Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

La faute d'Adam [a provoqué une descente spirituelle et matérielle vers l'Arbre de la Connaissance].
Le travail principal de l'humanité dans ce monde est de transformer les ténèbres en lumière en élevant [la nature spirituelle de toute la création], [et] en les ramenant à leur origine et à leur source.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Béréchit 3,1-4]

Béréchit – Trois cadeaux spéciaux = le yétser ara, la souffrance et la mort

+ Béréchit - Trois cadeaux spéciaux = le yétser ara, la souffrance et la mort :

Lorsque Hachem achève la création : "Il regarda tout ce qu'Il avait fait, et voici, c'était très bon" (Béréchit 1,31)".
=> Quel besoin y avait-il pour Hachem de déclarer Son œuvre "très bonne"? Etait-il nécessaire qu'Il se félicite Lui-même?
De plus, lorsque Hachem déclare qu'une chose est bonne, cela signifie certainement qu'elle est bonne dans un sens absolu. Si c'est le cas, quelle place y avait-il pour qu'Il ajoute que l'univers dans son ensemble était "très bon" (tov méod)? Qu'est-ce que le mot "très" ajoute ?

-> Le Ramban (Béréchit 1,31) répond que "très bon" est destiné à inclure même les choses qui nous paraissent mauvaises. En fait, ces "mauvaises" choses sont bonnes et nécessaires au monde.
Le Ramban cite le midrach (Béréchit rabba 9:7,8,10), qui propose 3 opinions sur ce à quoi le mot "très" (méod) fait référence, il s'agit : du mauvais penchant, de la souffrance et de la mort.

En effet, beaucoup d'entre nous peuvent trouver ce concept difficile à accepter. Comment une chose mauvaise peut-elle être bonne? Cela ressemble à une contradiction.
Nous allons aborder les points de ce midrach un par un.

1°/ le mauvais penchant (yétser ara) :
Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous pouvons probablement tous convenir que nous glisserions dans la complaisance sans le mauvais penchant. Après tout, qu'est-ce qui nous oblige à lutter et à faire quelque chose de nous-mêmes, si ce n'est le mauvais penchant?
En effet, nos Sages (Baba Batra 16a) enseignent que l'intention du mauvais penchant est pour le bien du Ciel. Il veut nous inciter à travailler plus dur et à ce que nous le vainquions.
Si nous ne devions pas travailler si dur pour surmonter les épreuves qu'il nous lance, nous n'atteindrions pas le niveau élevé que nos efforts nous ont permis d'acquérir.

Le rav Gamliel Rabinovitz disait : "Les gens viennent me voir pour se plaindre de la difficulté qu'ils ont à gérer leur mauvais penchant, et je leur dis : "Votre mauvais penchant est là pour vous forcer à le surmonter et à devenir grand! C'est vraiment un cadeau!"

Même dans l'étude de la Torah, le mauvais penchant joue un rôle important. Nos Sages (Pessa'him 50a) enseignent : "Il faut toujours apprendre la Torah chélo lichma (pour des intérêts personnels), car c'est ainsi que l'on arrivera à apprendre lichma (100% pour Hachem parce qu'il nous l'a demandé)".
Notre premier pas dans la Torah est probablement motivé par des raisons moins que pures, mais nos Sages nous enseignent que ce n'est pas grave.
Nous avons besoin de ce petit coup de pouce fourni par le mauvais penchant pour nous mettre sur la voie qui nous conduira finalement à apprendre pour des raisons pures. Ainsi, le mauvais penchant constitue une étape essentielle sur le chemin de l'étude de la Torah.

2°/ les souffrances :
Le midrach précise également que les mots "très bon" (tov méod) font allusion à la souffrance.
Apparemment, la souffrance n'est pas seulement bonne, elle est très bonne. Comment cela se fait-il?
Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 2,3-4) propose 2 raisons pour lesquelles Hachem envoie la douleur et l'affliction. Tout d'abord, elles nous purifient de nos fautes et nous permettent de devenir purs. Cela nous permet finalement d'acquérir la récompense ultime : le monde à Venir (olam aba).
Deuxièmement, la souffrance peut être envoyée pour nous montrer que nous faisons quelque chose de mal et que nous devons cesser de le faire et nous repentir.

La souffrance est un signe qu'Hachem se soucie de nous. Il nous purifie de nos fautes passées et nous empêche même d'avoir besoin de cette purification en stoppant nos fautes dans leur élan et en nous permettant de nous amender.
[une souffrance dans ce monde équivaut à énormément de souffrances de purification dans le monde à Venir. ]
En effet, lorsque les gens s'adressaient au 'Hazon Ich pour obtenir de l'aide afin de faire face aux souffrances, le 'Hazon Ich leur conseillait souvent de considérer leurs souffrances comme des signes d'amour de la part d'Hachem. Il citait le verset : "Celui qu'Hachem aime, Il le châtie" (Michlé 3,12), et disait : "Considérez vos souffrances de cette manière".
[ex: on est souvent pris par notre train-train quotidien, et une souffrance est une occasion de se rappeler et de se tourner de tout coeur vers papa Hachem.]

3°/ La mort :
Enfin, le midrach mentionne la mort. Pour nous, la mort semble être la pire des choses.
Cependant, Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 2:23) note que la mort est aussi une bonté, car elle nous oblige à faire usage de notre temps. Nous savons qu'il y aura une fin à notre vie et nous sommes donc motivés pour l'accomplir et ne pas la remettre à plus tard.
De plus, le fait de savoir que nous serons confrontés à un jugement final nous motive à nous abstenir de fauter et à améliorer nos actes.

Le Or'hot 'Haïm (32) conseille à une personne de passer du temps chaque jour à penser au jour de la mort et de préparer des provisions pour ce voyage.
Toute personne doit garder à l'esprit qu'elle sera finalement confrontée au tribunal Céleste, et toutes ses actions seront examinées à la loupe. Une personne qui vit de cette façon essaiera toujours de se perfectionner.
[le 'Hafets 'Haïm se désolait qu'on consacre tellement de temps et d'énergie à acquérir des choses dans notre monde éphémère, sans en consacrer à en acquérir pour notre éternité. On doit plus être préoccuper par préparer notre monde à Venir, que notre monde actuel. ]

C'est ainsi que vivaient les guédolé Israël. Ils pensaient toujours à leur jugement final dans l'autre monde et conseillaient aux autres : "Etudiez et accomplissez les mitsvot de la meilleure façon possible. C'est la seule façon de s'assurer que l'on recevra une bonne part dans le monde à Venir."

À la fin de sa vie, le rav Shach était plus âgé et plus faible. Pourtant, il s'efforçait, autant que possible, de poursuivre son programme exigeant d'étude de la Torah et d'enseignement des chiourim (cours). À un moment donné, il s'est senti si faible que sa famille a fait appel à un médecin, qui a effectué une série d'examens. Quelques jours plus tard, le médecin informa la famille que l'état de santé du rav Shach était bon et qu'il n'avait aucun problème médical.
Les proches du rav Shach se sont empressés de lui annoncer la bonne nouvelle, mais ils ont été surpris de voir que le rav Shach ne semblait pas satisfait du rapport du médecin.
"Jusqu'à présent, explique le rav Shach, même si je faisais de mon mieux pour étudier la Torah, je pensais que j'avais une excuse pour dire à la Cour céleste que je n'étais pas bien. Cependant, maintenant que le médecin a déterminé que je suis en bonne santé, que pourrai-je leur dire? S'ils me disent que je ne me suis pas assez appliqué dans l'étude, que pourrai-je dire?"

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=> Puissions-nous utiliser au mieux ces trois bons dons (mauvais penchant, souffrances, mort) pour nous rapprocher d'Hachem.

Béréchit – La faute devient impensable

+ Béréchit - La faute devient impensable :

-> Le Ramban (Béréchit 2,9) écrit que lorsque le monde a été créé, l'existence d'Adam HaRishon était similaire à celle des autres éléments de la création. Son seul désir était d'accomplir le dessein d'Hachem, de la même manière que toutes les espèces animales et végétales, le sol et l'espace existaient pour accomplir la volonté d'Hachem.
Aucun élément de désir physique n'était présent en lui. Le désir de fauter ne s'est éveillé qu'après qu'il eut mangé de l'Arbre de la Connaissance.

=> S'il est vrai qu'Adam n'avait aucun désir de fauter, comment aurait-il pu fauter en premier lieu? Après tout, il ne possédait même pas le mauvais penchant en lui.
De plus, le Ram'hal (Maamar haIkarim) enseigne que le but de la création était de donner à l'homme le pouvoir de choisir. Cela lui permet de se rapprocher d'Hachem ou, à D. ne plaise, de s'en éloigner. Dans ce cas, pourquoi Adam HaRishon a-t-il été créé sans le mauvais penchant, qui est un moyen de réaliser ce but?

-> Le rav Eliyahou Dessler répond à ces questions en se basant sur les paroles du rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm (1,6).
Il explique que lorsque Adam HaRishon a été créé, le mauvais penchant était présent dans le monde. Cependant, il n'était pas présent à l'intérieur d'Adam.
Il est vrai que la nature même d'Adam était d'accomplir la volonté d'Hachem. Néanmoins, il était vulnérable aux influences extérieures. Le mauvais penchant était capable de l'approcher de l'extérieur, et il le fit sous la forme d'un serpent. Face à cette épreuve extérieure, Adam avait la capacité de choisir le bien plutôt que le mal.

Malheureusement, Adam a cédé à la faute. À ce moment-là, le mauvais penchant est devenu une partie de lui. Il avait désormais en lui des forces qui le poussaient à adopter un comportement contraire à la volonté d'Hachem.
Les désirs corporels faisaient désormais partie de sa nature. Il s'agissait d'un changement fondamental dans son identité.
Avant la faute, le corps d'Adam n'était qu'un manteau pour son âme. Désormais, son être était fragmenté, partagé entre des désirs opposés qui étaient tous deux de véritables aspects de sa personnalité.

Depuis l'époque d'Adam, toute l'humanité possède cet état. Le mauvais penchant existe en nous. Nous sommes en perpétuel état de guerre, constamment confrontés à des désirs contradictoires qui nous tirent simultanément vers la sainteté et vers la faute.

Le Ram'hal (Daat Tévounot 126, tel qu'expliqué par le rav 'Haïm Friedlander) affirme que notre tâche est de réparer la faute d'Adam. Nous devons nous efforcer de rapprocher notre propre nature de celle d'Adam dans son état originel, à savoir un désir unique d'accomplir la volonté d'Hachem.

=> Nous avons déjà en nous le mauvais penchant. Comment est-il possible d'éliminer les désirs négatifs?

-> Le rav Eliyahou Dessler explique que chacun d'entre nous vit déjà à un niveau de choix tel que certaines fautes ne représentent plus un défi pour nous.
Prenons l'exemple d'un juif pratiquant qui apprend la Torah autant qu'il le peut, qui prie avec une profonde intention et qui accomplit de nombreux actes de bonté. Pour un tel individu, profaner délibérément le Shabbath n'est pas quelque chose qu'il choisit de ne pas faire. C'est tout à fait impensable et cela ne lui viendrait jamais à l'esprit.
Ainsi, en ce qui concerne la profanation du Chabbath, nous pouvons dire que cet homme est comme Adam HaRishon avant la faute. Il n'a pas de mauvais penchant qui le pousse à faire cela.

En revanche, lorsqu'il s'agit de se laisser aller à des bavardages futiles tout en étudiant la Torah, cet homme est confronté à un défi. En effet, il ne réussit pas toujours à surmonter l'épreuve qui consiste à rester concentré.
Selon le rav Dessler, c'est ce que le Ram'hal voulait dire : un tel homme doit s'efforcer de rendre la notion même de bavardage au milieu d'un séder d'étude aussi impensable pour lui que la notion de profanation du Shabbath. C'est ce qu'on appelle "nous ramener à l'état d'Adam HaRishon avant la faute".

-> Le rav Eliyahou Lopian ajoute une idée importante : si un juif met toute son énergie dans l'étude de la Torah, cela le protège lui-même de la faute, comme le disent nos Sages (Kidouchin 30b) : "J'ai créé le mauvais penchant, et j'ai créé la Torah pour qu'elle lui serve d'épice (Torah tavlin)".
Tout comme une épice fait ressortir le bon goût d'un aliment, l'étude de la Torah met en valeur les bonnes qualités d'un homme, et ce faisant, affaiblit son penchant naturel pour la faute. Même si une certaine faute le tente, le fait de se consacrer à l'étude de la Torah peut faire en sorte que cette faute perde son attrait.
Lentement mais sûrement, l'étude de la Torah affaiblit les fautes au point qu'ils deviennent "impensables" pour nous. Cela nous permet de revenir à l'état d'Adam HaRichon avant la première faute (voir Avot déRabbi Nathan 27:23, comme expliqué par le 'Hida [dans Kissé haRa'hamim]).

-> Le rav 'Haïm Brim conseillait aux gens de se rapprocher le plus possible des tsadikim. Il disait que la Torah qu'ils possèdent peut élever les gens autour d'eux.
Le rav Brim fonde ce concept sur la déclaration des Sages (Yoma 38b) : "Hachem a vu qu'il y aurait très peu de tsadikim. C'est pourquoi Il les a plantés dans chaque génération".
Chaque époque a des tsadikim qui servent d'exemple et nous aident à nous libérer de l'envie de fauter.

Le rav Brim raconte : "Lorsque j'étais en présence du 'Hazon Ich, j'ai vu un être humain qui se comportait comme un ange. Il était clair que les désirs du monde n'avaient aucune prise sur lui. De plus, en présence du 'Hazon Ich, je n'ai pas ressenti le moindre désir de fauter".

Parfois, le simple fait de regarder le visage d'un tsadik fait une profonde impression sur une personne, même si elle est embourbée dans la faute.
Le rav Yé'hezkel Lévenstein se rendit un jour à Tel Aviv. Pendant son séjour, il se fit voler son portefeuille. Un peu plus tard, un homme vint le trouver et lui dit : "Rabbi, je veux vous rendre votre portefeuille. Vous devez savoir que j'avais l'intention de le voler, mais quand j'ai vu la photo sur votre carte d'identité, je n'ai pas pu me résoudre à faire une telle chose."

Béréchit – Combattre le yétser ara

+ Béréchit - Combattre le yétser ara :

-> La paracha Béréchit qui rapporte la faute d'Adam haRichon, nous en apprend beaucoup sur les tactiques utilisées par le yétser ara et sur la manière de les combattre avec succès.
Selon de nombreux commentateurs, le serpent, qui a incité Adam et 'Hava à fauter, symbolise le yétser ara.
Rabbénou Bé'hayé (Béréchit 3,21) explique que le serpent a fait sentir à 'Hava que l'interdiction d'Hachem de manger du fruit de la Connaissance (eits hada'at) l'empêchait injustement d'avoir accès à tout le bien du monde.
Cette approche, ajoute-t-il, est celle qui est le plus souvent utilisée par notre propre yétser ara pour nous inciter à fauter.

Le yétser ara a de nombreux déguisements, mais son but est de nous convaincre que ce qui est bon pour nous est contraire à la volonté d'Hachem.
Et même lorsque le yétser ara ne parvient pas à nous faire agir contre la volonté d'Hachem, nous finissons souvent par faire la volonté d'Hachem à contrecœur, avec le sentiment d'avoir renoncé à quelque chose d'important et de nous résigner à suivre Sa volonté.

En vérité, la meilleure façon de combattre le yétser ara est de reconnaître que, même si nous avons parfois du mal à le comprendre, ce qu'Hachem veut de nous est le but ultime.
Rabbénou Bé'hayé (Béréchit 2,15) explique qu'avant la faute d'Adam haRichon, le plaisir qu'Adam avait dans le Gan Eden était incomparable à tout plaisir que nous pouvons comprendre. Il a perdu ce plaisir insondable parce qu'il a succombé à la prétention du serpent de ce qu'il atteindrait en mangeant du eits hada'at.

Si nous parvenons à intégrer dans notre vie quotidienne la proximité particulière et l'amour d'Hachem que nous avions pendant la période d'Elloul et de Tichri, lorsque nous sentions que la volonté d'Hachem est le bien ultime, nous pouvons réussir à nous protéger de cette tactique et des autres tactiques du yétser ara à l'avenir.
[rav Ariyé Brueckheimer]

Béréchit – revenir à son état initial

+ Béréchit - revenir à son état initial :

-> Nos Sages débattent sur le changement qui s'est produit chez Adam après qu'il a commis la faute.
Selon le Ramban (Béréchit 2,9), avant la faute, Adam était capable de discerner clairement la volonté d'Hachem. Cependant, après la faute, il lui est devenu plus difficile de comprendre ce qu'il était censé faire.
De même, le Rambam (Moré Nevou'him 1,2) explique qu'avant la faute, la différence entre la vérité et le mensonge était facile à voir, alors qu'après la faute, il est devenu plus difficile de faire la différence entre les deux.

Le rav Yérou'ham Lévovitz (Daat 'Hokhmah ouMoussar 85) enseigne que notre avoda est d'essayer d'atteindre l'état d'Adam avant la faute, c'est-à-dire d'être capable de voir clairement quel chemin prendre et quel chemin éviter.
=> Mais comment est-il possible pour nous, qui vivons après la faute d'Adam, d'être à un niveau si élevé que nous ne choisissons que la volonté d'Hachem et ne désirons même pas aller à l'encontre de la volonté d'Hachem?

-> Selon le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.1), il existe 2 méthodes pour atteindre cet objectif.
Tout d'abord, nous devons intérioriser le fait que notre existence dans ce monde n'a pour but que de nous permettre d'acquérir une part dans le monde à Venir, où nous jouirons d'une proximité éternelle avec Hachem. Si nous reconnaissions cela correctement, nous ne voudrions faire que ce qui nous rapproche d'Hachem, et non l'inverse.
Deuxièmement, nous devons reconnaître le jugement indéniable auquel nous serons confrontés pour toute faute que nous commettons. Si nous voyons cela comme une réalité, nous aurons peur de commettre n'importe quelle faute.
En suivant ces lignes directrices, nous parviendrons à reconnaître et à suivre le bon chemin, qui nous conduira à la situation d'Adam avant la faute.

+ "béréchit bara Elokim ét hachamayim vé'éts haarets" = si la première chose que nous faisons dans notre journée est de penser qu'Hachem a créé le monde (qu'à chaque instant tout est recréé et n'existe que parce que D. le permet), alors "vé'haarets hayéta tohou vavohou" = nous n'accorderons pas trop d'importance aux vanités de ce monde.
[rabbi Henoch Alexander]

"Et la Terre n'était que chaos et les ténèbres régnaient sur l'abîme ... D. dit que la lumière soit et la lumière fut" (Béréchit 1,2-3)

-> Rabbi Mordé'haï de Lekhvitch expliquait ainsi ce verset :
lorsque l'homme se trouve dans les ténèbres et qu'il ne perçoit aucune lueur d'espoir, il dira : Hachem que la lumière soit, éclaire-moi de Ta lumière!
Et D. répondra alors à ses suppliques : "Et la lumière fut", et les jours de lumière reviendront alors éclairer son existence.

-> Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Il est inutile de préciser en quoi cela nous concerne : chaque homme dans sa vie traverse maintes circonstances où il a l'impression que son monde est plongé dans les ténèbres. Il se désespère alors en pensant qu'à cause de ses fautes, son avenir est définitivement voué à l'échec. Il se lamente en s'imaginant que sa vie est anéantie.
Qu'il sache alors que ''tel est l'ordre naturel du monde" et qu'il s’arme de patience en ayant confiance en Hachem, car l'aube est sur le point d'éclairer à nouveau son existence.

Le problème est que le yétser ara tente de nous rappeler sans cesse les mauvais souvenirs : "Souviens toi ce que tu as fait. Et surtout n'oublie pas que déjà plusieurs fois, tu as commencé à bien faire et tu as abandonné à chaque fois en cours de route. A quoi cela t'avancera-t-il de recommencer encore une fois?"

L'attitude à adopter face à l'agresseur est avant tout de ne pas regarder en arrière, de ne pas s'appesantir sur ses échecs. La Torah débute par la lettre "bét" (ב) du mot Béréchit et non par la lettre "aléph", la première lettre de l'alphabet, pour nous enseigner que lorsque nous commençons à servir Hachem et à étudier Ses préceptes, il faut imiter la lettre "bét" (ב) qui est fermée de tous les côtés hormis à l'avant et ne regarder que vers l'avenir et non vers les fautes et les échecs passés.
La lettre "bét" (ב) possède en outre une petite excroissance en arrière évoquant la nécessité de ne pas reléguer ces revers entièrement aux oubliettes, mais de les utiliser pour se préserver à l'avenir.
Cette attitude devra toutefois être modérée à l'instar de la taille minuscule de cette excroissance.

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-> Le Sforno (Béréchit 6,7) explique que lorsque Hachem repoussa l'offrande de Caïn, Il lui dit : "Pourquoi ton visage est-il abattu, si tu t'améliores, tu y arriveras" voulant lui signifier que lorsqu'il existe une réparation possible au dommage provoqué, il n'y a pas lieu de se lamenter sur ce qui s'est passé. Mais il faut s'efforcer au contraire d'être tourné vers l'avenir afin d'obtenir cette réparation.

Notre monde est bâti sur la bonté

+++ Notre monde est bâti sur la bonté :

"Au commencement, Elokim créa les cieux et la terre" (Béréchit 1,1)

-> Selon Rachi : "Il n'est pas dit "Hachem créa" (ce qui suggérerait l'attribut Divin de bonté), car Hachem pensa d'abord créer le monde selon l'attribut de rigueur (et c'est pourquoi c'est le Nom Elokim, Nom Divin suggérant la rigueur, qui est utilisé). Il vit alors que le monde ne pourrait subsister, et il fit précéder l'attribut de miséricorde qu'Il associa à la mesure de rigueur. Et c'est ce qui est écrit : "Le jour où Hachem Elokim fit les cieux et la terre." (Béréchit 2,4)"

-> Le Zéra Chimchon pose la question suivante : si Hachem avait créé le monde avec l'attribut de rigueur uniquement, sans lui associer la miséricorde, dès qu'un homme aurait fauté, il aurait été puni immédiatement avec toute la sévérité requise (puisque D. n’aurait pas du tout usé de Son attribut de miséricorde). Dès lors, toutes les autres créatures du monde auraient craint de fauter voyant comment Hachem punit une transgression de Sa volonté, et par crainte de la Justice Divine, tous auraient accompli Sa volonté.
D'après cela, il est très étonnant que nos Sages affirment que le monde ne peut pas subsister uniquement avec l'attribut de rigueur. Car au contraire, c’est cet attribut qui, en faisant craindre à l’homme de fauter et en le poussant à accomplir la volonté Divine, maintient l’existence du monde.
Et, pour reprendre l'expression du Zéra Chimchon : "Si tous avaient été des tsadikim, pourquoi le monde n'aurait-il pas pu subsister?"

Pour y répondre, celui-ci rapporte la première michna des Pirké Avot : "Le monde repose sur 3 choses : sur la Torah, sur le Service, et sur la bienfaisance."
Or, la meilleure façon de prodiguer la bienfaisance est de prendre modèle sur le comportement Divin, comme nos Sages (guémara Shabbat 133b) nous l'enseignent : "Tout comme Il est miséricordieux et fait grâce, toi aussi sois miséricordieux et fais grâce".
Dès lors, en y réfléchissant bien, si Hachem avait dirigé le monde selon la stricte justice, tous auraient pris pour exemple la conduite Divine et se seraient comportés également suivant la mesure de rigueur. Personne n'aurait fait preuve de bienfaisance, personne n'aurait été prêt à renoncer à son droit légitime.
Par conséquent, tous auraient semblé être de grands tsadikim par rapport à Hachem et de grands fauteurs envers autrui. Un tel monde ne mérite pas de subsister, car le monde se maintient grâce à la bienfaisance.
C'est pourquoi Hachem associa à la Création l'attribut de miséricorde afin que chacun apprenne de Lui à se comporter avec miséricorde envers son prochain.

Il est ainsi tout à fait édifiant de constater à quel point Hachem désire que l'homme se comporte avec mansuétude. En effet, Il renonça (si l'on peut dire) à son propre honneur puisqu’en associant la miséricorde à la création, il savait parfaitement que la crainte à Son égard s’en verrait diminuée et le nombre de fauteurs accru.
Malgré tout, cela valait la peine à Ses yeux afin que l'homme apprenne à être bon envers son prochain. Car sans bonté, le monde ne pourrait subsister.
Même si tous se comportaient comme de grands tsadikim concernant leurs devoirs envers Hachem, puisque "le monde est bâti sur la bonté" (olam 'hessed yibané - עולם חסד יבנה - Téhilim 89,3), seul l'attribut de bonté est garant du maintien du monde à l'échelle collective comme au niveau de l'individu.

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-> Le rav Yé'hezkel Abramsky aperçut, une fois, alors qu'il marchait dans la rue, une petite fille qui se tenait au bord du trottoir et se lamentait amèrement en pleurant à chaudes larmes. Il s'approcha d'elle et lui demanda : "Quels sont ces pleurs que j'entends?
Elle répondit : "Ma copine m'a fait honte en disant que ma robe n'était pas belle!"
Le rav Abramsky ajusta ses lunettes et fit semblant de l'observer. Il lui dit : "Cours vite chez ta maman et dis-lui de ma part que ta robe est très jolie!"
Sur le champ, toute trace de tristesse disparut du visage de l'enfant. Elle courut annoncer à sa mère ce que le rav avait dit et tout rentra dans l'ordre.

Par la suite, Rav Yé'hézkel relata l'épisode à ses proches en leur disant : « J'ai eu le mérite d'accomplir le commandement de ''s'attacher aux vertus d'Hachem" : de même que Hachem "essuie les larmes de tous les visages" (Yéchayahou 25,8), toi aussi, essuie les larmes de tous les visages d'Israël!"

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-> "Hachem Elokim l'envoya du Gan Eden afin de travailler la terre de laquelle il avait été tiré. Il chassa l'homme et posta des chérubins à l'Est du gan Eden" (Béréchit 3,23-24)

-> Le 'Hatam Sofer demande à propos de ces versets pourquoi il est écrit au début "Il l'envoya" et ensuite "Il le chassa".
Il y répond en expliquant, qu'après la faute, Hachem voulut chasser l’homme "de peur qu'il étende sa main et cueille le fruit de l'arbre de vie et qu'il vive à tout jamais" (Béréchit 3,22).
Néanmoins, Hachem ne voulut pas l'humilier. C'est pourquoi Il l'envoya en premier lieu à l'extérieur du Gan Eden afin de travailler la terre, et lorsqu'il en sortit, les portes se refermèrent derrière lui, et Hachem plaça des chérubins pour en garder l'accès.
De cette manière, l'humiliation ne fut pas autant dévoilée (puisqu'Hachem ne lui a jamais dit : ''Sors!'', mais seulement, après qu'il fut sorti, il ne put plus y retourner).

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-> "et le petit luminaire pour régner la nuit, et aussi les étoiles" (Béréchit 1,16)

-> Rachi expliquer : "Puisqu'Il (Hachem) réduisit la lune [après qu'elle eut protesté que 2 rois (elle et le soleil) ne peuvent régner avec la même couronne], Il lui agrandit son armée (en lui associant les étoiles) afin de la consoler."

-> Le rav Elimélé'h Biderman commente :
Cela vient nous enseigner un principe fondamental : même lorsqu'il est nécessaire de ''remettre quelqu'un en place'', en lui faisant un reproche ou en le punissant, il incombe en même temps de le consoler et de le rassurer.
Cela nous permet de comprendre pourquoi les juifs sont comparés aux étoiles (midrach Esther Rabba 7,11) : en effet, de même que les étoiles ne furent créées que pour consoler la lune, le rôle essentiel du peuple d’Israël est de prodiguer du bien à autrui en le consolant et en le rassurant.

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-> Nos Sages (midrach Béréchit rabba 8,8) rapporte que les anges de vérité étaient contre la création de l’homme car il ment [il est koulo chéker]. Les anges du Shalom (paix) étaient contre la création de l’homme car il se dispute, [il est koulo Ktata].
Mais les anges de bonté (mala'hé 'hessed) ont plaidé en faveur de l’homme. [ils doivent être créés car ils vont faire des actes de bonté!]
Ils ont donc su percevoir que la création de l’homme le prédispose à se tourner vers les autres.
En d’autres termes, l’homme n’a été créé que pour l’autre : que ce soit pour Hachem ou pour son prochain et la chose est ancrée dans sa nature.
[le monde n'existe que pour que nous puissions témoigner de la bonté!]

-> Hachem a dit aux juifs : Qu'est-ce que Je vous demande? Si ce n'est que vous vous aimez les uns les autres et que vous vous honorez les uns les autres".
[Tana déBé Eliyahou rabba 28]

-> Dans sa création, l’homme a comme ultime but de servir aux autres : "l’homme n’a été créé que pour aider les autres" [rav 'Haïm de Volozhin - rapporté par son fils dans l'introduction au Néfech ha'Haïm]

-> Nos Sages (guémara Sota 14a) enseigne : "La Torah débute par un acte de bonté (lorsque Hachem donna des peaux à Adam et ‘Hava pour se couvrir) et se termine par un acte de bonté (lorsqu’Hachem Lui-même procéda à l’enterrement de Moché).
Le Gaon de Vilna explique que lorsque nous voulons savoir de quoi parle un livre, nous lisons le début et la fin, et alors on a une idée du thème de base du livre.
La Torah commence par du 'hessed et se finit par du 'hessed. Ainsi, nous savons que le 'hesséd (bonté) est le thème principal de la Torah.
En ce sens, dans une lettre à sa femme, le Gaon de Vilna écrit : "car c'est l'essentiel de la Torah : rendre autrui joyeux [de façon cashère]" (ouvazé rov aTorah léchaméa'h aadam).

-> Dans la Torah, il n'y a pas une lettre en trop. Or, le mot : 'hessed (bonté) apparaît 245 fois dans la Torah, ce qui témoigne de son importance.

-> b'h, pour poursuivre ce sujet : L'essentiel de la Torah : aime ton prochain! : http://todahm.com/2021/04/25/lessentiel-de-la-torah-aime-ton-prochain

"Lors des Saints Jours Redoutables, chaque homme a eu une pensée de repentir, et a accepté sur lui un certain bon comportement, chacun en fonction de sa valeur et de son niveau. C’est pourquoi on l’appelle Shabbath Béréchit (au commencement), car on rappelle à l’homme que le passé est le passé, et qu’à partir de maintenant, c’est une nouvelle période qui commence, l’homme devant s’efforcer, de devenir à partir de maintenant, quelqu’un de bien."
[Divré Yé'hezkiel]

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-> Au sujet du Shabbath Béréchit, il existe le dicton bien connu selon lequel le comportement que l’on adopte en ce jour se prolonge toute l’année.
La raison en est qu’il s’agit du moment où s’achève le Service divin exalté des fêtes, marqué par l’élévation spirituelle au-delà des limites de la nature, et où commence celui qui caractérise la vie quotidienne du reste de l’année, lorsque nous sommes confrontés aux défis du Monde matériel. Or, nous savons que le Shabbath bénit l’ensemble des jours de la semaine qui suit.
Ainsi, le Shabbath Béréchit bénit-il les 7 jours de la première semaine du Service de D. "dans le Monde". Et, sachant qu’il s’agit des mêmes 7 jours qui se reproduisent chaque semaine, la bénédiction de cette première semaine se répercute sur toutes les semaines de l’année.
[Likouté Si'hot]

"Au commencement, D. créa le ciel et la terre" (Béréchit 1,1)

La Torah a été écrite avec 22 lettres saintes par lesquelles Hachem a créé Son univers.
On y trouve une allusion dans les initiales des mots du premier verset de la Torah : "Au commencement, D. créa le ciel et la terre" (Béréchit bara Elokim et hachamayim véet haaretz - בְּרֵאשִׁית בָּרָא אֱלֹהִים אֵת הַשָּׁמַיִם וְאֵת הָאָרֶץ).
Si l’on rassemble les initiales, on obtient une valeur numérique de 22, tout comme le nombre de lettres qui composent la Torah.

Le Ben Ich ‘Haï explique que c’est pour cette raison que de nombreuses prières suivent l’ordre de l’alphabet : afin d’y inclure les 22 lettres saintes avec lesquelles le monde a été créé et par lesquelles la Torah a été donnée, et que nous soyons sauvés par ce mérite.

Une allusion à cette idée apparaît dans le verset : "Remets ta destinée à Hachem ; confie-toi à Lui : Il fera le nécessaire" (Téhilim 37,5) :
-> "Remets ta destinée à Hachem" = tu dois prier D., c’est-à-dire selon l’ordre des lettres qui précèdent celles du Nom de D.
La lettre "youd" est précédée du "tét" ; le "hé" est précédé du "dalet " ; le "vav" du "hé" ; et le "hé" du "dalet".
La valeur numérique de l’ensemble de ces lettres est égale à 22.
-> Si tu agis ainsi, "confie-toi à Lui : Il fera le nécessaire", et Il écoutera ta prière.