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La disparition des 10 tribus

+++ La disparition des 10 tribus :

"Il se jeta sur le cou de son frère Binyamin et pleura, et Binyamin pleura sur son cou" (Vayigach 45,14)

-> Rachi explique que Yossef a pleuré sur le "cou" de son frère Binyamin à cause des 2 Temples qui étaient destinés à se trouver dans la partie de la terre d'Israel appartenant à Binyamin, mais qui allaient finalement être détruits. À son tour, Binyamin a pleuré sur le cou de Yossef à propos du Tabernacle (Michkan) situé à Silo, dans la portion de Yossef, qui serait finalement détruit.

Binyamin et Yossef ont pleuré la destruction future du Michkan et du B parce quTemple car "maassé avot siman labanim" (les événements des Patriarches [Avot] prédisent les événements futurs de leurs descendants - midrach Tan'houma Lé'h Lé'ha 9).
C'est ainsi que : la longue séparation de Yossef d'avec ses frères a prédit la séparation future des 10 tribus d'avec leurs frères lorsqu'ils ont été exilés de la terre d'Israel.
Yossef représentait les 10 tribus car le premier roi à régner sur les 10 tribus était Yéravam ben Névat, un de ses descendants.
Binyamin symbolise les tribus de Yéhouda et de Binyamin, qui sont restées en terre d'Israël après l'exil des 10 tribus (avec une minorité des autres tribus). [quelques membres des 10 tribus ont été ramenés en terre d'Israël par Yirmiyahou après leur exil.]
Tout comme Yossef a été perdu pour ses frères, les 10 tribus devaient être exilées dans un pays lointain et perdues pour leurs frères de Yéhouda et de Binyamin.
Bien que Yéhouda et Binyamin soient finalement revenus de leur exil et aient reconstruit le Temple, les 10 tribus sont restées en exil. Elles ne sont destinées à revenir qu'à l'arrivée de machia'h.

Ainsi, lorsque Yossef fut réuni avec ses frères, il était normal qu'ils pleurent la destruction future du Michkan et du Temple, qui présageait leur séparation une fois de plus.

Les retrouvailles de Yossef avec ses frères annoncent également la réunion des 10 tribus avec Yéhouda et Binyamin.
Yossef a été caché loin de ses frères dans un pays étranger, et malgré la distance relativement proche qui les séparait, il n'a pas été retrouvé pendant de nombreuses années. De même, les 10 tribus ont été perdus depuis l'époque de leur exil et ne seront redécouverts qu'à l'arrivée de machia'h.
Les 10 tribus ne sont pas si éloignées les unes des autres (terre de Canaan et Egypte). Les 10 tribus ne sont pas si éloignées, et en fait, elles auraient déjà dû être retrouvées, mais Hachem a décrété qu'elles resteraient cachées, et c'est pourquoi elles n'ont pas été encore retrouvées.

Le midrach (Béréchit rabba 93) déclare : "De même que l'apaisement de Yossef envers ses frères s'est accompagné de pleurs, lorsque Hachem rachètera le peuple juif (au moment du machia'h), cela s'accompagnera également de pleurs, comme l'a prophétisé Yirmiyahou : "C'est par les pleurs qu'ils viendront, et c'est par les supplications que je les conduirai" (Yirmiyahou 31,8)."
La rencontre entre Yossef et ses frères est chargée d'émotion, car elle ne se contente pas de réunir les frères perdus de vue depuis longtemps, elle annonce la réunion future du peuple juif avec les 10 tribus après de nombreuses années de séparation.
[d'après le Maharal - Gour Aryé]

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-> En résumé :
La séparation et les retrouvailles entre Yossef et ses frères annoncent la séparation future des 10 tribus de celles de Yéhouda et de Binyamin, et ainsi que leurs retrouvailles éventuelles.
C'est pourquoi Yossef et Binyamin ont pleuré à cause des événements négatifs qui se produiraient lors de leur retrouvaille.

L’importance de raccompagner quelqu’un

+++ L'importance de raccompagner quelqu'un :

"Ils lui rapportèrent toutes les paroles que Yossef leur avait dites, et il vit les chariots que Yossef avait envoyés pour le transporter ; et l'esprit de Yaakov, leur père, se ranima" (Vayigach 45,27)

-> Rachi commente : "Yossef a envoyé des chariots à Yaakov, ce qui fait allusion à la égla aroufa, qui est le sujet de la Torah qui les occupait [Yaakov et Yossef] au moment où Yossef (le dernier) a pris congé de Yaakov".

-> Le Maharal (v.45,27) explique :
Ce n'est pas une coïncidence si tous deux étaient occupés par le sujet de l'égla aroufa lorsque Yossef est parti. Lorsque Yaakov avait demandé à Yossef de se rendre à Séchem pour s'assurer du bien-être de ses frères, il avait accompagné Yossef jusqu'à Emek 'Hevron.
Bien que Yossef ait encouragé son père à faire demi-tour à un moment donné, Yaakov a insisté pour l'accompagner. En effet, la mitsva d'accompagner un "voyageur" au cours de son trajet (même quelques pas) protège ce dernier des dangers potentiels en cours de route. En effet, cette mitsva est si importante que celui qui n'accompagne pas un invité qui part et qui est ensuite tué au cours de son déplacement est considéré comme complice du meurtre.

Ce concept est mis en lumière par la mitsva d'égla aroufa, qui est accomplie lorsqu'une victime de meurtre est retrouvée et que l'identité du meurtrier est inconnue. Les anciens de la ville la plus proche de la victime doivent briser la nuque d'un veau, et réciter : "Nos mains n'ont pas versé ce sang et nos yeux n'ont pas vu" (Choftim 21,7).
Pourquoi est-il nécessaire que les anciens de la ville, qui ne sont certainement pas suspects, annoncent qu'ils n'ont pas participé au meurtre?
La guémara (Sotah 45b) explique que même si les anciens n'ont certainement pas commis le crime, ils ont pu être complices du meurtre en prenant congé de la victime sans l'accompagner sur le chemin.

Yossef envoya un veau à Yaakov pour lui rappeler leur discussion sur la mitsva de la égla aroufa, laissant entendre que sa propre survie avait été assurée parce que Yaakov l'avait accompagné au début de son voyage.
Cela indique également que la vente de Yossef à l'Égypte a finalement été bénéfique, car aucun mal n'arrive à une personne qui a été accompagnée tout au long de son voyage.
Cependant, Yossef n'a fait que suggérer cela à Yaakov, sans le dire ouvertement. Il évite ainsi de donner à ses frères l'impression qu'il pense qu'il n'aurait pas survécu à l'épreuve sans l'accompagnement de son père.

La terre d’Israël = davantage de conscience d’Hachem

+ La terre d'Israël = davantage de conscience d'Hachem :

"Je descendrai en Égypte avec toi, et Je t'en ferai remonter" (Vayigach 46,4)

-> L'apparente redondance du verbe "faire remonter" est doublé (aalé'ha gam alo - אַעַלְךָ גַם עָלֹה) peut s'expliquer par le principe suivant : lorsqu'un élève n'est pas très brillant, l'enseignant doit condenser ce qu'il enseigne pour que son élève puisse le comprendre. En revanche, lorsqu'un élève est brillant, l'enseignant n'a pas besoin de simplifier autant la matière.
Ce verset fait allusion à cette idée. Alors qu'il vivait en terre d'Israël, Yaakov avait pu servir Hachem avec une grande clarté d'esprit. Il craignait qu'une fois qu'il aurait quitté la terre [sainte] d'Israël, son intellect soit diminué, et donc sa conscience divine, et donc son adoration de D.
En conséquence, Hachem promit à Yaakov de réduire suffisamment Son flux Divin, ce qui signifie qu'Il "simplifierait" la conscience Divine en l'habillant en termes nécessitant moins de clarté intellectuelle, afin que Yaakov puisse la recevoir même en dehors de la Terre d'Israël.

C'est ce que le verset entend par "Je descendrai en Égypte avec toi". En quelque sorte, D. allait se condenser, c'est-à-dire sa lumière, en dehors de la terre d'Israël pour le bien de ceux qui le servaient là-bas.
Hachem poursuit ; "et Je t'en ferai remonter", ce qui signifie que "lorsque vous (tes descendants) reviendrez [littéralement "remonter"] sur la terre d'Israël, vous atteindrez à nouveau le niveau supérieur".

C'est ce à quoi fait allusion le double emploi du verbe "faire remonter" (אַעַלְךָ גַם עָלֹה), qui implique une élévation à la fois pour Yaakov et pour la Chékhina (Présence Divine) elle-même, pour ainsi dire.
La deuxième occurrence du verbe "remonter" (עָלֹה) fait donc allusion à la Chékhina, laissant entendre qu'elle aussi connaîtra une ascension lorsque Yaakov (ses descendants) retournera en terre d'Israël et servira D. sur un plan spirituel plus élevé.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

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=> On voit que la terre d'Israël est un lieu particulièrement propice à l'expansion de la conscience divine.
Et lorsque nous sommes situés en dehors, Hachem se "réduit" pour nous permettre de Le servir dans cet environnement de moindre intensité spirituelle que la terre d'Israël.

En conduisant Yaakov en Egypte, Hachem lui promet : "[Moi-même] Je descendrai avec toi en Egypte, et [Moi-même] Je te ramènerai aussi (véanokhi aalé'ha gam alo)" (Vayigach 46,4).

-> Le Sfat Emet se demande ce que l'ajout du mot "gam" (aussi - גַם) ajoute. Pourquoi ne suffit-il pas de dire "Je [Moi-même] descendrai avec toi et Je [Moi] te ramènerai"?

Il explique que le mot גַם indique toujours une augmentation ou une expansion. Hachem assurait à Yaakov que le séjour en Egypte ajouterait des dimensions à la grandeur de Ses enfants, car personne ne traverse une période difficile sans acquérir de nouvelles forces, et il n'y a pas de souffrance qui ne s'accompagne pas de croissance.
Ils descendront et reviendront encore plus grands qu'ils ne sont descendus.

[à combien plus forte raison cela s'applique à notre si long exil actuel!
En racontant le récit de la sortie d'Egypte, cela nous renvoie à notre exil, et nous avons alors beaucoup d'espoirs à l'idée des sublimes richesses spirituelles et des grandes choses que nous fera Hachem, très prochainement. Amen! ]

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+ "[Lors de la plaie de l'obscurité,] pour tous les Bné Israël, il y avait de la lumière dans leurs maisons" (Bo 10,23).

-> "Même l'obscurité n'obscurcira rien de Toi" (gam 'hochékh lo ya'hchikh mimé'ha - Téhilim 139,12).
Le 'Hidouché haRim explique cela comme signifiant : "Même les ténèbres (nos difficultés) n'obscurcissent rien, car elles proviennent "de Toi" (mimekha). C'est pourquoi elles sont aussi une lumière."

=> Pour un juif, une période sombre est une opportunité de croissance, de connexion avec le Créateur, de découverte de nouvelles forces internes, et c'est pourquoi elle contient aussi de la lumière.
Dans le monde, il peut y avoir de l'obscurité, mais pour les Bné Israël, il y a toujours de la lumière.

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-> Le Imré Emet explique ce verset à sa manière, en commentant que lorsqu'une personne peut "voir" une autre personne, en ayant un bon oeil "ayin tov" et en se réjouissant des succès et de la bonne réussite de son ami, alors cela crée de la lumière dans leurs habitations.

"Lorsqu'une personne reçoit avec amour les souffrances et les épreuves qu'elle endure, alors c'est cela leurs remèdes."
[Ohr ha'Haïm haKadoch - Vayigach 46,7]

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-> "ils vinrent en Egypte : Yaakov et toute sa descendance avec lui. Ses fils et ses petits-fils avec lui, ses filles et ses petites-filles et toute sa descendance, il [les] emmena avec lui en Egypte." (Vayigach 46,6-7)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch commente : "Ses fils et ses petits-fils" :
Le verset veut nous faire savoir qu'il y a une différence entre les membres de la famille de Yaakov en ce qui concerne la descente en Égypte. En effet, parmi eux, certains sont venus de leur plein gré en ayant accepté le décret divin.
Par contre, d'autres ont hésité à descendre dans cette prison et la Torah nous indique ceux qui sont venus de leur plein gré pour payer cette dette exil.
Et le verset nous dit que les fils et les petits-fils sont venus d'eux-mêmes ("avec lui"), et ensuite la Torah nous énumère ceux qui ne sont pas venus de leur plein gré, comme le verset dit : "ses filles et ses petites-filles il [les] emmena avec lui". Cela veut dire qu'elles ne sont pas venues d'elles-mêmes.

Nos sages (midrach Chémot rabba 1,8) nous enseignent que tout le temps que l'un de ceux qui sont descendus en Égypte étaient vivant, l'esclavage n'avait pas encore commencé.
Peut-être faut-il dire que c'était en récompense pour eux, car ils avaient accepte le décret divin de descendre en Égypte de plein gré. C'est la raison pour laquelle l'esclavage ne les a pas touchés.
Lorsqu'un homme reçoit avec amour les souffrances et les épreuves qu'il endure, c'est cela leurs remèdes.

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-> Selon le le Or ha'Haïm, Hachem attendit pour commencer l’asservissement de l’Egypte la mort de tous les fils de Yaakov, mais n’attendit pas la mort des filles. Car la guémara (Béra'hot 62a) enseigne que "le remède aux souffrances est de les accepter" [litt. "la tradition pour mettre fin à la souffrance est avec le silence (donc en l'acceptant) et la prière"], à savoir que l’acceptation des épreuves avec amour et joie est un remède qui les guérit.
Dès lors, du fait que les fils de Yaakov acceptèrent ce décret avec amour, la souffrance de la servitude leur fut épargnée, à la différence de Yo'héved (la mère de Moché) et de Séra’h (la fille de Acher) dont on n’attendit pas qu’elles meurent avant de commencer l’asservissement des Bné Israël. Celles-ci comptèrent, en effet, parmi ceux qui descendirent en Egypte contre leur gré sans accepter le joug de la servitude.

-> Ce commentaire nous apprend le devoir d’accepter dans la joie et l’amour tout ce qui nous arrive, en sachant que tout est pesé et calculé d’En-Haut. De la sorte, nous accomplissions les termes de l’enseignement de nos Sages : "Le remède aux souffrances est de les accepter" et mériterons d’en être soulagé et délivré et de voir la réussite dans toutes nos entreprises.

Le Sfat Emet exprime la même idée, à propos du verset de notre paracha : "Yéhouda s’approcha de lui (Yossef) et lui dit ‘de grâce mon seigneur’" (Vayigach 44,18).
Les commentateurs s’interrogent, en effet, sur le bien-fondé des arguments que Yéhouda avança à Yossef ("Mon serviteur demanda à ses serviteurs", et, en effet, les versets qui suivent). Ils ne contiennent, en effet, aucun élément nouveau en plus que tous ceux qui avaient déjà été exposés à la fin de paracha Mikets.
Dès lors, pourquoi Yéhouda pensa-t-il qu’il réussirait par cela à éveiller la compassion de Yossef envers ses frères?
De plus, les commentateurs demandent, qu’est-ce qui provoqua effectivement le changement d’attitude de Yossef au point qu’il ne puisse plus se retenir?

Le Sfat Emet explique qu'il est vrai que Yéhouda ne vint rien innover à Yossef. Seulement, depuis leur arrivée en Egypte, Yéhouda mit de l’ordre dans ses idées pour lui-même, afin de bien voir leur enchaînement et enraciner en son cœur que tout s’était déroulé selon la volonté d’Hachem. [il n'est pas resté prisonnier mentalement des galères qui leur arrivaient].  Il accepta avec joie Ses décisions, car si telle était Sa volonté, cela signifiait que c’était la meilleure des choses qui pouvait arriver.
Et de fait, dès qu’il intégra cette idée, la rigueur Divine disparut et put laisser place à l’éclosion de la délivrance.

Le Sfat Emet écrit : "Et cela constitue un conseil valable pour chaque juif se trouvant dans une situation où la face Divine est voilée : qu’il annule sa propre volonté devant celle de D. tout en restant convaincu que, même au milieu de l’obscurité (des difficultés/souffrances), la volonté vivante d’Hachem est encore présente."

-> Rabbi Mordé'haï de Lekhvitch explique de manière allusive à ce sujet la Michna (Béra'hot 40a) : "Sur tout, s’il a prononcé la bénédiction Chéakol Niya Bidvaro (qui a tout créé par sa parole), il est quitte" = celui qui dit à propos de tout ce qui lui arrive (même ce qui lui semble être un malheur), "tout est le fait de la parole Divine" est acquitté par cela de toutes les épreuves.
[le sens simple est que si nous ne savons pas quelle est la bénédiction, on peut s'en acquitter par défaut en faisant "chéakol".]

-> Rabbi Moché Avraham Barzovski dit : "j’ai hérité d’une coutume ancestrale selon laquelle celui qui prononce la bénédiction ‘Chéakol Niya Bidvaro’ avec une foi intègre dans le Créateur, bénéficie d’un adoucissement de la midat haDin (la mesure de rigueur d'Hachem)!"

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-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva - chap.4) nous garantit que si nous acceptons avec joie ces moments où rien ne semble aller dans notre vie, comprenant que cela nous est envoyé du Ciel et que c'est bénéfique pour nous, alors à ce moment nous déchirons les mauvais décrets et se sauvons des pires soucis qui devaient normalement nous arriver.

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[ainsi, le meilleur remède à nos épreuves réside dans notre acceptation, dans notre joie (par bita'hon en Hachem), malgré les difficultés, nos incompréhensions sur ce qui se passe dans notre vie.
Moins on essaie de tout comprendre, en étant simple (tamim) dans notre certitude que cela ne provient que d'Hachem pour notre bien ultime (on le comprendra dans le monde à Venir de vérité), alors le plus on s'évite bien des galères dans la vie. ]

"Ses frères ne purent lui répondre car ils furent frappés de stupeur à cause de lui" (Vayigach 45,3-4)

-> Le Sfat Emet explique que les frères furent frappés de stupeur de voir sa face (en hébreu le terme employé pour dire "à cause de lui" est מפניו (mipanav),qui signifie littéralement "de sa face").
Ils furent en effet interloqués de contempler son visage, imprégné de l'immense sainteté qu'il avait acquise en Egypte, et ils furent alors stupéfaits et honteux en pensant que si, déjà en Egypte, terre de perversion des mœurs, Yossef s'était tellement élevé, à quel niveau serait-il parvenu s'il était demeuré dans la maison de Yaakov.

Yossef les complimenta en leur disant que, au contraire, c'était précisément parce qu'il était demeuré dans l'impureté de l'Egypte, où il avait dû supporter de dures épreuves, qu'il avait été en mesure de s'élever autant et d'atteindre une telle sainteté et une telle pureté, davantage que s'il était resté au contact de la sainteté qui émanait de son père Yaakov.

4 descentes en Egypte en préparation des 4 exils des juifs

+ Les différentes descentes en Egypte des enfants de Yaakov :

=> Nombre de descentes en Eypgte :
-> Les enfants de Yaakov sont descendus 4 fois en Egypte. S’appuyant sur l’enseignement de nos Sages : "Les actions des pères sont un signe pour les enfants" (guémara Sota 34a), l’Admour de Belz explique que les Chevatim (tribs les fils de Yaakov) effectuèrent ainsi une préparation aux 4 Exils à venir : Babel (Babylone), Madaï (Perse), Yavan (Grèce) et Édom (Rome), selon l’enseignement (midrach Vayikra rabba 13) : "Tous les Empires (des 4 exils) s’appellent Mitsraïm (Egypte) car ils ont martyrisé (Métsirine) les juifs".
[on peut noter que les 4 remontées d’Egypte préfigurèrent les 4 délivrances du joug de ces Empires : la 4e remontée (la Sortie d’Egypte), ne concerna pas les fils de Yaakov mais leurs descendants, faisant ainsi allusion à la longue durée du dernier exil].

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=> Correspondance entre les 4 descentes en Egypte des enfants de Yaakov et les 4 Exils.

- La 1ere descente en Egypte fut celle pour aller chercher de la nourriture en raison de la famine qui sévissait dans le monde. Il est dit à ce propos : "II (Yaakov) dit (à ses fils) : "J’ai ouï dire qu’il y avait vente de blé en Égypte. Allez-y, achetez-y du blé pour nous et nous resterons en vie au lieu de mourir".
Les frères de Yossef descendirent à 10, pour acheter du grain [de blé] en Égypte" (Mikets 42,3). Le mot שֶׁברֶ (Chéver - blé) signifie "casser" ; ainsi, le Ohev Israël nous enseigne que la raison profonde de la demande de Yaakov à ses fils de descendre en Egypte, était de "briser" les Klipot (écorces du Mal) retenant les "étincelles de sainteté" dissimulées dans le blé qu’avait accumulé Yossef durant les années d’abondance.
Outre le châtiment, le travail de tri des "étincelles" est la raison principale de l’exil, dont le premier (et prévu dernier s’ils avaient été méritants) fut celui de Babel.

- La 2e descente en Egypte coïncide avec celle de Binyamin : "Ces hommes (les 10 fils de Yaakov) se chargèrent du présent ... et emmenèrent Binyamin. Ils se mirent en route, descendirent en Égypte et se présentèrent devant Yossef" (Mikets 43,15).
Cette descente fait allusion à l'exil de Perse dont le libérateur du décret d’extermination d’Haman fut Mordé'haï, un descendant de Binyamin (en raison du fait qu’il fut le seul à ne pas s’être prosterné devant Essav, l’ancêtre d’Haman, au retour de Yaakov de chez Lavan, car il n’était pas encore né).
Ainsi, la guémara (Méguila 16a) voit dans le verset (Mikets 45,22) : "A tous il (Yossef) donna à chacun des vêtements de rechange, mais à Binyamin il donna… cinq changements de vêtements", "une allusion au fait qu’un
descendant issu de lui (il s’agit de Mordé'haï) sortirait de devant le roi vêtu de 5 vêtements royaux".

- La 3e descente des fils de Yaakov en Egypte marqua l’installation du Patriarche et sa famille à Gochène, cette province d’Egypte octroyée par le Pharaon à Sarah Iménou (et plus tard à la famille de Yaakov).
Ainsi, il est dit : "Yaakov envoya Yéhouda en avant, vers Yossef, pour qu’il lui préparât l’entrée de Gochène (Gochna - גשְֹּׁנהָ)" et Rachi de commenter : "Pour préparer les lieux et montrer comment s’y installer".
Elle caractérise l’exil de Grèce dont la délivrance est célébrée au travers de la fête de ‘Hanoucca.
Ainsi, avons-nous la coutume de jouer à la toupie à ‘Hanouka ; celle-ci est ornée des quatre lettres du mot גשְֹּׁנהָ (Gochena), constituant les initiales de la phrase : "נס גדול היה שם" (ness gadol haya cham - Un grand miracle a eu lieu là-bas).
[on peut noter que le Bné Yissa'har enseigne que ces 4 lettres nous rappellent les 4 royaumes qui tentèrent d’annihiler le peuple d’Israël, mais qui seront finalement vaincus par le Machia’h (משיח) dont la valeur numérique (358) est celle du mot גשְֹּׁנהָ (Gochena).]

- La 4e et dernière descente en Egypte fut celle du retour de l’enterrement de Yaakov dans la caverne de Makhpela : "Yossef, après avoir enseveli son père, retourna en Égypte avec ses frères" (Vayé'hi 50,14).
[ce dernier séjour en terre d’Exil prendra fin avec la Sortie miraculeuse d’Egypte, archétype de la Délivrance finale, comme il est dit : "Comme aux jours de ta Sortie de la terre d’Égypte, Je lui ferai voir des merveilles" (Mikha 7,15)].
Cette dernière descente symbolise donc le dernier exil, le plus long et le plus douloureux, à l’image de l’effet de la disparition de Yaakov, "quand les yeux et le coeur des juifs se sont fermés en raison de la souffrance de l’asservissement" (voir Rachi sur Vayé'hi 47,28).

"Seule la terre des prêtres (de l'Egypte), il (Yosseph) ne l'a pas acquise" (Vayigach 47,22)

=> Alors que Yossef acheta toute l'Egypte, on peut se demander pourquoi n'a-t-il pas acheté également la terre des prêtres?

Le Chla haKadoch (Chné Lou'hot haBrit) explique :
En fait, quand Yossef fut accusé par la femme de Potifar d'avoir tenté de l'agresser, il fut au départ condamné à la mort. Seulement, parmi les juges se trouvaient des prêtres égyptiens, qui savaient que Yossef était en réalité innocent. Ils sont donc intervenus pour qu'on épargne sa vie.
Et finalement, il fut "seulement" emprisonné.
Pour témoigner sa gratitude à ces prêtres, qui ont agi pour lui sauver la vie, Yossef a laissé leur terre entre leurs mains et ne l'a pas acquise, au même titre que tout le reste de l'Egypte.
=> Ce comportement de Yossef vient enseigner l'importance de toujours témoigner sa gratitude à tout bienfaiteur.

"Il (Yossef) reconduisit ses frères lorsqu’ils partirent et il leur dit : Ne vous disputez pas (al tirguézou - אַל תִּרְגְּזוּ) durant le voyage" (Vayigach 45,24)

=> De quelle "dispute" s’agissait-il?

-> Rachi rapporte 3 explications (dont les deux premières tirées de la guémara Taanit 10b) :
1°/ ["aiguiser" les paroles] : "Ne vous engagez pas dans des discussions Halakhiques de peur que vous n’excitiez contre vous le chemin" [de peur que dans votre distraction (ou excitation – voir Maharcha), vous ne vous égariez en chemin - Rachi sur la guémara].

2°/ ["se précipiter"] : "Ne faites pas de grands pas, et arrivez en ville avant le soleil".

3°/ ["se quereller"] (au nom du midrach) : "Comme ils étaient remplis de honte, Yossef craignait qu’ils ne se querellent en route pour l’avoir vendu : tu nous disais du mal de lui et tu nous l’as fait prendre en haine".

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=> A propos de la seconde explication, une question se pose : Pourquoi Yaakov n’avait-il pas fait cette recommandation à ses fils?

-> Nos Sages disent : "Faire de grands pas cause une baisse de la vue, ce qui se rectifie pas le vin du Kiddouch" (guémara Bérakhot 43b).
Lorsqu’ils descendirent en Egypte, Yaakov ne leur recommanda pas d’éviter de marcher à grand pas car ils savaient eux-mêmes que leur vue baisserait et qu’ils ne pouvaient pas boire le vin du Kiddouch pour y remédier étant donné qu’ils ne buvaient pas de vin depuis la vente de Yossef (voir Rachi sur Mikets 43,34).
A présent qu’ils avaient retrouvé Yossef et qu’il leur était permis de boire du vin, Yossef dut les mettre en garde de ne pas faire de grands pas (pour éviter une trop grande précipitation) car ils pouvaient compter sur le vin de Kiddouch pour remédier à l’affaiblissement de leur vue. [Komets haMin’ha]

-> De son côté, le 'Hanoukat haTorah l'explication suivante :
Nos Sages enseignent que Yaackv fut puni d'être privé de son fils Yossef pendant 22 ans, pour s'être séparé de son père Its'hak pendant 22 ans quand il est parti chez Lavan. Seulement, avant d'aller chez Lavan, il resta 14 ans étudier la Torah dans la Yechiva de Ever. Mais il ne fut pas puni pour ces 14 ans où il se sépara de son père. On apprend de là que l'étude de la Torah prime sur le respect des parents.
Mais tant que Yaakov n'avait pas encore retrouvé Yossef, il ne savait pas s'il allait être puni pour les 14 ans d'étude, ou pas. Ainsi, quand il envoya ses enfants en Egypte, il n'avait pas besoin de les prévenir de ne pas étudier en chemin, car comme ils étaient chargés d'une mission par leur père, ils n'allaient naturellement pas retarder cette mitsva par de l'étude. Pourquoi?

Parce qu'ils ils ne savaient pas encore si l'étude primait sur le respect des parents. Du fait de ce doute, ils devraient adopter la rigueur et ne pas étudier au détriment du respect de leur père. Mais quand Yossef se révéla à eux et les renvoya chez leur père, il s'avéra alors que la séparation dura 22 ans et que Yaakov ne fut pas puni pour les 14 ans d'étude.
Ainsi, il ressortait à présent que l'étude prime sur le respect des parents. Aussi, ses frères risquaient maintenant de se mettre à étudier en route, au détriment du respect de leur père de lui transmettre le message de Yossef. Ainsi, Yossef trouva bon à présent de les avertir de ne pas étudier sur la route.

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-> Le midrach [Béréchit Rabba 94,2] cite une autre explication :
"Ne vous arrêtez pas d’étudier la Torah" = Yossef attira leur attention et leur dit : "Bien que vous soyez pressés de rentrer chez vous pour accomplir la mitsva d’honorer votre père, ne cessez pas d’étudier la Torah, car : ‘L’étude de la Torah est plus grande que l’honneur rendu aux parents’ (voir guémara Méguila 16b). [Méor Haomer].

Il n’y a pas de contradiction entre l’enseignement de la guémara (la première explication rapportée par Rachi) et celui du midrach. La guémara affirme que Yossef ne leur a interdit d’étudier la Halakha que de manière approfondie (le pilpoul), ne leur empêchant pas d’étudier les connaissances générales de la Loi (léGuirsa), comme semble l’interpréter le midrach.
Ainsi, la guémara n’a pas trouvé nécessaire d’enseigner qu’il faille étudier la Torah en chemin, du fait qu’il soit clairement indiqué dans le verset : "Et tu en parleras (les paroles de Torah), dans ta maison, et quand tu marcheras en chemin" (Vaét'hanan 6,7). Elle est venue plutôt nous apprendre que Yossef exigea de ses frères qu’ils ne s’approfondissent pas dans l’étude de la Halakha.
Le midrach, quant à lui, souligne la nécessité d’étudier de la Torah en chemin afin de "protéger et sauver" (voir guémara Sotah 21a) des dangers des routes.

-> Tossefot (sur notre guémara Taanit 10b) suggère une autre lecture du midrach, à savoir : "Ne cessez pas de discuter en matière d’Halakha (bidvar halakha)".
Cette autre interprétation de l’expression "al tirGuézou" (אַל תִּרְגְּזוּ) suggère que Yossef les exhorta à s’affairer dans l’étude approfondie de la Halakha, contredisant du coup les propos de la guémara ainsi que la première lecture du midrache.
Pour saisir le commentaire du Tossefot, on peut expliquer que la faculté qu’a l’étude de la Torah de protéger en chemin ou dans toute autre situation dangereuse, réside dans la capacité qu’a l’homme à s’attacher et s’unir à elle (le monde n’ayant pas d’emprise sur la Torah dont l’existence est antérieure à la Création).
Or il est clair que l’étude approfondie comme celle de la Halakha favorise une union parfaite entre l’homme et la Torah, lui assurant ainsi une authentique protection contre les dangers de ce monde.
Ainsi, Yossef exhorta-t-il ses frères à ne pas cessez l’étude approfondie de la Halakha, afin de bénéficier d’une protection totale sur le chemin les conduisant vers leur père en Erets Israël.
[rabbi de Loubavitch - Likouté Si'hot]

"Comment retournerai-je chez mon père sans le jeune homme" (Vayigach 44,34)

-> Quand le rabbi Méïr de Prémichlan arrivait à ce verset, il soupirait, pleurait et disait :
Comment retournerai-je chez mon père, comment un juif peut-il retourner vers son père au Ciel [Hachem] après les années de sa vie en ce monde, sans le jeune homme = si la jeunesse ne m'a pas accompagné dans l'acceptation du joug de la Torah et des mitsvot?
Car c'est en cela que se mesure la réussite de chaque génération, si elle sait transmettre comme il convient la tradition des pères à la génération des enfants.