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"Lorsque Moché se présentait devant Hachem pour lui parler, il enlevait le masque jusqu'à son départ, puis il partait et racontait aux Bné Israël ce qu'il leur avait ordonné" (Ki Tissa 34,34)

=> Quelle était la nature du masque que Moché portait?
Le rav Akiva Eiger (al haTorah) explique que Moché Rabbénou était le plus humble de tous les hommes. Néanmoins, en tant que dirigeant, il jugeait parfois nécessaire de réprimander ou de critiquer le peuple juif. Ce faisant, Moché portait le "masque d'un chef" (au sens figuré), allant à l'encontre de sa véritable personnalité en réprimandant son troupeau (les Bné Israël).
En revanche, Moché a retiré ce masque de chef et a été lui-même, un homme vraiment humble, lorsqu'il a parlé avec Hachem.

"Hachem regretta le mal qu'il avait dit de faire à sa nation" (Ki Tissa 32,14)

=> Hachem connaît l'avenir. Si c'est le cas, que signifie le verset lorsqu'il dit qu'Hachem "regretta le mal qu'Il avait dit de faire à Sa nation" ? Cela n'implique-t-il pas qu'Il a changé d'avis et qu'Il n'était pas conscient des conditions futures qui l'amèneraient à ce changement?

Le rav Its'hak Hutner (Pa'had It'hak - Igrot ou'Kessavim 25) explique qu'Hachem a créé l'homme avec une "tenaï" (condition) à l'esprit. Cette condition était que toute personne violant un principe fondamental de la Torah entraînerait un changement dans l'attitude d'Hachem à son égard : Hachem "regretterait" d'avoir créé cette personne. Il s'ensuit que ce n'est pas Hachem qui change d'avis, son avis était déjà arrêté avant que l'homme ne commette la faute. C'est plutôt l'homme qui change ses actions et qui mérite maintenant le regret d'Hachem.

"Les riches ne doivent pas donner plus et les pauvres ne doivent pas donner moins d'un demi-shekel pour faire un don à Hachem afin d'expier pour leurs âmes" (Ki Tissa 30,15)

=> Tous les membres du peuple juif, quelle que soit leur situation économique, devaient donner la même somme d'argent : un demi-shekel. Pourquoi les riches n'étaient-ils pas autorisés à faire un don plus important?

Rabbi Yérou'ham Lévovitz ('Hokhma ouMmoussar IV, 19) explique que cette restriction imposée aux riches était en fait une grande épreuve pour eux. Les riches étaient désormais tenus d'avoir la même apparence que les pauvres. En effet, une personne riche est souvent habituée à dominer les affaires de la communauté en raison de ses moyens. Or, en faisant contribuer le riche au même titre que le pauvre, on l'obligeait à avoir la même position que tous les autres.
Cela démontre clairement que l'argent n'est pas ce qui différencie les gens aux yeux d'Hachem.

+ Lorsque Hachem a créé le monde, celui-ci était comme un corps sans âme.
Tout comme D. a insufflé l'âme dans le corps du premier homme, Il a introduit la paix du Shabbath dans le monde.
C'est ainsi qu'il est écrit : "Le 7e jour, Il se reposa (vayinafach)" (Ki Tissa 31,17). [vayinafach est lié au mot : "néfech" (âme)]
Car le Shabbath est l'âme de toute la création.
[Toldot Yaakov Yossef - Hakdama - sur un enseignement du Alchikh haKadoch]

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-> Le Zohar (Zohar II,88b) déclare : "Qu'est-ce que le Shabbath? C'est le nom d'Hachem".
Et nos Sages ont enseigné : "Lorsque le Shabbath arrive, le repos arrive". [Rachi sur Béréchit 2,2 ; Tossafot Sanhédrin 38a]

Hachem est appelé "repos", car le mouvement ne peut lui être attribué. En effet, le mouvement ne s'applique qu'à quelque chose qui existe dans le temps et dans l'espace.
Or, Hachem est infini et ne se déplace pas d'un endroit à l'autre ; il n'est pas non plus limité par le temps. [c'est D. qui a créé la notion de temps lors de la Création]
[C'est pourquoi le Shabbath est lié à l'essence infinie de D., et c'est un jour qui transcende tout changement.]
[Baal Chem Tov - Kéter Chem Tov 400]

-> Le Shabbat est un jour saint, car il révèle la lumière de la Source de la sainteté, qui est le Créateur, et illumine toute la création.
La spiritualité de toute chose consiste en ce qu'elle a été émanée de la Pensée Primordiale. C'est également la force vitale de toute chose. Par la suite, lorsque [l'univers] a été créé par la chaîne des causes et des effets, cette spiritualité est restée au-dessus, cachée dans sa Source.
La force vitale [spirituelle] au sein de la création était extrêmement limitée, car elle devait être restreinte afin d'être habillée dans la matérialité.

Si l'univers était resté tel qu'il était après les 6 jours de création, il n'aurait pas pu perdurer.
C'est pourquoi, après avoir achevé l'ensemble du processus de création, D. a fait jaillir une lumière du monde caché, des entités spirituelles les plus élevées qui ont été créées dans la Pensée divine ...
C'est ainsi que nos Sages ont enseigné que [avant le premier shabbat], le monde manquait de repos (midrach Béréchit rabba 10,9). Ce "repos" fait référence à D. lui-même (comme indiqué ci-dessus).
Lorsque Shabbat arrive, le repos arrive = c'est la lumière cachée qui émanée de l'essence Divine, et qui a été à l'origine de l'existence de la création.
Ainsi [pendant Shabbat], la création est remplie de désir et d'envie pour Hachem.

C'est comme un bébé qui suit ses habitudes d'enfant et oublie son père. Plus tard, lorsqu'il voit son père, il met tout de côté à cause de son désir pour lui et court l'embrasser ; car [l'enfant] fait vraiment partie du parent.

De même, dans la mesure où nous pouvons l'exprimer, lorsque D. illumine l'univers de l'éclat de sa splendeur, toutes les créatures se tournent vers Lui avec un grand désir, ce qui est le but de la création.
Telle est la signification du Shabbath (שבת) : c'est un retour (shava) à la Racine.
A Shabbath la Racine brille dans les juifs, faisant que chaque juif désire et aspire davantage à Hachem, et tout devient un avec D.
[Baal Chem Tov - Kéter Chem Tov 401]

Avoir confiance dans le pouvoir de la prière

Après la faute du Veau d’or, Moché dit à Hachem : "Si tu veux bien supporter leur péché, mais si ce n’est pas le cas, efface-moi de ton Livre" (Ki Tissa 32,32).
Rachi commente : "Efface-moi de toute la Torah, afin qu’ils ne disent pas de moi que je n’étais pas assez digne de prier pour eux."

=> Bien qu’Hachem nous ait pardonné, le nom de Moché n’est pas mentionné dans paracha Tétsavé. Qu’a fait Moché pour mériter cela?

-> Le Nétivot Shalom explique que Moché s’est trompé quand il a dit : "si Tu ne leur pardonneras pas", car pourquoi Moché a-t-il même envisagé une telle possibilité? Il aurait dû croire que puisqu’il priait pour leur pardon, ses prières seraient certainement exaucées car nous croyons au pouvoir de la prière.

La guémara (Roch Hachana 18a) relate un cas où 2 personnes atteintes de la même maladie. L’une s’est rétablie, l’autre non. Pourquoi? Parce que l’un avait prié et fut exaucée tandis que l’autre n’avait pas prié une prière complète, c’est-à-dire sans croire à la force de sa prière, contrairement au 1er malade.
Ne croyant pas vraiment au pouvoir de la prière, il pense que, selon la nature, il n’y a pas de salut naturel, et les médecins désespèrent aussi. Donc, les 2 malades ont prié avec kavana mais un seul crut vraiment en sa prière.
[on doit dire qu’Hachem peut tout faire. Il a fait la maladie et Il peut aussi guérir une personne.
En ce sens ‘Hizkiyahou affirme : "même si une épée tranchante repose sur le cou, on ne devrait pas s’abstenir de prier pour la miséricorde" (Béra'hot 10a).]

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-> Le ‘Hazon Ich a dit un jour à rav Chmouel Greinman qu’il semble qu’au Ciel, on nous a comme empêchés de "prévoir" la Shoa parce que si nous avions su à l’avance, nous aurions prié et peut-être qu’il n’y aurait pas eu de destruction.

Les Tables de la Loi (selon le Sfat Emet)

+ Les Tables de la Loi (selon le Sfat Emet) :

-> Les premières Tables de la Loi (avant la faute du Veau d'or) était surnaturelle. Elles ne nécessitaient pas d'Arche puisque la lumière de la Torah (et la présence Divine) était révélée partout (Pékoudé 5655).
Non seulement l'écriture, mais aussi la pierre elle-même provenaient du Ciel. Par extension, nous pourrions dire que le corps et l'âme des tablettes provenaient d'Hachem.
[Sfat Emet - Eikev 5651]

-> En fait, ces [premières] Tables de la Loi ont ramené les Bné Israël au niveau exalté de l'arbre de la Vie au gan Eden (paracha Para 5634). [l'état d'avant la faute d'Adam]
Leur corps ainsi que leurs âmes ont été changés en êtres totalement spirituels. (Para 5659)

-> Le destin de ces [premières] Tables de la Loi dépendait directement du comportement moral des Bné Israël. Les lettres des commandements n'adhéraient solidement aux tablettes que lorsque les enseignements éclairés de la Torah étaient gravés dans le cœur du peuple juif.
[Sfat Emet - Ki Tissa 5637]

- D'autre part, les secondes Tables de la Loi, dont l'écriture venait d'Hachem, alors que la pierre elle-même avait été creusée par Moché, ressemblent à nos vies contemporaines.
Comme les Lou'hot, nous sommes un mélange de ciel et de terre, nos âmes émanant d'Hachem tandis que nos corps luttent contre les défis de la vie dans ce monde.
Ces tablettes, dont la base est naturelle, nécessitaient une demeure sacrée, l'Arche, et sont comparables à l'Arbre de la connaissance du Gan Eden, dans lequel l'homme est confronté au défi de distinguer le bien du mal.
[Sfat Emet - Eikev 5651, Para 5634]

-> Les deuxièmes Lou'hot avaient également une mission redoutable : sanctifier le monde naturel.
[Sfat Emet - Vayakel 5646]

-> Alors qu'au moment des premières Lou'hot, la mission des Bné Israël était de mener une vie sainte, totalement éloignée des vanités matérielles de ce monde, avec le don des 2e Lou'hot, nous avons endossé une nouvelle mission : mener une vie pure au milieu d'un monde impur.
[Sfat Emet - Para 5634]

-> Les 2e Tables de la Loi, données dans une atmosphère calme, ont persévéré alors que les premières, qui ont été présentées avec tant de faste, ne l'ont pas fait.
Cependant, les premières Lou'hot ont rempli une fonction essentielle. L'enthousiasme suscité par le don exubérant des premières Lou'hot a permis aux secondes Lou'hot d'inspirer Israël pour toujours.
[Sfat Emet - Ki Tissa 5639]

-> Les secondes Tables de la Loi, présentées à un peuple pénitent, n'ont jamais été brisées, mais plutôt enterrées par le roi Yochiyahou. Elles illustrent de façon imagée le grand principe selon lequel un juif repentant occupe une place supérieure dont ne jouissent même pas les plus justes.
Comme il est écrit (Pirké Avos 4,17) : mieux vaut une heure de repentir dans ce monde (le monde des secondes Lou'hot) que tout le monde à venir.
[Sfat Emet - Vayakel 5646]

-> L'aura et l'esprit des premières tablettes sont toujours présents.
Moché lui-même a toujours conservé le statut exalté des premières Lou'hot.
[Sfat Emet - Vayakel 5646]

-> Chaque Shabbat, jour imprégné d'une aura surnaturelle, la lumière spirituelle autrefois émise par les premières Tables de la Loi filtre vers la terre.
[Sfat Emet - Ki Tissa 5642]

-> L'écriture des premières Lou'hot est décrite par la Torah comme étant : 'hérout (libre).
Cela peut indiquer que les lettres elles-mêmes, bien que gravées sur la pierre, étaient libres de quitter leur logement physique et de retourner à Hachem, à volonté, pour finalement revenir aux tablettes (un statut similaire à celui d'Adam avant son péché). Lorsqu'Israël a fauté, l'écriture des Lou'hot, étant montée au ciel, n'a pas pu adhérer de nouveau à la pierre, obligeant Moché à les briser.
[Sfat Emet - Ki Tissa 5656]

-> Un don divin est permanent. Ainsi, les premières Tables de la Loi continuent sur terre à éclairer les cœurs du peuple juif et au ciel où Hachem les garde au nom des Bné Israël.
Si le peuple juif le mérite, les lettres des Tables de la Loi peuvent encore éclairer leur vie. Une fois que le péché du Veau d'or aura été entièrement corrigé, les Lou'hot reprendront leur impact antérieur sur les Bné Israël.
Le 17 tamouz, date de l'éclatement des Lou'hot, deviendra alors une fête.
[Sfat Emet - Balak 5660]

L’unité parfaite entre D. et Son Peuple

+ L'unité parfaite entre D. et Son Peuple :

-> La mitsva du demi-shekel consistait, à l’époque du Temple, à donner un demi-shekel d’argent pour l’achat des Sacrifices publics de la nouvelle année qui débutait au mois de Nissan.
Outre l’aspect technique, il nous apprend que les juifs et Hachem sont comme 2 moitiés (deux "demi-shékel"), qui, lorsqu’elles s’unissent, forment une parfaite Unité (un shékel) [voir Zohar ‘Hadach Ki Tissa 2].

-> Le Shabbath Shékalim (où l'on va lire en plus de la paracha de la semaine, le passage relative à cette mitsva - Ki Tissa 30,11-16) tombe en règle générale, le Shabbath de la paracha de Michpatim.
Aussi, pouvons-nous y voir une allusion claire à l’unité parfaite entre D. et Son Peuple. En effet, à propos du "sang de l’Alliance" que Moché partagea entre les Bné Israël et Hachem, en vue de la préparation au don de la Torah, il est dit : "Alors Moché prit la moitié du sang [des Sacrifices offerts par le Peuple], la mit dans des bassins et répandit l’autre moitié sur l’Autel. Et il prit le Livre de l’Alliance, dont il fit entendre la lecture au Peuple et ils dirent: “Tout ce qu’a prononcé Hachem, nous ferons et nous écouterons.” Moché prit le sang, en aspergea le peuple et dit: “Ceci est le sang de l’Alliance que Hachem a contractée avec vous au sujet de toutes ces paroles”" (Michpatim 24,6-8).

-> Le rabbi d'Apta (Ohev Israël - Shékalim) explique cette Alliance en ces termes :
"Du fait de Son grand amour pour les Bné Israël ... Hachem contracte Son être afin d’être considéré comme la moitié d’une entité, ce qui fait du peuple juif, la seconde moitié, comme un homme et son épouse.
Il s’agit là du secret de l’Union de D. et de la Chékhina, à savoir qu’Hachem unit Sa personne avec l’âme d’Israël, grâce à leurs bonnes actions, et diffuse des bontés et des actes de miséricorde à la Communauté d’Israël en haut et ici-bas.
[...]
Lorsque 2 protagonistes concluent une alliance, et deviennent une seule personne et une seule opinion, ils en viennent à se donner entièrement l’un à l’autre, leurs sangs se mêlent, le sang constituant la personne, car c’est la force de ses émotions et de ses sentiments ... Alors, ils boivent une coupe de vin, puis se piquent chacun un doigt, versent une goutte de sang dans la coupe, et chacun boit la coupe contenant le sang de l’autre [c’est-à-dire, entremêler leur vie].
Ainsi, chacun aura-t-il l’obligation de donner son sang et de se sacrifier pour l’autre, voilà comment se conclut une alliance.
‘La royauté de là-haut ressemblant à celle d’ici-bas’; Moché [en fit de même, il] prit la moitié du sang, la mit dans les bassins, allusion à ‘la coupe arrondie’, féminine, demi-sphère comme la moitié d’un corps. Puis, l’autre moitié fut aspergée sur l’Autel comme pour évoquer la moitié mâle.
Le sang des bassins fut aspergé sur le Peuple, allusion au sang constitué des forces mêlées des deux protagonistes.
Ainsi, les Bné Israël auront la force de faire don de soi pour D. ; c’est cela le sens de l’Alliance. Aussi, Moché dit-il : ‘Voici le sang de l’Alliance qu’Hachem a conclu avec vous’, [c’est-à-dire] qu’Il sera avec vous dans l’unité la plus complète"

=> Ainsi, il apparait que l’aspersion de la moitié du sang revenant aux Bné Israël, fut sur l’Autel, tandis que l’aspersion du sang revenant à Hachem, fut sur les Bné Israël, conformément à la conclusion d’une alliance entre 2 amants, où chacun s’oblige à se consacrer à l’autre.
Ainsi, le peuple juif s’oblige-t-il à faire don de soi pour Hachem et pour sa Torah, et de même, pour ainsi dire, Hachem s’engage à ne pas abandonner Son Peuple et de toujours être proche d’eux dans leurs malheurs et leurs souffrances.

-> Dans le même état d’esprit, le rabbi de Koznitz [Avodat Israël] enseigne :
"Du fait que cet acte (l’Alliance de Sang) a eu lieu le 5 Sivan, dans le mois placé sous le signe zodiacal des Gémeaux, les Bné Israël se sont attachés à Hachem comme les ‘Jumeaux d’une biche’, à l’instar du lien reliant des amants ayant la même âme et le même sang. Et c’est ce qui est évoqué ici concernant ce profond amour ... la moitié du sang aspergé sur le peuple [juif] est considéré identique à celui aspergé sur l’Autel [pour D. ]."

-> C’est aussi le sens du midrach (Vayikra rabba 6,5) :
"Moché dit à D. : ‘Que dois-je faire avec Ta part (du sang)?’ Il lui répondit: ‘Asperge-en le Peuple’. ‘Que faire avec leur part?’ Il lui répondit: ‘Asperge-en l’Autel’.
Rabbi Berakhya et Rabbi ‘Hiya au nom de Rabbi Yossi Bar ‘Hanina disent que chacun a prêté serment à l’autre ; Hachem envers eux, ainsi qu’il est dit: ‘Je te jurai fidélité, Je fis Alliance avec toi, dit Hachem, et tu fus à Moi’ (Yé'hezkel 16,8) et eux envers Hachem : ‘Afin d’entrer dans l’Alliance d'Hachem, ton D. et dans son pacte solennel’ (Nitsavim 29,11)".

-> Nous comprenons également pourquoi le partage et l’aspersion du sang (symbole de l’unité entre Hachem et Israël) ne devaient être entrepris que par Moché lui-même (où l’Ange à sa ressemblance - voir Rachi). En effet, le midrach (Dévarim Rabba 11,4) enseigne : ‘Voici la Bénédiction que prononça Moché, l’homme de D. (ich haElokim)’ (Vézot haBéra'ha 33,1) : Rabbi Avine dit : En-deçà de sa moitié inférieure, il est homme, au-delà, il est divin (Elokim)’.

Moché avait donc cette faculté d’attacher Israël au divin, et comme le dit si bien le Maharal de Prague (Tiferet Israël 21) : "Il était dans sa moitié inférieure : un homme, et dans sa moitié supérieure : un être divin ... Moché était un intermédiaire, liant les deux Mondes, aussi, est-il monté et descendu [de la Terre vers le Ciel et inversement]."

Le demi-shekel = une message de vie

+ Le demi-shekel = une message de vie :

-> "Rabbi Yéhouda et Rabbi Né'hémia : l'un dit que, ayant ont fauté à la mi-journée, ils devaient donner un demi-shekel.
L'autre dit que, ayant fauté à six heures de la journée, ils devaient donner un demi-shekel, équivalent à six pièces."
[guémara Yérouchalmi - Shekalim 2,3]

-> Le rabbi Mendel de Kotsk explique le symbolisme du commandement de donner un demi-shekel plutôt qu'un shekel entier. Cette mitsva la façon dont un juif doit interpréter les événements.
Un juif doit comprendre que tout ce qui arrive fait partie d'un tableau plus grand qu'il ne voit pas ; l'aspect visible du tableau ne révèle pas plus que la "moitié" de la réalité.
En effet, chaque événement fait partie d'un plan divin beaucoup plus large. Cette prise de conscience doit conduire l'homme à analyser la cause et le but ultimes de chaque événement et à voir le tableau plus large qui entoure chaque événement.

En gardant cela à l'esprit, nous pouvons expliquer pourquoi le Yérouchalmi voit un lien entre la faute commise à la moitié de la journée et le commandement de donner un demi-shekel.
Les Bné Israël ont fait la faute du Veau d'or parce qu'ils n'ont pas placé les événements dans une juste perspective. Plutôt que de comprendre qu'ils devaient attendre le déroulement des événements, ils ont déduit à la hâte que, si Moché n'était pas revenu du mont Sinaï à midi, c'est qu'il ne reviendrait plus. Ils ont fauté parce qu'ils n'ont pas convenablement interprété ce qui se produisait sous leurs yeux.
En réponse à cette erreur, la Torah ordonna aux Bné Israël d'offrir un demi-shekel par personne, afin qu'ils comprennent que tout ce qu'ils voient fait partie d'une succession d'événements plus large et que si une chose ne leur parait pas compréhensible au moment où elle arrive, elle le deviendra plus tard.

Cela peut aussi expliquer le sens de la gémara disant que le demi-shekel équivalait à six pièces, correspondant aux six heures du jour précédant la faute du Veau d'or.
Nos Sages nous enseignent que le demi-shekel lui-même était composé de plusieurs éléments, faisant allusion à un autre aspect du message : l'homme doit évaluer attentivement chaque fait et le comprendre en profondeur en tant qu'élément du tableau entier, plutôt que de se contenter d'une interprétation superficielle.

=> Le message que nous livre le demi-shekel, que dans la vie une seule une partie du tableau nous est visible, doit nous guider tous dans notre service de D. et notre façon d'affronter les épreuves que nous rencontrons.
Un homme qui désire réellement grandir dans la Torah et la spiritualité pendant toute sa vie doit acquérir la faculté de regarder au-delà de la fine partie de la réalité visible à l'œil nu. Il doit voir au-delà de la "moitié" du tableau que représentent ses circonstances et comprendre qu'il faut les observer dans une perspective beaucoup plus large.
De même, il doit discerner que chaque événement de sa vie n'est qu'une partie d'un tableau bien plus étendu. Par cette attitude, il aura confiance en D. et reconnaitra que tout ce qui lui arrive est pour son bien.

Le talmud Yérouchalmi et Bavli = les premières et secondes Lou’hot

+ Le talmud Yérouchalmi et Bavli = les premières et secondes Lou'hot :

-> Le rav Yaakov Emden (Zaharei Yaavets - p.123) écrit que le niveau élevé du Talmud de Jérusalem (Yerouchalmi) et l’incroyable lumière qui en ressort ont motivé ses éditeurs à le présenter dans un langage difficile qui empêche le public d’en comprendre les profondeurs.
Le langage du Talmud Bavli est clair et accessible, contrairement à celui du Yérouchalmi, plutôt étrange et presque incompréhensible.
La raison de cette différence est que le Yérouchalmi serait "impénétrable" pour les nations et que les réchaïm n’auraient pas accès à ses richesses. Il ne fait aucun doute que cela fut fait intentionnellement, avec une grande sagesse, comme toutes les décisions prises par nos Sages.

-> Le Nétsiv (Haémek Davar - Ki Tissa 34,1) délimite les distinctions entre le Bavli et le Yérouchalmi.
Il assimile ce dernier aux 1eres Lou’hot (Tables de la Loi), qui nous ont été donnés avant que nous ne fautions avec le Veau d'or.
La sainteté des 1eres Tables était plus grande que celle des secondes. Si les 1ères Tables n’avaient pas été brisées, il aurait été [relativement] facile d’arriver à des décisions finales par des moyens logiques et des comparaisons. Cependant, une fois que nous avons péché, nous avons eu besoin de plus d’efforts et d’une analyse plus poussée. Pour cela, les secondes Lou’hot étaient préférables.

Cette dichotomie est similaire à celle des 2 Talmud. La sainteté du Yérouchalmi est plus grande que celle du Bavli en ce sens que les Amoraïm [qui l'ont compilé] étaient antérieurs (voir guémara Shabbath 134b), ce qui les a d’autant plus rapprochés de la vérité.
[le 'Hida (Midbar Kedmot - 2) écrit que les générations précédentes étaient composées d’âmes plus élevées qui étaient capables de sonder les profondeurs sans effort ni débat énormes.]
De plus, le fait que le Talmud de Jérusalem ait été compilé dans la sainte terre d'Israël (et non à Bavél) a élevé ce Talmud au niveau des 1eres Lou’hot.

3 fêtes juives expient la faute du Veau d’or

"Je ferai passer toute ma bonté devant toi" (aavir kol touvi al pané'ha - Ki Tissa 33,19)

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada Méguila 32a) enseigne :
lorsqu'Israël réalisa le Veau d'or, cela dura 6 heures exactement. Nos Sages nous expliquent qu'un aliment interdit par exemple peut être annulé lorsqu'il est mélangé à une quantité 60 fois supérieure d'un aliment permis.
D'après ceci, pour annuler l'interdit des 6 heures d'idolâtrie, que fit donc Hachem?
Il institua les 3 fêtes à Israël: les 7 jours de Souccot, les 7 jours de Pessa'h et un jour de Shavouot. Nous avons au total 15 jours de fête soit 360 heures qui représentent exactement 60 fois six heures que dura la faute du Veau d'or.

Le mot "touvi" (טוּבִי) se divise en deux : טו בי qui signifie pour réparer la faute du Veau d'or et annuler les 6 heures d'interdit, il faudra consacrer 15 (טו) jours que sont Souccot, Pessa'h et Shavouot, pour Moi (bi - בי).
En d'autres termes, les 3 fêtes sont égales à 360 heures de sainteté représentant les 15 jours de fête qui pourront annuler les 6 heures d'idolâtrie.

[nous comprenons à présent le sens profond du commandement de se réjouir pendant les fêtes puisque nous réparons à travers elles la faute du eVau d'or. Infinie est la bonté (טוּבִי) du Maître de l'univers pour Ses enfants]

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-> Nous pouvons rapporter l'explication du "כתנות אור" au sujet d'un enseignement de la guémara (Pessa'him 118a) : "Tout celui qui néglige les fêtes, c'est comme s'il pratiquait l'idolâtrie".
Rachi explique qu'il s'agit de celui qui travaille durant 'hol hamoed.
En effet, d'après ce que nous venons d'étudier, les 3 fêtes réunies ont une durée de 360 heures. Elles expient précisément la faute du veau d'or qui ne dura que six heures.
Par conséquent, tous les jours de 'hol hamoed sont comptés car sans eux, nous n'atteignons pas le compte précis des 15 jours pour l'expiation. Il est donc clair pour Rachi que travailler 'hol hamoed s'apparente à pratiquer l'idolâtrie à cause des jours manquants qui ne leur permettent pas de réparer la faute du Veau d'or.

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-> La bénédiction des Cohanim est également une réparation à la faute du Veau d'or.
En effet, elle est composée de 3 versets avec deux bénédictions par verset, incluant 15 mots formés par 60 lettres.
Les trois versets correspondent aux 3 patriarches et aux trois fêtes qui expient par leur sainteté la faute du veau d'or et c'est la raison pour laquelle elle est composée de 15 mots qui correspondent aux 15 jours de fête. Les 60 lettres font allusion à la capacité des 15 jours des fêtes d'annuler la faute du veau d'or puisque leur durée est 60 fois supérieure aux six heures que dura la faute.