"Comme aux jours de votre sortie d'Egypte, Je vous ferai voir des merveilles" (Mi'ha 7,15)
-> Un pauvre gagne soudain 10 000 pièces d'or d'un seul coup. Naturellement, il en est très heureux. Par la suite, il en gagne encore 20 000, et il est également ravi. Mais comparé au sentiment de joie qu'il a éprouvé lorsqu'il était pauvre, son sentiment de joie actuel est insignifiant, car son premier gain l'a catapulté d'une pauvreté abjecte à une richesse fabuleuse.
Pour éprouver le même degré de plaisir que la première fois, il devrait gagner des centaines de milliers.
L'analogie : Hachem nous a délivrés d'Egypte, de l'esclavage, en accomplissant pour nous des miracles et des prodiges. Ce fut notre première expérience de ravissement.
Rapidement, si D. le veut, de nos jours, Il réalisera à nouveau des miracles et des merveilles pour nous.
Sur la base de l'analogie ci-dessus, si on la compare à notre expérience originale du plaisir, on pourrait supposer que le plaisir que nous éprouverons lors de notre Délivrance finale (guéoula) à venir ne sera pas du tout considéré comme un plaisir, puisque nous avons déjà expérimenté le plaisir intense de Délivrance d'Egypte.
Cependant, Hachem accomplira pour nous un nombre incalculable de miracles et de merveilles dans le futur, dépassant de loin le nombre de miracles qu'Il a accomplis au cours de la sortie d'Egypte ...
C'est ce qu'implique le verset "Comme à l'époque de votre sortie d'Egypte, je lui ferai voir des prodiges."
Même en comparaison avec le plaisir originel d'être délivré d'Égypte, notre expérience future du plaisir avec la Délivrance de cet exil final sera un véritable plaisir, parce que dans la Délivrance future : "Je vous ferai voir des merveilles [innombrables]".
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Pessa'h ]
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[éventuellement, cela peut être une des raisons de se rappeler quotidiennement de la sortie d'Egypte, dont la traversée de la mer Rouge, et avec beaucoup de détails lors du Séder de Pessa'h. En effet, plus on se rappelle de ces miracles, plus Hachem aura besoin de nous en faire des encore plus énormes et nombreux lors de la guéoula finale. ]
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+ Miracles et émouna :
-> Nos Sages (Mékhilta déRabbi Yichmael Béchala'h & Béra'hot 12b) disent que dans la rédemption future et finale, nous connaîtrons des miracles qui dépasseront même ceux que nous avons connus en Égypte.
Nous pourrions donc supposer que même les réchaïm se repentiront à cette époque. Cependant, le rav de Brisk a dit au rav Moché Sternbuch que ce n'est pas le cas. Il a expliqué que seuls ceux qui contemplent constamment les merveilles d'Hachem seront capables de reconnaître qu'Il est le Créateur et Celui qui accomplit les miracles, parce que le mauvais penchant agit en tandem avec les miracles, et qu'un effort est nécessaire de notre part pour le surmonter.
Même les miracles dévoilés ne sont pas une recette automatique pour la foi, s'ils ne sont pas précédés d'un niveau de foi intensifié.
Le rav Sternbuch se trouvait un jour avec le rav de Brisk lorsqu'un visiteur américain est entré et a dit : "Nous vivons dans une génération de hester panim (de dissimulation de la Présence Divine). Si seulement Hachem nous montrait des miracles ouverts, la nation entière se repentirait et deviendrait pratiquante".
Le rav de Brisk a répondu que quelqu'un qui vit sa vie conformément aux désirs de son cœur continuera à vivre ainsi même s'il est témoin de miracles (même ceux accompagnant la venue du machia'h!).
Seule une personne qui n'est pas têtue ou pleine de désirs (égo, matérialité) sera en mesure de contempler les événements correctement et de reconnaître la main d'Hachem et Ses grandes miséricordes.
C'est pourquoi nous devons nous préparer à la venue de machia'h en travaillant nos midot et en contemplant les actions d'Hachem afin d'atteindre la vraie foi.
Le rav de Brisk a ajouté que les gens pensent que lorsque machia'h viendra, tout le monde deviendra juste du jour au lendemain, mais ce n'est pas le cas. Nous devons nous préparer à la venue de machia'h en nous connectant complètement à Hachem.
Sans ce lien, il sera difficile de se dissocier entièrement des pensées hérétiques, même une fois que machia'h sera venu.
[ En ce sens, par exemple] au lieu de nous concentrer sur les miracles, nous devrions nous concentrer sur l'œuvre d'Hachem dans la nature elle-même si nous voulons atteindre la foi.
Plus nous reconnaissons les "miracles cachés" du Créateur inhérents à la "nature", et Sa Providence divine directe dans notre vie quotidienne, plus nous atteindrons une véritable émouna inébranlable.
Un jour, quelqu'un a parlé avec enthousiasme au rav de Brisk de la possibilité de faire des appels téléphoniques longue distance vers des endroits éloignés dans le monde entier (ce qui était une innovation à l'époque).
Le rav de Brisk répondit qu'il était lui-même stupéfait par le fait que cette personne se tenait devant lui et qu'il pouvait l'entendre. Ce n'était pas moins étonnant que le téléphone.
Même si les gens sont généralement plus impressionnés par les innovations, le fait d'avoir des sens (ex: voir, entendre) qui fonctionnent correctement n'est pas moins miraculeux que n'importe quelle invention moderne. [surtout qu'en se focalisant sur les innovations modernes, on renforce l'idée que l'homme est fort et n'a pas tant besoin d'Hachem. ]
Le rav de Brisk a eu la chance d'atteindre le niveau où il a vécu en réalisant concrètement que la nature n'existe pas et que tout est déterminé par le décret Divin.
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+ Bonus :
-> Il peut être intéressant de constater une similitude entre la génération de la sortie d'Egypte et celle de la guéoula. Il ne faut pas négliger l'incroyable niveau qu'elle a pu obtenir suite au processus de libération d'Egypte.
-> Prise au pied de la lettre, la déclaration de Rabbi Akiva selon laquelle "la génération du désert n'a aucune part dans le monde à Venir" est vraiment déconcertante, comme le note la guémara ( Sanhédrin 108a) elle-même immédiatement après avoir cité cette déclaration.
Selon le rabbi de Berditchev l'explication est que la génération élevée qui a quitté l'Égypte, ayant fait l'expérience des miracles d'Hachem et du don de la Torah, ne connaîtra pas de véritable nouveauté avec l'arrivée de machia'h.
Ceci est conforme à l'enseignement du Maguid de Mézéritch selon lequel "les gens de la génération du désert (celle qui a quitté l'Egypte) n'ont aucune part dans le monde à Venir, mais ils ont une part dans des mondes plus élevés que ce monde". En d'autres termes, ils sont si élevés qu'ils ne peuvent apprécier pleinement que les niveaux qui transcendent le monde à Venir.
-> Dans les mots du rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Shavouot) :
"La raison pour laquelle le peuple juif aspire à l'ère messianique n'est pas le plaisir physique anticipé, à D. ne plaise, ni la détente, ni l'abondance de luxe matériel.
La raison principale est notre désir de comprendre la grandeur d'Hachem. Dans ce monde, des efforts considérables sont nécessaires pour comprendre un minimum de Sa grandeur. Mais à l'ère messianique, nous atteindrons une compréhension infinie et illimitée.
La génération du désert avait été témoin de miracles lors de la traversée de la mer Rouge ; elle y avait vu la grandeur de D., comme l'affirment les Sages : "Une simple servante a vu à la mer Rouge ce que les prophètes Yéchayahou et Yé'hezkel n'ont pas vu" (Mékhilta - Béchala'h chira 3), et a proclamé : "Voici mon Dieu, et je le glorifierai" (Béchala'h 15,3).
Peu après, ils se sont trouvés sur le mont Sinaï, où ils ont également contemplé la grandeur illimitée de D.
La génération du désert ayant tout vu, il ne lui restait plus rien à saisir dans le monde à Venir. (Shné Lou'hot haBri sur Vaét'hanan 5,21-22).
Comme nous l'avons mentionné précédemment, la raison principale pour laquelle nous attendons et anticipons la venue de machia'h n'est pas due aux plaisirs physiques, mais plutôt pour atteindre une compréhension de la grandeur infinie de D., comme le dit le verse : "Le monde sera rempli de la connaissance de D." (Yéchayahou 11,9).
Or, lorsque quelqu'un attend une chose qu'elle désire atteindre, mais qu'elle n'a pas la moindre idée de ce qu'est cette chose, car elle ne l'a jamais atteinte auparavant, elle ne l'attend que dans une mesure limitée, dans la mesure où elle n'a jamais fait l'expérience de cette bonté.
Mais si elle a déjà fait l'expérience de ce plaisir, elle le connaît et l'attend donc avec beaucoup plus d'impatience.
Par conséquent, nous attendons et anticipons la venue de machia'h parce que nous voulons comprendre la grandeur de D., car c'est là notre plaisir premier, comme le dit le verset susmentionné : "Le monde sera rempli de la connaissance de D."
D'où vient donc que nous ayons une idée du plaisir futur que nous éprouverons à servir Hachem, pour nous permettre d'attendre et d'anticiper véritablement l'arrivée de machia'h?
C'est grâce à notre compréhension similaire de D. au mont Sinaï, lorsque la Torah a été donnée. "