"Voici la loi de la Torah que Hachem a ordonnée en ces termes : Parle aux Bné Israël et ils prendront pour toi une vache rousse (para adouma), parfaite, sans aucun défaut, et qui n'a pas encore porté un joug" ('Houkat 19,2)
-> Le rav Yaakov Kaminetsky explique que la mitsva de la vache rousse consistait à servir Hachem même sans en comprendre la raison : en effet, cette vache rousse avait la particularité de purifier celui qui était impur, et de rendre impur celui qui était pur.
-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 397) dit à ce sujet : "Bien que j'ai écrit des explications pour toutes les mitsvot, en ce qui concerne la vache rousse je n'ose pas "ouvrir la bouche", car elle est très profonde et même le roi Chlomo dit à son sujet : "Je pensais la comprendre mais elle s'est tenue loin de moi" (Kohélét 7,23)."
-> Rachi sur Béchala'h (15,25) et Michpatim (24,3) écrit : "A Mara, Il leur a donné à étudier quelques-unes des sections de la Torah, celles concernant le Shabbath, la vache rousse, le respect des parents et les tribunaux".
=> Nous comprenons facilement que Hachem donna aux Bné Israël, avant qu'ils ne reçoivent la Torah, les mitsvot de Shabbath et du respect des parents, car Il voulait qu'ils se préparent à les accomplir, mais quel intérêt représentait la mitsva de la vache rousse qu'il était encore impossible de réaliser? En effet, pour cela, il fallait attendre de construire le sanctuaire (Michkan)".
Le rav Yaakov Kaminetsky répond : Hachem voulait qu'ils se préparent à recevoir la Torah en l'étudiant, c'est pourquoi il avait choisi précisément la mitsva de la vache rousse, d'où nous apprenons qu'il ne nous est pas demandé de réaliser les commandements de Hachem parce que nous les comprenons et qu'ils nous paraissent rationnels, mais au contraire, qu'il s'agit d'une ordonnance sans aucune logique, que nous accomplissons car tel est le décret de Hachem.
=> En ce sens, la para adouma est une réelle préparation à recevoir toutes les mitsvot de la Torah. Car elle dépasse notre intelligence et notre compréhension, et doit être accomplie parce qu'ainsi nous l'a ordonné notre Créateur.
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+ Le respect des lois irrationnelles, générateur de foi en D.
-> "Voici la loi de la Torah" (zot 'houkat haTorah)
Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1192) enseigne :
Afin de nous aider à Lui rester fidèles en dépit de tous les malheurs qui dépassent notre entendement, Hachem nous a ordonné de respecter des lois irrationnelles, ayant le statut de décret ne pouvant être remis en question.
En nous habituant à observer des mitsvot que nous ne comprenons pas, nous acquérons une foi absolue en D., résistante aux soubresauts des événements dramatiques de la vie.
Dans notre paracha ('Houkat), nous pouvons lire : "Voici (zot) la règle lorsqu’il se trouve un mort dans une tente" ('Houkat 19,14) Rapprochons ce verset de celui qui ouvre cette paracha : "Ceci (zot) est un statut de la loi" ('Houkat 19,2).
Chacun d’entre nous doit savoir qu’il reçoit du Créateur les forces nécessaires pour surmonter toutes les difficultés rencontrées au cours de son existence, même les plus ardues où la mort fait intrusion dans sa tente, dans son territoire personnel.
Comment?
Par le biais de l’accomplissement des ‘houkim. En effet, celui qui s’habitue à se plier à ces lois irrationnelles sans poser de question, pour se plier à la volonté Divine, y puisera les forces de résistance à l’adversité, qu’il parviendra aussi à accepter sans remettre en doute sa foi en D.
Dans la paracha Béa'alotékha (10,35), il est écrit : "Or, lorsque l’arche partait, Moché disait : “Lève-Toi, D.! Afin que Tes ennemis soient dissipés et que Tes adversaires fuient de devant Ta face!ˮ"
Rachi commente : "Du fait que l’arche les devançait d’un chemin de 3 journées, Moché disait : “Fais halte, attends-nous et ne t’éloigne pas davantage”."
Il en ressort que l’arche précédait le camp des enfants d’Israël d’une distance de 3 jours, afin de leur indiquer le chemin.
Tentons de nous imaginer la marche de nos ancêtres dans le désert. Une colonne de nuée avançait devant eux pour leur aplanir la route, une colonne de feu en faisait de même durant la nuit pour les éclairer. De plus, ils recevaient une nourriture céleste, la manne, tandis qu’ils étaient accompagnés par un puits qui les désaltérait de ses eaux tout au long de leur traversée.
L’arche les devançait également pour leur indiquer le chemin, mais Moché l’appelait pour lui demander d’attendre les Bné Israël et ne pas s’éloigner plus qu’une distance de trois jours, afin qu’ils se sentent protégés dans sa proximité. S’il s’était éloigné davantage, ils n’auraient pas pu percevoir sa présence et se seraient sentis perdus.
Rappelons que l’arche, qui contenait les tables de la Loi, est le symbole de la Torah. En outre, tout juif détient une étincelle de l’âme de Moché. Chacun d’entre nous lance cet appel à Hachem : "Ne T’éloigne pas trop de moi, car j’ai besoin de Te sentir proche".
Hachem lui répond : "Je reste à Ma place, aussi, si tu as l’impression d’être perdu et loin de Moi, cela signifie que tu t’es éloigné."
Mais comment éprouver continuellement la proximité de Hachem?
En s’attachant à la Torah et aux mitsvot, y compris celles dépassant notre entendement.
Celui qui observe inconditionnellement l’ensemble des mitsvot sans exception méritera de ressentir une proximité continuelle d'Hachem, même lorsqu’il est confronté à des tragédies comme la mort d’un proche. Car, l’homme accoutumé à accomplir la parole Divine sans la moindre contestation ne perdra pas sa sérénité suite à la disparition soudaine et incompréhensible d’un être cher, du fait qu’il perçoit continuellement l’amour et la proximité d'Hachem.
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-> On peut prolonger cela avec les paroles de rabbi Aharon Zakaï (Torat haParacha) :
L’homme doit placer devant ses yeux le fait que l’essentiel de son service est d’être un "serviteur" du Créateur, un serviteur qui n’a rien d’autre au monde que les ordres de son Maître, et qui ne fait pas de calculs compliqués, même si ce sont des calculs pour l’honneur du Ciel, car s’il en faisait il ne serait déjà plus un esclave, mais un homme libre qui se conduit selon son bon vouloir.
C’est pourquoi dans toutes les mitsvot dont nous connaissons la raison, il se peut que même en les accomplissant dans tous leurs détails, nous ne soyons pourtant pas totalement disposés à accepter Sa souveraineté, car il se peut que nous accomplissions seulement ce que notre logique approuve.
Mais dans cette mitsva dont la raison n’a pas été révélée, et dont Hachem a dit : "J’ai édicté une loi, J’ai décrété un décret, tu n’as pas le droit de transgresser Mes décrets" (Bamidbar rabba 19,2), notre véritable service témoigne si nous sommes les esclaves du Créateur, qui accomplissons toutes les mitsvot, ou bien des serviteurs qui ne sont intéressés que par l’accomplissement de notre propre volonté.
C’est pourquoi le Satan et les nations du monde essaient de nous faire trébucher justement par cette mitsva, qui n’a pas de raison, et d’ébranler par là tout notre travail spirituel en nous faisant découvrir que nous ne servons pas Hachem mais uniquement nous-mêmes.
C’est pourquoi nous devons leur répondre : "C’est une loi et un décret devant Hachem, nous n’avons pas le droit d’en discuter, nous devons accomplir Sa volonté, même quand elle est au-delà de notre compréhension".
Il en va de même pour toutes les mitsvot : que nous en comprenions la raison ou pas, nous devons uniquement accomplir Sa volonté.