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Vayakel – L’éclat du Shabbat

+ Vayakel - L'éclat du Shabbat :

-> A la fin de la paracha précédente (Ki Tissa), les bné Israël ont vu le visage radieux de Moché Rabbénou après sa descente du mont Sinaï.
Le Kol Bo (37) note que nous nous référons à cette idée dans la Amida de Shabbath : "klil tiféret bérocho natata" (Tu as placé une couronne de gloire sur la tête [de Moché]).
Le Baal haTourim (Vayakel35,1) explique la juxtaposition de cet épisode avec le début de la paracha Vayakel, qui traite du fait de s'abstenir de travailler le Shabbath. Il cite le midrach (Béréchit rabba 11,2) : "le visage de chaque juif est radieux le Shabbath".

Le Midrach commente le verset "Vayévaré'h Elokim et yom hachévi'i vayékadéch oto" (Et D. bénit le 7e jour et le sanctifia - Béréchit 2,3) en disant que la bénédiction était le don de la manne et que la sanctification ("le sanctifia") était le don d'un visage lumineux.

-> Plusieurs anecdotes ont été rapportées à propos de rabbins des dernières générations dont le visage était visiblement différent le Shabbath.
Par exemple, le rav Isser Zalman Meltzer (1870-1953) a raconté que le visage du Nétsiv (1816-1893) dégageait une aura particulière le Shabbath. Dès qu'il faisait Havdala, cette aura disparaissait.
Le rav Shlomo Wolbe (Alé Chour II) notait que le visage du machgia'h de la yéchivah Mir, le rav Yérou'ham Lévovitz (1873-1936), était tellement transformé le Shabbath qu'en le voyant entrer dans la yéchiva le vendredi soir, un nouvel étudiant pensait que Mir avait un machgia'h spécial pour le Shabbath.

-> Le Choul'han Aroukh stipule que pour réciter les Shéva Bra'hot pour un marié et une mariée pendant les 7 jours suivant leur mariage, une personne qui n'a pas assisté à la cérémonie de mariage doit être présente. Cette personne est appelée "panim 'hadacho" (littéralement, un "nouveau visage").
Shabbath, cependant, est une exception ; un nouvel invité n'est pas nécessaire.
Le Sfat Emet explique qu'étant donné que le Shabbath, chaque juif reçoit un nouvel éclat, toutes les personnes présentes remplissent l'obligation de panim 'hadachot.

Les Tossafot (Kétoubot 7b), cité dans Choul'han Aroukh (Even haEzer 62:8), expliquent que les panim 'hadachot augmentent la joie du 'hatan et du kalla, puisque la nouvelle personne n'a pas encore fait la fête avec eux.
Le Shabbath, les jeunes mariés augmentent leur joie grâce à la nourriture supplémentaire servie en l'honneur du jour, de sorte que les Shéva Bra'hot peuvent être récitées même en l'absence d'un nouvel invité.
Pour cette raison, explique le Gaon de Vilna (Biour haGra 24), le Choul'han Aroukh ajoute que les panim 'hadachot ne sont pas requis à Yom Tov non plus.

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+ La lumière de la création

-> A première vue, la juxtaposition notée par le Baal haTourim semble purement technique : le visage de Moché s'est illuminé après avoir parlé à Hachem, et le visage de chaque personne s'illumine [automatiquement] le Shabbath.
Cependant, le rav David Goldberg (Chirat David) décèle un lien plus profond.

Nos Sages ('Haguiga 12a) nous disent qu'Hachem a créé une lumière spéciale le premier jour de la création et l'a ensuite réservée aux tsadikim dans le monde à Venir.
Néanmoins, Moché a reçu une partie de cette lumière lorsqu'il est né, c'est pourquoi toute la maison s'est remplie de lumière à sa naissance (Rachi - Chémot 2,2).
Une fois que Moché est entré dans le palais de Pharaon, l'aura a disparu, ne revenant que lorsqu'il a reçu la Torah au mont Sinaï. Pour dissimuler cette lumière céleste, nous dit le Zohar, Moché portait un masque.

[cette lumière qu'il a reçu, peut provenir de l'étude de Moché directement auprès d'Hachem ou d'un étude très approfondi de la Torah (lorsque Moché était au Ciel il a étudié constamment la Torah).
Le Ramban (fin de Chaar haGemoul), citant le Séfer haBahir, écrit qu'Hachem a mis de côté 6/7e de la lumière originelle, de la création pour le monde à Venir, plaçant le 7e restant dans la Torah.
Comme le dit le verset : "Car une mitsva est une bougie et la Torah est une lumière" (ki ner mitsa véTorah or - Michlé 6,23).
De même, le Baal haTourim (Béréchit 1,4) note que la guématria de "את האור" (ét a'or - la lumière) est égale à celle de "בתורה" (baTorah - dans la Torah), ce qui implique que la lumière réside dans la Torah.
De même, le Zohar 'hadach (Ruth 103b) affirme que la guématrie de "את האור" est de 613, le nombre de mitsvot dans la Torah.
Nous comprenons maintenant pourquoi, le Shabbath, nous disons "Yisma'h Moché bématnat 'helko", en référence à la réception de la Torah par Moché au mont Sinaï, et ensuite nous disons "klil tiféret bérocho natata", en référence à la lumière qu'il a reçue en conséquence. ]

Chaque juif peut accéder à cette même lumière le Chabbath.
[bien qu'Hachem ait réservé cette lumière aux justes (tsadikim) dans le monde à venir, tous les juifs font partie de cette catégorie. Comme nous le dit la michna (Sanhédrin 11:1) : "Tout Israël a une part dans le monde à venir. Comme il est dit : "Ton peuple est composé de justes" (vé'ameé'h koulam tsadikim - Yéchayahou 60,21)." ]
15. Comme le dit la Guemara (Berachos 57b), le Chabbath représente un soixantième du monde à venir.

Puisque Shabbath est mé'én olam haba, un semblant du monde à Venir (Shabbath représente 1/60e du monde à Venir - Béra'hot 57b), alors le rav Goldberg explique que chacun mérite une forme de cette lumière spéciale qui a été désignée pour monde à Venir et que Moshé a méritée au mont Sinaï.

Ainsi, nous voyons une raison encore plus profonde pour la juxtaposition des deux parchiyot (Ki Tissa & Vayakel) : le visage de Moché était illuminé du même éclat que celui que chacun d'entre nous reçoit chaque Chabbath.
Le Shabbath, chacun d'entre nous peut faire l'expérience du monde à Venir. Le potentiel est là ; il suffit de le saisir.

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-> Le Bné Yissa'har (maamaré haShabbatot 3:7) citent le midrach (Béréchit rabba 11,2) selon lequel Hachem était prêt à "éteindre" la lumière le premier vendredi soir de la création (suite à la faute originelle), mais en l'honneur du Shabbath, Il a attendu jusqu'à la fin du jour.
Comme le dit le verset : Hachem "bénit le 7e jour" (Béréchit 2,3). Le Bné Yissa'har suggère que cette bénédiction reste ancrée à chaque Shabbath, et que ceux qui observent le jour correctement bénéficient de cette lumière sacrée.

-> L'explication du rav Goldberg (Shirat David) met en lumière une coutume intéressante dans le Temple.
La guémara (Roch Hachanah 31a) indique que tandis que les Lévi'im accompagnaient le korban tamid (sacrifice quotidien) avec des chants tirés des Téhilim, le chant pour l'offrande de Moussaf du Shabbath était tiré de la paracha Haazinou.
Le Maharcha explique qu'étant donné que Shabbath est plus saint que les jours de la semaine, son chant provient de la Torah, qui est plus sainte que les Téhilim.

La guémara ajoute que le chant de Haazinou était divisé en 6 parties, représentées par l'abréviation : הזי"ו ל"ך.
Le Maharcha explique que cette abréviation était un "siman tov" (bon signe), puisqu'elle forme les mots hébreux signifiant "l'éclat est à toi" (aziv la'h). Cette phrase souligne le fait que la chanson chantée le Shabbath a été écrite par Moché, dont le visage rayonnait lorsqu'il est descendu du mont Sinaï.
Au vu de l'explication du Shirat David, nous pouvons ajouter que nous divisons Haazinou spécifiquement de cette manière pour montrer que le Shabbath, chacun d'entre nous peut faire l'expérience du même "ziv" (l'éclat, rayonnement) que Moché a eu.
[la guémara poursuit en disant que nous devrions diviser les montées (aliyot) de la paracha Haazinou comme elles l'ont été dans le Temple. ]

"Moché rassembla toute l'assemblée des bné Israël et leur dit : "... le 7e jour sera saint pour vous ... le jour du Shabbath".
Moché parla à toute l'assemblée des bné Israël en disant : "... prenez de chez vous un prélèvement pour Hachem, ... [la Torah liste les contributions pour le Michkan, puis sa construction]" (Vayakel 35,1-5)

-> Le Kli Yakar souligne que Moché a donné les instructions aux bné Israël en s'écartant apparemment de l'ordre avec lequel les instructions lui ont été données par Hachem.
Paracha Térouma et paracha Tétsavé, ainsi que la première section de Ki Tissa, détaillent la manière et l'objet de la construction du Michkan. Dans ces chapitres (25-31,11), Hachem a donné à Moché les instructions qu'il devait transmettre aux bné Israël.
Le compte rendu de l'action de Moché de ces instructions d'Hachem, et de leur exécution des par les juifs se trouve dans les parachiyot de Vayakel et Pékoudé (chapitres 35-40).

Cependant, vers la fin du chapitre 31 (versets 12-17), Hachem a donné à Moché une instruction supplémentaire pour les juifs : les lois du Shabbath. Moché avait reçu l'ordre d'Hachem de parler aux juifs d'abord du Michkan, puis du Shabbath.
=> Alors pourquoi Moché a-t-il inversé l'ordre dans Vayakel, en transmettant d'abord les lois du Shabbath (35,1-3), puis en donnant les détails de la construction du Michkan?

Le Kli Yakar (Vayakel 35,2) explique que les objectifs du Shabbath et du Michkan sont très différents.
Le Shabbath n'honore rien d'autre qu'Hachem. Il montre qu'Il a créé le monde. Il ne met pas en valeur ou ne promeut pas la gloire ou l'honneur des bné Israël.
D'un autre côté, l'existence même du Michkan a prouvé qu'Hachem voulait résider parmi les juifs. Il leur a pardonné le faute du Veau d'or et a voulu avoir une maison avec eux ; pour Hachem, les juifs sont importants!

==> Le Michkan montre comment les juifs sont honorés par Hachem, tandis que le Shabbath montre comment Hachem est honoré par eux.

Hachem, dans Son amour pour les juifs, plaça le Michkan en premier. Il ordonna à Moché de parler aux bné Israël d'abord des lois du Michkan, puis de celles du Shabbath.
Moché s'y opposa. Les pensées d'un juif doivent avant tout être tournées vers l'honneur et la gloire d'Hachem. Tout d'abord, il a parlé aux juifs (au début de Vayakel) du Shabbath. Ils doivent toujours être conscients du Créateur. Ce n'est qu'ensuite qu'ils peuvent envisager de se concentrer sur le Michkan, qui reflète l'honneur d'Israël (à quel point tout juif est important et aimé par papa Hachem), avec qui Hachem a choisi de résider.

Le haKtav véhaKabbala (Mikets 44:5) note que les mots 'hochen et na'hach (serpent) ont les mêmes lettres, peut-être pour souligner le contraste entre les deux : le na'hach a été la première créature à donner de mauvais conseils ; purement égoïste (voir Rachi - Béréchit 3,1), le serpent a introduit l'impureté dans le monde.
Le 'hochen, qui abritait les Ourim véToumim, dispensait des conseils purs et désintéressés qui favorisaient la sainteté dans le monde.

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-> Selon le Maharal (Nesiv Lev Tov) pour mériter le roua'h hakodesh nécessaire à l'utilisation des Ourim véToumim, il faut avoir un bon coeur.

Notre confiance en D. réveille Sa bonté à notre égard

+ Notre confiance en D. réveille Sa bonté à notre égard :

"Moché et le peuple juif chantèrent (litt. chanteront - "yachir" = verbe au futur) ce chant à Hachem, et ils parlèrent en disant" (Béchala'h 15,1)

-> Le midrach (Chémot rabba 23,1) dit à propos de ce verset :
Il est écrit : "Tu es éternel ; Ton trône est établi depuis toujours [méaz, littéralement, "depuis toujours"].
Rabbi Bérékhia dit au nom de Rabbi Abahou : "Bien que Tu sois éternel, Ton trône n'était pas fermement établi, et Tu n'étais pas connu dans Ton monde avant que Tes enfants ne récitent le chant [à la mer Rouge]." C'est la signification de "Ton trône a été établi à partir de ce moment-là" (na'hon kissé'ha méaz).
[ en d'autres termes, "Ton trône est établi depuis (mé'az)" = depuis le chant entonné lors de l'ouverture de la mer Rouge, qui commence par le mot "alors" (az yachir). ]

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-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) enseigne :

Si une personne est certaine que Hachem pourvoira à tous ses besoins, alors toutes ses demandes seront satisfaites par le Ciel.
Mais si une personne se préoccupe continuellement de ses moyens de subsistance et de la subsistance (parnassa) de sa famille, alors ses moyens de subsistance seront réduits par le Ciel.
Hachem agit alors comme l' "ombre" de la personne, prenant exemple sur son comportement, et lui fournit ses moyens de subsistance. De même que la personne s'en remet à D. pour qu'Il réponde à tous ses besoins, de même D. lui fournit tous ses besoins.

Lorsque la mer Rouge s'est ouverte, il y a eu un éveil préalable par le bas. Le peuple juif a amélioré son comportement en raison de sa grande foi (émouna) et de sa confiance (bita'hon dans le fait que D. les sauverait, ce qui a suscité la miséricorde d'Hachem à leur égard.
Puisqu'ils avaient la foi que D. les sauverait, il leur vint à l'esprit de chanter ses louanges avant même leur salut effectif.
["Moché et le peuple juif chanteront (az yachir) ce chant à Hachem". Le rabbi de Berditchev explique l'emploi du futur (chanteront, plus que chantèrent ce chant) ainsi : la tribu de Yéhouda (menée par leur nassi Nahchon ben Aminadav) est entrée dans la mer avec la certitude que D. accomplirait un miracle pour le peuple juif et qu'ils allaient ensuite chanter (az yachir) en réponse à ce miracle.
de même, juste avant le chant il est écrit : "ils ont eu confiance en Hachem et en Moché Son serviteur" (vayaaminou b'Hachem ...) = selon le rabbi de Berditchev, cela signifie qu'avant d'être sauvé (à la mer Rouge), les juifs sont parvenus à une certitude que Hachem allait réaliser des miracles et des merveilles.
(on fait au mieux notre hichtalout, avec la certitude que Hachem fait et peut tout!) ]

... lorsqu'il y a un éveil de notre part en bas (ex: par une émouna/bita'hon accrue), notre effusion émotionnelle incite Hachem à traiter le peuple juif avec Ses caractéristiques de bonté, de compassion et d'amour bienveillant.

De même, le mot "alors" (az [yachir]) indique que nous étions convaincus que Dieu séparerait la mer avant qu'elle ne se sépare, et qu'ensuite nous chanterions un chant accompagné de tambourins, comme expliqué plus haut. C'est ce qu'implique le mot "alors" (az).
Cette confiance a servi de "réveil d'en bas", de "Trône" de l'Attribut d'en haut, afin que Hachem accomplisse à son tour le miracle de la séparation de la mer Rouge.
... Cette confiance a servi de "trône", c'est-à-dire de support, sur lequel Hachem a accompli le miracle.

C'est la signification sous-jacente du verset : "Ton Trône a été établi dès lors, Tu es d'éternité" (na'hon kiss'akha mé'az - Téhilim 93,2) = que le trône a été établi depuis "alors" (mé'az), c'est-à-dire depuis l'époque où nous avons eu foi dans le salut de D., comme nous l'avons expliqué.
Nous pouvons maintenant comprendre la signification profonde de la clause qui conclut ce Téhilim : "Tu es d'éternité" (méolam ata). Lorsque Hachem accorde Sa grande bonté aux mondes inférieurs sans être incité à le faire par un éveil préalable venant d'en bas, cette bonté est désignée comme existant "depuis les jours d'autrefois" (mimé kédem - Mikha 7,20).
Mais lorsque le peuple juif, par ses bonnes actions, éveille Sa bonté, Sa compassion et Sa générosité céleste, cette générosité est appelée "bonté du monde" ('hassdé olam - voir téhilim 89,2).
Il s'agit d'une bonté que D. accorde en raison de nos actes accomplis dans ce monde. Les actes des résidents de ce bas monde engendrent cette bonté. [voir Zohar 3:134b].
C'est ce que signifie la phrase "Tu es d'éternité" (méolam ata), qui se lit littéralement : "Tu es du monde". "Tu" = Ta bonté, est "du monde".
Le peuple juif, habitant du monde inférieur, suscite le flux de la bonté de D.

Cela explique mieux le verset "Ton trône fut établi à partir de ce moment-là".
En faisant confiance à Hachem pour qu'il accomplisse un miracle, le peuple juif a engendré cette bonté, qui s'est ensuite répandue dans le monde.
C'est ainsi que le verset continue : "Tu es du monde", ce qui traduit l'idée que la bonté de D. est suscitée par les actes des habitants de ce monde.

Yitro – A partir de quand a-t-il été possible de se convertir au judaïsme?

+++ Yitro - A partir de quand a-t-il été possible de se convertir au judaïsme?

"Yitro, chef de Midiyan, beau-père de Moché, avait appris tout ce qu'Hachem avait fait pour Moché et pour Israël, son peuple, qu'Hachem avait fait sortir Israël d'Égypte" (Yitro 18,1)

-> Rachi commente : "Yitro a entendu parler de l'ouverture de la mer Rouge et de la guerre contre Amalek".

Ces miracles ont incité Yitro à se convertir et à rejoindre le peuple juif.
Yitro n'a rejoint les Bné Israël qu'après l'ouverture de la mer Rouge, car le peuple juif n'acceptait pas de conversions jusqu'à cette époque.
Israël est devenu une nation lors de la sortie d'Egypte, mais la conversion n'était pas possible tant qu'ils n'étaient pas devenus la "nation sainte" d'Hachem.

Il est impossible pour un juif de devenir un non-juif. [même si un juif adoptait les croyances et les coutumes des non-juifs, il resterait toujours un juif]
Cependant, il est possible d'élever son statut et de devenir une personne "sainte". Lorsqu'ils ont reçu la Torah, les Israéliens ont acquis le statut de "nation sainte" d'Hachem. À ce stade, ils étaient plus qu'une simple nation, ils étaient désormais élevés au-dessus de toutes les autres nations, transformés en une espèce distincte et supérieure.
Ce nouveau niveau permettait aux non-juifs de se convertir au judaïsme, en raison du concept de "on peut s'élever en sainteté, mais on n'en descend pas" (ma'alin bakodech véén moridin).
Lorsqu'un non-juif devient juif, il s'élève en sainteté, mais un juif ne peut pas devenir un non-juif, car il descendrait en sainteté.

Le commentaire de Rachi selon lequel Yitro a entendu parler de l'ouverture de la mer Rouge et de la guerre avec Amalek avant de rejoindre les Bné Israel peut être expliqué par un midrach.
Selon une opinion du midrach (guémara Zéva'him 116a), le peuple juif est devenu la nation sainte d'Hachem après l'ouverture de la mer Rouge, et après ce miracle, il était désormais possible pour un non-juif de se convertir au judaïsme.
Jusqu'alors, le peuple juif avait toujours eu peur des égyptiens. Cette crainte les rattachait, au moins à un certain niveau, à l'impureté des égyptiens. Cependant, lorsque la mer Rouge s'est séparée, le peuple juif a été définitivement libéré de tout lien avec les égyptiens. Il acquiert à partir de ce moment une sainteté particulière, permettant à Yitro de se convertir au judaïsme et de s'élever en sainteté.

Cependant, le midrach apporte une autre opinion : Même après l'ouverture de la mer Rouge, le peuple juif n'a atteint cette sainteté spéciale qu'après la guerre contre Amalek.
En effet, l'existence de leur ennemi spirituel, Amalek, les a empêchés d'atteindre la sainteté. Ce n'est qu'après avoir vaincu Amalek que le peuple juif a atteint son statut spécial de nation sainte d'Hachem, ce qui a permis à Yitro de se joindre à lui en tant que converti.

Cependant, une 3e opinion dans le midrach affirme que Yitro n'a rejoint le peuple juif qu'après avoir entendu parler de la révélation au mont Sinaï. [Rachi ne cite pas cette opinion, car il est d'avis que Yitro est venu avant le don de la Torah.]
Cette opinion estime que le peuple juif n'a atteint son statut de nation sainte d'Hachem qu'en recevant la Torah sur le mont Sinaï, et que ce n'est qu'après cela qu'il a été en mesure d'accepter des convertis.

[Maharal - Gour Aryé - voir aussi Guévourot Hachem 43]

Les juifs surpassent les anges

+++ Les juifs surpassent les anges :

"L'ange de D. qui allait devant le camp se déplaça et alla derrière eux" (Béchala'h 14,19)

-> En raison de leur sainteté, les anges sont plus élevés que le peuple juif. Mais lorsque Hachem montre Son amour à la nation juive, celle-ci est plus élevée que les anges.

[ le Chla haKadoch (dans son Chné Lou'hot haBrit - Eter maamarot 2) écrit que d'une part, les anges sont plus raffinés et plus proches des royaumes supérieurs. En ce sens, ils sont plus saints.
Cependant, l'âme de l'homme est plus élevée que celle d'un ange, et en ce sens, l'homme est plus élevé.
Lorsque Hachem montre son amour au peuple juif malgré ses défauts, il se concentre sur la pureté de son âme. ]

Lors de l'ouverture de la mer Rouge, Hachem a exprimé son amour pour le peuple juif malgré ses défauts, et en ce sens, le peuple juif a surpassé les anges.

C'est le sens profond du verset "L'ange de D. qui allait devant le camp se déplaça et alla derrière eux".
Cela fait allusion au fait que les anges, qui se trouvaient normalement sur un échelon spirituel plus élevé que le peuple juif, se sont trouvés plus bas que lui lors de l'ouverture de la mer Rouge, car c'est là que D. a manifesté Son amour pour le peuple juif.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

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=> Dans ce monde, les anges sont normalement à un niveau spirituel plus élevé que le peuple juif, mais lorsque D. nous montre Son amour, notre niveau spirituel dépasse celui des anges.

Mitsvot positives et négatives

+++ Mitsvot positives et négatives :

"C'est une nuit de garde pour Hachem" (Bo 12,42)

-> En règle générale, Hachem accorde continuellement Sa bonté au peuple juif.
Pour empêcher les forces extérieures, c'est-à-dire les forces du mal, de bénéficier également de la bonté que D. accorde au monde, le peuple juif accomplit des mitsvot.
En réalisant les commandements positifs, il s'assure que D. accorde continuellement Sa bonté au peuple juif, et en observant les commandements négatifs (c'est-à-dire les interdictions), il empêche les forces extérieures de recevoir une partie de cette bonté.

Lorsque le peuple juif était en Égypte et n'avait pas encore reçu la Torah, il n'avait aucun commandement positif ou négatif à observer.
Néanmoins, D. a agi avec générosité envers le peuple juif, empêchant les forces extérieures de bénéficier de Sa générosité et de Sa bonté.
C'est à cela que le verset fait allusion lorsqu'il dit : "C'est une nuit de garde" (lél chimourim). Hachem a protégé Sa bonté, empêchant les forces extérieures impures d'en bénéficier, même si le peuple juif n'avait pas encore observé de mitsvot.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi]

Nissan = jugement sur l’amour des nations pour les juifs

+++ Nissan = jugement sur l'amour des nations pour les juifs :

+ "Ce mois est pour vous le début des mois" (Bo 12,2)

-> En règle générale, un roi met parfois ses sujets à l'épreuve pour vérifier s'ils l'aiment sincèrement et s'ils servent sincèrement. À d'autres moments, le roi décide de tester leur amour pour ses enfants.
De même, au mois de Tichri, Hachem nous juge pour déterminer si nous L'aimons et Le craignons.
Au mois de Nissan, en revanche, Hachem juge les peuples du monde pour savoir s'ils aiment la nation juive.
C'est pourquoi Pharaon, qui avait fait du mal au peuple juif, a été puni au mois de Nissan.

Telle est donc la signification profonde du verset "Ce mois est pour vous", c'est-à-dire "pour votre bien".
Le verset continue : "Il sera pour vous le premier des mois de l'année", ce qui signifie que la bonté qui émane de D. au cours du mois de Nissan et le jugement qui est rendu le sont en l'honneur du peuple juif.
Quiconque porte atteinte au peuple juif sera puni par Hachem, qui accomplit des miracles pour lui.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Bo 12,2]

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=> Au mois de Tichri, Hachem nous juge ; au mois de Nissan, Il juge le monde sur la façon dont il a traité Son peuple élu, les juifs.

"Je vous prendrai pour Moi comme peuple ... vous saurez que Je suis Hachem, votre D." (Vaéra 6,7)

-> Aucune pensée ne peut saisir Hachem (Tikouné Zohar - intro 17a), c'est-à-dire que Son essence est insondable, mais nous, le peuple juif, pouvons comprendre la lumière de la Chékhina (présence Divine) en étudiant la Torah et en accomplissant les mitsvot que D. nous a données.

C'est ce que signifient les mots "Je vous prendrai pour Moi comme peuple" et vous donnerai la Torah.
Grâce à la Torah, "vous saurez que Je suis Hachem, votre D.", car vous aurez alors connaissance de la lumière de la Chékhina.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

Chanter des louanges d’Hachem, provoque qu’Il va chanter avec nous

+++ Chanter des louanges d'Hachem, provoque qu'Il va chanter avec nous :

"Moché et le peuple juif chantèrent (litt. chanteront - "yachir" = verbe au futur) ce chant à Hachem, et ils parlèrent en disant" (Béchala'h 15,1)

=> Pourquoi la Torah emploie-t-elle la forme grammaticale "chanteront", au futur, plutôt que la forme attendue, "chantèrent", au passé?

Nous pouvons répondre à cette question en nous basant sur l'interprétation du Baal Chem Tov du verset "D. est ton ombre" (Téhilim 121,5), selon laquelle la conduite de D. envers l'homme est semblable à une ombre, exactement comme les mouvements de l'ombre d'une personne reflètent les mouvements de cette personne. De même, la conduite d'Hachem à l'égard d'une personne reflète le comportement de cette personne.
Ainsi, lorsque le peuple juif a chanté après avoir été délivré d'Egypte, Hachem a également chanté, pour ainsi dire, ce même chant.

Le verbe "chantera" ([az] yachir) peut être pris à la forme causative, de sorte que nous pouvons interpréter la phrase "alors [az] Moché et le peuple juif chantèrent [yachir Moché ouBné Israël]" comme affirmant que le peuple juif, par son chant, a provoqué "ce chant à Hachem". En d'autres termes, ils ont amené D. à chanter ce chant.
Le verset se poursuit ainsi : "ils parlèrent en disant" = ce qui implique qu'"ils parlèrent" afin de réaliser la "parole" de D.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Béchala'h 15,1]

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=> Lorsque le peuple juif chante des louanges de D., D. se joint à leur chant.