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"Le Cohen restera impur jusqu'au soir" ('Houkat 19,7)

-> Le rav Its'hak de Vork explique que l’essence de la vache rousse (para adouma), purifiant de l’impureté du contact avec un mort et plus profondément ceux qui sont spirituellement impurs, est le concept d’amour de son prochain comme soi-même (véaavta léréa'ha kamo'ha - Kédochim 19,18).
En effet, le Cohen en contact avec les cendres se rendait impur pour purifier son prochain. C'est dire renoncer à sa propre pureté, être prêt à faire un sacrifice personnel pour aider un co-religionnaire ; c’est là l’expression ultime de l’amour du prochain.
Quand on aime vraiment quelqu’un, on ressent un plaisir dans tous les sacrifices que l’on consent pour son bien-être.

"Hachem dit à Moché et à Aharon : parce que vous n'avez pas eu foi en Moi afin de Me sanctifier" ('Houkat 20,12)

-> Il est nécessaire de préciser que nous n'avons aucune notion de ce qu’était le niveau de Moché. D'ailleurs, le Ramban écrit que la faute n'est pas explicite dans les versets, ce qui nous suggère la finesse de ce qui lui a été reproché.

-> Le Divré Chmouël explique la raison pour laquelle Moché frappa le rocher au lieu de lui parler, en disant qu'Il fit un raisonnement a fortiori : "Après la sortie d'Egypte et la traversée de la Mer Rouge, alors que les Bné Israël étaient parvenus à un niveau très élevé, Hachem ordonna de frapper le rocher (et il ne demanda pas de lui parler pour en faire sortir de l'eau ce qui aurait été un miracle plus grand). A présent, après avoir chuté par la faute du veau d'or et celle des explorateurs, à plus forte raison est-il nécessaire de le frapper et je ne peux me contenter de lui parler car les Bné Israël ne sont plus dignes d'un tel miracle et d'un tel dévoilement de la Présence Divine!"

Mais en réalité, ce raisonnement est réfutable à sa source car lorsqu'un homme se renforce après avoir chuté, il est alors en mesure d'atteindre un niveau plus haut que celui qu'il possédait avant.
Dès lors, même si les Bné Israël méritaient au début de recevoir de l'eau seulement après avoir frappé le rocher, ils étaient à présent dignes d'assister à un plus grand miracle, celui de voir l'eau sortir grâce à la seule parole de Moché.

-> Le Sfat Emet rapporte quelque chose de terrible en faisant au préalable remarquer que le nom de Moché n'apparaît pas dans la Chirat Habéer (chant du puits). Celle-ci débute uniquement par les mots : "Et Israël entonna alors un Cantique" alors que pour le Cantique de la Mer Rouge, il est écrit : « Et Moché et les Bné Israël entonnèrent un Cantique".
Il explique que cette différence est due au fait qu'avant la faute du veau d'or, Israël était au même niveau que Moché et celui-ci pouvait donc dire un Cantique avec eux.
En revanche, la Chirat Habéer fut entonnée après la réparation de cette faute et lorsqu'ils se furent repentis de leur conduite.
C'est pourquoi le nom de Moché n'y apparaît pas car ils parvinrent alors à un niveau plus élevé que lui, à l'instar de ce que nous enseignent nos Sages : "Là où se tiennent les repentants, même les justes parfaits ne peuvent se tenir!"

=> Cela doit constituer pour toute personne sensée une source de réconfort puisque c'est précisément grâce à ses chutes qu'elle peut se hisser encore plus haut que quelqu'un qui n'aurait pas fauté.
[la guémara (Béra'hot 34b) rapporte : "A l’endroit où se tiennent les baalé téchouva, même les tsadikim parfaits ne peuvent se tenir".]

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-> Le Bat Ayin explique que Moché fit le raisonnement suivant :
Puisqu'il avait failli par sa parole en traitant les Bné Israël, le peuple saint, de "rebelles", désormais sa parole ne possédait plus la force de faire sortir l'eau du rocher ; c'est la raison pour laquelle il ne parla pas au rocher, mais le frappa.
Il y avait néanmoins une faille dans son raisonnement : c'est qu'il ne crut pas que, grâce à une pensée de repentir, il était possible d'effacer entièrement le défaut qui avait été entraîné.
Hachem le réprimanda alors en lui disant : "Tu aurais dû Me sanctifier et avoir confiance que J'accepte les repentants. Or, tu t'es repenti et, immédiatement après cette faute par la parole, tu es revenu à Moi d'un coeur contrit et brisé. J'ai sur le champ accepté ton repentir. Tu aurais donc dû te renforcer dans l'attribut de bonté, comprendre que ce défaut a été complètement réparé et continuer à penser que l'eau (qui évoque au sens ésotérique l'attribut de bonté) pouvait jaillir par ta simple parole".

-> Le rav Elmélé'h Biderman poursuit :
Certes, nous n'avons aucune notion de ce que sont des niveaux aussi élevés ; cependant, cela nous enseigne que même dans la situation la plus misérable où un homme peut se trouver, la porte est encore toujours ouverte et que s'il se repent, il est immédiatement accueilli avec amour et miséricorde par le Créateur.

C'est suivant cette idée que certains Tsadikim résolvent une contradiction apparente :
En effet, Rachi explique :
- au début de notre paracha ('Houkat), la raison pour laquelle la Torah qualifie la mitsva de la vache rouge de 'hok (חוק - commandement sans raison accessible par l'esprit de l'homme) : "Parce que le Satan et les nations harcèlent les Bné Israël en leur disant : "En quoi consiste cette mitsva et quel est son sens?" C'est pourquoi la Torah écrit : c'est Mon décret (חוק), et tu n'as pas le droit de le contester".
- à priori cela semble contredire ce que Rachi rapporte par la suite : la raison de cette mitsva : "La vache rouge vient expier la faute du veau d'or".

L'explication est la suivante : le yétser ara trompe l'homme et le pousse à réfléchir à cette mitsva et à sa raison : l'expiation de la faute du veau d'or. Car le fait que l’homme réfléchisse à ses échecs le décourage totalement de revenir vers Hachem.
C'est pourquoi Hachem ordonne : c'est Mon décret, et tu n'as pas le droit de le contester = Il ne t'incombe que d'une chose : d’utiliser la force du repentir (téchouva), sans te demander si elle te sera profitable ou non.
L'homme doit oublier (à ce stade) toutes ses fautes et tous ses échecs et doit être convaincu que son repentir sera agréé par Hachem en toute circonstance et pour n'importe quelle faute.

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-> On peut apporter une autre explication sur cette contradiction apparente : la mitsva de la vache rousse est un décret sans raison, et à la fois la raison est "que vienne la mère (vache rousse) essuyer les excréments de son fils (le veau d'or) :
Le Yichma'h Israël rapporte l'explication de Rabbi Its'hak : la faute du veau d'or émanait en réalité d'un manque de émouna.
Les Bné Israël à ce moment (du veau d'or) cherchèrent en effet à comprendre rationnellement ce qui se passait, comme ils s'exprimèrent alors : "Car Moché, cet homme qui nous a fait monter d'Egypte, nous ne savons pas ce qu'il est devenu". (Ki Tissa 32,1)

En effet, quelle différence cela faisait-il, en effet, de savoir ou non ce qui était advenu de Moché? Ils auraient dû à ce moment continuer à suivre Hachem avec intégrité et sans calcul.
C'est pourquoi la réparation de cette faute consista justement à se renforcer dans leur foi sans chercher à comprendre et c'est à cette fin qu'Hachem leur ordonna une loi sans raison apparente (vache rousse) afin qu'ils l'accomplissent uniquement grâce à la force de leur émouna. Grâce à cela, ils expieraient le manque de émouna qui les avait conduits à la faute du veau d'or.

D'après cela, il n'y a aucune contradiction (entre le fait de dire que la mitsva de la vache rousse est sans raison et l'explication qu’en donne Rachi (rapportant rabbi Moché haDarchane) selon laquelle la mère vient nettoyer les excréments de son fils), car cela signifie que la raison de la vache rousse est justement qu'il n'y a pas de raison (afin que l'homme qui l'accomplit se renforce dans sa émouna).

[on voit ici que lorsque l'on cherche à tout comprendre rationnellement, lorsque l'on s'inquiète du futur, alors on ouvre la porte à des fautes (sur le schéma du veau d'or), mais lorsque nous avons des choses qui dépassent notre compréhension, plutôt que de paniquer (comment moi JE peux ne pas maîtriser, comprendre!), alors c'est là que nous devons mettre en pratique notre émouna (c'est un décret d'Hachem pour notre bien, à l'image du décret de la vache rousse).]

"Voici la Loi de l'homme qui meurt dans la tente" ('Houkat 19,14)

-> Le Avodat Israël commente :
"Il semble que l'on peut expliquer [ce verset] grâce à l'enseignement (guémara Béra'hot 63b) qui affirme que : "La Torah ne se maintient que chez celui qui se tue lui-même pour elle'', à savoir chez celui qui tue son ''soi-même'', et qui est convaincu dès lors, que tout provient d'Hachem, et que c'est Lui qui donne la force de réussir, l’intelligence et la compréhension nécessaires pour Le servir.
C'est ce que le verset vient suggérer par les termes "l’homme qui meurt dans la tente" = l'homme qui n'attribue rien de ce qui arrive dans ce monde à la force humaine, mais qui sait que tout vient d'Hachem, un tel homme se trouve dans la tente d'Hachem".
[plus on tue de notre égo, plus on laisse de la place en nous pour que Hachien vienne y résider! ]

-> Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Entre parenthèses, on peut voir dans les termes de la guémara rapportée plus haut ("qui se tue lui-même") une autre allusion : c'est seulement lui-même qu'il doit tuer, en s'abstenant de penser à lui-même ; en revanche, son cœur doit toujours être en éveil pour prodiguer du bien à autrui de toutes les manières possibles.

"Puisque vous n'avez pas eu confiance en Moi pour Me sanctifier aux yeux du peuple" ('Houkat 20,12)

-> Moché a reçu l'ordre de parler au rocher pour qu'll fasse sortir de l'eau. Sous le coup de l'emportement, il frappa le rocher au lieu de lui parler ; Hachem lui reprocha d'avoir manqué une occasion de sanctifier Son Nom.
Seulement, on peut s'interroger. Le peuple s'était déjà rendu compte à maintes occasions de la Grandeur d'Hacher et ils étaient bien convaincus que tous les miracles qu'ils ont vécus depuis 40 ans viennent d'Hachem. Ainsi, il est clair que quand l'eau sortit, le peuple avait évidemment compris que ce miracle venait d'Hachem.
=> En quoi le fait d'avoir frappé le rocher a-t-il donc représenté un manque de sanctification du Nom d'Hachem? En effet, tout le peuple avait bien-sûr compris que ce miracle venait d'Hachem.

Cependant cette conscience-là leur venait de leur perception intellectuelle. Seulement, au niveau du ressenti du corps, leurs yeux ont vu que Moché frappa le rocher et l'eau sortit. Cela laissa une trace au niveau de la sensibilité du corps que c'est le geste de Moché qui a entrainé que l'eau est sortie.
En effet, le corps est impressionné par ce qu'il perçoit par ses sens, même si cela s'oppose à ce qu'il perçoit par son esprit de façon évidente. Contrairement à l'intellect, le ressenti du corps n'est pas raisonné. Si le corps perçoit par ses sens une situation qui va à l'encontre de ses croyances, il en viendra à ressentir des sensations qui s'opposeront à ses convictions profondes.
C'est pourquoi, quand le peuple vit Moché frapper le rocher, leur corps reçut l'impression que c'est Moché qui a fait sortir l'eau. Et même s'ils savaient de façon claire par leur esprit que c'est Hachem qui a réalisé ce miracle, malgré tout le corps capta une impression qui eut la force d'atténuer leur foi, ce qui a manqué de sanctifier le Nom Divin.

=> On apprend de là qu'il n'est pas suffisant de s'appuyer et de compter sur ses convictions. Le comportement, ainsi que ce que l'on perçoit, que l'on voit, entend, ... doivent aussi aller dans le sens de ses croyances, car sinon malgré soi, le corps recevra un impact émotionnel qui affaiblira ses convictions. Il faut se garder de tomber dans le piège de dire : "J'ai la foi dans le cœur, c'est l'essentiel, même si je ne suis pas pratiquant", car les actes ont bien la force de marquer le ressenti, bien plus que ce que l'esprit comprend et croit intellectuellement.
[rav Mikaël Mouyal]

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[naturellement nous sommes influencés par l'environnement dans lequel nous vivons, et en ce sens nous avons une vision des événements qui est celle de la société, et non d'après la Torah. Ainsi, nous devons travailler notre vision des choses, et autant que possible y voir Hachem derrière, avec de la gratitude, de la confiance, ...
En effet, il ne suffit pas d'intellectualiser de belles leçons sur la Présence d'Hachem (émouna, ...), mais il faut également le voir, le vivre, ... Chaque petit acte, témoigne de Sa présence totale et permanente, et nous renforce, nous attache, petit à petit avec Hachem.
C'est la seule façon de vivre concrètement juif, car même avec les plus belles pensées dans notre tête cela ne restera que potentiel, que intellectualité, que théorique, et non ressenti dans les profondeurs de notre être. ]

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+ L'importance de l'exemplarité :

Moché frappa le rocher au lieu de lui parler. L’eau coula, mais D. dit à Moché que pour cette erreur, ni lui, ni Aharon n’entreraient en Israël, chamboulant ainsi tout le programme original qui devait mener au dévoilement du Machia’h.
=> Quelle fut donc la faute de Moché pour mériter une punition si grave?

-> Le Beit Yossef (rabbi Yossef Karo reçut, pendant une longue période, le dévoilement d’un ange (le Maguid) qui lui révéla les secrets de la Torah. Ceux-ci furent compilés dans le livre Maguid Mécharim.
Dans un passage se rapportant à notre paracha ('Houkat), le Maguid explique que le nombre impressionnant d’avis et d’opinions expliquant précisément la faute de Moché, prouve que l’accusation fut très pointilleuse. La faute était donc très minime mais Hachem fit preuve d’une grande intransigeance.

-> Le Ramban (v.20,8) explique que les Bné Israël levaient en permanence leurs yeux vers Moché pour apprendre de chacune de ses actions. Lorsqu’ils réclamèrent de l’eau, Moché s’énerva contre eux en les traitant de rebelles. Non seulement cela n’avait pas lieu d’être, mais encore, de par son rang de Chef du peuple juif, relevait de la profanation du Nom de D.
C’est ainsi que les Bné Israël apprirent que la colère n’était finalement pas si grave. Ce qui est bien sûr tout le contraire de la vérité puisque nos Sages enseignent que "celui qui se met en colère est considéré comme s’il servait une idolâtrie" (voir guémara Shabbath 105b).
Ainsi, celui qui sert d’exemple à d’autres doit-il donc s’efforcer de vérifier chaque parole ou chaque mouvement avant de s’exprimer.

-> Ceci est évidemment valable pour les les personnes influentes comme les dirigeants
communautaires ou les enseignants, mais s’applique aussi à chaque parent, qui sert de boussole et de repère à leurs enfants.
[en réalité, cela s'applique également à nous tous, car fréquemment autrui nous regarde pour prendre exemple (ex: si je parle à la synagogue, alors autrui peut se dire si lui parle alors pourquoi pas moi, c'est que c'est autorisé, justifié! Et inversement, si je viens à l'heure aux prières quotidienne/à une cours de Torah, autrui peut se dire si lui qui a mon âge (voir moins) vient à l'heure, alors pourquoi pas moi? )
Nous ne vivons pas dans un monde isolé, mais au contraire chacun de nos actes, paroles, sourire, ... influence autrui, et dans le monde à Venir nous verrons les répercutions que cela a pu avoir (décuplé par des effets domino!).]

[Mais poursuivons dans le cas des parents avec leurs enfants : ]
"L’exemple modèle" est la meilleure façon de transmettre à ses enfants l’éducation et les valeurs chères à nos yeux. Mais il y a un second côté à la pièce : les mauvaises actions et mauvais comportements sont aussi scrutés et assimilés par nos enfants. [quasiment rien n'échappe aux yeux de nos enfants, qui l'utiliseront pour se construire en bien ou mal ]
On raconte qu’un père alla prier avec son enfant chez le ‘Hazon Ich. L’enfant dérangea le cours de la prière et le père le réprimanda sèchement par une colère appuyée.
En terminant, le Rav appela le père et lui confia: "Tu as donné deux enseignements à ton fils qui le suivront toute sa vie : qu’il est interdit de parler pendant la prière, et qu’il est permis de s’énerver. J’ai un doute s’il a assimilé le premier, mais le second l’accompagnera longtemps!"

"Prends Aharon et son fils El'azar et fais-leur gravir le mont Hor. Dépouille Aharon de son costume et revêts-en son fils El'azar. Aharon rejoindra [ses ancêtres] et mourra là-bas" ('Houkat 20,25-26)

-> Le Méam Loez enseigne :
Hachem ordonna à Moché de faire monter Aharon au sommet du mont Hor, vêtu des 8 vêtements de prêtrise.
Une fois arrivés, il devait lui ôter ses vêtements dans l'ordre où ils avaient été passés.
Par exemple, la tunique portée à même la peau devait être enlevée la première et ainsi de suite.
De plus, au fur et à mesure que ses vêtements de grand prêtre (Cohen Gadol) étaient retirés, son fils El'azar devait les porter.
Ainsi, Aharon aurait la satisfaction de voir El'azar porter les habits de Cohen Gadol en tant que son successeur.

Selon nos Sages, le fait que les vêtements fussent ôtées de cette façon représentait un grand miracle.
Théoriquement, il n'était pas possible d'enlever la tunique intérieure sans commencer par ôter la ceinture qui soutenait le pectoral et l'éphod. Pourtant, c'est ce qui se produisit.
Ainsi, alors que El'azar revêtait les 8 vêtements dans l'ordre où Aharon les avait mis, il ne fut pas nécessaire de dévêtir entièrement Aharon.
[...]

Un commentateur remarque qu'Aharon n'eut pas besoin de revêtir ses habits sacerdotaux pour cette occasion car il les avait déjà mis ce jour-là pour accomplir le service sacré.
Dès qu'il termina d'offrir le sacrifice quotidien avec l'encens et d'allumer la ménora, Moché l'emmena, encore vêtu de ses vêtements sacerdotaux, aux sommets de la montagne.
Là, Moché les lui ôta et les passa à El'azar.

Pendant que Moché retirait à Aharon ses vêtements l'un après l'autre, D. l'habillait d'un vêtement spirituel venant des "habits" de la Présence Divine (chékhina).
Ainsi, il ne fut privé d'aucun des habits de prêtrise.

[Lorsque Moché apprit la mort prochaine d'Aharon,] il s'exclama : "Maître du monde! Pourquoi désires-Tu sa mort si rapidement? Est-ce à cause de Ton serment qu'il n'entrerait pas en terre d'Israël? Qu'il reste dans le territoire qui sera donné en héritage aux descendants de Gad et Réouven, hors de la terre d'Israël. Les Bné Israël entreront au pays sans lui. Il n'est pas nécessaire de causer sa mort."
D. lui répondit : "Sache que cela est impossible. La terre d'Israël dont Je fais présent aux Bné Israël est conditionnelle à la mort d'Aharon. Si tu ne veux pas qu'Aharon meure, les Bné Israël n'entreront pas en terre d'Israël".
[...]

Lorsque tous trois (Moché, Aharon, El'azar) parvinrent au sommet de la montagne [Hor], Moché commença à dévêtir Aharon.
Il lui demanda : "Aharon, mon frère, que vois-tu?"
Aharon répondit : "Je ne vois rien d'autre que les Nuées de gloire".
Moché dit : "Entre dans cette grotte, mon frère".
Lorsque Aharon y pénétra, il vit un lit préparé, auprès duquel se trouvait un candélabre à 7 branches.
Aucun tsadik ne mérita un tel privilège.

Cependant, la Torah avait déjà fait allusion à cette distinction par les mots : "Lorsque tu allumeras les lampes, les 7 lampes illumineront la ménora" (Béaaloté'ha 8,2).
Hachem faisait savoir à Aharon que pour le récompenser d'avoir accompli le commandement d'allumer la ménora dans le Michkan, 7 lampes seraient allumées à sa mort.

Moché pria Aharon de s'allonger sur le lit, d'allonger les bras et les jambes puis de fermer la bouche et les yeux. Aharon s'exécuta.
Moché demanda : "Que sens-tu?"
Aharon répondit qu'il ne pouvait pas décrire la sensation du moment de la mort mais qu'un instant plus tôt, il avait perçu un goût indescriptible. C'est alors que la Présence Divine emporta l'âme d'Aharon par un baiser, et la colonne de nuée le couvrit.

Après que Moché et El'azar aient embrassé Aharon, D. leur ordonna de quitter la grotte. Lorsqu'ils furent sortis, l'entrée de la grotte se referma.
Après avoir vu la mort d'Aharon, Moché pria : "Puisse-t-il être Ta volonté que ma mort soit semblable à la sienne!"
Lorsque vint le moment où Moché devait quitter ce monde, D. lui dit : "Meurs sur la montagne que tu as gravis et sois réuni à ton peuple, comme ton frère Aharon mourut sur le mont Hor et fut réuni à son peuple" (Haazinou 32,50).
D. annonça à Moché que comme il l'avait demandé, sa mort serait identique à celle d'Aharon.

Après la fermeture définitive de la grotte, Moché descendit de la montagne avec El'azar, pratiqua une déchirure sur son vêtement et se lamenta : "Malheur! Oh! Aharon, mon frère! Toi qui portes toutes les prières des Bné Israël en ce jour où par ta mort tu fais expiation pour eux! Malheur! Ce protecteur d'Israël n'est plus!"

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"Moché fit comme D. le lui avait ordonné. [Tous trois] gravirent le mont Hor en présence de toute la communauté. Moché dépouilla Aharon de son costume et en revêtit son fils El'azar.
Aharon mourut là, au sommet de la montagne.
Moché et El'azar descendirent de la montagne. Le peuple se rendit compte qu'Aharon était mort. Toute la famille d'Israël pleura Aharon pendant 30 jours" ('Houkat 20,27-29)

-> Le Méam Loez commente :
Lorsque les Bné Israël virent que seuls 2 des 3 hommes qui avaient gravi la montagne revenaient, ils émirent 3 opinions.
Un groupe affirmait que Moché avait tué son frère pour s'approprier la prêtrise, le 2e qu'El'azar avait assassiné son père pour prendre sa place, et le 3e que le moment de la mort d'Aharon était venu.
Ils interrogèrent Moché et El'azar à leur retour et ceux-ci leur répondirent qu'Aharon était mort.
Ils leur demandèrent comment cela était possible alors qu'après la révolte de Kora'h, Aharon avaient vaincu l'Ange de la mort et arrêté l'épidémie. Ils s'exclamèrent : "Comment l'Ange de la mort avait-il pu abattre Aharon alors qu'il s'était interposé entre les morts et les vivants et avait mis fin à l'épidémie" (Kora'h 17,13).

Les Bné Israël menacèrent donc de lapider Moché et El'azar s'ils ne leur rendaient pas Aharon.
Consterné, peiné et perplexe, Moché implora D. et sa prière fut acceptée.
Hachem ordonna aux anges de sortir le corps d'Aharon et de l'exhiber en l'air afin que les Bné Israël le voient et cessent d'accuser Moché et El'azar.

Les anges exécutèrent l'ordre de D. : le lit portant le corps d'Aharon fut suspendu en l'air. Hachem passa devant et fit son éloge funèbre : "La Torah de vérité était dans sa bouche et on ne trouvait pas d'iniquité sur ses lèvres. Il marchait avec Moi en paix et avec intégrité, et il détourna de nombreuses personnes de la faute" (Mala'hi 2,6).
[...]

Lorsque les Bné Israël entendirent l'éloge funèbre de D. et les anges, ils se mirent eux aussi à prononcer l'éloge d'Aharon, jeunes et vieux, hommes et femmes.
Une période de deuil profond s'ensuivit ; elle dura 30 jours.

Le deuil général qui s'ensuivit ne fut jamais égalé.
Lorsque Myriam était morte, seuls Moché et Aharon prirent le deuil. Moché lui-même ne fut pas pleuré par tous les Bné Israël car beaucoup d'entre eux avaient des griefs contre lui à cause des fréquents reproches qu'il leur avait adressés.
Par contre, tout le monde aimait Aharon. Ses paroles étaient toujours aimables et conciliantes. Même lorsqu'un homme péchait, il ne l'accusait jamais brutalement d'être un fauteur. Il s'adressait à lui avec respect et lui disait : "Mon fils, je t'en prie, n'agis plus comme cela car c'est contraire à la volonté de D."
Chaque fois qu'il voyait un homme se disputer avec son épouse, il ne les quittait pas avant d'avoir rétabli la paix entre eux. Pas un seul Bné Israël ne l'aimait pas.

La leçon du rocher : rien de mal ne peut sortir d’une mitsva

+ La leçon du rocher : rien de mal ne peut sortir d'une mitsva :

-> Dans la paracha 'Houkat, le peuple d'Israël a soif. Hachem recommande à Moché de parler à un rocher après quoi il en sortira de l'eau. Moché frappe le rocher au lieu de lui parler. Certes l'eau sort, mais Hachem punit Moché pour ne pas avoir respecté l'ordre de parler.
Hachem lui dit : "Parce que vous (Moché et Aharon) n'avez pas eu confiance en Moi pour Me sanctifier aux yeux des enfants d'Israël, c'est pourquoi vous ne ferez pas entrer cette assemblée dans la terre que Je leur donne" ('Houkat 8,12).

=> C'est étonnant : à priori Moché a certes désobéi et n'a pas respecté l'ordre de parler, mais où y a-t-il eu un manque de confiance en Hachem? Quel est le lien entre la confiance et la sanctification du Nom Divin ?
Quelle était exactement la faute? Et pourquoi Moché n'a-t-il pas parlé au rocher et l'a-t-il frappé?

Pour expliquer tout cela, rapportons un midrach qui dit qu'Hachem a spécifié un certain rocher devant lequel il devait parler. Ce devait être ce rocher et non un autre.
De plus, toute la raison pour laquelle Hachem réalise des miracles, c'est pour que l'on reconnaisse Sa Grandeur et Sa Toute-Puissance de sorte que Son Nom soit sanctifié.
Le midrach ajoute que les juifs ont commencé à dire : "Moché connaît le secret de ce rocher-là. S'il souhaite nous montrer un vrai miracle, qu'il sorte de l'eau de cet autre rocher!"
Moché se trouva alors dans un véritable dilemme. S'il suit le peuple et qu'il parle à un autre rocher qui sortira de l'eau, certes cela conviendrait au peuple et le miracle sera accepté par tous. Le Nom Divin pourra donc être sanctifié. Seulement, d'un autre côté, par cela il contreviendrait à la Parole Divine qui lui a spécifié un certain rocher explicitement.
Et s'il parle au rocher désigné par Hachem, il respecterait ainsi l'ordre reçu, mais il en ressortirait une certaine profanation du Grand Nom, car le miracle ne sera pas accepté.
=> Moché se trouvait donc dans un doute énorme. Il ne savait pas vraiment quoi faire, quel chemin choisir. Il voulait bien-sûr obéir à l'Ordre d'Hachem. Mais il craignait que la glorification du Nom Divin, qui est l'objectif de tout miracle, ne soit pas obtenu. Le peuple risquait de dire qu'il n'y a là aucun miracle et que Moché connaissait simplement le secret de ce rocher.
Ainsi, Moché cherchait éperdument à trouver une solution pour que le Nom d'Hachem soit malgré tout sanctifié.
[de plus selon le midrach, il y avait un miracle et chaque Bné Israël avait une vision identique en étant au 1er rang du rocher. Moché le savait et son choix avait donc un impact important sur chaque juif!]

Et finalement, la volonté de Moché de révéler le miracle et de grandir le Nom du Créateur prit le dessus. Il se mit à parler au rocher désigné par le peuple, estimant qu'en s'écartant légèrement de l'ordre d'Hachem, cela révélerait encore plus Sa Grandeur, en faisant taire les fausses rumeurs du peuple.
De ce fait, Moché s'approcha du rocher choisi par le peuple et commença par lui parler. Mais alors, l'eau ne sortit pas, car finalement ce n'était pas le bon rocher. Voyant que sa parole n'aboutissait pas, il en vint à frapper le rocher à 2 reprises et finalement, malgré tout, l'eau finit par sortir.
Mais d'après tout cela, Moché avait de pures intentions. Il ne souhaitait que sanctifier le Nom Divin. Ce qu'il craignait le plus, c'est que le peuple ne reconnaisse pas le miracle.
=> De ce fait, pourquoi fut-il puni? Où était l'erreur? Fallait-il qu'il s'adresse au ''bon'' rocher au prix de sacrifier la valeur du miracle et ses conséquences?

La solution à ce problème se trouve dans un midrach qui dit que quand l'eau sortit du rocher que Moché a frappé, alors tous les rochers du désert se fendirent et sortirent de l'eau. Il est même rapporté que les petites pierres aussi donnèrent de l'eau.
Il ressort de cela que malgré toute sa bonne volonté, le calcul de Moché était erroné. Car même si Moché avait suivi scrupuleusement l'ordre Divin et qu'il avait parlé au ''bon'' rocher, alors là aussi le Nom Divin aurait été sanctifié comme il le fallait. Car tout le peuple aurait constaté que tous les rochers sortirent de l'eau, et parmi eux, le rocher qu'ils souhaitaient aussi en aurait fait parti.
Dès lors, même en suivant l'ordre reçu, le Nom Divin aurait été sanctifié, et le calcul de Moché contenait donc une erreur. Car, en ''désobéissant'', même s'il cherchait à bien faire, malgré tout cela a entraîné encore moins de Gloire pour Hachem, puisque le miracle a été finalement diminué dans le sens où Moché fut contraint de frapper le rocher, et ce à 2 reprises.
Alors que s'il avait suivi l'ordre, l'eau serait sorti par sa simple parole, et même de tous les rochers du désert!

Mais on peut néanmoins s'interroger. Moché voulait bien faire, et comment pouvait-il à l'avance savoir que tous les rochers allaient sortir de l'eau et que le miracle finirait par être reconnu.
Au stade où Moché se trouvait, dans le présent, Moché ne pouvait pas savoir ce qui allait se passer, comment comprendre qu'il fut puni pour ne pas avoir considéré un élément du futur qu'il ignorait à l'avance?
=> C'est précisément pour cette raison que dans la réprimande qu'Hachem lui fit, Il lui reprocha le manque de confiance, et pas d'avoir désobéi. Car puisqu'il reçut un Ordre explicite d'Hachem, il aurait dû croire et avoir confiance, que d'une mitsva et du respect d'un Commandement Divin, rien de mal ne peut sortir.
Et même au contraire, il ne peut en sortir qu'une sanctification du Nom Divin.
Et puisque Moché ne désirait que sanctifier le Saint Nom, il aurait dû reconnaître qu'aucune profanation ne pourrait sortir du respect d'une mitsva. Cela est absolument impossible
C'est plutôt en déviant de l'ordre reçu, même avec de bonnes intentions, que l'on diminue Sa Gloire. C'est cela la confiance qui lui manquait. Il devait avoir confiance que, même si la logique prouvait le contraire, malgré tout la réalité est qu'en respectant l'ordre d'Hachem il y aura forcément une sanctification du Nom.
C'est pourquoi, Hachem lui dit : "Vous n'avez pas eu confiance en Moi pour Me sanctifier" = C'est à dire que même si toute son intention n'était que de ''Me sanctifier'', l'erreur était de ne pas avoir assez ''eu confiance'' que d'un Ordre d'Hachem sortira forcément une sanctification du Nom Divin.

Et même si toutes les considérations logiques allaient dans le sens contraire, prônant que c'est en s'écartant un peu de l'ordre que l'on glorifiera encore plus le Nom d'Hachem, malgré tout la confiance commence là où la logique s'arrête.
Et Moché aurait dû s'armer de cette confiance simple que rien de mal ne peut sortir d'une mitsva. Bien plus, l'essentiel de la sanctification du Nom d'Hachem ne peut venir que de par l'accomplissement des mitsvot, et de rien d'autre.
Il en ressort que l'homme ne doit pas s'écarter des moindres détails dans la pratique des mitsvot, et ce, peu importe le calcul que l'on
peut avoir. Car c'est le seul chemin pour réussir.
Mais pour y arriver, il faut renforcer sa foi et sa confiance dans ce grand principe qu'aucun mal ne peut venir de l'accomplissement des Mitsvot.
[Basé sur le Madrégat Haadam]

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=> évidemment qu'il nous est inconcevable de penser juger les actions de Moché, qui sont très au-delà de notre perception, mais nous apprenons de là l'importance de se renforcer dans l'idée qu'en réalisant la volonté d'Hachem nous ne perdons jamais, au contraire.
Nous devons accomplir les mitsvot avec beaucoup de joie et de fierté, car elles ne font qu'apporter énormément de positivités!

"Aharon sera rassemblé à ses peuples" ('Houkat 20,24)

-> Le Alcheikh haKadoch dit qu'il convient de remarquer la signification de l’expression : "être rassemblé à ses peuples".
De quels peuples s’agit-il?

C’est indiscutablement ce que dit le Zohar à propos de Rabbi Its'hak.
Quand le temps est venu de quitter ce monde, nos Sages ont enseigné qu’il se produit un éveil en haut et que tous les proches de la personne, sa famille et son entourage, viennent l’accueillir.
Quand quelqu’un n’a pas de faute susceptible de le retarder pour arriver là où il doit aller, il les suit immédiatement, et ils se réjouissent avec lui devant D.

C’est à ce propos qu’il est dit "être rassemblé à ses peuples" = on est rassemblé à ceux qui viennent vous accueillir, et qui s’appellent vos "peuples", à cause de la relation de proximité qu’ils ont avec vous.

"Notre âme est excédée de ce pain léger" ('Houkat 21,5)

Comment comprendre ces paroles négatives dites par les Bné Israël sur la manne? Surtout qu'ils se sont exprimés ainsi après 40 ans [dans le désert nourris de cette façon sublime].

En fait, la manne était une nourriture hautement spirituelle. Elle convenait parfaitement à des personnes très élevées comme la génération de la sortie d'Egypte (dor déa), qui ont reçu la Torah, et qui étaient tous des prophètes.
Mais à présent, nous sommes face à la nouvelle génération, moins élevée, qui est destinée à entrer en Terre Sainte et se confronter avec la matérialité et la nature. Cette génération ne se sentait pas au niveau de consommer cette manne. C'est pourquoi, ils la critiquèrent.
[selon Abarbanel, ils disaient que la manne est un aliment spirituel qui convient à la vie spirituelle dans le désert, mais elle ne pourra assumer leurs besoins pour les durs travaux agricoles qu'ils devront dorénavant accomplir une fois en Israël.]

Mais malgré tout, Hachem leur donna à eux aussi cette manne. Car, s'ils avaient su accepter leur situation avec joie, sans se plaindre, alors la difficulté aurait été dépassée.
Parfois, face à une épreuve, l'homme se plaint, pensant ne pas pouvoir la surmonter. Mais, c'est en acceptant malgré tout la décision Divine avec joie, que la dureté s’adoucit, et alors on trouve en soi les forces de la surmonter.
['Hidouché haRim]

[on apprend une leçon fondamentale : lorsque nous traversons des moments difficiles, nous devons accepter avec joie et sans se plaindre (certes je ne comprends pas mais cela vient d'Hachem pour mon bien ultime!).
Grâce à une telle attitude (bita'hon), qui va à l'encontre de la naturalité, nous avons le mérite qui donne la possibilité à Hachem de nous adoucir notre vie et nous combler de bénédictions.
Ainsi, une difficulté devient une source énorme de bienfaits lorsque nous surmontons notre instinct et que nous proclamons que c'est notre papa Hachem qui est aux manœuvres derrière.]

"Le Cananéen, roi de Arad, habitant du Sud, entendit qu'Israël était venu par le chemin des explorateurs (déré'h aatarim), et il fit la guerre contre Israël" ('Houkat 21,1)

-> Rachi commente :
Il entendit que Aharon était mort et que les nuées de gloire avaient disparu ..., comme indiqué dans la guémara (Roch hachana 3a). Et Amalek a toujours été la cravache servant à punir Israël, prête à sévir à tout moment.
[...]
L'assaillant était bien Amalek, mais il voulait empêcher le peuple juif de le désigner par son véritable nom dans leurs prières adressées à D. pour solliciter Son aide.
Ainsi, pour les tromper, Amalek a ordonné à ses troupes de parler la langue cananéenne tout en gardant leurs habits traditionnels.
Désemparés à la vue d'un ennemi habillé comme Amalek mais parlant la langue de Canaan, les juifs ont simplement imploré D. de les soutenir contre "ce peuple" (v.21,2), et ils l'ont vaincu.

-> On a vu, selon Rachi, que Amalek est comme rodant en permanence autour du peuple juif attendant que ce dernier faiblisse spirituellement pour avoir le droit de l'attaquer.
Cependant lors de notre épisode, la Torah ne nous indique pas qu'il y a eu une telle faiblesse.
=> Pourquoi Amalek nous a-t-il attaqué?

Rachi explique le peuple juif était en train de marcher sur le chemin "emprunté par les explorateurs".
Rav 'Haim Yaakov Goldvicht (Achoufat maara'hot) enseigne que d'après nos Sages, celui qui se trouve à un endroit où se sont trouvés des réchaïm auparavant, sera influencé négativement par l’impact négatif qu'ils auront laissé dans ce lieu.
De sorte, quand les juifs ont emprunté le chemin des explorateurs, il est sûr qu’ils ont été touchés par leur impact négatif et ont été fragilisés spirituellement.
C'est ainsi que Amalek est venu les combattre, suite à cette affaiblissement.

"Voici la loi de la Torah que Hachem a ordonnée en ces termes : Parle aux Bné Israël et ils prendront pour toi une vache rousse (para adouma), parfaite, sans aucun défaut, et qui n'a pas encore porté un joug" ('Houkat 19,2)

-> Le rav Yaakov Kaminetsky explique que la mitsva de la vache rousse consistait à servir Hachem même sans en comprendre la raison : en effet, cette vache rousse avait la particularité de purifier celui qui était impur, et de rendre impur celui qui était pur.

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 397) dit à ce sujet : "Bien que j'ai écrit des explications pour toutes les mitsvot, en ce qui concerne la vache rousse je n'ose pas "ouvrir la bouche", car elle est très profonde et même le roi Chlomo dit à son sujet : "Je pensais la comprendre mais elle s'est tenue loin de moi" (Kohélét 7,23)."

-> Rachi sur Béchala'h (15,25) et Michpatim (24,3) écrit : "A Mara, Il leur a donné à étudier quelques-unes des sections de la Torah, celles concernant le Shabbath, la vache rousse, le respect des parents et les tribunaux".
=> Nous comprenons facilement que Hachem donna aux Bné Israël, avant qu'ils ne reçoivent la Torah, les mitsvot de Shabbath et du respect des parents, car Il voulait qu'ils se préparent à les accomplir, mais quel intérêt représentait la mitsva de la vache rousse qu'il était encore impossible de réaliser? En effet, pour cela, il fallait attendre de construire le sanctuaire (Michkan)".

Le rav Yaakov Kaminetsky répond : Hachem voulait qu'ils se préparent à recevoir la Torah en l'étudiant, c'est pourquoi il avait choisi précisément la mitsva de la vache rousse, d'où nous apprenons qu'il ne nous est pas demandé de réaliser les commandements de Hachem parce que nous les comprenons et qu'ils nous paraissent rationnels, mais au contraire, qu'il s'agit d'une ordonnance sans aucune logique, que nous accomplissons car tel est le décret de Hachem.
=> En ce sens, la para adouma est une réelle préparation à recevoir toutes les mitsvot de la Torah. Car elle dépasse notre intelligence et notre compréhension, et doit être accomplie parce qu'ainsi nous l'a ordonné notre Créateur.

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+ Le respect des lois irrationnelles, générateur de foi en D.

-> "Voici la loi de la Torah" (zot 'houkat haTorah)
Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1192) enseigne :
Afin de nous aider à Lui rester fidèles en dépit de tous les malheurs qui dépassent notre entendement, Hachem nous a ordonné de respecter des lois irrationnelles, ayant le statut de décret ne pouvant être remis en question.
En nous habituant à observer des mitsvot que nous ne comprenons pas, nous acquérons une foi absolue en D., résistante aux soubresauts des événements dramatiques de la vie.

Dans notre paracha ('Houkat), nous pouvons lire : "Voici (zot) la règle lorsqu’il se trouve un mort dans une tente" ('Houkat 19,14) Rapprochons ce verset de celui qui ouvre cette paracha : "Ceci (zot) est un statut de la loi" ('Houkat 19,2).
Chacun d’entre nous doit savoir qu’il reçoit du Créateur les forces nécessaires pour surmonter toutes les difficultés rencontrées au cours de son existence, même les plus ardues où la mort fait intrusion dans sa tente, dans son territoire personnel.
Comment?

Par le biais de l’accomplissement des ‘houkim. En effet, celui qui s’habitue à se plier à ces lois irrationnelles sans poser de question, pour se plier à la volonté Divine, y puisera les forces de résistance à l’adversité, qu’il parviendra aussi à accepter sans remettre en doute sa foi en D.

Dans la paracha Béa'alotékha (10,35), il est écrit : "Or, lorsque l’arche partait, Moché disait : “Lève-Toi, D.! Afin que Tes ennemis soient dissipés et que Tes adversaires fuient de devant Ta face!ˮ"
Rachi commente : "Du fait que l’arche les devançait d’un chemin de 3 journées, Moché disait : “Fais halte, attends-nous et ne t’éloigne pas davantage”."
Il en ressort que l’arche précédait le camp des enfants d’Israël d’une distance de 3 jours, afin de leur indiquer le chemin.
Tentons de nous imaginer la marche de nos ancêtres dans le désert. Une colonne de nuée avançait devant eux pour leur aplanir la route, une colonne de feu en faisait de même durant la nuit pour les éclairer. De plus, ils recevaient une nourriture céleste, la manne, tandis qu’ils étaient accompagnés par un puits qui les désaltérait de ses eaux tout au long de leur traversée.

L’arche les devançait également pour leur indiquer le chemin, mais Moché l’appelait pour lui demander d’attendre les Bné Israël et ne pas s’éloigner plus qu’une distance de trois jours, afin qu’ils se sentent protégés dans sa proximité. S’il s’était éloigné davantage, ils n’auraient pas pu percevoir sa présence et se seraient sentis perdus.

Rappelons que l’arche, qui contenait les tables de la Loi, est le symbole de la Torah. En outre, tout juif détient une étincelle de l’âme de Moché. Chacun d’entre nous lance cet appel à Hachem : "Ne T’éloigne pas trop de moi, car j’ai besoin de Te sentir proche".
Hachem lui répond : "Je reste à Ma place, aussi, si tu as l’impression d’être perdu et loin de Moi, cela signifie que tu t’es éloigné."

Mais comment éprouver continuellement la proximité de Hachem?
En s’attachant à la Torah et aux mitsvot, y compris celles dépassant notre entendement.
Celui qui observe inconditionnellement l’ensemble des mitsvot sans exception méritera de ressentir une proximité continuelle d'Hachem, même lorsqu’il est confronté à des tragédies comme la mort d’un proche. Car, l’homme accoutumé à accomplir la parole Divine sans la moindre contestation ne perdra pas sa sérénité suite à la disparition soudaine et incompréhensible d’un être cher, du fait qu’il perçoit continuellement l’amour et la proximité d'Hachem.

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-> On peut prolonger cela avec les paroles de rabbi Aharon Zakaï (Torat haParacha) :
L’homme doit placer devant ses yeux le fait que l’essentiel de son service est d’être un "serviteur" du Créateur, un serviteur qui n’a rien d’autre au monde que les ordres de son Maître, et qui ne fait pas de calculs compliqués, même si ce sont des calculs pour l’honneur du Ciel, car s’il en faisait il ne serait déjà plus un esclave, mais un homme libre qui se conduit selon son bon vouloir.
C’est pourquoi dans toutes les mitsvot dont nous connaissons la raison, il se peut que même en les accomplissant dans tous leurs détails, nous ne soyons pourtant pas totalement disposés à accepter Sa souveraineté, car il se peut que nous accomplissions seulement ce que notre logique approuve.
Mais dans cette mitsva dont la raison n’a pas été révélée, et dont Hachem a dit : "J’ai édicté une loi, J’ai décrété un décret, tu n’as pas le droit de transgresser Mes décrets" (Bamidbar rabba 19,2), notre véritable service témoigne si nous sommes les esclaves du Créateur, qui accomplissons toutes les mitsvot, ou bien des serviteurs qui ne sont intéressés que par l’accomplissement de notre propre volonté.
C’est pourquoi le Satan et les nations du monde essaient de nous faire trébucher justement par cette mitsva, qui n’a pas de raison, et d’ébranler par là tout notre travail spirituel en nous faisant découvrir que nous ne servons pas Hachem mais uniquement nous-mêmes.
C’est pourquoi nous devons leur répondre : "C’est une loi et un décret devant Hachem, nous n’avons pas le droit d’en discuter, nous devons accomplir Sa volonté, même quand elle est au-delà de notre compréhension".
Il en va de même pour toutes les mitsvot : que nous en comprenions la raison ou pas, nous devons uniquement accomplir Sa volonté.