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Lorsqu’une nation fait une bonté aux juifs, alors son ange chante à Hachem

+ Lorsqu'une nation fait une bonté aux juifs, alors son ange chante à Hachem :

Et il dit : "Laisse-moi partir, car l'aube se lève" (Vayichla'h 32,27)

-> Rachi explique que l'ange a demandé à être libéré parce que le moment était venu pour lui de chanter les louanges d'Hachem. Jusqu'à ce moment, dit le midrach (Béréchit rabba 78:1), cet ange n'avait jamais chanté les louanges de D. et voilà que le moment est venu pour lui d'en chanter.

=> Nous devons donc nous demander pourquoi le moment pour l'ange de chanter est arrivé à ce moment précis.

La réponse semble être la suivante. Chaque nation a un ange protecteur/titulaire.
Chaque fois qu'une nation accomplit un acte de bonté envers le peuple juif, l'ange protecteur de la nation est stimulé et chante un chant de louange à D.

Dans notre verset, l'ange dont il est question est l'ange protecteur d'Essav. Lorsque Essav a accompli un acte de bonté envers Yaakov, l'ange d'Essav a été habilité à chanter un chant de louange à D.
C'est pourquoi le midrach dit que cet ange n'avait jamais auparavant chanté les louanges de D. et que son heure était arrivée, car Essav n'avait jamais agi avec bonté envers Yaakov, et maintenant il l'a fait.
Le moment était donc enfin venu pour l'ange de chanter les louanges de D.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

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=> Lorsque les nations non juives sont bienveillantes à l'égard du peuple juif, leurs anges chantent à D.

L’importance de respecter ses vœux

+++ L'importance de respecter ses vœux :

"Hachem dit à Yaakov : "Lève-toi, va à Beit El, habite-y et fais-y un autel au D. qui t'est apparu lorsque tu fuyais Essav, ton frère" (Vayichla'h 35,1)

-> Rachi commente : " Yaakov a été puni [par la capture de Dina par Sechem] parce qu'il a retardé l'accomplissement de son vœu [de construire un autel pour Hachem à son retour en terre d'Israel]".

-> Peu avant, Rachi (Vayichla'h 32,23) expliquait pourtant que : Yaakov a enfermée Dina dans un coffre pour empêcher Essav de la voir et de vouloir l'épouser. Et Yaakov a été puni pour cela, car elle aurait pu l'inciter à s'amender. Au lieu de cela, Dina fut capturée par Sichem.

-> Le Maharal (Gour Ariyé - Vayéchev 37,2) explique :
La raison principale de l'enlèvement de Dina est que Yaakov a empêché Essav d'épouser Dina. Hachem punit toujours une personne mesure par mesure, car de cette façon, la personne peut être consciente qu'elle a fauté et quelle a été précisément sa faute.
L'enlèvement de Dina est directement lié à la faute de Yaakov qui l'a empêchée d'épouser Essav (Rachi v.32,23), comme le déclarent nos Sages : " Tu l'as empêchée d'épouser [Essav] qui était circoncis, et au lieu de cela, elle a été enlevée par [Séchem], qui n'était pas circoncis" (midrach Béréchit rabba 76:9).

Néanmoins, et comme l'indique Rachi (v. 35,1), la faute de Yaakov, qui a retardé son vœu [de construire un autel], a également contribué à l'enlèvement de Dina, car il a accéléré la punition.
Nos Sages (guémara Yérouchalmi Nédarim 1:1) enseignent que "lorsqu'une personne retarde l'accomplissement d'un vœu, son grand livre [de fautes et de mérites] est examiné".
Même lorsque l'on a fauté et que l'on mérite une punition, Hachem est miséricordieux. Il n'applique pas toujours le châtiment immédiatement, préférant attendre et donner à la personne le temps de se repentir.
Cependant, comme Yaakov n'a pas accompli son vœu en temps voulu, il a été soumis à l'examen du Ciel, et lorsque ses actes ont été examinés, il a été déterminé qu'il méritait une punition immédiate pour avoir empêché Dina d'épouser Essav.
S'il n'avait pas retardé son vœu, il est possible qu'il n'ait pas été puni du tout pour sa faute, car la prière et le repentir ont le pouvoir d'expier les péchés sans punition.

Nos Patriarches vivaient constamment avec des anges

+++ Nos Patriarches vivaient constamment avec des anges :

"Yaakov envoya des mala'him devant lui à Essav, son frère, au pays de Séir, dans le territoire d'Edom" (Vayichla'h 32,4)

-> Le midrach (Béréchit rabba 75:4) affirme que les "mala'him" envoyés par Yaakov étaient de véritables anges et non des messagers (comme le mot peut également être traduit). Il estime que si Hagar, la servante de Sarah, a vu 5 anges lui apparaître, Yaakov, qui était le bien-aimé d'Hachem, avait certainement des anges à sa disposition.

-> Il est écrit : "Moché envoya des mala'him" (vayichla'h Moché mala'him - 'Houkat 20,14)
Ainsi selon la logique précédente, Moché et Yéhochoua auraient également dû avoir des anges à leur disposition. Pourtant, nous ne trouvons pas dans les écrits de nos Sages que les mala'him envoyés par Moché et Yéhochoua étaient de véritables anges. Pourquoi Moché et Yéhochoua étaient-ils inférieurs à Hagar sur cet aspect?

La réponse est que Hagar ne possédait pas elle-même le mérite d'être en présence d'anges. Les anges lui sont apparus en raison de son association avec les Patriarches. En tant que telle, la logique veut que les Patriarches eux-mêmes aient mérité d'être en présence des anges, étant donné que les expériences d'Hagar avec les anges se sont produites en raison de leurs mérites.
Cependant, cette logique ne s'applique pas à Moché et Yéhochoua ou à tout autre grand dirigeant du peuple juif. Malgré leur grandeur, ils n'étaient pas les Patriarches de la nation juive.

Avraham, Its'hak et Yaakov méritaient une protection spéciale de la part des anges car, en tant qu'ancêtres de la nation juive, ils étaient les éléments essentiels de la construction du monde. Après tout, le monde a été créé pour la nation juive. Sans les ancêtres, la nation n'aurait pas vu le jour, et c'est pourquoi les ancêtres méritent une protection spéciale.

Les douze fils de Yaakov ont également joué un rôle essentiel dans la construction du monde, chacun d'entre eux étant le père fondateur de l'une des 12 shévatim (tribus). Les 12 tribus correspondent aux 12 mazalot (les pouvoirs/forces qu'Hachem a établis dans les Cieux).
Tout comme le monde ne pourrait exister sans les 12 mazalot (midrach Chémot rabba 15:6), il ne pourrait exister sans l'existence des tribus. Par conséquent, les tribus méritaient également une protection spéciale de la part des anges, comme l'indique le midrach (Béréchit rabba 75:4) : "Yossef était le plus jeune des tribus, et il était en contact avec 3 anges".

En revanche, Moché et Yéhochoua, malgré leur grandeur, n'étaient que des individus, même s'il s'agissait de très grands individus. Le monde aurait pu exister sans eux, comme le disent nos Sages : "Si la Torah n'avait pas été donnée par Moché, elle aurait été donnée par le biais de Ezra" (guémara Sanhédrin 21b).
Parce que Moché et Yéhochoua n'étaient pas essentiels à l'existence du monde, ils ne méritaient pas la même protection que les Patriarches (Avot). En tant que tels, ils n'étaient pas en présence constante d'anges.
En effet, Moché ne pouvait même pas se tenir en présence des anges sans le mérite des Patriarches, comme l'indique le midrach (Chémot rabba 28:1) : "Lorsque Moché monta au ciel, les anges tentèrent de le chasser. Que fit Hachem? Il façonna le visage de Moché Rabbénou à l'image d'Avraham".
[d'après le Maharal - Gour Aryé - Chémot 2,1]

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En résumé :
Les Patriarches et leurs fils, les 12 tribus, étaient les éléments constitutifs de la nation juive et du monde entier. Parce que leur existence était essentielle au monde, ils méritaient constamment une protection spéciale de la part des véritables anges.
Les autres grands dirigeants de la nation juive, même ceux qui étaient aussi importants que Moché et Yéhochoua, n'appartenaient pas à cette catégorie. Ils ne méritaient donc pas de protection si spéciale.

"Que mon maître veuille passer devant son serviteur ; moi, je cheminerai à ma commodité, selon le pas de la suite qui m’accompagne et selon le pas des enfants, jusqu’à ce que je rejoigne mon maître à Sé’ir" (Vayichla'h 33,14)

-> La guémara (Avoda Zara 25b) nous enjoint, si par hasard en chemin un non-juif nous demande notre destination, de donner une destination plus éloignée et de rester flou sur le chemin réel que nous voulons emprunter de manière à pouvoir se protéger d’un éventuel danger.
Elle tire une preuve de ce verset, qu’on peut modifier la vérité, car on sait que Yaakov n’est en fait jamais allé à Seïr.

Seulement amener une preuve qu’il est permis de mentir de Yaakov est un peu problématique, car on sait que Yaakov tire son essence de la mida de Emet (l’attribut de la Vérité).
En fait, il faut savoir que même si Yaakov n’est jamais allé à Seïr, il n’a pas menti pour autant, en effet, il compte bien encore y aller, et ce, quand le machia'h viendra et que s’accomplira le verset : "Et des libérateurs monteront sur la montagne de Tsion, pour se faire les justiciers du mont d’Essav ; et la royauté appartiendra à Hashem" (véalou mochi'im béar tsion... - Ovadia 1,21).

De la même manière, si la guémara nous cite comme source cet événement, c’est pour nous dire à quel point il est important de s’attacher à la vérité, même si on doit la modifier pour se protéger d’un danger potentiel. Et dans ce cas, même si on cache notre vraie destination il faudra en donner une qu’on pense rejoindre, une autre fois.
[Ben Ich 'Haï - Bénayahou - guémara Avoda Zara 25b]

"J'ai acquis bœufs et ânes, menu bétail, serviteurs et servantes et j'envoie dire à mon seigneur [Essav], pour trouver grâce à tes yeux" (Vayichla'h 32,6)

-> Rabbénou Bé'hayé fait remarquer que le verset aurait dû faire précéder les bœufs et les ânes du menu bétail, celui-ci ayant plus de valeur.
Il prouve cela aux travers de plusieurs versets, où systématiquement le menu bétail y est cité en premier avant toute autre espèce.
Il explique qu'ici la raison est que Yaakov désirait éviter de provoquer son frère.
La colère de ce dernier à son égard avait pour origine les bénédictions que Yaakov avait prises, et cela avait été rendu possible grâce au menu bétail, lorsque Rivka ordonna à son fils : "De grâce, va dans le menu bétail et prends-moi de là-bas 2 bons chevreaux" (Toldot 27,9).
C'est pour cela que Yaakov différa la mention du menu bétail (après celle des bœufs et des ânes) afin de ne pas rappeler ce mauvais souvenir à son frère.

=> Comment alors comprendre que lorsque Yaakov offrit des présents à Essav, il lui envoya d'abord le menu bétail, comme il est dit : "200 chèvres et 20 boucs" (Vayichla'h 32,15)?

Rabbénou Bé'hayé répond qu'il existe une différence entre avant la prière et après celle-ci.
Il explique : "Avant d'avoir prié, Yaakov ne voulut pas mentionner en premier lieu le menu bétail de crainte de réveiller la haine d'Essav en lui rappelant le passé.
Mais à présent, après avoir prié, il n'avait plus peur de lui du tout.
Au contraire, il désirait l'intimider en lui insinuant que s'il désirait l'affrontement, il ne pourrait pas le vaincre puisqu'il avait reçu, à l'aide de 2 chevaux, la bénédiction "que tu sois le seigneur de ton frère (v.27,29). Alors qu'à lui, Its'hak avait dit : "Tu serviras ton frère" (v.27,40).

=> Ceci nous montre concrètement la force et l'impact de la prière.

Hachem se tient toujours aux côtés de l’affligé, du poursuivi

+++ Hachem se tient toujours aux côtés de l'affligé, du poursuivi :

"Il [Yaakov] mit les servantes et leurs enfants en premier, Léa et ses enfants ensuite, et Ra'hél et Yossef en dernier" (Vayichla'h 33,2)

-> Une personne doit toujours être parmi ceux qui sont poursuivis (persécutés), et non parmi ceux qui poursuivent (persécutent).
[Rabbi Abahou - guémara Baba Kama 93a]

Cette règle est tellement forte que nos Sages (midrach Vayikra rabba 27,5) affirment que même si un tsadik pourchasse un racha, Hachem portera assistance au racha, par le fait que c’est lui qui est persécuté.

[même si on a de très bonnes raisons d'agir ainsi, mais telle est la règle : le fait de persécuter quelqu'un va mettre Hachem du côté opposé!]

Le rav El'hanan Wasserman dit que c'est pour cela que les juifs ont constamment des ennemis, car ainsi ils peuvent se tenir debout devant Hachem, malgré toutes les accusations qui risquent de les faire tomber.

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-> b'h, également à ce sujet : http://todahm.com/2018/06/13/6604-2

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-> Rachi (v.33,2) commente le verset ci-dessus : "Au plus chéri le dernier rang" (a'haron a'haron 'haviv).

Ainsi, il semble que Rachi dit que Yaakov voulait protéger ceux qu'il aimait le plus.
Par ordre d'amour, il a mis "les servantes et leurs enfants en premier, Léa et ses enfants ensuite, et Ra'hél et Yossef en dernier".

=> Comment cela est-il possible, puisque selon la loi juive (cf. Choul'han Aroukh Yoré Déa 156), lorsqu'il est question de vie ou de mort (pikoua'h néfech), les intérêts personnels ne doivent pas rentrer en compte dans les décisions prises.
Ainsi, l'amour de Yaakov ne doit pas déterminer l'emplacement, et qui doit être plus davantage protégé.
Comment comprendra alors son attitude?

-> Le Divré Yé'hezkel (de Shinov) répond qu'en réalité Yaakov a protégé tout le monde également.
Comme on l'a vu ci-dessus, Hachem est du côté de ceux qui subissent une humiliation, en prenant davantage soin d'eux. [Hachem mévakech ét anirdaf - Rachi Kohélet 3,15]

A propos de Léa : "elle déclara : Parce que Hachem a entendu que je ne suis pas aimée, Il m'a donné celui-là aussi" (Vayétsé 29,33)
[selon nos Sages, Hachem a vu la détresse d'épouse reléguée au second plan et lui a accordé le premier des enfants de Yaakov, afin que son époux éprouve plus d'amour pour elle.
On voit que Hachem est davantage au côté de ceux qui sont dégradés par autrui.]

Les servantes ressentaient surement la même chose : d'être inférieure à Ra'hél et Léa dans le cœur de Yaakov.
Et puisque cette situation leur provoquait une souffrance, une humiliation (plus ou moins consciente), la règle est que Hachem prenait davantage soin d'elles.

=> Ainsi, les servantes et leurs enfants qui se sentaient le moins aimées aux yeux de Yaakov (même les autres enfants les dénigraient comme "fils de servantes"), on était placés en premiers car ils bénéficiaient d'une plus grande protection par Hachem.

Ensuite, vient Léa et ses enfants car elle était inférieur à Ra'hél aux yeux de Yaakov (mais supérieur aux servantes), ce qui fait qu'elle avait plus de protection d'Hachem que Ra'hél.
Tout à l'arrière, il y avait Ra'hél et Yossef, qui avait besoin de davantage de protection, puisqu'Hachem était le moins à leur côté.

[c'est le sens des paroles de Rachi : "Au plus chéri le dernier rang" = puisqu'ils sont le moins dénigrés, alors Hachem sera moins là pour les aider, et ils ont donc plus besoin d'aide en étant à l'arrière.]

Il en découle que Yaakov a protégé tout le monde de façon équitable.

=> Il existe un règle : dès que quelqu'un a le cœur brisé par autrui (même inconsciemment), dès que quelqu'un subi une humiliation, qu'il est dénigré, ..., alors Hachem vient à son secours.
Ainsi, lorsque quelqu'un nous embête, nous avons alors Hachem qui vient nous protéger, nous défendre.
Par contre, si nous lui répondons (même si nous le froissons émotionnellement), alors nous inversons la situation, et nous faisons partir Hachem pour qu'Il vienne aider l'autre personne.

==> Ainsi, si nous voulons garder la bénédiction d'Hachem, nous devons faire attention à ne jamais agir de façon à briser le cœur (même légèrement) d'autrui.

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+ "Ra'hél jalousa sa sœur et elle dit à Yaakov : Donne-moi des enfants, sinon je suis morte." (Vayétsé 30,1)

-> Le rabbi Bounim de Pshischa (Kol Sim'ha) s'interroge : à priori son attitude n'a pas de sens et ressemble à un caprice d'enfant.

Il explique : en réalité, Ra'hél vit que sa sœur qui était repoussée par Yaakov avait enfanté alors qu'elle qui était désirée demeurait stérile.
En effet, même mariée Léa subissait une grande souffrance d'être placée toujours derrière Rah'el et d'être mal aimée par Yaakov, comparativement à sa sœur.
Hachem a alors décidé de l'aider et de panser ses maux, "Il a ouvert sa matrice" et lui a donné 6 garçons.
Rah'el qui était favorisée et aimée par Yaakov n'a pas eu le même mérite et est donc "restée stérile".

Rah'el comprit que l'un dépendait de l'autre car Hachem aime celui qui est mis à l'écart et qui en a le cœur brisé.
C'est précisément sur cela que le verset dit : "Ra'hél jalousa sa sœur", sur le fait qu'elle était repoussée alors qu'elle même était désirée.

Sur le champ elle dit alors à Yaakov : "donne-moi des enfants, sinon je suis morte" (v.30,1), car elle savait que rien au monde n'irriterait Yaakov qu'une telle phrase.
Ce qui s'avéra juste puisqu'il la repoussa alors en la réprimandant, comme il est écrit : "Yaakov s'irrita sur Ra'hél" (v.30,2) et juste après, elle fut exaucée et donna naissance à Yossef.

=> Cela vient nous enseigner que Hachem se tient toujours aux côtés de l'affligé pour panser ses blessures.

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-> Le Béer Mayim 'Haïm enseigne que Ra'hél était embarrassée que ses servantes : Bil'a et Zilpa avaient des enfants, tandis qu'elle restait stérile.
Or, le sentiment de honte est la plus dure des souffrances, et en raison de cette honte, ses fautes lui ont été expiées et elle a pu mériter d'avoir des enfants.

Le Béer Mayim 'Haïm dit que nous voyons cela en allusion : "Elle [Ra'hél] dit : Elokim a mis fin à ma honte" (Vayétsé 30,23)

Le nom Elokim désigne l'attribut Divin de rigueur.
Ainsi, Ra'hél exprime en allusion dans cette phrase que grâce à la honte qu'elle a pu subir, Hachem fit cesser les décrets rigoureux qui pesaient sur elle.

=> Il en résulte que nous devrions se réjouir lorsque nous subissons un affront, à l'idée qu'il a le pouvoir d'annuler de mauvais décrets et des souffrances qui auraient dû nous frapper.

-> Le 'Hida enseigne que Hachem a mis dans les règles de la nature que tout celui qui subit une humiliation va recevoir une aide du Ciel.

-> Un jour quelqu'un a humilité fortement le rabbi Méïr de Prémichlan.
Ce dernier a fait une séouda pour fêter cela.
Le rabbi de Prémichlan a expliqué : "Il y a une règle de la nature que la honte sauve une personne de la maladie. Si je n'avais pas été humilié, peut-être que je serais devenu malade.
Après plusieurs semaines d'inquiétudes et de douleurs, j'aurai récupéré et fait une séouda de remerciement pour célébrer cela.
Maintenant, que j'ai été sauvé de l'épreuve [d'une dure maladie] grâce à un peu de honte, ne dois-je pas le fêter et faire une séouda?"

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-> Yaakov a fait un rêve dans lequel il a vu une échelle avec pour base la terre et qui arrivée au Ciel.
Le Baal haTourim (Vayétsé 28,12) écrit : "Cela est une allusion au fait que lorsque quelqu’un est jeté au sol pendant un moment, alors il va atteindre le Ciel."

[c’est de notre chute au sol que va germer notre élévation future et donc notre rapprochement vers Hachem!
A l’image d’une graine qui va se décomposer dans le sol, et ensuite va beaucoup se développer vers le Ciel]

L’idée est également qu’au final Hachem va nous dédommager pour tous nos moments de malheur/souffrances (nos chutes au sol), et il est évident que nous y gagneront énormément plus que ce que nous avons pu perdre.
[Hachem est tellement rempli de bontés, que pour une difficulté minuscule arrivant au bas de l’échelle (au sol), il nous récompensera par quelque chose d’aussi phénoménale que ça en arrivera au Ciel (haut de l’échelle).]

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-> Ra'hél dit à Yaakov : "donne-moi des enfants, sinon je suis morte" (v.30,1)

"Yaakov s'irrita sur Ra'hél et il dit : Suis-je à la place de D. qui t'a refusé le fruit des entrailles?" (v.30,2)

Malgré les intentions parfaitement pures de Yaakov nos Sages critiquent son attitude.
Ce n'est pas une façon de répondre à une personne en détresse.
Si l'on veut aider quelqu'un à prier avec plus d'intensité, il faut trouver un moyen de le faire sans le blesser.

Rav 'Haïm Chmoulévitch (5730,24) souligne que lorsqu'on afflige quelqu'un, on ne peut se justifier en disant que nos intentions étaient bonnes et qu'on a agi pour l'amour du Ciel, car c'est mettre la main au feu : les meilleurs intentions du monde ne pourront empêcher qu'on se brûle.
Il est aussi dangereux de blesser quelqu'un que de mettre la main au feu.

Comme l'enseigne nos Sages (guémara Baba Batra 16a), Penina, la seconde épouse d'Elkana, ne cessait de se moquer de 'Hanna parce que celle-ci n'avait pas d'enfants. Penina a néanmoins été sévèrement punie (cf. Chmouël I 2,25) et elle a perdu 8 de ses 10 enfants.

Penina, qui était l'épouse d'Elkana, était sûrement une femme juste et vertueuse. Il ne lui était sans doute pas facile d'agir avec cruauté vis-à-vis de la pauvre 'Hanna mais elle a fait taire ses propres sentiments dans l'espoir d'amener 'Hanna à prier avec assez de ferveur pour que sa prière soit exaucée, et pourtant elle a été punie.

Faut prier, pour être livré de nos bénédictions

+ Faut prier, pour être livré de nos bénédictions :

-> Rachi (Vayichla'h 32,9) commente : Yaakov s’est préparé de 3 manières à sa rencontre avec Essav : par des cadeaux, par la prière et par la préparation au combat.

=> Comment comprendre que Rachi a changé son ordre par rapport à celui d'apparition dans la Torah?
En effet, la Torah aborde :
v.8-9 = d'abord le fait qu'il se soit préparé au combat en séparant le camp en deux ;
v.12 = puis ensuite apparaît la prière ("Sauve-moi, de grâce, de la main de mon frère") ;
v14-17 = et pour finir Yaakov va donner des cadeaux ("un cadeau pour Esasv son frère : 200 chèvres ... 200 brebis ...").

=> Pourquoi un tel changement?

En réalité, Rachi nous fait passer un message fondamental.
Le fait d'envoyer des cadeaux pour trouver faveur aux yeux de quelqu'un est une hichtadlout. [effort naturel nécessaire]
De même, se préparer à la guerre est également une approche naturelle.
Rachi a positionné entre ces 2 préparations naturelles (les cadeaux, le combat) la prière, afin de nous enseigner que la prière est également une hichtadlout.
En effet, Hachem a mis dans les règles naturelles de fonctionnement de ce monde que si quelqu'un prie alors Hachem va répondre à sa prière.

Un miracle est lorsque se produit une chose qui défie et dépasse les lois de la nature.
Par exemple, les miracles de 'Hanoucca : une petite fiole qui doit se consommer en un jour va durer 8 jours, ou bien une poignée d'hommes qui battent une énorme armée.
Cependant, au sujet de la prière, c'est quelque chose d'entièrement naturelle.
Hachem a mis dans les lois de la nature que si l'on prie, alors forcément Il nous écoute.
[c'est cela que nous enseigne Rachi en modifiant l'ordre des 3 manières dont Yaakov s'est préparé.]

-> La guémara (Kidouchin 29b) rapporte que la vie de rav A'ha était en danger, et il a été sauvé par ses prières.
Il existe une règle : lorsqu'un miracle se produit pour quelqu'un, il va perdre une partie de ses mérites [éternels du monde à venir]. Ses bonnes actions venant en échange du miracle qui vient d'avoir lieu.
Le Maharcha écrit : ce n'est pas ce qui s'est passé avec rav A'ha. En effet, il n'a perdu aucun mérite, car rav A'ha a été sauvé par le mérite de ses prières, ce qui n'est pas considéré comme un miracle.

[avec les prières on peut obtenir des cadeaux gratuits de D. sans avoir besoin de mérite.
C'est avoir un résultat identique aux miracles mais sans perdre de mérites futurs.]

-> Hachem désire nous combler de belles choses, mais tant que nous ne prions pas, alors il ne peut pas nous les octroyer, car c'est ainsi que fonctionne notre monde.
Le rav Elimélé'h Biderman rapporte que cela ressemble à quelqu'un qui va dans un super hôtel 5 étoiles. Il y arrive et apprécie le luxe, mais il a été surpris de constater que le personnel ne lui a pas servi de repas.
De retour chez lui, il dit à l'ami qui lui a conseillé cet hôtel : "C'était horrible : Personne ne m'a servi de quoi manger!"
Son ami l'a questionné : "Est-ce que tu as demandé un repas? Est-ce que tu as appelé le room service?
Il a répondu : "non"
"Est-ce que tu es allé à la salle à manger?"
Il a répondu : "non".
"Alors, si tu n'as pas demandé de repas, comment peux-tu t'attendre à en avoir un?"

Il en est de même dans ce monde.
Hachem nous fournit absolument tous nos besoins, mais cependant tout n'est pas livré à notre porte (bien que par bonté de D. beaucoup de choses le soient quand même).
[on a le droit à plein de bénédictions, mais puisqu'on prie pas alors elles ne nous sont pas livrées!]
La procédure qu'Hachem a créée dans le monde, est qu'on peut obtenir tous nos besoins, mais pour cela il faut le demander.
Quoiqu'il puisse manquer dans notre vie, peut être obtenu si nous le demandons de tout notre cœur à notre papa Hachem.

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-> Le Maguid de Mézéritich enseigne que le bita'hon est également une hichtadlout dans la naturalité.
A l'image de la prière, Hachem a également placé dans les lois de la nature que lorsque l'on a confiance en Lui, alors Hachem va nous aider.
C'est totalement naturel!

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-> "Yaakov eut très peur et fut angoissé. Il divisa les gens qui étaient avec lui, ainsi que le menu bétail, le gros bétail et les chameaux, en 2 camps. Il dit : Si Essav marche sur un camp et le défait, le camp restant survivra" (Vayichla'h 32,8-9)

-> Le 'Hozé de Lublin dit qu'il y a 2 camps dans un homme : ses pensées et ses paroles.

Le verset nous enseigne :
- "Si Essav marche sur un camp et le défait" = si le yétser ara frappe un camp : le camp de tes pensées, ce qui implique que tu ne peux plus prier avec kavana.
- "le camp restant survivra" = néanmoins l'autre camp : celui de la parole, reste.

=> Ainsi, même si l'on arrive pas à avoir de la kavana, nous devons quand même prier uniquement avec nos mots, car cela également amène notre délivrance.

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-> "Yaakov s'irrita sur Ra'hél et il dit : Suis-je à la place de D. qui t'a refusé le fruit des entrailles?" (Vayétsé 30,2)

Le Ramban écrit que suite à ces paroles : "Ra'hél a pris conscience qu'elle ne pouvait pas compter sur Yaakov, et elle a prié [du plus profond d'elle-même, en ne s'en remettant qu'à Hachem] ... et Hachem a écouté ses prières."

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-> Ra'hél dit à Yaakov : "donne-moi des enfants, sinon je suis morte" (Vayétsé 30,1)
-> "Yaakov s'irrita sur Ra'hél et il dit : Suis-je à la place de D. qui t'a refusé le fruit des entrailles?" (Vayétsé 30,2)

Le rabbi Yéhochoua de Belz donne l'explication suivante :
Il existe une différence fondamentale lorsqu'une personne prie pour elle-même et lorsqu'elle demande à un tsadik de prier pour elle.
Lorsque nous prions Hachem pour un besoin personnel, même si notre croyance en Hachem n'est pas parfaite, notre prière est suffisante et Hachem va quand même y répondre et réaliser des miracles pour nous.
Cependant lorsque nous demandons à un tsadik de prier pour nous, la délivrance va dépendre d'à quel point nous avons de la confiance dans le tsadik.
Si nous ne croyons pas dans le tsadik à 100%, alors le tsadik ne peut pas pleinement prier pour nous.

En ce sens, Yaakov a dit à Ra'hél : "Suis-je à la place de D." = une personne peut prier Hachem, même en n'ayant pas une émouna parfaite.
Or, je constate que tu as dit : "donne-moi des enfants, sinon je suis morte" = tu n'es pas certaine que je peux t'aider, et si tu ne crois pas pleinement en moi, alors je ne suis capable de t'aider.

[elle s'est alors tournée vers Hachem, et Hachem a écouté ses prières.]

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-> "Hachem se souvint de Ra'hél ; D. l'exauça et ouvrit sa matrice" (Vayétsé 30,22)

Le Ohr ha'Haïm commente : "Le verset dit que malgré le fait que Hachem se souvint des bonnes actions de Ra'hél, elle avait quand même besoin de prières.
Comme il est écrit : D. l'exauça."

[c'est une loi naturelle de ce monde : on a beau mériter plein de super bénédictions, mais si nous ne prions pas de tout notre cœur à Hachem, elles n'ont pas la possibilité de venir sur nous. Même Ra'hél n'a pas échappé à la règle, alors prions!

D'ailleurs, Léa a tellement prié en larmes pour annuler le décret de devoir se marier à Essav, qu'au final elle a réussi à annuler le décret et elle s'est même mariée avant sa sœur avec Yaakov.
Avec autant de belles prières à son actif, elle a eu rapidement des enfants, tandis que Ra'hél d'une certaine façon a dû "rattraper" son retard de prières, en devant alors prier pour mériter d'avoir des enfants.]

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-> C'est seulement une fois que Ra'hél a compris qu'elle seule pouvait implorer D. pour son propre compte avec l'intensité nécessaire, que D. l'a entendue.

Nous trouvons un autre exemple de cette démarche dans la méguilat Esther.
Selon rabbi Né'hémia (guémara Méguila 15b), Esther voulait pousser ses frères juifs à prier D. avec plus de ferveur.
Sachant qu'Esther était reine, les juifs se disaient : "Nous avons une sœur dans la maison du roi", et ils pensaient qu'Esther, saurait sans aucun doute manœuvrer et faire habilement pression sur le roi pour annuler les décret de Haman.

Pour dissiper de telles pensées, Esther a invité Haman. Elle se montrait ainsi à eux comme une renégate qui avait lâchement abandonné son peuple à son triste sort, mais peu lui importait : ce qui comptait c'est que les juifs de Chouchan, lorsqu'ils apprendraient la nouvelle, réalisent qu'ils n'avaient absolument aucun soutien au palais royal.

=> Le seul espoir qui leur restait était d'implorer D. de toutes leurs forces. A ce moment leurs prières montreraient droit au Ciel.

-> Le Darké Moussar enseigne que de son côté, Esther a jeûné 3 jours d'affilé avant de se présenter devant Assuérus, pour également se pénétrer de l'idée, sans que cela ne fasse l'ombre d'un doute à ses yeux, que le salut de l'homme vient uniquement de D. et qu'elle-même n'y aurait aucune part.
Le jeûne qu'elle s'imposait déparerait sa beauté naturelle, en sorte qu'elle ne pourrait pas la mettre à profit pour séduire Assuérus.

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-> "Lorsque mon frère Essav te rencontrera ... tu diras : ... c'est un cadeau, envoyé à mon seigneur, à Essav" (Vayichla'h 32,18-19)

Le Kédouchat Lévi enseigne qu'une stratégie pour lutter contre notre yétser ara est de lui dire que c'est également un cadeau pour lui, que c'est également à son profit, et alors il nous laissera tranquille.
[ex: plutôt que de lui dire je me lève prier/étudier, on peut lui dire : laisse-moi me lever pour prendre un café]

"Si Essav vient contre un camp et le frappe, le camp restant sera sauvé" (Vayichla'h 32,9)

-> Rachi explique que Yaakov se prépara à la rencontre avec Essav à l'aide de 3 éléments : le cadeau, la prière, et la guerre.

-> Le Sfat Emet commente :
Les 3 éléments de préparation de Yaakov, à propos de la rencontre avec son frère, apparaissent en allusion dans la paracha du Shéma Israël.
Ceci afin de permettre à chaque juif de savoir comment atteindre un niveau très élevé dans le service Divin : "Tu aimeras Hachem ton D. de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton pouvoir" (Vaét'hanan 6,5).

- "de tout ton cœur" = c'est le service Divin que l'on a dans le cœur, c'est-à-dire la prière. (cf. guémara Taanit 2a)
- "de toute ton âme" = c'est la guerre que l'homme mène contre son mauvais penchant.
- "de tout ton pouvoir" = ce sont les cadeaux, c'est-à-dire la tsédaka et les actes de bonté.

"Les fils de Yaakov étaient douze" (Vayichla'h 35,22)

-> Selon Rachi : Nos maîtres ont expliqué que le texte vient nous enseigner qu’ils étaient tous égaux et qu’ils étaient tous des justes (tsadikim), Réouven n’ayant pas péché.

=> Comment le fait d'être inscrit avec ses frères prouve qu'il est égal à eux et qu'il n'a pas fauté?
Peut-être qu'il a fait téchouva, et qu'après il soit devenu aussi égal à eux?

-> Le Adérét répond que si Réouven avait fauté, il aurait été bien plus grand que ses frères, car d'après nos Sages (guémara Béra'hot 34b) : "A l’endroit où se tiennent les baalé téchouva, même les tsadikim parfaits ne peuvent se tenir".
Ainsi, Réouven n'a pas fauté, et il n'a pas non plus fait téchouva.

=> Nous ne devons jamais rechercher à transgresser la volonté d'Hachem, mais si nous sommes tombés dans la faute, alors nous devons faire téchouva, et nous deviendrons plus grand par cela.
Nous pouvons alors atteindre un niveau plus important que si n'avions pas fauté.

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-> "Or, tandis qu'Israël résidait dans cette contrée, Réouven alla et cohabita avec Bilha, la concubine de son père, et Israël [l'] entendit" (Vayichla'h 35,22)

-> Après la mort de Ra'hél, Yaakov fixe sa résidence principale dans la tente de Bilha, la servante de Rachel. Réouven y voit un affront pour Léa, sa mère, et déclare : "Si Rachel, la sœur de ma mère, a été sa rivale, la servante de la soeur de ma mère sera-t-elle la rivale de ma mère?" Pour défendre l'honneur de sa mère, Réouven décide alors de déplacer le lit de Yaakov et de le porter dans la tente de Léa.
La Torah décrit sa conduite en termes très durs, comme si Réouven avait commis une faute très grave. Cela correspond à l'affirmation de nos Sages selon laquelle les grands hommes sont jugés avec une très grande gravité, même pour des transgressions mineures, car leur conduite est évaluée selon des critères infiniment plus élevés que les nôtres.

Selon le Maharcha, c'est pour honorer la mémoire de Ra'hél que Yaakov a installé sa couche dans la tente de Bilha. En effet, il avait travaillé 14 ans pour pouvoir épouser Rachel et elle était le pilier de sa maison. Pour lui rendre hommage, il a honoré sa fidèle servante qui, après être devenue elle-même l'épouse de Yaakov, avait fidèlement continué à servir Ra'hel.
Il se peut aussi que Yaakov se soit installé chez Bilha parce que c'est elle qui élevait Yossef, âgé de 8 ans à peine, ainsi que le nouveau-né, Binyamin, qui n'étaient pas seulement ses enfants les plus jeunes, mais aussi les seuls souvenirs vivants de son épouse bien-aimée. ['Houmach Artscroll]

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-> Le Arizal (Likouté Torah - Vayé'hi) explique :
"Réouven tu es mon premier-né" (Vayé'hi 49,3). Yaakov savait déjà parfaitement que Réouven était la réincarnation de Caïn et c'est la raison pour laquelle il fut nommé Réouven = ראו בן (réou bén) qui signifie "regarde le premier fils de l'humanité qui versa le sang dans le monde".
Réouven répara sa faute lorsque ses frères souhaitèrent tuer Yossef et qu'il s'y opposa en souhaitant le ramener à son père. Néanmoins, Réouven ne répara pas la faute qu'il commit avec la sœur jumelle d'Hével lors de son guilgoul (réincarnation) précédent.
Et c'est le sens des paroles : "Réouven tu es mon premier-né" = Te reviennent naturellement la prêtrise, le droit d'aînesse et la royauté, mais que puis-Je faire ? Tu as profané le lit de ton père!

En effet, le midrach (Béréchit rabba 22,7) nous explique qu'Hével naquit avec deux sœurs jumelles et que Caïn souhaita acquérir la deuxième jumelle d'Hével argumentant qu'il était le premier-né et qu'il avait légitimement droit à une double part.
Hével refusa prétextant qu'elle était née avec lui et que par conséquent, c'est à lui que revenait le droit de l'épouser, ce qui poussa Cain à le tuer.

Le Arizal (chaar apéssoukim Vayichla'h) explique que Bilha était la réincarnation de la deuxième sœur jumelle d'Hével.
Il explique ceci en s'appuyant sur le verset suivant : "Et ce fut alors qu'Israël séjournait dans ce pays, Réouven alla et cohabita avec Bilha, la concubine de son père. » (Vayichla'h 35,22).
Le Ari Zal nous fait remarquer que le nom de Bilha (בלהה) est composé des mêmes lettres que le nom Hével (הבל) avec la lettre hé (ה) en plus faisant allusion à la deuxième sœur jumelle de Hével.
En empêchant son père de s'unir à Bilha, il réitéra le dommage que Caïn avait causé en empêchant Hével de s'unir avec sa deuxième sœur jumelle.

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach) s'appuie sur cet enseignement lorsqu'il écrit :
Réouven était la réincarnation de Caïn tandis que Yossef était la réincarnation d'Hébel. Réouven souhaitait réparer le dommage causé par Caïn qui avait assassiné son frère et c'est la raison pour laquelle il fit tout ce qui était en son pouvoir pour ramener Yossef à son père. Cependant, il échoua concernant la deuxième sœur jumelle qui était revenue en guilgoul dans Bilha et c'est ainsi que Yaakov dit à son sujet : "Impétueux comme l'eau, tu ne prendras pas davantage" (Vayé'hi 49,4).

Il est rapporté dans la guémara (Shabbath 55b) : "Tout celui qui dit que Réouven a fauté se trompe, comme il est écrit : "Les fils de Yaacov furent douze"."
Ceci vient nous enseigner que Réouven était un Juste parfait. Cependant, il n'a pas réussi à parachever la réparation de la néchama de Caïn car le temps n'était pas encore venu pour que la promesse d'Hachem à Rivka ne s'applique : « Et le grand servira le plus jeune" (Toldot 25,23).
Nos Sages (guémara Kétoubot 103a) nous ont enseigné au sujet du verset : "honore ton père et ta mère" (כַּבֵּד אֶת אָבִיךָ וְאֶת אִמֶּךָ - Yitro 20,11) que la lettre vav (ו) fut ajoutée pour nous apprendre que ce commandement inclut le respect du grand frère.
Si Réouven avait réussi à compléter la réparation de l'âme de Caïn, il aurait certainement réussi à user de son pouvoir de premier-né pour influencer tous ses autres frères et les obliger à faire la paix avec Yossef empêchant ainsi sa vente aux égyptiens. Cependant, après l'épisode de Bilha, il perdit son leadership de premier-né vis-à-vis de ses autres frères et ne réussit donc pas à les convaincre.

-> Le Zohar (Vayétsé 155b) explique que Yossef reçut le droit d'aînesse de façon tout à fait légitime.
En effet. lorsque Yaacov se maria avec Léa pensant s'unir à Ra'hel, les prémices de sa semence, qui provenaient de ses pensées, firent descendre la néchama de Yossef. Cependant, Hachem, selon Son plan divin, conserva cette première pensée qui devait engendrer Yossef pour ne la lui restituer qu'au moment précis où Ra'hel devait engendrer Yossef.
Dans l'absolu, Yossef est bel et bien le premier-né des douze tribus comme il es écrit : "Au premier-né son taureau, la splendeur est à lui" (Massé 33,17).

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-> Rabbi 'Helbo posa cette question à rabbi Chmouël bar Na'hmani : "Pourquoi Yaakov a-t-il retiré à Réouven son privilège d'aîné et l'a donné à Yossef?"
Rabbi répondit : Tu demandes pourquoi? C'est écrit : "Réouven ayant profané la couche de son père, son droit d'aînesse fut attribué aux fils de Yossef" (Divré haYamim I 5,1).
Rabbi 'Helbo reprit : "Ma question est : pourquoi est-ce Yossef (et non pas un autre fils de Yaakov) qui en a bénéficié?"
Rabbi Chmouël répondit par une parabole : "Un homme (Yossef) a élevé un orphelin (Yaakov) dans sa maison. Plus tard, cet orphelin s'enrichit et se dit : Je vais faire bénéficier mon bienfaiteur de ma richesse".

Rabbi Chmouël dit à rabbi 'Helbo : Si Réouven n'avait pas fauté, Yaakov n'aurait-il rien donné à Yossef? Ton maître rabbi Yo'hanan n'a-t-il pas dit que c'est Ra'hél qui devait donner naissance à l'aîné (de Yaakov), d'après le verset (Vayéchev 37,2) : "Voici les générations de Yaakov, Yossef", mais Léa l'a devancée par ses prières.
Cependant, en récompense de l'humilité de Ra'hel, Hachem restitua le droit d'aînesse à son fils (Yossef).
[guémara Baba Batra 123a]

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=> Le transfert du droit d'aînesse de Réouven à Yossef par Yaakov ne s'oppose-t-il pas au verset : "Il ne pourra pas traiter en aîné le fils de la femme préférée"?

-> Réouven, l'aîné de Léa, a manqué de respect à son père Yaakov en déplaçant sa couche pour marquer sa désapprobation au fait que son père avait gardé Bilha, servant de Ra'hel, après le décès de Ra'hel.
Réouven voulait, par ce geste symbolique, défendre de l'honneur de sa mère Léa. Malgré cette faute de Réouven, Yaakov avait-il la permission de transférer le droit d'aînesse de Réouven vers Yossef?
Pourtant le verset stipule : "Il ne pourra pas traiter en aîné le fils de la femme qu'il aime au détriment du fils de la femme qu'il aime moins et qui, lui, est l'aîné" (Ki Tétsé 21,16).

On peut citer 4 réponses qui justifient ce transfert par Yaakov :
1°/ Le Sforno (Ki Tétsé 21,16) explique :
L'interdit du transfert du droit d'aînesse est un cas général. Cependant, lorsque le véritable aîné ne se conduit pas convenablement, il est possible de lui retirer le droit d'aînesse au bénéfice d'un de ses frères.

2°/ Le Tour (Vayé'hi 49,3) écrit :
L'interdit de transfert des privilèges de l'aîné est absolu. Cependant, ici c'est "sur l'ordre de D." (al pi haDibour) que Yaakov a effectué ce transfert de Réouven à Yossef, exceptionnellement.

3°/ Le Ohr ha'Haïm haKadoch enseigne :
Nos Patriarches respectaient déjà la Torah, bien avant qu'elle soit donnée à tous les Bné Israël, parce qu'elle leur était chère. Cependant, du fait qu'elle ne leur était pas ordonnée, ils se sont permis de ne pas l'observer à la lettre dans certaines circonstances, comme par exemple le mariage de Yaakov avec 2 soeurs ou bien le transfert du droit d'aînesse de Réouven (fils de Léa sénoua : dédaignée) avec Yossef (fils de Ra'hel ahouva : aimée).

4°/ Le 'Hatam Sofer dit :
En fait, Yaakov n'a pas transgressé le verset (Ki Tétsé 21,16), car il n'a pas retiré à Réouven la part double de ses biens pour la céder à Yossef. C'est seulement dans le partage de la terre d'Israël que Yaakov va octroyer une part double Yossef, à travers ses 2 fils Ménaché et Efraïm, et une part simple à Réouven. En cela, Yaakov est en accord avec la Loi d'héritage de la Torah selon laquelle l'aîné (Réouven) n'a pas droit à la part double sur les biens (raouï), c'est-à-dire sur des biens à venir plus tard et qui ne sont pas dans le patrimoine du père à son décès. Or, la terre d'Israël conquise et partagée entre les 12 tribus d'Israël était un bien raouï car elle n'était que promise à Yaakov pour ses descendants.

Les fils de Yaakov étaient douze. Les fils de Léa ... Les fils de Ra'hél : Yossef et Binyamin ... tels sont les fils de Yaakov, qui lui étaient nés à Padan Aram. (Vayichla'h 35,23-26)

En réalité, Binyamin est né après qu'ils aient quitté Padam Aram (cf. v.35,16).
=> Comment comprendre l'affirmation de la Torah?

-> Le 'Hizkouni répond que lorsque Yossef est né à Padan Aram, Ra'hél a prié : "Que Hachem m'ajoute un autre fils" (Vayétsé 30,24).
La naissance de Binyamin a résulté de cette prière, et c'est pourquoi la Torah considère comme s'il était né à Padan Aram.

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[c'est le fait de prier pour quelque chose qui rend possible sa réalisation, son obtention.
Ainsi, Binyamin est né lorsque la prière a permis d'accorder sa venue dans ce monde, et la naissance n'a été que sa conséquence ultérieure.
Plus on prie, plus on permet aux bénédictions qui nous attendent en-Haut de descendre sur nous.]