû en déduire qu'assurément leurs souffrances leur sont dues à leurs fautes. Car sinon, naturellement, aucune raison ne pourrait justifier de telles souffrances.
Si les nations étaient sages, ils auraient donc dû saisir que les fautes et les mauvaises actions entraînent les tourments. Et en conséquence de cela, "ils auraient compris leur fin" = ils auraient compris qu'eux aussi, ils finiront aussi par être punis. Car si la faute provoque le malheur, il est donc évident que toute leur méchanceté finira par se retourner contre eux. Leur fin sera donc amer.
[Sforno]

"Le Rocher de ton engendrement tu l'as oublié, et tu as oublié le D. Qui t'a enfanté" (Haazinou 32,18)

-> Ce verset se traduit littéralement : "Le Rocher de ton engendrement c'est l'oubli […]".
En effet, Hachem a créé l'oubli en l'homme depuis sa naissance. En cela, Il lui a fait un grand bienfait, car ainsi l'homme peut oublier ses malheurs et ses soucis. Sans l'oubli, la vie aurait été impossible.
Mais l'homme prend ce bienfait d'Hachem et l'utilise à l'encontre de son Créateur : "tu as oublié le D. Qui t'a enfanté", tu as utilisé l'oubli qu'Hachem a mis en toi pour ton bien et tu l'as utilisé pour oublier Hachem.
['Hidouché haRim]

"Yaakov est la corde de Son héritage" (Yaakov 'hévél na'halato - Haazinou 32,9)

-> Lorsque nous tenons une corde qui pend vers le bas, et que nous l'agitons depuis le haut alors elle va bouger jusque tout en bas, même si elle est extrêmement longue ...

Le Zéra Kodech écrit qu'il en est de même de notre lien avec nos Patriarches (Avraham, Its'hak et Yaakov).
Bien qu'ils aient vécu il y a des milliers d'années, nous sommes toujours connectés avec nos ascendants directs (pères de la nation juive).
Ainsi, lorsque je prie, ma prière va remuer la corde de tous mes ancêtres jusqu'aux Patriarches.
Hachem va alors m'associer avec mon ascendance si prestigieuse (tous mes ancêtres dont les Patriarches et Matriarches!), et Il va alors recevoir avec plaisir mes prières.

=> Tout juif doit avoir conscience que ses prières sont très précieuses, uniquement par le fait d'être un descendant des Patriarches.

-> Selon le Zéra Kodech nous devons également penser que : "Hachem m'a donné une âme (néchama) ... et puisque j'ai une partie si unique en moi (un bout d'Hachem!), alors je suis méritant de prier".

Même s'il fait les pires choses, un juif garde toujours en lui une parcelle pure qui le relie directement avec son papa Hachem.
A l'image d'une corde, il suffit de la faire bouger par de sincères demandes, et alors Hachem reçoit le message à l'autre bout de la corde.

-> Le Zéra Kodech enseigne également que parfois Hachem, si l'on peut dire, va utiliser quelqu'un pour prier par son biais.

La guémara affirme que Hachem prie également. Comment le fait-Il?
Le Zéra Kodéch explique que Hachem se joint à une personne, et Il va prier ensemble avec cette personne.
C'est pourquoi, parfois nos prières sont extrêmement puissante!

Il écrit : "On peut considérer, si l'on peut dire, que parfois Hachem s'habille dans la bouche d'une personne afin de prier.
C'est pourquoi, on peut se dire qu'en absolu nous ne sommes pas méritants de prier, mais cependant Hachem dans Sa compassion et Sa grande bonté, lorsqu'Il voit que je ne peux pas prier, Il va s'habiller et prier avec moi.
Il est avec mes mots lorsque je prie."

"Moché est venu avec Hochéa, fils de Noun, déclarer toutes les paroles de ce cantique au peuple" (Haazinou 32,44)

Après avoir prononcé le cantique de Haazinou, la Torah rapporte le verset ci-dessus, et nos commentateurs s'interrogent sur le fait qu'ici Yéhochoua est appelé Hochéa, contrairement aux autres endroits où la Torah le nomme par le nom que lui a donné Moché (cf. Chéla'h Lé'ha 13,16), à savoir Yéhochoua
=> Pourquoi cela?

-> Selon Rachi, la raison est :
Pour signaler que son esprit ne s’est pas enorgueilli et que, malgré la grandeur qui lui a été conférée (ce jour-là était le jour où allait se réaliser la transition du pouvoir de Moché à Yéhochoua), il est resté aussi humble que par le passé (au moment de son changement de nom, lorsque encore rien de particulier ne le distinguait des autres).

-> Seul les dirigeants savaient que Moché avait changé le nom de Hochéa : la Torah emploie donc ici le nom sous lequel la masse du peuple le connaissait.
[Ibn Ezra]

-> Moché avait donné ce nom à Yéhochoua pour l'honorer et l'élever, mais lorsque la Torah évoque sa présence à côté de son maître, elle évite de lui donner son titre.
[Ohr ha'Haïm]

-> Le nom que lui a donné Moché était une prière pour le protéger des explorateurs, mais à présent que toute cette génération s'est éteinte, il n'en a plus besoin.
[Kli Yakar]

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-> Le 'Hatam Sofer explique que Moché nomma son élève Yéhochoua, au lieu de Hochéa, avant d'envoyer les explorateurs en terre d'Israël. Par ce changement de nom, il pria pour qu'Hachem aide son disciple à ne pas se laisser influencer par le complot des explorateurs.

Ainsi par ce nom, Moché signifiait que Yéhochoua avait besoin d'une aide Divine particulière pour rester dans le droit chemin, c'est-à-dire qu'il ne pourrait pas rester un tsadik de lui-même, par ses propres forces.
Or, quand en ce jour, Yéhochoua s'éleva et devint le chef d'Israël à la place de Moché, cette élévation lui permit de se remplir de nouvelles forces. A présent, il pourra rester un homme droit et tsadik par ses propres moyens, sans avoir encore besoin de compter sur une aide Divine particulière, lui provenant de la prière de Moché qui l'appela ''Yéhochoua''.

C'est pourquoi, à présent, la Torah le nomme ''Hochéa'', son nom d'origine, qu'il portait avant que Moché ne lui change son nom en Yéhochoua pour exprimer la prière qu'il formula pour qu'Hachem lui vienne en aide.
En effet, à présent qu'il s'est élevé au rang de chef d'Israël, il détient désormais les forces personnelles pour servir Hachem de lui-même, sans avoir besoin de compter sur une aide supplémentaire

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-> Le 'Hanoukat haTorah rapporte le midrach qui dit que quand Hachem changea le nom de Saraï en Sarah, la lettre Youd qui se trouvait à la fin du nom de Saraï, se présenta devant Hachem pour se plaindre du fait qu'elle a été retirée de son nom.
Alors Hachem la consola en lui disant que viendra le jour où elle retrouvera une place d'honneur. Et en effet, quand Moché changea le nom de son disciple de Hochéa en Yéhochoua, il lui ajouta la lettre Youd au début de son nom.
Il s'agissait justement de la lettre Youd de Saraï, qui lui a été ôtée, et qui venait à présent d'être ajoutée à Yéhochoua.
Ainsi, la promesse qui lui a été faite venait de se réaliser.

Or, notre matriarche reçut le nom de Sarah (à la place de Saraï) quand elle avait 89 ans. Et elle vécut 127 ans.
Ainsi, la lettre Youd fut enlevée de son nom et resta en suspends pendant une période de 38 ans.
Cette lettre devait donc rattraper ce temps en étant ajoutée au nom de Yéhochoua, pendant ce même nombre d'années.
Or, Moché ajouta la lettre Youd au nom de son disciple pour le nommer Yéhochoua, avant d'envoyer les explorateurs, la 2e année après la sortie d'Egypte.

=> Désormais, la 40e année après la sortie d'Egypte, 38 ans après l'ajout de la lettre Youd à Yéhochoua se sont achevés.
A présent que cette lettre Youd a fini de recevoir son entière compensation, Yéhochoua dût restituer cette lettre et il fut rappelé de nouveau par son nom d'origine Hochéa.

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-> Le Maharcha rapporte l'enseignement de nos Sages qui dit qu'une fois entré en terre sainte, Yéhochoua aurait dû prier pour supprimer le penchant pour l'idolâtrie. S'il avait prononcé cette prière, ce penchant aurait disparu et le peuple aurait cessé de s'adonner à l'idolâtrie.
Même si Moché ne pouvait pas faire une telle prière, car il ne bénéficiait pas du mérite de la terre sainte, où il n'était pas entré, malgré tout, Yéhochoua, qui bénéficiait du mérite de la terre sainte, aurait pu prier pour supprimer le penchant à l'idolâtrie, et il aurait réussi à le faire.
=> Puisqu'il ne prononça pas cette prière, il fut puni et la Torah lui ôta la lettre Youd de son nom pour l'appeler seulement Hochéa.

Le Pné David ajoute que c'est la lettre Youd de son nom qui lui fut ôtée, car c'est cette lettre qui lui a été ajoutée par Moché pour qu'il ne médise pas de la terre sainte, symbolise donc justement le mérite de la terre d'Israël.
Puisqu'il ne profita pas de ce mérite pour prier pour supprimer le penchant à l'idolâtrie, c'est pourquoi il perdit cette lettre.
Cette punition lui fut donnée lors du récit du cantique de Haazinou, car ce poème évoque les punitions qui s'abattront sur les juifs s'ils s'adonnent à l'idolâtrie.
Ainsi, Yéhochoua en est un peu responsable. Il aurait pu éviter cela s'il avait prié pour supprimer ce penchant.

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-> "Moché appela Hochea bin Noun Yéhochoua" (Chéla Lé'ha 13,16)

Pour dire : que Hachem te sauve (yéhochiakha) de l’emprise des explorateurs.

Quand Yéhochoua a été envoyé pour explorer le pays, il avait déjà dépassé la moitié de sa vie, or nos Sages (guémara Yoma 38b) ont dit : "si la moitié de la vie de quelqu’un est passée sans qu’il ait fauté, il ne fautera plus".
Par conséquent, pourquoi Moché a-t-il eu besoin de prier pour que Yéhochoua soit sauvé de l’emprise des explorateurs et ne pèche pas avec eux, puisque la moitié de sa vie étant passée sans faute, il lui était promis de ne pas fauter à l’avenir?

Le livre "Gan Ravé" répond à cela en fonction de ce que dit la guémara (Taanit 3a): les gens qui meurent avant leur temps, dans le Ciel on donne les années qui leur restaient à un talmid ‘hakham qui est pauvre et se montre compatissant.
Quand Moché a vu la modestie de Yéhochoua, il a craint que la moitié de sa vie ne soit pas encore passée, car il était possible qu’on lui ajoute du Ciel encore de longues années, provenant de ceux qui étaient morts avant leur temps.
C’est pourquoi il a dû lui ajouter la lettre youd et prier pour qu’il soit sauvé de l’emprise des explorateurs.

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-> b'h, voir le 1°/ de : http://todahm.com/2020/07/20/questions-reponses-paracha-chelah-leha

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-> "La seule exception sera Kalev, fils de Yéfouné. Puisqu'il a suivi D. de tout son cœur, non seulement il la verra mais Je lui donnerai, à lui et à ses descendants, le sol qu'il a foulé" (Dévarim 1,36)

-> Le Méam Loez écrit :
Il s'agit de la bonne région située autour de 'Hevron, comme il est écrit : "Ils montèrent vers le Néguev et arrivèrent à 'Hévron" (Bamidbar 13,22).
Hachem a employé ici une double expression : "il la verra et Je lui donnerai ... le sol". Si la terre lui était donnée, n'est-il pas évident qu'il la verrait?
Cela nous enseigne que Kalev possédait 2 mérites : celui de voir le pays de ses propres yeux, et celui d'y recevoir une part et d'avoir des enfants qui en hériteraient. Yéhochoua, par contre, n'a pas eu d'enfants.

La Torah nous donne la raison de la récompense de Kalev : "parce qu'il a suivi D. de tout son cœur".
Inquiet du complot des explorateurs, Kalev a prié sur la tombe des Patriarches de ne pas s'y laisser entraîner. Il a donc mérité d'avoir des enfants qui hériteraient de sa part. Il n'en a pas été ainsi de Yéhochoua, car Moché avait prié pour lui : "Que D. te sauve du plan des explorateurs".
Yéhochoua a donc mérité d'entrer en terre sainte mais n'a pas transmis son patrimoine à ses enfants.

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-> Le Méam Loez (Dévarim 1,37) enseigne :
Moché a commis une faute : comme il l'avait fait pour Yéhochoua, il aurait dû prier que les explorateurs ne diffament pas la terre sainte. Hachem se montre exigeant envers les tsadikim.
Pourtant, il n'a pas voulu châtier Moché de n'avoir pas prié pour ne pas qu'on le soupçonne d'avoir participé au complot des explorateurs.
Hachem a donc attendu que Moché qualité les Bné Israël [au moment de l'épisode où il a frappé le rocher] de : "rebelles" ('Houkat 20,10).
A ce moment-là, Moché fut puni pour la faute des explorateurs ; l'entrée en terre sainte lui a été interdite.

"La corruption n'est pas Son fait, c'est le vice des enfants" (Haazinou 32,5)

-> Lorsqu'ils [les enfants d'Israël] agissent de façon corrompue contre Lui, c'est leur propre vice, [car ils ne sont] plus [appelés] Ses enfants ; en revanche, lorsqu'ils accomplissent Sa volonté, Hachem les appelle affectueusement "Mes enfants".
[Ohr ha'Haïm hakadoch]

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-> Le 'Hafets 'Haïm donne un autre enseignement :
"Les actions des parents sont un signe pour les enfants" (maassé avot siman labanim).
Si une personne décide de s'égarer légèrement du chemin de la Torah et des mitsvot (ex : en considérant certaines mitsvot à la légère), alors son enfant va s'éloigner d'une manière plus importante, méprisant davantage la Torah et agissant d'une plus mauvaise manière.

Le verset se comprend ainsi :
- "La corruption n'est pas Son fait" = si le père ne s'éloigne que légèrement du chemin de la Vérité, alors il n'a pas atteint un niveau où il devient totalement corrompu, car il n'a pas fauté d'une manière trop importante.

- cependant : "c'est le vice des enfants" = cela va devenir un grand handicap en atteignant ses enfants, car leur chemin de corruption sera plus important, et au final, cela peut affecter et corrompre les générations suivantes.

[le risque de devenir plus léger dans notre accomplissement des mitsvot, est qu'au final un de nos descendants va totalement s'écarter du chemin de la Torah et des mitsvot.]

"Meurs sur la montagne sur laquelle tu montes et rejoins ton peuple, comme Aharon ton frère est mort sur le mont Hor, et a rejoint son peuple" (Haazinou 32,50)

-> Hachem dit à Moché de monter sur la montagne où il mourra et rejoindra son peuple, de la même façon que Aharon, son frère, a pu mourir et rejoindre son peuple.

=> Comment comprendre cette notion de "rejoindre son peuple" répétée pour Moché et Aharon?

Rabbi 'Haïm Elazar Shapiro (le Min’hat El'azar) fait l'enseignement suivant.
Le jour de la semaine où tombe l'anniversaire de mort de Aharon (roch 'Hodech Av) est le même que le jour de la semaine où nous accueillons comme invité (ouchpizin) Aharon, le 5e jour de Souccot.

De même, Moché est l'invité dans la Soucca le 4e jour de Succot, qui est toujours le même jour de la semaine que celui où tombe son anniversaire de mort (7 Adar).

On retrouve cela dans le verset :
- "tu montes" = Moché va mourir le 7 Adar ;
- "rejoins ton peuple" (vééassef et amé'ha) = et le Souccot ('hag ha'assif) suivant, il va rejoindre son peuple, le même jour de la semaine que celui de sa mort, lorsqu'il nous rejoint en tant qu'invité dans notre Soucca ;
- "de la même façon que Aharon, son frère, a pu mourir et rejoindre son peuple" = de même le jour où Aharon est l'invité dans la Soucca, est le même jour de la semaine que celui de sa mort.

"La corruption n'est pas Son fait, c'est le vice de Ses enfants" (Haazinou 32,5)

-> Selon Rachi : Le mal et la corruption que l'on trouve dans le monde ne sont pas l'oeuvre de D.
Seuls les hommes en sont la cause.

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch dit qu'il faut traduire ce verset ainsi : "lorsqu'ils [les enfants d'Israël] agissent de façon corrompue contre Lui, c'est leur propre vice, [car ils ne sont] plus [appelés] Ses enfants. En revanche, lorsqu'ils accomplissent Sa volonté, D. les appelle affectueusement "Mes enfants".

-> Le Ben Ich 'Haï donne l'enseignement suivant :
Ce verset est une allusion au sublime cadeau que Hachem nous donne chaque année : le mois d'Elloul et les 10 jours de téchouva, qui ensemble durent 40 jours.
Ceux sont des jours où la téchouva est plus facilement acceptée par D.

Il est écrit en hébreu : "chi'hét lo lo banav moumam" (שִׁחֵת לוֹ לֹא, בָּנָיו מוּמָם) :
- "chi'hét" (שִׁחֵת - corruption) = même si tout au long de l'année une personne va corrompre son corps et son âme par des fautes ;
- "lo lo" (לוֹ לֹא) = il s'agit des mêmes lettres que : Elloul (אלול) ;
- "banav" (בָּנָיו - Ses enfants) = les jours d'Elloul sont un moment où l'on peut totalement se reconstruire [comme un nouveau départ] ("banav" vient de la racine "construire" - livnot - לבנות) et corriger nos imperfections.
Ainsi, le développement spirituel que nous allons générer pendant ces jours est considéré comme étant nos enfants (banav).
[de même qu'un embryon atteint sa forme humaine en 40 jours, de même les 40 jours d'Elloul à Kippour vont nous permettre de créer notre nouvel être!]

- En plus des 30 jours d'Elloul, Hachem a ajouté 10 jours supplémentaires entre Roch Hachana et Yom Kippour, faisant un total de 40 jours et 40 nuits.
Le mot "moumam" (מוּמָם) se décompose en : מ (mém) ומם (vémém).
Le 1er "mém" (מ) correspond aux nuits, qui majoritairement sont consacrées à dormir.
Le 2e "mém", qui est écrit de façon pleine (מם), correspond aux jours, où nous avons la plupart de notre temps pour développer notre téchouva et nos bonnes actions

La fin de ce verset (32,5) est : "une génération perverse et tortue" = malgré toutes ces incroyables opportunités que Hachem nous donne si gracieusement, la personne qui faute restera toujours Son enfant.
Ils gaspillent ces jours précieux, et ne font pas téchouva de la manière dont ils devraient le faire.

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-> "Grande est la téchouva, car elle a précédé la Création du monde"
[Rabbi Abahou - midrach Béréchit rabba 1]

=> Si la téchouva n'est utile qu'après qu'une personne ne faute, alors pourquoi a-t-il fallu la créer avant le monde?

Lorsque l'être humain a été créé, il y avait une séparation naturelle entre Hachem et l'homme.
L'objectif d'une personne dans ce monde est de se rapprocher de Hachem.
La bonne définition de la téchouva est l'attitude de se rapprocher d'Hachem. Cela est vrai même pour celui qui n'a jamais fauté.
Cependant, lorsque nous fautons, nous agrandissons la distance entre nous et D., et ainsi nous devons augmenter notre téchouva pour être proches de Hachem.
[rabbi Yérou’ham Levovitz - Daat Torah - guémara Nédarim 39b]

"Meurs dans la montagne où tu montes" (Haazinou 32,50)

-> On peut s'interroger : Pourquoi au début du livre de Dévarim (dans la paracha de Vaét'hanan), Moché pria de nombreuses fois et supplia Hachem pour entrer en terre d'Israël, et là, quand Hachem lui dit qu'il va mourir, Moché n'essaya même pas de prier encore une fois pour tenter d'annuler ce décret?
En réalité, cette fois-ci, Hachem lui dit : "Meurs dans la montagne", sous la forme d'un ordre. Ainsi, Moché vit en cela un ordre et une mitsva d'Hachem qui lui recommande de mourir. Et fidèle à lui-même, comme pour toute mitsva, Moché s'empressa de la réaliser avec amour [et zèle] et ne chercha pas à la repousser ultérieurement. En effet, si c'est une mitsva, il faut l'accomplir.
Ainsi, même au moment de sa mort, Moché réalise la mitsva d'Hachem. Il meurt en accomplissant Sa Volonté, avec joie et amour.
[Mimékor haNetsa'h]

[quelle leçon énorme! Toute la finalité de nos actions est d'accomplir la volonté de Hachem. Moché a beau avoir une envie folle d'aller en terre d'Israël [dans une optique spirituelle et pour le bien de tout le peuple juif!], mais à partir du moment où il a un mitsva, alors toutes ses volontés personnelles s'effacent pour laisser place à celle d'Hachem.
De même dans notre vie, est-ce que sous couvert de servir D. nous sommes en réalité au service de notre égo? ou bien sommes-nous à l'image de Moché totalement soumis à la volonté d'Hachem, quoiqu'Il nous demande?!]