Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"C'est dans l'exil que le peuple juif a les plus grandes opportunités de croissance spirituelle".
[Sfat Emet - Vaéra 5646]

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-> Le Ram'hal (Daat Tévounot 40), le Kli Yakar (Béréchit 30,1) et le rav Shamshon Raphael Hirsch (Béréchit 2,17) font tous écho au thème selon lequel, puisque l'exil apporte la kappara (l'expiation de nos fautes), nous devrions être reconnaissants pour cette opportunité d'obtenir le pardon et de grandir positivement.

=> L'exil renvoie à une période de difficulté/obscurité spirituelle, ainsi la souffrance afférente génère une expiation de nos fautes et de grandes opportunités de croissances spirituelles.

Lorsqu'une personne pleure la destruction du Temple, ses larmes ont [toujours] un véritable impact au Ciel.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Eikha 1,2 ]

Notre émouna reconstruira le Temple

+++ Notre émouna reconstruira le Temple :

"Jérusalem ne fut détruite que parce que les gens de foi disparurent d’elle" [guémara Shabbath 119b]

=> Ainsi le manque de foi fut la raison qui provoqua la destruction du Temple et de Jérusalem.
Dès lors, on en déduit que le renforcement de notre foi (émouna) permet de hâter la reconstruction du Temple dans toute sa splendeur et d'amener la guéoula, comme nos Sages (midrach Tan'houma Béchala'h 10) l’enseignent : "Et les exilés ne seront amenés à être délivrés à l’avenir que comme récompense de la foi".

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-> La guémara (Yoma 9b) enseigne : "Le premier Temple, pourquoi fut-il détruit? A cause des 3 choses qui y régnaient : l’idolâtrie, la débauche et le meurtre … Ils étaient fauteurs, mais ils plaçaient leur confiance en Hachem.
Mais le deuxième Temple, où ils étudiaient la Torah, pratiquaient les mitsvot et la bienfaisance, pourquoi fut-il détruit? Parce qu’il y régnait la haine gratuite."
[il est enseigné également au même endroit : "les premiers, leur faute était dévoilée, dès lors, la fin (de leur exil) leur fut dévoilée ; les derniers dont la faute n’était pas dévoilée, la fin (de l’exil) ne leur fut pas dévoilée"].

-> Selon la guémara (Yérouchalmi Yoma 1,3) : "Nous avons trouvé que le Temple ne fut détruit une première fois que parce qu’ils étaient idolâtres, qu’ils se débauchaient et commettaient le meurtre ; mais dans le deuxième, nous savons qu’ils étudiaient avec effort la Torah, et qu’ils veillaient à accomplir les mitsvot et à prélever la dîme, et qu’ils possédaient toutes les bonnes habitudes.
Cependant, ils aimaient l’argent et se vouaient les uns aux autres une haine gratuite. Or, la haine gratuite est aussi grave que l’idolâtrie, la débauche et le meurtre."

Le Gaon de Vilna explique que la racine de la haine gratuite réside dans un manque d’émouna.

-> Le rav Elimélé'h Biderman explique :
qui hait son prochain gratuitement? En général, il le hait parce qu’il lui a causé un préjudice ou l’a humilié, volé ou pour beaucoup d’autres raisons possibles. Pourquoi, dès lors, cette haine est-elle considérée comme "gratuite" puisqu’elle a une cause qui a entraîné que son cœur soit rempli de haine?

On est forcé de dire que s’il avait eu la émouna que ce n’est pas son prochain qui lui a causé du tort, mais Hachem (dans les moindres détails), un homme n’étant pas en mesure de provoquer la moindre perte à son prochain même d’un demi centime ou la moindre peine/douleur si cela n’a pas été décrété dans le Ciel auparavant, sa haine aurait disparu sur le champ.
Il en résulte que s’il en éprouve, c’est le signe indéniable qu’il a perdu de sa émouna, et donc que sa haine est gratuite puisqu’en vérité, ce n’est pas son prochain qui est coupable.

C’est pourquoi, à l’époque du 1er Temple, ils étaient certes très fauteurs et leurs actes étaient très mauvais, puisqu’ils transgressaient des interdits pour lesquels un homme est tenu de donner sa vie plutôt que de les enfreindre, néanmoins, leur cœur était très bon. Ils plaçaient leur confiance en Hachem, et la valeur de cette confiance surpasse tout. Aussi, la fin de leur exil leur fut dévoilée.
En revanche, à l’époque du 2e temple, leur faute n’était pas dévoilée, car extérieurement, ils étaient justes, bons, pieux et érudits en Torah. Cependant, dans leur cœur (dissimulé du regard d’autrui), régnait entre eux la haine gratuite qui provenait d’un manque de émouna. Pour cette raison, la fin de leur exil ne leur fut pas dévoilée, car l’absence de émouna est pire que tout, et entraîne jalousie et haine. Cette attitude fut si grave que la fin de leur exil ne leur fut pas dévoilée.

Le meilleur moyen pour un homme de s’éloigner de la haine gratuite est donc de se renforcer dans la émouna que tout ce qui lui arrive est le fruit d’un décret Divin et que son prochain n’est qu’un émissaire qui accomplit sa mission ; pourquoi dès lors, s’en prendre à lui puisque c’est Hachem qui l’a envoyé?

Et c’est selon ce principe que certains tsadikim (rapporté par exemple au nom du Yisma’h Moché) expliquent la guémara (Béra'hot 33a) : "Rabbi Eliézer dit : ‘Tout homme qui possède de l’intelligence est digne que le Temple soit reconstruit de ses jours’." [kol adam chéyech bo déa ké'ilou nivra haMikdach béyamav]
A priori, quel rapport existe-t-il entre l’intelligence et la reconstruction du Temple? Quelle grandeur et quelle qualité si importante en rapport avec ce sujet possède celui qui est doté d’intelligence?
C’est qu’en fait, puisque le Temple fut détruit à cause de la haine gratuite, et que l’amour gratuit est la clé de sa reconstruction, celui qui possède l’intelligence sait discerner la racine des choses.
Il sait que si l’on a bafoué son honneur, c’est parce que cela a été décrété dans le Ciel. Il n’en viendra donc pas à la haine gratuite. Dès lors, c’est comme si le Temple était reconstruit de son temps.

+ "De Tsion sortira la Torah" (ki miTsion tétsé Torah - Yéchayahou 2,3)

-> Selon les Tossafot (guémara Taanit 16a), cela signifie que la Torah émanait du Temple. Avec la disparition du Temple, il est beaucoup plus difficile de comprendre et de se souvenir de la Torah que nous étudions.

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-> De même, depuis la destruction du Temple, la concentration pendant nos prières et le maintien de la conscience que nous communiquons directement avec le Maître de l'Univers sont devenus beaucoup plus difficiles.
Nos Sages (guémara Béra'hot 32b) disent que depuis la destruction du Temples, les portes de la prière sont fermées.
[toute prière a forcément un impact, mais en comparaison de l'époque où il y avait le Temple, c'est comme si les portes du Ciel sont fermées à nos prières. (ex: on peut aider à les rouvrir par des larmes, une prière en minyan, ... ). Cela témoigne de la perte du Temple! ]

Prendre le deuil de la destruction du Temple tout au long de l’année

+ Prendre le deuil de la destruction du Temple tout au long de l'année :

-> Un juif était en train de faire le birkat hamazone, et alors qu'il prononçait les mots "boné béra'hamav Yérouchalayim" (qui construit Jérusalem avec miséricorde), il fut tellement submergé par de la souffrance et des sentiments de perte liés à la destruction du Temple qu'il prit un couteau sur la table et se poignarda lui-même. À la suite de ce terrible incident, nos Sages (Choul'han Aroukh 180,5) ont institué une halakha selon laquelle tous les couteaux doivent être retirés de la table ou recouverts avant le birkat hamazone.

La question est évidente. Quelles sont les chances qu'une telle tragédie se reproduise? Probablement zéro. Dans ce cas, pourquoi nos Sages ont-ils institué cette halakha (applicable à tous les juifs dans l'histoire)?
Une explication est : Il est vrai que cela ne se reproduira pas. Mais nos Sages voulait démontrer par cela à quel point un juif peut ressentir la douleur de la destruction du Temple. Cette halakha nous dit : Regardez comment ce juif a vécu avec Jérusalem dans son cœur, et comment il a souffert si fort de sa perte, qu'il s'est tué de douleur.
[en fait c'est lui qui est dans un état normal, et nous qui sommes anormaux, comme ayant des sentiments anesthésiés face à la réalité si douloureuse de la perte du Temple. ]

La guémara (Baba Batra 60b) dit qu'après la destruction du Temple, certaines personnes ont déclaré qu'elles ne mangeraient plus jamais de viande et ne boiraient plus jamais de vin. En effet, qui peut manger de la viande, si la viande a été utilisée pour les korbanot? Qui peut boire du vin, si le vin a été utilisé pour les nessa'him (libations)?
Imaginons! Aujourd'hui, lorsque nous voyons un morceau de viande, nous voyons un goût alléchant de ce monde. Mais lorsqu'ils ont vu de la viande, ils ont vu la destruction du Temple. Quand ils ont vu le vin, ils ont vu également la destruction.
[certes nos Sages n'ont pas décrété une loi interdisant la viande et le vin, mais cela nous illustre à quel point nos ancêtres pouvaient vivre cette perte du Temple. ]

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+ Qu'en est-il de moi? :

-> Nous devrions nous demander : "Et moi? Est-ce que j'accomplis la halakha qui apparaît dans le premier siman du Choul'han Aroukh, qui stipule qu'une personne doit être métsar (souffrir) et doég (s'inquiéter) à propos de la destruction du Temple?"
Nous avons l'obligation de pleurer le Temple. Cette obligation s'applique en fait tout au long de l'année (et pour tout juif).
Bien sûr, l'obligation est plus forte pendant les 3 semaines, et encore plus pendant les 9 jours d'Av, mais elle s'applique également tout au long de l'année.
Réussissons-nous à accomplir cette obligation pour ressentir la perte de Jérusalem et du Temple?
Je suis le premier à plaider coupable. Moi aussi, je trouve cela difficile. Comment peut-on ressentir la perte de quelque chose que l'on n'a jamais vécu et que l'on ne peut même pas imaginer? Le Temple est si éloigné de nos cœurs et de nos esprits!

J'aimerais suggérer une idée pratique, et je l'espère, réalisable, qui pourrait nous aider à remplir notre obligation.
La guémara (Sanhédrin 104b) raconte l'histoire très émouvante d'une femme qui avait perdu un enfant et qui pleurait jour et nuit. Rabban Gamliel, qui vivait à proximité, l'entendit pleurer et se mit lui aussi à pleurer. Cependant, il pleura à cause de la destruction du Temple. Il pleura et pleura jusqu'à ce qu'il s'arrache littéralement les cils.
Pourquoi Rabban Gamliel pleura-t-il si intensément? Et qu'est-ce qui, en entendant cette femme pleurer sa perte, a poussé Rabban Gamliel à pleurer sur la destruction du Temple?

Je crois que Rabban Gamliel était peiné par une question très troublante : Pourquoi un juif souffre-t-il? Pourquoi un juif pleure-t-il? Pourquoi y a-t-il des souffrances du fait d'être juif? Pourquoi entendons-nous parler de tragédies Pourquoi entendons-nous parler de jeunes enfants qui luttent pour leur vie et succombent à la maladie? ...

Le midrach dit que lorsque machia'h viendra, la prière sera très différente. Il n'y aura plus dans la Amida la bénédiction de Réfaénou, où l'on prie pour une réfoua (rétablissement en bonne santé), et il n'y aura plus de bénédiction pour la parnassa (subsistance).
La prière consistera des louanges (téhila), et en des remerciements (odaa).
Alors nos bouches seront pleines de bonheur, nos langues de chants. C'est ainsi que le monde est censé être. Alors pourquoi un juif pleure-t-il? Pourquoi tant de gens ont-ils des problèmes de santé et d'éducation avec les enfants? Pourquoi y a-t-il tant de raisons de pleurer?

La réponse à toutes ces questions très douloureuses tient en un mot : la destruction du Temple.
Chaque tragédie est une autre expression, une autre manifestation de la destruction du Temple.
La guémara (Sotah 49a) dit que depuis le jour où le Temple a été détruit, la malédiction de chaque jour est pire que celle de la veille. Chaque jour est plus difficile, plus douloureux que le jour précédent.
Chaque jour, nous voyons de nouvelles expressions de la destruction du Temple.
Rabban Gamliel a compris que le décès de l'enfant et les pleurs de la mère ne sont pas la façon dont la vie est censée se dérouler. Il a pleuré parce qu'il a reconnu une autre lamentation sur laquelle pleurer. [dont la source première réside dans la perte du Temple]

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+ Un puits sans fond :

-> La guémara ('Haguiga 5b) en décrivant la destruction du Temple, dit que nous avons été jetés du plus haut des toits dans la fosse la plus profonde.
Même si nous avons pas pleinement conscience, c'est ce que la destruction du Temple nous a fait.

Pourquoi avons-nous une telle douleur? "Qu'est-ce qu'Hachem nous a fait?" (ma zot assa Elokim lanou - Mikets 42,28). Il existe une réponse en un mot à cette question : la destruction du Temple.
Chaque souffrance est une autre manifestation de la malédiction de chaque jour qui devient pire que la précédente. C'est notre chute de plus en plus profonde dans un gouffre apparemment sans fond ...
Chaque année, nous devons crier faire les lamentations (Eikha, kinot) pour de nombreuses autres raisons (vu tous les nouveaux malheurs collectifs et individuels qui sont arrivés durant l'année écoulée).

-> Le rav Shimon Raphael Hirsch fait remarquer que le mot "אבל" (avel - le deuil) a les mêmes lettres que le mot "אבל" (aval - mais).
Je pense qu'il veut dire la chose suivante : Imaginez qu'une personne qui a perdu un enfant, que D. préserve, soit assise à la shivah et que quelqu'un lui dise : "Pourquoi pleures-tu? Tu as tant d'autres enfants merveilleux". Le père endeuillé le regarderait étrangement et dirait : "Bien sûr, j'ai des fils et des filles merveilleux, mais j'ai perdu cet enfant."
Le deuil (avel), consiste à ressentir l' "aval" (mais il manque). Lorsqu'une personne ressent l' "aval", cela éclipse toutes les bonnes choses qu'elle a dans sa vie.
Oui, nous sommes en sécurité et nous nous sentons à l'aise en France ou en Amérique, mais le "aval", le "mais", est si grand et si douloureux.
Regardez ce que nous manquons, regardez combien de Juifs souffrent. Regardez toutes les larmes, toutes les souffrances, et regardez le gouffre qui ne cesse de s'approfondir.
[le 9 Av est un jour où l'on sort la tête de la terre, qu'on réalise que tant de juifs souffrent, sont loin d'Hachem, ... et nous devons prendre le deuil pour cela, pour la grandeur et l'amour d'Hachem. ]

Si nous ne pouvons pas visualiser et pleurer sur le eikha du prophète Yirmiyahou d'il y a deux mille ans, nous pouvons pleurer sur notre destruction du Temple personnelle, sur notre "aval", sur tout ce qui nous manque, sur tout ce qui affecte le peuple juif dans ce terrible moment de perte du Temple.
La guémara nous enseigne peut-être que nous pouvons tirer une leçon de l'action de Rabban Gamliel, à savoir qu'une façon acceptable de pleurer le Beis Hamikdash est d'incorporer nos propres expériences tragiques individuelles dans le deuil du Temple.

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+ Notre destruction spirituelle :

-> Bien entendu, ce ne sont pas seulement les tragédies physiques que nous pleurons, mais aussi les tragédies spirituelles. Grâce à D., on pourrait se satisfaire en affirmant que la Torah s'épanouit comme rarement dans l'histoire juive, que les cours sont nombreux, que les yéchivot/lieux d'étude se développent, ...
Mais nous savons aussi qu'il y a un autre côté douloureux à l'histoire. Le "aval", le "mais".

La vie n'est pas censée être ainsi. La vie est censée être une longue expression de : 'holat aava ani (je suis malade d'amour pour Toi - Chir haChirim 5,8). Une personne devrait être pleine d'amour pour Hachem. Pourquoi les gens se posent-ils des questions sur la émouna? Pourquoi avons-nous toutes ces situations difficiles dans l'éducation des enfants? La liste des questions n'en finit pas de s'allonger.
La réponse à toutes ces questions tient en un mot : la destruction du Temple.
Ce qui nous manque dans la spiritualité est aussi l'expression d'un gouffre qui ne cesse de s'approfondir. Cela fait également partie de l'énorme "aval" (mais, manquement) de nos vies.
Chaque fois que nous voyons un enfant qui ne veut pas étudier, nous devrions nous écrier : "Eikhah"? Comment cela peut-il arriver ?" Ce n'est pas censé être comme ça.

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+ Un lieu de transformation :

-> Nos Sages décrivent ce qui se passait dans le Temple.
La révélation de la Chékhina y était si apparente.
La Michna (Pirké Avot 5,4) énumère 10 miracles qui ont eu lieu dans le Temple, dont certains quotidiennement. Imaginez un lieu qui défie la nature, qui représente une manifestation évidente d'Hache.

"Ki mi Tsion tétsé Torah (de Tsion sort la Torah - Yéchayahou 2,3).
Les Tossafot (Baba Batra 21a) disent que lorsque les gens arrivaient à Jérusalem et voyaient la avoda, ils en ressortaient très inspirés, transformés.
Lorsqu'ils ont vu le kvod haChékhina qui imprégnait tout le Temple, cela les transformait.
La guémara (Méguilla 14a) dit que la quantité de prophètes (néviim) que le peupel juif avait était deux fois plus importante que la quantité de personnes qui avaient quitté l'Egypte. Tel est l'effet de la vie au sein du Temple.
Le Temple était une centrale électrique, un générateur de crainte d'Hachem (yirat chamayim).
Lorsqu'une personne arrivait à Jérusalem, elle était prise d'un tel remords pour les fautes qu'elle avait pu commettre qu'elle faisait immédiatement téchouva (midrach rabba - Chémot 36).
Le Temple était une ambassade de la présence d'Hachem qui inspirait et transformait tant de personnes.

La splendeur du Temple suffit à faire fondre les cœurs les plus froids.
Le midrach (Béréchit 65,22) décrit un incident qui s'est produit avec un terrible racha, un juif nommé Yossef Méchi'ha. Lorsque les Romains conquirent le Temple, ils eurent peur d'y pénétrer. Yossef Méchi'ha se porta volontaire pour faire ce que même les Romains n'osaient pas faire. Il entra dans le Temple et en ressortit en portant la ménora.
Les Romains furent choqués par cette inconvenance. Ils lui dirent qu'il pouvait prendre n'importe quoi d'autre, mais pas la ménora. Mais il refusa d'y retourner. Ils menacèrent de le tuer, mais il resta inflexible : il ne retournerait pas dans le Temple. Ils lui infligèrent donc une mort des plus douloureuses, et il mourut al Kiddouch Hachem.
Alors qu'il mourait, il s'écria : "Malheur à moi, car j'ai irrité mon maître". Il avait fauté une fois dans le Temple, mais il ne recommencerait pas.

L'histoire est déroutante. Alors qu'il était un terrible racha, il a soudainement changé d'avis (malgré la possibilité de retourner rapidement pour y prendre des objets incroyables en or massifs, qui le mettrait à l'abri jusqu'à la fin de sa fin). Quelle est la cause de cette transformation soudaine?
Ce fut un bref moment dans le Temple, explique le rav Poniovitch. C'était tout ce qu'il fallait pour le changer. Il était entré dans cette ambassade de la sainteté et de pureté, et il était devenu une personne différente.
Pensons-y : un moment dans le Temple (même sans intention, même dans un but d'y voler un élément central comme la Ménora), cela a suffi à transformer une personne aussi racha (en quelqu'un étant prêt à mourir d'un sublime kidouch Hachem [sanctification d'Hachem], au point qu'on en parle même de nos jours! ).

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+ Un simple juif à l'époque du Temple :

-> Pouvons-nous imaginer à quoi ressemblait un juifs vivant à l'époque du Temple, la émouna qu'il avait et l'enthousiasme pour la Torah et les mitsvot avec lequel il vivait?

Le Gaon de Vilna a dit un jour : "Je peux imaginer comment était un des Richonim, mais je ne peux pas imaginer comment était un juif simple à l'époque du Temple".
Imaginons. [le Gaon de Vilna pouvait imaginer le niveau de : Nissim Gaon, le Rif, Rachi, les Tossafistes, Rabbénou Bé'hayé, Ibn Ezra, le Rambam, le Ramban, ... ] Mais celui d'un juif simple à l'époque du Temple, cela dépassait l'entendement du Gaon de Vilna.
Voilà ce que c'était le simple fait de vivre à l'époque du Temple, et de palper que : "Hachem est notre D., il n'y a rien d'autre que Lui" (ki Hachem ou Elokim, én od milévado - Vaét'hanan 4,35).
[ si nous avions le Temple, en un instant nous atteindrions un niveau beaucoup plus élevé que le Rambam, ... ]

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-> Le rav Wolbe a raconté que le rav Yé'hezkel Levinstein lui a un jour demandé combien de juifs avaient péri pendant l'Holocauste (Shoa).
Le rav Wolbe répondit : "Les gens disent 6 millions". Le rav Levinstein a répondu : "C'est ce que les gens disent, mais je dis que tout le peuple juif a péri dans l'Holocauste. Beaucoup ont survécu, mais s'agit-il du peuple juif? L'Holocauste a touché l'ensemble des juifs".

Lorsque j'ai entendu cela, j'ai commencé à réfléchir. Combien de juifs ont péri lors de la destruction du Temple?
Tous les juifs. Tout le peuple juif a été affecté par le la destruction du Temple ; nous avons tous été victimes de la perte du Temple.
Les problèmes physiques (ex: les problèmes de santé, les problèmes de parnassa) et les problèmes spirituels (ex: les problèmes d'éducation des enfants, le manque de désir d'étudier ou de prier) font tous partie de la destruction du Temple.
C'est peut-être la solution. Si nous ne pouvons pas nous endeuiller, attrister, sur la destruction du Temple qui a eu lieu il y a 2 000 ans, pleurons alors notre destruction personnelle, notre insuffisance en matière de Torah et de mitsvot (cette différence entre ce que j'ai fait et ce que j'aurai pu faire selon la volonté de D. ).
Pleurons sur le fait qu'au lieu de vivre en paix avec un lien profond/intense avec Hachem, nous vivons notre vie en nous sentant si éloignés de Lui.

[rav Zev Smith]

L’après-midi du 9 Av & le début de la guéoula

+ L'après-midi du 9 Av & le début de la guéoula :

-> La Guemara (Ta'anis 29a) rapporte que le Temple a été incendié le 9e jour d'Av, avant la tombée de la nuit, et qu'il a brûlé tout au long de la journée suivante.
La question évidente est la suivante : si le point culminant de la destruction a eu lieu plus tard dans la journée, comment se fait-il qu'après le 'hatsot du jour (le midi juif), les lois du deuil soient assouplies?
Par exemple, nous ne sommes obligés de nous asseoir sur le sol que jusqu'au 'hatsot. On pourrait penser qu'au contraire, au fur et à mesure que la journée avance, les lois de deuil devraient être plus strictes, puisque c'est à ce moment-là que la destruction ultime a eu lieu.

De plus, nos Sages nous disent que le machia'h naît le jour du 9 Av après 'hatsot. Pourquoi ce moment, celui où le Temple a été incendié, est-il le moment approprié pour la naissance de machia'h?

Le Bné Yissa'har souligne que les 9 jours [de Av où le deuil s'intensifient] comptent 216 heures, ce qui correspond à la valeur numérique du mot אריה (aryé - un lion).
Il y a une allusion à cela dans le verset : "Un lion rugit, qui n'aurait pas peur?" (aryé cha'ag mi lo yira" - Amos 3,8). Pendant les 9 jours (d'Av), le temps du lion, qui ne craint pas le jugement d'Hachem?
Cependant, nous trouvons également : "comme un lion qui se cache" (ari bémistarim - Eikha 3,10). Le mot "ארי" (ari - lion) est écrit sans la lettre hé (ה - comme dans אריה), dont la valeur numérique est 5.
Ceci fait allusion au fait que le jugement douloureux des neuf jours est atténué dans ses 5 dernières heures.
Quelle est la signification particulière de cette période?

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-> Rabbi Tsadok haCohen rapporte qu'au moment de la destruction, les Kérouvim (chérubins dans le Saint des Saints du Temple) se sont retrouvés face à face.
Nos Sages nous disent que lorsque le peuple juif agissait correctement et suivait les voies de la Torah, les Kérouvim se faisaient face (comme s'enlaçant d'amour entre Hachem avec le peuple juif).
Cependant, lorsqu'ils n'agissaient pas selon les voies de la Torah, les Kérouvim se détournaient l'un de l'autre.
Si tel est le cas, pourquoi, au moment de la destruction du Temple, alors que nous imaginons que le peuple juif était à son niveau le plus bas d'observance de la Torah, les Kérouvim se faisaient-ils face les uns aux autres? Comment le moment de la destruction du Temple peut-il être un moment où le peuple juif faisait la volonté d'Hachem?

A l'époque de la destruction du Temple, le peuple juif ne pouvait pas imaginer qu'Hachem détruirait le Temple. Même les autres nations du monde ne pouvaient le comprendre, comme l'indique le verset : "Les rois de la terre ne croyaient pas ... que l'adversaire ou l'ennemi pût franchir les portes de Jérusalem" (Eikha 4,12).
Ainsi, les juifs n'ont pas fait une véritable téchouva pour leurs fautes. [ça va on a le temps, la situation n'est pas si grave, de toute façon le Temple ne va jamais être détruit! ]

Cependant, au moment où le Temple a été incendié, le peuple juif a réalisé que l'inimaginable s'était produit. À ce moment-là, les juifs se sont enfin repentis en faisant une téchouva sincère.
Ce remords, bien que trop tardif pour sauver le Temple, a créé une proximité extraordinaire avec Hachem. C'est pourquoi, dans les moments qui ont suivi la destruction du Temple, les Kérouvim se faisaient face, signe qu'Hachem était satisfait de leur repentir.

Il existe une autre explication à la raison pour laquelle les Kérouvim se faisaient face à ce moment-là.
Nos Sages disent que les Kérouvim se faisant face étaient un signe de l'amour et de la proximité entre Hachem et le peuple juif. Comme nous le disons dans les prières de Pessa'h, Shavouot et Succot : "Tu nous as élevés au-dessus de toutes les langues" (véromam'tanou mikol aléchonot).
Le sens simple est que Hachem nous a élevés au-dessus de toutes les autres nations du monde.
Une explication plus homilétique est qu'Hachem nous a élevés au-dessus de toutes les expressions d'amour qui existent dans le monde. L'amour entre le peuple juif et Hachem est plus profond que ce que l'on peut décrire avec les descriptions physiques de l'amour utilisées dans ce monde.

Lorsque 2 amis proches se font leurs adieux, toutes les émotions et tous les sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre remontent à la surface. Au moment où Hachem faisait ses adieux au peuple juif, si l'on peut dire, ce moment était l'apogée de l'amour d'Hachem pour le peuple juif. C'est pourquoi les Kérouvim étaient tournés l'un vers l'autre, afin de refléter l'extrême proximité de ce moment.
Cet amour puissant d'Hachem a généré une réponse réciproque de la part du peuple juif, qui a réagi en se repentant de ses fautes.
[ Il y a le principe : "Comme dans l'eau le visage répond au visage, ainsi chez les hommes les cœurs se répondent" (Michlé 27,19). Ainsi, puisqu'avec la destruction Hachem se séparait de nous, alors Son "cœur" s'est enflammé pour Ses enfants adorés (les juifs), et ce qui vient du cœur va au cœur, faisant que le cœur des juifs a ressenti inconsciemment cet amour énorme d'Hachem, les incitant à faire téchouva (retourner vers D.) ]

Nous pouvons maintenant comprendre pourquoi, après 'hatsot de la journée du 9 Av, les lois du deuil sont assouplies. À un niveau superficiel, l'incendie du Temple était l'élément symbolisant même de la destruction (plus la journée du 9 Av avance plus le Temple est davantage détruit par le feu).
Néanmoins, alors que les briques et le mortier brûlaient, le peuple juig se repentit en assistant à la destruction et en ressentant l'amour d'Hachem pour l'être aimé qu'il quittait.
C'est ainsi que débuta la construction du 3e Temple. C'est donc un moment approprié pour la naissance du machia'h, et c'est la raison pour laquelle le deuil à ce moment-là est détendu.

[en plus de cela, les juifs ont réalisé d'un côté la gravité de leurs fautes, et d'un autre que Hachem est prêt à détruire Sa maison sur terre, à perdre Sa proximité avec Ses enfants, à souffrir en exil (D. souffre avec nos souffrances), ... Il a mis Sa "colère" sur des pierres plutôt que sur Ses enfants. Le feu brûlant le Temple témoignait du feu brûlant en Hachem d'amour pour chaque juif! ]

D'une façon similaire, le 'Hatam Sofer explique le verset dit : "Le bâtisseur de Jérusalem est Hachem, les exclus d'Israël seront rassemblés" (boné Yérouchalayim Hachem nid'hé Israël yé'haness - Téhilim 147,2). Il explique que dès l'époque de la destruction du Temple, Hachem a commencé à reconstruire Jérusalem dans les Cieux, grâce au mérite du peuple juif, les exclus d'Israël [suite à la perte du Temple], se rassemblant en exil et pleurant sa destruction. Lorsqu'il sera achevée, elle descendra sur terre.

[d'une certaine façon, tous les jours de l'année, en particulier pendant les 3 semaines, et surtout le 9 Av, Hachem pleure la perte du Temple et ses conséquences, et chaque juif ressent en lui cet amour d'Hachem, ce qui éveille une envie de notre part de partager avec Hachem ce douloureux constat (d'où le deuil), cela nous pousse aussi à faire téchouva et à agir de notre mieux pour provoquer au plus vite sa reconstruction sur terre. ]

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+ Le Temple en nous :

-> Hachem n'est pas seulement le bâtisseur de Jérusalem au niveau collectif, mais également au niveau individuel. Lorsqu'un individu pleure la destruction du Temple, Hachem lui donne une énorme aide Divine pour construire son propre Jérusalem, un endroit où Hachem réside, à l'intérieur de son cœur.
Nos Sages disent qu'il y a une allusion à cela dans le verset : "Et ils construiront pour Moi un lieu saint (sanctuaire - véassou li Mikdach), et Je résiderai au milieu d'eux" (Térouma 25,8).
Le verset ne dit pas "et j'y résiderai", "il" faisant référence au Mikdach (Sanctuaire). Il dit plutôt "et je résiderai au milieu d'eux" (béto'ham), c'est-à-dire dans le cœur de chaque juif.
Un moment très propice où Hachem nous accorde cette bénédiction spéciale de résider "au milieu de nous" (vécha'hanti béto'ham) a lieu à la fin de la journée du 9 Av.

La fin de cette journée du 9 Av est le point culminant de la période de 3 semaines, au cours de laquelle nous prions un total de 70 prières de Amida/moussaf (trois par jour pendant 22 jours, plus moussaf 3 fois le Shabbath et une fois le Roch 'Hodech). Ces prières représentent les 70 nations du monde.
Avec nos prières et notre avoda (service Divin), pendant cette période, nous pouvons transformer l'énergie spirituelle des 70 nations en une lumière spéciale pour le peuple juif.

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+ Talit et Téfillin pendant la Min'ha du 9 Av :

-> Le Rambam (Hilkhot Taanis) écrit que l'objectif principal d'un jour de jeûne n'est pas le sac de cendre et le jeûne, mais plutôt le repentir. En ce moment opportun, nous devrions renouveler notre dévotion à l'étude de la Torah et au guémilout 'hassadim. Comme le dit le midrach, que peut faire une personne pour être sauvée des affres de la naissance de machia'h? Il doit s'occuper à l'étude de la Torah et à la guémilout 'hassadim.

En gardant cela à l'esprit, nous pouvons comprendre la coutume de faire la prière de Min'ha le jour du 9 Av en portant le talit et les téfilin, ce qui ne se fait pas les autres jours de l'année.
Nos Sages mentionnent que les téfilin sont liés à Moche Rabbénou et que les tsitsit sont liés à Aharon haCohen. Lorsque la Torah aborde la mitsva des téfilin, elle déclare : "afin que la Torah d'Hachem soit dans ta bouche" (Bo 13,9), faisant référence à la Torah de Moché Rabbénou.
L'étude de la Torah entraînera la guéoula, comme l'explique le Ohr ha'Haïm haKadoch (Vayé'hi 49,11) : "L'exil est allongé par la faute du bitoul Torah (perdre du temps qu'on aurait pu consacrer à étudier la Torah), et la guéoula viendra dans le mérite de Moché, qui est la force de l'étude de la Torah".
Ceci est symbolisé par les téfilin que nous portons à min'ha du 9 Av, qui est le moment où la guéoula a commencé (avec la notion de naissance du machia'h et de la construction au Ciel du 3e Temple).

Les Tsitsit, qui sont portés sur un vêtement qui entoure une personne, rappellent Aharon haCohen, au mérite duquel nous avons eu les Nuées de Gloire (Anané HaKavod) qui ont entouré le peuple juif dans le désert. Les Nuées de Gloire étaient l'acte ultime de bonté, puisqu'elles protégeaient le peuple de tout danger. Le port de notre talit, qui nous entoure de tsitsit, nous rappelle cela.

En cette période propice, alors que nous revêtons nos talit et nos téfilin pour prier la dernière prière de bein hamétsarim, nous devons saisir cette occasion pour nous renforcer et nous engager à nous améliorer dans ces 2 domaines : étudier la Torah et faire du 'hessed (actes de bonté).

[rav Tsvi Meïr Zilberberg]

Sans le Temple = on est comme un corps sans vie

+ Sans le Temple = on est comme un corps sans vie :

-> Une coutume vieille de plusieurs siècles, rapporté par nos Sages (Massé'het Sofrim - perek 18), veut que le jour du 9 Av, un séfer Torah soit posé sur le sol, enveloppé de noir.
La Torah représente la Chékhina, la Présence d'Hachem, et lorsqu'elle est posée sur le sol, on dit : "nafla atérét rochénou" (la couronne de notre tête est tombée - Eikha 5,16).
On prononce alors un éloge funèbre, comme s'il s'agissait d'un cadavre.
L'avoda (service) du 9 Av est de développer le sentiment que la perte du Temple n'appartient pas seulement au passé, mais qu'il s'agit plutôt d'une tragédie actuelle.
Le jour du 9 Av, une personne doit se sentir comme si elle était assise en présence d'une personne décédée. Ce sentiment doit durer depuis le début du 9 Av jusqu'au moment de Min'ha, lorsque nous disons Na'heim.
[chaque année où le Temple est détruit, c'est comme si sa destruction avait eu lieu en cette année. Nous ne devons pas aborder le Temple comme des pierres en ruine depuis très longtemps, mais comme si on venait d'avoir un véritable mort qui nous est proche qui vient de se passer, avec toute la tristesse que cela implique pour nous. ]

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-> Le roi Shlomo écrit : "Le coeur des sages (lev 'hakhamim) se porte vers une maison de deuil (béit ével), le coeur des fous (lev kessilim) vers une maison de joie/plaisir" (béit sim'ha)" (Kohélet 7,4).
Le Targoum explique : "beit ével" fait référence à la destruction du Temple.
Le cœur des personnes sages se concentre sur la destruction du Temple et pleure l'exil du peuple juif.
Le cœur des fous sont heureux de se réjouir, et ils ne prennent pas à cœur la douleur et le supplice du peuple juif.

Le roi Shlomo nous dit qu'il faut un "lev 'hakham" (un cœur sage), pour être capable de ressentir le deuil du Temple et la douleur de l'exil du peuple juif.
=> Quelle est cette sagesse nécessaire pour comprendre pourquoi nous portons le deuil de la destruction du Temple?

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+ Un corps en décomposition :

-> Le Gaon de Vilna brosse un tableau effrayant de ce à quoi ressemble le peuple juif sans le Temple.
Il écrit : le Temple était l'âme du peuple juif. Lorsque le Temple a été détruit, notre (partie d'âme) roua'h nous a quittés. Nous sommes devenus comme un corps sans âme, comme un cadavre, un corps sans vie.
Comme nous le disons dans les bénédictions qui suivent la haftorah : "ki hi beit 'hayénou" (car c'est la maison de notre vie).
Pour le peuple juif, le Temple était la maison de la vie. L'exil du peuple juif (suite à la destruction du Temple) en dehors de la terre d'Israël est comparable à l'enterrement d'un cadavre.
Le peuple juif parmi les non-juifs voit son corps consumé, comme un cadavre consumé par les vers.

Immédiatement après la destruction du Temple, le peuple juif disposait encore des grandes yéchivot de Bavel, Soura et Poumbédissa.
Lorsque le corps du peuple juif s'est désintégré, les yéchivot ont été détruites. Puis, comme nous avons perdu les grands talmidé 'hakhamim de la génération précédente, même les os du peuple juif ont été perdus.

L'un des disciples du Rachba, dans son séfer sur Eikha, pose la question suivante : "Quel est le sens de l'affliction? Quelle est la signification des souffrances que nous subissons le jour du 9 Av, comme ne pas manger, ne pas boire et ne pas se laver?
Quel est le lien entre l'interdiction de porter des chaussures et d'avoir des relations conjugales et la destruction du Temple?
Il répond en expliquant la définition de la mort. La mort signifie la séparation de l'âme et du corps.
L'obligation de pleurer le Temple consiste à ressentir une douleur similaire à celle que l'on ressent lorsque l'âme quitte le corps.
Une personne dont le corps est dépourvu d'âme n'éprouve aucun plaisir. Lorsque nous nous abstenons de ces plaisirs, cela nous rappelle et nous donne une idée de ce qu'est réellement la destruction du Temple.

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+ L'âme et le cœur :

-> La Chékhina dans le Temple est comparable à l'âme dans le corps. Tout comme l'âme donne à une personne la capacité de parler, la présence de la Chékhina dans le Temple a révélé au peuple juif les désirs d'Hachem, comme il est dit :"et les paroles d'Hachem [sortent] de Jérusalem" (oudévar Hachem miYérouchalaim - Yéchayahou 2,3).
En outre, l'âme donne à une personne la capacité de sentir ; de même, la Chékhina dans le Temple a permis aux sacrifices d'avoir "un arôme satisfaisant pour Hachem" (réa'h ni'hoakh l'Hachem - Vayikra 1,9), c'est-à-dire d'être acceptées.
Lorsque la Chékhina était dans le Mikdach (le Saint), il est dit : "Et Tu écouteras du Ciel" (véata tichma min achamayim - Divré haYamim 6,25). Ceci est comparable à l'âme qui donne à une personne la capacité d'entendre.
Tout comme un corps perd ses capacités lorsque son âme s'en va à la mort, lorsque la Chékhina nous a quittés à l'époque de la destruction du Temple, le peuple juif a perdu ces connexions célestes.

Il est écrit : "c'est si amer, car cela atteint jusqu'à ton coeur" (Yirmiyahou 4,18).
Le midrach dit que
"ton coeur" (libé'h) est le Temple, qui est le coeur du peuple juif, comme le dit le verset : "mes yeux et mon coeur seront là tous les jours" (Méla'him I 9,3).
Le cœur d'une personne est la source de sa vie ; de même, le Temple est comparé au cœur du peuple juif.

Le Temple n'est pas seulement comparé au cœur, il est également assimilé au cou.
Le verset : "Comme Migdal David (le Temple) est votre cou" (Chir haChirim 4,4). Le midrach dit que le Temple est comparé à un cou, parce que lorsque le peuple juif avait le Temple, il était plus haut que les autres nations, comme un cou tendu élève la tête vers le haut.
La Torah (Vayigach 45,14) raconte que Binyamin et Yossef tombèrent l'un sur le cou de l'autre et pleurèrent. Le midrach explique qu'ils ont pleuré la destruction du 1er et du 2e Temple, le cou du peuple juif.
Le lieu de la ché'hita (l'abattage rituel casher) se trouve sur le cou de l'animal, car le cou est le lieu de la vie. De même, lorsque le Temple a été détruit, le peuple d'Israël a perdu la vie.
[par rapport à tout ce que nous apportait spirituellement et matériellement le Temple, nous sommes comme morts en comparaison. ]

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+ La punition pour l'absence de deuil :

-> Une guémara dans Guittin raconte qu'il y avait une ville avec de grands Tsadikim qui étaient capables de résister à de fortes tentations. Cependant, la ville fut détruite. La guémara se demande pourquoi Hachem les a punis s'il y avait là des gens si justes (tsadik).
La guémara répond : parce qu'ils n'ont pas pleuré pour Jérusalem.

Le rav Yaakov Emden (le Yaabets) explique cette guémara dans son siddour. Il écrit ce qui suit : "Si le peuple juif devait rectifier toutes ses fautes, mais qu'il lui en restait une, celle de ne pas avoir pleuré Jérusalem de manière appropriée, ce serait une raison suffisante pour qu'ils reste en exil. À mes yeux, c'est la raison la plus claire, la plus révélée et la plus forte pour toutes les persécutions extrêmement terribles qui ont eu lieu tout au long de l'exil dans tous les endroits où nous avons été dispersés.
L'étendue de nos problèmes est effrayante. Nous avons été constamment persécutés par les non-juifs, malgré notre petitesse et notre misère".
Il s'agit là d'un langage très puissant.

Le peuple juif connaît des difficultés, des persécutions et des décrets difficiles. Pourquoi cela?
Le rav Yaakov Emden poursuit : "Parce que le cœur du peuple juif est dépourvu du sentiment de vide (que nous laisse la perte du Temple). Le deuil a quitté nos cœurs parce que nous sommes heureux et satisfaits. Nous avons oublié Jérusalem et sa perte ne touche pas nos cœurs ; par conséquent, nous avons été oubliés, comme une personne décédée est oubliée après quelques générations.
Quiconque cherche la vérité admettra que c'est exact. Cela est particulièrement évident en ce jour amer du 9 Av. Qui pleure et qui gémit au plus profond de son cœur à propos de la destruction du Temple Combien de larmes sont versées à ce sujet?
Il va sans dire que les autres jours, nous ne nous souvenons pas non plus du Temple".
Le rav Yaakov Emden conclut en expliquant que c'est la raison pour laquelle la ville des tsadikim a été détruite, car un endroit qui ne pleure pas la destruction du Temple mérite d'être détruit lui-même.

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[le 9 Av ont pleure sur l'ensemble des malheurs que le peuple juif a pu connaître, car tous prennent racine dans la perte du Temple. Nous devons avoir en tête que plus nous pleurerons sincèrement cette année, le moins nous aurons à pleurer sur de nouveaux malheurs (collectif et individuel) aux 9 Av à venir.
Par ailleurs, le 9 Av nous remet en phase avec la Vérité. Souvent nous avons tout ce qu'il faut pour être heureux dans notre vie, mais on se focalise sur une chose qui pourrait nous manquer, et nous nous attristons, plutôt que d'apprécier ce que l'on a et remercier Hachem pour cela.
Ainsi, le 9 Av nous apprend qu'il y a un moment limité pour pleurer (le restant on doit être joyeux et confiant en Hachem) et qu'on doit plutôt s'attrister sur de vraies choses : savoir que Hachem n'a pas de maison (Temple), que Sa grandeur est actuellement profanée, les pertes dues à l'absence du Temple, ... ]

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+ Le but de l'humanité :

-> Lorsque rav Yonathan Eibshitz explique les bénédictions de la Amida, nous avons un aperçu de ce que Jérusalem et le Temple signifiaient pour les grands juifs. Dans son livre Yaarot Dvach, il donne une longue explication de tous les bénédiction de la Amida, mais en ce qui concerne "véli Yérouchalayim Ir'ha" et "Et Tséma'h", il dit :
"Il n'y a pas besoin d'une longue explication, parce que l'on doit crier sans cesse pour la reconstruction de Jérusalem et le retour de la royauté de la maison du roi David. Le but de l'humanité est de construire Jérusalem et le royauté de la Maison de David (beit David), et si nous ne les avons pas, alors pourquoi devrions-nous vivre?
Jérusalem est le siège d'Hachem. Les anges d'en-Haut récitent sans arrêt des lamentations pleines de larmes sur la destruction de Jérusalem, tous les jours et toutes les nuits. Si les anges pleurent Jérusalem, comment ne pas pleurer la profanation du Nom d'Hachem par la destruction de Jérusalem et de la Royauté de David (malkhout beit David)?

Chaque personne doit se dire : "Maître du monde, je donne mon âme pour l'amour de Ton Saint Nom, et si je ne suis pas digne de voir Tsion construit et la Malkhout Beit David restaurée, je mourrai afin de sanctifier Ton Nom, et je ne la verrai pas.
S'il te plaît, construis Jérusalem et restaure la royauté de la maison du roi David , afin que Ton Nom soit sanctifié. Aie pitié de Tes enfants bien-aimés qui souffrent énormément en exil et qui sanctifient Ton nom en public".
Puisque nos fautes ont causé la destruction de notre magnifique Temple et de la Malkhuout Beit David, tout le monde sait à quel point nous manquons de bonté à cause de cela et comment nous sommes passés de la vie à la mort, et cela sera inversé lorsque Hachem réalisera le retour à Sion."
[Ici termine les paroles du rav Eibshitz. ]
Il n'est donc pas nécessaire d'expliquer longuement ces bénédictions.
Tout le monde sait ce qu'ils signifient et ce que nous sommes censés ressentir en les prononçant.

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Si notre situation est si difficile, c'est parce que nous sommes si loin d'Hachem.
La source de subsistance et de salut du peuple juif est le Temple et lorsque nous ne l'avons pas, "la malédiction de chaque jour est plus sévère que celle du jour précédent" (guémara Sotah 49a).
Plus nous nous coupons de notre source de vie, plus notre situation est grave. La vie nous manque et c'est pourquoi, chaque année, c'est comme si un cadavre se trouvait devant nous.
[comme nous l'avons vu, chaque année sans le Temple c'est comme s'il était détruit actuellement devant nos yeux, mais en plus de cela chaque année qui passe c'est 365 jours de malheur plus sévère les uns des autres que nous subissons. ]
Cela nous oblige à nous lamenter et à faire l'éloge de ce corps en disant : "nafla atérét rochénou" (la couronne sur notre tête est tombée).

[d'après un dvar Torah du rav Asher David May ]

Prendre le deuil pendant les 3 semaines de ben hamétsarim

+ Prendre le deuil pendant les 3 semaines de ben hamétsarim :

-> Pendant les 3 semaines qui s'écoulent entre le 17 tamouz et le 9 Av, il nous est demandé de porter le deuil de la destruction du Temple. De nombreuses lois s'appliquent pendant cette période, telles que l'interdiction de se couper les cheveux, de se marier et de jouer/écouter de la musique.
Au cours des 9 derniers jours, d'autres restrictions s'ajoutent, pour culminer avec le jeûne du 9 Av.

Malgré les nombreuses restrictions matérielles de cette période de l'année, le deuil principal est censé se dérouler dans le cœur : ressentir la perte du Temple.
Le Arizal dit que chaque jour pendant les 3 semaines, un juif est censé verser des larmes sur la perte du Temple.
En effet, le jour de 9 Av , pleurer est une nécessité, puisque les Sages (Sotah 35a) affirment qu'Hachem a décrété que le 9 Av serait un jour de pleurs pour toutes les générations.

Comment pouvons-nous pleurer sincèrement le Temple? Après tout, il semble totalement éloigné de nos vies. La destruction du Temple s'est produit il y a plus de deux millénaires. Comment pouvons-nous pleurer ce que nous n'avons jamais eu, pas plus que nos pères, nos grands-pères ou nos arrière-grands-pères?

Le rav Aharon Kotler explique que les épreuves et les difficultés subies par notre peuple en exil ont été causées par la destruction du Temple.
Ce fut le début de notre chute, et toutes les persécutions que nous avons subies au cours de l'histoire, toutes les expulsions, les pogroms, le sang versé et les lois antisémites, n'en sont que la continuation.
Nous ne sommes pas moins en exil ici, en terre d'Israël, où des terroristes tentent constamment de faire du mal aux juifs, que D. nous en préserve. Partout dans le monde, le nombre de crimes haineux à l'encontre des juifs, y compris les profanations de synagogues et de cimetières, ne cesse d'augmenter.
En effet, les Sages (guémara Sotah 48a) disent que depuis la destruction du Temple, il ne se passe pas un seul jour sans que la malédiction de la destruction du Temple ne se fasse sentir. Ce sont là autant de raisons de pleurer la destruction du Temple, aujourd'hui même, à notre époque.

Cependant, ajoute le rav Kotler, au-delà de la souffrance physique/matérielle causée par la destruction du Temple, il y a les dégâts spirituels que cela a provoqué. Il s'agit là d'une raison encore plus importante pour nous de pleurer. Combien de juifs n'ont aucune idée qu'ils sont juifs? Combien d'autres se sont complètement éloignés de la judaïcité?
En effet, même parmi les juifs qui observent la Torah, combien sont ébranlés par l'épreuve que représentent la technologie moderne et d'autres influences de l'époque?
D'ailleurs, combien de Juifs religieux s'efforcent sincèrement d'établir une véritable relation avec Hachem (ex: n'ayant pas un service Divin machinal, du bout des lèvres)?

Avant la destruction du Temple, ces problèmes n'existaient pas.
Dans le Temple, un juif pouvait être témoin de 10 miracles qui étaient toujours présents (Pirké Avot 5,7), ce qui lui permettait d'atteindre une foi palpable en Hachem.
On pouvait sentir la présence Divine en regardant les Cohanim réaliser la avoda et en entendant les chants magnifiques des Lévi'im.
L'odeur des kétoret (encens) était à elle seule capable d'inciter un juif au repentir (Zohar, Shemos 218).

Le Temple était appelé "une maison de prière pour toutes les nations" (Yéchayahou 56,7).
Imaginez que vous puissiez prier dans un endroit où vos prières seraient presque certainement exaucées. Les innombrables ujifs qui se sont éloignés du judaïsme à cause de cultes de toutes sortes auraient-ils abandonné leur religion s'ils avaient eu une telle maison de prière?

Le Temple offrait même aux juifs une expiation au niveau national et personnel. Chaque fois qu'une personne fautait (causant une distanciation avec D.), elle pouvait apporter un sacrifice (korban) et se rapprocher à nouveau d'Hachem.

Il existe encore une autre raison de pleurer l'exil : la douleur qu'Hachem ressent à cause de l'exil (tsaar haChékhina). Prenons l'exemple d'un père séparé de ses enfants, qu'il n'a pas vus ni entendus depuis des années. Imaginez-le assis seul à sa table. C'est ainsi que les Sages décrivent tsaar haChékhina.
Ne devrions-nous pas également ressentir la douleur d'Hachem?
Nos Sages disent que lorsque les juifs répondent au kaddish, Hachem s'exclame : "Malheur au Père qui a été forcé de bannir ses enfants de sa table" (guémara Béra'hot 3a).
Nos Sages (guémara 'Haguiga 5b) nous disent également qu'Hachem pleure la perte de Sa nation dans Ses chambres intérieures.

En effet, l'idée même de "nation d'Hachem" s'est perdue dans notre monde. De nos jours, de nombreuses personnes ne reconnaissent même pas qu'Hachem existe et que les juifs sont Son peuple.
Les chrétiens affirment qu'ils sont Sa nation, les musulmans affirment qu'ils sont Sa nation, et pourtant de nombreux juifs rejettent l'idée que nous sommes la nation d'Hachem. Or, dans Ses chambres intérieures, Hachem pleure cette perte. Ne devrions-nous pas pleurer nous aussi?

En gardant ces idées à l'esprit, nous devrions être capables de verser des larmes sur la perte que nous subissons en ce moment. Nous ne pouvons pas moins la ressentir que nos ancêtres, qui ont vu le Temple.
Nous devrions essayer de pleurer le Temple sincèrement, avec des larmes, car nos Sages (Taanit 30b) promettent que "celui qui pleure Jérusalem méritera de voir son bonheur". En effet, le deuil est la clé de la guéoula.
Le rav 'Haïm Friedlander fait remarquer que l'on bénéficie d'une aide supplémentaire du ciel pour pleurer sincèrement le Temple pendant cette période.

[le judaïsme donne une place primordiale à la joie (les nombreux yom tov, obligation de service Hachem dans la joie, voir la vie avec émouna, ...), mais parfois il est nécessaire de prendre un moment limité pour semer dans les larmes, pour vider notre coeur sur tout ce qui est manquant, ce qui ne va pas, ... et alors on peut repartir de l'avant plein de joie et d'espoir en Hachem. ]

Si nous essayons sincèrement de pleurer la destruction du Temple, il s'ensuit que nous devrions essayer de corriger l'origine de cette destruction.
Nos Sages (Yoma 9b) nous disent que la raison de la destruction du second Temple était la "sinat 'hinam" (la haine gratuite, sans fondement) entre les juifs.
Si le Temple n'a toujours pas été reconstruit, cela indique que nous n'avons pas encore surmonté cette lacune. Le Maharal écrit que la gravité de la "sinat 'hinamé réside dans le fait qu'elle témoigne de la pourriture du cœur d'une personne.

Comment pouvons-nous nous débarrasser d'un trait de caractère aussi terrible?
L'Alter de Kelm conseille de s'efforcer d'aimer les juifs. [de la même façon que la haine sans raison est si grave, alors on doit développer un amour sans raison. ]
Il faut constamment réfléchir aux moyens d'aider son prochain. L'aide peut prendre la forme d'un sourire amical, d'un "bonjour" sincère ou d'une myriade d'autres choses. [par exemple, je croise un juif que je ne connais pas, et bien dans ma tête je peux prier pour lui et sa famille. ]
Comment puis-je utiliser mes ressources pour aider les juifs?
[on a une nature humaine à penser à notre nombril, à être paresseux, on a une tendance à vouloir faire de grande chose ou rien, mais faisons déjà plein de petits actes de 'hessed cachés ou public, ...]

Le rav 'Haïm Friedlander écrit que la racine de sinat 'hinam, et de tout type de jalousie, est un manque de émouna, de foi en Hachem. Nous devrions essayer de renforcer notre conviction que tout ce que nous avons est exactement ce qu'Hachem a décrété pour nous. Personne ne peut nous enlever ce qu'Hachem a décidé pour nous.
Hachem fournit à chaque juif ce dont il a besoin pour réaliser la tâche particulière qu'Hachem attend de lui. En effet, il n'y a pas deux personnes semblables, nous avons tous un but unique à remplir.
Il s'ensuit que tout ce que nous avons, santé, intelligence, richesse, apparence, popularité, est ce qu'Hachem a décidé de faire de mieux pour nous.

Nous devrions revoir souvent cette idée et ne jamais permettre à la jalousie de prendre racine.
La jalousie est un mensonge, car ce que mon prochain possède est bon pour lui, pas pour moi.
Je m'en remets au jugement d'Hachem et je suis convaincu qu'Hachem sait exactement ce que j'ai et ce dont j'ai besoin. Si mon voisin a une plus grande maison ou une voiture plus rapide, ou si mon partenaire d'étude a déjà terminé un traité de guémara et que je me débats encore au début, ce n'est pas un accident.
C'est la situation qu'Hachem veut pour moi, et Il sait que je peux y réussir.

[rabbi Moché Krieger]

Ouvrons nos yeux sur la perte du Temple

+ Ouvrons nos yeux sur la perte du Temple :

-> Nous disons dans la prière : "Fais que nos yeux voient lorsque Tu reviendras à Tsion" (vété'hézéna énénou béchouvé'ha léTsion). Que signifie "Que nos yeux voient"?
L'un des pchat est que tout est là face à nous, mais que nous ne le voyons pas. La géoula est là, le machia'h est là, le Temple est là, prêt à apparaître. Il suffit que nous soyons capables de nous en rendre compte et de le visualiser. C'est pourquoi nous prions pour qu'Hachem nous donne la capacité de comprendre et d'apprécier à quel point la Délivrance est proche (à porter de main) ; elle attend de faire son apparition.

Il ne fait aucun doute que le fait d'anticiper réellement la Délivrance est une tâche difficile. Nous n'avons jamais eu de Temple. Nous n'avons jamais eu de machia'h. Nous ne pouvons pas imaginer ce que cela va être. Cela nous dépasse. Nous ne savons pas vraiment quels seront les avantages (le peu que l'on peut imaginer, est comme néant par rapport à la réalité).
Les gens se disent : "La vie est assez belle telle qu'elle est aujourd'hui. Je ne sais pas ce que l'arrivée de machia'h signifiera pour moi personnellement. Je peux attendre un peu pour machia'h". (ça va la routine de ma vie est assez maitrisée, confortable, alors au fond de moi je ne suis pas si impatient que cela que ça change)

Le rav 'Haïm Epstein compare ce concept à quelqu'un qui est né en prison et à qui l'on fournit tous ses besoins quotidiens. Il a de la nourriture, des loisirs et un toit au-dessus de sa tête. Il grandit dans cet environnement et pense qu'il est typique. Il est parfaitement satisfait et n'a aucun souci.
Cependant, s'il quittait la prison et découvrait que la liberté lui permet de porter ce qu'il veut, de faire ce qui lui plaît, d'aller où il veut, il ne choisirait jamais de retourner en prison.
[notre vie spirituelle, notre relation avec Hachem, ressemble à être enfermée dans un cachot obscure. ]

Nous sommes nés dans la prison de la France, de l'Amérique, ou de l'Angleterre (dans Sa bonté Hachem fait que cette prison soit confortable et agréable). Mais en réalité, le monde entier, y compris n'importe quel lieu de villégiature, est, au mieux, une prison. Nous pensons que notre environnement nous fournit tout ce dont nous avons besoin, qu'il s'agisse de sports, de divertissements, des derniers gadgets ou de tout autre confort physique dont nous jouissons dans cet exil. Le Temple ne nous manque pas, car nous ne l'avons jamais eu ...

Le 9 Av est un jour où nous nous éloignons de nos préoccupations quotidiennes pour contempler la destruction du Temple. [on coupe tout notre train-train, et on prend le temps pour médier, prendre du recul sur l'implication d'une telle perte. ]

[rav David Goldwasser]

Du Michkan au Temple

+ Du Michkan au Temple :

-> Lorsque le peuple juif est entré en terre d'Israël [avec Yéhochoua] en l'an 2488, il a installé le Michkan à Guilgal (Yéhochoua 4,19). Il resta là pendant 14 ans, jusqu'en 2502. [guémara Zéva'him 118b]
Il fut alors transféré à Shilo (Yéhochoua 18,1), où des murs de pierre furent construits pour remplacer les murs de bois dorés du Michkan, mais les 3 revêtements d'origine furent encore utilisées pour le toit. [Zéva'him 118a]
Cette structure resta en place pendant 369 ans, jusqu'en 2871 [guémara Zéva'him 118b], lorsque les Philistins s'emparèrent du Aron HaBrit (Chmouël I 4,1-22) et détruisirent le Sanctuaire (voir Yirmiyahou 7,12-14).

Le Michkan fut ensuite reconstruit à Nov, où il resta 13 ans jusqu'en 2884, date à laquelle il fut déplacé à Givon, où il resta 44 ans jusqu'en 2928, date à laquelle commença la construction du 1er Temple à Jérusalem (Zéva'him 118b).

La Torah (Réé 12,5 - Rachi) précise qu'avant que le Michkan provisoire ne soit installé à Shilo (c'est-à-dire lorsque le Michkan se trouvait à Guilgal), et pendant la période qui suit la destruction de Shilo mais qui précède la construction du Temple à Jérusalem (c'est-à-dire lorsque le Michkan se trouvait à Nov et Givon), il est permis de construire et d'utiliser des autels privés pour des offrandes privées et volontaires.
La raison en est que "vous n'êtes pas encore parvenus au lieu de repos (ménou'ha) ni à l'héritage (na'hala) que Hachem, votre D., vous donne" (michna Zéva'him 14:8). Le terme "lieu de repos" fait référence au Michkan à Shilo ; le terme "héritage" fait référence au Temple à Jérusalem.