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La grandeur de la téchouva & le danger de la tristesse post-téchouva

+++ La grandeur de la téchouva & le danger de la tristesse post-téchouva :

+ Faire téchouva = apporter l'honneur ultime à Hachem :

-> "Là où se tient un baal téchouva, même un tsadik parfait ne peut se tenir" (guémara Béra'hot 34b)
Lorsqu'un juif qui a fauté surmonte tous les obstacles (ex: reconnaître qu'on s'est trompé) et le désespoir de faire téchouva (qui devient un certain confort : comment quelques mots peuvent réparer une faute si grave ... pourquoi alors faire téchouva!), retournant vers Hachem, alors cela apporte un grand honneur au Maître du monde.
En réalité, selon le Zohar haKadoch (Térouma 128b), le désir puissant et sincère de ce juif et son retour courageux à servir Hachem, qui révèle un niveau d'engagement [renforcé] envers sa judaïcité et le refus de vivre dans un monde dépourvu de la présence d'Hachem, confèrent à Hachem l'honneur ultime.

Chaque fois que nous subissons un revers dans notre avodat Hachem, et que devant le choix de désespérer ou de poursuivre le combat, nous choisissons la vie, renforçant ainsi notre détermination à poursuivre le chemin d'une vie juive, nous rendons un honneur incroyable à Hachem et révélons l'amour intense que nous Lui portons.
[la téchouva c'est certes prendre conscience de la gravité d'avoir fauté (dégâts dans tous les mondes), mais c'est également apprécier à quel point Hachem nous aime, en nous permettant de tout effacer pour quelques mots!
Le roi Shlomo dit : "Il n'y a pas d'homme complètement juste sur la terre qui ne fasse que le bien et ne commette jamais de faute" (Kohélet 7,20). Plutôt que d'écouter notre yétser ara en désespérant, combien nous devons avoir à l'esprit que faire téchouva c'est donner à "Hachem l'honneur ultime". ]

=> Quand Hachem nous voit rassembler nos forces, mettre notre égo de côté, et nous engager sur le chemin de la téchouva après avoir fauté, cela est extrêmement précieux à Ses yeux (c'est "l'honneur ultime").
Certes je dois tout faire pour éviter à priori de fauter, mais si j'ai fauté alors à postériori je dois apprécier et me réjouir d'à quel point cela va amener de la joie et de l'honneur à Hachem.

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+ L'objectif principal du yétser ara n'est pas la faute, mais le désespoir/tristesse qu'elle peut nous générer :

-> Rabbi Na'hman de Breslev (Si'ah Sarfé Koech - vol.5) enseigne :
"Lorsque le yétser ara séduit une personne pour qu'elle commette une faute, il ne se concentre pas uniquement sur la faute, mais plutôt sur la dépression et le découragement que le juif ressentira après la faute, car à cause de cette amertume, il tombera dans de nombreux autres péchés et ira de mal en pis.
C'est pourquoi une personne doit faire très attention à ne pas tomber dans le désespoir, quoi qu'il arrive!"

-> Ainsi d'une certaine manière, l'effort requis pour se relever après une faute au lieu de sombrer dans le désespoir est plus grand que l'effort nécessaire pour résister aux tentations de la faute en premier lieu, car cela contrecarre l'intention première du yétser ara.
Du point de vue du yétser ara, la faute n'est qu'un moyen de parvenir au désespoir, c'est après la faute que les troupes du yétser ara commencent le plus sérieusement leur puissant assaut.

-> Comme le dit Rabbi Nathan (Likouté Halakhot - Hiklhot Pessa'h 9:21) :
"Il n'y a pas de plus grande excuse (pour abandonner complètement sa judaïcité) que celle qui résulte de la stratégie de découragement du yétser ara, qui démontre au juif, encore et encore, qu'il n'a pas d'espoir.
Car il a lui-même vu de ses propres yeux comment il a tenté de revenir à Hachem après avoir échoué, pour échouer à nouveau, chaque personne en fonction de son échec, et cela s'est produit d'innombrables fois. [je faute, je reviens vers D., je faute, ... ]
C'est pourquoi il s'absout de chercher à nouveau à retourner à Hachem.
Mais en vérité, toutes ces pensées et ces suppositions sont des actes du yétser ara afin de lui fournir une excuse pour se séparer d'Hachem et suivre ses désirs. Car, comme l'a crié Rabbi Na'hman de Breslev : "il n'y a pas de désespoir du tout dans le monde" ...
C'est le test principal d'une personne, qu'elle s'encourage dans toutes ses descentes, quoi qu'il lui arrive, à toujours recommencer, en oubliant tout ce qui lui est arrivé dans le passé, et en le considérant comme s'il était né aujourd'hui!"

-> La capacité d'un juif à se rappeler qu'une défaillance momentanée ne représente pas son essence profonde et que c'est un vent de folie (roua'h shtout) qui l'a empêché de penser correctement, comme il est dit : "Un homme ne peut fauter que si un esprit de folie pénètre en lui" (guémara Sotah 3a). [je n'étais pas moins même]
Nos Sages (Nédarim 34b) disent aussi : "Au moment où l'on s'engage dans le yétser ara, on ne se souvient pas du yétzer tov" et "Notre volonté [profonde de tout juif] est de faire Ta volonté, mais le levain dans la pâte (le yétser ara) nous en empêche" (Béra'hot 17a) .

-> A priori, nous devons éviter de fauter, comme le disent nos Sages "Qui est puissant? Celui qui maîtrise son yétser ara" (PirkéAvot 4,1).
Mais étant des hommes (et non des anges), il est normal d'en arriver à fauter. Nous nous sommes alors très fréquemment dans une situation où nous avons fauté (chacun relativement à son niveau spirituel). Le risque alors est de s'identifier à la faute, de baisser les bras.
Ainsi, il faut garder à l'esprit que ne sommes pas définis par la chute de notre faute, mais plutôt par la lutte qui s'ensuit dans les moments qui suivent la chute. C'est à ce moment-là que notre engagement dans la avodat Hachem est véritablement mise à l'épreuve : allons-nous utiliser la culpabilité, la honte et le fait d'être brisé [d'avoir fauté] comme une excuse pour tout rejeter, ou bien est-ce que la judaïcité nous est si chère quoi qu'il arrive, nous sommes capables de trouver la force de marcher sur les chemins de la téchouva?

=> On croit souvent qu'une fois que nous avons fauté c'est terminé, c'est le signe que nous ne sommes pas une bonne personne, nous baissons les bras dans le désespoir et la tristesse (ex: comment j'ai pu me laissé avoir aussi bêtement par mon yétser ara!).
Pourtant il y a la téchouva qui peut tout réparer, et le vrai dégât c'est justement cet état défaitiste, où l'on va moins agir pour Hachem, avec moins de joie, moins d'ambition, moins de dynamisme/zèle, ...
Et là, notre yétser ara a gagné car il a réussi à nous anesthésier, à nous faire réaliser beaucoup moins que nous aurions pu faire le faire si nous avions eu un moral positif, confiant dans la force de la téchouva, de la fierté d'Hachem à nous voir revenir vers Lui essayer de faire mieux, ...
Hachem n'a pas besoin d'anges (Il en a une infinité), Il sait que notre vie est faite de chutes spirituelles, et toute la fierté/honneur d'Hachem est de constater que même parterre nous gardons espoir et envie d'aller vers Lui. Rien ne peut entraver notre amour pour Toi papa Hachem!

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+ Libre arbitre & l'incroyable enseignement de rabbi Tsadok haCohen :

-> Il existe un paradoxe : si Hachem sait ce que nous allons faire avant que nous le fassions, comment pouvons-nous avoir le libre arbitre?

Le Rambam (Miché Torah) dit que tout homme a une liberté totale de choix dans ses actions, et Hachem a une connaissance absolue dans tout ce qu'il va se passer.

Le Maharal (Déré'h 'Haïm 3,15) enseigne que D. voit effectivement tout, mais d'une manière qui n'a pas d'impact sur le libre arbitre, comme la connaissance de quelqu'un qui regarde par la fenêtre et voit son ami s'approcher n'a pas d'impact sur l'approche de son ami.
De même, rabbi Saadiya Gaon (Emunot véDéot 4,4) et le Rivach (Shu "t haRivach 118) qui soutiennent que la prescience de D. dans notre choix n'est pas la cause de ce choix, mais qu'Il sait plutôt ce que nous choisirons librement.

[il est à noter que le Ralbag (Milchamot Hachem 3,6) est d'avis que Hachem a limité Sa connaissance afin qu'Il ne sache que les choix possibles pour une personne et non pas ce quel choix elle va faire.
De même, le Chla haKadoch (Toldot Adam - Beit haBé'hira) dit de même que Hachem a limité Son savoir à la progression naturelle basées sur les circonstances actuelles. ]

-> "Tout est prévu [à l'avance], mais la liberté [de choisir] est cependant donnée" (Pirké Avot 3,19).
Ces deux vérités fonctionnent en même temps. Bien que tout soit prévu dans les moindres détails, et donc prédéterminé, cela ne nie pas notre expérience du libre arbitre et la capacité de créer librement notre destin.

=> Après avoir vu cette brève introduction au libre arbitre, nous allons voir un enseignement fondamental.

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-> Le rav Tsadok haCohen de Lublin (Pri Tsadik - Yitro) affirme que tout est une question de perspective.
Du point de vue d'Hachem, tout est prévu. Hachem sait tout ce qui va se passer, et en effet, tout doit se dérouler conformément à cette prédétermination.
Cependant, de notre point de vue, tout est laissé à notre libre choix. Dans notre état de conscience indépendante, nous faisons l'expérience de la liberté absolue de prendre des décisions et de façonner notre destin en fonction des choix que nous faisons.

Le rav Tsadok haCohen pose ensuite la question : Est-il possible pour un juif de jeter un coup d'œil derrière le rideau et d'atteindre la liberté la prise de conscience Divine que les fautes qu'il a commises étaient en fait prédéterminées et faisaient partie de la volonté d'Hachem, qui est parfaitement bonne?
Bien que cette vérité ne remette pas en question notre libre arbitre total, cependant arrive-t-il un jour où nous pouvons utiliser cette connaissance en considérant que nos décisions négatives faisaient partie du plan d'Hachem?

-> Nous avons pu voir précédemment que le test principal pour un juif démarre après qu'il ait échoué à contrôler ses désirs et commis une faute. Parce que c'est après le faute que le yétser ara commence véritablement son travail, lorsqu'un juif rassemble ses forces pour revenir sur le bon chemin au lieu de prendre la voie la plus facile/naturelle et de céder au confort du désespoir, cela apporte à Hachem le plus grand honneur possible.

On arrive à un constat : si le principal honneur qu'un juif peut rendre à Hachem est de revenir à Son service Divin après un échec [une faute], que le yétser ara a l'intention d'utiliser pour le plonger dans le désespoir, alors il devient possible de comprendre comment une faute peut être considérée comme faisant partie d'un processus menant à un bien plus grand.

Alors que d'autres tsadikim s'abstenaient de discuter ouvertement de ces idées incroyables, de peur que leurs points de vue ne soient utilisés à mauvais escient, rabbi Tsadok haCohen de Lublin écrit explicitement sur ce processus afin de donner aux juifs le courage de ne jamais abandonner leur voyage vers la proximité d'Hachem.
Voici ces paroles (Tsidkat haTsadik 40 ; aussi 100 ; 139 et 156) :
"L'essence de la téchouva est le moment où Hachem éclaire les yeux de l'individu et où il se rend compte que ses fautes ont été transformées en mérites, c'est-à-dire qu'il reconnaît et comprend que toutes ses fautes étaient également la volonté d'Hachem."

=> Ici, rabbi Tsadok haCohen enseigne qu'une fois que l'on a fait complètement téchouva sur ses fautes et que l'on a mérité grâce à cela d'apporter l'honneur ultime à Hachem (cf. Zohar Térouma 128b ci-dessus), alors il est possible de jeter un coup d'œil derrière la barrière qui se dresse entre notre vision des choses et celle d'Hachem afin d'atteindre la conscience que notre faute était, en fait, préordonné.

-> Il faut préciser que l'enseignement de rabbi Tsadok haCohen s'applique à postériori, après la faute, dans un but de servir comme un moyen d'encouragement rétrospectif.
Il est destinée à donner de la force et de l'espoir au juif en voie de guérison (qui vient d'effectuer son processus de téchouva, où il a pu faire face et reconnaître la gravité et sa honte d'avoir fauté, ce qui pourrait lui porter un coup négatif à son moral [ex : je vaux rien!]).

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-> Le rav Avraham Kook (Orot haTéchouva 16,1) écrit :
"L'un des fondements de la téchouva, dans l'esprit d'une personne, est la reconnaissance de sa culpabilité pour ses actions, qui est une extension de la foi en sa capacité à choisir librement. C'est le contenu de la composition du vidouï (confession) qui est tellement liée à la mitsva de la téchouva, une personne admet qu'il n'y a rien ni personne d'autre à blâmer pour ses péchés et leurs effets, si ce n'est elle-même. Ainsi, elle clarifie pour elle-même la liberté de sa volonté et l'étendue de son influence sur les modalités de sa vie et de ses actions.
Cela lui permet de se frayer un chemin pour retourner à Hachem, de renouveler sa vie avec un ordre approprié qui, puisant à la source de la sagesse, est perçu comme représentant sa réussite : un chemin lié à la lumière sainte de la Torah qui fait revivre l'âme."

=> ainsi, selon le rav Kook, le fait de reconnaître que nous ne sommes pas liés par les cycles de fautes qui ont saturé notre passé et que nous pouvons commencer à choisir de vivre une vie élevée librement, à tout moment, est une source majeure d'encouragement et sert de catalyseur pour notre retour à Hachem.

-> Le rav Avraham Kook poursuit :
" ... tant qu'une personne n'est pas revenue de sa faute et n'a pas établi les voies de sa téchouva, elle se trouve encore sous le fardeau de son choix et de sa culpabilité pour toutes ses actions et tous les effets négatifs qui sont de sa responsabilité.
Cependant, après le rayonnement de la téchouva, tous les défauts de sa vie ainsi que les actions qui, de notre point de vue, paraissent négatives et ont eu des conséquences amères, sont immédiatement et rétrospectivement livrés à l'influence d'Hachem.
Ils sont tous placés en dehors de sa liberté de choix et deviennent partie intégrante de l'influence de la gouvernance élevée, de la puissance du "Très-Haut", qui [est mentionné dans le verset] : "Tu es à l'origine de toutes nos actions" (Yéchayahou 26,12)."

=> Après avoir choisi de s'engager sur le chemin de la téchouva et de se corriger, on peut en venir à penser que le corollaire naturel de la liberté de choix qui nous a permis de faire la téchouva est un sentiment de culpabilité démoralisant découlant de la conscience que nous seul, ayant choisi ces actions avec notre libre arbitre, nous sommes pleinement responsables du fardeau de nos fautes, un fardeau trop lourd pour nous.
[la téchouva nous oblige à mettre le nez dans ce qui ne va pas chez nous pour pouvoir le dire à Hachem, et exprimer notre regret et désir de ne plus le refaire. Le risque est alors que nous fassions le rapprochement : nous = faute. Et inconsciemment l'idée est : à quoi ça sert que je m'investisse plus que cela dans le spirituel vu que je suis un si grand fauteur, à quoi ça sert que je vive si c'est pour fauter, pour décevoir Hachem qui fait tant pour moi, ... la vie et le libre arbitre qu'Il me donne, je les utilise à détruire/fauter, à faire le contraire de ce qu'Il veut. La téchouva peut donc générer en nous de la tristesse, du désespoir, ... ]
C'est à ce moment là que nous pouvons développer l'encouragement rétrospectif, orienté vers le passé, qui nous fait prendre conscience que tout ce processus faisait partie du plan d'Hachem et qu'il n'aurait pas pu se produire autrement.
A priori nous devons tout faire pour éviter la faute, mais à postériori suite à une téchouva, nous devons voir la faute positivement : nous avons pu apprendre de nos erreurs devenant ainsi meilleur, en nous relevant nous avons pu témoigner à Hachem notre amour et attachement à Lui, une téchouva faite par amour transforme la faute en mérite, suite à la conscience de notre faute on aura vidé tout notre coeur à Hachem pour lui exprimer à quel point on l'aime, à quel point on veut faire sa volonté, à quel point on déteste la faute [et cela a beaucoup de valeur et d'impacts pour le futur de notre vie (on amène une personne là où il veut aller!)], ...

En plus de réaliser la valeur des leçons tirées de nos erreurs, on méritera un jour de réaliser que ces revers eux-mêmes étaient intrinsèquement précieux, que chaque faux pas qui a abouti à une faute est intrinsèquement précieux, puisqu'il aura permis à ce qu'on atteindre
Nos Sages affirment : "Là où se tient un baal téchouva, même un tsadik parfait ne peut se tenir" (guémara Béra'hot 34b) = l'idée est qu'après coup (un fois que c'est fait) notre faute doit être vue comme précieuse, comme quelque chose qui va nous permettre d'atteindre un niveau que sans cela nous aurions pas pu atteindre. Nos Sages parlent de "yérida létsoré'h aliya" (une chute/descente [spirituelle] dans une fait de monter [davantage]).
Nous devons appréhender positivement une faute qui a déjà été faite, afin de s'encourager le plus possible pour aller de l'avant, encore plus fort, avec plein d'ambitions spirituelles.

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+ En résumé :

-> L'intention première du yétser ara, lorsqu'il pousse un juif à fauter, est d'utiliser la faute comme un moyen d'entraîner le fauteur dans les profondeurs du désespoir, afin qu'il commette de nombreux autres fautes, voire qu'il se désengage de sa judaïcité (chacun à son niveau).
[ainsi, à priori on doit vaincre le yétser ara pour ne pas fauter, mais la bataille la plus importante se trouve à postériori d'une faute = on doit tout faire pour qu'après notre téchouva on se remonte le moral, on appréhende la faute d'une manière constructive, et non démotivante, destructive spirituellement parlant (ce qui est l'objectif principal du yétser ara). ]

-> Lorsqu'un juif refuse de céder au confort séduisant du désespoir (qui lui permet de justifier de ne plus avoir besoin de se plier au joug Divin, et faire ce que JE veux librement!), en surmontant tous les obstacles et en revenant à la avodat Hachem après un échec spirituel, il exprime l'étendue ultime de son désir et fait honneur à Hachem.

-> Dans ce monde, nous faisons l'expérience du libre choix absolu, et nous sommes donc responsables des décisions que nous prenons.
Cependant, après une téchouva complète, il est possible d'atteindre la conscience impressionnante que sa faute était également une volonté d'Hachem, prédéterminée dans le but de le mettre au défi de lutter contre l'inclination au désespoir et de s'élever une fois de plus sur les chemins de la avodat Hachem, apportant le plus grand kavod Shamayim (l'honneur ultime à Hachem).

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+ De façon imagée :

[Il est écrit : "Le tsadik tombe 7 fois, et se relève ; mais les réchaïm sont effondrés par le malheur" (Michlé 24,16).
On voit que l'essentiel réside dans notre capacité à se relever. Et d'une certaine façon avec du recul on s'aperçoit que c'est les chutes qui ont permis au final que l'on soit un tsadik.
A l'image d'un enfant qui apprend à marcher et s'élance vers ses parents. Chaque chute n'est pas souhaitable, ses parents ont mal pour lui, mais ils se réjouissent lorsqu'il persévère à se relever pour les rejoindre. Au final chaque chute lui permet d'en ressortir plus fort, de s'améliorer, de toujours mieux avancer et s'approcher de papa et maman.
Même si nous devons tout faire pour les éviter, nos fautes à postériori nous permettent de grandir et d'atteindre une vie avec plus de proximité avec papa Hachem.
Imaginons l'enfant qui tombe, il est plein de frustration, d'énervement. Soit il abandonne, s'allonge de fatigue, ... soit il va évacuer tout cela (processus de téchouva), et il va repartir de l'avant plein de positif sachant que ses parents son fier et honoré de son attitude, et également plein forces sachant qu'il sait un peu mieux comment ne pas tomber trop vite.
Même si cette comparaison peut avoir ses limites, elle nous permet de mieux appréhender notre attitude avec nos fautes. Cela met aussi en avant à quel point l'essentiel du yétser ara n'est pas de nous faire tomber, mais plutôt de nous faire rester au sol longtemps après être tombé.
Les dégâts de nos fautes sont réparables (par la téchouva), mais les pertes d'exploitation de nos capacités sont éternelles. ]

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-> Il y a pire que le mal véhiculé par la faute, il y a la perte de confiance liée à notre échec!"
[rav Nathan Tsvi Finkel]

Le concept de téchouva (littéralement "retour") se réfère non seulement à l'expiation des fautes, mais aussi au processus de retour aux racines de l'âme.
Même une personne qui n'a pas fauté peut être un baal téchouva en s'efforçant de revenir à ses racines spirituelles.
[Sfat Emet - Nitsavim 5650]

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-> Un tsadik complet, quelqu'un qui n'a jamais fauté, a une crainte si forte d'Hachem gravée dans son cœur qu'il peut fonctionner dans le monde matériel sans fauter.
En revanche, le baal téchouva, qui a déjà fauté, doit "se tenir" devant Hachem, conscient à chaque instant de qui le regarde, ce qui n'est pas nécessaire pour le tsadik complet.
C'est ce qui explique la phrase des Sages (Béra'hot 34b) : "Dans un endroit où se tiennent les baalé téchouva, même les tsadikim complets ne peuvent pas se tenir".
Afin de maintenir cette perception constante d'Hachem, un baal téchouva doit recevoir une aide spéciale du Ciel, une aide dont le tsadik complet n'a pas besoin.
[Sfat Emet - Nitsavim 5633]

-> Le Zohar note qu'un baal téchouva peut accomplir en une minute ce que quelqu'un d'autre met souvent des années à maîtriser.
La grandeur d'un baal téchouva vient du fait qu'il réoriente la passion qu'il utilisait auparavant pour fauter et l'applique désormais à l'accomplissement des mitsvot.
[Sfat Emet - Souccot 5636 ; Vayakel 5635]

"L'un des fondements de la téchouva dans l'esprit d'une personne est la reconnaissance de la culpabilité de ses actes, qui est une extension de sa foi en sa capacité à choisir librement.
C'est le contenu de la composition du vidouï (confession) qui est tellement liée à la mitsva de la téchouva, une personne admet qu'il n'y a rien ni personne d'autre à blâmer pour ses fautes et leurs effets que lui seul"
[rav Avraham Kook - Orot haTéchouva 17,2]

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-> Lorsqu'une personne arrive à un stade de sa vie où elle sent qu'elle n'a plus la capacité de choisir librement et de prendre ses propres décisions, elle perd le contrôle et sa "place" dans le monde.
Une telle personne ne peut jouir d'un sentiment de stabilité et d'identité parce qu'elle est redevable aux forces qui la dominent. Au lieu de choisir sa voie et de s'en tenir à ses principes, elle est ce que ces puissances lui dictent d'être.
Mais, en vérité, ce n'est qu'une illusion. En tant qu'une des définitions fondamentales de notre humanité, la liberté de choix reste toujours présente et indéniable.

-> Le rabbi Nathan de Nemirov écrit :
J'ai entendu dire que quelqu'un avait un jour demandé (à rabbi Na'hman de Breslev) : "Comment comprendre le fait qu'on soit libre de nos choix?
Le Rabbi lui a répondu avec simplicité : "Le choix est dans la main de l'homme. S'il veut, il agit. S'il ne veut pas, il n'agit pas".
J'ai noté cela, car c'est très nécessaire. En effet, de nombreuses personnes sont extrêmement confuses à ce sujet, car elles sont habituées à agir d'une certaine manière depuis leur plus jeune âge et il leur semble donc qu'elles ont perdu la capacité de choisir et qu'elles ne peuvent plus changer leur façon de faire. Mais en vérité, il n'en est rien, car chaque personne a toujours le libre choix, dans tous les domaines de la vie, et "s'il veut, il agit". Comprenez bien ces mots.
[Likouté Moharan Tinyana 111 ]

La gravité de fauter, et le moyen de réparer

+ La gravité de fauter, et le moyen de réparer :

-> "A D. ne plaise, par ses actes, ses paroles et ses pensées qui ne sont pas bonnes, il [un juif] détruit de nombreuses puissances et d'innombrables mondes célestes saints ... ou il provoque l'obscurcissement ou la diminution de leur lumière et de leur sainteé, et ajoute de la puissance aux royaumes de l'impureté".
[rabbi 'Haïm de Volozhin - Néfech ha'Haïm - chap.3]

-> Par la suite, rabbi 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm - chap.4) écrit :
"En vérité, le cœur de celui qui est sage et qui comprend ce concept frémira en lui et il tremblera lorsqu'il se concentrera sur l'étendue des dommages causés par chacune de ses fautes, des dommages encore plus importants que ceux causés par Névou'hadnetzar et Titus (qui ont détruit le Temple), car les actions de Névou'hadnetzar et Titus n'ont causé aucun défaut en Haut, car il ne leur a pas été donné la possibilité d'atteindre cet endroit par leurs actions."

=> Cela est terrifiant à considérer! Chacune des fautes que nous transgressons, même si elles sont apparemment insignifiantes, a un effet plus dévastateur dans les royaumes célestes que la destruction du Temple!

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Emor) enseigne comment remédier à ces dommages.
Voici ses paroles : "Il est connu que lorsqu'une personne faute, à D. ne plaise, elle cause une souillure dans les cieux et ajoute de la puissance aux forces de l'impureté. Le remède à cela est de brûler ces forces maléfiques en dirigeant une passion ardente vers le Créateur. En effet, cette inspiration incroyable n'est venue qu'à la suite de la faute, car son esprit avait des pensées obscures".

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-> Nos Sages (guémara Yoma 86b) enseignent que la téchouva méahava (le repentir né de l'amour), a le pouvoir de transformer les fautes d'une personne en mitsvot.
Expliquant ce concept, le Baal haTanya (Likouté Amarim - Tanya - chap.7) dit que lorsque la culpabilité et le chagrin causés par une faute poussent une personne à davantage désirer et être inspirée dans son avodat Hachem, l'amenant à la téchouva méahava, alors cette faute s'est transformée en mitsva.
Avec le recul, le fauteur est capable de voir que cette faute a en fait conduit à une aliya, à une progression/élévation dans sa avodat Hachem, remplissant ainsi la même fonction qu'une mitsva, qui est un moyen de se rapprocher du Maître du monde.

-> Dans le même ordre d'idées, rabbi Tsadok haCohen (Tsidkat haTsadik 40,52,100) écrit que le principe de la téchouva est atteint lorsqu'une personne se rend compte que, d'une manière très profonde, sa faute était aussi la volonté de D.
Il est évident que cette affirmation peut être incroyablement dangereuse si elle est mal interprétée, mais il va de soi que rabbi Tsadok haCohen ne veut pas dire, D. préserve, qu'une personne doit rationaliser sa conduite pécheresse en "réalisant" que toutes ses actions sont en fait la volonté du ciel.
La "réalisation" à laquelle ce tsadik fait référence a lieu lorsqu'une personne peut regarder honnêtement en arrière et voir que son méfait a entraîné un changement complet et durable dans le sérieux et l'intensité de sa avodat Hachem. C'est alors qu'elle peut être sûre que sa faute n'était qu'un moyen de la rendre encore plus grande, une "yérida létsoré'h aliva" (une descente/chute permettant davantage d'élévation). [voir aussi rabbi Na'hman - Likouté Maharan 22:11]
[évidemment qu'on ne désire pas la faute, qu'on fait tout pour l'éviter, mais si à postériori nous avons déjà fauté alors nous devons autant que possible faire en sorte que cela nous soit un tremplin spirituel.
A l'inverse, notre yétser ara nous fait tomber et ensuite il nous fait culpabiliser, nous attrister. En effet, il s'est trop bien la force de la tristesse, du désespoir, mais surtout d'utiliser une chute pour davantage s'élever (à l'image du ressort qui se contracte pour mieux pouvoir s'élancer vers le haut). ]

-> En ce sens, nos Sages (Sanhédrin 99a) affirment : "À la place des baalé téchouva, même les complétement justes ne peuvent s'y tenir".
L'une des explications de cette affirmation est qu'une personne qui a fauté et ensuite réalisé une téchouva dessus, elle a fait une utilisation de la tristesse de son regret sur ses fautes dans un but de la propulser vers les plus hauts sommets spirituels, à un endroit que même les tsadikim parfaits ne peuvent atteindre.

-> C'est à cette rectification que le rabbi de Berditchev fait référence.
Si le feu de la faute a provoqué une descente dans les royaumes de l'impureté, c'est le feu de la spiritualité provoqué par la tristesse que l'on ressent d'avoir fauté qui est nécessaire pour le ramener dans le royaume de la lumière sainte.

-> Comme l'écrit rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan 156) :
"La pureté du cœur est atteinte lorsque le cœur d'une personne brûle d'une passion pour Hachem. Pour rectifier le fait que son cœur a brûlé à cause d'une faute ou d'un désir impur, à D. ne plaise, qui a contaminé son cœur, celui-ci doit s'enflammer de passion pour Hachem. Grâce à cela, son cœur atteint la pureté, comme le dit le verset : "Tout ce qui entre dans le feu, vous le ferez passer par le feu et il sera purifié".

=> Nous avons tous commis de très nombreuses fautes qui ont causé des dommages considérables au monde (à notre monde intérieur, au monde Celeste, terrestre, ...).
Mais comme l'affirme rabbi Na'hman de Breslev : "s'il y a un moyen de détruire, il y a un moyen de réparer", et "il n'y a pas de désespoir dans le monde" .
Tout peut être renversé. En utilisant le lourd sentiment de regret résultant de notre faute, pour le porter à renforcer notre avodat Hachem à un meilleur niveau, avec plus de passion (papa Hachem, pardon, certes je suis tombé dans la faute, mais je vais essayer de faire mieux Ta volonté).
Nous utilisons la faute elle-même pour nous aider dans notre croissance spirituelle.
[c'est l'idée enseignée par rabbi Na'hman de Breslev, comme dans le Likouté Moharan 116]

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Emor 21,9) enseigne :
Une faute n'affecte pas seulement l'âme (néchama) de l'individu, mais "elle souille son père" = la transgression affecte et cause une souillure dans les royaumes célestes.
Quel est le moyen de remédier à ces dommages considérables?
La réparation (tikoun) consiste à faire rebondir la culpabilité et la tristesse causées par la faute et à les utiliser pour nous propulser vers de plus hauts sommets dans notre avodat Hachem, en atteignant des niveaux inédits de feu émotionnel et de passion dans notre service.
Lorsque nous faisons cela, non seulement nos fautes sont pardonnées, mais elles sont entièrement transformés, nous enlevons les robes de l'Accusateur et revêtons celles de l'avocat [qui nous défend au Ciel], transformant la faute la plus grave en mérite ultime.

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-> Cela doit également nous rappeler que tout ce qu'un juif pense, dit ou fait a le pouvoir de provoquer des changements majeurs dans les forces célestes.
Chaque mitsva accomplie (même la plus simple, facile) par une personne a pour conséquence de générer des quantités incalculables de bénédictions, de lumière et de bonté Divine dans les sphères spirituelles, et en fin de compte dans ce monde physique également.
À l'inverse, chaque faute transgressée entraîne la diminution immédiate de cette bénédiction, de cette lumière et de cette bonté, et apporte au contraire la destruction et la colère divine sur l'univers.

[libre arbitre oblige, on ne se rend pas compte de l'impact phénoménal de chacune de nos actions.
Les premiers mots d'un juif sont "modé ani (je Te remercie) ... 'hémla raba émounaté'ha (grande est Ta confiance en moi)" = malgré notre risque de fauter, Hachem nous redonne la vie à notre réveil en nous donnant la capacité d'impacter considérablement le monde (en bien, en mal), car Il a confiance en nous.
Alors à nous de Lui prouver qu'Il en a eu raison, qu'Il soit éternellement fier de nous! ]

La musique et le chant = chemin vers la téchouva

+ La musique et le chant = chemin vers la téchouva :

-> Le rav Sim'ha Bounim de Peshischa dit sur le ton de l'humour :
"Le monde dit en plaisantant : "Un 'hazzan est un imbécile". Pourquoi en est-il ainsi?
Parce que le monde de la chanson est très proche du monde de la téchouva. Si un chanteur qui chante se trouve si près du monde de la téchouva et ne se repent pas, c'est qu'il est vraiment un imbécile".

-> Le rav Israël de Modzhitz (Imré Shaul) poussait cette réflexion plus loin :
"On dit que la Chambre de la Musique est adjacente à la Chambre de la téchouva. Et moi, je dis que la Chambre de la Musique est en fait la Chambre de téchouva".

-> Le Tikuné Zohar (11) énumère les différentes Chambres Célestes, leurs fonctions respectives et les conditions requises pour y accéder. Parmi ces Chambres se trouve la Chambre de la Musique.
À propos de cette chambre, il est dit : "Il y a la Chambre de la Musique, qui ne peut être ouverte que par la musique. C'est donc par la musique que le roi David s'est approché de cette Chambre."

-> Tout cela permet de mieux comprendre les paroles suivantes du rav Uri de Strelisk (Imré Kadoch 84) :
"Si une personne est incapable de s'approcher d'Hachem, il lui est possible de s'en approcher grâce à la chambre de la Musique."

=> Pourquoi cette méthode est-elle plus facilement accessible?
Peut-être parce que la Chambre de la Musique fait partie des Chambres Célestes les plus proches de nous.
Comme l'écrit le rav Ahrele Roth (Shomer Emounim - maamar tsahali véRoni 2) :
"La Chambre de Musique provient des Chambres les plus proches de nous, mais elle s'élève de plus en plus haut, jusqu'à la hauteur des Chambres les plus élevées."

-> Lorsqu'elle est utilisée correctement, la musique peut être un moyen inestimable d'amener une personne à un véritable repentir.
En effet, le Gaon de Vilna (Biour haGra - Divré haYamim 1:23:4) écrit :
Grâce au pouvoir de la chanson, nous pouvons vaincre le mauvais penchant (yétser ara)."

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+ La mélodie du korban 'hatat = d'abord susciter le remord complet, puis susciter la joie :

-> Nous constatons que dans le Temple, lorsqu'une personne offrait un korban (sacrifice) pour expier ses fautes, la musique jouait un rôle essentiel dans le processus d'expiation.
Comment cela se faisait-il?

La musique était parfois jouée juste avant l'offrande pour une faute (korban 'hatat) pour pénétrer le cœur de la personne qui apportait le korban et l'inciter à une véritable humilité et à un repentir sincère.
Le rav Shmouel de Sochatchov explique que si les Cohanim sentaient que le repentir de la personne n'était pas encore entier et complet, ils demandaient aux Lévi'im de jouer une mélodie émouvante et déchirante pour l'inspirer à se repentir complètement, et c'est alors seulement qu'ils offraient son korban.

Le rav de Sochatchov (Shem miChmouël - Sim'hat Torah 5681) précise :
"Si le Cohen qui offre le korban sent que le propriétaire ne s'est pas encore complètement repenti, il demande aux Lévi'im d'enflammer le cœur du propriétaire [du sacrifice], pour qu'il se repente par le biais de sa chanson."

-> D'autres semblent soutenir que pour s'assurer de la sincérité du repentir d'une personne, il était d'usage de faire jouer de la musique au moment de l'offrande d'une faute (korban 'hatat).
Le rav Klonimus Kalman Epstein (Maor vaChémech - Chémini) explique :
"Lorsqu'un homme se présentait devant les Cohanim pour faire expier son âme, ils veillaient d'abord à humilier son cœur, afin qu'il revienne de tout cœur et se repente avant qu'ils n'offrent son korban.
Ils demandaient aux Lévi'im qui "parlaient" le chant, d'éveiller la personne avec un son agréable, au point que le cœur du fauteur se brise en lui. C'est alors que cela serait propice à son expiation."

-> Cette idée est développée par le rav Shlomo de Karlin (Shéma Shlomo - Nasso) :
"Il en était ainsi à l'époque où le Temple était debout et où le mizbeach (l'autel) était établi.
Lorsque le Cohen servait la avoda (service) et obtenait le pardon pour son peuple, les pensées des personnes dont il offrait les sacrifices "lui parvenaient", (afin qu'il sache) si elles songeaient à des pensées de téchouva complète ou non.
S'ils n'ont pas encore fini d'enflammer leur cœur avec le repentir et la passion nécessaires, le Cohen l'indique alors aux Lévi'im, qui commencent à jouer avec plus d'agitation et de passion.
Il s'agissait d'éveiller la personne qui offrait le sacrifice et de l'amener à une téchouva complète."

-> Le rav 'Haïm de Tzanz (Chaar Yissa'har - Tichri - maamar Shouva Israël 20) détaille plus largement :
"Lorsque le fauteur venait apporter son korban (sacrifice), le Cohen lui demandait la nature de la faute pour lequel il apportait ce korban. Avec un esprit attristé, l'homme lui disait où il avait trébuché ...
Le Cohen fait alors signe aux Lévi'im qui se tiennent sur leur estrade, et à l'aide de leurs instruments de musique, ils commencent à jouer un air qui suscite des émotions et des pleurs.
Les propriétaires (du sacrifice) commencent à faire la semi'ha (posent leurs mains) sur leur korban et confessent : "J'ai péché et commis telle ou telle transgression. Je suis revenu, je me suis repenti et c'est mon expiation".
Au cours du grand réveil [sur leur faute], il pleurait d'une âme amère, dans la confession et le remords.

Lorsque le Cohen voyait le cœur du propriétaire, comment son âme avait presque quitté son être avec une grande amertume lorsqu'il parlait, il faisait alors signe aux Lévi'im. Ceux-ci commençaient alors à jouer un chant joyeux sur leurs instruments de musique afin de restaurer son esprit.
Ils égorgent immédiatement son korban, et c'est ainsi qu'il accomplira son expiation."

-> Le rav Yissa'har Shlomo Teichtal (Téchouvot Michné Sachir - OH 24) soutient qu'il est inapproprié pour le fauteur de ressentir une quelconque joie lorsqu'il offre son sacrifice parce qu'il a commis une faute. Cela pose un problème, car tout service divin doit être accompli dans la joie. Il affirme que le chant des Lévi'im fournit la solution à ce dilemme.
Il explique : "Les Cohanim et les Lévi'im étaient donc nécessaires pour compléter la joie et les chants afin de satisfaire à l'exigence de "servir Hachem avec joie"."

Il ajoute ensuite qu'une fois que les Lévi'im commenceraient à chanter, cela inciterait le fauteur à se repentir par amour pour Hachem et par désir de se rapprocher de Lui :
"Il me semble que lorsque le fauteur apportait son korban, il était habité par un esprit humble et triste à cause de sa faute, qui l'avait éloigné du Créateur, et il revenait à Hachem de tout son cœur.
Ce n'est qu'une fois que les Cohanim et les Lév'im ont commencé leur service dans la joie et l'allégresse que la joie s'est éveillée dans son cœur.
Il achèvera alors son repentir par amour, par joie et par proximité avec Hachem."

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+ La musique facilite notre attachement à Hachem :

-> Le terme "téchouva" est traduit habituellement par "repentir", mais en réalité son origine est "chav" qui signifie : "revenir".
L'essence de la téchouva est revenir à un état d'unité avec Hachem [la faute créant une séparation, distanciation, que la téchouva va retirer]. [Maharal - Nétsiv haTéchouva]

=> Comme se fait-il que la musique partage une affinité étroite avec la Chambre et le Monde de la Téchouva?

-> La musique est un véhicule efficace par lequel une personne peut atteindre un état de connexion, d'unité avec son Créateur.
C'est par la musique que l'on peut pénétrer les barrières qui empêchent souvent l'expression de nos aspirations profondes et de nos sentiments de véritable attachement à Hachem (dvékout).

En effet, le Chem miChmouël (Pessa'h) dit :
"Le chant est une dvékout dépouillé de tout vêtement. C'est l'attachement de la cause à la Cause (la création au Créateur) sans aucune barrière ou frontière."

-> Il est écrit : "Chantez, justes, avec Hachem" (ranénou tsadikim b'Hachem - Téhilim 33,1).
Le Réchit 'Hokhma (chaar haAhava 10) commente :
Il aurait été plus approprié de dire : "Chantez les justes à Hachem", tout comme il est dit : "Chantez pour Lui, jouez de la musique pour Lui" (chirou lo zamrou lo - Téhikim 92,1) et non "Chantez avec Hachem".
Il est plausible de dire que l'intention du roi David était d'affirmer que même un chant ordinaire provoque une dvékout ...
C'est pourquoi il est dit : "Chantez, justes" = lorsque les justes chantent, ils sont immédiatement attachés à Hachem.
[la musique peut nous réveiller spirituellement, et faire que nous sommes davantage attachés à Hachem. Le terme "téchouva" (תשובה) se décompose en "tachouv hé" ('תשוב ה - revenir vers Hachem), et la musique peut fortement nous le permettre. ]
[...]
(Il faut) susciter le chant et la louange ... afin de s'attacher à son Créateur, car le chant engendre la dvékout, lorsqu'on se souvient de Sa bonté et de Sa bienveillance multiples à son égard.

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+ Profiter de de la musique pour s'éveiller à la téchouva et s'attacher à Hachem :

-> Amener les gens à un état accru de dvékout était également l'un des principaux objectifs des chants des Léviim dans le Temple.
Le Chem miChmouël (Béhaaloté'ha) explique :
"La mission des Lévi'im était d'élever les juifs et de les attacher à Hachem, conformément à leur attribut de dvékout, et ce par le biais du chant!"

-> Rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Etsot - Néguina 11) écrit :
"La musique et les instruments de musique ont le grand pouvoir d'attirer une personne vers Hachem.
C'est pourquoi il est bon qu'une personne s'habitue régulièrement à se divertir en chantant, afin de réjouir son âme et de s'attacher à Hachem, en particulier le Shabbath, le Yom Tov et lors de la mitsva des mariages."

-> Ailleurs, rabbi Na'hman de Breslev (Si'hot haRan 273) écrit :
"Il est bon pour une personne de s'habituer à s'animer par le chant. Car le chant est une chose très, très grande et très noble. Il a le grand pouvoir d'éveiller et d'attirer le cœur d'une personne vers Hachem.

Lorsqu'une personne commet une faute, même si elle est déjà tombée, Hachem est toujours là pour la soutenir afin qu'elle puisse trouver un moyen de se relever.
[Nous disons dans la prière après "nichmat kol 'haï" : "asomé'h noflim" (qui soutient la chute)]
Même lorsque quelqu'un est nofél, c'est-à-dire en train de tomber, Hachem est là pour le soutenir et lui donner de l'espoir pour l'avenir.
['Hidouché haRim]

+ Puisque la baal téchouva repousse avec tant de force le mauvais penchant, mesure pour mesure, il empêche les forces du mal de se nourrir du côté de la sainteté. Il accomplit donc encore plus qu'une personne qui n'a jamais fauté.

"Là où les baalé téchouva se tiennent, les justes parfaits ne le peuvent pas" (guémara Béra'hot 34b). La guémara ne dit pas "ceux qui se sont repentis" ; elle parle de ceux qui ont travaillé si dur pour lutter contre leur mauvais penchant qu'on les appelle "les maîtres (baalé) du repentir (téchouva)".
[Ben Ich 'Haï - Ora'h 'Haïm]

"Lorsqu'il y a un éveil au repentir dans le monde, il y a de la miséricorde dans le monde.
[Noam Elimé'h - paracha Tazria]

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[ainsi, lorsque l'on se réveille personnellement à la téchouva, et/ou autrui (ex: en se comportement avec exemplarité, en faisant aimer Hachem, en priant pour que les juifs reviennent le plus vers D.), on amène de la miséricorde Divine dans le monde.]

Téchouva & prendre soin de soi

-> Bien qu'il s'agisse d'une avoda souvent négligée, le rav Avraham Kook souligne que le maintien de la santé physique est un élément majeur de l'avodat Hachem.
Il écrit (Orot haTéchouva chap.1 & 14:20) qu'un corps faible est souvent la cause de l'affaiblissement du désir sacré et que, dans le processus de téchouva, nous devons chercher à renforcer la force du corps afin de fortifier le courage de l'âme et de donner des ailes à ses aspirations.

Dans un autre endroit (Orot haTé'hiya 33), le rav Kook enseigne :
"La demande de physicalité est énorme. Nous avons besoin de corps en bonne santé. Mais nous nous sommes tellement concentrés sur notre âme que nous avons oublié la sainteté du corps. Nous avons négligé notre santé et notre force et avons oublié que nous possédons des corps saints tout autant que des âmes saintes."

-> Le rav Kook (Orot haTéchouva 14:2) écrit que lorsqu'un juif s'engage dans un voyage de téchouva sans avoir d'abord travaillé sur les questions liées au corps, telles que ses manières, ses comportements et ses habitudes, il peut parvenir à une compréhension et à une élévation spirituelles pour revenir ensuite à un corps brisé qui ne peut pas servir de récipient adéquat pour sa nouvelle illumination.
Cela peut provoquer une angoisse énorme et déclencher une bataille intérieure destructrice dans laquelle, quel que soit le vainqueur, la santé émotionnelle du juif sort toujours perdante.
C'est pourquoi il est de la plus haute importance de travailler d'abord sur le développement spirituel lié au corps (relations, habitudes, traits de comportement, ...), avant de passer à des niveaux plus élevés d'élévation spirituelle.

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[ issu du divré Torah : http://todahm.com/2022/03/17/la-sante ]

"Reviens, reviens, ô la Choulamite, reviens, reviens, que nous puissions te regarder!" (chouvi chouvi haChoulamite, chouvi chouvi vné'hézé ba'h - Chir haChirim 7,1)

-> La faute aveugle nos yeux et nous empêche d'appréhender la gloire impressionnante de D.
Lorsque nous nous repentons, nos yeux s'ouvrent et nous contemplons davantage. Cela nous amène à nous repentir plus profondément, car le repentir d'hier n'était pas en accord avec la perception actuelle de la gloire d'Hachem. C'est ainsi qu'il est écrit : "Après m'être repenti, j'ai regretté" (Yirmiyahou 31,19).
Ce processus peut se poursuivre jusqu'à ce que toute notre vie soit passée à se repentir, même pour un seul péché. [Bné Yissa'har]

Nous pouvons maintenant comprendre pourquoi le mot "retour" (chouvi) est répété tant de fois dans notre verset de Chir haChirim :
- "Reviens, reviens, toi qui te perfectionnes" (choulamite = renvoie au fait d'être chalem, complet/parfait) = à mesure que nous nous perfectionnions, nous devons nous repentir encore et encore pour le même péché.
- "reviens, que nous puissions te regarder" = repentez-vous à plusieurs reprises à mesure que votre vision et votre compréhension de la gloire de D. augmentent.
[Ben Ich 'Haï - Even Chéléma]

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[nos Sages parlent de téchouva des tsadikim = puisque chaque jour je m'améliore/m'élève spirituellement, alors la façon dont je me suis comporté précédemment n'est plus considérée comme aussi bonne. (ayant pris de la hauteur je vois les choses différemment avec plus de perfection, et je fais téchouva là dessus) ]