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Il le reconnut et dit : "C'est le manteau de mon fils ; une bête sauvage l'a dévoré, Yossef a été déchiqueté" (Vayéchev 37,33)

-> Rachi commente : "Les frères de Yossef ont lancé une interdiction, maudissant quiconque révélerait que Yossef était vivant, et ils ont même fait d'Hachem un associé de l'interdiction".

=> Comment les frères ont-ils pu interdire à Hachem de révéler leur vente de Yossef?
La réponse est que les frères n'ont pas réellement tenté d'imposer un interdit à Hachem. Ils ont plutôt inclus Hachem dans le quorum de 10 qui est nécessaire pour la mise en œuvre d'un interdit. [midrach Tan'houma - Vayéchev]
Réouven n'était pas présent à ce moment-là, et sans lui, les frères n'étaient que neuf. Hachem est omniprésent, et en tant que tel, Sa présence peut être prise en compte dans le quorum.
Le midrach (Pirké déRabbi Eliézer 38) l'explique clairement : "Les frères firent remarquer que Réouven n'était pas là et qu'une interdiction ne pouvait être mise en œuvre avec moins de 10 personnes. Que firent-ils? Ils ont inclus le Makom avec eux". Le midrach se réfère à Hachem en tant que
"Makom", le lieu, parce qu'Il est omniprésent.

Bien qu'Hachem ait été inclus dans le quorum, permettant aux frères de mettre en œuvre l'interdiction, cela ne garantissait pas qu'Hachem ne révélerait pas que Yossef était vivant. Après tout, leur interdiction n'était contraignante que pour la chair et le sang, et non pour Hachem.
Néanmoins, Hachem choisit de respecter l'interdiction, comme le relate le midrach (Tan'houma 2) : " Hachem s'est tu à cause de l'interdiction, et Il ne l'a pas révélé [le secret de la vie de Yossef] à Yaakov".
Bien qu'Hachem ait choisi de ne pas révéler la vente de Yossef à Yaakov, Il l'a révélée à Its'hak et à Binyamin. Après tout, l'interdiction ne portait que sur la vente de Yossef à Yaakov, mais pas à d'autres.
Its'hak et Binyamin n'ont pas révélé l'affaire à Yaakov, parce qu'ils ont compris intuitivement que la volonté d'Hachem était que Yaakov n'en soit pas informé.
[d'après le Maharal - Gour Aryé Vayéchev 37,35]

Trouver grâce auprès d’Hachem et autrui

+ Bénéficier de la faveur d'Hachem :

"Hachem était avec Yossef, Il lui attira la bienveillance et Il lui fit trouver grâce aux yeux du chef de la prison" (Vayéchev 39,21)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch explique qu'Hachem est la source de tous les plaisirs et de toutes les faveurs. Tout ce qui concerne Hachem est agréable et plaisant.
Si Hachem choisit de faire reposer Sa Ché'hina sur une personne, alors tout le monde appréciera la compagnie de cette personne parce qu'ils apprécient la Présence d'Hachem qui réside sur cette personne.
Il n'y a pas de don spécial de "faveur", dès que la Ché'hina d'Hachem repose sur une personne, le résultat automatique est qu'elle trouve grâce aux yeux des gens qui apprécient la Présence d'Hachem parmi eux.

-> Le 'Hafets 'Haïm affirme qu'avoir de bonnes midot est la clé de l'attachement avec Hachem.
Pour qu'une personne se connecte avec Hachem, elle doit imiter les midot d'Hachem, qui sont purement d'aider et de donner aux autres.
Les bonnes midot transforment une personne en un récipient capable d'accepter la sainteté de la Ché'hina d'Hachem. Le résultat naturel est que, béni par la présence d'Hachem, il trouvera grâce aux yeux de tous ceux qui le verront.

-> Ceci explique le v erset : "Hachem accorde sa faveur aux humbles" (Michlé 3,34).
L'humilité est la racine de tous les bonnes midot, et plus que toute autre chose, elle permet à une personne d'obtenir la faveur.
À l'inverse, une personne orgueilleuse est décrite comme une abomination pour Hachem (Michlé 16,5) et Hachem dit à propos d'une telle personne : "Elle et moi ne pouvons pas résider ensemble dans le monde" (Sotah 5a).
De plus, nos Sages disent que même la famille d'une personne orgueilleuse déteste sa présence. Il est à l'opposé d'une personne humble qui, grâce à ses bonnes midot, mérite d'être aimée de tous.

Ce concept explique également pourquoi l'étude de la Torah est une raison de gagner la faveur des autres. [voir le Gaon de Vilna sur Michlé 3,18]
En effet, l'étude de la Torah est la plus grande connexion possible avec Hachem, ce qui a pour conséquence naturelle que les autres apprécient la compagnie de cette personne en raison de la Ché'hina qui repose sur elle en vertu de son étude de la Torah.

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+ Trouver grâce aux yeux d'Hachem :

-> Bien que la Torah atteste que Noa'h était un tsadik, la guémara (Sanhédrin 108a) nous apprend qu'il était à l'origine inclus dans le décret d'anéantissement avec le reste de l'humanité dans le Déluge (Maboul). Cependant, il a été épargné parce qu'il "a trouvé grâce aux yeux d'Hachem".

-> La guémara ne mentionne pas ce qu'il a fait pour trouver grâce aux yeux d'Hachem. Cependant, le Séfer 'Harédim (66:75) révèle le secret.
La racine du mot Noa'h (נח), signifie "agréable" ou "calme". Telle était l'essence de Noa'h : il était agréable dans ses paroles et ses actions, et traitant les autres avec un degré remarquable d'amabilité et d'attention.
Le Séfer 'Harédim conclut que quelqu'un qui veut trouver grâce aux yeux d'Hachem doit faire de même.

-> Ceci est en accord avec Rabbénou Yona qui écrit (sur Michlé 3,4) que quelqu'un qui a des midot tovot trouvera grâce aux yeux d'Hachem.
L'histoire de Noa'h nous apprend qu'un tsadik peut être sauvé d'une condamnation à mort grâce à son excellence dans ses relations avec autrui (ben adam la'havéro).

-> Il faut ajouter que Rabbénou Yona et le Gaon de Vilna (sur Michlé 3,4) écrivent tous deux que la récompense pour l'accomplissement du 'hessed est de trouver grâce aux yeux d'Hachem.
Nos Sages nous parlent du 'hessed exceptionnel que Noa'h a accompli avec tous les animaux dans l'Arche pour l'année du Déluge. Il n'est pas étonnant que Noa'h, avec son comportement agréable et son 'hessed incessant, ait mérité la plus élevée des récompenses : la faveur et la grâce aux yeux d'Hachem, qui conduisent à la protection et au succès, même dans les pires moments.

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-> La prière de quelqu'un qui fait du 'hessed sera certainement et immédiatement exaucée.
Une telle personne, qui trouve grâce aux yeux d'Hachem et sur qui Hachem veut répandre toutes Ses bénédictions, a la garantie que si elle a besoin d'aide, elle peut compter sur Hachem pour lui donner rapidement tout ce qu'elle désire, en récompense du fait qu'elle est devenue un véritable baal 'hessed, marchant dans les voies d'Hachem.
['Hafets 'Haïm - Ahavat 'Hessed - pt.2, ch.6 - citant un midrach au nom de Rabbi Akiva ]

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+ Trouver grâce aux yeux d'autrui :

-> De la même manière, une personne peut trouver grâce aux yeux des autres.
Le verset de la Méguilat Esther (2,16) nous dit qu'Esther, l'héroïne de l'histoire de Pourim, a trouvé grâce aux yeux de tous ceux qu'elle a rencontrés.
Quel était son secret qui lui permettait d'être aimée de tous?

Le Méam Loez (sur Esther 2,16) explique :
"Esther aimait tous les gens comme s'ils étaient de son propre pays. Elle les aimait tellement que c'était comme si elle avait grandi dans leur maison. Même si elle était la reine, elle a agi avec une extrême humilité et leur a parlé comme si elle n'était pas la reine.
Elle s'informait du bien-être de chacun et se montrait amicale avec tous. Lorsque les gens voyaient son caractère exemplaire, elle trouvait grâce à leurs yeux".

-> Il est intéressant de noter que l'autre héros de l'histoire de Pourim, Mordé'hai, possédait également un caractère incroyablement attentionné. Le Méam Loez (sur Esther 2,16) écrit qu'il s'est élevé à la grandeur "parce qu'il aimait chaque juif et partageait leurs difficultés".
Lorsqu'Esther fut emmenée vivre dans le palais d'A'hachvéroch, Mordé'hai craignait qu'elle ne se sente seule et abandonnée. C'est pourquoi, pendant 5 années consécutives, il se rendit chaque jour au palais pour lui rendre visite, l'encourager et lui montrer qu'elle n'était pas seule.

Le dévouement de Mordé'haï au bien-être émotionnel d'Esther lui a permis de mériter d'être à l'origine du miracle de Pourim. En effet, la Méguilat Esther (10,3) se termine par les mots "Mordekhaï ... était grand parmi les juifs, recherchait le bien de son peuple et se préoccupait de toute sa postérité".
Le Gaon de Vilna explique qu'il s'agit d'une référence à la perfection dans les bonnes midot. Mordé'haï a reçu l'accolade de "grand parmi les juifs" parce qu'il a atteint la grandeur dans le midot et dans ses relations avec autrui (ben adam la'havéro).

Yossef épousa finalement Potifar

"Elle (Potifar) le saisit par son vêtement" (Vayéchev 39,12)

-> Rabbi Shlomo Kluger écrit concernant l'épreuve de Yossef :
"Elle le saisit par son vêtement" (Vayéchev 39,12) = c'est-à-dire qu'elle lui saisit le vêtement au bout duquel il y avait des tsitsit. Or, tant que Yossef portait ses tsitsit, elle ne pouvait pas avoir d'emprise sur lui car les 4 coins de son vêtement le rappelaient à l'ordre constamment et c'est le sens de la suite du verset : "Il abandonna son vêtement dans sa main, s'enfuit et sortit dehors".
En effet, tant qu'il portait ses tsitsit, il n'était pas contraint de fuir car la mitsva le protégeait.
Par contre, une fois ses tsitsit enlevés, Yossef sut qu'il ne pourrait plus tenir devant l'épreuve et c'est pourquoi il prit la fuite.

-> La guémara (Ména'hot 44a) nous enseigne :
"Rabbi Natan explique qu'il existe une mitsva dont la récompense n'est pas donnée dans ce monde ici-bas et dont on ignore sa récompense dans le monde futur.
On raconte l'histoire d'un homme très pieux qui était très méticuleux dans l'accomplissement de la mitsva des tsitsit.
Un jour cet homme fut durement éprouvé par une femme non-juive. Juste avant de succomber à son mauvais penchant, il reçut une aide providentielle : ses quatre 1sitsit lui fouettèrent le visage. Il se ressaisit avec vigueur. La femme lui demanda quelle était la raison de son refus.
Il répondit : "Hachem notre D. nous a ordonné de réaliser la mitsva de porter des tsitsit, au sujet de laquelle il est écrit à 2 reprises : "Je suis Hachem votre D." (Chéla'h Lé'ha 15,41). Une première fois, pour nous avertir qu'à l'avenir, nous devrons Lui rendre des comptes et une seconde fois pour nous annoncer qu'à l'avenir, Il nous paiera notre récompense.
A présent, j'ai 4 témoins qui me sont apparus!" [Il s'agit des quatre tsitsit qui lui sont apparus pour lui rappeler que s'il fautait, il devrait rendre des comptes devant Hachem]

La femme fut subjuguée par la sainteté de cet homme et elle lui dit : "Je ne te laisserai pas partir tant que tu ne me révèles pas ton nom, celui de ta ville, de ton Rav et du bet hamidrach dans lequel tu étudies la Torah!"
Il inscrit ces informations sur un papier et lui remit dans la main. Elle se leva et divisa sa richesse en trois : un tiers pour la royauté, un tiers pour les pauvres et un tiers quelle prit avec elle.
Elle se rendit au bet hamidrach de Rabbi 'Hiya et raconta au Sage toute l'histoire qui s'était passée avec son élève. Elle lui expliqua qu'elle désirait ardemment se convertir. Rabbi 'Hiya comprit que sa démarche était sincère et au nom du Ciel. Il organisa leur mariage selon la loi de Moché et d'Israël.
Il déclara à son élève : "Pour avoir refusé de t'unir dans l'interdit, tu bénéficies aujourd'hui de cette union en toute légitimité. Voici ta récompense dans ce monde ici-bas. En ce qui concerne ta récompense dans le monde à Venir, l'œil ne peut la voir"."

-> Rabbi Natan Shapira écrit que les Sages du Talmud voulurent nous enseigner à travers cette histoire que la mitsva des tsitsit est une ségoula particulièrement efficace pour protéger l'homme de ses envies corporelles, comme il est écrit : "Vous le ferez, et vous n'irez pas d'après vos cœurs et d'après vos yeux à cause desquels vous vous prostituez" (Chéla'h Lé'ha 15,39).
Les tsitsit aident l'homme à accomplir toute la Torah mais le protègent également contre ses pulsions qui l'entraînent à commettre des transgressions.

-> Le Arizal (séfer haLikoutim - Vayéchev) nous dévoile que cet élève qui fut fouetté par ses tsitsit et qui fut préservé de la faute n'était autre que la réincarnation de Yossef Hatsadik.
Tandis que cette femme non juive était le guilgoul de la femme de Potifar.

-> Il est expliqué dans le midrach (Béréchit rabba 85,2), au sujet de la femme de Potifar, que son intention était dirigée au Nom du Ciel : "Rabbi Yéhochoua ben Lévi enseigne qu'elle vit dans les astres qu'elle aurait une descendance avec Yossef, mais elle ne sut pas réellement si elle proviendrait d'elle ou de sa fille."
Finalement, Yossef se maria avec sa fille adoptive Osnat et de cette union naquirent Ménaché et Efraïm.

Hachem organisa la destinée de telle manière que la femme de Potifar se réincarna en cette femme non juive qui mit la réincarnation (guilgoul) de Yossef à l'épreuve.
Cette fois-ci, il réussit à faire face à son épreuve et à son mauvais penchant grâce au mérite des tsitsit qui ne le quittèrent pas.
Quant à elle, son intention initiale ayant été léchem chamayim, elle fut réincarnée en cette convertie et épousa le guilgoul de Yossef.
Elle vit effectivement dans les astres qu'un jour elle aurait une descendance avec Yossef et c'est le sod (secret) de la fin du passage talmudique que nous avons rapporté: "Pour avoir refusé de t'unir dans l'interdit" = durant l'épreuve de ta réincarnation précédente en Yossef "tu bénéficies aujourd'hui de cette union en toute légitimité" (guémara Ména'hot 44a).

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On peut citer :

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chmirat haLachon) écrit :
"D'après le sens simple de la Torah, nous pouvons déduire que le fait de regarder ses tsitsit développe le zèle dans les commandements d'Hachem. Ils nous préservent d'aller d'après nos yeux. Puisqu'il en est ainsi, il est bon de les regarder plusieurs fois par jour et particulièrement lorsqu'il nous vient à l'esprit une mauvaise pensée ou toute sorte de colère, il sera très bon de les regarder. Alors le mauvais penchant diminuera."

-> Le Bné Yissa'har (Réguel Yéchara) enseigne : "Celui qui est dominé par le mauvais œil, que D. nous en préserve, doit regarder ses tsitsit."

-> Le 'Hida (Dvach Léfi) écrit au nom du Arizal : "Les tsitsit protègent du mauvais œil et des forces de touma (impureté)."

-> La source de ces enseignements se trouve dans le Zohar (Chéla'h Lé'ha 163b) : "L'homme qui se vêtit d'un tsitsit. le mauvais penchant n'a pas la capacité de lui nuire avec le mauvais œil."

"Il les vit qu'ils étaient attristés" (Vayéchev 40,6)

-> Cela faisait déjà dix années que Yossef séjournait en prison, où la vie était très pénible pour lui. Sans compter la souffrance atroce d'avoir été arraché de sa famille. Et voilà qu'un matin, à peine avait il jeté un regard sur ces 2 compagnons de cellule, il avait déjà constaté qu'ils étaient plus triste que d'habitude.
On peut bien-sûr imaginer qu'ils étaient habitués à se sentir démoralisés car ils étaient eux-aussi en prison. Et malgré tout, Yossef constata un léger changement par rapport à l'habitude, ils étaient un peu plus accablés que d'ordinaire. Et Yossef, malgré ses souffrances et épreuves personnelles, il avait tout de suite constaté cette baisse d'humeur. Et chercha de suite à les aider.

Le rabbi de Loubavitch apprend de là l'importance de porter un intérêt à son prochain. Il s'agit tout d'abord d'être capable de remarquer sa joie, sa peine, sa contrariété, sa gêne ... Puis de chercher à l'aider pour le sortir de sa détresse. Et ce, même si on se trouve déjà soi-même dans une situation difficile, comme ce fut le cas pour Yossef.

Porter un intérêt à son prochain est très apprécié d'Hachem et Il le récompense grandement pour cette attitude. Comme on a pu constater que suite à cet intérêt que Yossef porta à ses compagnons de cellule, les événements se sont enchaînés pour déboucher finalement sur le fait que Yossef se retrouva à interpréter les rêves de Pharaon et, de ce fait, fut promulgué vice roi d'Egypte.
Pour s'être intéressé à son entourage, la récompense finit par venir et il mérita que les choses tournent en sa faveur à un niveau inimaginable. Toute sa réussite finale n'a été possible que parce qu'au début, il a su porter de l'intérêt à son prochain, malgré sa détresse personnelle.
Cela montre bien que le fait d'aider son prochain et lui porter de l'intérêt malgré ses propres soucis, est une attitude très appréciée d'Hachem et qui a la force d'éveiller la Bonté Divine et d'attirer Ses Bénédictions, pour nous libérer de nos problèmes au delà de ce que nous pourrions imaginer.

La libération de Yossef, lorsqu'on le tira de sa geôle et qu'on le nomma vice-roi, ne fut rendu possible que parce qu'il s'enquit du bien-être moral du maître-échanson et du maître-panetier et leur demanda : "Pourquoi vos visages sont-ils tristes aujourd'hui?", afin de leur donner du courage.
Cela pour nous enseigner qu'un mot de bienveillance possède la force de sauver sa propre vie et celle des autres et de mériter d'accéder au trône.
[d'après nos Sages]

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+ Vayéchev : le salaire inimaginable d'un petit acte de bonté :

-> Vers la fin de la paracha, Yossef se trouve dans une situation désespérée, après 10 ans de prison ferme, sans libération en perspective. À ce moment, un épisode prend place, au cours duquel il est appelé à interpréter les rêves des ministres de Pharaon. C’est le début de son élévation soudaine au poste de vice-roi sur toute l’Égypte.

Le verset marquant le point de départ dans ce renversement de la situation de Yossef peut facilement passer inaperçu : après leurs rêves respectifs, les 2 ministres étaient bouleversés, car ils n’en comprenaient pas le sens. En voyant leur mine défaite, Yossef demanda : "Pourquoi semblez-vous abattus aujourd’hui?" (Vayéchev 40,7).

Cette question apparemment sans importance, entraîna l’interprétation des rêves puis la libération de Yossef et son ascension fulgurante au pouvoir.
=> Ainsi, si Yossef ne leur avait pas demandé la raison de leur désarroi, ils ne se seraient probablement jamais confiés à lui et cette formidable opportunité de liberté aurait été manquée.

Ce petite preuve de prévenance de la part de Yossef peut paraître insignifiante, mais elle est en réalité remarquable, vue la situation dans laquelle il se trouvait à ce moment-là : il avait vécu dans des conditions épouvantables pendant 10 ans, sans espoir réel de libération. Il aurait été compréhensible qu’il soit complètement absorbé par sa propre situation et ne remarque pas l’expression du visage des personnes qui l’entouraient.
Qui plus est, il avait pour tâche de servir les 2 ministres qui étaient des personnalités importantes en Egypte ; ceux-ci le considéraient certainement comme un subalterne et ne lui prêtaient absolument aucune attention.
Pourtant, il mit ces éléments de côté et se soucia de leurs visages déprimés.

Nous sommes tentés de vivre notre vie, absorbés par nos propres soucis, au point de ne pas remarquer les besoins des autres. L’un des moyens de devenir un véritable baal ‘hessed est de passer outre nos intérêts personnels et d’être attentif au monde qui nous entoure. Parfois, cela demande de faire des concessions, et de mettre notre bien-être de côté, en faveur de celui des autres.

L’exemple le plus remarquable se trouve un peu plus tôt, dans la paracha, lorsque Tamar est emmenée au bûcher. Elle avait toutes les chances d’avoir la vie sauve en révélant que les objets qu’elle détenait appartenaient à Yéhouda.
Néanmoins, elle se soucia davantage de la gêne que cela aurait causé à Yéhouda si elle l’avait fait et garda donc le silence (Vayéchev 38,25).
La guemara (Baba Metsia 58b) déduit de cet incident qu’il vaut mieux se laisser mourir plutôt que de mettre quelqu’un dans l’embarras.
Rabbénou Yona (commentaire sur Pirké Avot 3,15) et Tossefot (guémara Sotah 10b) affirment que telle est la halakha (loi juive)! Cela nous enseigne que nous avons parfois l’obligation de donner priorité aux sentiments d’autrui plutôt qu’aux nôtres.

Les guedolim (grandes figures en Torah) incarnent parfaitement cette capacité à réduire à néant leurs propres besoins, tout en se concentrant sur ceux des autres.

Par exemple, le rav Moché Feinstein fut conduit en voiture par un étudiant de sa yéchiva. Alors qu’il entrait dans le véhicule, celui-ci ferma la porte sur les doigts du rav, qui resta malgré tout silencieux, comme si rien ne s’était passé. Un spectateur abasourdi lui demanda pourquoi il n’avait pas hurlé de douleur. Le rav répondit que le jeune homme aurait certainement été très gêné de lui avoir fait mal ; rav Moché se contint et garda le silence.
[le rav préféra ignorer ses propres sentiments pour éviter de la peine à son frère juif! ]

Ce n’est pas seulement dans les moments difficiles que nous devons prêter attention à autrui.
Le rav Aharon Kotler alla dire aurevoir à son beau-père, le rav Isser Zalman Meltser, en compagnie de son fils, le rav Shnéor avant de quitter la terre d'Israël pour le mariage de celui-ci. Le rav Isser Zalman s’arrêta au milieu des escaliers en les raccompagnant, au lieu de les escorter jusqu’à l’extérieur de la maison.
Ils lui en demandèrent la raison et il expliqua : "Plusieurs de mes voisins ont des petits-enfants qui furent tués par les nazis. Comment puis-je sortir et enlacer mon petit-fils, affichant ma joie en public, alors que ces gens ne peuvent en faire autant!"

=> Ces démonstrations exceptionnelles d’altruisme peuvent être source d’inspiration pour nous.
Souvent, nous pouvons dominer notre égocentrisme et prendre conscience de ce dont l’autre a besoin.
Lorsque nous marchons dans la rue, nous avons tendance à être plongés dans nos pensées, mais il vaudrait la peine de prêter attention aux personnes qui nous entourent ; il se peut que quelqu’un porte une lourde charge [morale] et aimerait qu’on lui prête main-forte.

Parfois, bien que ne ressentant ni joie, ni tristesse particulière, nous avons tendance à rester dans notre "petit monde" ...
Or, nombreux sont les actes de prévenance pouvant illuminer la vie des gens.
Nous apprenons de Yossef qu’il est impossible de savoir quelles seront les conséquences d’une bonne action.
L'Alter de Slabodka disait que l’on ne peut pas non plus imaginer le salaire que nous recevrons pour un petit acte de 'hessed (bonté).

[compilation personnelle issue du rav Yehonatan Geffen]

Parvenir à accepter avec amour les difficultés

+++ Parvenir à accepter avec amour les difficultés / souffrances :

"Yaakov déchira sa tunique, se vêtit d'un cilice et prit le deuil pour son fils pendant de nombreux jours" (Vayéchev 37,34)

-> Le midrach (Béréchit rabba 84,20) commente :
Puisque Yaakov se revêtit d'un cilice, celui-ci ne quittera pas ses fils et sa descendance ...
"Mordé'haï se couvrit de cilice et de cendre" à l'époque d'Assuérus lorsque Haman le racha décréta de tuer et d'anéantir tout le peuple d'Hachem (Méguilat Esther 4,1).

-> Le 'Hatam Sofer explique :
Le travail de l'homme dans ce monde est de parvenir à accepter les épreuves qu'il subit avec amour et joie en sachant que grâce elles, il se purifie et se rapproche de son Créateur.
Et c'est précisément cette joie qui le sortira finalement des souffrances et de l'obscurité vers la lumière.
De fait, Yaakov avait toujours accepté les vicissitudes de l'existence avec joie : Essav, Lavan, Dina, ... jusqu'à ce qu'advienne l'épreuve de vérité de Yossef.
Dans celle-ci, le yétser ara frappa Yaakov sans pitié. En effet, ce dernier savait que tout son monde futur dépendait de cela, comme l'enseigne Rachi (Vayéchev 37,35) : "Hachem avait transmis un signe à Yaakov selon lequel si aucun de ses fils ne mourait de son vivant, il pouvait être assuré de ne pas contempler le Guéhinam."
Il ne put alors supporter cette souffrance et versa des larmes amères en se couvrant d'un cilice.

C'est à cause de cela que sa descendance, elle non plus, ne fut pas toujours capable de surmonter la crainte face au poids des épreuves, et que les juifs au cours des générations durent se revêtir également d'un cilice et prendre le deuil face à l'adversité.
Mais en réalité, c'est cela qui est demandé à chaque juif : accepter avec amour les difficultés en sachant que la moindre épreuve supportée en silence vaut plus que plusieurs prières.

-> Le 'Hatam Sofer explique d'après cela que la raison pour laquelle Esther organisa un festin à l'intention du roi et de Haman, était d'exprimer par cela sa joie à l'égard d'Hachem et sa confiance dans le fait que la délivrance était proche.

Confiance en soi & l’orgueil de la sainteté

+++ Confiance en soi & l'orgueil de la sainteté :

"Elle le saisit par son vêtement ... Il laissa son habit dans sa main, s'enfuit et sortir au dehors" (Vayéchev 39,12)

-> Le terme "bévigdo" (son vêtement - בְּבִגְדוֹ), signifie également : une rébellion, une révolte.
Le Beit Avraham explique que la femme de Potiphar a essayé de convaincre Yossef qu'il était un rebelle envers Hachem, et qu'ainsi c'était normal d'en venir à fauter.

-> "Ne sois pas un racha à tes yeux" (al té'i racha bifné atsmé'ha - Pirké Avot 2,13)
Le Rambam commente : "Ne te considère pas comme un racha, car si tu te considères comme étant de faible valeur, alors tu ne donneras pas d'importance au fait de fauter."
[de même que je suis un nul, alors c'est normal que je fasse des actes nuls (fautes)!]

-> "Il n'y a personne qui soit plus grand que moi dans cette maison" (Vayéchev 39,9)
Le rabbi de Kobrin explique que Yossef se disait : "Je suis la plus grande personne au monde. Il n'y a personne de plus grand que moi".
Grâce à ses pensées d'encouragement, il a été capable de surmonter son yétser ara.
[lorsque le yétser ara essaie de nous convaincre à fauter, nous devons lui déclarer : "Je suis très distant de la faute. Je fait partie des tsadikim d'Hachem (au regard des capacités que D. m'a donné). A chaque bonne action j'apporte un plaisir énorme à Hachem. Comment puis-je fauter!"
On appelle ça de l'orgueil de la sainteté (gaava déKédoucha)]

-> "A l’époque qui précédera l’arrivée du machia’h, l’effronterie grandira" (guémara Sota 49b)
Le Sfat Emet explique qu'avant que le machia'h ne vienne, les gens seront effrontés en disant : "Je sui un tsadik! Je suis spécial!"
[Grâce à cette orgueil, cette fierté, nous pouvons conquérir notre yétser ara.]

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-> "Afin de faire savoir à l'homme Sa Puissance" (Téhilim 145,12)

Le Yessod haAvoda le commente en disant que cela se réfère à l'homme lui-même : il lui incombe de se faire savoir à lui-même que des forces extraordinaires sont enfouies en lui, et tout son travail est de les dévoiler et de les exploiter.

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-> "Yaakov aimait Yossef plus que tous ses fils ... et il lui fit une tunique de fine laine" (Vayéchev 37,3)

La guémara (Shabbath 10b) nous enseigne que le traitement de faveur que Yossef a reçu de son père Yaakov, a entraîné que ses frères deviennent jaloux de lui, ce qui les a menés à le vendre comme esclave, causant finalement la descente des juifs en Egypte et le fait qu’ils y deviennent esclaves.

=> Pourquoi Yaakov a-t-il donné la tunique à Yossef?

Nos maîtres du moussar expliquent que c'était afin d'élever l'estime de soi de Yossef.
Il est fort probable que Yossef a subi des épreuves beaucoup plus difficiles que ses frères. Il a vécu parmi les non-juifs pendant de nombreuses années, d'abord en tant qu'esclave et ensuite comme premier ministre.
Rachi écrit : "Yossef, qui était devenu roi après avoir été emmené en captivité parmi les non juifs, s’était néanmoins maintenu dans sa piété" (Vayé'hi 47,31)
Ainsi, si Yossef a pu réussir à passer de difficiles épreuves, tout en restant un tsadik, c'est grâce à l'honneur qu'il a pu recevoir avec son vêtement unique.
[si je suis si grand aux yeux de mon père, je me dois de lui faire honneur en agissant avec grandeur!]

-> Rachi (v.37,3) écrit : les 4 lettres qui composent le mot passim (à rayures – פַּסִּים) préfigurent les malheurs qui atteindront Yossef : Potifar (pé), les marchands (so’harim – samé’h), les Yichmaélim (youd) et les Midyanim (mèm).
Nos maîtres du moussar expliquent que cette tunique à rayures (passim) fait allusion aux 4 fois où Yossef a été vendues, car le but de la tunique était d'augmenter la confiance en soi de Yossef afin qu'il puisse surmonter ces difficiles épreuves.

-> La pire chose que peut nous faire le yétser ara est de nous faire oublier que nous sommes le fils d'Hachem (ben chel Mélé'h).
[rabbi Shlomo de Karlin]

[la plus grande arme du yétser ara est de nous persuader que nous n'avons pas tant de valeur spirituelle que cela. (en ce sens, il nous dit : soit humble, ne te considère pas comme quelqu'un d'important)
Nous devons avoir une confiance en soi spirituelle afin de pouvoir avoir du répondant à notre yétser ara.
(l'orgueil de la sainteté : gaava déKédoucha)]

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-> Le Chem miChmouël (Yitro 5675) écrit qu'un des défauts principaux de l'homme est qu'il ne reconnaît pas sa valeur et son importance, car s'il appréciait qui il est et reconnaissait ses capacités et son potentiel, il n'en viendrait jamais à fauter.
En effet, nos Sages disent : "Ne sois pas un racha à tes yeux" (Pirké Avot 2,13).

-> Le rav Tsadok haCohen (Tsidkat haTsadik 154) enseigne : "de même qu'une personne doit croire en Hachem, de même elle doit croire en elle-même".
Le 'Hazon Ich (Séfer Emouna ouBita'hon 4,12) ajoute que des sentiments de petitesse sont comparables à une porte qui ferme l'entrée du service d'Hachem (avodat Hachem).
[l'humilité c'est d'abord avoir conscience de notre grandeur, de nos qualités/capacités, afin de les employer au mieux, et ensuite reconnaître que tout cela ne vient que grâce à Hachem.
Le yétser ara nous fait inverser les choses sous couvert d'humilité : je crois être humble en me considérant comme quelqu'un de petit, donc je n'ai pas une responsabilité importante de faire beaucoup de choses spirituelles, et donc mon service d'Hachem est au rabais par rapport à ce qu'il devrait et aurait pu être.]

-> Le rav Aharon Kotler (michnat rav Aharon - vol.1) écrit que le plus une personne reconnaît sa propre valeur, le plus facile il lui sera de surmonter son yétser ara et réaliser son potentiel.

-> Le rav Yérou'ham Lévovitz (Yalkout Méchiv Néfech) enseigne que c'est problématique lorsqu'une personne ne reconnaît pas ses défauts, mais cela est encore bien pire lorsqu'une personne ne reconnaît pas ses forces/qualités.

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-> Selon la michna (Sanhédrin 4,5), chaque personne doit se dire : "l'univers tout entier a été créé pour moi".
Nos Sages (guémara Sanhédrin 100a) enseigne que la mesure de bienfaisance d'Hachem est beaucoup plus grande que Sa mesure de punition.

=> Ainsi, de même que l'on peut voir qu'en appuyant sur un bouton on peut détruire la vie de tous les habitants du monde (arme nucléaire surpuissante), de même on doit se persuader que les forces positives sont beaucoup plus puissantes que cela. Si on peut détruire, c'est qu'on peut construire bien davantage!
En ce sens, on doit imaginer l'impact, la puissance, d'une de nos prières, mot de Torah, mitsva, ... [dont l'impact reste en plus de façon éternel]

[le monde est créé pour nous, qui pouvons tant l'impacter positivement, alors comment ne pas se voir sous un angle très positif! ]

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-> Le 'Hidouché haRim rapporte à ce propos le midrach (rabba 84,5) : "Yaakov demeura ..." = Rabbi 'Hounia enseigne : cela ressemble à quelqu'un qui allait en chemin et qui aperçut une horde de chiens. Pris de frayeur, il alla s'asseoir parmi eux.
De même, lorsque Yaakov vit Essav et ses généraux, il eut peur d'eux et alla demeurer parmi eux."

=> Comment comprendre ce commentaire? S'il eut peur d'eux, pourquoi alla-t-il précisément demeurer parmi parmi eux et ne changea-t-il pas d'endroit?

Le 'Hidouché haRim explique que Yaakov savait avec une foi parfaite que l'homme ne peut aller contre Hachem car c'est Lui le Créateur qui dirige le monde entier et gouverne chaque chose.
Néanmoins, il lui restait une seule solution : se renforcer dans sa émouna ce qui aurait pour effet d'adoucir l'épreuve et même de l'annuler.
C'est pourquoi lorsque Yaakov vit tous les généraux d'armée, il ne prit pas la fuite mais alla sereinement se placer parmi eux comme quelqu'un qui irait de plein gré s'asseoir au milieu des chiens sans aucune crainte.
Grâce à ce comportement, il fut préservé de Essav et de son armée qui symbolisent le yétser ara et ses épreuves, et fonda ainsi le peuple d'Israël.

[dans notre vie, tout peut nous pousser à désespérer. C'est là que nous devons faire preuve d'orgueil, et proclamer fortement notre émouna. (ex: tu sais qui je suis, mon papa Hachem peut tout, Il gère absolument tout pour mon bien, Il est remplie de bontés à mon égard et Il m'aime plus que tout! Certes l'avions de ma vie passe des turbulences, mais c'est mon papa, le meilleur, qui est au commande, alors je n'ai pas peur!
La joie s'obtient en s'élevant de notre état présent, en étant fier de mettre Hachem devant nos difficultés.
Notre yétser ara veut réduire la lumière de notre vie pour nous pousser à fauter, nous devons l'allumer en s'enorgueillant de notre sainteté par le fait que nous avons une partie Divine (l'âme) en nous!]

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-> Le Sfat Emet (petit-fils du 'Hidouché haRim) enseigne :
"Il me semble que grâce au fait que Yossef accepta l'humiliation que lui firent subir ses frères lorsqu'ils le dévêtirent de sa tunique, sans émettre le moindre soupçon sur la conduite d'Hachem, confiant qu’il s’agissait d’un bienfait, il mérita ensuite l’aide Divine qui lui donna la force de subir l'affront entraîné par sa fuite de devant la femme de Potiphar (en laissant son habit entre ses mains), tout cela en l'honneur d'Hachem.
Tous ces détails mentionnés par la Torah nous enseignent à accepter avec joie et amour la manière dont Hachem dirige les évènements, en sachant que Ses voies sont insondables."

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-> Les souffrances, que ce soit sur notre corps ou bien avec de l'argent, expient toutes les fautes, et grâce à elles nous ne serons pas punis dans le monde à venir, où les punitions sont beaucoup plus importantes.
[Michna Broura]

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-> Il est intéressant de noter que la non appréciation de la valeur de chaque juif a été l'erreur tragique de Kora'h : http://todahm.com/2022/08/07/lerreur-de-korah-la-non-appreciation-de-la-valeur-de-chaque-juif

-> b'h, également : Savoir donner toute sa valeur à notre Service d'Hachem : http://todahm.com/2022/08/07/savoir-donner-toute-sa-valeur-a-notre-service-dhachem

-> mais aussi : l'estime de soi et la guéoula : le 3°/ des divré Torah : http://todahm.com/2022/08/10/quelques-enseignements-lies-a-la-destruction-du-temple

+ Notre matriarche Sarah descendit en Egypte et s'est préservée de l'immoralité. Ainsi, par son mérite, toutes les femmes se sont préservées [par la suite en Egypte].
Yossef descendit en Egypte et s'est préservé de l'immoralité, ainsi tout Israël, par son mérite, s'est préservé de l'immoralité.
Rabbi 'Haya bar Aba a enseigné : "Cela valait la peine qu'il se préserve de l'immoralité, car c'est par son mérite qu'Israël a été délivré".
[midrach Vayikra rabba 32,5]

-> Le rabbi Pin'has Friedman commente :
Grâce à l'épreuve avec la femme de Potiphar, Yossef a vaincu son mauvais penchant, et a préparé la voie à toutes les générations.
Il a permis aux Bné Israël de se préserver en Egypte dans la pureté et de ne pas se mélanger avec les égyptiens.
Grâce à cela, les Bné Israël se protégeront de toute immoralité afin de mériter la difficile délivrance d'Egypte.
Yossef a transmis cette capacité de se préserver, non seulement aux générations qui se trouvaient en Egypte, mais à toutes les générations jusqu'à la fin des temps, tout comme Avraham nous a légué l'attribut de bonté, jusqu'à aujourd'hui.

-> Selon le Zohar (Vayikra 4,14) : "Rabbi Its'hak a enseigné : il est écrit : "Le premier-né de son taureau, à lui revient la majesté!"
Parce que Yossef a protégé la brit de l'alliance kadoch et n'a pas fauté avec la femme de son maître, l'attribut du taureau a mérité d'être sur le Char Céleste Divin (Merkava)".

Yossef – l’homme le plus joyeux selon le Tana’h

+++ Yossef - l'homme le plus joyeux selon le Tana'h :

"Hachem était avec Yossef, et il fut un homme de réussite, et il demeura dans la maison de son maître égyptien" (Vayéchev 39,2)

-> "La Présence Divine ne réside que dans la joie"
[guémara Shabbath 30b]

-> Le Ktav Sofer (Téchouva Ora'h 'Haïm 27) explique que si quelqu'un est [intérieurement] triste, cela signifie qu'il ne croit pas que tout est pour le bien [puisque rien ne peut arriver sans l'accord de Hachem].
Et par le fait de ne pas croire à cela, alors nous ne méritons pas que Hachem reste avec nous.
[en n'acceptant pas avec joie ce qui nous arrive, c'est que nous pensons que D. ne fait pas parfaitement les choses, qu'Il ne maîtrise pas tout, et on en vient à vouloir l'aider par nos conseils (Hachem tu devrais me donner ça, faire plutôt ceci).
Hachem réside en nous là où on lui laisse de la place. Or, par nature nous avons un égo qui prend beaucoup de place. Ainsi, plus nous faisons preuve d'un bita'hon, qui génère de la joie, plus nous permettons à Hachem de résider en nous.]

Yossef était toujours joyeux. En effet, puisque le verset affirme que : "Hachem était avec Yossef", et que la Présence Divine ne serait pas avec Yossef s'il n'était pas joyeux.
=> Comment a-t-il pu rester constamment heureux alors qu'il était loin de sa famille, esclave isolé parmi les égyptiens?

Le Ktav Sofer répond que la réponse se trouve dans notre verset : "il fut un homme de réussite" (vayéhi ich matslia'h) = Yossef était heureux car pour lui sa vie était constamment au top, puisque selon la volonté de D.
Yossef est la seule personne dans le Tana'h, qui est appelée : "ich matslia'h" (un homme qui réussissait).

Le midrach traduit : "ich matslia'h" (איש מצליח) par : "une personne qui danse" (גבר קפוז).
Yossef était toujours en train de danser et il était rempli de joie.
Selon le Ktav Sofer, Yossef a atteint cette attitude positive car en toute circonstance, il considérait qu'il vivait une vie où tout ce qui lui arrivait n'était que du positif, que de la réussite.
[par exemple, toutes les épreuves qu’il endurait provenaient d'Hachem et eu final elles ne peuvent être que bénéfiques, il les accepta avec amour et joie. ]

Ainsi la vie est une question de perspective. Pour une même situation, une personne verra tout en noir, et une autre n'y verra que du bien.
Yossef aurait très bien pu s'apitoyer sur son sort (ne manquant pas de raisons pour cela!), mais il a plutôt décidé de se focaliser sur tout le positif que peut lui apporter la vie.
Il appréciait tout ce qu'il avait (la vie, la santé, des biens, ...), se considérant combler de bontés par Hachem.
Même esclave en Egypte, à ses yeux pleins de émouna, tout n'était que réussite, que du pur kif!

-> "Quel est le riche? C’est celui qui est heureux de ce qu’il possède" (Pirké Avot 4,1)
Pour un juif, le classement des personnes les plus riches du monde se fait en fonction de l’intensité de joie que l’on ressent avec ce que l’on a.
Yossef en était l'homme le plus riche, au point que c'est le seul à être appelé : "une personne qui danse [de joie]".

Selon le Sfat Emet : "heureux de ce qu’il possède" s'applique également dans le domaine de la spiritualité.
Bien que nous luttons pour atteindre des niveaux élevés, nous devons nous réjouir et considérer positivement ce que nous avons déjà pu atteindre.
[plutôt que d'être immobile à s'apitoyer sur son sort, sur ce qui nous manque, nous sommes heureux et fier de ce que nous avons déjà, et cela constitue l'énergie pour aller de l'avant!]

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-> "Tu aimeras Hachem, ton D." (véaavta ét Hachem Eloké'ha - Vaét'hanan 6,5)
Nos Sages (Sifri 32) explique que cela signifie : afin que votre coeur ne soit pas en désaccord avec Hachem (chélo yéé libé'ha 'halouk al aMakom), cela signifie que nous ne devons jamais sentir que Hachem nous maltraite. Il nous a mis dans notre situation actuelle pour notre bénéfice, et nous devons l'aimer pour cela.

-> Le midrach (Chir haChirim rabba 1,1) commente que Yossef méritait d'être libéré de la prison égyptienne parce qu'il a servi Potiphar correctement pendant tout le temps où il a été son esclave.
La question se pose : était-ce le seul mérite que Yossef avait grâce auquel il a obtenu sa liberté? Après tout, il était "Yossef haTsadik", un homme juste qui a résisté à l'épreuve de la femme de Potiphar. Qu'y avait-il de si spécial dans le service à Potiphar?

Le Sfat Emet (cité par le Sifté Tsadik - maamaré Pessa'h 35) explique que le midrach se réfère à l'état de bonheur de Yossef alors qu'il servait Potiphar, à quel point il accepté son sort sans se plaindre à Hachem.
Pour faire son travail avec bonheur/joie, il faut beaucoup de émouna. En agissant ainsi, Yossef est devenu digne d'être libéré de la prison et d'être nommé vice-roi d'Egypte.

Selon le rav Ashear, nous apprenons également de ce midrach que nous ne voyons pas toujours les résultats de nos actions immédiatement, mais Hachem récompense chacun pour ses actions au bon moment.
Yossef a été récompensé pour sa foi, mais cette récompense est venue 12 ans après avoir servi dans la maison de Potiphar.
Nous devons nous entraîner à croire que tout est pour le mieux, et cet état d'esprit nous apportera le bonheur et nous rendra dignes d'avoir la Présence Divine avec nous, ce qui nous apportera alors encore plus de réussite/bénédictions.

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-> "Hachem était avec Yossef et il fut un homme qui réussit" (Vayéchev 39,2)

-> Le Chaaré Sim'ha commente :
Le sens simple est que la réussite de Yossef lui vint du fait qu'Hachem était avec lui. Mais, on peut apporter une autre explication à ce verset. En effet, en général, c'est surtout quand une personne rencontre des épreuves et des difficultés, qu'il se met à se tourner vers Hachem et Le prie pour qu'Il le sorte de sa détresse.
Mais quand tout va bien et qu'il récolte des réussites, alors souvent, on oublie le Créateur et on se laisse séduire par l'erreur de penser que sa réussite vient de son intelligence et de sa force.
Mais les tsadikim ne se comportent pas ainsi. "Hachem était avec Yossef" = celui-ci pensait à Hachem et se tournait continuellement vers Lui, même quand "il fut un homme qui réussit".
Sa réussite ne lui fit pas oublier Hachem.
[Yossef mettait toujours Hachem dans sa vie, en face de lui, et c'est pour cela qu'il était heureux, qu'il "fut un homme qui réussit".]

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+ "Le maître de Yossef le prit et le mit dans la prison, l'endroit où sont détenus les prisonniers du roi, et il resta là-bas, dans la prison" (Vayéchev 39,20)

-> "l'endroit où sont détenus les prisonniers du roi, et il resta là-bas, dans la prison"
Les mots : "là-bas" semblent superflus.
Les commentateurs expliquent que "il resta là-bas dans la prison", signifie : Yossef était là-bas de tout son cœur et de toute son âme. Il a accepté le décret d'Hachem avec joie.
Il était persuadé que c'était pour son bien ultime.
[rav Elimélé'h Biderman]

-> Le Kédouchat Lévi enseigne :
"Yossef aurait pu faire quelque chose pour se sortir de la prison, mais il n'a rien fait.
En effet, il avait confiance en Hachem que tout est pour le bien."
[puisque tout ne vient qu'avec l'accord d'Hachem, alors tout n'est que bien pour moi]

-> Le Sfat Emet écrit :
Yossef était extrêmement intelligent et également riche, puisqu'il disposait des biens de Potiphar ("Tout ce qu'il a, il l'a placé dans ma main" - v.39,8).
S'il le voulait, il aurait pu trouver un moyen de s'échapper de la prison. Cependant, il était persuadé que son emprisonnement était la volonté d'Hachem, et c'est pourquoi il y est resté et n'a pas essayé d'en sortir ...
Partout où Hachem désire envoyer un homme, c’est pour qu’il y accomplisse une certaine mission et Sa volonté ...
Il est écrit : "Il demeura là-bas dans la prison" (v.39,20) à savoir qu'il y resta de son plein gré.
Yossef accepta tout avec amour, convaincu que telle était la volonté d'Hachem. Et c’est le mérite de cette émouna qui le fit sortir de prison avant terme.

-> Rabbi Tsadok Hacohen de Lublin (Pri Tsadik Mikets, 5) explique que la dernière nuit qu'il passa en prison, Yossef fit un examen de conscience et en conclut que ses actions étaient à l'origine de son emprisonnement (selon son niveau). Il en fut tellement peiné qu'il s'en trouva presque découragé. Sur le champ, il se reprit, renforça sa confiance en Hachem et retrouva espoir.
Grâce à cela, il mérita de sortir de prison et d'être promu vice-roi.

"Où est la prostituée qui se trouve entre les sources sur le chemin?" (Vayéchev 38,21)

-> Ce verset peut être expliquée d'un point de vue de moral. Les termes que l'on a traduit par "entre les sources" se disent dans la Torah : "ba'énayim" (בעינים), qui signifie littéralement : "dans les yeux".

Dès lors, ce verset peut se lire ainsi :
"Où est la prostituée?" = c'est-à-dire, où se situe la cause première et essentielle de la débauche?
A cela vient la réponse : "Elle est ''dans les yeux'' sur le chemin!" = c'est-à-dire que quand un homme laisse ses yeux regarder tout ce qui se présente devant lui sur son chemin, dans la rue, alors il renforcera par là son mauvais penchant.
C'est alors que grandira en lui le penchant de la débauche. Comme le disent nos Sages : "L’œil voit, et le cœur convoite et désire".
[le Pshvorsker Rebbe - rav Yaacov Leizer]