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Nos Sages nous disent que la Présence Divine (Chékhina) est descendue en Egypte pour partager la moindre douleur/souffrance des Bné Israël, comme il est écrit : "Dans toutes leurs souffrances, Il souffre aussi" (Yéchayahou 63,9).
Puisque la Chékhina a souffert avec eux, alors leurs 210 années d'exil ont été comptées 2 fois : une fois pour eux-mêmes et une fois pour la Chékhina, pour un total qui dépasse les 400 années d'exil qui leur avaient été imposées.
C'est pourquoi leur guéoula a eu lieu avant le temps fixé.
[...]

"Dans toutes leurs souffrances, Il souffre avec" = en partageant les souffrances des Bné Israël, Hachem a apporté leur rédemption avant le temps fixé.
[ rabbi Yaakov Abou'hatséra - Dorech Tov ]

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[l'idée que Hachem est constamment avec chaque juif, que la moindre douleur qu'on ressent Il l'a ressent également, nous montre à quel point nous sommes importants aux yeux d'Hachem, qu'Il se préoccupe de nous, à quel point Il a conscience des difficultés que nous traversons.
Certes on doit éviter de causer des souffrances inutiles car nous ferions souffrir Hachem, mais on doit avoir en tête que Hachem souffre avec nous, dont un des buts est de rapprocher la guéoula, ce moment de pleine retrouvaille. ]

"Les Bné Israël gémirent du sein de leur travail (min aavoda) et se lamentèrent ; leur plainte monta vers D. du sein de leur travail" (Chémot 2,23)

-> Les Bné Israël ne se sont pas plaints des épreuves physiques qu'ils ont subies en Égypte.
Ils ont compris qu'il s'agissait d'un décret du Ciel et ils l'ont accepté avec amour. Ils ont plutôt crié que leurs travaux éreintants du matin au soir ne leur laissaient pas un seul moment de libre pour servir Hachem.
Au lieu de consacrer leur énergie au service d'Hachem, ils ont été contraints de servir les égyptiens par des travaux inutiles qui n'apportaient aucun bénéfice spirituel.

Cela leur était particulièrement pénible lorsqu'ils comparaient leur propre situation à celle de leurs ancêtres, Avraham, Its'hak et Yaakov, dont la vie entière s'était déroulée au service de l'amour d'Hachem.
Lorsqu'ils comparèrent cela à leur propre service des égyptiens, ils crièrent à Hachem jour et nuit pour mériter de Le servir à leur place.

Hachem entendit leurs supplications et fut submergé par la compassion.
Malgré toutes leurs difficultés physiques et leurs malheurs, leur principale préoccupation était le service d'Hachem. Si telle était leur préoccupation, alors ils étaient certainement dignes de la rédemption.
Bien qu'ils n'aient pas encore accompli les 400 ans qui leur avaient été imposés lors du Brit bein HaBétarim, ils méritaient un plus grand crédit pour les années de servitude qui s'étaient déjà écoulées, étant donné que leurs épreuves étaient si horribles.
[...]

L'épisode qui a réveillé l'amour d'Hachem pour Ses enfants et Son désir de les racheter, c'est lorsque Pharaon est tombé malade, atteint d'une lèpre cutanée, et qu'on lui a conseillé de se baigner dans le sang d'enfants juifs. (voir midrach Chémot rabba 1:34)
Les Bné Israel ont crié d'une voix amère, mais Hachem a vu qu'en dépit de toutes leurs terribles épreuves, leur plus grande demande était de pouvoir Le servir.
C'est pourquoi le verset nous dit qu'ils ont crié "au sein de leur travail" (min aavoda). Cela ne se réfère pas à leur travail d'esclave auprès des égyptiens. Il s'agit plutôt du travail (aavoda), le travail le plus important de l'existence, qui est le service d'Hachem.
Ils s'écrièrent dans leurs prières : "Si seulement nous pouvions déployer le même effort que celui avec lequel nous servons les égyptiens, et servir Hachem à la place!"

Nous pouvons maintenant comprendre pourquoi le verset utilise tant de mots différents pour exprimer les cris de Bei Israël. Ce n'est qu'après avoir crié à Hachem (ils gémirent - וַיֵּאָנְחוּ) à cause du travail (de leur désir de Le servir), qu'ils ont crié (lamentèrent - וַיִּזְעָקוּ) à cause des tortures qu'ils ont endurées.
Le verset ajoute ensuite que leurs cris (leur plainte - שַׁוְעָתָם) sont montés jusqu'à Hachem.
Bien qu'ils aient également pleuré leurs difficultés physiques, ce sont leurs prières pour pouvoir servir Hachem qui ont entraîné leur rédemption.
[...]

Ainsi, les Bné Israel ont été délivrés avant le temps fixé, grâce à leurs prières sincères pour pouvoir mettre les efforts au travail du service d'Hachem.

C'est aussi ce mérite par lequel nous avons mérité de recevoir la Torah ...
Le Zohar (I,27a) explique que les durs labeurs des Bné Israël en Egypte symbolisent nos labeurs dans l'étude de la Torah :
"Ils ont aigri leur vie par un dur labeur" (Chémot 1,14) = cela fait référence au Talmud.
"Avec du mortier ('homer)" = cela fait référence au kal va'homer (le processus logique par lequel les idées talmudiques sont développées).
"Avec des briques (liv'énim)" = cela fait référence à la clarification (livoun) des halakhot.
"Et avec toutes les formes de travail sur le terrain" = cela fait référence à la braïta (les enseignements de nos Sages au temps de la Michna, que Rabbi Yéhouda haNassi a choisi de ne pas incorporer dans les 6 ordres de la Michna Le Talmud les cite souvent. ).

Que signifie ce parallèle entre le travail d'esclave des Bné Israël en Egypte et le labeur de l'étude de la Torah?
D'après ce que nous avons expliqué précédemment, cela est bien compris. Alors que les Bné Israel accomplissaient leurs pénibles travaux [d'esclaves] en Égypte, ils priaient pour mériter d'appliquer le même effort à l'étude de la Torah, au service d'Hachem.
Hachem entendit leurs prières et leur accorda la Torah, ainsi que la Michna et le Talmud, qui exigent un effort extraordinaire pour être compris correctement.
[ rabbi Yaakov Abou'hatséra - Bigdé Hasrad ]

"Ils furent répugnants de devant les enfants d'Israël" (Chémot 1,12)

-> Rachi explique que les égyptiens étaient répugnants à leurs propres yeux, tant ils avaient fait souffrir les Hébreux.

=> Par cette phrase, la Torah vient donner une explication au fait que les égyptiens ont tant fait souffrir les Hébreux. Car celui qui se méprise lui-même et n'estime pas son existence, peut arriver à rendre amère la vie d'autrui.
Celui qui apprécie sa propre vie, appréciera aussi la vie des autres.
Ainsi, c'est parce que les égyptiens étaient répugnants à leurs propres yeux, qu'ils en sont venus à rendre si amère la vie des juifs.
[Mé Marom]

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[ d'une certaine façon : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" = si on a une piètre image/appréciation de soi, qu'on ne se respecte pas, alors comment peut-on respecter pleinement autrui.
On peut donner l'apparence de prendre soin de soi, mais cela peut être en réalité pour le regard des autres, par routine, voir car on s'identifie majoritairement à son corps et non à son âme ... ainsi de même qu'on doit prendre du temps pour renforcer notre confiance en Hachem, nous devons prendre du temps pour apprécier notre réelle intériorité (âme) qui est une partie Divine. (en ce sens des maîtres du moussar disaient par exemple : je suis une âme, et je vais donner à manger à mon corps. ) ]

Utiliser la logique pour contourner une mitsva

+++ Utiliser la logique pour contourner une mitsva :

"En chemin, dans une auberge, [un ange d'Hachem] l'aborda et chercha à le tuer" (Chémot 4,24)

-> Rachi commente : "L'ange cherchait à tuer Moché parce qu'il n'avait pas circoncis son fils Eliézer. En raison de sa négligence, il méritait la mort.
[Cependant, Rabbi Yossi déclare dans une braïta : "has véshalom! [D. nous en préserve! ] [Moché n'a pas été négligent, mais il s'est plutôt dit : "Si je le circoncis et que je me mets ensuite en route, l'enfant sera en danger pendant 3 jours". Dans ce cas, pourquoi a-t-il été puni? Parce qu'il s'est d'abord occupé de ses propres arrangements à l'auberge."

=> Pourquoi Moché s'est-il justifié de retarder la circoncision de son fils à cause du danger pour l'enfant? Après tout, le peuple juif était tenu de respecter la mitsva de la brit mila depuis qu'elle avait été ordonnée à Avraham et à ses descendants, mais la Torah qui nous ordonne de renoncer aux mitsvot en cas de danger pour la vie humaine (A'haré Mot 18,5) n'avait pas encore été donnée.

La réponse est que la logique dicte de donner la priorité à une vie humaine sur les mitsvot, et la logique supplante non seulement les mitsvot, mais même un commandement direct d'Hachem. C'est ce qui ressort du fait qu'Avraham s'est rendu en Égypte à la suite d'une famine, en dépit du commandement d'Hachem lui enjoignant de demeurer en terre d'Israël. Parce que la logique veut que l'on émigre pendant une famine (guémara Baba Kama 60b), la volonté d'Hachem était qu'il ne tienne pas compte de son commandement dans ce cas précis.

Si ce principe est vrai, pourquoi était-il nécessaire que la Torah nous ordonne de renoncer aux mitsvot lorsqu'il y a un danger pour la vie humaine?
La réponse est qu'il existe une différence fondamentale entre les mitsvot données avant le mont Sinaï et celles données au Sinaï (au don de la Torah).
Les mitsvot données avant le Sinaï sont basées sur la logique, et en tant que telles, des préceptes logiques peuvent les définir ou les contourner.
En revanche, les mitsvot données au Sinaï sont simplement des décrets d'Hachem et la logique qui les sous-tend est souvent obscurcie. En effet, même les mitsvot qui semblent logiques, comme les michpatim, contiennent souvent des détails qui sont incompatibles avec la logique présumée de la mitsva.

=> Ainsi, si la Torah ne l'avait pas autorisé (de renoncer aux mitsvot en cas de danger de vie), nous ne serions pas autorisés à utiliser la logique pour définir ou contourner une mitzva de la Torah.
[Maharal - Gour Aryé]

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-> En résumé :
Les mitsvot données avant le Sinaï étaient des mitsvot basées sur la logique. En tant que telles, il était permis d'utiliser la logique pour les contourner.
Cependant, les mitsvot données au don de la Torah défient la logique, et les principes logiques ne peuvent pas justifier de les contourner. Par conséquent, si la Torah ne nous avait pas explicitement demandé de faire passer la vie humaine avant les mitsvot de la Torah, nous n'aurions pas été autorisés à le faire.

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-> "Il (Moché) fut en chemin et Hachem le rencontra pour le tuer" (Chémot 4,24)

-> Hachem était prêt à tuer Moché parce qu'il a retardé la Mila (circoncision) de son fils.
Pourtant, le midrach dit que si ce n'est pas Moché qui libérera le peuple d'Israël, aucun autre homme ne le libérera.
On voit de là que l'on ne peut passer outre à aucune mitsva de la Torah, même pour sauver le peuple juif. La loi doit être respectée. Il ne peut y avoir de libération sans une pleine réalisation de la Torah.
La fin ne justifie aucunement les moyens.
[nos maîtres du moussar]

Chémot – Se développer spirituellement avec progressivité et régularité

+ Chémot - Se développer spirituellement avec progressivité et régularité :

-> La vision dont Moché a fait l'expérience au buisson ardent a constitué son initiation à son rôle de navi (prophète).
Rabbénou Bé'hayé (Chémot 3,1) souligne qu'Hachem est apparu à Moché lentement, en 3 étapes, pour le préparer à recevoir la prophétie.
Tout d'abord, Hachem a montré à Moshé un buisson ardent. Une fois que les pensées de Moshé se sont concentrées sur cette vision miraculeuse, il a vu un ange. En percevant l'ange, il était enfin prêt à recevoir la prophétie.

Rabbénou Bé'hayé commente qu'Hachem a utilisé une tactique similaire lorsqu'il a préparé le peuple juif à recevoir la Torah.
Le Klal Israël a d'abord reçu quelques mitsvot à Mara (Béchala'h 15:25 - Rachi : les passages de la Torah concernant le Shabath, la vache rousse et les tribunaux). Ensuite, ils ont reçu les 10 Commandements présents en temps qu'unité sur les Tables de la Loi, et enfin ils ont reçu le reste de la Torah.

Nous apprenons de là que notre approche de l'étude de la Torah doit également être lente et progressive. Nous devons nous assurer que notre étude repose sur des bases solides afin de pouvoir passer à l'étape suivante.
Parfois, nous voulons tout comprendre immédiatement, mais une telle approche de l'étude de la Torah est contre-productive. Nous devons nous souvenir des paroles de nos Sages (guémara Yoma 80a) : "tafasta mérouba lo tafasta" (si tu saisis beaucoup, tu ne saisiras pas grand-chose).

Cette idée ne s'applique pas seulement à une personne qui débute dans l'étude de la Torah, mais à tout le monde. Même ceux qui sont habitués à l'étude de la Torah tireront profit d'une approche progressive de chaque nouveau sujet ou de chaque sujet peu familier.
En commençant à étudier lentement un nouveau matériel (sans nourrir de la fausse paresse), nous surmonterons également les sentiments initiaux de nervosité et d'incertitude à l'idée d'assimiler de nouvelles idées.

Nous constatons souvent l'importance d'une telle méthode lorsque nous essayons d'enseigner aux autres. Nous construisons naturellement le matériel étape par étape afin que l'autre personne soit capable de comprendre ce que nous essayons d'expliquer.
Malheureusement, nous oublions souvent cette tactique lorsqu'il s'agit de notre propre étude. En nous rappelant l'importance d'une telle approche et en l'utilisant, nous serons en mesure d'atteindre une compréhension approfondie de chaque sujet de Torah que nous apprenons.
[rav Arié Brueckheimer]

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-> Dans la paracha Bo, comme dans les deux parachiyot précédentes (Chémot et Vaéra), Moché demande à Pharaon de permettre aux Bné Israël de quitter l'Egypte. En examinant attentivement la demande de Moché (Chémot 3,18 ; 5,3, et 8,23), nous remarquons quelque chose d'assez frappant. Alors que nous savons que lorsque les Bné Israel ont finalement quitté l'Egypte, ils sont partis définitivement, à ce stade, la seule demande de Moché est que Pharaon accorde aux Bné Israel un simple voyage de 3 jours hors d'Égypte, après quoi ils reviendront.
Comme nous le savons, ce voyage temporaire n'a jamais eu lieu. Si tel est le cas, pourquoi Moché semble-t-il mentir à Pharaon? S'agit-il d'une ruse destinée à amener Pharaon à autoriser les Bné Israel à partir, puisqu'il était plus susceptible d'accepter un court pèlerinage dans le désert qu'un exode permanent ?

Rabbénou 'Hananel (Chémot 3,18) explique que, bien au contraire, la demande de Moché n'a pas été faite de cette manière dans le but de tromper Pharaon, mais plutôt dans le but de calmer Bné Israël. Si les Bné Israël avaient appris qu'ils allaient quitter l'Egypte de façon permanente et qu'ils recevraient par la suite 613 mitzvos, cela aurait été trop difficile à gérer pour eux.
Afin de les familiariser progressivement avec ce qui les attendait, Hachem a demandé à Moché de n'effectuer qu'un voyage de 3 jours.

Rabbénou 'Hananel compare cela à la manière dont Hachem a testé Avraham avec la akéda. Plutôt que de lui dire qu'il devait offrir Its'hak en sacrifice, Hachem a d'abord dit à Avraham d'offrir "son fils", puis a précisé qu'il devait s'agir de "son fils unique, qu'il aimait", et enfin qu'il s'agissait d'Its'hak (voir Vayéra 22,2).

Ce message est tout à fait surprenant. Les Bné Israel auraient-ils préféré être des esclaves en Egypte plutôt que d'être des hommes libres devant respecter 613 mitsvot?
Nous apprenons ici une idée fondamentale de la croissance dans la avodat Hachem. Prendre trop de choses en même temps, c'est s'exposer à l'échec. La meilleure façon d'avancer avec succès dans notre avodat Hachem est de le faire progressivement.
[rav Arié Brueckheimer]

La signification de la prière est qu'elle est une connexion et un attachement ; à travers elle, l'homme peut se connecter à Hachem.
L'homme est fini, tandis qu'Hachem est infini. Il en ressort donc que par la prière, l'homme s'élève du niveau du fini au domaine de l'infini.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Vayé'hi]

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Le rabbi de Berditchev commente le verset (Chémot 2,25) ainsi :
-> "vayar Elokim ét Bné Israël" = Hachem a vu qu'ils avaient crié ;
-> "vayéda Elokim" = le terme "vayéda" peut dire " connaître", mais également se connecter/lier, comme dans : "véa'Adam yada ét 'Hava ichto" (Béréchit 4,1). [yada = fait référence à l'intimité dans un couple, où ils sont le plus intimement liés. ]
=> Ainsi, le verset nous enseigne qu'en Egypte le peuple juif a crié d'une manière qui a formé un pont vers l'infini, permettant à Hachem de se connecter à leur douleur et d'être ému pour les aider (vayéda Elokim).

[ainsi, lorsque nous prions de tout notre cœur et de toute notre âme, avec une supplication déchirée et authentique comme un fils devant son père, nos paroles forment un pont entre notre monde fini et l'infini. Par ce portail, Hachem descend dans notre douleur et répond par un salut rapide.]

La force d’une bonne résolution, d’une pensée positive

+ La force d'une bonne résolution, d'une pensée positive :

"Et plus ils les persécutaient, plus ils se multipliaient et plus ils se renforçaient" (Chémot 1,12)

-> Rachi commente : "Dans tout ce qu'ils (les égyptiens) mettaient leur coeur à les opprimer (les Hébreux), Hachem mettait Son coeur à les faire se multiplier et à être plus forts."

-> Le Chem miChmouël (Chémot - 5672) rapporte un enseignement à propos de ce verset concernant la force d’une bonne résolution :
les égyptiens eurent, en effet, à peine résolu d'opprimer les Bné Israël que cela leur fut compté comme s'ils l'avaient déjà accompli, car "chez les idolâtres, Hachem associe la (mauvaise) pensée à l'acte" (et la considère comme un acte avant même sa mise à exécution) comme l'enseigne la guémara Yérouchalmi (Péa 1,1).
C'est pourquoi, dès le début de leur conspiration, Hachem modifia les lois de la nature et conféra aux Bné Israël un nouveau corps afin qu'ils puissent donner naissance à des sextuplés, ce qui ne s'était jamais produit jusqu'alors.
C’est ce qui est écrit : "Plus ils les persécutaient et plus ils se multipliaient et plus ils se renforçaient."

A partir de là, conclut le Chem miChmouël, chacun fera, en ce qui le concerne, un raisonnement a fortiori : si pour une mauvaise pensée comme celle des Egyptiens, Hachem modifia la physiologie des juifs, à plus forte raison un juif deviendra un autre homme tant physiquement que spirituellement dès qu'il prendra une bonne résolution et qu'il décidera, ne fût-ce qu'en pensée, de s'adonner à l'étude de la Torah et de servir Hachem.

La valeur de la prière pendant nos moments difficiles de la vie

+ La valeur de la prière pendant nos moments difficiles de la vie :

"Les Bné Israël gémirent du sein de la servitude et se lamentèrent, et leur plainte monta vers D. du sein de la servitude" (Chémot 2,23)

-> Rabbénou Bé'hayé fait remarquer que le verset mentionne par 2 fois l'expression "du sein de la servitude".
Il écrit :
''Cela nous enseigne qu'il n'existe pas de prière aussi entière que celle d'un homme qui prie du sein des souffrances et des vicissitudes de l'existence, car celle-ci est bien plus accepté par Hachem, comme on trouve chez le prophète Yona (2,8) qui s'exprima en disant : "Quand mon âme, dans mon sein, allait défaillir, je me suis ressouvenu d'Hachem, et ma prière a monté vers Toi, vers ton saint Sanctuaire", en promettant ainsi que la prière prononcée du sein des souffrances et qui émane d'une âme contrite, est la prière qui mérite de pénétrer dans le saint Sanctuaire d'Hachem."

-> Le Ohr ha'haïm enseigne également à ce sujet :
"Tel est le sens du verset : "Du fond de ma détresse, j'ai invoqué Hachem ; et Il m'a répondu, Hachem, dans la largesse" (Téhilim 118,5) = car une des prières les plus acceptées est celle qui est exprimée du sein des malheurs.
C'est ainsi qu'il est dit : "Dans ma détresse j'ai invoqué Hachem" (Yona 2,3), car la prière dans laquelle un homme appelle Hachem du sein de son malheur et de tout son cœur, est celle qui monte immédiatement dans les hauteurs ...

La prière qui provient de la souffrance de l'homme n'est pas comme les autres prières qui ne montent vers Hachem et ne se présentent à Lui qu'à l'aide d'intermédiaires et des créatures ailées chargées de cette tâche (les anges), mais elle monte directement devant le Trône de Gloire sans aucun intermédiaire, et c'est ce qui est écrit : "leur plainte monta vers D. du sein de la servitude" pour suggérer que ce fut grâce au fait que leur plainte vers Hachem était du sein de la servitude qu'elle monta sur le champ devant le Maître du monde."

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-> sujet également abordé dans le divré Torah de Chémot : https://todahm.com/2018/04/21/6392-2

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-> Le 'Hafets 'Haïm disait :
''Pourquoi venez-vous à moi ... répandez votre cœur devant Hachem qui attend vos prières et ne demande qu'une chose : que vous insistiez auprès de Lui sans relâche : "Ceux qui invoquent Hachem, ne demeurez pas silencieux et ne Le laissez pas demeurer silencieux, ne vous taisez pas" (Yéchayahou 62,5-6) ...
Il n'est nul besoin de réciter des requêtes, seulement ce qui pèse sur le cœur.
Lorsqu'un enfant a soif ou faim, il ne cherche pas dans le recueil des requêtes, il pleure avec ses propres mots. Nous aussi, nous devons être comme "le nourrisson pendu au sein de sa mère" (Téhilim 131,2).
Doit-on rechercher des formules toutes faites? On déverse son cœur devant notre Père rempli de miséricorde".

"Un juif ne pleure jamais de désespoir mais toujours d'espérance"
[Nétivot Shalom]

[d'un côté nous devons trouver la possibilité de décharger notre souffrance et de répandre son coeur en un flot de larmes sur nos tourments et ceux du peuple juif, en un temps défini de prières/discussions avec papa Hachem (qui peut tout).
Mais en même temps, on se renforça sachant que les bontés d'Hachem ne se tarissent jamais, et on retrouva ainsi courage. ]

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Lorsque la fille de Pharaon descendit au fleuve afin de s'y tremper, elle y trouva un berceau qui flottait sur l'eau ; "Elle l'ouvrit, vit l'enfant, et voici que le garçon pleurait. Elle fut prise de compassion pour lui et dit : "Celui-ci est un enfant des Hébreux"." (Chémot 2, 6)

=> Pourquoi n'est-il pas écrit : "Elle vit l'enfant et dit : "Celui-ci est un enfant des Hébreux".", mais plutôt : "Elle l'ouvrit, vit l'enfant, et voici que le garçon pleurait. Elle fut prise de compassion pour lui et dit : "Celui-ci est un enfant des Hébreux".", ce qui semble suggérer un lien entre le fait qu'elle reconnut qu'il était un enfant des Hébreux et ses pleurs?

-> Rabbi Mordé'hai 'Haïm de Slonim explique qu'il existe une grande différence et une énorme distance entre les pleurs d'un goy et celui d'un juif : un goy pleure par découragement et par tristesse sur ce qui lui manque, et par désespoir sur ce qu'on lui a pris et qui ne reviendra jamais, alors qu'un juif pleure en ayant l'espoir que son Père céleste ne l'abandonnera pas.
Ce fut ce que la fille de Pharaon perçut dans les pleurs de l'enfant : l'espérance et non le désespoir, d’où le fait qu’elle s’exclama : "Celui-ci est un enfant des Hébreux."

Hachem parla ainsi à Moché : "Va, réunis les anciens d'Israël, et dis-leur : "Hachem, le D. de vos pères m'est apparu, le D. d'Avraham, Its'hak et Yaakov, en disant 'Je me suis souvenu de vous' ...'' ; et ils écouterons ta voix" (Chémot 3,16-18)

-> Rachi explique : "Ils écouteront ta voix", d'eux-mêmes, du moment que tu leur parleras ce langage (פקד פקדתי - pakod pakadti - "Je me suis souvenu"), ils écouteront ta voix, car c'est un signe qui leur a été transmis déjà depuis Yaakov et Yossef, que ce serait par ces mots qu'ils seraient délivrés.

=> Pourquoi précisément ce langage de פקד devait-il être annonciateur de la délivrance et pas un autre?
De plus, pourquoi ce mot est-il écrit dans le verset sans Vav, פקד au lieu de פקוד (bien qu'il se prononce "Pakod" comme si le Vav était écrit)?

-> Le Chla'h haKadoch (§22) explique :
La réponse est basée sur l'enseignement de la guémara (Méguila 13b) : "Hachem fait précéder toujours le mal de son remède."
Suivant ce principe, les lettres du mot פקד précèdent celles du mot צרה [tsara - le malheur] (la lettre צ précède la lettre פ dans l'alphabet, de même pour le ק et le ר), afin de suggérer que le remède précéda le mal.
En d'autres termes, le fondement de la délivrance consiste à reconnaître et à être convaincu qu'un malheur n’en est pas un, mais est une préparation à la délivrance.

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-> b'h, autres commentaires sur cette expression : pakod pakadti : https://todahm.com/2020/03/23/12855-2