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Les 2 vidouï – le pouvoir de la bouche

+++ Les 2 vidouï - le pouvoir de la bouche :

+ "Car la chose est très proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, pour l'accomplir" (Nitsavim 30,14)

-> Selon le Sforno et le Ramban, ce verset fait allusion à la téchouva, la mitsva de se repentir de ses fautes.

Le Sforno explique : la téchouva est "près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur pour la faire" = ce qui signifie que l'on récite le vidouï (confesser ses fautes) avec sa bouche, et que l'on essaie dans son cœur d'approfondir son remords d'avoir fauté et de renforcer sa conscience d'Hachem.

De même, le Ramban explique que la téchouva faite dans le cœur signifie l'abandon de la faute, le regret de ce que l'on a fait et la résolution de ne jamais revenir à ses mauvaises habitudes.
La téchouva faite par la bouche fait référence au vidouï (confession) que l'on prononce et qui est un élément crucial du processus de téchouva.

=> C'est étrange. Le vidouï est l'étape finale du processus de téchouva (Rambam, Hilkhot Téchouva 2,3). Si le mot "bouche" fait référence au vidouï, pourquoi apparaît-il avant le mot "cœur" dans le verset?

-> Le rav Aharon Kotler explique que le vidouï principal se trouve en effet à la fin du processus de téchouva. Nous nous tenons devant Hachem et déclarons que nous avons fauté, que nous l'avons déjà regretté et que nous en avons honte. C'est à ce moment-là que nous prononçons le premier vidouï.
Néanmoins, nous disons un vidouï supplémentaire au tout début du processus de téchouva. Le but de ce vidouï est de nous réveiller au fait que nous avons besoin de faire téchouva.

Le rav Kotler explique que la Torah fait allusion à ce vidouï supplémentaire en plaçant le mot "bouche" avant "cœur" dans le verset cité ci-dessus.
Si nous ne disons pas ce vidouï, il se peut que nous ne nous rendions même pas compte que nous avons fait quelque chose de mal. C'est ainsi que nous prononçons les mots les plus alarmants : "achamnou" (nous sommes coupables), "bagadnou" (nous nous sommes rebellés), "gazalnou" (nous avons volé), ...

Ce vidouï supplémentaire est important. Beaucoup d'entre nous ont tendance à penser : "Moi, j'ai fauté? Qu'est-ce que j'ai fait? Après tout, je ne vole pas à l'étalage et je ne conduis pas le Shabbath!"
Nous nous sentons offensés à l'idée même d'avoir mal agi. En prononçant les mots du vidouï et en contemplant leur signification, nous pourrons, nous l'espérons, examiner nos comportements et découvrir des choses qui doivent être corrigées.
En effet, de manière subtile, le comportement d'une personne peut ne pas refléter l'importance de la Torah et des mitzvos.
[chaque terme du vidouï est une tête de chapitre (à l'image des 39 interdits de Shabbath), et Hachem ensuite attend de nous d'agir avec toujours plus de perfection (les tsadikim étant jugés sur l'épaisseur d'un cheveu). Ainsi, en prononçant le vidouï je dois être honnête avec moi-même et me demander si je n'ai pas fait une sorte de cette faute.
Par exemple, derrière le terme "voler", il y a le fait de dépasser quelqu'un dans une file, et du coup de lui voler du temps. ]

Plus nous examinons nos actions, plus nous avons de chances de découvrir des choses que nous savons être mauvaises. Lorsque nous avions l'habitude de les faire, elles nous semblaient permises. Or nos Sages nous disent (guémara Kidouchin 20a) que si une personne commet une faute deux fois, elle lui semblera permise.
[ça va c'est pas si grave, les autres font pire! ... autant d'excuses qui nous empêchent de faire téchouva, car dans le monde de Vérité cela ne tiendra pas pour nous dédouaner. ]

-> Le Yad Kétana (Hilkhot Téchouva 1,4) évoque un autre avantage du vidouï :
En prononçant les mots, nous puisons dans une force cachée en nous qui veut que nous fassions téchouva. En prononçant les mots [du vidouï], nous attisons les flammes de la volonté intérieure que nous avons de changer.

C'est ce qui ressort de la décision du Rambam (Hilkhot Guittin 2,20, basé sur la guémara) qu'un mari qui refuse de donner le divorce (guét) à sa femme "est contraint jusqu'à ce qu'il dise, 'je veux'". Un divorce forcé n'est pas acceptable d'un point de vue halakhique. Quelle différence cela fait-il de dire "je veux" (sou la contrainte)? Nos Sages ont compris que chaque personne possède en elle la volonté de faire ce que Hachem veut, cependant, son mauvais penchant dissimule cette volonté intérieure.
Bien que la manière forte lui soit appliquée, c'est en fin de compte lui qui ouvre la bouche et dit : "Je veux...". Le fait de lui faire prononcer ces mots lui permet de puiser dans sa propre volonté interne sincère de faire ce qui est juste, dans la mesure où cette volonté est valide d'un point de vue halakhique.
Dans notre cas, dire le vidouï peut nous sortir de notre complaisance et nous mettre sur la voie d'un véritable changement.

Par exemple, supposons qu'une personne en veuille à une autre et qu'elle ait des raisons de le faire. Il sait que la Torah lui demande de se montrer amical avec la personne qui lui a fait du tort.
"Je ne peux pas", se dit-il. Il peut s'adresser à Hachem et lui dire : "Hachem, s'il te plaît, aide-moi et fais disparaître mes mauvais sentiments à l'égard de cette personne. Je sais que c'est Ta volonté, alors aide-moi à la faire. Aide-moi à être un juif qui vit à un niveau supérieur".
Le simple fait de prononcer ces mots fait appel à une volonté intérieure qu'il n'avait jamais réalisé posséder, et lui donne ce petit supplément de force dont il avait besoin pour faire téchouva.

=> On a bien 2 viouï : un avant la téchouva, dont chaque mot prononcé va éveiller notre intériorité de changer, et un vidouï venant clôturer le processus de repentir (nous regrettons et avons honte de ce qui a été fait de contraire à Ta volonté).

[cela met en avant le pouvoir incroyable de notre bouche, à quel point elle peut impacter notre intériorité et nous faire changer en mieux. ]

La téchouva dépend de l’étude de la Torah

+++ La téchouva dépend de l'étude de la Torah :

+ "Car cette loi que je t'ordonne aujourd'hui, elle n'est pas cachée de toi et elle n'est pas est éloignée.
Elle n'est pas dans le ciel, pour que tu dises : "Qui montera pour nous au ciel et accessible nous la prendra pour nous la faire entendre afin que nous l'accomplissions?"
Elle n'est pas non plus de l'autre côté de la mer, pour que tu dises: "Qui passera pour nous de l'autre côté de la mer et nous la prendra pour nous la faire entendre afin que nous l'accomplissions ?"
Car la chose est très proche de toi - dans ta bouche et dans ton cœur - pour l'accomplir. (Nitsavim 30,11-14)

-> Le Sforno et le Ramban écrivent que ce verset (v.11) fait allusion à la téchouva, la mitsva de se repentir de ses fautes.
Ils expliquent que la téchouva est le sujet mentionné au début de ce chapitre, qui stipule qu'après avoir trébuché dans l'erreur et la faute en exil : "tu reviendras à Hachem, ton Dieu" (Nitsvaim 30,2).

Le Sforno explique le verset (v.14) : la téchouva est "près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur pour la faire" = ce qui signifie que l'on récite le vidouï (confesser ses fautes) avec sa bouche, et que l'on essaie dans son cœur d'approfondir son remords d'avoir fauté et de renforcer sa conscience d'Hachem.
En bref, la téchouva est éminemment réalisable.

-> La guémara (Erouvin 55a) cite ce verset (v.11), et les nos Sages disent que la mitsva à laquelle il est fait référence est l'étude de la Torah. Le verset dit ensuite que la Torah n'est pas "dans les cieux", c'est-à-dire chez ceux qui ont "la tête dans le ciel", ou chez les personnes vaniteuses et orgueilleuses. Elle n'est pas non plus "au-delà des mers", parmi les marchands qui voyagent de loin en loin pour faire du commerce.

=> Comment le Ramban et le Sforno (téchouva) peuvent-il contredire la guémara (Torah)?

-> Le Maadaneé Shmouel réconcilie les Richonim avec la guémara en expliquant que l'étude de la Torah est une partie essentielle du processus de la téchouva.
Cela apparaît clairement dans la bénédiction sur la téchouva que nous prononçons dans le Amida : "Ramène-nous, notre Père, à Ta Torah" (hachivénou Avinou léToraté'ha), et ce n'est qu'ensuite que nous demandons : "et ramène-nous à Toi avec une téchouva complète."
De plus, l'appel à la téchouva du prophète Hochéa : "Prenez pour vous des paroles et revenez à Hachem" (Hochéa 14,2) est expliqué dans le Sifri (Haazinou 32,2) comme "Quelles paroles devrions-nous prendre? Des paroles de Torah".

=> Pourquoi la téchouva dépend-elle de la Torah?

-> La guémara (Kidouchin 30b) affirme que la Torah est le remède au mauvais penchant.
Cela est vrai avant qu'une personne ne commette un péché, puisqu'elle doit appliquer ce "remède" pour surmonter la tentation. Toutefois, cela est encore plus vrai pour une personne qui est déjà tombée dans la faute. Il est nécessaire d'étudier la Torah si l'on veut échapper au filet du mauvais penchant dans lequel on est pris.

-> Le 'Hazon Ich (Igrot 2:75) écrit que pour déraciner un trait de caractère négatif, il faut à la fois travailler sur ce trait et étudier la Torah pour l'amour d'Hachem.
Sans l'un ou l'autre de ces ingrédients, l'effort est voué à l'échec.

-> De plus, il est impossible pour une personne de faire téchouva et d'atteindre une quelconque proximité avec Hachem sans progresser également dans la Torah.
Dans la Kriat Shéma, le verset dit : "Et tu aimeras Hachem, ton D. ... Et ces mots doivent être ... sur ton cœur" (Vaét'hanan 6,5-6). Rachi cite le Sifri : "Comment acquiert-on l'amour d'Hachem? En ayant ces mots (c'est-à-dire les mots de Torah) sur son cœur. C'est alors que l'on peut connaître Hachem et s'attacher à Ses voies".

-> De même, le rav 'Haïm de Volzhin (Néfech ha'Haïm 4,31) cite le Zohar selon lequel la proximité avec Hachem est proportionnelle à la proximité avec la Torah.

-> Le rav Shlomo Wolbe note que le premier Elloul de la nation dans le désert était une période de réception de la Torah. Ils se préparaient au retour de Moché du mont Sinaï avec les 2e Lou'hot.
Bien qu'ils aient déjà reçu la Torah au mont Sinaï, c'était avant qu'ils n'aient fauté, et ils devaient maintenant accepter la Torah à nouveau pour se purifier de la faute du Veau d'or.

-> Ainsi, nous aussi, nous devons accepter la Torah de tout cœur dans le cadre de notre Elloul. Nous pouvons y parvenir en consacrant plus de temps et d'énergie à notre étude que ce à quoi nous sommes généralement habitués.
À la yéchiva de Kelm, les séances d'étude duraient 6 ou 7 heures pendant le mois d'Elloul.
Le machguia'h, le rav Itzélé Péterburger expliquait à ses élèves : "Vous devez arriver au jour du jugement avec beaucoup de guémara, de Rachi et de Tossefot".

-> Un jour, le machguia'h de Lakewood, le rav Nathan Wachtfogel, a dit à ses élèves :
"Si les étudiants de Kelm étaient capables d'apprendre si longtemps en Elloul, pourquoi ne l'ont-ils pas fait toute l'année?
Il a répondu qu'un tel travail dépassait leurs capacités naturelles. Néanmoins, Hachem est plus proche de nous en Elloul, et Il leur a donc donné les possibilités pour étudier encore plus, leur donnant la chance de se rapprocher davantage de Lui.
Nous aussi, nous pouvons utiliser Elloul pour nous pousser davantage dans la Torah et le service d'Hachem!"

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[la téchouva signifie revenir vers Hachem.
Or, la Torah a un pouvoir de purification de nos fautes, et en nous la donnant Hachem a dit que c'est comme s'Il s'était donné avec (la Torah est composé de Nom Divin, étudier la Torah c'est apprendre à davantage connaître Hachem, ...).
Ainsi, par le faut d'étudier davantage la Torah, nous montrons concrétement à Hachem que certes on a pu fauter ce qui nous a éloigné de Lui, mais notre réel désir est d'être proches de Lui, comme en témoigne le fait que nous étudions davantage, que nous faisons plus de mitsvot en cette période (ex: Elloul).]

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b'h, voir également :
-> Téchouva & l'importance de l'étude de la Torah : http://todahm.com/2022/09/28/techouva-limportance-de-letude-de-la-torah
-> Téchouva & étude de la Torah ... : http://todahm.com/2014/10/23/techouva-etude-de-la-torah
-> Téchouva : prendre sur soi le joug Divin + étudier la Torah : http://todahm.com/2022/01/19/techouva-joug-divin-torah

[Moché dit aux Bné Israël] "la chose [c'est-à-dire la Torah et les mitsvot] est très proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, pour que tu la fasses" (Nitsavim 30,14)

-> Rabbénou Bé'hayé explique que dans cette déclaration, Moché fait allusion à 3 catégories différentes de mitsvot, à savoir celles qui sont accomplies avec la bouche, celles qui sont accomplies avec le cœur et celles qui sont accomplies par une action physique.

Rabbénou Bé'hayé explique que les mitsvot les moins physiques, celles qui sont accomplies avec notre cœur, sont celles qui ont le plus de valeur aux yeux d'Hachem.
Viennent ensuite les mitsvot accomplies avec la bouche, car elles ne sont que partiellement physiques.
Enfin, les moins importantes sont les mitsvot qui sont accomplies entièrement dans le domaine de la physicalité/matérialité, auxquelles Moché fait référence avec le mot "laassoto".

=> Cette déclaration de Rabbénou Bé'hayé nous éclaire sur la façon correcte d'envisager les mitsvot.
Trop souvent, nous nous attachons à accomplir les mitsvot qui impliquent une action physique, mais nous n'observons que partiellement les mitsvot qui sont accomplies par la pensée ou la parole.
Les mitsvot qui sont accomplies uniquement par nos pensées, telles que par exemple "ahavat Hachem" et "yirat Hachem", sont considérées comme plus importantes que celles qui sont accomplies par des actions physiques.
[rav Avraham Brueckheimer]

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[Hachem désire notre coeur! ]

Nitsavim & Roch Hachana – Kippour = la nécessité de développer de la crainte du Ciel

+ Nitsavim & Roch Hachana - Kippour = la nécessité de développer de la crainte du Ciel :

-> Rachi nous rapporte que lorsque le peuple juif a entendu les 98 malédictions qui s'abattraient sur quiconque n'accomplirait pas la Torah, il a été terrifié.
Moché tenta de les rassurer : "Regardez, vous êtes vous êtes ici aujourd'hui (nitsavim ayom), bien que vous ayez mis Hachem en colère à de nombreuses reprises (Devarim, Rachi 29:12)".

Il semble que Moshé essaie d'être rassurant. Cependant, Moché poursuit : "Peut-être y a-t-il parmi vous un homme ou une femme ... dont le coeur se détourne d'être avec Hachem ... et lorsqu'il entendra ces malédictions ... il dira : 'La paix sera avec moi, même si je suis les désirs de mon coeur' ... Hachem ne sera pas disposé à lui pardonner ... et toutes les malédictions de ce Livre viendront sur lui, et Hachem effacera son nom de dessous les cieux ! (Nitsavim 29,17-19)."

=> À qui Moché s'adresse-t-il? La nation entière vient d'entendre les malédictions et tous sont terrifiés. Comment Moché pouvait-il penser qu'il y aurait encore quelqu'un qui pensait pouvoir faire tout ce qu'il voulait sans que rien ne se produise? Qui serait assez fou pour penser cela?

-> Le rav 'Haïm Friedlander explique qu'il existe en effet une personne capable de penser de cette manière : quelqu'un qui est en proie à une taava (un fort désir).
Son désir est si puissant qu'il chasse de son esprit tout sentiment sain de crainte du Ciel. Il est vrai qu'il aurait peur de fauter dans des circonstances normales, mais dans les tourmentes de son fort désir, il oublie toutes les autres préoccupations, aussi terrifiantes soient-elles.

Moché indique clairement qu'une telle personne commet une grave erreur. Pour un tel comportement, Hachem appliquera toutes ces malédictions. De plus, Il punira même les fautes involontaires comme s'ils avaient été commis délibérément (voir Rachi - Nitsavim 29,18). Enfin, le nom du fauteur sera effacé du monde.

=> Cette mesure semble inhabituellement sévère. Après tout, le fauteur peut certainement prétendre qu'il s'est oublié lui-même à ce moment-là (je n'étais plus moi-même!). Il était incapable de penser logiquement. Est-il vraiment si terrible?
Pourtant, l'avertissement de Moché à ce fauteur est que le fait de permettre à à son désir d'écarter Hachem de son esprit est une forme grave de rébellion contre Lui.

Le rav Friedlander note que tout comme la taava (fort désir) repousse la crainte du Ciel, l'inverse est également vrai. La crainte du Ciel éloigne la taava. Par conséquent, il faut essayer d'accroître sa crainte du Ciel pour éloigner la taava.
Aussi souvent que possible, il faut se rappeler que ce monde n'est pas libre (il y a un Maître du monde, il faudra rendre des comptes de tout, ...).
Il ne fait aucun doute que chacun est tenu responsable de sa mauvaise conduite et puni pour cela, que ce soit dans ce monde ou dans l'autre. Ce mode de pensée développe la crainte du Ciel.

[ainsi nous sommes responsable d'avoir en nous de la crainte du Ciel, comme barrière/espace de sécurité pour ne pas en venir à être soumis à nos désirs interdits.
En l'absence, nous sommes responsables d'y être tombés, car nous ne nous en sommes pas prémunis. ]

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-> Le rav Yé'hezkel Lévenstein rappelle que Roch Hachana et Yom Kippour sont connus sous le nom de Yamim Noraïm, littéralement les jours redoutables.
Le Rambam (sur la michna Roch Hachana 4:7) écrit que ce sont des jours où un juif doit craindre le jugement d'Hachem et s'y préparer en se repentant de ses fautes passées.

Pendant les Yamim Noraïm, Rav Levenstein exhortait les gens :
"Hachem nous a donné ces jours pour que nous sachions que nous sommes sur le point d'être jugés, afin que nous nous repentions. Il exige que nous le craignions! Si quelqu'un ne le fait pas maintenant, pendant ces jours uniques, il est certainement coupable de 'suivre les désirs de son cœur et d'ignorer Hachem'."

Le rav Lévenstein avertit ensuite :
"J'hésite à le dire, mais une telle personne peut encourir les punitions que Moché a énumérées dans la paracha Nitsavim, à D. ne plaise.
Il se peut qu'Hachem ne veuille pas pardonner à une telle personne, car même maintenant, avec le spectre du jugement qui se profile devant elle, elle ne ressent rien.
Il observe donc les mitsvot, mais qu'en est-il de la crainte d'Hachem? Pourquoi se comporte-t-il comme s'il n'avait pas à se repentir? Quel est le problème de cette personne?"

-> De même, le rav Israël Salanter (Ohr Israël 7) écrit :
"Ne voyons-nous pas que chaque année, il y a des gens, même jeunes et en bonne santé, qui ne parviennent pas à la fin de l'année? Comment ne pas avoir peur? Il faut au moins qu'un sentiment s'exprime!"

-> Le rav Lévenstein a trouvé cette idée dans le récit de la guémara (Béra'hot 28b) sur la fin de la vie de Rabban Yo'hanan ben Zakaï. Il y est dit qu'alors qu'il était alité, ses élèves vinrent lui rendre visite.
Lorsqu'il les vit, il pleura. Ses élèves lui demandèrent pourquoi il pleurait, après tout, il pouvait certainement s'attendre à une grande récompense dans le monde à venir (au regard de ses incroyables mérites spirituels). Il a répondu que s'il était sur le point de faire face à un juge humain, qui ne pourrait que le condamner à un châtiment dans ce monde, il aurait certainement peur.
Il sera bientôt jugé par Hachem, dont le châtiment est pour l'éternité. Il est évident qu'il serait terrifié dans ce cas!

Le rav Lévenstein commente :
"Il semble, d'après le récit, que Rabban Yo'hanan ben Zakaï ne pleurait pas avant l'arrivée de ses élèves.
Si c'est le cas, pourquoi a-t-il pleuré à ce moment-là ? Ce n'était certainement pas pour montrer sa piété ...
Rabban Yo'hanan ben Zakaï avait plutôt l'intention de transmettre un enseignement à ses élèves.
[A l'approche de Roch Hachana et Kippour,] nous devons imaginer que nous sommes confrontés à un véritable procès. Imaginons que nous soyons convoqués devant un juge humain, qui a le pouvoir de nous punir. Nous aurions certainement peur!
La crainte que nous ressentirions est le minimum absolu que nous devrions ressentir lorsque nous nous trouverons bientôt devant Hachem. Nous devrions nous demander si nous avons au moins aussi peur de Roch Hachana."

-> Ceux qui ont connu le grand de la génération, le rav Elazar Shach ont témoigné qu'il vivait avec une telle peur tout au long de l'année. Tout au long de sa journée, il se disait (et parfois se demandait même à haute voix) : "Serai-je capable d'expliquer pourquoi j'ai agi ainsi lorsque je me tiendrai devant la Cour céleste?"

En particulier à Elloul et pendant les dix jours de repentir, son sentiment de peur était palpable.
Son comportement semblait demander : "Comment puis-je me tenir devant Hachem en jugement ?"
Une fois, pendant le mois d'Elloul, le petit-fils du rav Shach, le rav Isser Zalman Bergman, lui a dit que l'un de ses fils allait bientôt devenir bar mitsva et qu'une réception serait organisée dans quelques jours.
"Une célébration maintenant? Pendant Elloul?" Rav Shach est choqué. "Comment puis-je me rendre à une fête pendant ces jours-ci? Pourriez-vous la reporter après les Yamim Noraim?"

[Roch Hachana et Kippour impliquent de développer en nous une profondeur crainte, frayeur, de la gravité de ce moment (le jugement est de Vérité, avec Rigueur, impitoyable [ex: aucune pensée n'est cachée de D.]). Et ce n'est qu'ensuite qu'on peut y ajouter de la joie, de l'amour, d'avoir papa Hachem comme juge, qui nous aime infiniment, rempli de miséricorde.
On doit respecter cet ordre, car alors l'un (crainte) alimente l'autre (la joie, amour). Plus on a conscience de la gravité de la situation, plus on apprécie la bonté d'Hachem, de L'avoir en permanence s'occupant de nous pour notre mieux éternel. ]

L’unité & la venue du machia’h

"Vous vous tenez debout aujourd’hui tous ensembles, devant Hachem votre D. : vos chefs de Tribus, vos anciens, vos agents, chaque citoyen d’Israël" (Nitsavim 29,9)

-> Le Midrach (Yalkout Chimoni Dévarim 940) commente :
"‘Vous vous tenez debout’. Quand? Lorsque vous formez ‘aujourd’hui tous ensembles’ un seul groupe (agouda a'hat ). Ainsi, trouvons-nous qu’Israël n’est délivré que lorsqu’il ne forme qu’un seul groupe ...
Même si J’ai placé pour vous des chefs [de Tribu], des juges et des agents, tous sont identiques devant Moi, comme il est dit : ‘chaque citoyen d’Israël’...
Autre explication: Vous tous êtes garants l’un envers l’autre."

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+ L'unité & la venue du machia'h :

-> Yaakov dit à ses enfants : "Vous ne devez former qu'une seule assemblée".
Si les Bné Israël deviennent une seule unité, alors préparez-vous à la guéoula.
[midrach Béréchit rabba 98,2 - sur Vayé'hi 49,1]

-> "Vous vous tenez debout aujourd'hui, vous tous" (Nitsavim 29,9)
Quand? Quand vous êtes tous unis et ne faites qu'un ...
De même, tu peux constater qu'Israël ne sera pas délivré avant de ne former qu'un seul faisceau.
[midrach Tan'houma - Nitsavim 1]

-> "Je les purifierai et ils seront Ma nation et Je serai leur D." (Yé'hezkiel 37,23).
Le rav Yissa'har Teichtal explique que c'est-à-dire qu'en vertu du fait qu'ils s'uniront, Hachem enverra d'en haut un esprit de pureté et tous deviendront dignes d'être la nation de D., et qu'Il soit leur D.

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-> Le Maharal (Nétsa'h Israël 4) explique la raison pour laquelle le 2e Temple a été détruit.
Le Temple de Jérusalem constitue le cœur de l'unité de la communauté d'Israël ; c'est lui qui fait de nous une nation.
Du fait de leur désunion, les juifs déméritèrent ce lieu.
[Si nous nous unissons, alors nous méritons la guéoula et le site qui fait de nous une nation]

-> Rav Shaptil (le fils du Chla haKadoch) écrit dans son Vavé haAmoudim :
"La haine, l'égoïsme et la médisance sévissent parmi nous ... et tels étaient les péchés de l'époque du 2e Temple.
Nos Sages (guémara Yoma 9b) affirment : "Pourquoi le 2e Temple a t-il été détruit, alors que les juifs se consacraient à l'étude de la Torah, aux mitsvot, et aux actes de bonté? C'est à cause de la haine gratuite".
Ceci explique pourquoi selon nos Sages (guémara Roch Hachana 18b), nous pleurons davantage le 2e Temple que le 1er.
Pourtant ceci est difficile à comprendre. En effet, nous devrions au contraire pleurer plus intensément le 1er Temple, du fait que le 2e Temple ne possédait ni l'Arche sainte, ni le rideau (paro'hét), ni les chérubins, ni les Tables de la loi.

En réalité, du fait que la haine gratuite règne [toujours] parmi nous, notre deuil pour le 2e Temple est plus intense, car si ce péché a causé la destruction, il empêche certainement le machia'h de venir.
"Toute génération qui n'est pas témoin de la reconstruction du Temple est considérée comme ayant causé sa destruction" (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1 ; midrach Téhilim 137,10) = nous continuons à pratiquer les mêmes attitudes [si négatives à l'égard d'autrui] de l'époque du 2e Temple, et c'est pour cela que notre malheureux et pénible exil dure tant."

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2022/05/18/35795

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-> b'h, l'importance de l'unité : http://todahm.com/2021/05/23/limportance-de-lunite

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+ Les juifs sont garants les uns les autres :
-> ce verset aborde également ce thème, qui est développé par exemple : http://todahm.com/2022/08/07/36423

Téchouva : voir l’infinie bonté d’Hachem

"Cette mitsva que Je vous ordonne ... n'est pas trop difficile pour toi, et elle n'est pas loin de toi :
- elle n'est pas dans le ciel, pour que tu dises: "Qui montera pour nous au ciel et nous l'ira quérir, et nous la fera entendre afin que nous l'observions?"
- elle n'est pas non plus au delà de l'océan, pour que tu dises: "Qui traversera pour nous l'océan et nous l'ira quérir, et nous la fera entendre afin que nous l'observions?"
Non, la chose est tout près de toi : tu l'as dans la bouche et dans le cœur, pour pouvoir l'observer!" (Nitsavim 30,11-14)

-> Le Ramban dit qu'il s'agit de la mitsva de la téchouva.
b'h, des divré Torah sur ce verset : http://todahm.com/2020/03/22/12517-2

-> L'enseignement ci-dessous est basé sur le Otsrot haTorah :
Au sujet des versets ci-dessus, nos commentateurs discutent pour savoir si cette mitsva dont il est ici question évoque toute la Torah, dans sa globalité, qui n'est pas hors de la portée de l'homme ou bien si elle se rapporte à la mitsva de téchouva.

Le Ramban comprend que la Torah fait référence ici à la mitsva de téchouva. Mais d'après cela, il faut comprendre ce que veut dire que le repentir n'est pas dans le ciel, ou bien qu'il n'est pas de l'autre côté de la mer.
En fait, l'explication de cela est que l'homme, par ses fautes, cause des dégâts dans les mondes supérieurs, dans les cieux les plus hauts. L'homme peut penser qu'il n'a commis qu'un acte simple, certes interdit, mais pas si grave que cela. Mais en réalité, chaque transgression porte atteinte aux mondes supérieurs et aux cieux les plus élevés. S'il en est ainsi, la logique aurait voulu que la téchouva, qui est la réparation de la faute, n'est acceptable que s'il monte dans ces cieux pour y réparer ce qu'il a abîmé.
=> Pour éviter une telle idée, la Torah précise que la téchouva "n'est pas dans le ciel" = tu n'as pas besoin de monter au ciel. Ici même déjà, si l'homme se repent sincèrement et réellement dans ce monde uniquement, sa téchouva est valable [et rapport tout].

D'autre part, quand un homme commet un péché, il peut faire pencher la balance du monde entier dans toute sa surface, vers le côté coupable. La faute n'est pas seulement nuisible pour les mondes d'en-haut, dont nous n'avons aucune notion. La faute peut aussi causer des dégâts sur toute la surface de la Terre, entraînant des catastrophes et des malheurs, D. préserve.
Ainsi, on aurait pu penser que l'homme doit aller dans tous les endroits où il a été nuisible pour réparer le mal qu'il y a fait.
C'est pour éviter cette écueil que la Torah dit : "Elle n'est pas de l'autre côté de la mer" = tu n'auras pas besoin de traverser mers et océans pour arranger ce que tu as détérioré sur la surface de la Terre. Tu peux rester là où tu te trouves et de là, tu reviendras vers Hachem et tu pourras réparer tous les dégâts causés par tes fautes.
Grâce au sincère regret et à l'abandon de la faute que tu réaliseras dans ton cœur, simplement au fond de toi, tu répareras tous les dégâts cosmiques que la faute a occasionnés.

Évidemment, cela constitue une bonté et un bienfait extraordinaires de la part d'Hachem. Dans Sa Grande Bonté, Il n'a pas exigé de l'homme de se repentir sur les dommages causés par le péché dans les mondes supérieurs.
Bien plus, les punitions qu'Hachem envoie à l'homme pour ses fautes, ne sont pas en fonction de la gravité des dommages causés dans tous les mondes, mais elles sont uniquement fonction de l'intention de l'homme et du profit qu'il a éprouvé au moment de la faute, sans prendre en considération tous les effets de la faute selon leurs réalités, dans toute la création.
C'est cela le sens du verset : "A toi Hachem la Bonté, car tu fais payer à l'homme selon son action".
=> Apparemment, ce verset est difficile. Car si Hachem fait payer à l'homme selon son action, cela témoigne de la Justice Divine et non de Sa Bonté!

Seulement, la Grande Bonté d'Hachem est qu'Il juge l'homme uniquement selon son action, selon sa perception et sa relation avec l'action commise, et non selon les conséquences de sa faute dans tous les mondes supérieurs, chose que l'homme n'a aucune notion.
On peut comprendre encore mieux ce principe par l'image d'un cambrioleur qui essaie de pénétrer une maison sans succès. Voyant tous ses efforts échoués, il monte sur la terrasse pour voir s'il arrive à rentrer par là. Mais là aussi, rien n'y fait. Alors, il remarque un gros clou enfoncé sur le sol de la terrasse. Pour ne pas partir les mains vides, il arrache le clou avec force : au moins il emportera quelque chose avec lui. Mais alors, un grand bruit se fit entendre. Le somptueux lustre de la salle à manger tomba et se fracassa en petits morceaux. Il était suspendu sur le clou et quand le voleur l'arracha, le lustre se décrocha et tomba. Quand la maisonnée se rendit compte de cela, ils présentèrent le voleur devant le juge, lui exigeant le remboursement du lustre. Mais le voleur protesta que de son point de vue, il n'avait pris qu'un simple clou.
De même, quand un homme commet une faute, celui-ci ne voit que le plaisir banal qu'il en retire. Mais en réalité, les dégâts sont énormes. On ne peut en avoir aucune notion. Et Hachem, dans Sa Grande Bonté n'exige de l'homme que la réparation de l'acte à l'échelle humaine, et non pas le paiement des dommages réels.

Certains Maitres expliquent que la souffrance que l'homme reçoit dans le guéhinam (enfer), c'est qu'on lui révèle toutes les véritables destructions et les nombreux dégâts qu'il a occasionnés par ses fautes.
Quand l'homme réalise les conséquences inimaginables que sa faute a causées, la peine et la souffrance qu'il en conçoit est énorme. C'est cela, selon ces Maîtres, les souffrances du guéhinam.
C'est un véritable bienfait qu'Hachem réalise pour l'homme dans ce monde de cacher de sa conscience les dégâts causés par ses fautes. Car si l'homme en était conscient, sa vie aurait été un véritable enfer. Personne ne peut supporter la conscience des dommages qu'il a entraînés. Et malgré tout cela, quand Hachem sanctionne un homme pour ses fautes, Il le fait payer uniquement en fonction de son appréhension de l'acte et du profit qu'il en a tiré, et non en fonction des graves répercussions causées.

Mais la Bonté d'Hachem ne s'arrête pas là. En effet, si concernant les fautes, Hachem ne rétribue pas en fonction des réels dégâts, inversement concernant les mitsvot, Hachem récompense l'homme en fonction de la réalité de la mitsva. Car quand un homme accomplit une mitsva, la bénédiction qu'il génère dans le monde est très grande. Il permet d'attirer une lumière et une réparation inimaginables dans tous les mondes, inférieurs et supérieurs.
Les effets positifs occasionnés par les mitsvot ne sont pas moins grands que les dégâts causés par les fautes.
Mais là, Hachem dans Son incommensurable Bonté, récompense l'homme selon la réalité des choses, c'est-à-dire en considérant toutes les réelles conséquences de son acte ainsi que de toutes les merveilleuses réparations que ses mitsvot ont provoquées.
En cela, on ne peut même pas imaginer combien la récompense pour même de simples mitsvot sera grande.

Roch Hachana et les jours de repentir qui arrivent sont des occasions de réfléchir à tout cela. [on devrait idéalement se renforcer sur cela tout au long de l'année]
Quand l'homme pense aux dégâts que ses fautes occasionnent dans tous les mondes qu'Hachem a créés. Et quand il médite à l'Infinie Bonté d'Hachem qui ne le sanctionne pas pour tous ces terribles effets de son acte, il se remplira d'une grande crainte de la faute, conscient de sa gravité, et d'un amour puissant pour Hachem, pour Sa Grande Bonté. Tout cela le mènera à une téchouva sincère et profonde.

"Vous vous tenez aujourd'hui, vous tous, devant Hachem votre D." (Nitsavim 30,9)

-> Le Sfat Emet explique que Moché disait au peuple juif : "vous vous tenez devant Hachem, et moi je ne peux pas m'y tenir, car vous êtes tous des baalé téchouva, et : "Les tsadikim parfaits ne peuvent se tenir là où se tiennent les repentis (baalé téchouva)" (guémara Béra’hot 34b).

=> lorsque quelqu'un fait téchouva, il atteint des niveaux supérieurs aux plus grands tsadikim.

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-> Nos Sages (guémara Roch Hachana 16b) enseignent qu’à Roch Hachana 3 livres sont ouverts : celui des tsadikim, celui des réchaïm, et celui des personnes moyennes (bénonim).

Le Likouté Maharil demande : pourquoi doit-il exister spécialement un livre pour les bénonim?
S'ils font téchouva, alors ils doivent être inscrits dans le livre des tsadikim, et s'ils ne font pas téchouva, alors ils doivent être inscrits dans le libre des réchaïm.
=> Pourquoi doivent-ils avoir leur propre livre?

Le Likouté Maharil répond que si les bénonim se repentent, ils deviennent plus importants que les tsadikim, et c'est pour cela qu'ils sont écrits séparément.
Ils sont inscrits dans le livre des bénonim en tant que baalé téchouva, ce qui est un plus grand honneur que d'être inscrits dans le livre des tsadikim.

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-> Le Toldot Yaakov Yossef explique que notre inscription dans le livre des tsadikim ou des réchaïm n'est pas basée sur le passé, mais plutôt sur nos plans actuels pour l'année à venir.
Quoiqu'on a pu faire de notre année passée, si à Roch Hachana nous exprimons à Hachem un sincère ambition de tendre autant que possible vers le tsadik qui est en nous, alors nous serons inscrit dans le livre des tsadikim.
=> Nous ne devons pas avoir de complexes, car le Jugement n'est pas sur ce que l'on a été, mais plutôt sur ce que nous voulons être.
Ainsi, plus nous développons notre envie de grandir Hachem par nos belles actions pendant l'année à venir, plus Hachem les comptant pour déjà parfaitement réalisées, nous considérera à Roch Hachana comme un incroyable tsadik.

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-> Le mot "ouv'hen" (ובכן) est répété à plusieurs reprises dans la Amida de Roch Hachana et de Kippour.
Le Aboudraham écrit que ce mot provient du verset : "et ainsi je me présenterai au roi" (ouv'hen avo el amélé'h - Esther 4,16).
Le rabbi Yéhochoua de Belz dit que la leçon principale provient de la suite de ce verset : "et ainsi je me présenterai au roi, de façon non convenable (acher lo kadat)".

A Roch Hachana et à Kippour, nous disons "ouv'hen" (ובכן) pour signifier : "Je vais me présenter au Roi bien que je ne le mérite pas" en raison de mes nombreuses fautes, car à Roch Hachana et à Yom Kippour Hachem prend dans "Ses bras" tous ceux qui font téchouva.

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-> Dans le moussaf de Roch Hachana, nous disons : "ki ata choméa (שומע) kol Shofar oumaazin (מאזין) troua vé'en domé la'h" (car Tu entends le son du Shofar et Tu écoutes le téroua, et il n'y a rien pas comme toi).
=> On remarque l'utilisation de 2 mots pour une même notion. Pourquoi cela?

Le Pri Mégadim (592,1) écrit : "maazin" est le fait d'écouter de près, tandis que "choméa" est le fait d'écouter de loin.

Le "kol Shofar" (son du Shofar), est un son régulier de tékiya, et il représente les tsadikim parfaits qui ne tombent pas. [tout est constamment parfait chez eux!]
La téroua qui est un son agité, représente les personnes qui luttent contre leur yétser ara.
Parfois ils agissent bien, et parfois mal.
Hachem est proche de ceux qui combattent. C'est pourquoi, pour la téroua, s'appliquant aux gens qui ont des hauts et des bas, il est employé : Hachem les écoute de près (maazin téroua).

Cependant, en comparaison d'eux, Hachem écoute les tsadikim de loin (choméa kol Shofar).
En effet : "Les tsadikim parfaits ne peuvent se tenir où se tiennent les repentis (baalé téchouva)" (guémara Béra’hot 34b).

Cette bénédiction du moussaf de Roch Hachana se termine par : vé'en domé la'h" (il n'y a rien comme Toi).
En effet, personne n'est comparable à Hachem qui désire les personnes imparfaites.
Un roi humain qui veut nommer un ministre va rechercher la personne qui sera la plus adaptée pour cette tâche.
Hachem est Unique, puisqu'il a plaisir des juifs imparfaits qui Le servent.

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-> Hachem se réjouit [énormément] lorsque nous nous renforçons pour faire Sa volonté.
[Yessod véChorech haAvoda]

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=> Pourquoi la paracha de Nitsavim est-elle lue habituellement le Shabbath qui précède Roch Hachana?

-> La guémara [Méguila 31b] enseigne : "Ezra a instauré que les juifs lisent les malédictions du Torat Cohanim (de la paracha de Bé’houkotaï) avant Atséret (Shavouot), et celles du Michné Torah (de la paracha de Ki Tavo) avant Roch Hachana. Pourquoi? ... Afin que l’année se termine avec ses malédictions (ceci expliquant pourquoi nos Sages n’ont pas plutôt instauré de lire la paracha de Béréchit le premier Shabbath de l’année – voir Maharcha)" [et "que l’année commence avec ses bénédictions" – Prière du premier soir de Roch Hachana].
(A noter que la lecture des malédictions de Ki Tavo, avant Roch Hachana, réveillent les juifs à la téchouva, opérant ainsi une purification de leur âme, réceptacle de la Présence Divine, nécessaire pour recevoir la lumière de la nouvelle année, source de la vitalité de tous les jours – Likouté Si’hot).

Tossefot précise que l’on insère la paracha de Nitsavim entre Ki Tavo et Roch Hachana (au même titre que l’on insère la paracha de Bamidbar entre Bé’houkotaï et Chavouot), afin de ne pas trop rapprocher les malédictions du "jour du jugement", car dans un tel cas, on "ouvrirait la bouche" au Satan pour qu’il nous accuse [voir Choul’han Aroukh Ora’h ‘Haïm 428,4].

-> Les malédictions de "Ki Tavo" se réfèrent aux "châtiments" de l’exil du Second Temple (tandis que celles de "Bé’houkotaï" correspondent aux «châtiments» de l’Exil du Premier Temple - Ramban).
En ce sens, elles doivent être lues avant Roch Hachana (moment propice à la Délivrance finale annoncée au Son du Chofar), car les Juifs seront délivrés par l’intermédiaire de la Téchouva, comme indiqué dans la paracha de Nitsavim : "Et tu retourneras" (VéChavta - ושְַׁבתְ) vers Hachem, ton D., ... Hachem, ton D., te prenant en pitié (VéChav - ושְָׁב), mettra un terme à ton exil" (Dévarim 30,2-3) [Maharcha].

"Tu reviendras jusqu'à Hachem, ton D., tu écouteras a voix, selon tout ce que je t'ordonne aujourd'hui" (Nitsavim 30,2)

-> Nous devons voir nos fautes pour faire téchouva, et nous devons faire téchouva pour voir nos fautes.
Ainsi, par où est-ce que cela commence?

Le Baal Chem Tov explique que la téchouva est un acte de bonté de Hachem.
Chaque jour un voix Céleste (bat kol) se lamente en nous implorant tous de faire téchouva.
Mais malgré le fait qu'aucun de nous n'entende réellement le son de cette bat kol, notre âme l'entend.
Notre âme ressent cet appel à la spiritualité, et désire se rapprocher de Hachem.

Le plus une personne se branche à sa néchama, son essence spirituelle, le plus rapidement elle se branchera à cette bat kol.
Ainsi, lorsqu'une personne se stimule et s'implique dans des actions spirituelles (ex: téchouva, téfila et tsédaka), alors le plus rapidement Hachem va initier et mettre en place un processus de téchouva.

[ainsi : "Tu reviendras jusqu'à Hachem, ton D." => alors : "tu écouteras a voix" (cette bat kol)]

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-> "Tu reviendras jusqu'à Hachem, ton D."
Selon le rav Avraham Blumenkrantz : On doit revenir "jusqu'à Hachem" = on doit faire téchouva jusqu'à ce que Hachem devienne "ton D."
Lorsque nous ressentons un lien spécial avec Hachem, alors nous savons que nous sommes sur le chemin vers une bonne téchouva.

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"Et tu reviendras et tu écouteras la Voix d'Hachem" (Nitsavim 30,8)

-> Quelques versets plus haut (Nitsavim 30,2), la Torah a déjà dit : "Tu reviendras jusqu'à Hachem ton D."
Ainsi, pourquoi le Torah redit dans notre verset : "Tu reviendras"? N'est-il pas déjà précisé que tu es revenu?

En fait, quand quelqu'un a fauté, il n'est pas encore vraiment capable de mesurer la gravité de sa faute. Malgré tout, il pourra se repentir en regrettant d'avoir transgressé la Parole d'Hachem et en décidant d'abandonner sa faute.
Mais, quand il se sera repenti, quand il se sera séparé du péché, il prendra alors plus clairement conscience de la gravité de son acte passé. C'est alors qu'il cherchera de nouveau à se repentir et ne se contentera pas de son premier retour, car alors il ne savait pas véritablement l'ampleur de son acte.
Et plus le temps passera, plus il réalisera la gravité de ce qu'il avait fait, et plus il voudra encore plus se repentir.
[Tiféret Chlomo]

"Car la chose est très proche de toi : dans ta bouche et dans ton cœur pour l’accomplir" (Nitsavim 30,14)

-> La bouche (פה) et le cœur (לב), lorsqu'ils sont écrits pleinement (פ"ה ה"י et למ"ד בי"ת soit 586), ils ont la même guématria que le mot Shofar (שופר), soit 586.

C'est une allusion à la puissance de la téchouva que contient le Shofar.
Nous devons faire téchouva à la fois avec nos lèvres (bouche) et à la fois avec notre cœur.
La partie essentielle de la téchouva est celle provenant de notre cœur.

[Ben Ich 'Haï]

"Cette mitsva que Je vous ordonne ... n'est pas trop difficile pour toi, et elle n'est pas loin de toi : elle n'est pas dans le Ciel pour dire : qui montera pour nous la prendre au Ciel" (Nitsavim 30,11-12)

-> Le Ramban dit qu'il s'agit de la mitsva de la téchouva.

-> Rabbi 'Haïm de Volozhin enseigne :
- "elle n'est pas dans le Ciel" = bien que le pécheur ait commis une offense en haut dans le Ciel, et que par conséquent, selon la justice le repentir devrait être inutile, à moins qu'il ne monte au Ciel pour réparer ce qu'il a détérioré, malgré tout : "elle n'est pas dans le Ciel", et il n'est point besoin de monter au Ciel, le repentir en ce monde-ci suffit.

- "elle n'est pas au-delà de la mer" = tu n'as pas besoin de te repentir à l'endroit précis où le dommage a été commis.

- "car la chose est très proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur pour la faire".

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+ "Elle (la Torah) n’est pas dans le Ciel ... car la chose est proche de toi"

=> Pourquoi la Torah a-t-elle besoin d’introduire que la Torah n’est pas dans le Ciel, pour en venir à dire qu’elle est proche?

-> Rachi (rapportant la guémara Erouvin 55a) explique que certes la Torah n’est pas dans le Ciel, mais si elle y était, tu aurais dû monter dans le ciel pour la chercher.
Ainsi, il faut comprendre que quand quelqu’un étudie la Torah avec tant d’efforts qu’il serait même prêt à monter dans le ciel pour aller la chercher si elle s’y trouvait, une telle personne finira par se rendre compte qu’en réalité, la Torah est très proche.
=> Pour prendre conscience que la Torah est vraiment proche de soi, il faut être prêt à y investir le maximum de nos efforts possibles.
['Hidouché haRim]

[La Torah nous est tellement indispensable pour que soyons vivants dans ce monde et celui à venir (à l'image de l'air que nous respirons!), que nous devons nous efforcer de l'acquérir par tous les moyens, et ce même s'il avait fallu monter jusqu'aux cieux, nous n'aurions d'autre choix que d'aller l'y chercher.]

-> Le 'Hidouché haRim enseigne :
"Si elle était dans les cieux, il aurait fallu y monter pour l'étudier" = c'est-à-dire que la Torah n'est pas dans les cieux et est effectivement une chose très facile. Mais pour cela, il faut y investir tous ses efforts au point d'être même prêt à monter au ciel s'il le fallait. Certes, jamais on aurait demandé à l'homme de monter réellement au ciel. C'est impossible. Mais, quelqu'un qui est prêt à tous les efforts pour la Torah, et même de monter au ciel s'il le fallait et si c'était possible, alors pour lui cet étude s'avérera être une chose très facile.
Tel est le secret de l'étude. Toute personne, sans aucune exception, est capable de comprendre les enseignements de la Torah. Le critère n'est pas les aptitudes intellectuelles de compréhension. Le seul critère est la volonté et la détermination. Et cela est entre les mains de chacun. Si quelqu'un est déterminé et recherche de tout son coeur à comprendre son étude, qu'il ne ménage pas ses efforts, alors il comprendra et trouvera après coup que la Torah est réellement très proche, même si ses capacités intellectuelles peuvent être plus limitées. Mais quelqu'un qui étudie sans vraiment s'investir, même s'il a de très grandes capacités mentales, il n'atteindra pas la véritable compréhension, et même s'il pourra avoir l'impression d'avoir compris. Car la Torah n'est prête à révéler ses secrets qu'à celui dont elle voit les efforts qu'il fait pour elle

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-> "Elle (la Torah) n’est pas dans le Ciel … elle n’est pas non plus de l’autre côté de la mer" (Nitsavim 30,12-13)

-> Le Méam Loez rapporte les paroles de nos Sages (guémara Erouvin 55a) :
- "elle n’est pas dans le Ciel" = tu ne trouveras pas la Torah chez celui dont l’esprit s’enorgueillit jusqu’au cieux ;

- "elle n’est pas au-delà de la mer" = ni chez celui qui considère ses connaissances aussi vastes que la mer.

[ -> "Tu ne trouveras pas de Torah chez les orgueilleux" (guémara Erouvin 55a)]

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-> Le fait qu'il soit écrit : "la Torah n’est pas dans les Cieux" (Nitsavim 30,12), signifie que depuis le don de la Torah, c’est à la majorité [des Sages] de trancher la loi, et non aux prodiges de la nature.

Par exemple dans la guémara (Baba Métsia 59b), Eliyahou haNavi rapporte que lorsque nos Sages fixent une loi avec un avis différent de celui du Ciel, alors la réaction de Hachem est la suivante : "Il riait en disant : Mes fils M’ont vaincu! Mes fils M’ont vaincu!"
[cf. b'h, plus de détails : https://todahm.com/2018/10/10/7187 ]

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-> Hachem pardonne même si nous nous trompons par erreur ou délibérément dans notre fixation du jour de Yom Kippour.
Par exemple, si le beit Din a sanctifié le mois correctement, mais certains pays éloignés se sont trompés sur la date de Kippour, Hachem leur pardonne tout de même leurs fautes.
[ou bien lorsque le beit Din rajoute délibérément un jour au mois pour diverses raisons]

Le 'Hatam Sofer enseigne :
"La mitsva de téchouva n'est pas au-delà des mers (ceux qui se trompent sur la date parce qu'ils habitent au-delà des mers), et pas non plus dans le Ciel (les constellations ne sont pas en harmonie avec la date réelle au Ciel), mais dans ta bouche (il s'agit du beit Din qui fixe le jour du début du mois) et dans ton cœur (ce sont ceux qui voyagent dans des endroits éloignés, qui se trompent et font Yom Kippour un jour qui n'est pas le vrai)."

[Hachem laisse aux hommes la possibilité de définir la date des fêtes en fonction de la décision du beit Din, qui se base sur le témoignage de témoins ayant vus la nouvelle lune. Même s'il y a une erreur, pour D. la bonne date est celle fixée en ce monde par les juifs!]

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-> "Elle n’est pas dans le ciel" = La Loi est du ressort des hommes :
D'après la guémara (Baba Metsia 59b) : dans la controverse surgie entre Rabbi Elièzer et Rabbi Yéhochoua à propos d’une question de pureté et d’impureté afférente à un "fourneau à serpent"; Rabbi Elièzer le déclarait pur tandis que Rabbi Yéhochoua s’y montrait opposé.
Chacun tentait de convaincre l’autre jusqu’à qu’on entendit une "Voix céleste" déclarer : "Qu’avez-vous donc contre Rabbi Elièzer? C’est lui, qui a toujours raison en matière de droit".
Rabbi Yéhochoua se dressa alors et dit : ‘Elle n’est pas dans le ciel’ ... La Torah nous a été donnée sur le mont Sinaï ... nous n’avons pas à tenir compte d’une ‘Voix céleste’ puisqu’il est écrit : ‘Pour pencher dans le sens de la majorité’ (Michpatim 23,2)" .

-> La Torah est immuable et sans changement possible :
Selon le midrach (Dévarim rabba 8,6), Moché dit aux Bné Israël : "Ne pensez pas qu’un autre Moché va venir nous apporter du haut des cieux une nouvelle Torah ; je vous avertis déjà qu’il n’y aura plus de Torah dans le ciel".
A ce propos, le Rambam (Michné Thora - Hilkhot Yessod haTorah 9,1) écrit : "Il est clair et explicite dans la Torah que cette Loi est immuable : aucune modification, diminution ou ajout ne peut y être fait ... et il est dit : ‘Elle n’est pas dans le ciel’. Tu apprends donc qu’un prophète n’a pas le droit maintenant de faire une innovation (dans la Loi écrite ou orale)."

-> La Torah n’est pas une Science du ciel :
Selon le midrach (Dévarim rabba 8,6), [l’Amora] Chmouel disait : "La Torah ne se trouve pas chez les astrologues, dont le domaine est le ciel".

-> Un devoir sans limite :
Rachi (guémara Erouvin 55a] écrit : "Car si elle était dans le ciel, tu devrais y grimper derrière elle pour l’étudier"

-> Selon Rabbi Yonathan : ‘Elle n’est pas dans le ciel’ = Tu ne la trouveras pas chez les présomptueux; ’Elle n’est pas non plus au-delà des mers’ = Tu ne la trouveras pas chez les marchands (qui traversent les mers) [guémara Erouvin 55a].
Sur ce dernier point, le Rambam ajoute : "C’est pourquoi, les Sages ont dit : ‘Celui qui fait beaucoup d’affaires ne peut pas devenir un sage’. Les Sages nous ont ainsi exhortés: ‘Réduis tes occupations professionnelles, et investis-toi dans la Torah’". [Michné Thora – Loi de l’Etude de la Torah 3,8].

-> L’Exil n’est pas un prétexte :
Le Likouté Si'hot (34) enseigne : L’expression ‘Elle n’est pas dans le ciel’ est à rapprocher du verset situé plus haut (verset 4) : "Tes proscrits, fussent-ils à l’extrémité des cieux, l’Éternel, ton D., te rappellerait de là, et là même Il irait te reprendre".
De même que l’expression ‘A l’extrémité des cieux’ faire référence à un endroit d’Exil très éloigné de la Terre d’Israël, il en est de même de l’expression : ‘Elle n’est pas dans le ciel’. Ainsi, à celui qui, en exil, s’imaginerait que la Torah et les mitsvot ne peuvent être accomplies qu’en Terre d’Israël (considérée pour lui comme le ‘Ciel’), la Torah répond : ‘Elle n’est pas dans le Ciel ..., la chose est tout près de toi’ : même lorsqu’Israël se trouve en exil, la Torah et les mitsvot sont encore en sa possession.

-> Le Torat Moché enseigne :
"Tu ne diras pas, lors du dernier exil : Nous n’avons pas le Temple (‘Elle n’est pas dans le Ciel’ = le 3e Temple descendra du Ciel – Rachi sur guémara Soucca 41a), comment pouvons-nous offrir des sacrifices? Nous sommes en dehors d’Israël (’Elle n’est pas au-delà des mers’), comment pouvons-nous accomplir les mitsvoth liées à la Terre d’Israël?
Car ‘la chose est tout près de toi, dans ta bouche = par l’étude des Lois, et dans ton coeur = par le désir de les accomplir’.
Ainsi de cette façon, tu mériteras de les réaliser concrètement (lors de la guéoula)".

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+ Rav Avdimi bar 'Hama bar Dossa dit : comment interpréter le verset : "Elle (la Torah) n'est pas dans le Ciel ... elle n'est pas au-delà des mers" (Nitsavim 30,12-13)?
Si la Torah était dans le Ciel tu serais obligé d'y monter pour l'atteindre!
Si elle était de l'autre côté de la mer, tu serais obligé de traverser la mer pour l'atteindre.
[guémara Erouvin 55a]

-> Ne crois pas que cette Torah te soit inaccessible et qu'il te soit impossible de comprendre les détails et les précisions de la Torah en raison de la profondeur de ses concepts.
[Haémek Davar]

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Une braïta enseigne qu'un très grand nombre de halakhot et de raisonnements de Torah furent oubliés pendant les 30 jours de deuil qui ont suivi la mort de Moché.
Ces lois et ces raisonnements n'étaient alors connus par aucun homme sur terre, et seuls les être célestes les connaissaient ("la Torah est au Ciel").
Cependant, par son analyse et dialectique (pilpoul), Othniel ben Kénaz a pu retrouver ces éléments oubliés.
Ainsi, si des interprétations de Torah et des halakhot se trouvent être seulement au Ciel une fois, car elles ont été oubliés sur terre, nous avons l'obligation de "monter au Ciel" pour les atteindre, c'est-à-dire de les rechercher et les retrouver par un pilpoul et une étude approfondie des Textes, comme l'avait fait Othniel ben Kénaz.

-> Rachi (guémara Erouvin 55a) dit que si la Torah était au Ciel alors nous aurions l'obligation de faire toutes sortes d'efforts, quitte à se déplacer très loin ("jusqu'au Ciel") s'il le faut pour acquérir la Torah, et à se déranger et se donner de la peine pour elle sans limite.

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-> "La Torah n'est pas dans les cieux" = ta progression spirituelle ne dépend que de ta volonté : si tu désires te purifier et t'élever, alors Hachem t'aidera et tu réussiras avec tes propres forces enfouies en toi quels que soient les maîtres de ta génération.
[rabbi Méïr Roubman]

[on a tendance à justifier ses manques par le fait de ne pas trouver de maître au niveau de Moché ou autre tsadik, pour nous guider et assurer notre réussite spirituelle.
Si nous avions des conditions idéales/parfaites de vie alors nous réussirions ... ainsi, n'attends pas que la Torah soit au Ciel = que tout soit comme tu le souhaites, mais commence dès maintenant à l'étudier du mieux que tu peux!
"Si tu désires te purifier et t'élever, alors Hachem t'aidera" = l'envie de Torah doit venir d'en bas (de notre cœur!), pour qu'ensuite une aide d'en Haut vienne!
Mais si pour toi, la Torah est au Cieux, que tu ne fais pas ce 1er pas/effort, alors tu ne bénéficiras pas de cette aide Divine!]

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-> "Qui montera pour nous au Ciel (nous la chercher)" (מִי יַעֲלֶה לָּנוּ הַשָּׁמַיְמָה - Nitsavim 30,12) est formée de 4 mots dont les 4 lettres initiales : forment le mot : mila (circoncision - מילה) et les 4 lettres finales forment le Nom Divin : יהוה.
Il y a ici une double allusion :
- seul le respect du commandement de la circoncision permet au peuple d'Israël circoncis d'être réceptif à la révélation Divine et d'être prédisposé à une vie empreinte de moralité ; ainsi la compréhension de la Torah est subordonnée à la circoncision qui permet un attachement à Hachem, comme Onkelos l'avait dit à son oncle, l'empereur Adrien.
- la sanctification par la circoncision nous donne le moyen de nous élever ("de monter") et d'accéder au plus haut sommet spirituel ("jusqu'au Ciel").
[rabbénou Bé'hayé]

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-> "Si la Torah est au-delà de la mer" = signifie que si ton maître (ton rav) se trouve de l'autre côté de la mer, tu as l'obligation de te déranger et de te déplacer pour rejoindre ton rav, afin d'apprendre de lui la sagesse de la Torah.
[Chéélot déRav A'haï]

[d'ailleurs, c'est ainsi que rav Dimi se déplaçait souvent depuis le territoire de Bavél vers la terre d'Israël pour y rencontrer son maître rabbi Yo'hanan et y puiser des enseignements de Torah qu'il rapportait ensuite auprès des sages de Bavél.]

-> "Si la Torah est au-delà de la mer", le Ben Ich 'Haï enseigne :
Dans le cas où où les halakhot ont été totalement oubliées par les gens de la région où tu résides, mais que certains sages qui habitent très loin, même au-delà des mers connaissent ces lois, tu as le devoir de te déplacer auprès d'eux pour apprendre ces lois oubliées.
Ne dis pas : "Pourquoi devrais-je me déranger si loin? J'attendrai jusqu'à ce que l'un des sages vienne un jour dans ma région et j'apprendrai de lui", mais traverse les océans pour accéder à ces informations oubliées.

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+ Selon Rava : "Elle n'est pas dans le Ciel" = signifie que tu ne trouveras pas la Torah chez celui (orgueilleux) dont le prétentions sont hautes comme le Ciel ; "elle n'est pas au-delà des mers" = signifie tu ne trouveras pas la Torah chez celui qui est orgueilleux comme la mer.
[guémara Erouvin 55a]

-> Le bord de la mer, limité par le sable, est peu profond par rapport à l'intérieur de la mer très profond.
Les masses d'eau importantes au cœur de la mer auraient pu déverser sur la terre si ce n'est qu'Hachem a fixé une limite infranchissable au bord de la mer.
A l'image de la mer, un homme orgueilleux, désigné par rabbi Yo'hanan, est celui qui a l'esprit hautain dans son cœur, intérieurement, mais se présente extérieurement par ses paroles comme humble et modeste.
[comme la mer, extérieurement il est plat (humble), mais intérieurement il a une profondeur énorme (un grand égo) ; à la différence d'un humble qui n'a que très peu de profondeur (égo).]
Chez un tel homme, la Torah ne peut pas se maintenir, car son humilité n'est qu'apparente.
[Ben Ich 'Haï]

-> Le Maharcha enseigne que l'orgueil est un obstacle à l'acquisition de la Torah.
A part l'orgueilleux classique, Rava distingue 2 autres catégories d'orgueilleux :
- celui qui pense étudier seul, en autodidacte, sans passer par l'enseignement d'un maître : il pense que son esprit est suffisamment élevé (comme le Ciel) et qu'il n'a donc pas besoin d'un rav.
- celui qui même s'il étudie avec un rav, pense que l'enseignement reçu une seule fois est largement suffisant et qu'il n'a pas besoin de révisions.
[à l'image de celui qui voit la mer extérieurement se disant que la profondeur est partout identique, alors qu'en réalité, en avançant on s'enfonce davantage!]

-> Le Rif donne une autre explication :
- celui qui est prétentieux au sujet de l'étude de la Torah.
Il se dit : "il ne convient pas à un homme de mon niveau de m'investir dans l'étude littérale (pchat) de la Torah, mais seulement dans l'étude ésotérique (sod)."
Ce niveau d'orgueil correspond à : "elle n'est pas dans le Ciel", car il a des prétentions spirituelles qui ne se trouvent qu'au Ciel.
- celui qui est orgueilleux envers son prochain, et non pas envers les domaines et les sujets d'étude de la Torah.
[la mer est constituée d'eau, or : "L’eau ne fait référence qu’à la Torah"
(guémara Avoda Zara 5b)
Ainsi : "elle n'est pas au-delà des mers" = arrête de te focaliser avec orgueil sur ce qui n'est pas la Torah (les autres), ce qui est au-delà de la mer! Mais plutôt, développe cette jalousie/orgueil positive dans le cadre de la Torah (mer).]

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"Car cette mitsva que Je te prescris en ce jour, elle n'est pas cachée de toi ni placée trop loin ... elle n'est pas dans le ciel ... car la chose est très proche de toi : dans ta bouche et dans ton cœur pour être accomplie." (Nitsavim 30,11-14)

-> Le rav Yéhouda Leib 'Hassman (Ohr Yahel) rappelle le grand principe selon lequel l'homme est composé de 2 forces opposées : le spirituel et le matériel, comme le dit le verset (Béréchit 2,7) : "Hachem, le D., forma l'homme poussière de la terre, insuffla dans ses narines un souffle de vie, et l'homme devint un être vivant".
Ainsi, si l'homme fait dominer son esprit (issu du Trône Divin), sa compréhension dépassera même celle des anges.
En revanche, s'il laisse la matérialité prendre le dessus, il s'abaissera au niveau de l'animal.

Et effectivement, la distance entre ces 2 notions correspond à celle qui existe entre le ciel et la terre.
C'est le sens des versets de notre paracha : si l'homme fait dominer la spiritualité, cette mitsva se fixera dans son cœur et dans sa bouche, et il verra clairement devant lui, le chemin de la vie.
Dans le cas contraire, la mitsva restera réellement, hors d'atteinte, dans le ciel.