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"Cela sera la loi du Métsora (lépreux) le jour de sa purification, il sera amené au Cohen" (Métsora 14,1)

-> Le Métsora est l'homme qui a prononcé de la médisance (motsi ra - il a fait sortir du Mal de sa bouche).
Ce verset vient nous enseigner que la personne qui prononce des propos médisants (ex: lachon ara), éveille un souffle d'impureté.
Cette impureté vient empêcher ses prières d'être agréées par Hachem. Lorsque la personne se repent et se purifie, ses prières peuvent à nouveau être présentées devant Hachem.

"Le jour de sa purification, il sera amené au Cohen" = ses prières pourront de nouveau être amenées au Cohen Supérieur, qui est Hachem.
Mais tant que l'homme médisant ne s'est pas repenti, et qu'il continue à pratiquer la médisance, ses prières ne seront pas acceptées par Hachem. Le souffle d'impureté qu'il produit par sa faute fait barrage.
[Zohar]

"Le Cohen sortira en dehors du camp et verra que la plaie de la lèpre a guéri chez le lépreux" (Métsora 14,3)

-> Etant donné que tout dépend de ce que dit le Cohen, la Torah a ajouté une mise en garde particulière : "Observe avec un soin extrême et exécute les prescriptions relatives à la lèpre : tout ce que les Cohanim, descendants de Lévi, vous enseigneront d’après ce que Je leur ai prescrit, vous vous appliquerez à le faire" (Devarim 24, 8).
On tire de là une halakha : un lépreux qui enlève les signes de l’impureté devient pur, mais il transgresse l’interdiction de "observe ... les prescriptions relatives à la lèpre".

-> Le gaon Rabbi Mordekhaï Epstein dit : on peut en apprendre la gravité de la faute. D’après les lois concernant le lépreux, il doit être à l’écart en dehors du camp. C’est un décret très difficile à supporter, car on est séparé de sa famille et de ses proches, éloigné de ses amis et connaissances, isolé et solitaire. Cela en plus de la souffrance due aux plaies elles-mêmes.
Or il existe un moyen de sortir de cette solitude et de cette souffrance : il suffit d’arracher simplement les signes de l’impureté et de se purifier immédiatement!
C’est là son épreuve : va-t-il résister à la tentation et préférer souffrir dans une terrible solitude, pour une période indéterminée, peut-être même pour le restant de ses jours, pour ne pas enfreindre une interdiction de la Torah?
Car toutes les terribles souffrances qu’il endure à cause des plaies et de la solitude n’approchent pas de ce qu’il devrait souffrir dans le monde à venir s’il transgressait une interdiction.

"Il m'est apparu comme une plaie dans la maison" (Métsora 14,35)

=> Le rav 'Haïm Vittal demande pourquoi le verset utilise l’expression "comme une plaie" (kénéga - כְּנֶגַע) et non pas seulement "une plaie".

Il répond en expliquant que si homme voit apparaître une plaie de lèpre sur les murs de sa maison, il doit savoir qu’elle n'est pas la véritable plaie mais seulement "comme la plaie", car la plaie elle-même est la terrible faute de la médisance qui reste gravée dans les tréfonds de son âme.
En effet, cette âme est abimée par les propos dénigrants qui ont été proférés, au point qu'elle en demeure profondément entachée.

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-> Le Or Ha'haïm écrit à propos de notre paracha : "Rien n'éloigne plus l'homme de son Créateur que la médisance".

-> Nos Sages (Tossefta Péa 1,20) enseignent qu'il existe 3 fautes dont le châtiment parvient dans ce monde à celui qui les transgresse, mais qui l'empêchent cependant d'avoir droit au monde futur : il s’agit de l'idolâtrie, du meurtre et de la débauche. Et, malgré tout, la médisance est équivalente aux 3 réunies.

"Ceci sera la loi du Métsora (sorte de lépreux) le jour de sa purification" (Métsora 14,2)

=> Pourquoi la Torah a-t-elle besoin de dire : ''le jour de sa purification'' et pas ''lors de sa purification''?

-> En fait, il arrive souvent qu'un fauteur qui souhaite se repentir, trouve le chemin trop long et trop difficile, ce qui a tendance à le décourager. Mais en réalité, il faut s'armer de courage et d'espoir, car selon la Torah, dès qu'un homme décide et désire sincèrement se repentir, même s'il est encore très entaché par la faute, à l'instant même où il aura pris cette ferme décision, il sera déjà considéré comme un Juste (tsadik) et il faut le voir comme quelqu'un de pur.
Le Métsora, qui a cette plaie du fait de ses fautes, est considéré comme pur en un seul jour, le jour même où il souhaite se purifier. Ce jour là est déjà ''le jour de sa purification'', même s'il est encore sali par la faute. Il n'a pas besoin d'attendre de finaliser complètement tout son repentir pour être pur.
[Béér Mayimm 'Haïm]

Celui qui raconte du lachon ara, des plaies viennent à lui (guémara Arakhin 15b)
[Il devient lépreux]

-> Le rav Elimélé'h Biderman explique que la raison est qu'en général l'homme dit du lachon ara sur son ami parce qu'il pense que l'autre l'a blessé, a médit sur lui, ou lui a causé du tort.
En répandant sur lui du lachon ara, et en divulguant ses faiblesses, il se blanchit et en sort vainqueur.

On dit à cet homme : "Regarde donc les plaies ... Généralement, lorsqu'elles apparaissent sur la peau, l'homme a tendance à se gratter. Il pense qu'ainsi, elles cesseront de le démanger. Mais en vérité, c'est le contraire. Plus il gratte, plus son état empire.

De là, on tire une leçon : si l'on parle en mal de son ami, on n'en tire aucun bénéfice. Au contraire, ces mauvaises paroles ont des conséquences néfastes, car elles mènent à la discorde et la haine."

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-> A propos du lépreux, il est dit : "il rasera tous ses poils" (Métsora 14,8). Pourquoi cela?

Le Ben Ich 'Haï explique que lorsqu'on observe les cheveux, on a l'impression qu'une centaine d'entre eux poussent à partir du même endroit, l'un sur l'autre, mais lorsqu'on les rase, on voit clairement que chaque cheveu a sa racine bien distincte, comme le disent nos Sages (guémara Baba Batra 16a) : "J'ai créé une multitude de cheveux dans l'homme, et J'ai prévu une racine pour chacun, de sorte qu'il n'y a pas 2 cheveux qui se nourrissent du même emplacement, ce qui risquerait d'être néfaste pour les yeux (provoquant la cécité d'une personne)".

Ainsi, on dit au lépreux, puni pour avoir du lachon ara : "Tu penses que ton ami t'a fait du tort, qu'il a pris de tes biens, qu'il t'a dérangé? Regarde donc la racine des cheveux et tu comprendras que de la même façon que chaque cheveu a sa racine, aucun homme ne peut empiéter sur ce qui appartient à l'autre".

=> Chacun reçoit du Ciel ce qui lui revient, avec une précision extraordinaire, et personne ne peut prendre ce qui est prévu pour son prochain.

[si une personne s'armait de bon sens, il comprendrait que : "Personne ne peut toucher, ne fut-ce d’un millimètre, à ce qui est destiné [du Ciel] à son prochain" (guémara Yoma 38b), et que personne ne peut lui faire concurrence, et il cesserait sur le champ de médire de son prochain.
Les poils donnent l'impression en reposant les uns sur les autres, de se disputer leur place. Néanmoins, lorsqu'on les rase, il s'avère que chaque poil s'alimente d'une racine différente sur le crâne de l'homme.
De même, Hachem peut donner l'infini de bénédictions à chaque personne, faisant que ce que l'autre a ne l'est nullement à mon détriment.]

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"Celui qui prononce du lachon ara, c'est comme s'il reniait D."
[guémara Arakhin 15b - Rabbi Yo'hanan au nom de Rabbi Yossi Ben Zimra ]

-> Le rav Elimélé'h Biderman commente :
Cela signifie que la racine de cette faute est un manque de émouna. En effet, une personne profère du lachon ara (paroles médisantes) sur son prochain seulement parce qu'elle s'imagine que ce dernier lui a causé un dommage, lui a porté préjudice, l'a fait trébucher, lui a fait un affront ou a réussi dans ses entreprises à son détriment, ou à cause d'autres accusations à son égard.
Mais si elle était convaincue que personne au monde n'est en mesure de lui causer le moindre dommage ni la moindre perte, car son sort ne dépend que d'Hachem, elle ne parlerait en mal de personne et cesserait de ressasser jour et nuit des paroles telles que : 'que m'a fait un tel' ou 'qu'a-t-il dit à mon sujet’!
[...]

Ainsi, à quoi lui sert-il de se plaindre de son prochain?
Ce n'est, en effet, pas lui qui lui a causé une perte ou un quelconque préjudice.
Grâce à cette réflexion, on parviendra à se purifier entièrement de la faute de la médisance.
Car tel est le fondement d'une émouna pure : à chaque créature est octroyée par le Ciel, sa subsistance et tout ce dont elle a besoin. Chacun possède une source particulière dont il tire sa vitalité.
Aussi, pourquoi devrait-il s’évertuer à courir jour et nuit pour acquérir sa subsistance puisque de toute façon, elle lui a déjà été préparée? Quoi qu'il fasse, ses efforts ne lui rajouteront rien. Alors, à quoi bon se fatiguer en vain?
Il ne lui incombe que de faire sa part d'efforts personnels pour se rendre quitte de son devoir (hichtadlout).
De plus, même après l’avoir accomplie, il devra rester convaincu que ce ne sont pas ses efforts qui vont lui apporter sa subsistance mais qu’elle est le fruit du décret Divin.

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-> "Vint 'Habakouk et établit toutes les mitsvot sur une seule, comme il est dit : "Et le juste vivra par sa foi" ('Habakouk 2,4) (guémara Makot 24a).

=> Le prophète 'Habakouk est-il venu pour nous exempter de toutes les mitsvot?

-> Le Toledote Yaakov Yossef (paracha Kora'h) répond que pour parfaire son âme, il serait nécessaire que chaque juif accomplisse la totalité des mitsvot de la Torah. Or, cela est impossible en pratique, car certaines mitsvot sont à accomplir par le Cohen, d'autres par le Lévi, d'autres encore par Israël, et on n’a encore jamais vu un Cohen qui est à la fois Lévi et Israël ...
Néanmoins, lorsque les juifs sont unis, chacun acquitte son prochain de son devoir et ils se complètent les uns les autres.
Malheureusement, cette union est impossible lorsque [par exemple] Réouven hait [par exemple] Chimon parce que ce dernier lui fait concurrence dans son activité commerciale, que Lévi garde rancune à Yéhouda, parce que celui-ci lui a fait rater son Chidoukh, lorsqu'un autre ne cesse de dénigrer jour et nuit celui qui a eu ‘l’impudence’ de ne pas lui accorder la montée à la Torah 'qui lui revenait' ...

C'est à ce propos que le prophète 'Habakouk est venu fonder toute la Torah entière sur la émouna : grâce à elle, l'homme n'a plus d'ennemi, les juifs s'aiment et se respectent mutuellement.
Ils savent que rien ne peut se produire dans ce monde, même entre un homme et son prochain, sans que cela n'ait été décrété au préalable dans le Ciel et que personne ne peut causer le moindre préjudice à quiconque sans que la main Divine ne l'y ait conduit.

[le 'Hozé de Lublin (Zot Zikaron) dit : "Il est bon de se rappeler qu'absolument tout provient du Créateur, comme la guémara (Taanit 7b) l'affirme : "Une personne ne se cogne pas son orteil si cela n'a pas été décrété du Ciel", et ce même si c'est causé par un être humain qui a le libre arbitre."]
Dès lors, à quoi bon se plaindre de son prochain si celui-ci n'est pas responsable du dommage?

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-> Le Pélé Yoets (Erékh Kina) enseigne :
"Le penchant du cœur de l'homme est mauvais et l'incite à penser qu’il est unique dans sa génération en sagesse, en honneurs et en richesse. C’est pourquoi il souffre lorsqu'une autre personne l'égale ou la dépasse ; il la jalouse, cherche à lui nuire, et profère du lachon ara à son égard.
La haine provoquée par la jalousie est colossale, et le dévore comme un feu indomptable. Celui qui est atteint de ce mauvais défaut est rongé par les tourments durant toute son existence
et n'a aucun ami ; il multiplie les querelles, se réjouit du malheur des autres et désire qu'ils échouent...
Son mal est tellement grand qu'il est inexprimable.
Celui qui désire la vie fuira ce défaut et soumettra son mauvais penchant en ayant des pensées pures. Il réfléchira au fait, par exemple, que personne ne peut toucher à ce qui est réservé à autrui et que même s'il était seul au monde, il ne pourrait gagner plus que ce que le Ciel a décrété pour lui.
Et à l'inverse, même si ses concurrents étaient des milliers de fois plus nombreux, il ne lui manquerait pas un centime de ce qui lui a été octroyé.
Il sera ainsi satisfait de ce qui est la volonté d'Hachem, le Rocher intègre, et il agira favorablement envers chacun."

"Telle sera (zot tiyé) la loi du métsora" (Métsora 14,2)

-> Rabbi Chmouël de Sochotchov (le Chem miChmouel) demande : pourquoi est-il écrit : "telle sera la loi", et non pas : "telle est la loi du métsora"?

Il répond que la métsora arrive suite à une faute liée à l'arrogance (cf. guémara Arakhin 16a).
Une fois qu'une personne est accablée par cela, et avec le fait que les gens s'éloignent d'elle, elle va être désolé de son attitude et devenir humble.
Ce sentiment d'humilité doit l'accompagner le restant de sa vie.
Même après sa guérison, il faudra tout faire pour ne pas retomber dans l'arrogance, mais plutôt en retenir la leçon car : "telle sera la loi du métsora".

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-> Un jour, Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev marchait dans la rue lorsqu'il a entendu un juif mal parler à un autre juif devant un groupe de personnes.
Rabbi Lévi Yits'hak a demandé : "Est-il possible, Reb Yid, que vous ne fassiez pas attention à calomnier les téfilin de Hachem?
En effet, la guémara (Béra'hot 6a) dit qu'il y est écrit : "Qui est comme Ton peuple Israël?" "

[faire du lachon ara, c'est émettre l'opinion qu'un juif n'a pas de grande valeur, et cela va à à l'encontre de ce qui est écrit dans les téfilin de D.]

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-> Le mot "métsora" est une combinaison de : "motsi chèm ra" (quelqu'un exprimant une mauvaise opinion sur autrui).
[guémara Arakhin 15b]

-> Un homme possède 248 membres et organes, et le plus important est la langue.
La langue va déterminer la façon dont va fonctionner tous les autres organes, comme il est écrit : "La mort et la vie sont au pouvoir de la langue" (Michlé 18,21).
Si une personne utilise convenablement sa langue, alors cela a également un impact positif sur tous ses autres membres et organes.
A l'inverse, manquer de l'utiliser positivement, en disant à la place du lachon ara, va influencer négativement tout notre corps.
[le 'Hafets 'Haïm]

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-> Le Maguid de Doubno fait remarquer qu'à propos du lachon ara nous avons tendance à dire à nous-même : "Ce n'est que de simples mots. Je ne fais aucun de mal à mon ami uniquement en parlant".

La Torah demande que le métsora soit amené au Cohen afin qu'il puisse être témoin de ce que le langage peut entraîner.
Par un seul mot (tamé - impur), le Cohen peut définir un statut de métsora, avec tout ce que cela implique.

[Hachem a créé l'intégralité de ce monde et de l'univers tout entier avec 10 paroles.
Sachant que nous avons une partie Divine en nous (la néchama), cela entraîne que chacun de nos mots peut construire ou détruire des mondes, même si nous ne le voyons pas sur le moment, et cela dans un soucis de pouvoir préserver le libre arbitre.]

"Voici quelle sera la règle imposée au lépreux " (Métsora 14,2)

Selon nos Sages, quiconque dit du lachon ara est frappé de lèpre (guémara Arakhin 15b).

=> Comment comprendre que nous constatons que beaucoup de gens disent du lachon ara et sont pourtant en parfaite santé.

Le Baal haAkéda répond : il faut savoir que la lèpre mentionnée dans la Torah peut toucher soit le corps, soit l’âme. Si elle n’atteint pas le corps, c’est l’âme qu’elle frappera.
Or la lèpre de l’âme est plus grave que celle du corps.
En effet, il est rapporté dans le Zohar que dans le palais de D., il y a un endroit spécifique appelé "plaies de lèpre" et où les âmes des médisants sont punies.

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+ Il restera isolé, en dehors du camp est sa place" (Tazria 13,46)

-> "Quatre personnes sont considérées comme mortes, le pauvre, le lépreux, l’aveugle et celui qui n’a pas d’enfant." (guémara Nedarim 64b)

Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°774) commente :
"L’explication en est que la Présence Divine a quitté le lépreux et qu’il est complètement séparé de Hachem, Qui est la source de vie. Hachem l’a éloigné implacablement, ainsi qu’il est écrit : "Il restera isolé, en dehors du camp est sa place" (Tazria 13, 46).
Et le message de D. à ce lépreux est : "Je ne tiens pas à toi!"
Il s’ensuit qu’il est considéré comme mort, peu importe ce qu’il possède ou non.
Nous voyons de là la gravité de la faute du lachon ara, qui a l’air d’une petite chose, mais dont les résultats engendrent des catastrophes.
[...]
Le ‘Hafets ‘Haïm cite ce que dit le Zohar (paracha Pékoudé) : de cet esprit mauvais dépendent plusieurs forces qui éveillent d’autres accusateurs, dont le rôle est de s’attacher à une parole mauvaise ou sale [lachon ara] que l’homme a fait sortir de sa bouche.
Lorsque ensuite il dit des paroles de sainteté, malheur à lui et malheur à sa vie, malheur à lui en ce monde et malheur à lui dans le monde à venir.
En effet, ces esprits d’impureté s’emparent des paroles impures, et quand l’homme prononce ensuite des paroles de sainteté, ils s’attachent à elles et les rendent impures aussi, si bien qu’elles ne sont d’aucun mérite pour leur auteur, et pour ainsi dire la sainteté se trouve affaiblie.
[...]
Les commentateurs disent également que la prière du lépreux ne s’élève pas non plus, car il se forme un écran qui le sépare de Hachem, et il ne s’adresse qu’à du bois et de la pierre. C’est comme une idolâtrie, et toutes ses prières vont aux forces de l’impureté, que D. nous en préserve."

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-> Rabbi Yossef Caro rapporte le midrach Béréchit suivant :
Au début, à l’époque du premier homme, le chat et la souris étaient associés. Un jour, un désir de confrontation envers le chat a monté dans le cœur de la souris, et elle a dit à l’homme : "Donne-moi la permission de tuer le chat, qui est un voleur".
L’homme lui a répondu : "Comme tu as dit du lachon ara, tu deviendras sa nourriture".
Immédiatement, le chat s’est jeté sur la souris et l’a tuée.
Quand les enfants de la souris ont vu cela, ils se sont enfuis dans les fentes des rochers et les trous de la terre.

Rabbi Yossef Caro commente : Nous apprenons de ce midrach la gravité du châtiment de celui qui dit du lachon ara, puisque la souris a dit la vérité, et pourtant elle a reçu un châtiment qui s’étend à toutes ses générations : être poursuivie par le chat, parce qu’elle avait dit du lachon ara sur lui.

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-> "Qu'il soit aussi difficile à tes yeux de faire sortir un mot de la bouche qu'un dinar de la poche"
['Hovot haLévavot]

-> "Celui qui désire la vie doit garder sa langue du mal, car elle est le cadeau le plus merveilleux qui a été donné à l’homme par son Créateur, et il doit veiller à ce qui sort de sa bouche avec la plus grande attention et la garder de paroles interdites."
[‘Hafets ‘Haïm]

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-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°670) enseigne :
"L'exil vient en punition de la médisance ...
On trouve une allusion au lien entre exil et médisance dans les mots mêmes. En effet, les 2 dernières lettres de "lachon ara" sont Noun et ‘Ayin, celles là mêmes qui composent le mot hébreu "na" (נע) qui signifie "errer".

J’ai une fois découvert le lien de causalité qui existe entre la calomnie et l’exil : c’est une "mesure pour mesure". En effet, en calomniant son prochain on cherche à le dénigrer aux yeux des gens afin que ceux-ci le déconsidèrent et ne lui fassent plus confiance.
En décrétant la fuite et l’errance pour le médisant, D. fait que ce dernier se trouve toujours en situation d’étranger. Par conséquent on ne lui fera pas confiance, on ne prêtera pas attention à ses paroles et il s’en trouvera dénigré."

->Dans son livre "Pa’had David" (Yitro), Rabbi David Pinto a objecté à la guémara (Shabbat 31a) selon laquelle au moment du jugement de tout homme, on lui demande : "As-tu espéré la délivrance?" que de 2 choses l’une : si l’on pose la question aux tsadikim, ils ont évidemment espéré, la question n’a pas de raison d’être ; et si elle s’adresse aux réchaïm, ils ne savent pas ce que c’est que la délivrance ni qui est le machia’h pour l’espérer, par conséquent dans tous les cas, il semble que D. n’ait rien à demander!

Rabbi David Pinto répond que la question s’adresse à ceux qui certes, savent ce que c’est que la délivrance et qui est le machia’h, mais qui par ailleurs sont ceux qui retardent la délivrance.
Ce sont ceux qui disent du lachon ara et sont habités de la haine gratuite qui chassent la Présence Divine (chékhina), et à plus forte raison retardent son habitation parmi nous.
A eux, on demande : "Si vous savez ce que c’est que la délivrance, comment se fait-il qu’à cause de vos intérêts personnels vous l’ayez retardée, vous empêchant ainsi vous-mêmes de l’espérer comme il convient?"

Lachon ara : s’élever en rabaissant autrui

+ Le Lachon ara : s'élever en rabaissant autrui (par le Sifté 'Haïm) [Métsora]

-> Le Maguid qui s’est révélé à notre maître rabbi Yossef Caro lui a dit : "Celui qui dit du lachon ara sur autrui, on lui enlève ses mérites et on les donne à la personne dont il a parlé, et c’est absolument vrai. Si les hommes savaient cela, ils se réjouiraient en entendant qu’on dit du lachon ara sur eux, comme si on leur faisait un cadeau d’argent et d’or."

Il faut comprendre la signification de ce châtiment. Quelle justice y a-t-il dans le fait que les mérites de celui qui parle passent à celui dont il parle? Nous ne trouvons pas à propos des autres fautes qu’à cause de la faute, d’autres mérites soient perdus.
Quelle est donc la raison de ce châtiment spécial de la faute du lachon ara?

Le rav Dessler a expliqué que l’attirance que l’on éprouve à dire du lachon ara vient d’un défaut qui existe en l’homme, à savoir sa tendance à se mesurer non pas selon sa valeur intrinsèque réelle, mais en se comparant aux autres.
Quand on se trouve en compagnie, on évalue les mouvements, les paroles et l’habillement en se demandant comment l’autre va y réagir. Comment est-ce que je vais lui apparaître, qu’est-ce qui ne va pas lui plaire?
C’est un sentiment qui appauvrit les mouvements de l’homme, consciemment ou inconsciemment.
Cette dépendance provient d’une attitude erronée. En effet, on estime qu’une qualité n’est à considérer comme telle que lorsque l’autre la reconnaît, si bien que celui qu’on méprise devient méprisable.
A cause de ce sentiment erroné, l’homme risque de prendre plaisir aux compliments dont on l’abreuve, alors qu’il sait au fond de lui même qu’il ne possède pas les qualités dont il est question. Ce critère est faux!

A partir de là se développe le goût de dire du lachon ara.
En racontant ce que l’autre a fait de mal, celui qui parle met en valeur sa propre supériorité par rapport à lui, puisqu’aucun homme ne parle d’un défaut qui existe également chez lui.
Quand il raconte, c’est comme s’il disait : "Voici le défaut qui s’attache à Untel, alors que moi j’en suis exempt".
Celui qui dit du lachon ara veut s’élever, se mettre en valeur, non au moyen de ses propres qualités, mais en rabaissant l’autre.
Même si ce n’est pas dit explicitement, cela existe dans l’inconscient. On tire de l’honneur de la honte de l’autre!

Comme le but du locuteur était de se construire en détruisant l’autre, de s’élever sur les ruines de l’autre, il est puni par un châtiment mesure pour mesure : C’est l’autre qui sera construit à ses frais!
Ses mérites passeront à celui dont il a dit du lachon ara, et le passif de l’autre passera à celui qui a parlé. Ainsi, il sera racheté de ses fautes en étant puni mesure pour mesure.
Ce qu’il voulait faire à autrui, c’est à lui qu’on l’a fait.

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+ "On le mènera au Cohen, et le Cohen sortira" (Métsora 14,2-3)

=> Si le Cohen sort vers le lépreux à l’extérieur du camp, que signifie donc "on le mènera au Cohen"?

Le Ktav Sofer répond :
On sait que celui qui dit du mal de son prochain lui donne toute sa Torah et ses mitsvot.
C’est ce qui se trouve ici en allusion dans le verset : "Ceci sera la loi (Torah) du lépreux", c’est la fin de la Torah du lépreux, qui a dit du lachon ara, "on le mènera au Cohen" = on amènera cette Torah au mérite du Cohen, à savoir du tsadik dont il a dit du mal.
En effet, de façon générale, on dit du lachon ara sur les tsadikim. Ceux qui dirigent la génération sont appelés du nom de "Cohen".

"Du bois de cèdre, du ver à soie et de l’hysope" (Métsora 14,6)

-> Ces éléments devaient être pris par le lépreux pour sa purification.
Nos Sages expliquent que le lépreux qui s’est enorgueilli comme le cèdre (arbre très haut, large et imposant, symbolise l'arrogance - Rachi), doit se rabaisser comme le ver et l'hysope (arbrisseau, symbole d'humilité - Rachi).
[une des raisons de cette plaie est l’orgueil]

=> Le processus de purification du métsora voulait que l’on brûle le cèdre et l’hysope. Si on comprend que l’on brûle le cèdre allusion à l’orgueil, pourquoi brûler l’hysope, qui indique l’humilité?

C’est que pour celui qui ressent qu’il est modeste et humble, cela aussi est répréhensible et se rapproche de l’orgueil (JE suis = rien = je m'enorgueillis de n'être rien!).

Il faut donc brûler l’hysope pour signifier que même quand on se rabaisse, il ne faut pas ressentir que l’on s’est rabaissé et que l’on a fait une grande chose.

La véritable modestie c’est quand elle devient tellement naturelle qu’on ne la sent même pas.
['Hidouché haRim]

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-> "tola'at" (תוֹלַעַת) se traduit par : "un fil écarlate" ou bien plus littéralement : "du ver [à soie]".
Cela fait allusion au fait que le peuple juif est comparé à un ver ("Ne crains rien, ver (tolaat - תּוֹלַעַת) de Yaakov" - Yéchayahou 41,14).

De même que la force principale d'un ver réside, dans sa bouche avec laquelle il file la soie, de même la force du peuple juif se trouve dans sa capacité à parler des mots de sainteté avec sa bouche par la Torah et la prière.

L'hysope rappelle au métsora l'importance de l'humilité.
Le "fil écarlate" (qui est du rouge vif) nous enseigne qu'on ne doit jamais avoir peur d'ouvrir sa bouche pour poser des questions afin d'acquérir des connaissances en Torah, même si pour cela on doit devenir rouge écarlate de honte.
Nous devons demander jusqu'à comprendre totalement la Torah.
['Hatam Sofer]

[ne pas demander est un signe d'orgueil = je préfère me taire plutôt que de montrer mon ignorance.
Ma recherche de vérité vaut bien cette "petite honte" dans ce monde car telle est la volonté de D., qui sinon risque de devenir une honte éternelle dans le monde à venir (de ne pas avoir acquis la Torah pour préserver son égo dans ce monde éphémère).]

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-> La guémara (Moéd Katan 16b) nous rapporte que lorsque le roi David allait en guerre il était dur comme le bois, mais lorsqu'il étudiait la Torah dans le beit midrach, il se faisait souple comme le ver.

Le métsora amené du bois et du fil écarlate (tola'at = litt. un ver) pour faire allusion à ces 2 traits de caractère.
Il doit se faire humble, comme un ver sans prétention, et en même temps il doit s'élever pour faire face aux défis, de devoir dominer son yétser ara, et ne pas tomber dans ses pièges.

["bois de cèdre" (éts éréz) : le rav Yaakov Schechter fait remarquer que le mot : "cèdre" (éréz - ארז) a la même guématria que : "Yits'hak" (יצחק), qui représente la force (guévoura).]
[le Ohév Israël - Rabbi Avraham Yéhochoua Hechel d'Apta]

[tant que l'on vit, nous menons tous une guerre contre notre yétser ara. Ainsi un juif doit certes être humble (comme le ver), mais par moment il est nécessaire d'empêcher le yéter ara de nous dominer en étant très dur (comme le bois).

De plus, le yétser ara cherche à insérer en nous de la tristesse, du doute. Par exemple, lorsqu'il nous fait croire que nous sommes des bons à rien, qu'il nous fait culpabiliser après avoir fait une faute, nous devons nous dresser comme un cèdre majestueux et lui dire que tous les juifs sont saints (même avec les pires fautes) et qu'avec quelques mots de téchouva on peut repartir de zéro en étant de nouveau aimé par Hachem.
A l'inverse lorsqu'il cherche à développer de l'orgueil en nous, nous devons lui rappeler que même le ver viendra bientôt nous dévorer car la vie est courte et des comptes précis seront à rendre.]

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-> Puisque l’hysope, tout comme le cèdre, est un végétal, contrairement au ver à soie, pourquoi le verset ne les a-t-il pas réuni en disant : "du bois de cèdre, de l’hysope et du ver à soi", comme c'est le cas lors de la purification par la vache rousse, dans la paracha de ‘Houkat ?

La Tsaraat (sorte de lèpre) est une punition Divine pour la médisance. Or le ver, en plus d’être un message d’humilité, a aussi la caractéristique de pouvoir ronger avec sa bouche.
=> En juxtaposant le cèdre et le ver, la Torah enseigne que le médisant doit réfléchir au fait qu’il agit comme le ver (minuscule en taille), mais cependant il peut ruiner même un cèdre [d'apparence majestueuse] par sa bouche.
[Kli Yakar]

[notre médisance est tellement minuscule à nos yeux (ça va ce n'est que quelques mots!), mais ses conséquences sont en réalité tellement énormes!]

[à l'image d'une mite, espèce minuscule (7-10mm) qui peut faire s'écrouler un immense édifice en grignotant sa base.
=> Ce qui semble insignifiant (ex: nos paroles) peut faire des dégâts considérables.]

"Et lorsque celui qui a l'écoulement verra cesser son écoulement, il comptera lui-même 7 jours ...
Le Cohen obtiendra pour lui la réparation devant Hachem, de son écoulement." (Métsora 15,13-15)

-> La paracha Métsora se termine en détaillant les étapes nécessaires pour un zaz (celui qui est affligé d'un écoulement de matière séminale ["zaz" : masculin, et "zaza" : féminin, avec tout ce qui est lié aux lois de pureté familiale]).

Ces 3 versets disent :
- 1er étape = verset 13 : "lorsque celui qui a l'écoulement verra cesser son écoulement, il comptera pour lui-même 7 jours à partir de cette interruption, puis il lavera ses vêtements et immergera sa chair dans l'eau vive, et il deviendra pur."
- 2e étape = verset 14 : "le 8e jour, il prendra pour lui-même 2 tourterelles ou 2 jeunes colombes et il viendra devant Hachem ..."
- 3e étape = verset 15 : "Les Cohen les fera, l'un comme offrande de faute et l'autre comme offrande d'élévation, et le Cohen obtiendra pour lui la réparation devant Hachem, de son écoulement ".

-> Rabbi Guershon Henoch de Radzin fait remarquer qu'il y a des similitudes entre ces 3 versets et le processus de purification des juifs lorsqu'ils sont sortis d'Egypte.

Il y a 49 mots dans ces versets, en correspondance avec les 49 jours entre la sortie d'Egypte et le don de la Torah à Shavouot, durant lesquels les juifs sont passés du 49e niveau d'impureté au 49e niveau de pureté, se purifiant totalement jour après jour.
A l'image du zaz, chaque année pendant la période du Omer (49 jours entre la fin de Yom Tov de Pessa'h et Shavouot), nous travaillons à élever notre niveau spirituel.

Par ailleurs, on peut remarquer que :
- le 33e mots de ces 3 versets est : "moéd", qui renvoie à Lag baOmer (le 33e jour du Omer), qui est un jour de moéd (fête) pour les juifs.

- le 29e mot est : "Hachem", en allusion au fait que le 29e jour du Omer est celui de Pessa'h Chéni, et selon le Zohar en ce jour Hachem ouvre les Portes du Ciel.

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-> Le Zav est un homme qui a eu des écoulements anormaux. Les 3 versets (Métsora 15,13-14-15) qui décrivent sa purification, contiennent en tout 49 mots, allusion aux 49 jours du Omer, qui s'étendent de Pessa'h à Shavouot. Ainsi, la Torah fait allusion que cette période du Omer est également une période de purification et de progression spirituelle, à l'image du Zav qui doit se purifier.
La Torah dit ici que la purification du Zav dure 7 jours, allusion aux 7 semaines de purification du Omer. Et si c'est l'impureté des écoulements qui est la référence pour la période du Omer, c'est que cette période est propice pour se repentir et corriger les fautes commises par la Brit, telle que la faute d'entraîner des écoulements, D. préserve.
[Pardes Yossef]