+ Shavouot = nous recevons la Torah chaque année comme au mont Sinaï :
-> Nos Sages (Pessikta Zouta Vaet'hanan) enseignent : "Une personne doit s'imaginer comme si elle recevait la Torah au mont Sinaï".
Le sens de cet enseignement est que le don de la Torah n’est pas une simple commémoration de ce qui se déroula jadis, mais bien le même épisode qui se reproduit chaque année.
-> Le 'Hatam Sofer (Torat Moché) fait remarquer que Pessa’h marque le souvenir de la sortie d’Egypte qui est un évènement passé, et qu’au sujet de Soucot, il est écrit : "Afin que vous sachiez dans vos générations" (lémaan yéd'ou doroté'hém) ce qui eut lieu jadis.
En revanche, Shavouot est le même don de la Torah et non le souvenir d’un évènement passé, car celle-ci est comme une nouvelle fiancée qu’un homme reçoit pour la première fois de sa vie, et l'homme la reçoit en ce jour de Celui [Hachem] qui la donne.
[ainsi selon le 'Hatam Sofer, il existe une différence fondamentale entre Shavouot et toutes les autres
autres fêtes juives. Shavouot n'a pas été instituée comme une commémoration, mais plutôt comme un moment où l'on reçoit véritablement à nouveau la Torah, chaque année, à nouveau. ]
-> Le Taz (Ora’h ’Haïm 47,5) explique la raison de l’emploi du présent dans la bénédiction sur la Torah (noten haTorah = qui donne la Torah - נותן התורה) : c’est que Hachem donne la Torah aux Bné Israël en tout temps et à chaque instant!
Ce que chacun reçoit alors chaque jour de l’année émane de la part de Torah qu’il lui a été imparti le jour de Shavouot cette même année.
-> Grâce à cela, le Beit Aharon explique pourquoi, à propos du don de la Torah (lorsque Moché transmettait la parole Divine aux Bné Israël), il est écrit : Moché yédabèr (litt. Moché parlera - משה ידבר) et non "Moché dibèr" (Moché parla - משה דיבר, comme le sens du verset l'exigerait).
Le Beit Aharon explique : " Car, Moché parlera dans chaque génération, à chaque homme qui viendra se purifier et accepter la Torah. Son influence s'étendra en effet sur toutes les générations.
Vois ce dont témoigne le 'Hizkouni (dans l'introduction à son commentaire sur la Torah) : 'Je fais le serment, moi 'Hizkia, d'avoir entendu en songe la voix Divine qui promulguait les 10 Commandements!' "
-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Yitro) écrit :
"Si un homme en a le mérite, il entendra retentir, à chaque fête de Shavouot, une voix qui proclame : C’est Moi Hachem ton D.( ano'hi Hachem Eoké'ha - אנוכי ה אלוקיך).
Donc, par conséquent, chaque homme doit se préparer de multiples façons afin de mériter d’entendre la parole d’Hachem. Car des myriades d’anges célestes et de Séraphins tremblent de crainte en Sa présence, et nous, à plus forte raison, tremblons-nous également.
Trois jours [de préparation] seulement ne suffisent pas, et même si l’on s’y préparait toute l’année, cela ne suffirait pas non plus."
-> Rabbi Eliyaou Roth raconta qu'un jour, il se trouvait au Kotel pendant la fête de Shavouot avec le tsadik Rabbi Chlomké de Zwil. Avant l'aube, ce dernier l'appela et lui dit : "En ce moment, on demande dans le Ciel si nous voulons recevoir la Torah. Venez, répondons ensemble : "Naassé véNichma!""
Il expliqua alors que la Torah doit nécessairement se recevoir en communauté, c'est pourquoi il désira dire "Naassé véNichma" avec quelqu'un d'autre.
-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
La première de toutes les préparations consiste à avoir foi dans la sainteté de la fête et dans le don de la Torah avec toute la proximité et l’amour de la Présence Divine qu’elles impliquent, comme la Guemara elle-même l’enseigne (fin du traité de Taanit) : "le jour de ses noces" (Chir haChirim) = cela désigne
le jour du don de la Torah".
Il va sans dire que plus l’homme parvient à "vivre", avec son cœur et avec émotion, sa présence devant le mont Sinaï et à ressentir qu’il est en train de recevoir la Torah, plus il s’élèvera au- dessus des vanités du monde. Il ressemblera alors à un fiancé qui se trouve devant le dais nuptial avant d’y pénétrer.
L'influence spirituelle se renouvelle identiquement à chaque Shavouot, tous les mondes supérieurs s'émeuvent et se bousculent avec une joie et un désir immenses, à l'approche du "grand mariage".
La même émotion et la même allégresse règnent comme la première fois (en l'année juive 2448), lors du rassemblement au mont Sinaï. [nous devons nous y préparer en s'imaginant et se persuadant de la grandeur de ce jour, afin de créer un réceptacle pouvant capter le plus possible des bénédictions de ce jour].
D’où la déclaration de nos Sages : "Chacun est tenu de se considérer comme s'il recevait la Torah sur le Sinaï!"
Peut-on, dès lors, encore demeurer insensibles et aborder la fête de Shavouot en dormant (en étant apathique - ex: comme si au mont Sinaï juste avant le don de la Torah par Hachem, on était tranquillement en train de tuer le temps sur internet/à jouer, comme si de rien n'était), alors que tous les mondes sont en émoi, à l'approche de ce jour si grand et si élevé?
Comment ne pas se réveiller, et ne pas prendre garde à la sainteté de cette fête? Comment ne pas s'élever au-dessus des vanités de ce monde et ne pas se tenir prêt comme un fiancé qui se prépare à entrer sous le dais nuptial? [quelle fierté que D. nous choisisse alors que pour tous les autres être humains c'est un jour comme un autre! ]
[selon le rav Ron Chaya de même qu'au moment de l'échange de la bague au mariage, il y a une union des âmes des mariés, de même lors de notre mariage chaque année au don de la Torah, nous avons une union spirituelle avec Hachem.
(d'autres rappellent que de même qu'au mariage les mariés sont pardonnés de leurs fautes, de même Shavouot nous offre cette magnifique opportunité de purification, de sainteté et donc de proximité avec Hachem.)]
<--->
-> Les Cieux et la terre se réjouirent au moment du don de la Torah sur le mont Sinaï.
Le Ohr ha'Haïm haKadoch (Yitro 19,2) rapporte une belle chose quant à l'amour et à la proximité sans égal qu'Hachem manifesta à Son peuple pendant cette période.
Voici ce qu'il écrit à propos des Bné Israël lorsqu'ils quittèrent Réfidim :
"C'est difficile à comprendre : pourquoi la Torah retarde-t-elle ce qui est antérieur? En effet, ce verset (qui parle de leur départ de Réfidim) aurait dû être écrit avant le verset : "Ils arrivèrent au mont Sinaï".
Il est possible de l'expliquer grâce au midrach (rabba 55,5) qui enseigne que "l'amour perturbe la pensée et pousse l'homme à précipiter ce qui devait survenir plus tard".
Ce jour [du don de la Torah - Shavouot] fut tant espéré par le Créateur, par la Torah, par les êtres d'En-Haut comme par ceux d'en bas, et tous attendirent si ardemment, depuis la création du monde, le moment où les Bné Israël viendraient dans le désert du Sinaï, que lorsqu'ils y arrivèrent enfin, on ne prêta pas garde à la chronologie du récit.
[Et quand on réfléchit bien à Celui dont on parle, cela est tout à fait extraordinaire : c'est, si l'on
peut s'exprimer ainsi, comme si Hachem Lui-même ne "put" se réfréner, tellement Son désir était grand de donner la Torah à Ses enfants bienaimés (nous, les juifs!).]
C'est pour cela que l'annonce de cet évènement fut anticipée par le verset : "En ce jour-ci, ils arrivèrent au mont Sinaï", puisqu'en ce jour, ce qui fut tant désiré par Hachem et par la Torah elle-même se produisit enfin, et que les Cieux et la terre se réjouirent de voir la création parvenir au but même de son existence.
Ainsi, ce n'est qu'après avoir fait précéder ce verset que la Torah revint ensuite en arrière afin de raconter le détail des évènements."
<--->
-> Le Avodat Israël (sur le Téhilim 42) rapporte une explication à partir des paroles suivantes tirées du Zohar (III, 152b) :
"Celui qui veut venir et accueillir la Présence Divine peut le faire durant ces jours et pénétrer chez elle avant que les portes ne se ferment.
Quand le proclame-t-on? Le quatorze du deuxième mois (le 14 Iyar). Car à partir de là, les portes sont ouvertes durant sept jours et après cela, elles se ferment."
=> Il s'ensuit que dans les semaines qui précèdent Shavouot (le 6 Sivan), les portes du Ciel sont fermées. A priori, demande-t-il, on se serait attendu au contraire : c'est précisément lorsque le moment sacré du don de la Torah s'approche que les portes du Ciel devraient s'ouvrir.
Pourquoi se ferment-elles justement durant la période précédant Shavouot?
Le Avodat Israël répond :
La guémara (Pessa'him 6a) enseigne : "Deux semaines avant la fête, on s'entretient des lois relatives à celle-ci."
Cela signifie que dans les mondes supérieurs également, on se prépare à l'approche de Shavouot et que la "fiancée" se pare de ses bijoux pendant ces jours-là. C'est pourquoi les portes du Ciel sont fermées : l'homme n'a alors pas le droit d'y pénétrer car ce n'est pas convenable.
Certes, nous n'avons pas la moindre idée de la signification de ces saintes paroles du Avodat Israël, néanmoins, elles nous enseignent que même la Présence Divine se prépare, si l'on peut dire, au "jour des noces".
<--->
-> L'Admour de Rouzhin avait coutume de dire à sa table, le soir de Shavouot : "Je me sens comme un paysan avant la moisson des blés : l'ancienne récolte est déjà épuisée et la nouvelle n'a pas été encore moissonnée. De même, la Torah de l'année passée est déjà épuisée et celle de la nouvelle année n'est pas encore arrivée, car le don de la Torah se répète réellement chaque année!"
<--->
-> Rabbi Shlomo Zalman Auerbach (Halikhot Shlomo 12,6) écrit que chaque année à Shavouot, il y a une kabbalat haTorah (on réceptionne la Torah avec les mêmes influences spirituelles qu'au mont Sinaï).
Shavouot n'est pas seulement une commémoration du passé. Chaque année, il y a un don de la Torah!
-> Nous ne coupons pas les ongles des mains et des pieds le même jour (voir Magen Avraham 260, citant le Maggid du Beit Yossef).
Le Likouté Maharich (vol.3 p.45, également enseigné par le 'Hidouché haRim) dit que érev Shavouot est une exception. On peut les couper le même jour.
Il compare cela à la halakha de quelqu'un qui a l'obligation de la Torah d'aller au mikvé et qui peut se couper les ongles des pieds et des mains le même jour, afin qu'il n'y ait pas de séparation entre son corps et l'eau (une 'hatsitsa).
Le Zohar (Emor - écrit à la fin du Tikoun Leil Shavouot) explique que le comptage de l'Omer (qui est sept fois sept [semaines]), suivi de la tévila (se tremper) dans le mikvé le matin de Shavouot, représente le fait de secpurifier pour recevoir la Torah. Cette tévila doit également se faire sans 'hatsitsa, ainsi on en ce jour on peut se couper tous les deux (mains et pieds) le même jour.
Cette source nous permet de comprendre que chaque année, nous devenons purs, et que chaque année, nous recevons à nouveau la Torah.
<--->
-> L'expression "face à face" (panim bépanim - Vaét'hanan 5,4) indique qu'Hachem, dans Sa grande bonté, nous a donné les ressources internes pour nous tenir "face à face" avec Lui pour recevoir la Torah.
Cette volonté d'accepter la Torah est renouvelée à nouveau à Shavouot. Ainsi, dans son récit de l'événement, 40 ans plus tard, Moché dit : " je me tiens entre Hachem et vous" (ani'hi omed ben Hachem oubéné'hem - Vaét'hanan 5,5). En disant "je me tiens" plutôt que "je me suis tenu", il nous a préparés à recevoir les 10 Commandements à nouveau chaque année, exactement comme si nous les entendions pour la première fois, et à nous engager à les apprendre et à les respecter avec la même joie aimante que celle que nous avons ressentie au mont Sinaï.
[Sfat Emet - Shavouot 5635]