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Nos étapes et tribulations font l’objet d’un calcul précis d’Hachem

+ Les étapes de l’existence et les tribulations d’un homme font l’objet d’un calcul précis d'Hachem :

"Voici l’itinéraire des Bné Israël ... Moché inscrivit leurs départs et leurs stations sur l’ordre d’Hachem ; voici donc leurs stations et leurs départs" (Massé 33,1-2)

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
La Torah est éternelle. Aucun récit d’événements ne s’y trouve gratuitement, mais tout ce qui y est consigné l’est pour toutes les générations, afin de nous enseigner les voies de la vie.
Il en est de même de cette paracha (Massé) qui vient nous apprendre le thème des tribulations de l’existence. Quels que soient les événements qu’il traverse dans sa vie, quels que soient ses pérégrinations et les changements qu’il subit, un juif peut parfois être assailli de doutes et de mauvaises pensées : "Voici ce qui m’est arrivé pour avoir voyagé à tel endroit, pour avoir rencontré un tel, pour avoir ainsi parlé! Malheur à moi! Si je ne m’étais pas déplacé jusqu’à là-bas (et de même pour les autres cas), j’aurais évité tous ces déboires!"
Il se couvre alors de reproches : "A quoi ai-je donc pensé pour faire la bêtise de me rendre à cet endroit?"

Il pourra trouver la réponse à cette question dans notre paracha de Massé (l’itinéraire).

Cher frère juif, tu te trompes, c’est l’inverse qui est vrai : parce que le Créateur désirait qu’il t’arrive telle ou telle chose, Il t’a conduit dans cette voie pour que tu te trouves à l’endroit où cette chose devait t’arriver. Ce n’est pas toi qui y es allé, mais c’est le Ciel qui t’y a conduit!

Ce qui précède nous permet d’expliquer la répétition inversée dont notre verset fait état : "Moché inscrivit leurs départs et leurs stations ... voici donc leurs stations et leurs départs".

Les Bné Israël traversèrent 42 étapes au cours desquelles ils subirent toutes sortes de tribulations plus étranges les unes que les autres.
Par exemple : à Mara, ils découvrirent des eaux amères, tandis qu’à Elime, ils trouvèrent 70 palmiers dattiers et de l’eau douce.
Au cours d’une autre étape, ils ne trouvèrent pas d’eau du tout.

Celui qui ne croit pas que la Providence Divine dirige chacun de nous pensera que c’est justement parce qu’ils allèrent dans ces endroits qu’ils se retrouvèrent dans de telles situations : parce qu’ils vinrent à Mara, ils y trouvèrent de l’eau amère, et s’ils avaient évité de s’y rendre, ils en auraient été préservés.
De même, il pensera que c’est parce qu’ils arrivèrent à Elime qu’ils méritèrent des eaux douces. Mais en réalité, il n’en est rien. Au contraire, c’est parce qu’ils devaient être confrontés à une telle situation dans un certain lieu qu’Hachem les y conduisit.

C'est le sens du verset : "Moché inscrivit".
Ici, Moché enseigna aux Bné Israël que "leurs départs", à savoir leurs tribulations (en hébreu le terme : מוציאהם peut avoir 2 sens, comme dans Yéhochoua (2,23) כל המוצאות אותם : , toutes leurs tribulations) n’étaient pas la conséquence de leurs déplacements, mais (au contraire) "leurs stations", à savoir les lieux où ils se rendirent, étaient tous "sur l’ordre d’Hachem", ce fut Hachem qui ordonna qu’ils se rendent dans de tels lieux afin qu’il leur arrive tel ou tel événement.
Et loin de nous de penser que (fin du verset) "leurs stations", les lieux, entraînèrent "leurs départs", leurs tribulations (pour cette raison, ces 2 termes sont inversés à la fin du verset).

=> Cela nous enseigne un grand principe : Hachem suscite toutes sortes de raisons, parfois étranges, afin qu’un homme se rende dans un certain lieu.
Car c’est précisément là-bas qu’il pourra accomplir la mission qu’Il lui a confiée, et remplir ainsi son rôle dans le monde.

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-> Le Sfat Emet (Massé 5646) enseigne :
"Toutes ces pérégrinations sont énumérées pour faire savoir au Peuple de D., qu’un serviteur d'Hachem ne doit pas désespérer face aux nombreux échecs qu’il peut rencontrer dans sa vie. Il devra savoir que les choses sont ainsi : tout homme a des hauts et des bas ... et cette réalité se retrouve chez chaque individu, quel qu’il soit".

Le voyage existentiel spirituel d’un juif

+ Le voyage existentiel spirituel d’un juif :

-> L’homme entre dans un nouvel état d’existence à chaque instant de ce monde. Chaque instant offre une autre opportunité de développement spirituel. La véritable teneur spirituelle de chaque moment de vie ne sera révélée qu’a posteriori, à titre posthume, après avoir quitté ce monde. La mort scelle la situation spirituelle à laquelle la personne est parvenue, et cet état final existera pour l’éternité dans l’autre monde.

Le terme "métsiout" (מציאות - existence, réalité), est dérivé de "yétsia" (יציאה - une sortie), faisant allusion à la transformation continue de la vie, du potentiel au réel.
Le voyage existentiel, qui implique de voyager d’un endroit ou d’un niveau à l’autre, consiste à vivre sa vie dans un état continu de révélation. Cela transparaît dans les 42 étapes au cours des 40 années de pérégrinations du peuple juif, du désert à la terre d'Israel.
Ce cheminement dans la révélation de soi de la nation est spécifiquement décrit en utilisant le terme "motsaé'ém" (מוצאיהם - leurs sorties - Massé 33,1-49), de la même racine que le mot "yétsia" (יציאה - Massé 33,2).
Tout comme nous avons entrepris des voyages dans le désert jusqu’à ce que nous atteignions la Terre sainte, de même, nous sommes destinés à entreprendre de nombreux voyages dans le "désert des nations", exil après des exil, jusqu’au retour final dans notre patrie.

Le voyage vers notre patrie est en fait une profonde métaphore du passage de la friche stérile que représente ce bas-monde, vers le monde futur. La fin de la vie marque en quelque sorte l’arrivée de la personne en terre céleste et dans la Jérusalem d’en Haut (Yérouchalaïm chel maala), vis-à-vis spirituel du Jérusalem terrestre (Yérouchalaïm chem mata). [selon le Rama de Pano (Assara Maamarot)]

Les 42 stations du désert trouvent leur parallèle dans les 42 voyages d’une personne, depuis sa naissance (l’exode est symbolique de la naissance de la nation juive) jusqu’à son arrivée à sa destination finale et à son héritage éternel, symbolisé par l’entrée en Terre Sainte. [selon le Déguel Ma'hané Efraïm (Massé)]
[Il y a la révélation d’Hachem dans l’univers à travers le Nom divin de 42 lettres. Chaque étape du voyage sert à répandre l’unité divine tout au long de la Création. Il y a ainsi la révélation de l’homme telle qu’elle se manifeste à travers ses 42 étapes de vie, depuis la sortie d'Egypte, en passant par la traversée du désert, jusqu’à l’entrée en terre d'Israël et le passage de ce monde à l’autre.
Ces révélations sont interconnectées car la véritable révélation de "qu’est l’homme" va de concert avec la révélation de "qu’est Hachem" si l’on peut dire. L’homme a été créé pour utiliser son libre arbitre pour révéler Hachem et en le révélant, il révèle la véritable essence de son être, à savoir la sainteté de son âme Divine.]

Le Nom mystique d’Hachem de 42 lettres est le "chem mém-beit" (שם מ"ב - avec מ"ב qui a une guématria de 42).
Ce Nom est lié à la Création, qui est une expression de l’unité Divine. La genèse de l’univers s’est déroulée pendant les 6 jours de la Création, culminant avec le saint Shabbat, le 7e jour.
[le מ"ב est un acronyme pour "maassé béréchit" (מעשה בראשית). En outre, Hachem a créé le monde avec la Torah. La Torah écrite commence par "béréchit" (בראשית), tandis que la Torah orale commence elle par le mot "méémataï" (מאימתי) [Béra'hot 2a). Les initiales de ces deux mots sont מ"ב.]
Le 6 est symbolique du monde physique achevé qui, à son tour, est orienté vers la sainteté du 7. Leur interaction est liée à la révélation complète de 42, comme le laisse entendre le produit de 6 fois 7 qui est 42.
Les 6 jours de la Création, tel le voyage hebdomadaire pour atteindre le Shabbat, le 7ème jour, correspondent aux 6 millénaires d’existence de ce monde, antichambre menant au monde à venir, dont le jour du Shabbat est un avant-goût.

Les 42 voyages dans le désert sont parallèles au Nom divin de 42 lettres et à l’ascension de niveau en niveau, de la préparation des 6 jours de la semaine jusqu’au chabbat. Chaque station correspond à une autre lettre du Nom de 42 lettres.
Le but est de nous élever au niveau de l’énergie spirituelle de cette lettre spécifique.

La révélation de la création en tant que voyage vers un idéal supérieur trouve son expression dans la formulation des 42 mots du Shema. La déclaration de l’unité d’Hachem se poursuit dans les 6 premiers mots du Shéma. L’unité du saint Nom divin doit s’étendre pour imprégner toute la création, liée au Nom de 42 lettres. Ainsi, le 1er paragraphe du Shéma compte 42 mots.
Cela traduit son engagement à cheminer dans ces 42 stations dans le monde physique, au service d’Hachem, dans une ascension continue.

[traduction d'un dvar Torah rav Yéhochoua Alt]

"Hachem, nous a donné une terre sacrée, dont la sainteté est proche de celle du Gan Eden."

[le Chla haKadoch - Chaar haOtiyot - entrée Kédoucha]

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+ "Vous conquerrez ainsi le pays et vous vous y établirez, car c'est à vous que Je le donne à titre de possession." (Massé 33,53)

-> Le Ramban écrit : "Vous conquerrez ainsi le pays et vous vous y établirez" = d'après moi, ces mots constituent un commandement à accomplir.
[La Torah] leur ordonne ici de s'installer dans le pays qu'ils auront conquis, car Il le leur a donné, et ils ne devront pas dédaigner l'héritage de D.

-> Le Séfer 'Harédim enseigne : "A chaque instant passé sur la terre d'Israël, on accomplit la mitsva d'y résider.

D'après le Ramban, cela constitue l'une des 613 mitsvot de la Torah.
Or, nous savons que la récompense des mitsvot provient essentiellement de la joie avec laquelle nous les accomplissons, comme il est écrit : "Parce que tu n'auras pas servi Hachem ton D. avec joie" (Dévarim 28).
Dès lors, celui qui habite dans le pays d'Israël doit avoir continuellement ce sentiment [de joie], par amour pour cette mitsva qu'il accomplit à chaque moment.

Par ailleurs, il doit ressentir de la crainte et de l'appréhension, comme l'enseigne Rabbi Chimon bar Yo'haï : "Toute mitsva qui n'est pas réalisée avec amour et avec crainte n'est pas une mitsva"."

"Vous désignerez des villes pour vous, elles seront pour vous des villes de refuge, et le meurtrier s'enfuira là-bas, celui qui tue une personne involontairement" (Massé 35,11)

-> "Hachem est bon et droit, aussi montre-t-il aux pécheurs le [vrai] chemin" (Téhilim 25,8)

Cela fait référence aux signes [sur la route] qui étaient positionnés afin d'aider une personne qui avait tué involontairement, à échapper à ses vengeurs en se mettant au plus vite en sécurité dans les villes de refuge.
Rav 'Hama bar 'Hanina ajoute que si c'est ainsi que Hachem agit avec les fauteurs, combien fait-il davantage pour les tsadikim.
[guémara Makot 10b]

-> Le Yérouchalmi (Makot 2,6) explique qu'en plus des (panneaux de) directions, on leur montrait du doigts le meilleur chemin à prendre, et cela est une référence au fait que Hachem aide les fauteurs en leur montrant le chemin pour faire téchouva.

Rav Yérou'ham Lévovitz enseigne que nous voyons là, la grande miséricorde de D.
Non seulement, Il attend patiemment que nous retournions vers Lui après avoir fauté (quoiqu'on est pu faire), mais en plus Il nous aide et nous guide pour arriver à faire téchouva.

-> La femme de Rabbi Méïr : Brouria, dit que l'on ne doit pas souhaiter la disparition des fauteurs, mais des fautes qui sont en eux.
[guémara Béra'hot 10a]

[C'est pour cela que l'on fait tout pour les aider à sortir de cette situation, pour qu'ils puissent exprimer toute la sublime lumière qu'ils ont en eux.]

b'h, voir également : http://todahm.com/2019/02/14/8428-2

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-> Le 'Hafets 'Haïm demande pourquoi lorsque le peuple montait à Jérusalem, il n'y avait pas également des signes (sur les routes) afin d'aider ceux qui réalisaient la mitsva de monter au Temple pendant les 3 régalim?

Le midrach (Yalkout Chimoni Chmouël I - 77) relate que chaque année Elkana montait au Michkan à Chilo et sur son chemin il encourageait ceux qu'il rencontrait à le rejoindre dans cette mitsva.
C'est ainsi qu'à chaque fois, il prenait un chemin différent pour permettre de faire participer tous les juifs.

=> Pour une ville de refuge, le but est que le meurtrier involontaire puisse se mettre en sécurité de ses vengeurs au plus, et pour qu'il puisse rencontrer le moins de personnes possible car en l'état actuel il n'est pas un modèle moral (assassin involontaire en fuite).
[une personne qui ne faute pas, Hachem la protège d'en venir à tuer involontairement. ]

Par contre, pour monter à Jérusalem, il n'y avait pas de direction afin de permettre un maximum de rencontres favorisant une influence mutuelle positive (discuter de Torah et des mitsva, renforcer la émouna, se motiver à venir au Temple, ...).
Personne ne pouvait se dire isolé du monde, des autres juifs, car durant les 3 fêtes, l'ensemble du pays était rempli de juif plein de joie et de fierté de monter ressentir la présence divine au Temple.

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-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne :
La reconnaissance de la gigantesque force de l'influence de l'entourage est la raison et le fondement d'une des mitsva que notre sainte Torah nous ordonne.

Il se trouve que de nos jours, lorsqu'un homme se comporte en tant que hors là loi, on le juge et on l'emprisonne avec des gangsters avérés. Que se passe-t-il?
Il vit quelques années avec des crapules, et se "professionnalise" dans tout ce qui concerne le monde du grand banditisme ... Lorsqu'il termine sa peine de prison : il est pour ainsi dire diplômé dans le domaine du gangstérisme ...

En ce qui concerne notre Torah, elle nous enseigne tout autrement ... Lorsqu'un homme a commis une faute, et a tué son prochain sans intention, la Torah l'envoie dans une sorte de "prison", mais de quelle sorte? Dans une ville de refuge!
Quelles sont ces villes de refuge? Les villes des Lévi'im, où sont installés les justes Lévi'im affairés à étudier la Torah!

Là-bas, entouré des grands de la Torah, entre les Cohanim et les Lévi'im, la Torah sait que l'assassin s'imprégnera de la sainteté et de la pureté de cet environnement, il est garanti que lorsqu'il quittera cette ville de refuge après la mort du Cohen Gadol, il se comportera bien et changera son comportement du tout au tout!

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+ La puissance de la prière sincère :

En conséquence de son acte, un tueur involontaire devait rester dans une ville de refuge jusqu'à la mort du Cohen Gadol.

-> Le Sforno fait remarquer que la punition pour chaque meurtrier involontaire est différente, puisque la durée de vie restante du Cohen Gadol n'est pas la même.
Pour certains, ils devront rester très peu de temps dans la ville de refuge, et pour d'autres très longtemps.
=> Ainsi, la punition ne dépend pas du beit din, mais d'un acte de Hachem : la mort du Cohen Gadol.

L'Alter de Kelm fait remarquer que les meurtriers involontaires étaient ainsi conscients que leur libération dépendait d'un acte dépendant à 100% de la volonté de D.
C'est pourquoi leurs prières provenait du plus profond de leur cœur, avec un sincérité totale et la ferme conviction que seulement Hachem pouvait les aider.
De telles prières transpercent le Ciel et sont acceptées.

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-> L'Alter de Kelm apporte une autre illustration de ce concept :
La guémara (Yoma 53b) liste les 3 prières spéciales que récitaient le Cohen Gadol dans la chambre extérieure après avoir terminé son service de Kippour dans le Saint des saints.

La 3e prières était : "Que la prière des voyageurs (afin de retenir la pluie) n'est pas la possibilité d'entrer devant Toi, Hachem".
La terre d'Israël est une terre qui dépend du peu d'eau qui tombe pendant la période allant de Souccot à Pessa'h.
De la sécheresse et de la famine sont des dangers réguliers, d'où l'importance de demander de la pluie dans toutes nos prières journalière.

Cependant, lorsqu'un voyageur était sur la route loin de tout et que le temps lui annonce une forte pluie à venir, il va alors prier à Hachem pour repousser les nuages orageux, pour pouvoir rentrer chez lui sans être trempé.
Bien que sa réaction est naturelle, il manque de prendre en compte les besoins critiques des habitants juifs d'Israël, ne se concentrant que sur son inquiétude de rentrer chez lui plein de pluie.

=> Pourquoi est-ce que Hachem écoute-t-il de telles prières, si défavorables pour la majorité des juifs?

La guémara illustre ici l'énorme pouvoir de la prière provenant du fond du cœur.
Le voyageur a conscience qu'aucun être humain ne peut empêcher la pluie, et il s'en remet alors totalement à Hachem, car Lui seul peut à le pouvoir de l'en sauver.

=> Ainsi, une prière provenant du cœur est écoutée par Hachem, au point que le Cohen Gadol (homme le plus saint), le jour de Kippour (jour le plus saint), dans le lieu le plus saint, doive prier pour annuler ces prières, dans l'intérêt du peuple juif.

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-> A ce sujet, il est intéressant de rapporter la guémara (Shabbath 67a) :
Que doit faire une personne si elle a un arbre dont les fruits sont tombés avant d'être mûrs, lui entraînant une perte financière?

La guémara répond qu'elle devra colorer son arbre en rouge afin d'attirer l'attention des passants.
Les gens vont alors voir son malheur et prier à Hachem de lui montrer de la miséricorde, et alors son arbre va être "guéri".

Même si ce n'était qu'un arbre, et non un être humain, tous les juifs avaient de tels sentiments d'amour envers leur prochain, qu'à la vision d'un arbre en rouge, ils priaient pour son propriétaire.
=> Et ça marchait! Telle est la force d'une prière sincère.

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-> Un assassin involontaire doit fuir dans une ville de refuge et y rester jusqu'à la mort du Cohen Gadol.

La guémara (Makot 11a) dit que pour s'assurer que tous les assassins ne prient pas pour la mort de son fils (cela leur rendant la liberté), la mère du Cohen Gadol leur envoyait de la nourriture et des vêtements.
=> En quoi ces petites attentions pouvaient-elles les convaincre de renoncer à leur liberté?

Rabbi Shlomo Eisenblatt explique que l'objectif de la mère n'était pas de les empêcher de prier, mais plutôt d'empêcher qu'ils aient une prière pure et du plus profond de leur cœur, qui a alors un pouvoir phénoménal, au point de même pouvoir tuer le Cohen Gadol!

La stratégie de la mère était de leur donner des cadeaux provoquant un sentiment de gratitude (plus ou moins conscient) qui va réduire la pureté et l'intention de leurs prières.
Par exemple, au lieu d'en faire une à 100% de leur cœur, ils vont la faire avec seulement 98%, et cette différence de concentration peut faire une grande différence.

-> Cela s'applique également à nos prières! Si l'on prie à 98%, au lieu de 100% de nos capacités du moment, alors on y perd beaucoup!

Nos Sages disent qu'après notre mort, on nous montrera tout ce qu'on aurait pu avoir si l'on avoir plus et mieux priés.

Nos Sages enseignent également qu'on nous montrera également les impacts de nos prières, comme par exemple : grâce à elles tu as aidé au mariage de 200 personnes, tu as contribué à la guérison de 500 personnes, ...

==> Si même une prière d'un assassin voulant la mort du Cohen Gadol est écoutée car faite de tout son cœur, combien à plus forte raison la nôtre!

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+ Pourquoi est-ce que c'était la mère qui envoyait ces cadeaux et non pas le Cohen Gadol lui-même?

-> Le Tiféret Yisraël (Makot 2,6) répond qu'il ne convient pas au Cohen Gadol d'agir d'une manière démontrant qu'il a peur du meurtrier.

-> Rachi (Massé 35,25) : Le Cohen Gadol aurait dû prier pour que ne soit pas, de son vivant, commis un tel crime.
Ainsi, il est considéré comme partiellement responsable de ce qui s'est passé.
=> Si le Cohen Gadol avait apporté lui-même de la nourriture au meurtrier, il aurait donné du crédit à ceux qui l'accusent pour cette tragédie.

-> Le rav Pessa'h Eliyahou Falk explique que si le Cohen Gadol ne priait pas convenable au point d'éviter des meurtres involontaires, c'était sa mère qu'il fallait blâmer pour ne pas lui avoir appris comment prier.
Elle avait ainsi une part de responsabilité.

-> Le Arou'h Laner (Makot 11a) suggère que si c'était le Cohen Gadol qui apportait de la nourriture, chaque pauvre prétendrait avoir tué accidentellement quelqu'un et viendrait dans une ville de refuge afin d'être nourri par lui jusqu'à sa mort, moment à partir duquel il deviendrait libre.

Puisque c'était sa mère qui apportait la nourriture, les pauvres avaient peur qu'elle ne décède tôt, les laissant à la fois sans nourriture et sans possibilité de quitter la ville de refuge avant la mort du Cohen Gadol, puisqu'ils s'étaient prétendus comme étant des meurtriers involontaires.

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+ "Il y restera jusqu’à la mort du cohen gadol qui a été oint par l’huile sainte" (Massé 35,25)

=> Il faut demander pourquoi le verset fait dépendre le séjour du meurtrier involontaire dans la ville de refuge de la mort du cohen gadol.

-> Le Rambam (Moré Nevoukhim 3,40), l’explique en disant qu’on fait dépendre le séjour du meurtrier involontaire dans la ville de refuge de la mort du Cohen gadol parce que cela peut calmer la colère du vengeur du sang sur la mort de son parent.
En effet, il est dans la nature humaine qu’un événement nouveau et important fasse oublier ce qui est plus ancien.
Quand le cohen gadol, aimé de tout Israël, vient à mourir, c’est une grande douleur qui fait oublier une douleur plus petite, et le fait que tout le monde souffre est une demi-consolation.

3 Questions/Réponses – Paracha Matot – Massé

3 Questions/Réponses - Paracha Matot - Massé :

1°/ Un de nos principes fondamentaux est que la Torah n'est pas un livre d'histoire, mais plutôt qu'elle contient des leçons qui sont utiles pour chaque juif de chaque génération.

Dans ce cas, pourquoi la Torah décrit-elle en longueur (Massé 33,1-49) la liste des 42 étapes de campement des juifs dans le désert sur leur chemin entre l’Égypte et la terre d'Israël? Que pouvons-nous en apprendre?

-> Rabbénou Ba'hayé écrit que lorsque le machia'h viendra, les juifs n'iront pas immédiatement en Israël.
Tout d'abord, ils se réuniront tous ensemble, et ensuite ils seront menés sur le même trajet que le peuple juif a pu prendre entre l'Egypte et Israël après la sortie d'Egypte.

-> "Moché inscrivit leurs départs et leurs stations sur l’ordre d'Hachem" (Massé 33,2) = lors de la sortie d’Egypte.
"Voici donc leurs stations et leurs départs" (Massé 33,2) = ces chemins qui seront aussi empruntés par ceux qui sortiront du dernier Exil et qui passeront par ces étapes. [Abravanel]

-> Rabbi David de Lelov (rapporté dans le Torah Tavlin) enseigne que de même que Moché a écrit dans la Torah avec détails les déplacements des juifs, de même Eliyahou haNavi est dans une démarche de noter tous les déplacements et séjours des juifs au travers notre long exil.
Ainsi, lorsque le machia'h viendra, nous aurons également un livre (ayant nos campements pendant l'exil) dans lequel nous pourrons étudier.

-> Le rav Moché Sternbuch (Taam véDaat) dit que c'est la raison pour laquelle la liste des stations de campement dans le désert n'est pas uniquement un fait historique, car c'est également notre itinéraire futur de déplacement pour Israël.

-> Le Baal Chem Tov enseigne que ces 42 étapes, correspondent "symboliquement" à un trajet de 42 étapes que le peuple juif doit subir dans son exil avant de pouvoir bénéficier de la guéoula finale.

A l'image de nos ancêtres dans le désert parfois le chemin passe très proche d'Israël, tandis que d'autres fois, il semble s'en éloigner totalement.
Notre seule certitude est que l'on est entre de bonnes mains : celle de Hachem, Créateur de toute chose.

-> Le Tsor haMor (rabbi Avraham Sabba) qui connu l'expulsion des juifs d'Espagne, écrit :
"Pourquoi la Torah nous détaille-t-elle longuement et avec précision les 42 étapes du voyage entrepris par les Bné Israël, lorsqu'ils furent sortis d'Egypte?
Pour assurer le peuple juif au cours de ses exils à venir et lui insuffler espérance : quelle que soit la longueur de l'exil, il aura une fin".

-> Selon le Déguel Ma'hané Efraïm, la vie de chaque personne se retrouve d'une façon ou d'une autre dans ces 42 déplacements du peuple juif.
En effet, on doit tous faire face à des épreuves, et chacune provient de ce qui a pu se passer lors d'une des 42 étapes.

Il rapporte au nom de son grand-père : le Baal Chem Tov, qu'à l'image de nos ancêtres, chaque juif depuis le ventre de sa mère jusqu'à sa tombe, suit un itinéraire de "voyage" contenant 42 étapes, dont le but est de renforcer le lien avec Hachem, en développant une vraie émouna.

[Le chiffre : 42 correspond au mot : bam (en eux - בם).
A l'image de nos ancêtres, nous avons un chemin de 42 étapes permettant de nous purifier et de nous développer afin d'être "au niveau" pour recevoir la guéoula.
Cela est valable à un niveau collectif et individuel

Les lettres du : bam (בם) renvoient à la 1ere lettre :
-> du 1er mot de la Torah écrite (בְּרֵאשִׁית – Béréchit)
-> du 1er mot de la Torah orale (מאימתי – michna Béra’hot).
=> Tout au long des étapes de notre vie, nous devons étudier et vivre selon la Torah (écrite et orale).]

-> A ce sujet le rav Moché Sternbuch enseigne : l'homme qui s'efforce d'acquérir une richesse éternelle pour le monde futur transforme sa vie ici-bas en "voyage" vers cet objectif, et toutes ses occupations seront donc orientées en ce sens.
Nos Sages (guémara Béra'hot 64a) disent : "Les érudits en Torah (talmidé 'hakhamim) n'ont pas de repos dans ce monde-ci" = car leur âme aspire ardemment à toujours s'élever et à se parfaire en vue du monde futur.
[il y a un nombre précis d'étapes à traverser dans un temps limité, nous signifiant du caractère éphémère de la vie, et de notre obligation à utiliser au mieux nos capacités, notre temps.
A nous de faire que nous pourrons être éternellement fiers de notre passage dans ce monde.]

-> "Vous ne retournerez plus sur ce chemin à nouveau" (Choftim 17,16)
Selon le rav Yossef Shaül Nathanson (le Divré Shaül), puisqu'il nous est interdit d'aller en Egypte depuis Israël en suivant ce même trajet, la Torah nous le liste en détail pour qu'on puisse éviter de le faire de nos jours.

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-> "Les 42 emplacements des juifs dans le désert représentent le nom divin de 42 lettres (composé de la 1ere lettre des 42 mots du "ana békhoa'h").
A chacun de ces emplacements, les juifs ont mérité une lettre de ce nom divin.
Ils montaient alors sur l'échelle de la kédoucha, marche par marche.

Ceci est similaire à ce monde, où lorsqu'une personne naît, elle se trouve en bas, et sa mission est de s'élever dans l'échelle de la spiritualité marche après marche jusqu'à atteindre le Trône divin."
[Rav Tsadok haKohen de Lublin - Pri Tsadik]

-> Le rav 'Haïm Vittal fait remarquer que ce nom divin de 42 lettres provient de 7 noms de 6 lettres chacun (issus des initiales du Ana békhoa'h).
Le chiffre 6 évoque le monde matériel (les 6 jours autres que le Shabbath) et le chiffre 7 évoque le monde spirituel (allusion au Shabbath).
Ce nom permet d'opérer le passage et de s'élever du matériel au spirituel, ce qui était le but de l'entrée en Israël.
Là, dans un pays naturel et matériel, il faudra sanctifier le terrestre et l’élever pour le rendre céleste. Les Juifs reçurent la force de faire cela par les 42 étapes du désert qui inscrivirent ce Nom de 42 lettres.
Le désert fut donc le lieu de préparation pour l'entrée en terre d'Israël.

A ce sujet, on peut citer le commentaire du Ramban (Ekev 8,5) :
"Même les épreuves que D. a imposé à Son peuple dans le désert étaient un bienfait ; de la même façon qu'un père corrige son enfant pour l'éduquer et le préparer à la vie adulte, D. a éprouvé les enfants d'Israël dans le désert afin qu'ils apprécient les délices de la Terre d'Israël".

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-> Pourquoi ces déplacements ont-ils mérité d'être inscrits dans la Torah?
Le midrach répond : "C'est parce que le désert a accueilli le peuple juif!"
Il poursuit en disant que dans le futur, Hachem va le récompenser en transformant ce désert en une végétation luxuriante, florissante, plein de fleurs, rempli d'eau, d'arbres et de toutes sortes de bonnes choses.

Le midrach conclut que si telle est la récompense du désert (qui n'a pas de libre arbitre) pour avoir "hébergé" les juifs, on peut s'imaginer quelle est la récompense pour héberger, s'occuper d'un sage en Torah.
[Séfer Otsarot haTorah]

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2°/ La guémara (Sanhédrin 106b) enseigne que Bil'am a été tué (Matot 31,8) par le biais des 4 types de mort utilisés par le Sanhédrin : par la lapidation, par le feu, par l'épée et par la strangulation.
Comment est-il possible d'infliger les 4 en même temps?

-> Rachi (Sanhédrin 106b) rapporte qu'ils ont pendu Bil'am sur un arbre (strangulation) et qu'ils ont allumé un feu en dessous.
Ils ont ensuite coupé sa tête (mort par l'épée) et son corps est tombé par terre dans le feu (lapidation et mort par le feu).

-> Le Maharcha (Sanhédrin 106b) n'est pas d'accord avec cette explication car le feu et la lapidation se produisent une fois qu'il est mort, puisque sa tête a déjà été coupée.
De plus, la mort par le feu doit se faire par le biais d'un morceau de plomb brûlant placé dans la bouche, ce qui est différent de l'explication apportée par Rachi.

Le Maharcha suggère que : ils ont d'abord jeté des pierres sur Bil'am, mais pas au point de le tuer.
Ensuite, ils ont placé un morceau de plomb brûlant dans sa bouche, mais pas suffisamment pour le tuer.
Puis, ils l'ont étranglé tout en le laissant en vie, pour finalement le tuer en coupant sa tête par l'épée.

-> Le rav Aharon Leïb Steinman (Ayélét haChakhar) remet en question le Maharcha en disant qu'il n'a alors été tué véritablement que par l'épée.

-> Le rav Meir haLévi Aboulafia (le Yad Rama) explique que Bil'am a été tué par 4 personnes, chacune lui infligeant au même moment un type de mort.

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3°/ Quelle lettre de l'alphabet n'est pas présente dans les noms des 42 lieux de campement du peuple juif durant les 40 années dans le désert? Pourquoi cela?

Seule la lettre zaïn (ז) n'y apparaît pas.

Cela fait allusion :
-> au fait que le peuple juif n'a jamais voyagé le 7e jour : Shabbath ;

-> au fait que les juifs n'ont n'ont pas utilisé d'arme traditionnelle durant les 40 années dans le désert, Hachem les protégeant miraculeusement de toute menace.
Le mot : זַיִן (zaïn) signifie : une arme, en lien avec l'omission de la lettre du même nom : "zaïn".

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+ Petit Bonus :

-> Le rav 'Haïm Kanievsky (Taima déKra) fait remarquer que dans la partie décrivant les lois des villes de refuge (Massé 35,6-34), le mot : "rotséa'h" (l'assassin, le meurtrier) apparaît 17 fois.
Il enseigne que c'est une allusion aux 17 meurtriers que nous retrouvons dans tout le Tana'h.

Par exemple, on peut citer : Kayin qui a tué Hevel (Béréchit 4,8) ; Avimélé'h ben Guidéon qui a tué ses 7 frères (Shoftim 9,5) ; Shaül qui a ordonné à Doèg de tuer les habitants de Nov, la ville des Cohanim (Shmouël I 22,16-19) ; (Shmouël II 1,5-10) ; (Shmouël II 4,5-6) ; ...

-> b'h, d'autres éléments intéressants sur les villes de refuge : http://todahm.com/2015/08/10/3593-2

"Je suis Hachem qui réside à l’intérieur des enfants d’Israël" (Massé 35,34)

Selon Rachi : "La présence divine (Hachem) siège parmi eux, même lorsqu'ils sont impurs"

Pourquoi est-il écrit que D. réside "à l'intérieur" des juifs, et non plus simplement : "parmi" les juifs?

Le Ktav Sofer donne la réponse suivante.

En réalité, même lorsqu'un juif faute et se se rend impur par ses fautes, malgré tout au fond de son cœur, il continue à ne souhaiter que réaliser la volonté d’Hachem.
En effet, l’ambition la plus profonde de chaque juif, qui ne peut s’éteindre par aucune faute ni aucune impureté, reste de réaliser la volonté d’Hachem.

C’est pourquoi, D. réside avec les juifs "même quand ils sont impurs", car toute impureté ne peut toucher que la partie externe du cœur du juif, mais l’intériorité du cœur reste toujours pure. Et c’est là qu’Hachem continue à résider.

=> C’est bien ce que dit le verset : "Car Je suis Hachem qui réside à l’intérieur des enfants d’Israël", car l’intérieur du cœur des juifs reste toujours pur, malgré toutes les impuretés. Hachem peut donc toujours continuer d’y résider.

Les campements

+ Les campements - Paracha Massé

Dans la paracha Massé (Bamidbar 33), la Torah relate les différents campements du peuple juif dans le désert après la faute des explorateurs.

Rabbénou Yoël enseigne qu'ils ont été nommés en souvenir de ce qui s'est passé au don de la Torah :

-> Har Shafèr (שָׁפֶר) : c'est une allusion au Shofar qui y a été entendu.
De plus, les lettres de Shofar (שופר) peuvent être réarrangées en שׂוֹרֵף (shoréf) : brûlant, faisant référence au mont Sinaï qui était alors en flamme (cf.Dévarim 4,11).

Le mot Shofar (שפר) peut aussi se lire Shéfèr (שפר), car on y a donné de magnifiques paroles (Imré Shéfèr) de Torah.

-> 'Hadara (חֲרָדָה) : c'est une allusion au verset : "La montagne entière tremblait" (וַיֶּחֱרַד כָּל-הָהָר - Yitro 19,18).

-> Bémakéélot (מַקְהֵלֹת) : c'est une référence à la grande unité, sur laquelle le verset dit : "Dans vos groupes, Bénissez D.!" (בְּמַקְהֵלוֹת, בָּרְכוּ אֱלֹהִים - Téhilim 68,27).

-> Ta'hat (תָחַת) : c'est une allusion à : "Ils se tirent au pied de la montagne" (וַיִּתְיַצְּבוּ, בְּתַחְתִּית הָהָר - Yitro 19,17).

-> Tara'h (תָרַח) : c'est une référence à la bonne odeur des mitsvot et de la Torah (réa'h mitsvot véTorah).
De plus, la guémara (Shabbath 88b) rapporte que chaque Commandement donné au mont Sinaï, était accompagné par de beaux parfums.

-> Mikta (מִתְקָה) : en allusion aux paroles de Torah qui sont : "métoukim midvach" (plus doux que le miel - מְתוּקִים מִדְּבַשׁ - Téhilim 19,11).

=> Bien que le don de la Torah était loin dans le temps et en distance, le peuple s'en est souvenu nostalgiquement, en le gardant fraîchement en mémoire et s'en inspirant pour servir Hachem au mieux.

"Ils quittèrent Kivrot haTaava et campèrent à 'Hatsérot" (Massé 33,17)

Rabbi Yits'hak de Vorka fait remarquer que ce verset nous enseigne que pour vaincre le yétser ara en nous, il faut toujours se rappeler que ce monde est temporaire, qu'il doit être mis à profit pour préparer notre monde à venir.

"Ils quittèrent Kivrot haTaava" : comment peut-on enterrer (likvor) son envie (taava) et soumettre son yétser ara?

En se rappelant que ce n'est qu'une cour ('hatser -> 'hatsérot) devant une maison, qu'un couloir menant au palais (résidence principale).

Le rabbi de Vorka disait qu'en ayant cela à l'esprit, nous pouvons vaincre le yétser ara, qui à la venue du macchia'h sera égorgé.
[Pourquoi donner de l'importance à une réalité qui n'est pas éternelle à l'inverse de Hachem?]

=> Nous devons toujours méditer sur le fait que ce monde est passager et qu’on s’en séparera un jour pour se rendre dans le monde éternel, où la seule monnaie en cours proviendra de nos mitsvot accomplies dans ce monde.
Par cette réflexion, nous aurons conscience de l’essentiel et on pourra s’écarter et même “enterrer”(kivrot) les désirs (taava) et ne pas se laisser distraire.
[comme souhaite le yétser ara : "Tes paupières sont lourdes! Fait dodo dans ce monde!"].

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+ Autre "formulation" de l'explication de Rabbi Yits'hak de Vorka :

-> "Kivrot Hataava" signifie littéralement : "l'enterrement du désir".
L'homme doit savoir qu'il ne doit pas chercher à assouvir tous ses désirs dans ce monde, car celui qui court après tous les plaisirs, ces envies finiront par l'enterrer.
C'est pourquoi, l'homme doit voyager de Kivrot Hataava = il faut quitter et abandonner l'idée de satisfaire tous ses désirs, pour pas finir par être enterré par eux.

De la sorte, on campera à "Hatserot" signifiant "les cours" = L'homme prendra conscience que ce monde est à l'image d'une cour (l'accessoire, transitoire), qui mène au palais, qui est le monde futur (l'essentiel, la finalité, éternel).
Quand on voyagera et que l'on s'éloignera de la recherche de tous les plaisirs, on campera et on comprendra que ce monde n'est pas l'essentiel et n'est qu'un passage.
Ce n'est qu'une cour où on doit se préparer à entrer, après sa vie sur terre, dans le palais qui est le monde futur.

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-> Quand la volonté et le désir pour une chose quelle qu’elle soit règnent sur l’homme, il ne peut plus distinguer ce qu’il fait et ce qu’il doit faire de façon claire, parce que son intelligence est obscurcie. C’est seulement quand le désir l’a quitté qu’il ouvre les yeux et se dit : "Comment n’ai-je pas pensé à cela avant?"

Rabbi El'hanan Wasserman (Kovets Maamarim) dit :
En ce qui concerne la foi et la religion, il est impossible de connaître la vérité, à moins d’être libre de tous les désirs de ce monde, et des gens comme cela ne se trouvent chez aucun peuple.
Or même quand on est corrompu par une toute petite chose, cette corruption aveugle l’intelligence et on ne peut pas arriver à la vérité, à plus forte raison quand le cadeau corrupteur est tout ce monde-ci.
Et même si ceux qui sont loin de la foi sont la majorité dans le monde, il n’y a pas à faire attention à eux ou à se laisser troubler.
Cela ressemble à quelqu’un qui passe devant un cabaret où se trouvent cent ivrognes qui se roulent par terre, et qui demandent : "Tu es un seul homme et nous nous sommes cent, pourquoi ne fais-tu pas comme nous?"
C’est la même chose, les gens du monde sont ivres de leurs désirs, et leur intelligence est obscurcie au point qu’ils ne peuvent plus discerner la vérité.

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-> La recherche de la sainteté doit s'exercer dans tous les domaines : l'étude de la Torah, la parole, la nourriture, les rapports sexuels, car il faut être saint pour pouvoir s'attacher au D. saint.
On peut retrouver ces 4 domaines dans le nom de la paracha kédochim (saints) - קדש'ם :
- קול = la voix = l'étude de la Torah ;
- דבור = la parole = on doit parler sans colère, ni orgueil, ... ;
- שתיה = la boisson (qui inclue la nourriture) = juste ce qu'il faut pour nourir son corps ;
- ידיעה = connaissance (terme renvoyant à la sexualité = connaître la femme).

Par ailleurs, l'interdiction de "se tourner vers les idoles" fait allusion aux passions physiques, assimilables à l'idolâtrie, ainsi qu'à la cupidité.
Le mot תאוה (= passion - taava) = permet de former : אל) תפנו אל האלילים ואלוהי) (Ne vous tournez pas vers les idoles et d'autres divinités).

==> Plus on s'éloigne de ces choses-là, plus on gagne en sainteté.
[Abir Yaakov - Pitou'hé 'Hotam]

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-> b'h, également sur cela : http://todahm.com/2015/08/10/3599-2
-> voir aussi : http://todahm.com/2020/12/27/29913

"Voici les déplacements des enfants d'Israël qui quittèrent l'Egypte par groupes organisés sous la direction de Moché et Aharaon" (Massei 33,1)

Le Kétonot Or (8) cite le Midrach rapportant que, comme la délivrance d'Egypte a eu lieu par l'intermédiaire d'un homme, elle ne peut être éternelle et doit nécessairement être suivie d'un autre exil.
Dans le futur, la délivrance viendra par D. Lui-même et sera alors éternelle.

---> "Voici les déplacements des enfants d'Israël" (אֵלֶּה מַסְעֵי בְנֵי-יִשְׂרָאֵל)
Le Na'hal Kédoumim fait observer que les initiales de ces mots évoquent les 4 exils à venir :
-> Edom (אדום) = Rome, notre exil actuel ;
-> Madaï (מדי) = l'exil perse (sous A'hachvéroch) ;
-> Bavél (בבל) = la destruction du Temple par Nabuchodonosor, et l'exil en résultant ;
-> et Yavan (יון) = l'exile spirituel mené par les Grecs.

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-> "Voici les déplacements des enfants d'Israël" (אֵלֶּה מַסְעֵי בְנֵי-יִשְׂרָאֵל)
Le rav Weinberger rapporte un autre midrach disant : "élé kénéged élé" : ce "élé" (massé) vient en raison d'un autre "élé" (אֵלֶּה).
Ce midrach nous enseigne que si nous avons dû subir les 42 étapes dans le désert c'est à cause de la faute du Veau d'or.
Il est écrit : "Ils se sont fait un Veau en métal fondu, se sont prosternés devant lui et lui ont offert des sacrifices et ont dit : 'Voici les dieux, Israël (אֵלֶּה אֱלֹהֶיךָ יִשְׂרָאֵל) qui t'ont fait monter du pays d'Egypte'. " (Ki Tissa 32,8).

Le "élé" (de massé : les 42 déplacements) en réparation pour le "élé" (de la faute du Veau d'or).

Pourquoi cela?
Cette faute est venue d'un manque de émouna en Hachem, le peuple a dû alors se déplacer dans le désert car c'est un lieu où l'on est seul, où l'on n'a rien ni personne vers qui se tourner, si ce n'est Hachem : notre Père.
Le désert est un lieu vide, sans interférence matérielle pour mieux prendre conscience de la grandeur de D., c'est un lieu de tous les dangers (chaleur, serpents, scorpions, ...) dont les miracles évidents (manne, puits, nuées protectrices, climatisation, ...) permettaient de muscler notre gratitude, notre amour pour Hachem.

Quoi de mieux qu'un lieu où l'on est seul pour se rendre compte que D. est toujours présent pour nous chouchouter!

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+ Rachi sur ce verset (33,1) :

Pourquoi ces 42 étapes sont-elles énumérées?

Pour faire connaître les bontés de Hachem.
Car s’il est vrai qu’Il a décidé de déplacer [le enfants d’Israël] et de les faire vagabonder dans le désert, on ne peut pas dire qu’ils ont dû errer et vagabonder d’étape en étape pendant tous ces 40 ans sans jamais y trouver de repos. Car l’énumération qui va suivre porte sur 42 étapes, desquelles on en déduira 14, toutes parcourues pendant la 1ere année avant la faute des explorateurs ...
Il faut encore déduire 8 autres étapes qui ont été parcourues après la mort de Aharon, pendant la 40e année ... il en résulte que, pendant toutes ces 38 années, ils n’ont parcouru que 20 étapes ...

Quant à Rabbi Tan'houma, il propose une autre explication midrachique : Cela ressemble à un roi dont le fils avait été malade et qu'il avait conduit à un endroit éloigné pour le faire soigner. À leur retour, le père s’est mis à énumérer toutes leurs étapes : "Ici nous avons dormi, ici nous nous sommes rafraîchis, ici tu as eu des maux de tête, ..."

"Celles-là sont les étapes des enfants d'Israël." (Massé 33,1)

Chaque année, cette paracha est lue dans la période appelée "ben haMétsarim", c'est-à-dire les 3 semaines de deuil s'écoulant depuis le 17 tamouz jusqu'au 9 Av.

Le Admor de Skoulen explique que cela vient nous apprendre que toutes les étapes et les pérégrinations traversées par notre peuple dans le désert avaient un seul et même but : arriver en terre d'Israël.

=> De même, devons-nous savoir et bien garder à l'esprit que tous nos déplacements et nos peines que nous traversons dans cet exil long et amer sont dirigés vers un seul objectif : nous purifier et nous rendre méritants pour nous permettre d'accéder à la Rédemption complète et finale.

Source (b"h) : dvar Torah issu du "Talélei Orot" du rav Yissa'har Dov Rubin