+ Le pouvoir de nos paroles :
-> L'humanité s'est vue confier un don précieux et céleste : le pouvoir de la parole.
C'est l'avantage principal de l'homme sur l'animal.
Hachem "souffla dans ses narines l'âme de la vie, et l'homme devint un être vivant" (Béréchit 2,7), selon le Targoum Onkelos : "un esprit de parole" (roua'h mémaléla).
Les gens sous-estiment souvent l'importance de ce don. Ils ne se rendent pas compte du pouvoir qu'il confère, celui de construire ou de détruire des mondes entiers.
-> Le Zohar (III,31b) enseigne :
""Il prononcera un discours" (védabèr davar - Yéchayahou 58,13) = [la double formulation de ce verset implique que] lorsqu'une personne prononce une parole ici-bas, elle éveille un pouvoir de parole correspondant en-Haut ... Sa parole monte au ciel, à l'endroit qui lui correspond, et éveille les forces qui lui sont liées.
Une bonne parole éveille les forces du bien, tandis qu'une mauvaise parole éveille les forces du mal. "
-> Le Zohar (II,47b) affirme que chaque mot prononcé par une personne monte au Ciel pour éveiller une influence correspondante d'en haut.
Les bonnes paroles éveillent une force du bien, tandis que les mauvaises paroles éveillent une force du mal.
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-> Selon le Zohar (tikoun 69,p.105b) :
"Lorsque l'homme émet de sa bouche des paroles de prière, combien de saints anges étendent leurs ailes et ouvrent leur bouche pour les recevoir, comme il est écrit : "Car un oiseau du Ciel portera la voix, et les ailés rapporteront ce qui a été dit" (Kohélet 10,20).
Ensuite, Hachem prend ces mots et construit avec eux des mondes célestes, dont il est écrit : "Les nouveaux Cieux et la nouvelle Terre que Je ferai" (Yéchayahou 66,22).
... "Ne lisez pas ceci "Vous êtes Ma nation" (ami ata - Yéchayahou 51,16), mais plutôt "imi ata" (Tu es avec Moi", ensemble en tant que Mon partenaire.
Par nos mots, Hachem construit des mondes, et c'est comme si la personne qui prie les avait construits en partenariat avec Hachem."
-> Selon le Arizal (chaar Roua'h haKodech 1) :
"Nos Sages (Pirké Avot 4,11) nous disent que pour chaque mitsva qu'une personne accomplit, un ange est créé pour plaider en sa faveur.
Les paroles d'une personne créent des forces bonnes ou mauvaises, selon le contenu de son discours."
-> Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 1,13) écrit à ce sujet :
"Chaque mot prononcé par une personne éveille une puissance au Ciel. Les bonnes paroles renforcent les forces de la sainteté."
-> Le roi Shlomo commence le livre de Kohélet par 7 utilisations du mot : hével (hével havalim ...). Hével signifie littéralement "brume". Le Zohar (I, p.146b) explique qu'il s'agit de la vapeur insubstantielle que l'homme émet de sa bouche lorsqu'il parle, et qui forme les piliers sur lesquels repose le monde entier.
-> Par exemple, le Zohar (II,39a) affirme : "C'est le secret des précieuses vapeurs qui sortent de la bouche et se transforment en sons. Le monde entier est soutenu par le "hével" des enfants qui étudient la Torah et qui sont innocents de toute faute".
L'étude de la Torah est plus qu'un simple effort intellectuel. Les mots de Torah prononcés ont un grand pouvoir. La guémara (Erouvin 54a) affirme que lorsqu'une personne prononce à haute voix des mots de Torah qu'elle étudie, ils la vivifient, comme il est écrit : "Car ils sont vie pour ceux qui les trouvent, et guérison pour toute sa chair" (Michlé 4,22). Ne lisez pas cela comme "lémotséé'ém" (pour ceux qui les trouvent), mais plutôt "lémotsié'ém bapé" (pour ceux qui les prononcent à haute voix).
-> De même que des paroles de Torah ont le pouvoir d'attirer la sainteté sur une personne, de même, dans une mesure égale et opposée, des paroles mauvais (selon la halakha - ex: lachon ara) attirent l'impureté sur elle.
Le Méor Enayim (Vayéra) écrit : "lorsque la parole d'une personne est pure, elle attire en elle la sainteté d'Hachem. En revanche, lorsqu'elle souille sa bouche par le mensonge, le rékhilout et le lachon ara, leur impureté bloque l'ouverture de la bouche et empêche cette sainteté d'entrer.
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-> En protégeant notre parole du lachon ara et d'autres mots interdits, nous préservons son pouvoir et sa sainteté pour l'étude de la Torah et la prière.
Le Ri Ibn Shou'ivo (Shlach) écrit que la parole est la porte de l'âme sainte. Lorsqu'une personne contamine son discours avec du lachon ara, c'est comme faire couler des eaux usées d'égout à ciel ouvert devant l'entrée du Temple.
-> Le Chlah haKadoch (chaar ha'Otiyot - shin-Shétika 22) avertit que si nous souillons bouche par du lachon ara ou d'autres formes de paroles interdites, alors toutes les paroles de Torah et de prière qu'on prononce sont dégradées par leur impureté.
Non seulement on ne recevra aucune récompense pour ces paroles, mais on sera puni. On est comme quelqu'un qui offre un cadeau au roi sur un plat sale et maculé de boue.
-> Le Chlah haKadoch (chaar ha'Otiyot - shin-shétika) compare les bavardages insensés à des relations interdites. Tout comme chaque graine est sacrée et ne doit jamais être gaspillée, il en va de même pour chaque mot que nous prononçons.
La brit de la parole est en parallèle à la brit mila. Le mot מילה (mila - l'organe masculin) a la même guématria que פה (pé - la bouche). Les efforts que nous faisons pour s'améliorer dans un domaine améliore également l'autre domaine (les 2 brit [alliance] étant liées).
De même, les fautes de l'un sont équivalents aux fautes de l'autre, comme il est écrit : "Ne laisse pas ta bouche porter le péché sur ta chair" (Kohélet 5,5).
-> Le Alchikh haKadoch (Tétsavé 28,35) ajoute que lorsqu'une personne prie, elle plaide devant le Trône d'Hachem au nom de son âme. Cependant, lorsque la même langue qui implore la miséricorde est également utilisée pour du lachon ara et d'autres fautes avec la parole, son avocat/défenseur se transforme alors en son pire procureur/accusateur.
Chaque mot prononcé pour sa défense ne fait que rappeler à la Cour céleste les nombreuses fautes qu'elle commet avec sa bouche. Ce n'est que lorsque la bouche est utilisée pour le bien, et non pour le mal, que ses paroles trouveront grâce aux yeux d'Hachem lorsqu'on se tiendra debout pour prier.
-> Le midrach (Vayikra rabba 16,2) raconte l'histoire d'un marchand ambulant qui allait de ville en ville en criant : "Qui veut la vie? Qui veut la vie?"
Rav Yanaï entendit l'appel de sa fenêtre et invita le marchand à venir chez lui pour lui vendre la vie.
Le marchand lui répondit : "Vous n'avez pas besoin de ma marchandise".
Le marchand vint chez lui, ouvrit un livre de Téhilim et lut le verset suivant : "Qui est l'homme qui désire la vie? Garde ta langue du mal" (Téhilim 34,13).
Rav Yanaï acquiesça et ajouta les mots du roi Shlomo : "Celui qui garde sa bouche et sa langue, garde son âme du mal" (Michlé 21,13).
"J'ai lu ce verset tout au long de ma vie, mais je n'avais jamais réalisé sa signification simple, jusqu'à ce que ce marchand vienne et me l'explique", conclut Rav Yanaï.
=> Sur la base de ces versets, le Ménorat Hamaor (chap.18) avertit que toutes les difficultés et les souffrances qui s'abattent sur une personne sont uniquement dues au lachon ara qu'elle prononce.
-> Le Rav 'Haïm Vital écrit dans Shaaré Kédoucha (2:5) :
"Lorsqu'une personne n'étudie pas la Torah, ses lèvres doivent rester serrées l'une contre l'autre comme une meule de pierre sur une autre. Toutes les bonnes actions et tous les mérites qu'une personne accumule tout au long de sa vie ne suffisent pas à compenser une seule mauvaise parole qu'elle prononce.
Heureux celui qui sait se comporter comme s'il était muet, sourd, aveugle ou infirme, selon la situation, afin que ses membres ne fautent pas et ne le condamnent pas à Guéhinam, comme l'a dit David Hamelech : 'Je suis comme les sourds qui n'entendent pas et les muets qui ne peuvent pas ouvrir la bouche' (Téhilim 38,14)."
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-> Il est très difficile de protéger notre parole parce que nous ignorons à quel point elle est puissante.
Nous sommes tellement immergés dans nos activités quotidiennes banales (dans le monde matériel avec la même vision que les juifs qui nous entourent) que nous perdons la sensibilité nécessaire pour percevoir la spiritualité qui sous-tend la création et les ramifications célestes de tous nos actes et paroles.
C'est pourquoi les gens ont tendance à dire des choses telles que : "Ce n'était qu'une blague. Juste quelques mots. Où est le problème? Comment pourrais-je être puni si sévèrement pour une simple remarque?" ...
C'est le plus dangereux de tous les pièges du yétser ara.
[...]
L'ampleur des pouvoirs de l'esprit (spirituel), par rapport aux pouvoirs beaucoup plus limités de la matière physique (matériel), peut être constatée en comparant le corps et l'âme. Bien que le corps semble être la principale force active, il n'en est ainsi qu'au niveau le plus superficiel.
Dans la profondeur de la réalité, c'est l'âme invisible qui agit sur le monde, utilisant le corps comme une main dans un gant.
Il en va de même pour le pouvoir de la parole, qui influence la réalité plus profonde et spirituelle de la création d'une manière que nous ne pouvons pas voir, mais que nous savons être vraie.
[...]
Puisque la parole est si importante dans notre avodat Hachem, nous devons prendre grand soin de protéger notre pouvoir de parole et ne pas le souiller avec la saleté du lachon ara et d'autres fautes de parole qui nuisent à son efficacité. La bouche souillée par des paroles fauteuses ne peut attirer la sainteté dans le monde par le biais de la Torah et de la prière.
Au contraire, de telles paroles sont aussi offensantes qu'un cadeau offert au roi sur un plat taché de boue. [voir Zohar II 263b]
[d'après les enseignements de rabbi Yaakov Abou'hatséra, le Abir Yaakov]
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Nos paroles sont articulées par la bouche, la langue et les lèvres, chacune d'entre elles représentant représentent les noms d'Hachem.
-> la bouche (pé - פה) en guématria équivaut à 85, soit 63 plus 22.
63 est la guématria des lettres du Nom d'Hachem (יהוה) lorsqu'elles sont écrite pleinement : יוד הי ואו הי.
Il y a 22 lettres dans l'alphabet hébraïque.
L'ensemble est égal à פה. Après avoir ajouté 1 pour la valeur du mot, cela équivaut également au Nom Divin : Elokim - אלהים (valeur de 86).
-> la langue (lachon - לשון) a une guématria de 386, ce qui équivaut à : Chékhina (Présence Divine) - שכינה (après avoir ajouté 1 pour la valeur du mot).
Cela équivaut également aux lettres pleines de אלהים soit : אלף למד הי יוד מם (valeur de 300), auquel on rajoute le Nom Divine : Elokim - אלהים (soit 86). [le total est 386 = lachon]
-> la lèvre (chafa - שפה) a une guématria de 385, ce qui correspond exactement à la valeur de שכינה (Chékhina).
Après avoir ajouté 1 pour la valeur du mot (שפה), il est également égal aux lettres de אלהים lorsqu'elles sont épelées : אלף למד הי יוד מם, plus le nom אלהים (86).
Si une personne mérite de sanctifier sa parole, chaque mot qu'elle prononce est investi de secrets célestes, provenant des 6 noms d'Hachem qui composent son pouvoir de parole.
Cependant, s'il ne garde pas sa langue, les forces du mal (yétser ara) usurperont le saint pouvoir de la parole pour lequel l'homme a été créé, et les déformera à des fins maléfiques.
[rabbi Yaakov Abou'hatséra]
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Si une personne croyait que la providence d'Hachem guide tout ce qui lui arrive, et qu'elle n'est jamais à la merci des autres pour l'aider ou lui nuire, mais qu'elle est toujours entre les mains d'Hachem, alors elle ne serait pas poussé à la colère par les blessures qu'il a subies de leur part.
Elle ne serait pas motivée à dire du lachon ara contre eux, puisqu'elle sait que tout vient d'Hachem et que tout est pour le mieux.
De plus, même si elle voulait prononcer des paroles de lachon ara contre eux, elle serait retenu par la reconnaissance du fait qu'Hachem entend toutes ses paroles et qu'un jugement sévère attend chaque parole de lachon ara qu'elle prononce.