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Le mois de Nissan

+ Le mois de Nissan :

-> "Ce mois [Nissan] est pour vous la tête des mois ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,2).
-> "Vous sortez aujourd'hui, au mois du printemps" (Bo 13,4).

-> Lorsque Hachem a choisi Son monde, il y a établi un système de mois et d'années. Et lorsqu'Il a choisi Yaakov et ses fils, Il a établi pour eux que la tête des mois (sera celui où aura lieu) la rédemption.
En effet, c'est au cours du mois de Nissan que Israël a été racheté d'Egypte, et c'est au cours de ce mois qu'ils seront rachetés à l'avenir. Comme il est dit : "Comme à l'époque de votre sortie du pays d'Egypte, je ferai des prodiges" (Mi'ha 7,15).
C'est au cours de ce mois que naquit Its'hak, qu'il fut attaché (sur l'autel - Akéda) et que Yaakov reçut les bénédictions.
Et c'est au cours de ce mois qu'Hachem a indiqué à Israël qu'il serait le premier mois de leur salut (à l'avenir), comme il est dit : "C'est le premier (mois) pour vous, pour les mois de l'année" (Bo 12,2).
[midrach Béréchit rabba 15,11]

-> C'est à partir de Roch 'Hodech Nissan que la géoula (rédemption) avait déjà commencé.
[Rachbam]

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-> "Ce mois [Nissan] est pour vous (a'hodéch azé la'hem) la tête des mois (roch 'hodachim) ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,2).

Le terme roch (רֹאשׁ - généralement traduit par "tête") peut ici être compris comme "premier" ou "choisi", comme dans le verset : "ka'h lé'ha samim roch" (tu prendras des aromates de premier choix - Ki Tissa 30,23).
En spécifiant que le mois est la'hém (לָכֶם - pour vous), le verset signifie que c'est seulement pour Israël que Nissan est un mois de premier ordre.
La déclaration de nos Sages (gémara Roch Hachana 10b) va dans le même sens : "en Nissan, ils (les juifs) furent délivrés (la sortie d’Egypte), et en Nissan ils le seront également dans l’avenir (la Délivrance finale). Ce mois est destiné à l'ascension et au bénéfice d'Israël.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

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-> "Ce mois [Nissan] est pour vous la tête des mois (roch 'hodachim) ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,2).

-> Ce mois est une période particulièrement efficace pour rectifier sa roch (tête), c'est-à-dire pour purifier son esprit et son intellect.
Même si la tête (roch) d'une personne peut être rempli de toutes sortes de pensées inappropriées, d'une nature basse et impure ou même de tendances potentiellement hérétiques, il est possible pour une personne de se renouveler à cette époque et de purger son esprit de telles pensées.
Et cette résolution et renouvellement peuvent affecter positivement tout le reste de l'année, comme conclue le verset : "c'est pour vous le premier des mois de l'année" [tellement ce mois peut impacter le restant de l'année!].
[Beit Avraham]

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-> "Ce mois [Nissan] est pour vous la tête des mois (roch 'hodachim) ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,2).

-> Il y a en fait 2 mois de l'année qui sont des périodes de jugement divin.
On peut comparer cette situation à celle d'un roi qui examine périodiquement le courage et la loyauté de son royaume. Parfois, il les teste pour voir s'ils aiment leur roi ; parfois, il les teste pour voir si leur amour s'étend à sa descendance.
Le jugement divin opère de la même manière. Au cours du mois de Tichri, Hachem juge le monde pour déterminer s'ils L'aiment et Le craignent. Mais pendant le mois de Nissan, Il cherche à déterminer s'ils aiment Son peuple, le peuple juif.
C'est pour cette raison que la défaite de Pharaon s'est produite en ce mois. Il avait manifestement maltraité les enfants d'Hachem, et c'est au cours de Nissan, lorsque Hachem juge le monde sur cette question précise, qu'il a connu sa chute.
Le verset fait allusion à cet état de fait : "a'hodech azé la'hem" (Ce mois [Nissan] est pour vous) = c'est surtout au cours de ce mois qu'Hachem juge et agit en votre faveur (pour vous - la'hem - לָכֶם).
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi]

[ => quel enseignement : chaque juif a tellement d'importance aux yeux d'Hachem, qu'au mois de Nissan le monde entier est jugé sur son amour envers les juifs, les enfants adorés d'Hachem.
Combien le mois de Nissan doit nous redonner de l'espoir en nous, de la confiance en nos capacités et en notre relation privilégiée avec Hachem, et que nous n'avons rien à craindre, mais plutôt tout à espérer pour le meilleur! ]

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-> "Ce mois [Nissan] est pour vous la tête des mois ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,2).

-> Dans le moussaf de Roch 'Hodech, nous décrivons Roch 'Hodech comme un temps de : "téchout nafcham miyad choné" (le salut de leur âme de la main de l'ennemi).
Le Yessod ha'Avoda interprète cela au sens spirituel, faisant référence à l'assistance divine pour vaincre le yetser ara, le plus grand "ennemi de l'âme".
Bien que Roch 'Hodech se réfère au premier jour du nouveau mois, nos Sages nous enseignent que la totalité de Nissan est considérée comme un Roch 'Hodech d'une durée d'un mois (chaque jour de ce mois est comme un jour de roch 'hodech). C'est ce qu'indique le verset qui se réfère à Nissan en ces termes : "a'hodech azé la'hem roch 'hodachim" = ce mois est pour vous comme un Rosh 'Hodech.
Ainsi, cet aspect de la victoire sur le yétser ara est une caractéristique prédominante de l'ensemble du mois de Nissan, qui est, au sens littéral (et comme nous le récitons dans la Haggadah), une période de "notre délivrance et la rédemption de nos âmes" (géoulaténou oufdout nafchénou).
[ainsi en Nissan chaque jour est comme un jour de roch 'hodech, et donc nous avons chaque jour une aide d'Hachem pour vaincre notre yétser ara (notre grand ennemi de l'âme), et grâce à cela nous pouvons délivrer nos âmes et devenir des personnes libres (des chaînes dont nous attachent le yétser ara le restant de l'année). Ainsi, c'est vraiment le moment de notre délivrance personnelle! ]
[Birkat Avraham]

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-> "c'est pour vous le premier des mois de l'année" (richon ou la'hem - Bo 12,2).

-> Selon le midrash, le mot : richon (רִאשׁוֹן - littéralement : premier) peut être compris comme se référant, pour ainsi dire, à Hachem lui-même. [ce qui est premier à toute chose c'est Hachem]
Ainsi, le verset peut être lu ainsi : "Rishon Hou la'hem" = (si l'on peut dire), Hachem est pour vous, car Il se rend encore plus disponible pour tout juif au cours de ce mois exceptionnellement élevé.
[Birkat Avraham]

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-> "c'est pour vous le premier des mois de l'année" (richon ou la'hem - Bo 12,2).

-> La littérature kabbalistique regorge de références à la notion d'itarouta, les "réveils" divins, qui se présentent sous deux formes :

- Un réveil par le bas, s'effectue à travers les actions de chaque individu. C'est-à-dire qu'en tant que résidents des sphères inférieures, nous prenons nous-mêmes des mesures qui catalysent une stimulaiton et un "réveil de l'inspiration divine".
C'est ce que décrit le verset : "Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi" (Ani léDodi, véDodi li - אֲנִי לְדוֹדִי וְדוֹדִי לִי - Chir haChirim 6,3). Ici, c'est par l'initiative humaine que l'on se rapproche d'Hachem, notre "Bien-aimé". Cette forme d'avoda (service) est du ressort du mois de אלול (Elloul), dont le nom est un acrostiche de : אֲנִי לְדוֹדִי וְדוֹדִי לִי

- le mois de Nissan, quant à lui, se caractérise par un réveil d'en haut.
Cette forme de réveil (itarouta) a son point de départ entièrement dans les cieux ; dans un geste de pure magnanimité (indépendant de nos mérites, actes), Hachem fait descendre d'en haut un éveil de lumière et d'assistance.
Dans ce cas, c'est le "Bien-aimé" qui initie le processus, comme l'indique le verset : "Mon bien-aimé est à moi, et moi, je suis à mon bien-aimé (odi li, vaani lo - דּוֹדִי לִי וַאֲנִי לוֹ - Chir haChirim 2,16).
Mais cela ne s'applique qu'à l'"éveil" initial ; après avoir reçu ce don, un juif doit prendre certaines mesures de son propre chef pour maintenir un tel lien. C'est ce à quoi fait allusion le verset : "richon ou la'hém" = même pendant Nissan, ce n'est que "dans un premier temps" (richon) qu'Hachem vous accorde la'hém, un bienfait spirituel sous la forme d'un réveil d'en haut.
Par conséquent, il faut se mettre en mouvement et s'efforcer d'obtenir un réveil par le bas.
[Torat Avot - citant le Saba Kadicha de Slonim]

[par amour Hachem nous donne en Nissan de l'impulsion d'en-Haut, et à nous ensuite de l'utiliser pour générer des éveils de bonnes choses du Ciel suite à nos actions. ]

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-> Nissan est un mois au cours duquel des yéchout (délivrances) sont "prêtées" au peuple juif.
En d'autres termes, Hachem peut accorder le salut même à quelqu'un qui n'a pas suffisamment de mérite par lui-même, comme ce fut le cas pour la sortie d'Egypte.
[le rav d'Apt (Ohev Israël)]

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-> La guémara (Roch Hachana 10b) fait état d'un différend concernant la date de la future rédemption. Selon Rabbi Eliezer, la géoula aura lieu en Tichri, tandis que selon Rabbi Yéhochoua, elle aura lieu en Nissan (comme la géoula originale à l'époque de la sortie d'Egypte).

Nous pouvons comprendre le différend de la manière suivante : Tous sont d'accord pour dire que Tichri, le mois contenant les jours de jugement des Yamim Nora'im, est une période marquée par l'attribut de michpat (jugement), tandis que Nissan est un mois de ra'hamim v'hessed (miséricorde et bonté divines).
Le problème tourne autour de la question de la valeur des juifs. Selon Rabbi Eliezer, les juifs doivent être jugés dignes afin de mériter la rédemption future.
Ils y parviendront en fait et seront jugés favorablement au moment du jugement. Ainsi, la géoula arrivera au cours du mois de Tichri.

En revanche, s'ils sont jugés indignes, il ne sera pas possible de les racheter. Rabbi Yéhochoua adopte l'approche opposée. Même si les juifs n'avaient pas suffisamment de mérite, Hachem les rachèterait néanmoins dans un acte de bonté et de bienveillance divines.
C'est pourquoi, selon lui, la guéoula aura lieu pendant le mois de Nissan, un mois marqué par une augmentation de miséricorde et bonté divines.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi]

[cela met en avant à quel point le mois de Nissan est une période positive, pleins d'aide et de bénédictions gratuites que D. nous donne.]

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-> Une chose remarquable se produit au cours de la période de 30 jours qui précède Pessah. Dans Son infinie bonté, Hachem prépare Sa nation à cette occasion capitale et sacrée au cours de cette période.
Il extrait leurs âmes, petit à petit, des chambres de l'impureté (hé'halot hatouma).
Cela se produit chaque jour d'un degré, une partie sur trente, de sorte que, le soir de l'éradication du 'hamets (levain), c'est-à-dire la nuit précédant Pessah, même les pécheurs ne se trouvent plus qu'à la "périphérie" de ces 'chambres de l'impureté'.
Puis, lorsque la nuit de Pessah arrive enfin, ils sont complètement débarrassés de l'impureté et sont complètement libérés, devenant des hommes libres (bné 'horin).
[rabbi Avraham Azoulai - 'Hessed léAvraham]

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-> "Ce mois [Nissan] est pour vous la tête des mois" (Bo 12,2).

-> Au sujet de la vision en rêve de l'échelle de Yaakov, il est écrit : "et voici qu'une échelle se tient sur la terre, et son sommet atteignait les cieux ... et voici qu'Hachem se tenait dessus" (véiné soulam moutsav artsa vérocho maguia achamayéma ... véiné Hachem nitsav alav - Vayétsé 28,12-13)
Le Nésivot Shalom (Torat Avot) affirme que cette vision reflète les 2 façons différentes par lesquelles Hachem conduit les affaires de l'humanité.
Le "et voici qu'une échelle se tient sur la terre" = cela fait référence à la conduite "naturelle" du monde.
La Torah y fait allusion en parlant de la terre : "soulam moutsav artsa" = "l'échelle qui se tient sur la terre". Déterminé par le jugement annuel de Roch Hachana, Hachem établit l'ordre et le plan qui dicteront les affaires de chaque individu tout au long de l'année, ainsi que la mesure de la shéfa (émanation de bénédiction) qui lui parviendra d'en haut.
La mention dans le verset de "Hachem nitsav alav" (Hachem se tient dessus) = reflète l'autre forme de conduite Divine, celle qui transcende tout autre calcul ou plan naturel. Ce mode de conduite est laissé entièrement entre les mains d'Hachem seul.

Rabbi Eliézer dit : "le monde a été créé en Tichri" ... Rabbi Yéhochoua dit : "Le monde a été créé en Nissan" (guémara Roch Hachana 10b).
Bien qu'il s'agisse de 2 opinions, il est possible de se baser sur les deux, comme l'affirment nos Sages (guémara Guittin 6b) : "Ceux-ci et ceux-là sont les paroles du D. vivant" (élou véélou divré Elokim 'haïm én).
Ainsi, Roch Hachana (en Tichri) représente le renouveau du monde et l'établissement, pour cette année, de l'ordre naturel, un temps de "voici qu'une échelle se tient sur la terre".

Mais le mois de Nissan représente le renouveau du monde dans la mesure où la transcendance de l'ordre naturel est concernée : "voici qu'Hachem se tenait dessus" (Hachem nitsav alav).
Cela reflète la nature de Nissan en tant que période d'immense bonté divine.
Il se peut que façon naturelle de conduire le monde dicte qu'une personne doive subir un malheur ; c'est ce qui lui a été décrété à Roch Hachana, lorsqu'il a reçu un jugement défavorable. Néanmoins, Hachem, dans Son attribut de pure bienveillance, peut décider de "prendre les choses en main".
Même si, selon les critères de la stricte justice, l'individu n'est pas méritant, Hachem peut annuler le décret de Roch Hachana et accorder un salut miséricordieux venant d'en haut.

C'est cette qualité de Nissan, la transcendance de la nature et même du temps, ce qui en fait une période de guéoula : "en Nissan, ils (les juifs) ont été délivrés (d’Egypte), et en Nissan ils le seront également dans le futur" (guémara Roch Hachana 11a).
À l'origine, il avait été décrété que les juifs resteraient dans l'exil d'Egypte pendant 400 ans (Lé'h Lé'ha 15,13). Cependant, l'atmosphère spirituelle polluée d'Egypte a eu un effet des plus délétères sur les juifs, et comme nous le disent les Sages, ils sont descendus au 49e niveau d'impureté. S'ils étaient restés plus longtemps, ils auraient atteint le 50e et dernier niveau, au-delà duquel il n'y a pas de retour possible.
Ainsi, Hachem a "sauté" le temps imparti ; comme le dit le verset : "c'est la voix de mon bien-aimé! Le voici qui vient, franchissant les montagnes, bondissant sur les collines" (Chir haChirim 2,8).
Ainsi, même avant le temps fixé, Il a racheté Sa nation au cours de ce mois [de Nissan] qui est au-dessus de la nature (lémaala min hatéva).
[Nétivot Shalom]

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+ Nissan : moment propice pour se renouveler :

-> Hachem dit à Moché et à Aharon, dans la terre d'Égypte : "Ce mois-ci [Nissan] est le premier des mois ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,1-2)

-> La géoula d'Egypte a été marquée non seulement par la libération des juifs de la main de ses oppresseurs, mais aussi par une transformation considérable de leur statut spirituel.
Auparavant, comme nous le disent nos Sages, ils avaient succombé à l'atmosphère polluée d'Egypte et atteint le 49 des 50 niveaux d'impureté, grâce à la sortie d'Egypte, ils se sont élevés à une grande hauteur spirituelle ; comme le proclame le prophète : "Vous avez grandi et vous avez été parés d'ornements" (Yé'hezkel 16,7).

Comme nous le savons, les périodes spéciales et les fêtes juives qui se déroulent tout au long de l'année ne sont pas de simples événements de commémoration ; au contraire, les événements eux-mêmes, d'une certaine manière, se répètent ...
Nos Sages déclarent (guémara Roch Hachana 11a) : "en Nissan, ils (les juifs) ont été délivrés (d’Egypte), et en Nissan ils le seront également dans le futur" = la géoula d'alors, qui a affecté l'ensemble du peuple juif, ressurgit chaque année pour chaque individu.
Au cours du mois de Nissan, alors que l'aura de la géoula refait surface, chacun d'entre nous est en mesure d'émerger de son exil personnel, dans lequel il a pu tomber aux mains du yétser ara.
Nous aussi, tout comme les Bné Israel l'ont fait à travers de la sortie d'Egypte, nous pouvons nous élever de l'indigence spirituelle vers les plus hauts sommets.
[Méor Enayim]

-> [à la différence des non-juifs, nous établissons notre calendrier en fonction de la lune (qui a la différence du soleil évolue cycliquement de rien à complet).]
La Torah nous dit que : même si vous vous trouvez, au sens propre ou figuré, dans une situation de "terre d'Egypte" (Bo 12,1), à un point d'abaissement et d'obscurité flagrants, vous êtes néanmoins capable et même obligé de vous transformer en une nouvelle personne.
Telle est la signification de l'association des juifs avec le système lunaire : Israel compte selon la lune (Israel monin lalévana ).
La lune est le modèle parfait à cet égard ; alors qu'elle est engloutie dans l'obscurité totale, au point de ne plus être visible, elle commence à briller d'un nouvel éclat.
C'est pourquoi cette mitsva [de sanctifier le nouveau mois] n'est destinée qu'à Israël, car seul Israël possède cette qualité de renouvellement ...

Un juif, même au plus bas, possède toujours une étincelle spéciale et éternelle de la Divinité qui est une "portion divine d'en haut" ('helek Eloka mima'al - Iyov 31,2). C'est à partir de cette étincelle qu'il peut se régénérer et se former à nouveau.
Les non-juifs, cependant, n'ont pas cette étincelle de kédoucha (sainteté), de sorte que lorsque le déclin s'installe, il le fait de manière définitive.

Tel est le message de la mitsva de Roch 'Hodech ("Ce mois-ci est le premier des mois"), que la Torah a jugé si important de transmettre qu'elle en a fait la toute première mitsva.
Nous devons être conscients que même au milieu d'une obscurité abjecte, où il ne semble pas y avoir la moindre lueur de lumière, nous avons toujours la capacité de nous renouveler et de devenir comme une entité complètement nouvelle.
[Nétivot Shalom]

[ainsi, le mois de Nissan est un moment propice pour se renouveler. Même si à l'image de nos ancêtres nous sommes tombés au plus bas (49e niveau d'impureté), que notre vie est pleine d'obscurité, nous avons cette capacité de se renouveler et devenir une nouvelle personne sublime (qui tend vers le 49e niveau de pureté, comme nos ancêtres dans le désert).
Nous ne fêtons Nissan (et Pessa'h) pas en une seule commémoration d'un lointain passé, mais parce qu'à un niveau spirituel cela se reproduit identiquement de nos jours. Alors profitons-en! ]

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+ Nissan & inauguration du Michkan :

-> Le Michkan (Tabernacle) a été érigé le premier du mois de Nissan (Pékoudé40,17).
Cela est assez curieux, car la construction du Michkan s'est achevée plusieurs mois avant, au mois de Kislev. Pourquoi une telle attente?

Il est écrit : "Les eaux abondantes ne peuvent éteindre l'amour, ni les rivières l'emporter ; si une personne offrait toute la fortune de sa famille (en échange) pour l'amour, elle serait dénigrée" (Chir haChirim 8,7).
Le midrach (Chemot rabba 49,1) explique :
"Les eaux abondantes" se réfèrent aux non-juifs ; comme il est dit, "(les nations) déferlent comme la mer en crue" (Yéchayahou 17,12), car si tous les non-juifs se rassemblaient pour annuler l'amour entre Hachem et les juifs, ils seraient incapables de le faire. C'est l'intention de : "les eaux abondantes ne peuvent éteindre l'amour" (en référence à l'amour d'Hachem pour Son peuple) ; comme il est dit : "J'ai aimé Yaakov" (Mala'hi 1,2).
... (Le verset de Chir haChirim continue) : "Si une personne offrait la totalité de la fortune de sa famille (en échange) de l'amour, elle serait dénigrée" = mais Mes enfants M'ont façonné un sanctuaire de (simples) rideaux, et Je suis descendu et ai reposé Ma Présence au milieu d'eux.

-> Nous voyons donc que le Michkan servait à refléter l'amour suprême entre Hachem et les juifs.
Nous retrouvons cette même idée dans le fait que nos Sages associent la construction du Temple à des festivités de mariage. C'est également ce qu'exprime un autre verset du Chir haChirim : ""le jour de son mariage et le jour de la joie de son cœur" (Chir haChirim 3,11).
Selon la guémara (Taanit 26b) : "Le jour de son mariage" fait référence au don de la Torah ; "et le jour de la joie de son cœur" : cela fait référence à la construction du Temple.

Il en ressort que le mois de Nissan a été choisi pour l'édification du Michkan parce qu'il s'agit d'une période d'abondance où le grand amour qu'Hachem porte à son peuple se manifeste de manière éclatante.
En effet, c'est au cours de ce mois qu'a lieu la sortie d'Egypte, un événement marqué par l'amour illimité d'Hachem pour les juifs.
Au début du processus de rédemption, qHachem a envoyé par l'intermédiaire de Moché un message révélant son grand amour pour ses enfants, en les désignant par des termes très affectueux : "ainsi parle Hachem : Israël est Mon premier-né!" (béni bé'hori Israël - Chemot 4,22). Ce message est d'autant plus puissant qu'il a été délivré alors que Israël (les juifs) se trouvait encore en Egypte, à une époque où son état spirituel était assez faible.

=> Bien qu'ils soient descendus, comme le racontent nos Sages, au 49e des 50 niveaux d'impureté, Hachem n'hésite pas à proclamer son amour éternel pour eux. Car les juifs sont toujours Ses enfants, peu importe jusqu'où ils peuvent tomber et peu importe ce qu'ils peuvent faire.
Le prophète fait référence à une telle circonstance en déclarant : "l'amour couvre toutes les transgressions" (al kol pécha'im té'hassé aava - Michlé 10,12).
Et cet amour est éternel, il se manifeste surtout pendant le mois [symbolisant] l'amour [d'Hachem envers nous], le mois de Nissan.
Ainsi, le mois de Nissan présente les deux géoulot (rédemptions) : passées et futures. Comme le disent nos Sages (guémara Roch Hachana 11a) : "en Nissan, ils (les juifs) ont été délivrés (d’Egypte), et en Nissan ils le seront également dans le futur".
[Nétivot Shalom]

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-> Le Déguel Ma’hané Efraïm nous rapporte un enseignement au nom de son grand-père, le Baal Chem Tov, sur Roch ‘Hodech Nissan :
"Le Baal Chem Tov dit au célèbre Maguid de Mézéritch, un jour de Roch ‘Hodech Nissan : ‘Maintenant, il nous faut prier, car le premier jour de Nissan est le Roch Hachana des rois. Ce jour-là sont nommés tous les princes et gouverneurs du Monde. Or jusqu’à présent, ce sont de mauvais dirigeants qui ont été nommés ..."

"Tu raconteras alors à ton fils ce jour-là en disant : "C'est pour cela que Hachem a agi en ma faveur, quand je sortis d'Égypte" (Bo 13,8)

-> "Et tu raconteras à ton fils" = il y a lieu de remarquer que la Torah emploie deux langages לֵאמֹר (lémor - en disant) , וְהִגַּדְתָּ (véhigadéta - tu raconteras), l'intention du verset, (en s'inspirant de la parole de nos Sages dans le Traité Pessahim 116), est que la Haggada de Pessa'h, débute par des choses honteuses/malheureuses et se termine par des louanges.

C'est à cela que font allusion les 2 verbes employés : "tu raconteras" ce sont des paroles dures (au début nos ancêtres étaient des idolâtres ...) et des choses que le cœur de l'homme a du mal à accepter, et ensuite la Haggada termine par des louanges (et maintenant D. nous a approché de son service) et c'est à cela que le verset fait allusion en disant les mots "en lui disant" (לֵאמֹר - se décompose en deux : lo mar = pas amère) c'est-à-dire raconter à ton fils des choses pleine de louanges, réjouissantes, qui enflamment le cœur et qui vont le renforcer.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

[on apprend de là qu'à Pessa'h certes on commence par une part du récit de l'esclavage en Egypte très dure, mais ensuite notre récit doit vécu avec plein de positivisme, de émouna en la grandeur d'Hachem, ...
A l'image de l'afikoman (dernier aliment du repas du Séder), on doit quitter notre Séder de Pessa'h en ayant reçu une bouffée d'optimisme, de joie et de fierté d'être juif et de servir Hachem. ]

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-> "et tu raconteras à ton fils" : si tu fais le récit de la Haggada de Pessah, même si tu n'as pas d'enfants, alors Hachem te donnera le mérite de la réciter à tes enfants (la lecture de la Haggada est une ségoula pour avoir des enfants).
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

"Et ce fut au bout de 430 ans, précisément le même jour, que toutes les milices de D. sortirent du pays d'Égypte. C'était la Nuit prédestinée par Hachem, pour leur sortie du pays d'Égypte; c'est cette même nuit instituée par Hachem, comme prédestinée à toutes les générations des Bné Israël" (Bo 12,41-42)

-> Selon le Ohr ha'Haïm haKadoch :
C'est une nuit prédestinée [protégée - lél chimourim].
Le verset fait référence à 5 grands miracles extraordinaires qui ont eu lieu la nuit du 15 Nissan à travers l'Histoire du peuple juif :
1°/ à l'époque d'Avraham, lorsqu'il a fait la guerre contre les 4 rois et qu'il les a vaincus.
2°/ la sortie d'Égypte.
3°/ à l'époque du roi 'Hizkiyaou (Méla'him II 19,35). Lorsque l'Ange Gabriel a frappé San'hériv. Il est écrit là-bas "et voici cette nuit". C'était également la nuit du 15 Nissan.
4°/A l'époque de Mordé'haï et Esther.
"Cette nuit le roi a eu une insomnie" (Esther 6,1) = Il s'agit aussi de la nuit du 15 Nissan.
5°/ la délivrance à venir dans les temps futurs qui aussi se déroulera la nuit du 15 Nissan.

En ce qui concerne la victoire d'Avraham sur les 4 rois, la Torah y fait allusion en disant : "Une nuit que D. protège". Par rapport à la sortie d'Égypte, le verset dit "le jour où ils sont sortis d'Egypte", au sujet du miracle du Roi 'Hizkiyaou, le verset dit "cette nuit-là". Au sujet du miracle de l'époque de Mordé'haï et Esther, le verset dit "cette nuit-là est pour D."
Et enfin, pour la délivrance à venir, le verset y fait allusion en mentionnant "une nuit protégée pour les enfants d'Israël" pour toutes leurs générations.
Que D. fasse que se réalise cette promesse très bientôt, de nos jours.

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-> "Sept jours vous mangerez des matsot" (Bo 12,15)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch commente :
La raison de cette mitsva est que du fait que la pâte de pain que les Bné Israël avaient préparée [au moment de leur sortie d'Egypte au matin après avoir passés la nuit chez eux] n'avait pas eu le temps de lever (fermenter), D. les a délivrés.
Il y a lieu de se demander pourquoi la Torah ordonne de manger des matsot la nuit de Pessa'h avant même d'être sorti d'Égypte. Effectivement, les Bné Israël n'étaient pas encore sortis d'Egypte donc comment célébrer le souvenir de la sortie d'Egypte avant même d'en être sorti?
De la même manière, l'ordonnance de manger l'agneau de Pessah en signe de remerciement car D. est passé au-dessus des maisons des égyptiens et les a épargnés est étonnant. Hachem n'était pas encore passé sur les maisons.

=> Il faut dire que par le mérite de la mitsva de manger le sacrifice de Pessah, les Bné Israël vont être délivrés. Et de la même manière, par le mérite de la mitsva de manger la matsa, D. délivrera rapidement les Bné Israël, comme cela s'est effectivement passé.

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-> b'h, également sur ce sujet : le Séder de Pessa'h = un accélérateur de la venue du machia'h : http://todahm.com/2022/03/18/pessah-un-accelerateur-du-machiah

Les mitsvot = faire résider Hachem en nous

"Hachem parla à Moise et à Aharon ... au 10e jour de ce mois, qu'ils prennent pour eux un agneau pour sa famille paternelle, un agneau par maison" (Bo 12,3)

-> On peut voir une allusion à :"ils prennent pour eux", sur l'enseignement de nos Sages (midrach Tan'houma) sur le verset : "et ils prendront pour moi une offrande (Terouma)" = Hachem dit aux Bné Israël "et ils prendront pour moi" c'est-à-dire : prenez-moi aussi avec eux!" (Ki Tavo 28,10).

Du fait que c'est la première mitsva que Hachem a ordonné aux Bné Israël (en tant que peuple), alors il vient leur dire qu'en réalisant cet ordre divin, va résider sur eux le nom de D. et sa Chékhina.
Comme il est dit : "que tous les peuples des nations verront que le nom de D. est posé sur vous" (Ki Tavo 28,10).

Et, ainsi nos Sages ont écrit dans le Zohar que le mot mitsva (מצוה) se compose des lettres du nom de D. (יהוה), en appliquant le système At-Bach.
[ le système de guématria At-Bach (א"ת ב"ש) permet d'échanger les lettres d'un mot : la 1ere lettre de l'alphabet (alef) est échangée avec la dernière (tav), la 2e lettre (bét) avec l’avant dernière (shin), … ]
Ainsi en l'appliquant au 2 premières lettres de mitsva (מצוה) : le mém se transforme en youd (י), et le tsadik en hé (ה). En l'ajoutant à l'autre moitié des lettres (וה), on obtient : יהוה.
Car lorsque nous réalisons une mitsva ... alors nous prenons sur nous quelque chose de très grand et de très puissant : Hachem notre D., notre Roi.
[à chaque mitsva nous nous attachons, nous recevons davantage de liens avec Hachem. ]
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

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-> Mes lois vous appliquerez, mes statuts vous préserverez, d'aller avec eux [dans le chemin des mitsvot], Je suis Hachem votre D." (ét michpataï taassou, véét 'houkotaï tichmérou, lalé'hét baém, ani Hachem Eloké'hem - Kédochim 18,4)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch commente :
En faisant une mitsva, l'homme devient porteur de la Ch"khina et Hachem réside en lui.
C'est ce qu'écrit le verset "aller en (avec) eux" (lalé'hét baém). Et, la Torah complète et dit "Je suis Hachem" c'est-à-dire qu'elle précise que c'est Hachem qui circule en eux.

C'est aussi ce qu'écrit le verset : "et je résiderai parmi eux" (vécha'hanti béto'ham - Térouma 25,8) = en eux, et tout cela par le biais des mitsvot qu'un homme réalise.

"Et alors périra tout premier-né dans le pays d'Égypte, depuis le premier né de Pharaon qui devait occuper son trône, jusqu'au premier-né de l'esclave qui fait tourner la meule; de même tous les premiers-nés des animaux" (Bo 11,4)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch enseigne :
Il faut comprendre que dans toutes choses qui est dans ce monde, bonne ou mauvaise, se trouve une partie vitale, une nuance de bien qui lui donne vie.

Tout ce qui appartient au mauvais côté [au mal] s'appelle la mort.
Comment donc cette chose peut-elle exister? Comment a-t-elle encore de la vie?
On est obligé de répondre et de dire qu'il existe même dans les mauvaises choses une infime partie de bien, de vitalité, qui lui donne vie.

Ainsi on peut comprendre ce que nos sages (Soucca 52) ont dit que dans les temps futurs D. va amener l'ange du mal et va l'égorger en présence des tsadikim. D'après ce que l'on vient d'expliquer, cela veut dire qu'Il va enlever au mal cette partie de bon qui lui donne la vie, cela s'appelle "l'égorger".

Egalement il faut savoir que toute chose est attirée par sa racine. [ le bien est attiré par le source du bien et le mal est attiré par celle du mal].
C'est ici le secret du tri des étincelles de Sainteté, qui grâce aux âmes pures des Bné Israël, et particulièrement grâce à leur étude de Torah, elles sont attirés vers eux.

Et ainsi des grands tsadikim qui nous ont précédés pouvaient en regardant un homme racha, trier et avec son sage regard retirer de lui cette infime nuance de bien qui lui donne vie.
L'âme du tsadik attire à elle cette nuance de bien comme un aimant attire à lui le fer.
Hachem a créé dans le monde de tels éléments afin que l'homme affermisse sa croyance de la Torah du sage.
[exemple: la guémara (Shabbath 34) rapporte que rabbi Shimon bar Yo'haï posa ses yeux sur quelqu'un (il s'agit de Yéhouda ben Guérim qui avait rapporté aux romains ce que Rabbi Shimon Bar Yo'haï avait dit contre les autorités de l'époque et à cause de cela ils avaient chercher à le tuer, alors il s'enfuit avec son fils Rabbi Elazar et se cachait dans une grotte durant 14 ans), et par son regard il l'a tué. Il est écrit qu'il est devenu un tas d'ossements. ]

D'après cela, lorsque le verset écrit : "et il mourra tout premier-né" = l'explication est que par le fait que D. va passer au-dessus des maisons des égyptiens, chaque premier-né mourra de lui-même, car cette vitalité qui était en eux [cette nuance de bien] va sortir en étant attirée par la source du bien, Hachem. Comprends bien toutes ces choses-là.

Le verset précise "tout premier-né" ce qui veut dire que non seulement l'âme a quitté leur corps, mais symboliquement leur âme aussi est morte avec leur corps, c'est-à-dire que cette impureté qui est symbolisée par les premiers nés a été anéantie à tout jamais.

Le message du récit de la sortie d’Egypte = tout ce qu’Hachem accomplit est pour le bien!

+++ Le message du récit de la sortie d'Egypte = tout ce qu'Hachem accomplit est pour le bien!

"Hachem dit à Moché : ''Va chez Pharaon, car j'ai appesanti son cœur et le cœur de ses serviteurs, afin d'opérer tous ces prodiges en son sein. Et afin que tu racontes aux oreilles de ton fils et du fils de ton fils ce que J'ai comploté contre l'Egypte"." (Bo 10,1-2)

-> Rachi commente : "J'ai comploté" = Je me suis ri (de l'Egypte)."

-> Le 'Hatam Sofer (Torat Moché) explique longuement en quoi consista cet ''amusement'' par lequel le Hachem se rit des égyptiens :
Lorsque nos pères se trouvaient en Egypte, esclaves du cruel Pharaon, toutes sortes de questions et de contradictions auraient pu leur venir à l’esprit, telles que :
"Comment le peuple d'Israël, qualifié par Hachem Lui-même de Mon fils premier-né, peut-il être ainsi asservi totalement par les égyptiens, d'une manière qui donne tout à penser qu'ils demeureront, eux et leurs descendants jusqu'à la fin de toutes les générations, esclaves de Pharaon en Egypte? (En particulier, quand on se rappelle que Pharaon est un descendant de Canaan qui fut ainsi maudit pour son péché : "Que Canaan soit maudit (...) et que Canaan soit leur esclave." (Noa'h 9,25-26) Et comment se peut-il que ses descendants asservissent les descendants de Chem?)
De plus, comment se fait-il que tout l'argent et l'or du monde entier soit parvenu en Egypte durant les années de famine, lorsque, des 4 coins du monde, les gens vinrent alors y acheter de quoi subsister? Tout cela suggère que "la servante aurait hérité de sa Maîtresse"!"

Néanmoins, lorsque les Bné Israël sortirent d'Egypte, il s'avéra à quel point Hachem s'était ri des Egyptiens : en effet, Il leur avait donné, durant toutes ces années, l'impression d'amasser pour eux-mêmes, des biens et une richesse incommensurable.
Alors qu'en vérité, tout cela n'avait pour seul et unique but de remettre cette fortune entre les mains des Bné Israël, pour que s'accomplisse ainsi la promesse du Créateur selon laquelle : "Et après cela, ils sortiront avec de grands biens" (Lé'h Lé'ha 15,14).
Ce fut, d'ailleurs, la raison pour laquelle les Bné Israël descendirent en Egypte et y furent asservis par les égyptiens, pour qu'au terme de cet exil, ils sortent avec de grandes richesses et dépouillent l'Egypte pour la rendre "comme un filet vide de poisson" (Béra'hot 9b). Il s'avéra donc finalement que tout ce voilement apparent de la présence Divine et cet esclavage avaient uniquement un but bénéfique.

Et c'est la visée du récit de la sortie d'Egypte : montrer comment Hachem s'est ri des Egyptiens. Car toute cette histoire (la famine et l’abondance qu’elle permit d’amasser, l'asservissement des Hébreux) s'étala sur une durée d'environ 320 ans, pendant lesquels, nombre de Bné Israël naquirent et moururent sans jamais voir son dénouement bénéfique.
Et pourtant, le véritable croyant est convaincu que le Créateur ''a toujours existé, existe, et existera à tout jamais'', et que tout est soigneusement calculé.
=> C'est pour cela qu'il nous incombe de faire le récit de la sortie d'Egypte : afin d'enraciner dans le cœur des Bné Israël, dans toutes les générations, que lors de chaque épreuve ou voilement de la face Divine, ils soient convaincus que Hachem met tout en œuvre pour leur bien. Et même si, à ce moment là l’homme n’est pas en mesure de comprendre les voies d'Hachem, son travail consiste à garder confiance que tout est pour le bien et à attendre que Sa bonté se manifeste.

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+ Toute souffrance dans ses moindres détails provient d'Hachem, et nous est bénéfique :

-> L'esclavage en Egypte a été extrêmement éprouvant, avec des souffrances énormes.
En faisant le récit de la sortie D'Egypte et en essayant de le vivre, nous devons développer en nous l'idée que chaque souffrance, aussi minime soit-elle, est bénéfique, et que tout est minutieusement calculé, pas même une goutte de souffrance n'est perdue. [rien ne peut se produire sans un décret d'Hachem en ce sens]

-> Le Saba de Kelm explique que les premiers-nés méritèrent d'être dotés d'une sainteté particulière car lorsque Hachem frappa ceux des égyptiens, les premiers-nés des Hébreux eurent très peur de périr également, et la souffrance morale que cela leur causa leur fit mériter ensuite cette sainteté particulière. Et en y réfléchissant bien, on comprendra aisément que ce ne furent pas seulement les premiers-nés qui furent dans la crainte, mais chacun des Bné Israël lors des autres plaies et ils méritèrent aussi grâce à cela une certaine sainteté, comme il est dit : "Israël est consacré pour Hachem" (Yirmiyahou 2,3).
Néanmoins, puisque les premiers-nés subirent un supplément de souffrance, ils méritèrent également un supplément de sainteté.

-> "Et le sang sera, pour vous, un signe sur les maisons où vous vous trouverez, Je verrai le sang, Je passerai sur elles, et le fléau n'aura pas prise sur vous lorsque Je frapperai la terre d'Egypte" (Béchala'h 12,13).
Rabbi Zalman Sorotskin (Oznaïm La Torah) explique : Car ce sang constituait un signe et un rappel qu'ici, dans cette maison, le sang juif fut versé lors de l'esclavage d'Egypte, et ce furent ces mêmes coups et ces mêmes souffrances qu'ils endurèrent alors qui les protégèrent du fléau destructeur.

-> "Et sous Ses pieds se trouvait comme une brique faite de Saphir" (Michpatim 24,10)
Rachi commente : "(Cette brique) était devant Lui au moment de la servitude afin de se souvenir de la souffrance des Hébreux [en Egypte] qui étaient asservis à faire des briques.''
Le rav Chlomo Kluger écrit : A priori, cela peut paraître surprenant : quel rapport existe-t-il entre le Saphir, qui est une pierre précieuse, et ces briques, qui suggèrent la dureté de leurs souffrances?
C'est que chaque peine et chaque souffrance que subit Israël possède une valeur énorme dans le Ciel. C'est pourquoi ces ''briques'' y rayonnent d'un éclat splendide comme celui du Saphir.

Se souvenir de la sortie d’Egypte

+++ Se souvenir de la sortie d’Egypte = comment se rappeler et intégrer la foi dans la providence individuelle :

"Souviens-toi de ce jour où tu es sorti d'Egypte" (Bo 13,3)

-> Le Téchouat 'Hen (paracha Vaéra) enseigne :
"L'exil de l'Egypte était le fait qu'ils croyaient au hasard. Car Pharaon, souverain absolu, niait que le monde fût dirigé par une providence individuelle, suivant le droit et la justice, mais prétendait qu'il était conduit par les lois de la nature.
Or, les Bné Israël étant soumis à sa souveraineté, furent abreuvés par cette vision des choses. Et, à dire vrai, nous ne nous sommes toujours pas entièrement purifiés de cette souillure, et ce yétser ara danse encore parmi nous, et instille dans notre cœur des pensées qui nous incitent à croire au hasard.
C'est afin de sortir de cette confusion que nous sommes tenus de mentionner quotidiennement la sortie d'Egypte et d'enraciner en nous la émouna absolue que tout provient d’Hachem.
Un homme ne peut recevoir ne serait-ce que le moindre coup sur son doigt dans ce monde sans que ce ne soit décrété auparavant dans le Ciel.
C’est Hachem qui dirige les pas de l'homme selon une intention Divine qui nous échappe".

-> Rabbi Ména'hem Mendel de Vitebsk (Pri haArets - paracha Bo) explique pourquoi Hachem appesantit le cœur de Pharaon et de ses serviteurs pour ensuite les punir :
"Tout avait pour but que les Bné Israël parlent des prodiges d'Hachem et qu'ils sachent qu'Il est le vrai D., qu'il n'y en a pas d'autre que Lui, et que le monde est dirigé par une providence individuelle et minutieusement calculée.
Et en vérité, le cœur des réchaïm est loin de concevoir une telle providence, à savoir que l’homme ne peut recevoir le moindre petit coup, un brin d'herbe ne peut sécher ou être déraciné, une pierre ne peut être projetée, si ce n'est en temps et en lieu voulus par Lui.
Tous les mouvements, grands ou petits, depuis le "timtsoum" originel jusqu'à ceux des créatures les plus basses de ce monde, sont le fait d'Hachem, selon Sa Sagesse infinie, pour la gloire de Son Nom, et ont pour but que se dévoilent Sa Divinité, Sa Sagesse et Sa manière de diriger le monde."

[le ''timtsoum'' est un concept kabbalistique selon lequel, lors de la création, D. ''contracta'' sa présence pour permettre au monde d'exister.]

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-> "Et à partir des grands et célèbres miracles (comme ceux de la sortie d'Egypte et de la mer Rouge, au cours desquels Hachem bouleversa les lois naturelles des cieux et de la terre), l'homme reconnaît les miracles cachés qui constituent le fondement de toute la Torah. Car l'homme n'a pas de part dans la Torah de Moché Rabbénou tant qu'il ne croit pas que tout ce qui nous concerne et tout ce qui nous arrive sont des miracles et non le fruit de la nature ni l’ordre naturel du monde."
[Rambam - fin paracha Bo]

"Ce sera pour toi comme un signe sur ta main et comme un rappel entre tes yeux" (Bo 13,16)

-> De la même façon que l'étude de la Torah prolonge les jours de la vie de l'homme, celui qui met ses téfilin verra aussi ses jours prolongés. Il sera considéré comme affairé dans l'étude de la Torah, jour et nuit, comme il est écrit : "Tout celui qui mettra ses téfilin prolongera sa vie" (guémara Ména'hot 44).

-> Le rav Ovadia Yossef (Méor Israël) explique : "Il semble que la raison de cet enseignement trouve sa source dans le midrach (Téhilim mizmor 1) :
Selon rabbi El'azar, le peuple d'Israël proclama devant Hachem : "Maître du monde, nous souhaitons être affairés à la Torah, jour et nuit, mais nous ne sommes pas libres".
Hachem leur répondit : "Les enfants, accomplissez le commandements des téfilin et Je vous considérerai comme tels".

De la même façon que les paroles de Torah prolongent la vie, comme il est dit :
- "Car elles sont un gage de vie pour ceux qui les trouvent et la santé pour leur corps" (Michlé 4,22) ;
- "Car celui qui m'a trouvée a trouvé la vie" (Moché 8,35) ;
- "Elle est un arbre de vie pour ceux qui la saisissent" (Michlé 3,18).
Ainsi celui qui mettra les téfilin est considéré comme s'il s'adonnait entièrement à l'étude de la Torah, jour et nuit, et méritera la longévité.
C'est le sens du verset ci-dessus : "Ce sera pour toi comme un signe sur ta main et comme un rappel entre tes yeux".

Le désespoir n’existe pas : ne jamais se décourager ni perdre espoir en notre délivrance (personnelle et/ou collective)

+ Le désespoir n'existe pas : ne jamais se décourager ni perdre espoir en notre délivrance (personnelle et/ou collective) :

-> "Viens chez Pharaon, car J'ai appesanti son cœur" (Bo 10,1)

-> Le Sfat Emet (5631) voit en allusion dans ce verset un grand principe concernant le travail qu’un homme doit accomplir sur lui-même : il arrive fréquemment que les gens désirent servir Hachem et que, dès qu'ils commencent, se dresse une véritable armée du yétser ara et de ses sbires sur leur passage afin de les décourager, en cherchant à les faire renoncer à accomplir ce qu'ils avaient prévu.
C'est à cette fin qu'Hachem ordonne : "Viens chez Pharaon" en suggérant ainsi : "Ne t'émeus pas de tous ces obstacles qui t'empêchent de te rapprocher de Moi et de la sainteté, car "J’ai appesanti son cœur" = ces obstacles n'ont aucune force par eux-mêmes, c'est Moi qui les ai placés afin d'augmenter ta récompense et ils sont tout à ton bénéfice.
Pourquoi les craindre?
Même si tu trébuches (à D. ne plaise), ne prends pas la chose tellement à cœur, car une immense récompense est réservée à ceux qui se relèvent sans se laisser dominer par le renoncement!"

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-> Dans la paracha Bo : pourquoi Datan et Aviram ne moururent-ils pas durant la plaie des ténèbres comme tous les mauvais juifs qui moururent pendant ces 3 jours?

Le Roch explique que c'est parce que bien que réchaïm, ils ne désespérèrent jamais de la délivrance.
Cela pour nous enseigner que même un racha comme Datan ou Aviram, parviendra à se corriger entièrement s'il ne désespère pas de sa propre délivrance (la ''sortie d'Egypte'' personnelle de son
âme en exil).
Car : "Israël, bien qu'il ait fauté, s'appelle toujours Israël" (guémara Sanhédrin 44a).

Chaque juif doit savoir que l'amour éprouvé par Hachem pour chacun de Ses fils bien-aimés est très fort et permanent. Même si un juif s'est déjà terriblement souillé par la faute, Hachem attend ardemment qu'il revienne à Lui.

=> Cela nous enseigne que finalement, l'essentiel pour un homme est de ne pas désespérer de son propre salut. Loin de lui des pensées telles que : "Je suis déjà mort au cours des 3 jours de ténèbres, au tréfond de mon Egypte personnelle, puisque j'ai déjà essayé tant et tant de fois sans succès. Il semble donc que je demeurerai éternellement en Egypte!"
Au contraire, il doit fournir tous les efforts afin de ne pas tomber dans le piège du mauvais penchant qui lui suggère qu'il ne vaut rien.
Et il se redressera en disant : "Je suis cher à mon Créateur et je suis Son fils unique. Tout espoir n'est pas perdu. Je suis en mesure de m'élever à des sommets!"
[d'après rabbi Elimélé'h Biderman]

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+ Importance de ne pas désespérer à cause de notre passé :

-> Lors de la sortie d'Egypte, il est écrit : "Ils ne prirent pas non plus de provisions pour la route" (Bo 12,39).

-> Rabbi Zeev de Strikov (Zer Zahav) explique que ce qui est mentionné au sujet de la sortie d'Egypte (qu'ils ne firent pas de provisions) signifie qu'ils ne firent pas téchouva. Car leur désir de suivre Hachem brûlait tellement en eux qu'ils ne purent attendre même le temps de se repentir et ils ne s'attardèrent pas même pour se laver de leurs fautes et de leurs souillures du passé.
Ils ne purent, en effet, se retenir et ils coururent après D. tels qu'ils étaient tant l'amour qu'ils Lui vouaient était intense.
C'est à ce propos qu'il est écrit qu'"ils ne prirent pas non plus de provisions", et cette conduite trouva grâce aux yeux d'Hachem plus que cent repentirs.
Comme il est écrit : "Je me suis souvenu de toi (l'assemblée d'Israël), de ton amour nuptial, de ta marche après Moi dans le désert, dans une terre non ensemencée" (Yirmiyahou 2,3).

Ce travail du juif qui consiste à ne pas s'attarder sur son passé au point de sombrer dans le découragement demeure valable à tout époque.
Au contraire, on doit accomplir les paroles que l'on chante à Shabbath : ''Ton serviteur courra comme un bélier et se prosternera en face de Ta Splendeur'' (yarouts avdé'ha kémo ayal, yichta'havé moul adarékha).
Cette attitude lui fera mériter la suite : ''Ton amitié lui sera plus agréable qu'un rayon de miel et que tous les goûts'' (yéérav lo yédidoté'ha minofét tsouf vékhol ta'am).

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+ Pharaon : exemple du fait qu'il est toujours possible de faire téchouva :

-> Le 'Hida (Na'hal Kedomim - Bo) écrit qu'Hachem ne ferma même pas la porte du repentir devant Pharaon. Il explique ainsi le verset : "Va chez Pharaon car J'ai appesanti son cœur et le cœur de ses serviteurs" (Bo 10,1 - bo él Pharaon : ki ani ikhbadéti ét libo ...)
=> A priori cela est étonnant : en quoi le fait d'appesantir le cœur de Pharaon est-il une raison de venir chez lui?
Bien au contraire, cela aurait dû entrainer que Moché ne s'y rende pas puisqu'à cause de cela, il ne serait pas prêt à entendre de laisser sortir les Bné Israël d'Egypte.

Le 'Hida dit à ce propos avoir trouvé dans les manuscrits de rav Chlomo Astruk (contemporain du Riva et du Ran) que l'on peut expliquer le mot כי (Ki) employé ici pour dire "car", dans le sens de "bien que" (cf. "guéris mon âme bien que (Ki) j'ai péché" - Téhilim 41,5).
D'après cela, le verset se lit : "Viens chez Pharaon bien que J'ai appesanti son cœur" = car même Pharaon le racha pouvait se repentir.

Le 'Hida poursuit en expliquant pour le verset suivant est : "afin que tu racontes aux oreilles de ton fils et du fils de ton fils" (Bo 10,2) :
"Car cela aussi est un grand principe digne d'être raconté : comment Hachem a accompli un tel prodige de donner le libre arbitre à l'homme, lui permettant, s'il est méritant, de surmonter son mauvais penchant".

=> Dès lors, un raisonnement a fortiori s'impose : si même Pharaon avait le libre arbitre de faire ce qui est bien aux yeux d'Hachem, il est certain que chaque juif possède la force de s'éveiller à un repentir sincère, fût-il dans la situation la plus misérable, car il n'est cependant pas arrivé au niveau de Pharaon.

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-> Bien que Hachem a endurci le cœur de Pharaon, en le rendant incapable de faire téchouva, Moché a envoyé des avertissements à Pharaon avant la plaie des sauterelles : "Jusqu'à quand refuseras-tu d'être humble devant moi?" (Bo 10,3)
=> Cela semble injuste! Comment Moché pouvait-il attendre un tel comportement de Pharaon, alors que celui-ci avait un cœur endurci par Hachem?

-> Rabbi Shimon Schwab dit qu'on peut déduire de là que bien que Hachem a endurci le cœur de Pharaon dans sa capacité à faire téchouva, Pharaon gardait sa capacité à se rendre humble.
Cette forme particulière de téchouva : la téchouva de l'humilité, est toujours acceptée.

Le Rambam liste différentes fautes pour lesquelles on ne peut pas faire téchouva.
Néanmoins, il y a un principe que : rien ne tient sur le chemin de la téchouva.
=> Comment résoudre cette apparente contradiction?

Tant que nous désirons rester sur le trône confortable de notre toute puissance (je fais ce que JE veux), on peut nous refuser la possibilité de faire téchouva pour certaines fautes.
Cependant, si on choisit de faire une "téchouva de l'humilité", de complétement se rendre humble devant Hachem, alors Hachem nous permet de faire téchouva même sur les fautes dont d'ordinaire le pardon n'est pas possible.

C'est pourquoi à Kippour, on se confesse ainsi : "je suis poussière dans ma vie, et à plus forte raison à ma mort. Voici, je suis devant Toi comme un récipient rempli de honte et d'humiliation" (basé sur la guémara Béra'hot 17a).

=> Ce principe est un grand confort pour chaque juif qui se tient en prière à Yom Kippour, sachant qu'il y aura toujours la téchouva de l'humilité, qui contient une promesse de pardon pour toute personne.
[si la Torah assure que cela était valable pour un racha comme Pharaon, à combien plus forte raison même pour le "pire" des juifs
(chaque juif restera toujours un enfant adoré d'Hachem)!]

-> On peut prolonger cette notion que l'humilité peut tout débloquer, par les paroles du Tiféret Chmouël :
"Un homme désirant réaliser une mitsva ou étudier la Torah, mais qu'il rencontre un obstacle lui rendant impossible de réaliser son désir, et qu'il en a le cœur brisé, alors Hachem Qui connaît les pensées et sonde les cœurs réalisera tout cela pour lui.
C'est-à-dire qu'il lui sera compté comme s'il avait accompli la mitsva et méritera même de ressentir les flux de sainteté qui en proviennent."

Se souvenir de la sortie d’Egypte afin d’enraciner la émouna

+ Se souvenir de la sortie d’Egypte afin d’enraciner la émouna :

-> Le mot Egypte "Mitsraïm" (Egypte - מצרים) fait allusion à la volonté de Pharaon de faire entrer le peuple d'Israël dans "l'exil de la connaissance".
Lorsque nous observons le mot מצרים (Egypte), nous remarquons qu'il contient le mot "yétser" (penchant - יצר) écrit entre sa première lettre מ (mém ouvert) et sa dernière lettre, la lettre ם (mém finale).
La première lettre מ (mém) fait allusion à l'action (maassé - מַעֲשֶׂה) de la même façon que l'acte est "ouvert", c'est-à-dire qu'il est dévoilé aux yeux de tous.
La dernière lettre ם (mém finale) quant à elle fait allusion à la pensée (ma'hchava - מַחֲשָׁבָה) puisque la pensée est "fermée" dans le sens où elle n'est pas dévoilée, car nul ne peut accéder aux pensées que contient le cerveau de l'homme.

Cependant le mauvais penchant est déterminé à entraver la connexion entre la pensée et l'action pour que l'homme soit détaché de son âme, de sa pensée, de sa connaissance et de sa raison.
Il ne veut qu'une chose : le pousser à assouvir les envies de son cœur et ainsi l'enfouir dans l'impureté.
=> Donc le mot "yétser" (penchant - יצר) s'interpose entre la première lettre מ qui fait allusion à l'action et la dernière lettre ם qui fait allusion à la pensée. Une fois réunies, toutes ces lettres forment le mot Egypte (מצרים) qui fait allusion à l'exil du daat, soit la séparation entre l'acte et la pensée.
[Zéra Emet]

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-> "Ce sera en signe sur ton bras et en ornement entre tes yeux, car c'est d'une main puissante que Hachem nous a fait sortir d'Egypte" (Bo 13,16)

-> Les décisionnaires sont très pointilleux sur le fait de ne pas s'interrompre entre la mise des téfilin du bras (le bras étant l'origine de l'action) et celle de la tête (face à notre cerveau, origine de la pensée et de la connaissance), que ce soit en paroles, en actes ou en pensées.
Cela créerait effectivement une séparation et un détachement de l'acte et de la pensée, ce qui provoquerait tout l'inverse du but recherché.
L'homme doit rester concentré et unir ses pensées et ses actes avec Hachem pour ne pas en arriver à fauter, que D. nous en préserve.

Le lien entre la mitsva des téfilin et la sortie d'Egypte est plus compréhensible à présent. En effet, lorsque nous mettons nos téfilin, nous accomplissons la volonté du Créateur : en attachant les téfilin du bras, orientées vers le cœur, et les téfilin de la tête, orientées vers le cerveau, nous unissons la pensée avec l'acte afin que le cœur qui est l'origine de toutes les pulsions soit dominé par la raison.

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[dans la religion juive, le souvenir fréquent de la sortie d'Egypte, nous rappel l'importance de faire passer une émotion qui est extérieure à nous, jusqu'à l'internaliser en nous, pour que nous la vivions.
Notre émouna ne doit pas rester que de belles paroles théoriques, mais nous devons en arriver à la ressentir, à aborder la vie au travers elle.]

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-> "Souviens-toi du jour où tu es sorti d’Egypte" (Bo 13,3)

-> Le Rambam (fin paracha Bo) écrit :
"C'est pourquoi la Torah témoigne des prodiges "afin que tu saches que Je suis Hachem au sein de la terre" ... et elle dit : "Afin que tu saches qu’il n’y a pas comme Moi sur toute la terre", pour enseigner Sa toute puissance, Sa suprématie sur tout et le fait que personne ne peut s’opposer à Lui ...
Dès lors, les signes et les grands prodiges sont garants de la émouna dans le Créateur et dans Sa Torah toute entière ... Et à partir des grands et célèbres miracles (comme la sortie d’Egypte et la traversée de la mer Rouge qui défièrent les lois naturelles), l’homme reconnaît également les miracles cachés qui représentent le fondement de toute la Torah : car un homme n’a pas de part dans la Torah de Moché s’il ne croit pas que tous ses actes [personnel] et tout ce qui lui arrive sont le fruit de miracles et non celui de la nature ni de la marche du monde".

-> Le Techouot 'Hen (rav Guédalia de Linitz) enseigne :
"L’exil égyptien consistait à croire au hasard. Pharaon, en tant que maître de l’Egypte, niait haut et fort que le monde était dirigé par la providence et la justice Divines. Il prônait qu’il était régi par des lois naturelles et les Bné Israël, qui lui étaient assujettis, furent pratiquement sur le point de sombrer eux aussi dans cette erreur ....
Et en réalité, nous ne nous sommes pas encore entièrement purifiés de cette impureté, et ce yétser ara danse encore au milieu de nous, en nous suggérant sournoisement de fausses idées et nous pousse à croire que les choses arrivent par hasard.
Afin d’échapper à cette confusion, nous sommes tenus de mentionner la sortie d’Egypte chaque jour et de croire d’une foi parfaite que tout provient d'Hachem, "qu’un homme ne peut pas même se cogner le petit doigt ici-bas sans que cela n’ait été décrété auparavant dans le Ciel" (guémara 'Houlin 7b), et que chacun de ses pas est dirigé par Hachem dans un but bien précis connu de Lui seul ...
D’après cela, j’ai expliqué ce qu’enseigne la guémara (Shabbat 31a), la émouna est en rapport avec la michna traitant des ensemencements (zéraïm), car c’est grâce à la émouna qu’un homme sème les graines de toutes les bonnes vertus et qu’elles se maintiennent en lui.
Faute de quoi, même les bons traits de caractères innés d’une personne se fanent et ne survivent pas à l’épreuve."

-> Rabbi Ména'hem Mendel de Vitebsk (Pri haArets) explique pourquoi D. endurcit le cœur de Pharaon et de ses serviteurs pour ensuite les juger :
"Tout cela avait pour but que les Bné Israël racontent les prodiges Divins, sachent qu’Il est le D. véritable, qu’il n’existe aucun D. à part Lui et que le monde entier est dirigé par une providence individuelle soigneusement calculée.
Les réchaïm sont loin de concevoir une telle providence selon laquelle nul petit coup n’est administré à une personne, nulle feuille de l’arbre ne sèche et ne tombe, nulle pierre n’est jetée en l’air, si ce n’est en temps et en lieu voulus.
Il n’est aucun mouvement grand ou petit depuis la formation de l’univers jusqu’aux abîmes de la Terre qui n’est pas dirigé par la sagesse d'Hachem et destiné à dévoiler Sa Divinité et Sa conduite dans le monde."

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-> "Le yétser ara cherche systématiquement à plonger l’homme dans la confusion pour qu’il ne puisse surtout pas voir les "miracles et les prodiges" [petits comme grands] qui se déroulent sous ses yeux, de peur qu’il ne parvienne grâce à cela à avoir foi dans le Créateur".
[rabbi Elimélé'h Biderman]

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-> A chaque génération, il se trouve quelqu'un pour essayer de nous exterminer ou de nous amener, par divers procédés, à abandonner notre Torah. Mais Hachem nous prodigue Sa force et accomplit Ses promesses envers Israël.
La survie physique du peuple juif, et le fait qu'il ait toujours continué à observer la Torah, font partie des phénomènes les plus surprenants de l'histoire humaine.
[Ram'hal]

-> Beaucoup d'ennemis se sont levés contre nous sans être capables de nous détruire, ni de nous anéantir. Toutes les grandes civilisations de l'Antiquité sont tombées dans l'oubli, tandis que le peuple d'Israël, qui s'est attaché à D., est aujourd'hui plus vivant que jamais.
Que peut répondre le sage historien face à ce phénomène? Que c'est un pur hasard?
Par mon âme! Quand je contemple cette merveille, elle me paraît plus considérable que tous les miracles et merveilles qu'a fait D., pour nos pères en Egypte, dans le désert, et sur la terre d'Israël.
Plus cet exil se prolonge, plus le miracle s'affirme, plus deviennent évidentes la puissance de D. et Son intervention dans la nature et dans l'histoire.
[Yaavets - Sidour Beit Yaakov]

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-> On a vu précédemment le Rambam (Bo 13,16) :
"Dès lors, les signes et les grands prodiges sont garants de la émouna dans le Créateur et dans Sa Torah toute entière ... Et à partir des grands et célèbres miracles (comme la sortie d’Egypte et la traversée de la mer Rouge qui défièrent les lois naturelles), l’homme reconnaît également les miracles cachés qui représentent le fondement de toute la Torah : car un homme n’a pas de part dans la Torah de Moché s’il ne croit pas que tous ses actes [personnel] et tout ce qui lui arrive sont le fruit de miracles et non celui de la nature ni de la marche du monde".

-> Rabbénou David haKochavi (Séfer haMitsva - Azhara 314), qui est un des Richonim, écrit qu'à chaque fois qu'un père raconte à son enfant un récit de l'intervention Divine (hachgakha pratit) qui témoigne de la main d'Hachem dans la vie de tous les jours, il doit avoir à l'esprit qu'il accomplit le commandement positif de la Torah : "tu raconteras à ton fils en ce jour : c’est pour ceci qu’Hachem m’a fait sortir d’Egypte" (Bo 13,8).
Puisque le but du récit de la sortie d'Egypte est pour que nos enfants sachent que Hachem est impliqué dans tous les aspects de notre vie quotidienne, certainement qu'en les leur racontant directement, nous avons aussi cette mitsva.

=> Ainsi, à chaque fois que nous rapportons à nos enfants l'intervention d'Hachem dans notre propre vie, nous sommes crédités d'une mitsva positive de la Torah (mitsva assé déOraïta).