+++ La téchouva :
+ Même le pire fauteur peut retourner par la téchouva :
-> La Téchouva est l'une des 7 choses qui ont précédé la création du monde. [guémara Pessa'him 54a ; Nidda 39b]
Hachem a créé le monde pour le bénéfice de l'humanité. Pour cela, il était nécessaire qu'il y ait un yétser ara, afin que l'homme soit capable de surmonter la tentation et de gagner ainsi sa propre récompense.
Cependant, il est impossible pour l'homme de toujours gagner contre le yétser ara, car Hachem a créé l'homme avec des imperfections, comme il est écrit : "Il n'y a pas de tsadik dans la terre qui ne fasse que le bien et ne commette jamais de faute" (Kohélet 7,20).
Il était donc nécessaire qu'il y ait un recours pour ceux qui sont tombés dans la faute. Ce recours est la téchouva, qu'Hachem a mise en place avant même de créer le monde, de sorte que le moyen de sortir des effets de la faute est préparé avant même que le piège ne soit tendu.
Selon le midrach (Téhilim 90) : "Grande est la téchouva puisqu'elle a précédé la création du monde.
Puisque la Téchouva a été créée avant le monde et qu'elle est le fondement de l'existence du monde, elle est appelée à juste titre "reichit" (le commencement).
Rabbi Yaakov Abou'hatséra (Guinzé haMélé'h - tikoun hatéchouva 2) explique le verset : "béRéchit bara Elokim ét achamayim véét aarets" = comme signifiant qu'avec le pouvoir de réchit, qui est la téchouva, Hachem a créé le Ciel et la Terre.
Il s'agit là d'un point d'encouragement important pour quelqu'un qui envisage de revenir à la téchouva pour ses fautes. Il peut se demander comment il est possible qu'Hachem accepte sa téchouva, même après qu'il ait commis des fautes aussi horribles.
Pour apaiser cette inquiétude et nous montrer à quel point la téchouva est puissante, la Torah l'appelle "réchit". Ce n'est que par le pouvoir de la téchouva que le monde a été créé.
C'est la force première et la justification de la création du monde par Hachem, qui a été fait pour le bien de l'homme, en reconnaissant que l'homme aurait besoin de la téchouva pour assurer la continuité de l'existence du monde.
Par conséquent, l'acceptation par Hachem de la téchouva de l'homme ne fait aucun doute. Si la téchouva a été le catalyseur par lequel Hachem a amené le monde à l'existence en premier lieu, et si elle est la raison et la justification de l'existence de l'homme, alors elle a certainement le pouvoir de ramener l'homme à sa position originelle de grandeur, comme s'il n'avait jamais péché du tout.
C'est pour cette raison que rabbi Yaakov Abou'hatséra (Ma'hssof haLavan - Nitsavim) nous avertit qu'il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de la téchouva. Quelle que soit la gravité des fautes commises par une personne, les portes de la téchouva sont toujours ouvertes pour son retour.
Le yétser ara envoie à l'homme des pensées de désespoir, l'amenant à croire que sa téchouva est inutile puisqu'il ne pourra jamais se réconcilier avec Hachem. Ces pensées sont entièrement fausses.
Elles sont une ruse du ystser ara, pour s'assurer que le fauteur continue sur la voie de la faute.
La vérité est que même si une personne a commis les pires péchés du monde, pendant des années, elle peut toujours revenir à la téchouva et être pardonnée.
La preuve en est le cas d'A'her, dont les fautes étaient si graves qu'une voix céleste a proclamé : "Revenez, fils égarés, sauf A'her" (guémara 'Haguiga 15a).
Néanmoins, le Chlah haKadoch (chaar haOtiyot - kédoucha) et le Réchit 'Hokhma (chaar hakédoucha 16) ont enseigné que ce n'était qu'un test, pour voir s'il insisterait malgré tout pour revenir à Hachem. S'il l'avait fait, il aurait été accepté, car rien ne peut s'opposer à la téchouva.
Nous pouvons ainsi comprendre les paroles par lesquelles Moché a encouragé les Bné Israel à la téchouva : "Vous vous tenez tous aujourd'hui devant Hachem votre D., les chefs de vos tribus, vos anciens, vos officiers et tous les hommes juifs, vos enfants, vos femmes et les convertis de votre camp, depuis les bûcherons jusqu'aux porteurs d'eau" (Nitsavim 29,9). Pourquoi Moshé a-t-il dû s'adresser spécifiquement à tous ces groupes, plutôt que de commencer immédiatement par les paroles de moussar qu'il souhaitait leur enseigner?
Moché s'est rendu compte que certaines personnes parmi les Bné Israël se sentaient si mal dans leur peau qu'elles ne pouvaient pas croire que la possibilité de faire téchouva leur était offerte. C'est pourquoi Moché devait insister sur le fait qu'il s'adressait à tout le monde. Quel que soit la gravité des fautes d'une personne, les portes de la téchouva ne sont jamais fermées.
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+ La téchouva soutient le Ciel et la terre :
-> Rabbi Yaakov Abou'hatséra (Guinzé haMélé'h - tikoun hatéchouva 4) commente : "béRéchit bara Elokim ét achamayim véét aarets (le Ciel et la terre)", et explique que le réchit de la téchouva est écrit à côté du Ciel et de la terre, pour nous enseigner que si le peuple juif revient à la téchouva sur leurs fautes, Hachem nous récompensera par la pluie du Ciel et la générosité de la terre. [voir Taanit 7b]
Si nous ne revenons pas à la téchouva, le Ciel et la Terre nous puniront. "(Hachem) arrêtera les Cieux et il n'y aura pas de pluie, et la terre ne donnera pas ses produits" (Ekev 11,17).
Tout comme le ciel et la terre ont été créés au mérite de la téchouva, la bénédiction qui les traverse dépend également de la téchouva. Ainsi, nous pouvons interpréter le verset comme signifiant :
"Au commencement" (béRéchit) = par mérite de la téchouva, qui a précédé la création du monde.
"D. a créé" (bara Elokim) = et qui continue de le maintenir
"Le ciel et la terre" (ét achamayim véét aarets) = toute la bénédiction qui s'écoule dans le Ciel en haut et sur la terre en bas dépend du mérite de la téchouva.
C'est pourquoi la guémara (Taanit 15a) explique qu'en cas de sécheresse, ils jeûnaient et se réunissaient pour prier afin d'annuler le décret sévère. Un ancien parmi eux leur donnait des paroles de moussar pour les encourager à revenir à la téchouva, et par mérite de leur téchouva, les pluies tombaient.
"Mes frères, le verset ne dit pas qu'Hachem a vu le sac et le jeûne de Ninive, mais qu'Il a vu leurs actes, qu'ils sont revenus de leur mauvaise voie", disait-il.
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+ Tout dépend de la téchouva :
-> Chaque juif doit prendre à cœur le fait que non seulement le monde a été créé grâce à la téchouva, et non seulement son existence continue dépend de la téchouva, mais que toute notre Torah et nos mitsvot dépendent également de la téchouva.
Sans téchouva, ils ne peuvent pas durer.
Rabbi Yaakov Abou'hatséra (Guinzé haMélé'h - tikoun hatéchouva 3) explique cela en se basant sur le verset suivant : "Il n'y a pas de tsadik dans le pays qui ne fasse que le bien et ne commette jamais de faute" (Kohélet 7,20).
Tout juif a besoin de se servir de la téchouva dans une certaine mesure.
Sans la téchouva, tous nos efforts en matière de Torah et de mitsvot seraient perdus. Nos fautes donneraient à la sitra a'hra (force du mal/impureté) une emprise sur nos mitsvot, lui permettant de tirer sa subsistance de la sainteté que nous produisons. Nous serions comme des esclaves du yétser ara, nourrissant notre maître avec notre Torah et nos mitsvot, qu'il dévore à des fins maléfiques.
Non seulement notre Torah et nos mitsvot ne seraient pas un mérite pour nous, mais ils deviendraient une source supplémentaire de culpabilité.
-> Ailleurs, rabbi Yaakov Abou'hatséra (Maaglé Tsédek - Pé) enseigne :
Lorsque nous fautons, le mauvais côté en nous prend le contrôle de notre Torah et de nos mitsvot.
Lorsque nous revenons à la téchouva, nous prions Hachem de nous restituer les mérites que nous avons perdus, en les sauvant de l'impureté.
[...]
Dans le cas d'une faute, notre Torah et nos mitsvot se perdent dans la sitra a'hra. Cependant, lorsque nous faisons téchouva, nous récupérons tout ce que la sitra a'hra nous a pris. Ainsi, toute notre Torah et nos mitsvot dépendent de la téchouva.
Pour ceux qui ne reviennent pas à la téchouva sur leurs fautes, un grand nombre de mitsvot n'est pas un mérite. Au contraire, leurs mitsvot renforcent la sitra a'hra qui porte des accusations contre eux.
Mais pour ceux qui font téchouva, même s'ils ont moins de mitzvos à leur actif, au moins ces mitsvot leur appartiennent et ne sont pas perdues pour la sitra a'hra.
-> C'est ainsi que rabbi Yaakov Abou'hatséra (Maaglé Tsédek - Pé) explique le verset : "Hachem ton D. ramènera tes captifs et aura pitié de toi. Il vous rassemblera de toutes les nations parmi lesquelles Hachem votre D. vous a dispersés. Même si vos naufragés se trouvent aux confins du ciel, Hachem ton D. vous rassemblera et vous emmènera de là" (Nitsavim 30,3-4).
Cela peut être compris comme une référence aux mérites du peuple juif, qui sont tombés entre les mains de la sitra a'hra et ont été dispersés aux confins du ciel et de la terre.
Cependant, ces mérites ne sont pas perdus. Les mains d'Hachem sont ouvertes pour nous accepter à nouveau par la téchouva.
La sitra a'hra sera obligée de rendre la sainteté qu'elle a volée. "Il a avalé la richesse, mais il la recrachera " (Iyov 20,15).
Nos Sages (comme le Ménorat haMaor - chap.3) nous disent : "La téchouva est si grande qu'elle rapproche ceux qui étaient éloignés, comme il est écrit : 'Paix, paix, à ceux qui sont loin et à ceux qui sont proches' (Yéchayahou 57,19)".
Il s'agit de la Torah et des mitsvot qui ont été éloignées par nos fautes et qui sont tombées entre les mains du mal. Lorsque nous faisons téchouva, nous les récupérons et pouvons à nouveau les compter à notre crédit.
[...]
Toute notre Torah et nos mitsvot, ainsi que la poursuite de l'existence du monde, dépendent de la téchouva. En vérité, ces 2 choses vont de pair, puisque le monde a été créé pour la Torah et les mitsvot du peuple juif. Sans la téchouva, la Torah et le monde ne pourraient perdurer, et tout serait perdu entre les mains du mal.
La téchouva a le pouvoir de récupérer ce qui a été perdu et de tout remettre en ordre.
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+ Téchouva motivée par l'amour :
-> Lorsque quelqu'un fait téchouva par crainte, ses fautes volontaires sont transformées en fautes involontaires, mais lorsqu'il fait téchouva par amour d'Hachem, ses fautes sont transformées en mérites. [guémara Yoma 86b]
-> Dans le premier cas, il a fauté parce qu'il ne connaissait pas la sévérité du châtiment ou qu'il ne s'est pas arrêté pour y réfléchir. Ses fautes ont été "accidentelles" à cet égard, et dès qu'il se rend compte de son erreur et qu'il réalise la sévère punition qui l'attend, il revient à la téchouva.
Dans le second cas, lorsque la téchouva d'une personne est motivée par l'amour d'Hachem, ses fautes sont transformés en mérites. En repensant à sa vie, il se souvient de toutes les bontés qu'Hachem a eues pour lui depuis le jour de sa naissance. Il se souvient également de toutes les mauvaises choses qu'il a faites et en éprouve un profond regret.
Lorsqu'il pèse dans son esprit toutes les bonnes choses qu'Hachem a faites pour lui et toutes les mauvaises choses qu'il a faites en échange, il est incité à s'amender et à se montrer digne de la bonté d'Hachem.
Hachem voit l'amour pour Lui qui brûle dans la poitrine du baal téchouva. Hachem reconnaît que cet amour a toujours été présent, mais qu'il était étouffé par le yétser ara.
S'il n'y avait pas eu les machinations du yétser ara, il n'aurait jamais fauté du tout, mais aurait plutôt utilisé ce temps pour accomplir des mitsvot. Lorsqu'il revient par la téchouva, Hachem lui reconnaît son désir intérieur comme s'il l'avait mis en pratique, et transforme donc ses fautes en mérites.
[d'après rabbi Yaakov Abou'hatséra - Guinzé haMélé'h - tikoun hatéchouva 9]
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+ Oeil pour oeil, ... :
-> Nos Sages (midrach Vayikra rabba 21,4) nous disent que si une personne a commis des
des "paquets" de fautes, elle doit accomplir à leur place des "paquets" de mitsvot.
Il s'agit d'un aspect de la "téchouvat hamichkal", la "téchouva avec le poids (contrebalancé)", dans laquelle un poids de mérite est placé contre le poids de la faute.
Ceci est particulièrement efficace lorsque les mêmes membres du corps humain qui ont été utilisés pour la faute sont maintenant utilisés pour les mitsvot, et que les mêmes domaines dans lesquels une personne a mal agi sont maintenant redressés.
Le verset : "Un œil à la place d'un œil, une dent à la place d'une dent, une main à la place d'une main et un pied à la place d'un pied" (Michpatim 21,24) donne une indication à ce sujet.
A la place de l'œil, de la dent, de la main et du pied qui ont été utilisés pour une faute, il faut faire téchouva en utilisant ces mêmes parties du corps pour accomplir des mitsvot.
Par exemple, les jambes qui ont été mal utilisées en courant pour fauter doivent maintenant être purifiées de leurs fautes en courant pour accomplir une mitsva, comme courir à la synagogue pour faire la prière.
[rabbi Yaakov Abou'hatséra - Alef Bina - Téhilim 119 , 'hét]