+++ Les bénéfices de nos souffrances (2e partie) :
+ Les souffrances nous nettoient et nous purifient :
-> Nous allons voir que les souffrances apportent un grand bénéfice à notre âme. Lorsque nous éprouvons de la douleur, même la plus infime, dans ce monde, notre âme est purifiée des effets ruineux de la faute, ce qui nous évite des souffrances bien plus grandes dans le Guéhinam.
-> Selon le Ramban (introduction à Iyov) :
"Si Hachem devait retirer à une personne tout plaisir dans ce monde, et que cette personne devait souffrir de toutes les tribulations de Iyov pendant toute sa vie, ce serait toujours mieux pour elle que son âme soit punie dans l'autre monde avec la souffrance du Guéhinam, ou que ses fautes fassent perdre à son âme une partie de sa qualité dans le monde des âmes, son attachement à la radiance d'Hachem dans le monde à Venir (olam aba).
Car en comparaison, tout ce que le corps terrestre peut vivre est insignifiant, et tout ce qui se passe dans ce monde, qu'il soit bon ou mauvais, est pauvre et ne dure pas."
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-> Selon le Ram'hal (Déré'h Hachem - vol.2,3:5)
"Lorsqu'une personne utilise son corps pour fauter, cela provoque une obscurité spirituelle qui obstrue sa connexion avec Hachem.
Comme l'explique le Ram'hal, la souffrance peut être imposée à une personne afin d'éliminer ce blocage.
Un tsadik a atteint un degré élevé de lumière et de grandeur. Cependant, en raison du petit nombre de mauvaises actions qu'il a commises, il a également une part d'obscurité et d'impureté en lui. Tant que ce mélange est en lui, il n'est pas prêt et apte à se connecter/lier à Hachem.
C'est pourquoi l'attribut de bonté d'Hachem a décrété qu'il devait être en mesure d'être raffiné. C'est le concept des souffrances, qu'Hachem a investis de la capacité d'éliminer l'impureté d'une personne, la laissant pure et propre, prête à recevoir le bien au bon moment.
La quantité de saleté que la personne a absorbée par ses actes déterminera la quantité de souffrances nécessaires pour la purifier.
Parfois, la souffrance corporelle n'est pas suffisante pour enlever cette saleté, et la souffrance spirituelle est nécessaire."
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-> Le Baal HaTanya (Tanya - Iguéret haTéchouva - chap.12) enseigne :
"La raison pour laquelle il faut se réjouir de la souffrance corporelle est qu'elle est extrêmement bénéfique pour celui qui a fauté.
Elle le purifie dans ce monde et lui évite ainsi d'avoir à se purifier dans le Guéhinam.
De petites souffrances en ce monde permettent d'éviter des jugements beaucoup plus sévères dans l'autre monde."
-> Selon l'Alter de Kelm ('Hokhma ou'Moussar - vol.1) :
Tout ce que l'on souffre dans le monde, même les douleurs de Iyov, à D. ne plaise, et bien d'autres encore, est utile pour ne pas subir le jugement sévère du monde à Venir.
-> Selon le 'Hafets 'Haïm (Chem Olam - épilogue) :
En vérité, toutes les souffrances, qu'il s'agisse du corps ou de l'argent, sont une expiation pour les fautes, afin que la personne n'ait pas à souffrir dans l'autre monde, où les punitions sont bien plus sévères.
Comme l'indique le midrach : "Its'hak a demandé des souffrances ... Hachem lui dit : "Tu demandes une bonne chose et je commencerai par toi, comme il est dit : 'Itzs'hak devint vieux, et sa vue s'affaiblit' (Toldot 27,1).
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-> Le 'Hafets 'Haïm (Chem Olam - 1:3) enseigne :
J'ai appris d'une personne âgée et digne de confiance, qu'elle avait personnellement entendu le Rav, le Gaon, Rav Yaakov Moché [qui est le fils de Rav Avraham, le fils du Gaon de Vilna], dire au nom de son grand-père, le Gaon de Vilna que sans souffrances, nous n'aurions aucun espoir dans le monde à Venir.
La raison en est que lorsqu'une personne décède et que son âme monte au ciel, elle voit une balance indiquant si ses bonnes actions l'emportent sur ses fautes ou non, à D. ne plaise.
La personne entend alors une voix céleste annoncer que toutes les bonnes actions qu'elle a accomplies tout au long de sa vie doivent être rassemblées ; cette voix est entendue dans tous les mondes dans lesquels son âme était enracinée.
Immédiatement, tous les anges défenseurs créés à partir des mitsvot de cette personne se rassemblent et se placent du bon côté de la balance. Ensuite, on annonce que toutes les fautes (avérot) que cet homme a faits tout au long de sa vie doivent être rassemblés. Un grand nombre d'anges, vêtus de noir, commencent à apparaître. Ils sont extrêmement nombreux et de plus en plus nombreux.
L'autre côté de la balance est sur le point de basculer, non seulement à cause du nombre considérable de fautes que la personne a commises au cours de sa vie, mais aussi parce que les anges liés à nos mérites ne sont pas très forts, puisque les mitsvot que la personne a accomplies n'ont pas été faites avec l'intention et le désir appropriés, contrairement à ses fautes, qui ont été commis avec enthousiasme.
En voyant cela, la personne est extrêmement contrariée. Que va-t-il m'arriver? pense-t-elle. La balance va se retourner contre moi, elle va certainement me déclarer comme étant un racha!
C'est alors qu'une 3e voix céleste se fait entendre, annonçant : "Où est la souffrance que cette personne a endurée au cours de sa vie?"
Immédiatement, tous les souffrances de cette personne, de toute sa vie, se rassembleront et se dirigeront vers le côté droit de la balance, et le côté du mérite l'emportera massivement sur l'autre côté, car sa souffrance a expié un grand nombre de ses fautes, faisant de lui un tsadik! Il se réjouira alors et remerciera Hachem pour tout ce qu'il a enduré.
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-> Selon le 'Hafets 'Haïm (Chem Olam - épilogue) :
Toutes les souffrances et toutes les douleurs d'une personne sont pour son bien, pour rendre son âme pure et libre de la maladie de ses fautes.
En effet, les souffrances purifient une personne de ses fautes, comme l'affirment nos Sages (Béra'hot 5a), et grâce à cela, elle sera sauvée du châtiment dans le Guéhinam, qui est pire que toutes les souffrances d'Iyov.
En effet, le midrach dans Massékhet Guéhinam, après avoir décrit la sévérité de Guéhinam, conclut que personne n'est sauvé à moins d'avoir la Torah, de bonnes actions et beaucoup de souffrances, comme il le dit : "Ton bâton et Ta canne me réconfortent" (chivté'ha oumich'antékha - Téhilim 23,4).
"Ton bâton" fait référence aux souffrances, tandis que "Ta canne" fait référence à la Torah.
De même, le midrach (Béréchit rabba 65,9) raconte [...] que lorsque Its'hak a vu et apprécié à quel point la sévérité du jugement est sur une personne, il a supplié Hachem de lui donner des souffrances.
Hachem lui répondit : "Par ta vie, tu demandes une bonne chose! Je commencerai par toi ", comme il est dit : " Et Its'hak devint vieux, et ses yeux s'obscurcirent" (Toldot 27,1).
La même idée se retrouve dans un autre midrach (Chémot rabba - chap.30) sur le verset : "Fais-moi connaître le chemin de la vie, plein de bonheur" (Téhilim 16,11). David dit à Hachem : " Dis-moi, où se trouve un tunnel creux vers le Monde à venir?"
Hachem répondit : "Si tu as besoin de vie, tu as besoin de souffrances" ...
Nous constatons donc que de nombreux Tanaïm et Amoraïm ont accepté les souffrances sur eux-mêmes, tels que Rabbi et Rabbi Elazar ben Shimon ... (guémara Baba Métsia 84b)
Bien que nous ne soyons pas en mesure de demander des souffrances, néanmoins, puisque nous pouvons voir à quel point elles sont bénéfiques, nous devrions au moins ne pas être en colère lorsqu'Hachem envoie des souffrances, car tout cela est pour le bien.
Et sur le verset : "J'ai décidé de donner de la souffrance ; J'ai renforcé leurs bras, mais ils ont mal pensé à Moi!" (Hochéa 7,15), nos Sages commentent : Hachem a dit : " J'ai dit que Je leur donnerai la douleur des souffrances dans ce monde afin de renforcer leurs bras dans l'autre monde, mais ils ont mal pensé à Moi!"
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-> Selon le rav Yérou'ham Lévovitz (Daat 'Hokhma ou'Moussar - vol.1) :
Nous nous sommes tellement trompés sur le concept du jugement d'Hachem que nous considérons la punition comme une vengeance et les souffrances comme une punition.
Lorsque nous voyons qu'il est écrit : "Je suis Hachem, qui aime le jugement" (Yéchayahou 61,8), nous haussons les épaules en signe d'étonnement : "Comment Hachem peut-il aimer le châtiment et les souffrances?"
Mais une personne compréhensive se rendra compte à quel point la souffrance doit être chère à une personne ... elle l'affine, la nettoie, la purifie de toute trace de mal ...
Il n'y a rien d'autre au monde qui puisse raffiner, nettoyer et purifier une personne de tout, en effaçant complètement tout vestige de mal, comme le fait le jugement.
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-> Selon le rav Aharon Kotler (Michnat Rav Aharon - vol.2) :
"Et tu sauras dans ton coeur que, tel un père qui châtie son fils, Hachem ton D. te châtie" (Ekev 8,5)
Cela nous enseigne que toute souffrance n'est que pour notre bien, tout comme un père châtie son fils par amour pour lui, afin de l'aider à long terme.
Et nos Sages (Sifri - Vaét'hanan 6,5) disent que lorsqu'une personne est dans une tranquillité totale, ses fautes ne sont pas expiés.
Et Rabbi Akiva (guémara Sanhédrin 101b) dit : "La souffrance est précieuse" ('havivim yissourim), ce qu'il apprend de Ménaché. Toute la Torah que Ménaché a apprise de son père ne l'a pas aidé, jusqu'à ce qu'il fasse l'expérience de la souffrance.
Nos Sages disent également : "La souffrance efface les fautes d'une personne" (guémara Béra'hot 5a) et "le sang d'une blessure expie comme celui d'un korban ola" ('Houlin 7b).
Lorsqu'une personne souffre, la Chékhina dit : "J'ai mal à la tête, J'ai mal à la main!" (Sanhédrin 46a).
Il est également écrit : "Dans toute leur douleur (de chaque juif), Il (Hachem) souffre" (Yéchayahou 63,9) et "Je suis avec lui (chaque juif) dans la souffrance" (Téhilim 91,15).
Selon Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 2:4), les souffrances sont nécessaires pour notre bien ; elles sont littéralement un médicament. Une personne qui ne réalise pas cela se plaint d'Hachem.
Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 2:12) compare la douleur de la Chékhina face à la souffrance humaine à celle d'un père dont le fils est tombé d'un toit et s'est cassé les os. Lorsque son père lui met un bandage et que son fils en souffre, le père souffre de la douleur de son fils. Mais cette douleur est incomparable à celle que le père a ressentie au moment de l'accident.
En effet, la douleur que son fils ressent à cause des pansements provient de ce qui va le guérir, et elle est donc extrêmement faible par rapport au grand bénéfice de la guérison.
Il en va de même pour la souffrance dans le Guéhinam. Il s'agit là aussi d'un processus de guérison, qui rectifie et purifie l'âme. Aussi grande que soit la souffrance, elle est minuscule comparée aux effets curatifs qu'elle produit.
Et c'est encore plus vrai en ce qui concerne la punition dans ce monde, où même la souffrance la plus sévère n'est rien comparée aux punitions du Guéhinam. Comme l'écrit le Ramban (Introduction à Iyov), un seul instant de souffrance dans le Guéhinam est pire que 70 ans de souffrance d'Iyov dans ce monde.
En outre, dans ce monde, même une douleur légère expie, comme nous l'avons vu précédemment, le fait de se frapper le doigt expie comme un korban ola.
Cependant, parce que nous ne réalisons pas le pouvoir impressionnant d'une faute et la perte énorme qu'elle cause, nous ne parvenons pas à apprécier le bénéfice des souffrances, qui sont un petit prix à payer pour échapper à la souffrance de Guéhinam, qui est elle-même, un petit prix à payer comparé à la gravité de la maladie spirituelle causée par la faute.
C'est pourquoi nos Sages, qui comprenaient la gravité d'une faute et les terribles dommages qu'elle cause, se réjouissaient des souffrances. Lorsque Rabbi Akiva a vu Rabbi Eliezar souffrir, il s'est réjoui pour lui (Sanhédrin 101a), et c'est ce que nous trouvons également dans de nombreux autres endroits.
Rabbi Elazar bar Shimon invitait les souffrances sur lui, en leur disant : "Venez, mes frères et amis!" (Baba Métsia 84b).
Et dans la guémara (Yébamot 106a), il y a une histoire d'Avdan et de Rabbi Yichmael ben Rabbi Yossi, dans laquelle Avdan a été puni très sévèrement (pour avoir dénigré Rabbi Yichmael). Ses 2 fils se sont noyés et ses 2 belles-filles ont fait du mioun. Pourtant, Rav Na'hman bar Its'hak a dit à ce sujet : "Béni soit Hachem, qui a mis Avdan dans l'embarras dans ce monde, plutôt que dans l'autre monde!".
Incroyablement, ils ont en fait remercié Hachem pour ces terribles punitions. Mais la raison en est que ces souffrances étaient très faibles en comparaison avec les punitions de l'autre monde.
Un autre exemple est l'histoire de Na'houm Ich Gam Zou, qui s'est soumis à d'énormes souffrances (Taanit 21a). Et toutes ces souffrances étaient pour quelque chose que les Tanaïm ont fait par erreur, et après qu'ils se soient complètement repentis.
Pourtant, ils n'ont pas compté sur cela, mais ils ont accepté une souffrance incroyable sur eux-mêmes.
Ces personnes ont reconnu avec une clarté absolue les grands dégâts de la faute : ils ont senti que la souffrance guérit, et ils l'ont donc acceptée volontiers, avec joie.
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-> Selon le Steïpler ('Hayé Olam - vol.2, chap.14) :
Les souffrances sont précieuses, comme il est dit (guémara Béra'hot 5).
Et dans le Sifri (Vaét'hanan 6,5), il est dit : "Rabbi Né'hemia dit : Les souffrances sont précieuses, car de même que les korbanot expient, les souffrances expient aussi".
En effet, recevoir des souffrances donne à une personne un avantage infini, car les punitions qu'elle mérite de recevoir dans le monde à Venir (olam aba) sont remplacées par les souffrances de ce monde, qui sont extrêmement légères en comparaison.
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-> Selon le rav Avraham Grodzinski (Torat Avraham) :
Jusqu'à présent, nous avons parlé de l'importance d'utiliser ses pensées et ses émotions pour atteindre le grand objectif pour lequel les souffrances sont donnés à une personne. Cependant, tout le monde n'est pas en mesure de le faire. La plupart des gens n'ont pas la capacité de penser ; ils n'en ont pas le temps.
Pourtant, ces personnes souffrent également des souffrances. Devons-nous dire que les souffrances de ces personnes ne sont pas inclus dans "car Hachem châtie celui qu'Il aime" (Michlé 3,12)?
D'autre part, quel amour peut-il y avoir dans le phénomène de recevoir des souffrances sans y penser?
La réponse est que les souffrances contiennent en fait 2 avantages.
Le premier est qu'elles amènent une personne à contempler ses actions et à faire téchouva.
Le second est que les souffrances expient les fautes d'une personne, comme l'explique Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 2:3) : "Et en provoquant une maladie sur le corps d'une personne, Hachem guérit la maladie de son âme".
Nous pouvons apporter une preuve à cela à partir de la guémara (Yoma 86a) qui dit : "Si quelqu'un fait une faute (avéra) qui est punie de karét, et se repent, sa punition est retenue grâce à sa téchouva, en même temps que Yom Kippour. Mais elle n'est effacée que par les souffrances".
Or, le but de ces souffrances n'est évidemment pas d'obliger le fauteur à faire téchouva, puisqu'il l'a déjà fait. Leur but est plutôt de purifier complètement son âme.
Puisqu'il a commis une faute pour lequel il a encouru le karét (peine de mort), la faute est tellement attachée à son âme qu'elle est devenue une partie de lui, à tel point qu'elle ne peut être enlevé sans que l'âme elle-même ne soit déconnectée de la vie éternelle. C'est pourquoi, même après avoir fait téchouva, il a besoin de quelque chose qui puisse détacher complètement la faute de lui.
Les souffrances sont cette chose, car les souffrances affaiblissent le pouvoir et les désirs du corps, laissant l'âme propre et pure de sa faute.
De même que les souffrances ont la capacité d'achever la purification de l'âme d'une personne après qu'elle a fait téchouva, elles sont également utiles avant qu'elle ne fasse téchouva. Même si, à ce stade, l'objectif principal des souffrances n'est pas atteint, la souffrance elle-même améliore l'âme.
Cela s'apparente aux souffrances de Guéhinam dont une personne est punie après sa mort ; ces souffrances purifient l'âme et la débarrassent de ses fautes.
Comme le disent nos Sages (Baba Métsia 58b) : "tous ceux qui entrent dans le Guéhinam finissent par en sortir". En effet, le Guéhinam purifie l'âme d'une personne de son état endommagé, après quoi elle peut entrer dans le Gan Eden.
Or, après la mort, la téchouva ne sert plus à rien, comme le dit le verset : "Car dans la tombe, il n'y a plus d'activité, de contemplation, de connaissance ou de sagesse" (Kohélet 9,10).
Nous voyons ici que même lorsque la personne qui souffre ne fait pas téchouva, les souffrances ont le pouvoir de guérir les maux de l'âme.
Dans ce monde aussi, Hachem a donné à l'humanité ce remède, en donnant aux souffrances la capacité d'effacer les fautes d'une personne.
Il est évident que si une personne comprend le but des souffrances, fait le bilan de ses actions et fait téchouva, son pardon sera incommensurable ; avec la moindre souffrance, elle peut être guérie des plus grandes fautes!
Cependant, même pour une personne qui manque de compréhension, qui vit sa vie comme un cheval qui fonce sur un champ de bataille, sans réflexion ni introspection, sans tenir compte de ses actions ni faire téchouva, même une telle personne bénéficiera des souffrances, car elle en tire profit de son vivant tout comme après la mort ....
En fait, les souffrances de son vivant sont encore plus bénéfiques, car les petites souffrances dans ce monde sont comme les grands souffrances dans le monde à Venir (olam aba), comme on le sait. En effet, de par leur nature même, les souffrances perfectionnent l'âme d'une personne...
Et ce n'est pas tout. Les souffrances sont bénéfiques même pour une personne qui n'en veut pas, quelqu'un qui ne s'habitue pas à sa souffrance, dont la souffrance ne lui apporte pas le bonheur mais plutôt une grande douleur ; qui se sent lésé et a le cœur brisé, comme il est écrit : "Quand il aura faim, il se mettra en colère et maudira" (Yéchayahou 8,21).
Une telle personne, semble-t-il, ne bénéficie pas du tout des souffrances ; elles ne l'amènent pas à rendre compte de ses actions, et la souffrance fait d'elle une personne en colère et plus mauvaise, le contraire d'une amélioration!
Cependant, même une telle personne grandit grâce à ses souffrances. Même au milieu de la colère et d'une grande amertume (du fait de souffrir), les souffrances sont capables d'avoir un effet, fournissant un certain degré de perfection. Cela aussi est un bénéfice, et est inclus dans "car Hachem châtie celui qu'Il aime".
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-> Dans un autre passage, le rav Grodzinski démontre les énormes bienfaits de l'exil en Égypte, des souffrances très intenses qui, à l'époque, ne semblaient pas conduire à une quelconque amélioration du comportement des juifs, dont la qualité spirituelle s'était même dégradée (atteignant le 49e niveau d'impureté sur 50).
Pourtant, l'effet de cette souffrance sur l'âme juive a été d'une ampleur inimaginable et l'a transformée à jamais.
Dans les mots du rav Grodzinski (Torat Avraham) :
Le principe qu'il peut y avoir perfection même sans faire téchouva, peut être prouvé à partir de l'exil égyptien. Le but de l'exil était de garantir que le peuple juif hériterait de la terre d'Israel, même sans le mérite de ses actions.
Avraham demande : "Avec quoi saurai-je que j'en hériterai [de la terre d'Israel]?" (Lé'h Lé'ha 15,18). Le Ramban explique que la émouna d'Avraham ne manquait de rien ; Avraham ne demandait pas une preuve que ses descendants recevraient la terre, mais plutôt un conseil : comment pouvait-il s'assurer que les juifs recevraient définitivement le don de la terre d'Israel, même si les générations futures fautaient, ou si les nations réchaïm qui se trouvaient déjà sur la terre faisaient la téchouva?
En réponse à cette question, Hachem dit : "Parce que vos enfants habiteront une terre qui n'est pas la leur. Ils les feront travailler et les affligeront pendant 400 ans". C'est-à-dire que les douleurs de l'exil rendraient le peuple juif apte à recevoir cet héritage, même sans aucune condition ...
Toute la Torah dépend de l'héritage de la terre d'Israel. Cela vaut non seulement pour les mitsvot qui ne peuvent être accomplies que sur la terre, mais aussi pour toutes les autres mitsvot, car, comme l'écrit le Ramban, le principal lieu d'accomplissement de toutes les mitsvot se trouve en terre d'Israel ...
Comment avons-nous mérité ce cadeau extraordinaire, auquel rien d'autre n'est comparable?
Par l'exil en Égypte. En fait, seule une petite partie de cet "exil" a réellement eu lieu ; pendant 190 ans, nous n'étions même pas du tout en Égypte. Sur les 210 années restantes, le peuple juif a passé plus de 70 ans sous le règne de Yossef, jouissant d'un honneur et d'une gloire exceptionnels. Leur situation spirituelle était également inégalée, Yaakov ayant préalablement envoyé Yéhouda pour y établir une yéchiva pour Yaakov et les tribus.
Même après la mort de Yossef, l'esclavage ne commença que lorsque toute cette génération mourut, et la difficulté de la servitude ne dura que 80 ans (Chir haChirim rabba 2,24). Même à cette époque, la nourriture des juifs était fournie par Pharaon, comme il est dit : "Le poisson que nous mangions gratuitement en Égypte" (Bamidbar 11,5).
Tel fut l'exil en Égypte, mais cet exil a préparé la nation juive à hériter de la Terre sainte pour l'éternité, sans aucune condition.
C'est étonnant! L'exil égyptien a-t-il permis à la nation juive d'améliorer son comportement? Au contraire, ils se sont mélangés aux égyptiens et ont copié leur comportement, s'enfonçant dans le 49e niveau d'impureté ...
Si les juifs sont devenus pires à cause de l'exil ... comment ce même exil leur a-t-il permis de recevoir la terre d'Israel de manière si absolue que cela ne dépend plus de leur libre arbitre, quelque chose qui va à l'encontre de l'ordre naturel, qui est contraire à l'intention et à l'objectif du monde tout entier?
La réponse est qu'il existe 2 façons distinctes pour le cœur humain d'acquérir la perfection, 2 chemins complètement différents l'un de l'autre. Ces deux voies sont les suivantes : 1°/ le libre choix (libre arbitre), et 2°/ la hachga'ha (Providence Divine).
La voie du libre choix exige d'une personne qu'elle étudie la Torah avec intensité jusqu'à ce qu'elle la connaisse entièrement, qu'elle la comprenne au mieux de ses capacités et qu'elle l'accomplisse à la perfection, avec des traits de caractère parfaits et un cœur pur, atteignant ainsi les niveaux du roua'h hakodech et de la névoua (prophétie).
La hachga'ha, quant à elle, est une voie différente pour atteindre la perfection - une voie plus profonde et plus complète. Cette voie, elle aussi, se trouve dans le cœur d'une personne ...
La voie de la hachga'ha transcende le libre arbitre d'une personne, mais elle aussi amène le cœur d'une personne à la perfection, lui permettant de mériter la vie éternelle ...
Ce chemin de la hachga'ha vient à une personne par la souffrance. Même pour une personne, ou une génération, au cœur de pierre, qui manque de sensibilité et de compréhension, il y a encore de l'espoir.
Même si la première voie du libre arbitre a été perdue, la seconde voie, celle de la hachga'ha, est toujours là...
C'est cette voie de la perfection, la hachga'ha, qui était à la disposition de la nation juive, même en Égypte. Les 86 années de servitude et d'exil ont amené le peuple juif à un état de grande préparation spirituelle. Malgré l'effondrement massif de la perfection de son libre arbitre au cours de ces années (les juifs avaient presque atteint le niveau d'impureté des égyptiens), il a progressé de plus en plus dans sa perfection de hachga'ha (grâce à leur souffrance du terrible esclavage).
Ce type de perfection, bien que méconnaissable à l'époque en raison de leurs actes, restait caché dans leur cœur, les préparant de manière à ce qu'ils soient prêts à se manifester et à s'actualiser à la première occasion qui leur serait donnée. Et en raison de la perfection innée que ces personnes avaient atteinte, il suffisait de quelques démonstrations de la vérité pour qu'elles rejettent le grand mode de vie erroné dans lequel elles étaient plongées.
Cela explique aussi une chose étonnante : les miracles qui ont eu lieu en Égypte et à la mer Rouge ont été vus par tout le monde, juifs et égyptiens. Pourtant, le peuple juif s'éleva du 49e niveaux d'impureté et chanta la chira (chant), expérimentant le plus haut niveau de prophétie ... continuant à grandir, niveau après niveau, jusqu'à ce qu'ils méritent de recevoir la Torah d'Hachem, lorsque Hachem leur parla, face à face, à un niveau similaire à celui de Moché Rabbénou.
Les égyptiens, en revanche, sont restés les mêmes. Même les meilleurs d'entre eux, ceux qui craignaient Hachem, méritaient de mourir (Mékhilta Béchala'h - chap.1) ; ils ont finalement poursuivi le peuple d'Israël pour le tuer.
Pourquoi en est-il ainsi? Pourquoi les juifs et les égyptiens ont-ils réagi aux miracles de la sortie d'Egypte de manière si diamétralement opposée?
La réponse est qu'une grande préparation est nécessaire pour pouvoir utiliser correctement un miracle.
Un miracle est une révélation, et pour l'accepter correctement, il faut un récipient adéquat.
La servitude (et ses souffrances atroces) en Égypte a préparé le peuple juif, en donnant à son cœur la capacité d'accepter ce que les miracles allaient révéler plus tard.
Tout était prêt, et lorsque Moché et Aharon vinrent révéler la parole d'Hachem au peuple, celui-ci crut immédiatement... Et après avoir vu les miracles, le changement des règles de la nature, ils ont grandi énormément, jusqu'à se débarrasser, en peu de temps, de tout ce qu'ils avaient absorbé en Égypte.
Et ce n'est pas tout : lorsqu'ils se sont retrouvés au mont Sinaï, ils avaient réussi à détruire tout le mal et toute l'impureté qui se trouvaient dans leur cœur, y compris même la "contamination/impureté de 'Hava", comme nous le disent les Sages (Avoda Zara 22b).
Le Ramban affirme que la sortie d'Egypte est la base à partir de laquelle nous pouvons apprendre la émouna, dans tous ses détails. La suspension des lois de la nature, qui était évidente pour tous dans les miracles de la sortie d'Egypte, a clairement prouvé qu'Hachem veille sur toutes les activités humaines, récompensant ceux qui respectent Ses mitsvot et punissant ceux qui ne les respectent pas. Il en va de même pour les autres principes de la foi.
Cependant, comme Hachem ne fait pas de miracles pour chaque individu et chaque génération, Il a choisi de montrer à une génération tous les principes de la émouna (celle d'Egypte).
Les paroles du Ramban sont étonnantes. Si Hachem devait choisir une génération dans l'histoire, Il aurait dû choisir la génération des Tanaïm et des Amoraïm, ou mieux encore, la génération des Néviim, à l'époque du Temple. Pourquoi Hachem a-t-il choisi une génération qui était plongée dans le 49e niveau d'impureté?
La réponse est oui, c'est précisément ce peuple qui a été choisi. Ces personnes, qui avaient fait l'expérience des souffrances et souffert de la grande dureté de l'esclavage, étaient celles qui étaient aimées d'Hachem.
Car rien ne purifie l'âme comme les souffrances. Il n'y a pas de préparation aussi parfaite que l'esclavage et l'exil. La génération qui fut en exil fut la génération choisie pour voir des miracles et les comprendre, grandissant énormément jusqu'à ce qu'elle atteigne la prophétie et accepte la Torah.
[ainsi, nous rappelons si souvent la sortie d'Egypte, pour nous rappeler que même si nous sommes en exil, que notre situation personnelle peut être compliquée, et bien toutes nos douleurs/souffrances, vont construire nous impacter positivement. A l'image des juifs en Egypte qui ont mérité d'être élevés au 49e niveau de pureté, de recevoir la Torah, la terre d'Israël, ... nos souffrances nous sont également positives et nous permettront d'atteindre une super éternité dans le monde à Venir, avec beaucoup de proximité avec papa Hachem.]
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-> Selon le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou - vol.4) :
"Il y a de nombreux avantages qui découlent des souffrances, même lorsque la souffrance n'amène pas la personne à se repentir.
C'est comme le Guéhinam, qui purifie l'âme d'une personne, malgré le fait qu'après la mort, lorsqu'il n'y a plus de libre arbitre, il n'est plus possible de faire téchouva. Néanmoins, le feu du regret brûle la contamination/impureté de ses fautes.
Une autre façon dont les souffrances involontaires profitent à une personne est que le fauteur, ainsi que sa faute et sa punition, deviennent des réceptacles pour révéler le jugement d'Hachem dans le monde, car les gens le voient souffrir. Bien que le fauteur n'ait pas choisi cela, sa situation même provoque automatiquement cette révélation."
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-> Le rav Its'hak Sher souligne qu'au milieu de la souffrance, une personne n'est pas toujours capable de puiser force et réconfort dans des vérités intellectuelles qu'elle ne ressent pas dans son cœur. Dans ces moments-là, une seule pensée peut aider une personne à surmonter son épreuve : la prise de conscience qu'Hachem, son Père aimant dans les cieux, est l'auteur de sa souffrance, et qu'Il le fait pour le bien de cette personne et pour la purifier de ses fautes.
-> Dans les mots du rav Sher (Léket Si'hot Moussar - Chémot) :
En période de malheur, les pensées, aussi positives et nobles soient-elles, sont insuffisantes pour donner à une personne la force et le courage de supporter une situation difficile. Comment cela se fait-il?
Parce que le corps est plus fort que l'intelligence.
Lorsque le corps est écrasé par les souffrances, on n'a pas la présence d'esprit nécessaire pour écouter la voix de l'intellect.
Si une personne souhaite survivre indemne aux temps difficiles de l'exil et de la dissimulation Divine, il n'y a qu'une seule option : "Heureux l'homme que Tu châties, Hachem!" (Téhilim 94,11).
Une personne doit développer la croyance, une émouna que ses souffrances lui viennent de son Père céleste [et que leur but est de le purifier de ses fautes].
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+ En résumé :
-> Lorsqu'une personne fait une faute (avéra), elle crée une tâche spirituelle sur elle-même.
Cette tache doit être nettoyée : soit dans le Guéhinam, à travers d'immenses souffrances, soit à travers la douleur infiniment plus douce des souffrances dans ce monde.
C'est donc une grande bonté lorsqu'Hachem choisit de punir une personne alors qu'elle est encore dans ce monde.
[les souffrances sont à notre avantage et découlent de l'amour d'Hachem pour nous. ]