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Tou biChevat

+ Tou biChevat :

-> Nous sommes comparés à un arbre comme il est dit : "car l'homme est un arbre des champs" (ki adam ets assadé - Choftim 20,19).
Le Maharal ('Hidouché Aggadot - Nida 25) explique ainsi ce verset comparant l’homme à un arbre. La tête correspond aux racines, les pieds et les mains aux branches. L’homme est donc un arbre à l‘envers, sa racine étant dans le monde céleste, son esprit, connecté aux cieux, relevant des sphères suprêmes. Si les racines terrestres assurent la croissance de l’arbre, il en va de même pour celles célestes de l'hommes.

Au milieu de l’hiver, les arbres semblent sans vie. Nous savons tous que c’est durant cette saison qu’une nouvelle vie se profile dans les arbres qui se révèlera à partir de Chevat.
Il en va de même pour nous. Notre Avodat Hachem traverse parfois un "hiver" difficile, mais cette période recèle un potentiel de régénérescence.

-> Tou biChevat, marque le renouveau des arbres, c'est le Roch Hachana la'Ilanot (guémara Roch Hachana 2a).
Par ailleurs, la Torah "est un arbre de vie" (éts 'haïm hi - Michlé 3,18).
[de fait, c’est au mois de Chevat que Moché commença à expliciter la Torah à la fin des 40 ans (Début de Dévarim 1:3,5).]

Le Avné Nézer explique que les fruits de l'homme sont ses 'hidouché Torah, ses idées et enseignements originaux de Torah.
De même qu’à Tou biChevat, la sève monte à l’intérieur de l’arbre, permettant une nouvelle production de fruits, de même, il y a un renouveau de 'hidouché Torah en chaque juif.
En fait, le Avné Nézer était capable de percevoir une différence dans sa Torah avant et après Tou biChevat, sentant une amélioration dans ses 'hidouché Torah, à un niveau plus élevé que le reste de l’année.

Le Erets Tsvi ajoute que puisque l’arbre est une métaphore de l’homme (ki adam ets assadé) le principal Roch Hachana (le renouveau essentiel) de Tou biChevat porte sur les ’hidouché Torah et non sur les fruits matériels des arbres réels.
[en ce sens : on doit davantage s'y délecter de belles paroles de la Torah que de beaux fruits. ]

-> Rachi (Bé'houkotaï 26,4) commentant : "l'arbre du champ donnera son fruit" (vé'éts assadé yiten pir'yo), dit que cela se réfère aux אילני סרק (ilané cérak) = Des arbres non fruitiers (arbres stériles), mais qui un jour à l'avenir donneront des fruits.
C'est aussi une allusion aux hommes comparés aux arbres : les juifs qui sont tels des אילני סרק porteront à terme des beaux fruits, des beaux 'hidouché Torah.
Rabbi Moché Wolfson souligne que ועץ השדה יתן פריו (vé'éts assadé yiten pir'yo) a une valeur numérique de 1 236, la même que חמשה עשר בשבט (le 15 Chevat - Tou biChevat).

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-> La Torah "est un arbre de vie" (éts 'haïm hi - Michlé 3,18).
Le frère du Gaon de Vilna, Rabbénou Avraham (au début de son séfer Maalot HaTorah) écrit :
un arbre est une seule entité se ramifiant en de nombreuses branches qui elles-mêmes fructifient, les fruits étant à leur tour composés de diverses parties avec de nombreux pépins. Chacun, une fois semé, peut reproduire un arbre entier. Cela signifie que chaque graine porte en elle un potentiel de tout un nouvel arbre.
La même chose est vraie pour les mitsvot, fruits de l’arbre de la Torah. Chaque mitsva est une entité distincte mais chacune contient l’essence de toute la Torah, le "code" spirituel de l’Arbre de vie.
Ainsi, toutes les mitsvot sont inextricablement interconnectées au point qu’un aspect d’une certaine mitsva peut être lié et représentatif d’une autre.
On peut comprendre cela avec la comparaison au corps humain formé de plusieurs membres et organes avec chacun leur fonction spécifique. Néanmoins, chaque partie du corps partagent le même ADN.
Idem pour chaque mitsva qui renferme l’ "ADN" de la Torah qui unifie tous les commandements.

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-> On trouve une allusion au 15 Chevat dans le verset : chiveté-Ya édout lé'Israël, léodot léchem Hachem (שִׁבְטֵי-יָהּ עֵדוּת לְיִשְׂרָאֵל לְהֹדוֹת לְשֵׁם יְהוָה - Téhilim 122,4) = les tribus d’Hachem sont une témoignage pour Israël qui loue le Nom d’Hachem.
Le terme שִׁבְטֵי est une allusion à : שבט (chévet - tribu), et יָהּ a une guématria de 15, allusion au 15 Chevat. En ce jour, nous remercions Hachem en disant une bénédiction sur les fruits. [voir le Toldot Its'hak]

=> le verset peut se lire ainsi : le 15 Chevat est un témoignage pour que les juifs louent le Nom d'Hachem [ex: par les bénédictions et l'appréciation des beautés des fruits en goût, visuellement, par l'odorat, ... de la nature, témoins d'à quel point Hachem nous chouchoute constamment! ].

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-> Le Birkat Shalom explique que la tête doit être interprétée comme la racine. Les branches poussent à partir de la racine, mais chaque branche pousse en fonction de la racine d’où elle provient : d’une racine de pommier, il ne poussera pas une branche d’oranger …
De même pour l’homme : son service divin - la racine - est ce qui fixe les résultats. Tou Bichvat est un jour où il est souhaitable d’explorer le but pour lequel Hachem nous a créés dans Son monde, méditer pour voir si nous sommes dans la bonne voie pour réaliser ce but, et prier pour réussir à mener à bien la finalité pour laquelle nous avons été créés.

[on doit avoir sa tête dans le monde à Venir, et s'imaginer quels fruits, arbres, nous souhaitons avoir pour l'éternité. Et en fonction, nous devons avoir un travail spirituel et des racines adéquates dans ce monde. On récoltera ce qu'on aura semé dans l'effort selon la volonté d'Hachem. ]

-> L’arbre ne pousse pas en un jour. Au départ, c’est une petite pousse, puis il se développe de plus en plus. Après de nombreux labeurs, les fruits poussent. Même principe pour l’homme : observe tes petits progrès, vérifie que le mauvais penchant ne te pousse pas au désespoir, cela prend du temps.

-> Tou biChevat est le jour où la terre Israël renouvelle ses forces pour produire de bonnes cultures est un jour joyeux pour le peuple juif qui l’attend avec impatience. [Séfer Hatodaa]
Réfléchissons brièvement à quel pays merveilleux et excellent nous avons eu droit! Retenons combien de mitsvot sacrées dépendent de la terre d’Israël, réjouissons-nous et remercions pour le merveilleux cadeau offert par Hachem.

-> Tout comme l’arbre qui donne des fruits sans contrepartie, il en va de même du juif : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" sans recevoir de profit, c’est un don désintéressé. Observons comment nous donnons. Recherchons et mettons en valeur les beaux fruits de nos actions.

-> Le Imré ‘Haïm écrit dans son ouvrage que, le 15 Cehvat, il faut prier pour les fruits, et les "fruits" est une allusion aux enfants.
Prions pour avoir de bons enfants, dotés d’amour, de crainte divine, de bonté et de compassion …

Il ne faut pas faire honte à ce qui existe, car tout a été formé avec la sagesse divine.
Ainsi, on ne doit pas déraciner une plante sans but, ni tuer une créature vivante sans raison.
[Ramak - Tomer Devorah chap.3]

"On pourrait se demander : pourquoi le monde a-t-il été créé avec des couleurs si vives et une telle variété de fruits et d'aliments? Il est certain qu'un monde en noir et blanc, avec du pain et de l'eau pour nous nourrir, aurait été suffisant.
La réponse est qu'Hachem a créé le monde en couleur avec toute une variété d'aliments simplement pour le rendre agréable pour l'humanité.
Et puisque le peuple juif est obligé de suivre les voies d'Hachem, il a la responsabilité de rendre la vie des autres plus agréable par tous les moyens possibles."
[rav Yaakov Naiman - Darké Moussar]

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[ainsi, à Tou biChevat nous multiplions les beaux fruits (avec des couleurs, des formes, des odeurs, des goûts ... différents). Cela doit nous générer une gratitude envers Hachem qui nous chouchoute tellement, et cela doit également nous pousser à vouloir prendre davantage soin d'autrui.
Tous les juifs ne sont qu'un sur l'arbre généalogique remontant à Avraham, et nous devons donc désirer et se réjouir du bonheur d'un autre juif (qui est comme nous un fruit de cet arbre). ]

"La guémara (Roch Hachana 8a) détaille les 4 différents Roch Hachana (nouvelle année) que le peuple juif célèbre tout au long de l'année : 1) la nouvelle année civile (en Tichri), 2) les arbres (en Chevat), 3) le décompte des Yamim Tovim et des royaumes (en Nissan), 4) la dîme du bétail (en Elloul).
Le fait même qu'ils s'appellent tous Roch Hachana doit nous rappeler que chacun d'entre eux est une nouvelle occasion de prendre un nouveau départ."
[Gaon de Vilna]

Tou biChevat = un renouveau spirituel

+ Tou biChevat = un renouveau spirituel :

-> "Il y a 4 jours de 'Roch Hachana ... Le premier Chevat est le nouvel an des arbres selon Beit Chamaï ... Beth Hillel disent : c'est le 15 du mois" [guémara Roch Hachana 2a]

-> "Les Bné Israël sont comparés à un arbre... [plus particulièrement] ceux qui peinent dans [l'étude de] la Torah"
[Zohar - Raya Méhémna - Michpatim 121a]

-> Le 'Hidouché haRim (Likouté HaRim sur Tou biChevat) dit que tous les 'hidouchim qui seront découverts pendant toute l'année descendent du ciel à Tou biChevat.
Une déclaration semblable figure dans Chéélot Outechouvot Erets Tsvi (vol.2 p.345) : "Le nouvel an des arbres concerne principalement les 'hidouché Torah."

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=> Cela est surprenant. Logiquement, l'époque de renouveau des étudiants de la Torah ne devrait-elle pas être la fête de Shavouot, jour où D. juge le monde en ce qui concerne l'étude de la Torah?

-> Comme l'enseigne le Chlah (Massékhèt Chevouot, pérèk nèr mitsva 19) :
"De même qu'à Roch Hachana, Hachem désire examiner et juger les actes de l'homme ... le jour du don de la Torah, qui témoigne de la création du monde, Il désire examiner et juger le monde pour ses actes ... Le monde est jugé ce jour-là en ce qui concerne la Torah et les mitsvot qui furent données en ce jour".

-> Le rav Chakh a dit :
"De même qu'à Roch Hachana, toutes les créatures passent devant D. pour être jugées, à Shavouot, le jour du don de la Torah, un bilan est dressé pour les efforts que nous avons fourni pour la Torah.
C'est en fonction de ces efforts que la cour céleste nous accorde la réussite en Torah pour l'année en cours."

-> De même, selon le rav Yéhouda Zev Segal :
"Shavouot est exactement comme Yom Kippour. C'est le jour de jugement de l'étude de la Torah.
Une personne doit corriger ses défauts de caractère afin que la Torah puisse résider en lui."

-> "Pendant la fête de Shavouot, nous sommes jugés sur les fruits de l’arbre" [guémara Roch Hachana 16a]

Le Chlah haKadoch de commenter :
"Ces fruits-là sont en fait les âmes qui s’envolent de l’arbre de D.
Le monde est jugé en ce jour sur la Torah qui lui a été donné ce même jour et qu’il s’est abstenu d’étudier. [qu’avons-nous fait des capacités et des opportunités de Torah que nous avons pu avoir l’année écoulée?]
[…]
Le jugement auquel D. procède lors de la fête de Shavouot ne concerne pas seulement la Torah elle-même, c’est-à-dire de décider quelle perception de la Torah aura chacun de nous, mais aussi quels seront les moyens qui nous permettrons de l’étudier.
[…]
Cette nuit [de Shavouot] est une occasion pour mériter une bonne vie sans aucun dommage tout au long de l’année qui suit.
Et même si à Roch Hachana, on n’aura pas mérité un jugement particulièrement favorable, mais comme moyen pour étudier la Torah, on pourra alors bénéficier de la vie et de toutes bonnes choses."

-> Nos Sages nous enseignent également que Shavouot est le moment où les hidouché Torah arrivent dans le monde.
Le midrach (voir Vayikra Rabba 22,1) dit que toute idée ou interprétation nouvelle que "chaque érudit est destiné à présenter à son Rav jusqu'à la fin de toutes les générations" fut donnée au peuple juif en même temps que la Torah. Shavouot marque aussi la naissance du peuple juif en tant que nation ; c'est à Shavouot que D. dit : "Ce jour, vous êtes devenus un peuple" (Ki Tavo 27,9) ["notre peuple n'est un peuple que par sa Torah" - rav Saadia Gaon] et "Vous serez pour Moi un trésor parmi toutes les nations ... et vous serez. pour Moi un royaume de prêtres et un peuple saint" (Yitro 19,5-6)?

=> Comment concilier cette notion de renouveau de la Torah avec Tou biChevat et Shavouot?

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-> Tout d'abord, il faut rappeler un principe fondamental enseigné par le Ram'hal (Déré'h Hachem IV,7) : dans le calendrier juif, les diverses époques de l'année sont liées à certaines influences spirituelles qui reviennent chaque année à la même époque. De même, un événement qui se produit à une certaine période de l'année peut créer un impact spirituel qui sera "réactualisé" chaque année.
Dans les mots du Ram'hal : "Chaque fois qu'une rectification a eu lieu dans l'histoire ou qu'une grande lumière a brillé, une lumière semblable brillera à nouveau à chaque anniversaire de cet évènement, et les résultats de cette rectification se renouvelleront à l'intérieur de nous ; ... [par exemple] tel est [le lien entre] la fête de Shavouot et le don de la Torah".

-> Le rav David Hofstedter (Darach David) fait le développement suivant :
Chaque année, à Shavouot, nous revivons l'expérience du don de la Torah où nous avons cueilli les fruits de notre développement spirituel, la germination initiale de ces "graines" se produit de nouveau chaque année à Tou biChevat.
C'est ainsi que Tou biChevat représente, à chaque fois, un nouveau début pour le peuple juif, qui est comparé à un arbre, et jette les fondations du renouveau du peuple juif en tant que nation et de détenteur de la Torah.
Comme le dit le Kedouchat Halévi (Likoutim) : "Tou biChevat est la préparation au don de la Torah".

Dans son commentaire (sur Roch Hachana 14a), Rachi explique que le mois de Chevat est une époque où "la plus grande partie de l'hiver est passée, la sève est montée dans les arbres et les fruits commencent à mûrir".
A Tou biChevat, les fruits de l'arbre commencent tout juste à mûrir mais sont encore durs et amers.
[selon la majorité de nos Sages, le bourgeonnement ('hanata) liée à Tou Bichevat fait référence aux premières étapes de développement d'un fruit. ]
Au cours des mois suivants, ils mûrissent lentement jusqu'à Shavouot où ils dégagent parfum doux et agréable. Ainsi, à Shavouot, époque de la récolte, un processus de développement commencé le 15 Chevat atteint son apogée.

Cela peut éventuellement aussi expliquer cet enseignement du Zohar : "Tou biChevat est une époque de renouveau pour ceux qui étudient la Torah", une époque "d'amertume", condition préalable nécessaire pour atteindre la sagesse de la Torah.
En fait, Tou biChevat est la période où les 'hidouché Torah commencent à "mûrir" et Shavouot marque le moment où ils sont prêts à être "cueillis".
Chaque personne peut vivre sa propre réception de la Torah.
Le Sfat Emet (Shavouot - 5635) dit : "Chaque année, le juif reçoit, lors de cette fête, tout ce qu'il est destiné à comprendre et chaque 'hidouch de Torah qu'il est destiné à découvrir".
Ainsi, notre avoda à Tou biChevat est d'accepter avec amour l'amertume qui précède nécessairement notre acquisition de la connaissance de la Torah. [par exemple, en signe de cet amour, le 15 Chevat, il est interdit de jeûner, nous ne faisons pas ta'hanoun.]
[certes l'étude de la Torah est amère et difficile au début, mais si l'homme persévère, D. éclairera sa voie et il goûtera la douceur de la Torah.]
Shavouot est le moment où nous nous réjouissons de l'aboutissement de ce processus et récoltons des "fruits" mûrs ayant commencé à pousser à Tou biChevat.
[d'ailleurs, tous les Tanaim s'accordent à dire qu'il faut se réjouir physiquement à Shavouot (guémara Pessa'him 68b). Rachi explique : "Il faut se réjouir par de la nourriture et de la boisson, afin de montrer que le jour où la Torah fut donnée est agréable pour les Bné Israël". ]

On trouve une indication à cette idée dans la traduction du Targoum Yonathan : "D. lui montra un arbre" = "ilan marir" (un arbre amer).
Comme nous l'avons expliqué, cela fait allusion à l'amertume qui accompagne le début de l'étude de la Torah, une amertume liée à Tou biChevat, le nouvel an des arbres. Là, les fruits de l'arbre sont encore verts et amers, le processus de mûrissement venant seulement de commencer.
Le lien entre Tou biChevat et Shavouot est évident du fait que Shavouot est une époque de jugement pour les fruits de l'arbre (guémara Roch Hachana 16a) ; à Shavouot, Hachem attribue à chacun sa part des fruits qui se sont développés pendant les mois précédents, et détermine de quelle façon chaque personne recevra cette part.

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-> Le Zohar dit : "Les Bné Israël sont comparés à un arbre ... et sont appelés un grand arbre solide, [renfermant] de la nourriture pour tous'. ... Même les anges ne sont nourris que par le mérite des Bné Israël, car si les Bné Israël ne s'investissaient pas dans l'étude de la Torah, [les anges] ne recevraient pas de nourriture ... De même, la Torah est comparée à l'eau ... et l'eau [la pluie] ne descendrait pas d'en haut ... pour faire murir les fruits si ce n'est pour les Bné Israël."
[le sens de ce passage est que : le peuple juif est comparé à un arbre, et les arbres produisent leurs fruits par le mérite des Bné Israël. De même qu'un arbre produit des fruits pour nourrir le monde, les juifs qui étudient la Torah nourrissent le monde. Et de même qu'un arbre produit des fruits lorsque la terre dans laquelle il est planté est arrosée, ceux qui étudient la Torah puisent leur force de la Torah, qui est comparée à l'eau (guémara Bava Kama 17a)]

Sur cette base, nous pouvons comprendre que, de même que le 15 Chevat est une période de développement et de renouveau pour les arbres, c'est un moment de développement et de renouveau pour le peuple juif, parce qu'il fait mûrir les fruits de l'arbre ; comme le Zohar l'indique, c'est par le mérite du peuple juif que la pluie tombe.
Les Bné Israël étant eux-mêmes comparés aux arbres, ToubBiChevat est un moment de renouveau particulier pour ceux qui étudient la Torah car ils sont considérés comme ressemblant le plus aux arbres. Leur Torah fait venir la bénédiction divine sur le monde.

L’arbre – un symbole de la spiritualité

+ L'arbre - un symbole de la spiritualité :

-> Abarbanel (Yé'hezkel 41,22) dit que le mot hébreu désignant l'arbre (ets) provient du terme étsa, qui veut dire conseil.

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-> Le Zohar (Béchala'h, 60a) enseigne : " 'Hachem lui montra un arbre' (Béchala'h 15,25) = il n'est d'arbre que la Torah, comme le dit le verset (Michlé 3,18) : 'C'est un arbre de vie pour ceux qui s'y attachent... Rabbi Abba dit : Il n'est d'arbre que Hachem comme il est dit (Choftim 20,19) : 'Car adam [l'homme] est un arbre du champ'. "'

-> Ce qui caractérise l'arbre, semble-t-il, c'est qu'il possède un "néfech", une force de vie, qui lui donne la capacité de croître.
Sur le verset : "Que la terre fasse pousser de l'herbe" (Béréchit 1,11), le Ramban commente : "[D.] décréta que la terre aurait le pouvoir de faire pousser les choses ... qu'une force qui cause la pousse de la plante émane de la terre. C'est de cette force que tous les divers éléments sont venus à l'existence, et les végétaux et les arbres se développèrent à partir d'eux au Gan Eden, et de ces [mêmes éléments ils poussèrent] dans le [reste du] monde. Tel est le sens du midrach (Béréchit rabba 10,6) : ... 'Il n'est pas de brin d'herbe en bas qui ne possède au ciel un mazal [c'est-à-dire un mala'h, un ange] qui le frappe et lui dise de pousser'."

De plus, l'arbre est la représentation symbolique du processus de transformation d'une force inanimée, physique, en une force vivante liée à la spiritualité. Un arbre pousse lorsque la terre et l'eau, des entités physiques, se mêlent et deviennent les forces qui causent la pousse de l'arbre.
La terre est la partie la plus basse, la plus physique, de la création, visée par la malédiction proférée contre le serpent originel : "Tu mangeras de la terre tous les jours de ta vie" (Béréchit 3,14). La terre joue pourtant aussi un rôle dans la production des arbres, et les arbres peuvent porter des fruits, qui sont parfois utilisés comme offrandes sur l'autel (c'est-à-dire l'huile et le vin) ou offerts à D. en tant que bikourim.
Bien que ces caractéristiques soient partagées par toutes les formes de la vie végétale, l'arbre est le plus important du règne végétal ; c'est pourquoi il fut choisi comme symbole pour désigner l'homme.
[Darach David]

[selon le Rabbi de Loubavitch, le végétal et le minéral contiennent beaucoup plus d'étincelles de vie, de spiritualité, que l'animal. Ainsi, en fêtant Tou biChevat nous nous rappelons, qu'en les consommant avec bénédictions, on peut faire sortir d'eux de la vie spirituelle. (ainsi, l'homme est comparé à un arbre, car de même par ses actions dans la matérialité, ils peuvent extraire de la vie/spiritualité. [c'est un sens de : un arbre de vie/vivant]) ]

-> Cette transformation d'une force physique inanimée en une puissance spirituelle n'est pas un aspect accidentel du fonctionnement du monde mais une composante essentielle de l'ordre du monde, comme l'enseigne le Ram'hal (Messilat Yecharim -chap. 1) :
"Le monde fut créé pour que l'homme l'utilise ... et s'il ... utilise le monde seulement pour l'aider dans son service de son Créateur, il s'élèvera et le monde lui-même s'élèvera avec lui ... A propos de ce principe fondamental, nos Sages nous mettent en garde (midrach Kohélet rabba 7,13) : Lorsque Hachem créa Adam, Il le prit, lui montra tous les arbres du Gan Eden et lui dit : Vois comme Mon œuvre est belle et louable ... Prends garde à ne pas abimer ou détruire Mon monde."

[Hachem montra à Adam tous les arbres du gan Eden, l'arbre étant utilisé comme un symbole du potentiel d'élévation spirituelle de l'homme dans le monde physique. ]

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-> Le Chem miChemouel (sur Tou biChevat) explique pourquoi Tou biChevat est considéré comme une occasion joyeuse (ex: on n'y récite pas de ta'hanoun) et qui marque le "Roch Hachana" de la Torah en particulier et du service spirituel de l'homme en général.
L'arbre relie la terre (le monde physique) à son fruit (la force spirituelle qui nourrit l'homme et les autres créatures vivantes).
"L'homme est un arbre du champ" (Choftim 20,19) peut être interprété ainsi : la nature de l'homme, comme celle de l'arbre, consiste à être le lien entre le spirituel (sa néchama), et le physique (son corps).

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[à l'image d'une graine, d'une plante qui semble de décomposer/mourir, pour à partir de Tou biChevat mieux se développer et devenir une sublime plante, de même un juif semble mourir à la fin de sa vie dans ce monde, mais on doit être persuadé qu'il y a une résurrection des morts.
Nous devons avoir cela en tête pour que nos actions soient plus spirituelles, et également pour avoir un meilleur moral (pourquoi ce prendre la tête/souffrie, car on est que de passage dans ce monde, l'essentiel étant l'éternité de notre monde à venir où nous récolterons ce que nous aurons semé dans ce monde). ]

"A l'avenir, l'homme devra rendre des comptes sur tout ce que ses yeux ont vu et qu'il n'a pas mangé ...
Rabbi Eléazar craignait cet enseignement et faisait l'acquisition de toutes sortes de fruits qu'il mangeait une fois par an."
[guémara Yérouchalmi Kidouchin 48b]

-> Le Pné Moché explique que c'est parce qu'il n'a pas eu l'intention de faire une bénédiction pour louer le Maître de l'univers, qui a créé toutes sortes d'aliments qui permettent à l'homme de vivre. Ceci est considéré comme un manque de reconnaissance du bien que nous prodigue Hachem.

-> Nous pouvons ajouter à ceci les paroles du Arizal (chaar hamitsvot - Ekev) qui explique que le but essentiel de l'alimentation est d'élever les étincelles de sainteté qui se trouvent dans les aliments.

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-> Le Alchikh haKadoch (Nasso 6,7) enseigne :
"Il ne fait aucun doute qu'il incombe à l'homme de tirer profit de toutes les sortes de bons fruits que le Maître du monde créa dans Son univers. Cependant, ceci doit être uniquement dans le but de donner de la vitalité à son âme et non uniquement pour son plaisir corporel.
Par contre dans le cas où l'homme s'inflige un jeûne pour expier ses fautes, cette souffrance doit être exclusivement pour nettoyer son âme par un repentir complet. Dans ce cas, il n'y a aucun doute que Hachem ne considérera pas ceci comme une faute mais seulement comme un acte qui a pour but d'apporter une expiation à ses fautes et sera donc comparable à un sacrifice pour Hachem.
D'après ceci, nous comprenons pourquoi le nazir qui se sanctifie dans le service de son Créateur, porte une couronne de la sainteté sur sa tête car la souffrance qu'il s'inflige a pour but de l'élever dans
la sainteté (kédoucha)."

L’homme = passer du potentiel au réel

+ L'homme = passer du potentiel au réel :

-> À la seule exception de l’homme, tous les aspects de la création naissent complets. Dès le départ, chaque entité existe dans un état de potentiel réalisé. Chaque aspect de la création existe dans son état final et actualisé. Rien ne peut sortir au-delà de sa limite prédéfinie.
Le mot מה (ma) signifie "quoi", et est lié au mot מהות (maout) qui signifie "essence", un mot utilisé pour révéler "ce qu’est" vraiment une chose. Le mot בה (ba) signifie "à l’intérieur" et décrit ce qu’un objet contient déjà.
Le terme בהמה (bééma - qui contient les mots בה et מה) révèle que l’essence d’un animal (son מה) existe déjà en lui (בה ). Un animal "est ce qu’il est" dès le départ et ne peut jamais devenir quelque chose de plus. À partir du moment où un animal vient au monde, son état final est prédéterminé, il n’a aucun potentiel d’actualisation à venir.

Le Maharal commente qu'אדם (Adam - homme) est lié à אדמה (adama - le sol/terre), car il y a un potentiel et une place pour la croissance tout comme avec le sol qui a le potentiel de porter ses fruits.
[rav Yéhochoua Alt]

Tou biChvat

+ Tou biChvat :

-> Tou biChvat (le 15 du mois de Chvat) est le "Nouvel An des arbres" (Roch Hachana la-Ilane)
Rachi commente cette guémara (Roch Hachana 14a) : la majeure partie de la saison des pluies a lieu jusqu’au 15 Chvat et, passée cette date, la sève remonte dans les troncs d’arbres, la verdure repousse et les fruits éclosent.

-> L’appellation exacte "Roch Hachana la-Ilane" (le Nouvel An de l’Arbre [et non "des Arbres"]) indique que ce jour de fête est un jour favorable pour réparer la faute d’Adam Harichone [rabbi Tsadok Hacohen de Lublin - Pri Tsadik], qu’il commit en mangeant le fruit défendu de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, appelé "Ilane" (אִילָן) [voir guémara Bérahot 40a].
La faute d’Adam Harichone entraîna la punition et la malédiction de la Terre, comme il est dit : "Maudite est la Terre à cause de Toi [Adam]" (Béréchit 3,17).
En effet, Rachi explique (sur Béréchit 1,11) : "L’arbre aussi devait avoir le goût du fruit. Mais la Terre a désobéi et elle a fait des 'arbres faisant des fruits' (verset 12), et non pas des arbres qui fussent eux-mêmes des fruits. C’est pourquoi lorsque l’homme sera maudit pour sa faute, la Terre sera elle aussi punie pour cette faute-là, et maudite".
Ainsi, "Tou biChvat" est-il un Jour de jugement : Si le Peuple Juif mérite de parachever "la Réparation de la fin des Temps" : "faire en sorte que l’arbre possède également le goût du fruit : en respectant les Lois relatives à leur plantation" [voir le Ohev Israël sur Kédochim 19,23], alors la vitalité renouvelée des arbres, octroyée du Ciel le jour de "Tou biChvat", sera telle que le tronc et les branches auront également le goût des fruits, réparant de ce fait la faute d’Adam Harichone (et par voie de conséquence, celle de la Terre) [Tsvi laTsadik – Chevat Maamar 2].

-> Nous comprenons que "planter un arbre", selon les règles de la Torah (Lois de "Orla", "Chmita" et "Trouma") contribue à la réalisation du Projet Divin.

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-> Les Kabbalistes révélèrent que Tou biChvat est un jour propice pour réparer la faute d’Adam et 'Hava. En effet, lorsque le premier homme et la première femme furent créés, ils reçurent 2 commandements explicites : manger de tous les arbres du jardin d’Éden d’une part et ne pas manger de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal d’autre part. Hélas, ils mangèrent de ce dernier, et ainsi le premier péché commis en ce monde fut une alimentation inappropriée.
Ce fut à travers ce péché que le yétser hara devint une partie de nous tous, s’efforçant d'entraver jusqu’à aujourd’hui le développement spirituel de chacun.
[cette faute engendra également l'introduction d'une impureté dans le monde]

Le rav Tsadok haCohen explique qu’à notre table de Tou BiChevat, nous rejouons ce que fut la vie d’Adam et 'Hava avant leur péché, lorsqu’ils étaient frugivores. Lorsque nous nous asseyons devant notre table recouverte de fruits de toutes sortes, c’est comme si nous étions revenus au gan Eden et que nous accomplissions l’unique commandement positif explicite que nous avions alors reçu.
Toutefois, une question se pose concernant le commandement négatif de ne pas manger le fruit de l’Arbre de la Connaissance, question d’autant plus pertinente du fait que la plupart des fruits présents à notre table sont soupçonnés être l’espèce de l'arbre défendu : selon différents avis, il s’agissait d’un figuier ou d'une vigne ou encore de blé, ... En fait, il existe une opinion selon laquelle il s’agit de l’arbre défendu pour chacune des 7 espèces de fruits associées à la terre d’Israël, fruits qui sont traditionnellement consommés à Tou biChvat,
En mangeant des fruits à Tou biChvat, agissons-nous comme Adam et 'Hava, en observant le commandement positif tout en transgressant le commandement négatif, et de surcroît en appelant cela une mitsva?

Le rav Tsadok haCohen explique que l’Arbre de la Connaissance était simultanément toutes les 7 espèces et aucune d’entre elles, que l’Arbre de la Connaissance n’était pas une espèce de fruits à l’exclusion des autres, car ce n’était pas une chose, mais une façon d’agir : une façon de manger.
Chaque fois qu’une personne prend du plaisir 'du monde', elle chute spirituellement et c’est comme si elle mangeait de l’Arbre de la Connaissance.
Que signifie "prendre du plaisir "?

Cela signifie se laisser distraire par le plaisir de la consommation (du fruit ou de toute autre chose matérielle) au point d’en oublier notre Créateur. Nous prenons le don et nous nous désintéressons du Donneur.
Lorsque nous mangeons les nombreux fruits associés à l’Arbre de la Connaissance le jour de Tou bichvat, et que nous le faisons avec la conscience de notre Créateur, nous réparons ce qui s’est passé au gan Eden.
Nous avons de plus un outil disponible (et toute l’année!) pour palier à ce manque de conscience du 'Donneur', ce sont les bénédictions que nous récitons sur la nourriture avant et après manger. Elles servent à ancrer notre alimentation dans la conscience du Créateur. Et même si nous sommes distraits par le plaisir inhérent à la nourriture elle-même, nous englobons notre acte dans une conscience qu'Hachem est le Créateur et que c'est Lui le Donneur.
Idéalement, en mastiquant, dégustant et avalant les fruits, il nous faudrait fermer les yeux et rendre sincèrement grâce au Créateur du monde.
[d'après David Aaron & Sarah Schneider]

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-> "Tout au début de la Création du Monde, Hachem a commencé par planter des arbres, ainsi qu’il est écrit : ‘Et D. planta le Jardin d’Eden’.
C’est pourquoi, lorsque vous entrerez dans le Pays d’Israël, votre première occupation devra être la plantation d’arbres".
[midrach Vayikra rabba 25]

-> A tel point que nos Sages enseignent:
"[Rabbi Yo’hanane Ben Zakaï avait l’habitude de dire: ] Si tu as une graine dans ta main et que quelqu’un te prévient que machia’h est là, plante d’abord la graine et, ensuite, sors l’accueillir"
[Avot de Rabbi Nathan (version B - 31)].

-> Ainsi, le signe évident de l’imminence de la fin des Temps (aboutissement du Projet Divin), est-il l’apparition miraculeuse d’arbres fruitiers sur la terre d’Israël à la fin de l’Exil, comme l’enseigne la guémara (Sanhédrin 98a) : "Rabbi Abba a dit : Il n’y a pas de signe de la fin des Temps plus évident ('Kéts Mégoulé' - קץ מגולה) que ce verset : ‘Et vous, montagnes d’Israël, vous donnerez vos branches et vous porterez vos fruits pour Mon Peuple Israël, car ils sont près de revenir’ (Yé'hezkiel 36,8)."
Rachi commente : Lorsque la terre d’Israël donnera ses fruits avec générosité alors la fin des temps sera proche".

Le Maharcha explique qu’une telle apparition [de fruits de toute beauté sur la Terre d’Israël] ne se produira que lorsque le retour des juifs en terre d'Israël sera proche.
Par ailleurs, il précise que le caractère miraculeux de cette apparition sera à l’instar de ce qu’enseigne la guémara (Shabbath 30b) : "Dans les temps futurs, les arbres donneront des fruits tous les jours, car il est dit : ‘Il (un rameau de cèdre) produira des branches et portera des fruits’ (Yé'hezkiel 17,23) : de la même façon qu’un arbre produit des branches tous les jours, il portera tous les jours des fruits".

Dans un autre endroit, le Maharcha commente la dimension surnaturelle du signe de la fin des Temps (attestant à juste titre son caractère "manifeste" - mégoulé - מגולה ) suivant l’enseignement de la guémara (Kétoubot 112b) : "Dans les temps à venir, tous les arbres stériles d’Israël porteront des fruits, car il est dit : ‘Les arbres (même stériles) porteront leurs fruits, le figuier et la vigne donneront leurs richesses’ (Iyov 2, 22)".

-> "L’homme étant un arbre des champs", les "arbres stériles" désignent les ignorants en Torah (la figue et la vigne représentent, selon les avis, le fruit de l’Arbre de la Connaissance, objet de la faute, laquelle étant la source de l’ignorance).
Ainsi, le dévoilement de la Royauté Divine (lors de la Délivrance finale), provoquera un réveil total du Peuple juif à la téchouva.
[d'après le ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada]

"Nous savons qu'avant qu'un fruit ne pousse, il existe déjà dans le patrimoine génétique de l'arbre sur lequel il va se développer.
Il en est de même pour l'homme. Avant de naître, il préexiste dans le patrimoine génétique de son père, plus exactement dans le cerveau de son père.
Puisqu'Avraham était le premier des Patriarches, tout Israël était inclus dans les pensées du cerveau d'Avraham."
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Vayéra 18,19]