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L’épisode du rocher

+ L'épisode du rocher (selon le rabbi de Berditchev):

-> Dans la paracha 'Houkat, nous rencontrons l'épisode douloureux de Moché frappant le rocher et se voyant par la suite refuser l'entrée en terre d'Israël.
Contexte : tout au long du voyage du peuple juif dans le désert, un rocher les accompagnait dans toutes leurs pérégrinations et leur fournissait de l'eau fraîche. Comme ce rocher était là par le mérite de Myriam (d'où son appellation de : "puits de Miriam"), l'eau cessa de couler miraculeusement lorsqu'elle mourut.
Le peuple se plaignit alors à Moché qu'il mourait de soif et Hachem lui ordonna de parler au rocher pour que l'eau recommence à couler. Au lieu de cela, après avoir sévèrement réprimandé la nation, Moché prit son bâton et frappa deux fois le rocher.
Bien que cette action ait fait jaillir l'eau, Hachem était extrêmement mécontent, et à la suite de cet incident, Moché perdit le privilège d'accompagner la nation en terre d'Israël.

=> La conséquence tragique de cet événement est d'autant plus douloureuse qu'il nous est difficile de la comprendre pleinement. Pourquoi le fait que Moché ait frappé le rocher a-t-il été une catastrophe telle qu'elle l'a empêché de réaliser le rêve de sa vie, à savoir fouler le sol de la Terre promise?

Rachi enseigne que la faute de Moché a consisté à frapper le rocher au lieu de lui parler comme Hachem l'avait ordonné.
Ramban n'est pas d'accord avec cette approche. Il est d'avis que l'erreur de Moshé n'est pas d'avoir frappé le rocher, mais plutôt de s'être mis en colère contre le peuple juif, le qualifiant de "rebelle".

-> Nous allons développer l'explication de rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi).
Il explique que ces deux grandes sommités ne sont en fait pas du tout en désaccord. Au contraire, il enseigne qu'ils ne font qu'exprimer deux facettes d'une même opinion, les deux faces d'une même pièce.

Au tout début de Béréchit, Rachi affirme que le monde a été créé pour le peuple juif et pour la Torah, afin que cette nation exaltée puisse utiliser les lois et les concepts de la Torah pour servir Hachem et révéler ainsi Sa présence dans le monde physique.
Rabbi Na'hman de Breslev développe ce concept en enseignant que la force de vie spirituelle présente dans chaque particule de la création découle de ce but supérieur, le but ultime d'aider le peuple juif dans sa quête d'avodat Hachem (servir D.).
Cela signifie qu'à un niveau très profond, chaque fleur, chaque flamme et chaque particule de sable sur la plage est animée d'une énergie qui découle des mots : "bichvil Israël" ([j'existe] dans le but du peuple juif).
Ainsi, chaque cellule de la nature, l'existence même de toute chose, fait partie du monde créé pour abriter le peuple juif, afin qu'il puisse accomplir la Torah de la meilleure façon possible.
[en ce sens, s'il cesse dans le monde l'étude de la Torah l'espace d'un seul instant, alors le monde se détruit immédiatement. ]

Lorsque notre nation est à la hauteur de son objectif ultime et sert Hachem au plus haut niveau, la nature remplit son objectif ultime, qui est de nous aider dans cette quête.
Si nous sommes forts dans notre identité de "royaume de prêtres et de nation sainte" (Yitro 19,6), alors, chaque fois que nous sommes dans le besoin, la nature se plie à nos exigences et les miracles fantastiques abondent.
Nous sommes en mesure, en accomplissant notre mission, d'aider le monde et tout ce qu'il contient à accomplir également la sienne.

Il y a 2 façons de réprimander un autre juif.
1°/ par la voie qui découle du trait divin de Guévoura et qui se manifeste par une réprimande sévère avec de nombreuses paroles fortes et terribles de feu et de soufre.
2°/ il y a la réprimande qui provient du trait divin de 'Hessed, de douces paroles d'encouragement qui sont formulées dans des discours gentils et calmes qui enseignent au juif égaré son énorme importance/valeur aux yeux d'Hachem et le grand impact que chacune de ses actions a sur l'ensemble de la création.
[comment quelqu'un de si grand/élevé que toi, peut-il en arriver à faire cela?]

Le rabbi de Berditchev enseigne qu'Hachem préfère que nous réprimandions notre prochain juif en utilisant la 2e voie. Mais il ajoute ensuite une distinction étonnante entre ces deux manières de faire.
Dans ses mots :
"La différence entre ces deux manières de réprimander est que celui qui réprimande le peuple juif (kla Israël) avec gentillesse s'efforce d'élever l'âme collective du peuple juif à de grandes hauteurs.
Il parle ainsi constamment de la droiture et de l'importance inhérentes du klal Israël et de la grandeur de son pouvoir. Il est apte à servir en tant que chef du peuple d'Israël.
Cependant, celui qui réprimande avec des mots durs n'est pas inclus dans cet aspect.
Lorsque celui qui réprimande gentiment parle de l'importance considérable et de la droiture du klal Israël, toutes les créations dans le monde sont alors tenues d'accomplir la volonté de peuple juif et le font de leur propre chef, car c'est pour cette raison qu'elles ont été créées.
Cependant, lorsqu'une personne n'active pas, par son discours, l'aspect de la droiture inhérente au klal Israël, alors les créations du monde doivent être forcées à faire la volonté du peuple juif."

=> Cela signifie que le simple fait de parler de l'incroyable grandeur du peuple juif a un effet réel sur le monde physique dans son ensemble!
Lorsque la création qui nous entoure "entend" nos paroles, elle se rappelle à quel point notre nation est absolument sainte, et que à un niveau très profond, la seule aspiration de notre âme collective est de servir Hachem. Immédiatement, le but ultime du monde surgit en lui, amenant toute la nature à se lier à l'accomplissement de notre volonté et à l'assistance au klal Israël.

-> En utilisant ces idées, le rabbi de Berditchev explique l'épisode de Moché frappant le rocher d'une manière nouvelle.

Nous avons vu précédemment 2 avis sur la faute de Moché. Rachi a enseigné que l'erreur de Moché consistait à frapper le rocher plutôt que de lui parler, tandis que le Ramban a estimé que Moché n'aurait pas dû se mettre en colère et qualifier le peuple juif de "rebelles".
Selon le rabbi de Berditchev, ces deux opinions sont identiques. Ce n'est que parce que Moché a crié sur le klal Israël et les a réprimandés avec des mots durs qu'il a eu besoin de frapper le rocher.

Alors qu'en réprimandant le peuple juif avec des mots gentils d'encouragement, le monde physique se soumet à notre volonté, une réprimande sévère produit l'effet inverse.
Ainsi, lorsque toute la création, y compris le rocher, a entendu les mots de Moché : "Écoutez ici, rebelles", elle a supposé que le peuple juif n'avait pas maintenu sa sainteté et sa volonté d'avodat Hachem.
Ainsi, ne ressentant pas le besoin de se lier à la volonté du klal Israël d'avoir de l'eau à boire, le rocher devait être frappé et forcé à donner cette eau.
Nous comprenons maintenant que les paroles dures de Moché et le fait qu'il ait frappé le rocher n'étaient pas deux événements isolés, mais qu'ils étaient au contraire intimement liés, comme une cause et un effet.
En fin de compte, Rachi et le Ramban sont tous deux d'accord : la grande erreur de Moché (à son niveau) a été l'approche qu'il a utilisée dans sa réprimande. C'est cette décision qui lui a coûté l'accès à la terre bien-aimée d'érets Israël.

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-> Avant d'ouvrir la bouche, nous devons réfléchir : quels mots choisissons-nous d'utiliser? Sur quel ton seront-ils prononcés?
Il est également important de réfléchir à la manière dont nos paroles seront reçues. La personne visée par notre réprimande sortira-t-elle de cette conversation remplie d'espoir, d'encouragement et d'un esprit entièrement nouveau, ou sera-t-elle encore plus amère et pleine de ressentiment?

Si cette considération a toujours été de mise, elle est encore plus nécessaire dans notre génération actuelle, où il est rare de trouver quel que soit l'âge ou l'étape de la vie, une âme qui réagisse favorablement à des mots durs, à des menaces ou à l'expression de la frustration et de la colère. [même si c'est pour leur bien]
Lorsque nous nous déchargeons sur notre prochain juif, non seulement nous n'obtenons pas la réponse souhaitée, mais le monde naturel qui nous entoure cesse de se lier au peuple juif, ce qui rend les choses plus difficiles pour l'ensemble de notre nation.

Rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan Tinyana 8) discute des deux manières différentes de faire des reproches. Il explique qu'il existe un type de personne qui, par ses paroles, fait ressortir l'odeur nauséabonde de l'âme de son ami, réveillant la puanteur de ses mauvaises actions et de ses mauvais traits de caractère.
Mais il y a aussi le genre de personne dont les paroles de reproche produisent l'effet inverse. Lorsqu'il parle, ses douces paroles d'encouragement exhalent l'odeur du gan Eden de l'intérieur de son prochain, révélant ses qualités et la sainteté qu'il porte encore dans son âme.
Comme l'enseigne ailleurs Rabbi Na'hman (Likouté Moharan 282), lorsque nous rencontrons une personne mauvaise et que nous la jugeons favorablement, en nous efforçant de trouver ses points innés de sainteté et de lumière cachés au plus profond de l'obscurité de sa vulgarité, nous pouvons aider cette personne à faire complètement téchouva.

-> Le rav Yaakov Klein enseigne :
Phrase par phrase, conversation par conversation et personne par personne, nous pouvons tous essayer de nous assurer que nous ne parlons que de la grandeur et de la sainteté de nos frères juifs, quelles que soient les grandes et nombreuses différences qui nous séparent.
Lorsque nous ferons cela, un changement se produira, non seulement dans notre attitude générale à l'égard des autres juifs, mais à une échelle beaucoup plus grande, car nos douces paroles de lumière commenceront lentement à affecter l'ensemble de la création, contribuant à la réalisation d'immenses miracles et à notre salut ultime.
Si les mots durs de Moché l'ont empêché d'accéder à la terre d'Israël, peut-être que ce seront nos mots aimables d'amour, de respect et d'encouragement qui annonceront le grand retour de toute notre nation dans la Jérusalem reconstruite, rapidement et de nos jours. Amen!

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+ En résumé :

-> Que nous fassions des reproches ou que nous discutions avec d'autres de notre prochain juif, il est extrêmement important de se concentrer uniquement sur les points forts de chaque individu et sur la sainteté inhérente à chacun des membres de notre nation, sans exception.
Lorsque nous agissons ainsi, la création dans son ensemble se soumet à notre volonté collective, ce qui donne lieu à d'incroyables miracles et au plus grand des sauvetages.

"Le Cohen restera impur jusqu'au soir" ('Houkat 19,7)

-> Le rav Its'hak de Vork explique que l’essence de la vache rousse (para adouma), purifiant de l’impureté du contact avec un mort et plus profondément ceux qui sont spirituellement impurs, est le concept d’amour de son prochain comme soi-même (véaavta léréa'ha kamo'ha - Kédochim 19,18).
En effet, le Cohen en contact avec les cendres se rendait impur pour purifier son prochain. C'est dire renoncer à sa propre pureté, être prêt à faire un sacrifice personnel pour aider un co-religionnaire ; c’est là l’expression ultime de l’amour du prochain.
Quand on aime vraiment quelqu’un, on ressent un plaisir dans tous les sacrifices que l’on consent pour son bien-être.

"Telle est la Torah d'un homme qui meurt dans la tente" ('Houkat 19,14)

-> À propos de notre verset :
"Rech Lakich a enseigné : d'où savons-nous que les paroles de la Torah ne restent que chez celui qui se tue pour elle? Parce qu'il est écrit : "Telle est la Torah d'un homme qui meurt dans la tente" ('Houkat 19,14). [guémara Béra'hot 63b]

-> Le guémara (Sanhédrin 24a) témoigne de la force d'analyse extraordinaire de Rech Lakich lorsqu'il étudiait la Torah: "Oula disait : celui qui voit Rech Lakich au Bet Hamidrach est comme s'il voyait un homme en train de déraciner des montagnes et les broyer l'une contre l'autre."

Il répétait tous les enseignements et relevait toutes les contradictions, puis y répondait de façon exacte.
Ceci corrobore avec le témoignage de Rabbi Yo'hanan son maître lorsqu'il pleura son élève le jour de sa mort : "Lorsque je lui parlais de Torah, il me posait 24 questions et je lui répondais par 24 réponses, et ainsi le sujet que nous traitions s'éclaircissait de façon limpide. Rabbi Yo'hanan déchira son vêtement et pleura abondamment en déclarant: où es-tu fils de Lakich, où es-tu fils de Lakich?" (Baba métsia 84a).

-> L'enseignement de Rech Lakich : "Les paroles de la Torah ne restent que chez celui qui se tue pour elle" peut se comprendre de 2 façons.
La première suit l'avis du Rambam, à savoir que l'homme a le devoir de purifier son corps et d'être dans l'effort permanent dans l'étude de la Torah en diminuant la nourriture et le sommeil, comme il est dit dans les Pirké Avot (6,6 - les 48 qualités pour acquérir la Torah).
[Le Rambam écrit : "les enseignements de Torah ne subsistent pas chez celui qui étudie avec légèreté, jouissant de nourriture et de boisson mais seulement chez celui qui se tue pour elle, sans répondre aux sollicitations constantes de son corps, il ne donnera pas de sommeil à ses yeux et de repos à ses paupières.
Ainsi, les Sages ont enseigné par allusion le chemin à suivre : "Telle est la Torah d'un homme qui meurt dans une tente". Les paroles de Torah ne restent que chez celui qui se tue pour elle." ]

La deuxième explication, celle du "Touré Zohav" est que l'homme doit se sanctifier et purifier son âme par l'effort de la recherche intellectuelle que sont les analyses et les raisonnements dans l'étude de la Torah approfondie. Par le mérite de la purification du corps et de l'âme, l'homme pourra mériter d'atteindre et d'accéder à la sagesse authentique de la Torah.
[le Touré Zahav écrit : "donnez-vous de la peine dans l'étude de la Torah car ceux qui l'étudient dans la légèreté n'arrivent pas à accéder à sa sagesse et la Torah ne se maintient pas chez ceux-là ... Aussi l'essentiel de la grandeur de celui qui étudie la Torah est dans l'effort qu'il fournit pour la rechercher."

Le Touré Zahav" ajoute que la raison pour laquelle les Sages ont institué la bénédiction sur la Torah : "vétsivanou laassok bédivré Torah" (qui fait des efforts pour la Torah) et non pas : "lilmod divré Torah" (qui étudie la Torah) a pour but de nous apprendre que l'essentiel de la mitsva du limoud Torah réside précisément dans l'effort de la recherche qui s'exprime à travers l'analyse et le raisonnement, comme un homme qui est affairé à un commerce.
Et c'est le sens de la guémara (Méguila 6b) : "Si un homme te dit : j'ai cherché (la Torah) et je ne l'ai pas trouvée, ne le crois pas ! S'il te dit : je n'ai pas cherché (la Torah) et je l'ai trouvée, ne le crois pas ! Mais s'il te dit je l'ai recherchée et je l'ai trouvée, crois-le!"
(on ne te demande pas de simplement faire, mais d'y investir toutes tes capacités, toutes tes forces, à tout donner, ... à se tuer pour la Torah.)]

-> Le Shvilé Pin'has commente :
Rech Lakich accomplissait ces 2 interprétations et avait le mérite d'étudier la Torah par ces 2 chemins.
D'un côté, il investissait tous ses efforts dans ses analyses, comme en témoigne Oula : "Celui qui voit Rech Lakich au Bet Hamidrach est comme s'il voyait un homme en train de déraciner des montagnes et les broyer l'une contre l'autre" (guémara Sanhédrin 24a).
Et de l'autre côté, sa Torah était ordonnée comme cela est rapporté : "Rech Lakich révisait son passage de la Michna 40 fois correspondant aux 40 jours durant lesquels la Torah fut transmise à Moché au Sinaï, puis seulement il se rendait auprès de Rabbi Yo'hanan" (guémara Taanit 7b-8a).

A présent, nous comprenons pourquoi Rabbi Yo'hanan répéta à deux reprises : "où es-tu fils de Lakich, où es-tu fils de Lakich?" durant l'oraison funèbre de son élève (Baba métsia 84a - cf.ci-dessus).
Il s'adressait finalement aux 2 facettes exceptionnelles qu'il y avait en lui : la première fois pour désigner celui qui avait la force inégalée d'accéder aux plus vastes connaissances de la Torah comme Sinaï, et la seconde fois pour souligner son incroyable perspicacité dans la Torah et sa puissance d'analyse capable de déraciner des montagnes.

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-> Le Maharal de Prague (Nétsa'h Israël - chap.7) enseigne :
"La matérialité du corps et la spiritualité de la Torah sont totalement antinomiques. La Torah ne peut s'acquérir que par quelqu'un qui annule complètement ses désirs corporels et domine parfaitement son mauvais penchant.
S'il en est ainsi, comment peut-on accomplir la Torah dans un univers de matérialité?
La Torah ne peut s'accomplir que chez celui qui est prêt à se tuer pour elle."

-> D'après cet enseignement, nous pouvons comprendre la question posée par Alexandre le Grand aux Sages d'Israël : "Que doit faire un homme pour vivre? Les Sages répondent qu'il doit se tuer lui-même. Alexandre le Grand demande alors : que doit faire un homme pour mourir? Il doit se laisser vivre". (guémara Tamid 32a)

A présent, expliquons les paroles énigmatiques de cet échange : lorsque les Sages répondent à la première question d'Alexandre le Grand en disant que l'homme doit "se tuer lui-même" cela signifie qu'il doit tuer son égocentrisme qui le pousse à poursuivre les futilités de ce monde et à assouvir ses envies primaires.
Il ne peut pas accéder à une vie authentique, comme cela est rapporté dans la Michna : "La jalousie, l'envie et les honneurs sortent l'homme du monde" (Pirké Avot 4,21).
A la seconde question d'Alexandre le Grand, qui demandait comment un homme doit-il faire pour mourir, les Sages répondent : "Il doit se laisser vivre" = c'est-à-dire se laisser emporter par ses désirs et ses pulsions. Il ne pourra jamais se connecter à ce qu'il vit ou tirer un quelconque profit authentique dans sa vie et sera considéré comme mort.
[Tsor ha'Haïm - 'Houkat]

-> Rabbi Yéhouda Hanassi dressa ses 10 doigts vers le ciel et déclara avant de mourir : Maître de l'univers, il est établi devant Toi que je n'ai pas tiré profit dans ce monde-ci même de mon petit doigt. (guémara Kétoubot 104a)
Tossefot explique que l'homme doit prier pour que la Torah pénètre intégralement son corps afin de pouvoir le dominer.

"Hachem dit à Moché et à Aharon : parce que vous n'avez pas eu foi en Moi afin de Me sanctifier" ('Houkat 20,12)

-> Il est nécessaire de préciser que nous n'avons aucune notion de ce qu’était le niveau de Moché. D'ailleurs, le Ramban écrit que la faute n'est pas explicite dans les versets, ce qui nous suggère la finesse de ce qui lui a été reproché.

-> Le Divré Chmouël explique la raison pour laquelle Moché frappa le rocher au lieu de lui parler, en disant qu'Il fit un raisonnement a fortiori : "Après la sortie d'Egypte et la traversée de la Mer Rouge, alors que les Bné Israël étaient parvenus à un niveau très élevé, Hachem ordonna de frapper le rocher (et il ne demanda pas de lui parler pour en faire sortir de l'eau ce qui aurait été un miracle plus grand). A présent, après avoir chuté par la faute du veau d'or et celle des explorateurs, à plus forte raison est-il nécessaire de le frapper et je ne peux me contenter de lui parler car les Bné Israël ne sont plus dignes d'un tel miracle et d'un tel dévoilement de la Présence Divine!"

Mais en réalité, ce raisonnement est réfutable à sa source car lorsqu'un homme se renforce après avoir chuté, il est alors en mesure d'atteindre un niveau plus haut que celui qu'il possédait avant.
Dès lors, même si les Bné Israël méritaient au début de recevoir de l'eau seulement après avoir frappé le rocher, ils étaient à présent dignes d'assister à un plus grand miracle, celui de voir l'eau sortir grâce à la seule parole de Moché.

-> Le Sfat Emet rapporte quelque chose de terrible en faisant au préalable remarquer que le nom de Moché n'apparaît pas dans la Chirat Habéer (chant du puits). Celle-ci débute uniquement par les mots : "Et Israël entonna alors un Cantique" alors que pour le Cantique de la Mer Rouge, il est écrit : « Et Moché et les Bné Israël entonnèrent un Cantique".
Il explique que cette différence est due au fait qu'avant la faute du veau d'or, Israël était au même niveau que Moché et celui-ci pouvait donc dire un Cantique avec eux.
En revanche, la Chirat Habéer fut entonnée après la réparation de cette faute et lorsqu'ils se furent repentis de leur conduite.
C'est pourquoi le nom de Moché n'y apparaît pas car ils parvinrent alors à un niveau plus élevé que lui, à l'instar de ce que nous enseignent nos Sages : "Là où se tiennent les repentants, même les justes parfaits ne peuvent se tenir!"

=> Cela doit constituer pour toute personne sensée une source de réconfort puisque c'est précisément grâce à ses chutes qu'elle peut se hisser encore plus haut que quelqu'un qui n'aurait pas fauté.
[la guémara (Béra'hot 34b) rapporte : "A l’endroit où se tiennent les baalé téchouva, même les tsadikim parfaits ne peuvent se tenir".]

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-> Le Bat Ayin explique que Moché fit le raisonnement suivant :
Puisqu'il avait failli par sa parole en traitant les Bné Israël, le peuple saint, de "rebelles", désormais sa parole ne possédait plus la force de faire sortir l'eau du rocher ; c'est la raison pour laquelle il ne parla pas au rocher, mais le frappa.
Il y avait néanmoins une faille dans son raisonnement : c'est qu'il ne crut pas que, grâce à une pensée de repentir, il était possible d'effacer entièrement le défaut qui avait été entraîné.
Hachem le réprimanda alors en lui disant : "Tu aurais dû Me sanctifier et avoir confiance que J'accepte les repentants. Or, tu t'es repenti et, immédiatement après cette faute par la parole, tu es revenu à Moi d'un coeur contrit et brisé. J'ai sur le champ accepté ton repentir. Tu aurais donc dû te renforcer dans l'attribut de bonté, comprendre que ce défaut a été complètement réparé et continuer à penser que l'eau (qui évoque au sens ésotérique l'attribut de bonté) pouvait jaillir par ta simple parole".

-> Le rav Elmélé'h Biderman poursuit :
Certes, nous n'avons aucune notion de ce que sont des niveaux aussi élevés ; cependant, cela nous enseigne que même dans la situation la plus misérable où un homme peut se trouver, la porte est encore toujours ouverte et que s'il se repent, il est immédiatement accueilli avec amour et miséricorde par le Créateur.

C'est suivant cette idée que certains Tsadikim résolvent une contradiction apparente :
En effet, Rachi explique :
- au début de notre paracha ('Houkat), la raison pour laquelle la Torah qualifie la mitsva de la vache rouge de 'hok (חוק - commandement sans raison accessible par l'esprit de l'homme) : "Parce que le Satan et les nations harcèlent les Bné Israël en leur disant : "En quoi consiste cette mitsva et quel est son sens?" C'est pourquoi la Torah écrit : c'est Mon décret (חוק), et tu n'as pas le droit de le contester".
- à priori cela semble contredire ce que Rachi rapporte par la suite : la raison de cette mitsva : "La vache rouge vient expier la faute du veau d'or".

L'explication est la suivante : le yétser ara trompe l'homme et le pousse à réfléchir à cette mitsva et à sa raison : l'expiation de la faute du veau d'or. Car le fait que l’homme réfléchisse à ses échecs le décourage totalement de revenir vers Hachem.
C'est pourquoi Hachem ordonne : c'est Mon décret, et tu n'as pas le droit de le contester = Il ne t'incombe que d'une chose : d’utiliser la force du repentir (téchouva), sans te demander si elle te sera profitable ou non.
L'homme doit oublier (à ce stade) toutes ses fautes et tous ses échecs et doit être convaincu que son repentir sera agréé par Hachem en toute circonstance et pour n'importe quelle faute.

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-> On peut apporter une autre explication sur cette contradiction apparente : la mitsva de la vache rousse est un décret sans raison, et à la fois la raison est "que vienne la mère (vache rousse) essuyer les excréments de son fils (le veau d'or) :
Le Yichma'h Israël rapporte l'explication de Rabbi Its'hak : la faute du veau d'or émanait en réalité d'un manque de émouna.
Les Bné Israël à ce moment (du veau d'or) cherchèrent en effet à comprendre rationnellement ce qui se passait, comme ils s'exprimèrent alors : "Car Moché, cet homme qui nous a fait monter d'Egypte, nous ne savons pas ce qu'il est devenu". (Ki Tissa 32,1)

En effet, quelle différence cela faisait-il, en effet, de savoir ou non ce qui était advenu de Moché? Ils auraient dû à ce moment continuer à suivre Hachem avec intégrité et sans calcul.
C'est pourquoi la réparation de cette faute consista justement à se renforcer dans leur foi sans chercher à comprendre et c'est à cette fin qu'Hachem leur ordonna une loi sans raison apparente (vache rousse) afin qu'ils l'accomplissent uniquement grâce à la force de leur émouna. Grâce à cela, ils expieraient le manque de émouna qui les avait conduits à la faute du veau d'or.

D'après cela, il n'y a aucune contradiction (entre le fait de dire que la mitsva de la vache rousse est sans raison et l'explication qu’en donne Rachi (rapportant rabbi Moché haDarchane) selon laquelle la mère vient nettoyer les excréments de son fils), car cela signifie que la raison de la vache rousse est justement qu'il n'y a pas de raison (afin que l'homme qui l'accomplit se renforce dans sa émouna).

[on voit ici que lorsque l'on cherche à tout comprendre rationnellement, lorsque l'on s'inquiète du futur, alors on ouvre la porte à des fautes (sur le schéma du veau d'or), mais lorsque nous avons des choses qui dépassent notre compréhension, plutôt que de paniquer (comment moi JE peux ne pas maîtriser, comprendre!), alors c'est là que nous devons mettre en pratique notre émouna (c'est un décret d'Hachem pour notre bien, à l'image du décret de la vache rousse).]

"Voici la Loi de l'homme qui meurt dans la tente" ('Houkat 19,14)

-> Le Avodat Israël commente :
"Il semble que l'on peut expliquer [ce verset] grâce à l'enseignement (guémara Béra'hot 63b) qui affirme que : "La Torah ne se maintient que chez celui qui se tue lui-même pour elle'', à savoir chez celui qui tue son ''soi-même'', et qui est convaincu dès lors, que tout provient d'Hachem, et que c'est Lui qui donne la force de réussir, l’intelligence et la compréhension nécessaires pour Le servir.
C'est ce que le verset vient suggérer par les termes "l’homme qui meurt dans la tente" = l'homme qui n'attribue rien de ce qui arrive dans ce monde à la force humaine, mais qui sait que tout vient d'Hachem, un tel homme se trouve dans la tente d'Hachem".
[plus on tue de notre égo, plus on laisse de la place en nous pour que Hachien vienne y résider! ]

-> Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Entre parenthèses, on peut voir dans les termes de la guémara rapportée plus haut ("qui se tue lui-même") une autre allusion : c'est seulement lui-même qu'il doit tuer, en s'abstenant de penser à lui-même ; en revanche, son cœur doit toujours être en éveil pour prodiguer du bien à autrui de toutes les manières possibles.

"Puisque vous n'avez pas eu confiance en Moi pour Me sanctifier aux yeux du peuple" ('Houkat 20,12)

-> Moché a reçu l'ordre de parler au rocher pour qu'll fasse sortir de l'eau. Sous le coup de l'emportement, il frappa le rocher au lieu de lui parler ; Hachem lui reprocha d'avoir manqué une occasion de sanctifier Son Nom.
Seulement, on peut s'interroger. Le peuple s'était déjà rendu compte à maintes occasions de la Grandeur d'Hacher et ils étaient bien convaincus que tous les miracles qu'ils ont vécus depuis 40 ans viennent d'Hachem. Ainsi, il est clair que quand l'eau sortit, le peuple avait évidemment compris que ce miracle venait d'Hachem.
=> En quoi le fait d'avoir frappé le rocher a-t-il donc représenté un manque de sanctification du Nom d'Hachem? En effet, tout le peuple avait bien-sûr compris que ce miracle venait d'Hachem.

Cependant cette conscience-là leur venait de leur perception intellectuelle. Seulement, au niveau du ressenti du corps, leurs yeux ont vu que Moché frappa le rocher et l'eau sortit. Cela laissa une trace au niveau de la sensibilité du corps que c'est le geste de Moché qui a entrainé que l'eau est sortie.
En effet, le corps est impressionné par ce qu'il perçoit par ses sens, même si cela s'oppose à ce qu'il perçoit par son esprit de façon évidente. Contrairement à l'intellect, le ressenti du corps n'est pas raisonné. Si le corps perçoit par ses sens une situation qui va à l'encontre de ses croyances, il en viendra à ressentir des sensations qui s'opposeront à ses convictions profondes.
C'est pourquoi, quand le peuple vit Moché frapper le rocher, leur corps reçut l'impression que c'est Moché qui a fait sortir l'eau. Et même s'ils savaient de façon claire par leur esprit que c'est Hachem qui a réalisé ce miracle, malgré tout le corps capta une impression qui eut la force d'atténuer leur foi, ce qui a manqué de sanctifier le Nom Divin.

=> On apprend de là qu'il n'est pas suffisant de s'appuyer et de compter sur ses convictions. Le comportement, ainsi que ce que l'on perçoit, que l'on voit, entend, ... doivent aussi aller dans le sens de ses croyances, car sinon malgré soi, le corps recevra un impact émotionnel qui affaiblira ses convictions. Il faut se garder de tomber dans le piège de dire : "J'ai la foi dans le cœur, c'est l'essentiel, même si je ne suis pas pratiquant", car les actes ont bien la force de marquer le ressenti, bien plus que ce que l'esprit comprend et croit intellectuellement.
[rav Mikaël Mouyal]

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[naturellement nous sommes influencés par l'environnement dans lequel nous vivons, et en ce sens nous avons une vision des événements qui est celle de la société, et non d'après la Torah. Ainsi, nous devons travailler notre vision des choses, et autant que possible y voir Hachem derrière, avec de la gratitude, de la confiance, ...
En effet, il ne suffit pas d'intellectualiser de belles leçons sur la Présence d'Hachem (émouna, ...), mais il faut également le voir, le vivre, ... Chaque petit acte, témoigne de Sa présence totale et permanente, et nous renforce, nous attache, petit à petit avec Hachem.
C'est la seule façon de vivre concrètement juif, car même avec les plus belles pensées dans notre tête cela ne restera que potentiel, que intellectualité, que théorique, et non ressenti dans les profondeurs de notre être. ]

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+ L'importance de l'exemplarité :

Moché frappa le rocher au lieu de lui parler. L’eau coula, mais D. dit à Moché que pour cette erreur, ni lui, ni Aharon n’entreraient en Israël, chamboulant ainsi tout le programme original qui devait mener au dévoilement du Machia’h.
=> Quelle fut donc la faute de Moché pour mériter une punition si grave?

-> Le Beit Yossef (rabbi Yossef Karo reçut, pendant une longue période, le dévoilement d’un ange (le Maguid) qui lui révéla les secrets de la Torah. Ceux-ci furent compilés dans le livre Maguid Mécharim.
Dans un passage se rapportant à notre paracha ('Houkat), le Maguid explique que le nombre impressionnant d’avis et d’opinions expliquant précisément la faute de Moché, prouve que l’accusation fut très pointilleuse. La faute était donc très minime mais Hachem fit preuve d’une grande intransigeance.

-> Le Ramban (v.20,8) explique que les Bné Israël levaient en permanence leurs yeux vers Moché pour apprendre de chacune de ses actions. Lorsqu’ils réclamèrent de l’eau, Moché s’énerva contre eux en les traitant de rebelles. Non seulement cela n’avait pas lieu d’être, mais encore, de par son rang de Chef du peuple juif, relevait de la profanation du Nom de D.
C’est ainsi que les Bné Israël apprirent que la colère n’était finalement pas si grave. Ce qui est bien sûr tout le contraire de la vérité puisque nos Sages enseignent que "celui qui se met en colère est considéré comme s’il servait une idolâtrie" (voir guémara Shabbath 105b).
Ainsi, celui qui sert d’exemple à d’autres doit-il donc s’efforcer de vérifier chaque parole ou chaque mouvement avant de s’exprimer.

-> Ceci est évidemment valable pour les les personnes influentes comme les dirigeants
communautaires ou les enseignants, mais s’applique aussi à chaque parent, qui sert de boussole et de repère à leurs enfants.
[en réalité, cela s'applique également à nous tous, car fréquemment autrui nous regarde pour prendre exemple (ex: si je parle à la synagogue, alors autrui peut se dire si lui parle alors pourquoi pas moi, c'est que c'est autorisé, justifié! Et inversement, si je viens à l'heure aux prières quotidienne/à une cours de Torah, autrui peut se dire si lui qui a mon âge (voir moins) vient à l'heure, alors pourquoi pas moi? )
Nous ne vivons pas dans un monde isolé, mais au contraire chacun de nos actes, paroles, sourire, ... influence autrui, et dans le monde à Venir nous verrons les répercutions que cela a pu avoir (décuplé par des effets domino!).]

[Mais poursuivons dans le cas des parents avec leurs enfants : ]
"L’exemple modèle" est la meilleure façon de transmettre à ses enfants l’éducation et les valeurs chères à nos yeux. Mais il y a un second côté à la pièce : les mauvaises actions et mauvais comportements sont aussi scrutés et assimilés par nos enfants. [quasiment rien n'échappe aux yeux de nos enfants, qui l'utiliseront pour se construire en bien ou mal ]
On raconte qu’un père alla prier avec son enfant chez le ‘Hazon Ich. L’enfant dérangea le cours de la prière et le père le réprimanda sèchement par une colère appuyée.
En terminant, le Rav appela le père et lui confia: "Tu as donné deux enseignements à ton fils qui le suivront toute sa vie : qu’il est interdit de parler pendant la prière, et qu’il est permis de s’énerver. J’ai un doute s’il a assimilé le premier, mais le second l’accompagnera longtemps!"

"Prends Aharon et son fils El'azar et fais-leur gravir le mont Hor. Dépouille Aharon de son costume et revêts-en son fils El'azar. Aharon rejoindra [ses ancêtres] et mourra là-bas" ('Houkat 20,25-26)

-> Le Méam Loez enseigne :
Hachem ordonna à Moché de faire monter Aharon au sommet du mont Hor, vêtu des 8 vêtements de prêtrise.
Une fois arrivés, il devait lui ôter ses vêtements dans l'ordre où ils avaient été passés.
Par exemple, la tunique portée à même la peau devait être enlevée la première et ainsi de suite.
De plus, au fur et à mesure que ses vêtements de grand prêtre (Cohen Gadol) étaient retirés, son fils El'azar devait les porter.
Ainsi, Aharon aurait la satisfaction de voir El'azar porter les habits de Cohen Gadol en tant que son successeur.

Selon nos Sages, le fait que les vêtements fussent ôtées de cette façon représentait un grand miracle.
Théoriquement, il n'était pas possible d'enlever la tunique intérieure sans commencer par ôter la ceinture qui soutenait le pectoral et l'éphod. Pourtant, c'est ce qui se produisit.
Ainsi, alors que El'azar revêtait les 8 vêtements dans l'ordre où Aharon les avait mis, il ne fut pas nécessaire de dévêtir entièrement Aharon.
[...]

Un commentateur remarque qu'Aharon n'eut pas besoin de revêtir ses habits sacerdotaux pour cette occasion car il les avait déjà mis ce jour-là pour accomplir le service sacré.
Dès qu'il termina d'offrir le sacrifice quotidien avec l'encens et d'allumer la ménora, Moché l'emmena, encore vêtu de ses vêtements sacerdotaux, aux sommets de la montagne.
Là, Moché les lui ôta et les passa à El'azar.

Pendant que Moché retirait à Aharon ses vêtements l'un après l'autre, D. l'habillait d'un vêtement spirituel venant des "habits" de la Présence Divine (chékhina).
Ainsi, il ne fut privé d'aucun des habits de prêtrise.

[Lorsque Moché apprit la mort prochaine d'Aharon,] il s'exclama : "Maître du monde! Pourquoi désires-Tu sa mort si rapidement? Est-ce à cause de Ton serment qu'il n'entrerait pas en terre d'Israël? Qu'il reste dans le territoire qui sera donné en héritage aux descendants de Gad et Réouven, hors de la terre d'Israël. Les Bné Israël entreront au pays sans lui. Il n'est pas nécessaire de causer sa mort."
D. lui répondit : "Sache que cela est impossible. La terre d'Israël dont Je fais présent aux Bné Israël est conditionnelle à la mort d'Aharon. Si tu ne veux pas qu'Aharon meure, les Bné Israël n'entreront pas en terre d'Israël".
[...]

Lorsque tous trois (Moché, Aharon, El'azar) parvinrent au sommet de la montagne [Hor], Moché commença à dévêtir Aharon.
Il lui demanda : "Aharon, mon frère, que vois-tu?"
Aharon répondit : "Je ne vois rien d'autre que les Nuées de gloire".
Moché dit : "Entre dans cette grotte, mon frère".
Lorsque Aharon y pénétra, il vit un lit préparé, auprès duquel se trouvait un candélabre à 7 branches.
Aucun tsadik ne mérita un tel privilège.

Cependant, la Torah avait déjà fait allusion à cette distinction par les mots : "Lorsque tu allumeras les lampes, les 7 lampes illumineront la ménora" (Béaaloté'ha 8,2).
Hachem faisait savoir à Aharon que pour le récompenser d'avoir accompli le commandement d'allumer la ménora dans le Michkan, 7 lampes seraient allumées à sa mort.

Moché pria Aharon de s'allonger sur le lit, d'allonger les bras et les jambes puis de fermer la bouche et les yeux. Aharon s'exécuta.
Moché demanda : "Que sens-tu?"
Aharon répondit qu'il ne pouvait pas décrire la sensation du moment de la mort mais qu'un instant plus tôt, il avait perçu un goût indescriptible. C'est alors que la Présence Divine emporta l'âme d'Aharon par un baiser, et la colonne de nuée le couvrit.

Après que Moché et El'azar aient embrassé Aharon, D. leur ordonna de quitter la grotte. Lorsqu'ils furent sortis, l'entrée de la grotte se referma.
Après avoir vu la mort d'Aharon, Moché pria : "Puisse-t-il être Ta volonté que ma mort soit semblable à la sienne!"
Lorsque vint le moment où Moché devait quitter ce monde, D. lui dit : "Meurs sur la montagne que tu as gravis et sois réuni à ton peuple, comme ton frère Aharon mourut sur le mont Hor et fut réuni à son peuple" (Haazinou 32,50).
D. annonça à Moché que comme il l'avait demandé, sa mort serait identique à celle d'Aharon.

Après la fermeture définitive de la grotte, Moché descendit de la montagne avec El'azar, pratiqua une déchirure sur son vêtement et se lamenta : "Malheur! Oh! Aharon, mon frère! Toi qui portes toutes les prières des Bné Israël en ce jour où par ta mort tu fais expiation pour eux! Malheur! Ce protecteur d'Israël n'est plus!"

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"Moché fit comme D. le lui avait ordonné. [Tous trois] gravirent le mont Hor en présence de toute la communauté. Moché dépouilla Aharon de son costume et en revêtit son fils El'azar.
Aharon mourut là, au sommet de la montagne.
Moché et El'azar descendirent de la montagne. Le peuple se rendit compte qu'Aharon était mort. Toute la famille d'Israël pleura Aharon pendant 30 jours" ('Houkat 20,27-29)

-> Le Méam Loez commente :
Lorsque les Bné Israël virent que seuls 2 des 3 hommes qui avaient gravi la montagne revenaient, ils émirent 3 opinions.
Un groupe affirmait que Moché avait tué son frère pour s'approprier la prêtrise, le 2e qu'El'azar avait assassiné son père pour prendre sa place, et le 3e que le moment de la mort d'Aharon était venu.
Ils interrogèrent Moché et El'azar à leur retour et ceux-ci leur répondirent qu'Aharon était mort.
Ils leur demandèrent comment cela était possible alors qu'après la révolte de Kora'h, Aharon avaient vaincu l'Ange de la mort et arrêté l'épidémie. Ils s'exclamèrent : "Comment l'Ange de la mort avait-il pu abattre Aharon alors qu'il s'était interposé entre les morts et les vivants et avait mis fin à l'épidémie" (Kora'h 17,13).

Les Bné Israël menacèrent donc de lapider Moché et El'azar s'ils ne leur rendaient pas Aharon.
Consterné, peiné et perplexe, Moché implora D. et sa prière fut acceptée.
Hachem ordonna aux anges de sortir le corps d'Aharon et de l'exhiber en l'air afin que les Bné Israël le voient et cessent d'accuser Moché et El'azar.

Les anges exécutèrent l'ordre de D. : le lit portant le corps d'Aharon fut suspendu en l'air. Hachem passa devant et fit son éloge funèbre : "La Torah de vérité était dans sa bouche et on ne trouvait pas d'iniquité sur ses lèvres. Il marchait avec Moi en paix et avec intégrité, et il détourna de nombreuses personnes de la faute" (Mala'hi 2,6).
[...]

Lorsque les Bné Israël entendirent l'éloge funèbre de D. et les anges, ils se mirent eux aussi à prononcer l'éloge d'Aharon, jeunes et vieux, hommes et femmes.
Une période de deuil profond s'ensuivit ; elle dura 30 jours.

Le deuil général qui s'ensuivit ne fut jamais égalé.
Lorsque Myriam était morte, seuls Moché et Aharon prirent le deuil. Moché lui-même ne fut pas pleuré par tous les Bné Israël car beaucoup d'entre eux avaient des griefs contre lui à cause des fréquents reproches qu'il leur avait adressés.
Par contre, tout le monde aimait Aharon. Ses paroles étaient toujours aimables et conciliantes. Même lorsqu'un homme péchait, il ne l'accusait jamais brutalement d'être un fauteur. Il s'adressait à lui avec respect et lui disait : "Mon fils, je t'en prie, n'agis plus comme cela car c'est contraire à la volonté de D."
Chaque fois qu'il voyait un homme se disputer avec son épouse, il ne les quittait pas avant d'avoir rétabli la paix entre eux. Pas un seul Bné Israël ne l'aimait pas.

La leçon du rocher : rien de mal ne peut sortir d’une mitsva

+ La leçon du rocher : rien de mal ne peut sortir d'une mitsva :

-> Dans la paracha 'Houkat, le peuple d'Israël a soif. Hachem recommande à Moché de parler à un rocher après quoi il en sortira de l'eau. Moché frappe le rocher au lieu de lui parler. Certes l'eau sort, mais Hachem punit Moché pour ne pas avoir respecté l'ordre de parler.
Hachem lui dit : "Parce que vous (Moché et Aharon) n'avez pas eu confiance en Moi pour Me sanctifier aux yeux des enfants d'Israël, c'est pourquoi vous ne ferez pas entrer cette assemblée dans la terre que Je leur donne" ('Houkat 8,12).

=> C'est étonnant : à priori Moché a certes désobéi et n'a pas respecté l'ordre de parler, mais où y a-t-il eu un manque de confiance en Hachem? Quel est le lien entre la confiance et la sanctification du Nom Divin ?
Quelle était exactement la faute? Et pourquoi Moché n'a-t-il pas parlé au rocher et l'a-t-il frappé?

Pour expliquer tout cela, rapportons un midrach qui dit qu'Hachem a spécifié un certain rocher devant lequel il devait parler. Ce devait être ce rocher et non un autre.
De plus, toute la raison pour laquelle Hachem réalise des miracles, c'est pour que l'on reconnaisse Sa Grandeur et Sa Toute-Puissance de sorte que Son Nom soit sanctifié.
Le midrach ajoute que les juifs ont commencé à dire : "Moché connaît le secret de ce rocher-là. S'il souhaite nous montrer un vrai miracle, qu'il sorte de l'eau de cet autre rocher!"
Moché se trouva alors dans un véritable dilemme. S'il suit le peuple et qu'il parle à un autre rocher qui sortira de l'eau, certes cela conviendrait au peuple et le miracle sera accepté par tous. Le Nom Divin pourra donc être sanctifié. Seulement, d'un autre côté, par cela il contreviendrait à la Parole Divine qui lui a spécifié un certain rocher explicitement.
Et s'il parle au rocher désigné par Hachem, il respecterait ainsi l'ordre reçu, mais il en ressortirait une certaine profanation du Grand Nom, car le miracle ne sera pas accepté.
=> Moché se trouvait donc dans un doute énorme. Il ne savait pas vraiment quoi faire, quel chemin choisir. Il voulait bien-sûr obéir à l'Ordre d'Hachem. Mais il craignait que la glorification du Nom Divin, qui est l'objectif de tout miracle, ne soit pas obtenu. Le peuple risquait de dire qu'il n'y a là aucun miracle et que Moché connaissait simplement le secret de ce rocher.
Ainsi, Moché cherchait éperdument à trouver une solution pour que le Nom d'Hachem soit malgré tout sanctifié.
[de plus selon le midrach, il y avait un miracle et chaque Bné Israël avait une vision identique en étant au 1er rang du rocher. Moché le savait et son choix avait donc un impact important sur chaque juif!]

Et finalement, la volonté de Moché de révéler le miracle et de grandir le Nom du Créateur prit le dessus. Il se mit à parler au rocher désigné par le peuple, estimant qu'en s'écartant légèrement de l'ordre d'Hachem, cela révélerait encore plus Sa Grandeur, en faisant taire les fausses rumeurs du peuple.
De ce fait, Moché s'approcha du rocher choisi par le peuple et commença par lui parler. Mais alors, l'eau ne sortit pas, car finalement ce n'était pas le bon rocher. Voyant que sa parole n'aboutissait pas, il en vint à frapper le rocher à 2 reprises et finalement, malgré tout, l'eau finit par sortir.
Mais d'après tout cela, Moché avait de pures intentions. Il ne souhaitait que sanctifier le Nom Divin. Ce qu'il craignait le plus, c'est que le peuple ne reconnaisse pas le miracle.
=> De ce fait, pourquoi fut-il puni? Où était l'erreur? Fallait-il qu'il s'adresse au ''bon'' rocher au prix de sacrifier la valeur du miracle et ses conséquences?

La solution à ce problème se trouve dans un midrach qui dit que quand l'eau sortit du rocher que Moché a frappé, alors tous les rochers du désert se fendirent et sortirent de l'eau. Il est même rapporté que les petites pierres aussi donnèrent de l'eau.
Il ressort de cela que malgré toute sa bonne volonté, le calcul de Moché était erroné. Car même si Moché avait suivi scrupuleusement l'ordre Divin et qu'il avait parlé au ''bon'' rocher, alors là aussi le Nom Divin aurait été sanctifié comme il le fallait. Car tout le peuple aurait constaté que tous les rochers sortirent de l'eau, et parmi eux, le rocher qu'ils souhaitaient aussi en aurait fait parti.
Dès lors, même en suivant l'ordre reçu, le Nom Divin aurait été sanctifié, et le calcul de Moché contenait donc une erreur. Car, en ''désobéissant'', même s'il cherchait à bien faire, malgré tout cela a entraîné encore moins de Gloire pour Hachem, puisque le miracle a été finalement diminué dans le sens où Moché fut contraint de frapper le rocher, et ce à 2 reprises.
Alors que s'il avait suivi l'ordre, l'eau serait sorti par sa simple parole, et même de tous les rochers du désert!

Mais on peut néanmoins s'interroger. Moché voulait bien faire, et comment pouvait-il à l'avance savoir que tous les rochers allaient sortir de l'eau et que le miracle finirait par être reconnu.
Au stade où Moché se trouvait, dans le présent, Moché ne pouvait pas savoir ce qui allait se passer, comment comprendre qu'il fut puni pour ne pas avoir considéré un élément du futur qu'il ignorait à l'avance?
=> C'est précisément pour cette raison que dans la réprimande qu'Hachem lui fit, Il lui reprocha le manque de confiance, et pas d'avoir désobéi. Car puisqu'il reçut un Ordre explicite d'Hachem, il aurait dû croire et avoir confiance, que d'une mitsva et du respect d'un Commandement Divin, rien de mal ne peut sortir.
Et même au contraire, il ne peut en sortir qu'une sanctification du Nom Divin.
Et puisque Moché ne désirait que sanctifier le Saint Nom, il aurait dû reconnaître qu'aucune profanation ne pourrait sortir du respect d'une mitsva. Cela est absolument impossible
C'est plutôt en déviant de l'ordre reçu, même avec de bonnes intentions, que l'on diminue Sa Gloire. C'est cela la confiance qui lui manquait. Il devait avoir confiance que, même si la logique prouvait le contraire, malgré tout la réalité est qu'en respectant l'ordre d'Hachem il y aura forcément une sanctification du Nom.
C'est pourquoi, Hachem lui dit : "Vous n'avez pas eu confiance en Moi pour Me sanctifier" = C'est à dire que même si toute son intention n'était que de ''Me sanctifier'', l'erreur était de ne pas avoir assez ''eu confiance'' que d'un Ordre d'Hachem sortira forcément une sanctification du Nom Divin.

Et même si toutes les considérations logiques allaient dans le sens contraire, prônant que c'est en s'écartant un peu de l'ordre que l'on glorifiera encore plus le Nom d'Hachem, malgré tout la confiance commence là où la logique s'arrête.
Et Moché aurait dû s'armer de cette confiance simple que rien de mal ne peut sortir d'une mitsva. Bien plus, l'essentiel de la sanctification du Nom d'Hachem ne peut venir que de par l'accomplissement des mitsvot, et de rien d'autre.
Il en ressort que l'homme ne doit pas s'écarter des moindres détails dans la pratique des mitsvot, et ce, peu importe le calcul que l'on
peut avoir. Car c'est le seul chemin pour réussir.
Mais pour y arriver, il faut renforcer sa foi et sa confiance dans ce grand principe qu'aucun mal ne peut venir de l'accomplissement des Mitsvot.
[Basé sur le Madrégat Haadam]

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=> évidemment qu'il nous est inconcevable de penser juger les actions de Moché, qui sont très au-delà de notre perception, mais nous apprenons de là l'importance de se renforcer dans l'idée qu'en réalisant la volonté d'Hachem nous ne perdons jamais, au contraire.
Nous devons accomplir les mitsvot avec beaucoup de joie et de fierté, car elles ne font qu'apporter énormément de positivités!

"Aharon sera rassemblé à ses peuples" ('Houkat 20,24)

-> Le Alcheikh haKadoch dit qu'il convient de remarquer la signification de l’expression : "être rassemblé à ses peuples".
De quels peuples s’agit-il?

C’est indiscutablement ce que dit le Zohar à propos de Rabbi Its'hak.
Quand le temps est venu de quitter ce monde, nos Sages ont enseigné qu’il se produit un éveil en haut et que tous les proches de la personne, sa famille et son entourage, viennent l’accueillir.
Quand quelqu’un n’a pas de faute susceptible de le retarder pour arriver là où il doit aller, il les suit immédiatement, et ils se réjouissent avec lui devant D.

C’est à ce propos qu’il est dit "être rassemblé à ses peuples" = on est rassemblé à ceux qui viennent vous accueillir, et qui s’appellent vos "peuples", à cause de la relation de proximité qu’ils ont avec vous.

"Notre âme est excédée de ce pain léger" ('Houkat 21,5)

Comment comprendre ces paroles négatives dites par les Bné Israël sur la manne? Surtout qu'ils se sont exprimés ainsi après 40 ans [dans le désert nourris de cette façon sublime].

En fait, la manne était une nourriture hautement spirituelle. Elle convenait parfaitement à des personnes très élevées comme la génération de la sortie d'Egypte (dor déa), qui ont reçu la Torah, et qui étaient tous des prophètes.
Mais à présent, nous sommes face à la nouvelle génération, moins élevée, qui est destinée à entrer en Terre Sainte et se confronter avec la matérialité et la nature. Cette génération ne se sentait pas au niveau de consommer cette manne. C'est pourquoi, ils la critiquèrent.
[selon Abarbanel, ils disaient que la manne est un aliment spirituel qui convient à la vie spirituelle dans le désert, mais elle ne pourra assumer leurs besoins pour les durs travaux agricoles qu'ils devront dorénavant accomplir une fois en Israël.]

Mais malgré tout, Hachem leur donna à eux aussi cette manne. Car, s'ils avaient su accepter leur situation avec joie, sans se plaindre, alors la difficulté aurait été dépassée.
Parfois, face à une épreuve, l'homme se plaint, pensant ne pas pouvoir la surmonter. Mais, c'est en acceptant malgré tout la décision Divine avec joie, que la dureté s’adoucit, et alors on trouve en soi les forces de la surmonter.
['Hidouché haRim]

[on apprend une leçon fondamentale : lorsque nous traversons des moments difficiles, nous devons accepter avec joie et sans se plaindre (certes je ne comprends pas mais cela vient d'Hachem pour mon bien ultime!).
Grâce à une telle attitude (bita'hon), qui va à l'encontre de la naturalité, nous avons le mérite qui donne la possibilité à Hachem de nous adoucir notre vie et nous combler de bénédictions.
Ainsi, une difficulté devient une source énorme de bienfaits lorsque nous surmontons notre instinct et que nous proclamons que c'est notre papa Hachem qui est aux manœuvres derrière.]