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Daniel a prophétisé que le racha Névou'hadnétsar qu'il serait mis au ban de la société, que pendant 7 ans il vivrait comme un animal afin qu'il prenne conscience que c'est Hachem qui établit les rois.
Ensuite, Daniel lui a donné un conseil pour éviter une telle destinée : "C'est par la charité que tu effaceras ta faute" (Daniel 4,24) ...
[si même pour un énorme racha comme Névou'hadnétsar ce conseil s'applique, alors à plus forte raison pour nous-même. ]

La tsédaka et le 'hessed sont comme 2 puissants défenseurs [au Ciel] qui ne permettent pas aux pouvoirs de la justice/rigueur [Divine] de s'activer.
Mais lorsqu'ils s'arrêtent, l'ange Accusateur intervient immédiatement et fait de son mieux pour obtenir un verdict négatif à l'encontre de la personne. Toute personne intelligente s'accrochera à la midda du 'hessed avec ses 2 mains et ne la lâchera jamais, et la bonté d'Hachem, à son tour, ne la quittera jamais.
[ 'Hafets 'Haïm - Chem Olam - chap.8 ; hé'Hafets 'Haïm 'hayav ouPaalo - p.247 ]

Notre bonté avec autrui permet à nos mitsvot d’être acceptées

+ Notre bonté avec autrui permet à nos mitsvot d'être acceptées :

Nos Sages (guémara Béra'hot 58a) enseignent un principe : "La monarchie sur terre est un reflet de la monarchie céleste".
Lorsqu'une personne monte au Ciel et y présente sa marchandise : et qu'est-ce qui est considéré comme une marchandise là-bas?
La Torah et les mitsvot -> alors au Ciel ils l'examineront et trouveront de nombreux défauts. Par exemple : cette mitsva a été accomplie sans joie, et ils la mettront de côté, la déclarant invalide. Cette mitsva a été accomplie sans la kavana appropriée, et elle sera mise de côté. Cette mitsva a été réalisée parfaitement, mais la bouche qui a étudié la Torah a été souillée par des paroles interdites ...

Existe-t-il un pot-de-vin qui serait efficace au paradis pour faire bien voir nos mitsvot? Bien sûr que non. La Torah elle-même nous dit qu'Hachem n'accepte pas les pots-de-vin.
Mais il y a une certaine conduite qui a lieu au Ciel qui aide le jugement à bien se dérouler, qui garantit que nous serons jugés méritants et traités avec miséricorde : "Quiconque est miséricordieux envers les autres, le Ciel lui fait miséricorde" (guémara Shabbath 151b ; Bétsa 32b).

Si nous traitons les autres avec bonté, ils considéreront notre 'marchandise' (nos mitsvot) avec bonté.
Si nous jugeons les autres favorablement, ils nous jugeront favorablement [au Ciel].

Lorsque nous présentons toutes nos prières en-Haut, s'ils les examinent attentivement, en voyant combien de fois nous avons mentionné le nom d'Hachem sans la crainte et la kavana appropriées, combien de fois nous avons permis à des pensées inappropriées d'entrer dans notre esprit pendant la prière, nous ne serons pas jugés méritants.
Mais si nous considérons les autres avec bonté, ils nous considéreront avec bonté. Ils verront que nous étions préoccupés par d'autres choses, que nous avions du mal à rester concentrés, et ils essaieront de nous juger favorablement et de prendre nos 'biens' même avec tous nos défauts ...

Certains juifs consacrent tout leur temps à l'étude de la Torah et essaient de consacrer un peu de temps chaque jour à réaliser du 'hessed (bonté). Cette heure par jour peut être ce qui sauvera tous leurs efforts du reste de leur journée.

Tout comme ces paroles sont vraies pour chaque individu, lorsqu'une personne présente ses mitsvot au Ciel le moment venu, elles s'appliquent également à la nation juive dans son ensemble, qui attend la guéoula chaque jour.
La guéoula dépend de nos actes et de nos mérites. Mais que pouvons-nous faire s'ils examinent [au Ciel] attentivement nos actes et s'ils sont très exigeants? Quelles sont nos chances de mériter la guéoula, lorsque l'Attribut de Justice/Rigueur (midat hadin) prévaut?

['Hafets 'Haïm - Si'hot hé'Hafets 'Haïm - vol.2, p.24]

"Rachète tes fautes par la charité (bi'tsédaka), et tes iniquités par la pitié envers les pauvres, si tu veux que ta prospérité se prolonge" (Daniel 4,24)

-> Le Séfer Ahavat Shalom explique :
La tsédaka a le pouvoir de contribuer à racheter nos fautes.
En donnant la tsédaka, on peut repousser la midat hadin (la Rigueur Divine) et nos fautes ne pourront plus nous causer de tort.

Cependant, on ne peut donner à la tsédaka que les jours de la semaine, ne pouvant le faire à Shabbath. Par conséquent, il faut faire très attention à ne pas fauter pendant Shabbath, car si la midat hadin est éveillée contre nous, alors nous n'aurons pas le mérite de donner la tsédaka pour se protéger.

Un acte de bonté que nous accomplissons aujourd'hui est comme une graine qui fleurira au moment le plus bénéfique, soit pour nous, soit pour un futur descendant.
[rav Shimshon Raphael Hirsch]

Donner la tsédaka joyeusement et généreusement

+ Donner la tsédaka joyeusement et généreusement :

-> Nous avons l'obligation de la Torah de donner la tsédaka (charité), mais ce qu'on sait moins, c'est que la Torah nous dit aussi comment donner la charité.
Il est écrit : "Fais donc tous tes efforts pour lui donner et n'éprouve pas de regret à le faire, car pour cela, Hachem, ton D., te bénira dans tous tes actes et toutes tes entreprises" (Réé 16,10).

-> Le Ramban (Hassagot au séfer haMitsvot du Rambam, Chikhe'hat haLavin 17) écrit que celui qui donne la charité le cœur gros transgresse ce commandement.
"Il faut se garder d'avoir le mauvais sentiment de penser qu'on perd de l'argent en donnant la charité.
Il faut plutôt sentir qu'il est très bénéfique de donner la charité et qu'en fait, on gagnera encore plus, car Hachem nous rendra bien davantage que la somme qu'on a donnée".

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 3,35) explique ce commandement différemment que le Ramban. Il pense que cette obligation de la Torah évoque non pas les sentiments à avoir en donnant la charité, mais la quantité d'argent à donner : il faut donner avec générosité.
Il ajoute que pour y parvenir, il ne suffit pas d'essayer de donner davantage ; il faut développer en soi un cœur généreux.

=> D'après ces deux explications du verset, il ressort qu'il faut donner la charité à la fois généreusement et le cœur content. Ce n'est pas seulement un bon conseil, cela fait partie de l'obligation de la Torah.

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Mais comment y parvenir? Il est très difficile de se défaire de l'argent qu'on a durement gagné.

-> La réponse, comme l'enseigne Beit haLévi, est le bita'hon. Celui qui a du bita'hon sait que son argent est un cadeau d'Hachem et pas le résultat de son travail. Il appartient donc à Hachem, en réalité.
Cet homme n'a pas de difficulté à se séparer de son argent ; il donne avec joie et générosité en ayant confiance qu'Hachem tiendra parole et le récompensera pour son acte.

-> Le Séfer ha'Ikarim (3,33) fait remarquer quelque chose à propos du verset précité qui mentionne qu'Hachem bénira celui qui donne la charité, mais commence par défendre d'éprouver du regret à le faire. Cela implique que la bénédiction n'est pas obtenue par le don de la charité, mais par la générosité et la joie avec lesquels on donne.
Ainsi, le bita'hon dont on fait preuve lorsqu'on donne la charité suscite une bénédiction plus grande que la charité elle-même !

-> On retrouve cela dans toute mitsva : "Cette idée de la joie est une mitsva de la Torah qu'une personne est tenue d'accomplir, car il s'agit d'un aspect à part entière du service d'Hachem, plus important que l'accomplissement de la mitsva elle-même, puisque la joie est la manière complète de servir Hachem. [Rabbénou Bé'hayé - Kad haKéma'h - sim'ha]
Et : "Celui qui accomplit les mitsvot dans la joie sera 1 000 fois plus récompensé que celui pour qui les mitsvot sont un fardeau." [Or'hot Tsadikim - Sha'ar haSim'ha]

=> La tsédaka est une mitsva, et comme toute mitsva l'essentielle est l'état d'esprit (ex: joie) avec lequel on va la faire. Sans cela on passe à côté de l'essentiel.

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-> "Si quelqu'un donne une prouta [une petite pièce de monnaie] à un pauvre, il reçoit 6 bénédictions ; s'il le console, même s'il ne lui a pas donné d'argent, il reçoit 11 bénédictions".
[guémara Baba Batra 9b]

[ le Maharcha note que si on a de l'argent à donner, on est certainement tenu de le faire. La guémara veut seulement dire que si on n'a pas d'argent, on recevra tout de même 11 bénédictions si on parvient à le consoler. Si on donne de l'argent et qu'on le console, on recevra 17 bénédictions. ]

=> un aspect important de la tsédaka est de préserver l'honneur d'autrui, et de se soucier aussi de sa pauvreté émotionnelle, morale (ex: un sourire, un mot d'appréciation, d'encouragement, ...).

Venez et considérez combien est grand le pouvoir de ceux qui accomplissent des actes de charité.
Ils ne s'abriteront ni à l'ombre du matin, ni à l'ombre des ailes de la terre, ni à l'ombre du soleil, ni à l'ombre des ailes des 'hayot, des kérouvim ou des séraphins.
Mais sous les ailes de qui s'abritent-ils?
À l'ombre de Celui qui a créé le monde par sa parole [Hachem]. Comme il est dit : "Qu'elle est précieuse ta bonté, ô D.! Les enfants de l'homme se réfugient à l'ombre de tes ailes" (Téhilim 36,8).
[midrach Ruth rabba - chap.5]

+ Hachem dit : "Si le peuple juif, qui dépend du 'hessed, s'engage dans le 'hessed les uns avec les autres, alors Moi, qui suis pur 'hessed, je dois certainement faire du 'hessed pour eux".
[midrach Béréchit rabba 33,3]

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed 2,5) explique ce midrach. Lorsque nous faisons du 'hessed, cela permet aux 'hassadim (bontés) d'Hachem d'être introduits dans le monde.
Le 'Hafets 'Haïm ajoute que cela est particulièrement vrai à une époque comme aujourd'hui, où une midat hadin intense (Attribut de rigueur) est présent et où notre nation a désespérément besoin de salut (à la fois sur le plan individuel et sur le plan national). Aujourd'hui, le 'hessed est certainement la clé pour mériter la miséricorde d'Hachem.
Cette idée fait écho à la guémara (Yérouchalmi Sanhédrin 10) : "Si vous voyez que le mérite des Patriarches a disparu et que celui des Matriarches s'est effrité, allez vous accrocher au 'hessed."

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-> Le Chlah haKadoch [à la fin de son commentaire sur masse'hét Pessa'him] écrit que le 'hessed est extrêmement vital. Sur la base du verset (Téhilim 52,3), "Le 'hessed d'Hachem dure toute la journée", il affirme que l'on ne devrait pas laisser passer un seul jour sans trouver un moyen de s'engager dans du 'hessed.

Penser aux autres

+++ Penser aux autres :

+ Prier pour autrui :

-> Rachi (guémara Shabbath 127b) écrit que prier pour les autres est une forme de guémilout 'hassadim (un acte de bonté).
Nous devrions toujours prier pour aider les autres si nous savons qu'ils ont besoin d'un certain type de salut, que ce soit en matière de santé, de parnassa, de shalom bayit, de réussite avec leurs enfants, ...

-> En effet, le Arizal (cité par Maguen Avraham 46) écrit qu'avant de prier, il faut avoir à l'esprit d'aimer chacun des membres du peuple juif et d'accomplir la mitsva d'aimer son prochain comme soi-même, qui est la source du 'hessed dans la Torah.

Le Arizal écrit qu'agir ainsi est un mérite qui va faire qu'Hachem acceptera notre prière.

-> Rabbi Moché Cordovéro (Tomer Dévorah - chap.3) ajoute qu'il faut prier pour les autres "comme s'il s'agissait de ses propres enfants".
Le roi David est un exemple d'un tel dévouement. Il dit : "Quant à moi, lorsqu'ils étaient malades, mon vêtement était un sac et je m'affligeais en jeûnant" (Téhilim 35,13).

-> La guémara (Shabbath 67a) nous dit qu'une personne frappée de tsaraat devait crier "Tamé, tamé" (je suis spirituellement impur" chaque fois que quelqu'un s'approchait d'elle.
La raison en est que lorsque les gens entendaient parler de sa détresse, ils ne manquaient pas de prier pour que sa tsaraat (sorte de lèpre) disparaisse.

Sur la base de cette idée, la guémara rapporte la coutume qui est née que si quelqu'un avait un arbre malade, il le peignait, sachant que toute personne voyant un tel arbre prierait certainement pour qu'il retrouve la santé afin que son propriétaire ne subisse pas de perte financière.
[par exemple, à l'époque du Temple lorsque tous les juifs montaient à Jérusalem, et sur le chemin lorsqu'il voyait un arbre marqué d'une couleur, ils priaient tous pour son rétablissement, pour le bien de son propriétaire. (à plus forte raison, on doit le faire pour un prochain juif)]

-> Le rav Avraham Tabor enseigne :
Chaque fois que nous voyons quelqu'un de malade ou en détresse, la réaction naturelle d'un juif devrait être d'offrir une courte prière ou de dire un verset de Téhilim.
Cela est particulièrement vrai si vous voyez un avis dans la synagogue demandant de prier pour quelqu'un que vous ne connaissez pas, ou si vous voyez une ambulance passer à toute allure, sirène hurlante et gyrophares allumés. Dans de telles circonstances, puisque la personne ne saura jamais que vous avez prié pour elle, il s'agit d'un 'hessed du plus haut niveau, car il est fait purement pour le 'hessed, sans arrière-pensée de recevoir quoi que ce soit en retour, pas même un remerciement.
Il s'agit d'un 'hessed lichma à l'état pur, qui a beaucoup plus de chances d'être exaucé par Hachem.
[de plus, en prenant quelques secondes pour imaginer et ressentir la douleur d'une personne et de ses proches (ex: quelqu'un de malade), on peut en arriver à rajouter de la force, du coeur, à notre prière. ]

Il est important d'ajouter que lorsque nous voyons quelqu'un souffrir et que nous prions pour lui, nous devrions également exprimer notre gratitude à Hachem pour ne pas souffrir de la même manière.
Nous oublions souvent les bénédictions et le bonheur infinis dont nous bénéficions et nous les considérons comme acquis.
La conscience de la myriade de bénédictions dont nous bénéficions, devrait nous amener à éprouver une extrême gratitude envers Hachem. Cela doit s'accompagner d'un engagement à utiliser correctement toutes nos bénédictions dans le but de servir Hachem de notre mieux.
[cette gratitude et cette engagement à s'améliorer (même très légèrement), constituent de sublimes mérites pour venir en aide à ceux qui nous ont provoqué de tels sentiments par leur situation difficile.]

Il y a un avantage secondaire à prier pour les autres, même si ce n'est pas la raison pour laquelle nous le faisons. La guémara (Baba Kama 92a) nous dit : "Si quelqu'un prie pour la miséricorde de quelqu'un d'autre et qu'il a lui-même besoin de la même chose, il sera exaucé en premier".
Le rav Pinkous (Chéarim beTéfila - p.90) ajoute que les Tossafot (Roch Hachana 16a) expliquent que la prière de quelqu'un qui prie régulièrement pour les autres a le statut de téfila bétsibour, la prière dite en communauté, par opposition à une prière individuelle, et nos Sages nous disent que la téfila bétsibour (en minyan) est indescriptiblement plus puissante que la prière d'un individu, et qu'elle n'est jamais rejetée par Hachem.

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-> Dans le même ordre d'idées, le rav Avigdor Miller avait l'habitude d'exhorter ses étudiants à "se creuser la tête" pour essayer d'aider les autres.
Si vous savez que quelqu'un a des difficultés, c'est merveilleux de prier pour lui, mais vous devez aussi essayer de trouver des moyens pratiques de l'aider.

-> Nos Sages mettent en avant qu'après notre mort on prendra conscience de l'impact incroyable que nos mots de prière on pu avoir : combien de personnes nous avons pu guérir, combien de parnassa nous avons amené, combien de mariage nous avons permis, ... et nous aurons des récompenses éternelles pour cela. [libre arbitre oblige, on ne voit pas concrètement l'impact de nos prières, mais tous les juifs étant liés, on profite du flux des prières des autres.]
A l'inverse, combien nous souffrirons éternellement en se disant que si j'avais plus pensé aux autres en priant pour eux, combien j'aurais pu leur être utile, combien j'aurais pu m'amener par ricochet des mérites et des bénédictions (celui qui bénit est béni), ...

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+ Donner des bénédictions :

-> La guémara (Sotah 38b) cite le verset (Michlé 22,9) : "Celui qui a une disposition généreuse doit être béni [yévora'h]" et dit qu'il peut également être lu : "La personne qui a une disposition généreuse doit bénir les autres [yévaré'h]".

Le contexte auquel se réfère la Guemara est qu'un invité devrait diriger le Birkat haMazon afin qu'il puisse dire la bénédiction pour le bien-être de l'hôte.
Cependant, le Pélé Yoets (Béra'hot) apprend d'ici que chacun devrait toujours chercher à accorder des bénédictions aux autres. Peut-être la bénédiction sera-t-elle prononcée à un moment favorable dans le Ciel, et Hachem la fera alors fructifier.
La Michna Béroura (347:7) ajoute que c'est du déré'h érets de souhaiter à quelqu'un de réussir dans quelque chose qu'il entreprend.

-> Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de ses bénédictions et penser que seuls les grands tsadikim peuvent donner des bénédictions, comme l'affirme la guémara (Méguilla 15a) : "Une bénédiction donnée par une personne ordinaire ne doit jamais être sans importance à vos yeux".
La guémara donne des exemples où les bénédictions de personnes simples ont été exaucées.
[tout juif est un enfant adoré d'Hachem, et toute prière venant du coeur a forcément un impact. Ainsi, on ne doit pas faire preuve de fausse humilité en ne priant pas pour autrui, mais au contraire on doit implorer notre papa Hachem d'aider notre frère juif. ]

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-> Le Pélé Yoets écrit qu'une bénédiction donnée de tout cœur et pleine de conviction est beaucoup plus puissante et a plus de chances d'être accomplie qu'une bénédiction dépourvue d'intention.
C'est pourquoi il exhorte les gens à faire tout leur possible pour que leurs parents les bénissent, car ils béniront certainement leurs enfants de tout leur cœur et de toute leur âme. [le Maharcha (Sota 38b) écrit une idée similaire. ]
Le Sforno (Vayétsé 32,1) écrit que cela est vrai même pour un père racha comme Lavan, le père de Ra'hel et Léa.

Le rav Avigdor Miller enseigne qu'à Slabodka, on suggérait qu'après avoir donné une bénédiction à quelqu'un, il fallait la répéter à voix basse pour soi-même. La première fois, on a probablement manqué de sincérité parce qu'on y a mêlé de la gentillesse sociale (du paraître extérieur). Le fait de répéter la bénédiction permet de s'assurer qu'elle est prononcée avec l'intention intérieure la plus complète et la plus pure.
[de même, dans la routine quotidienne on va dire : "bonjour/bonne journée!", mais est-ce qu'on le fait par habitude ou bien est-ce qu'on pense profondément le bénir d'une bonne journée?]

Le rav Miller dit aussi qu'on ne doit pas être radin en bénissant autrui. Cela ne coûte rien (à part quelques secondes), alors autant lui souhaitant le meilleur du meilleur!
Le Yessod véChorech haAvoda (chaar 1, chap.6), citant le Zohar, écrit qu'il faut être généreux lorsqu'on donne des bénédictions. [on témoigne de notre générosité de cœur, de notre amour d'autrui, et du fait que Hachem peut tout sans limitation! ]

-> Le rav Its'hak Sher se promenait avec un groupe d'élèves et ils passèrent devant la maison d'un membre du personnel de la yéchiva. Le rav Sher commença à lui accorder d'énormes bénédictions, expliquant à ses étudiants perplexes qu'il n'y a aucune raison pour que le destinataire doive entendre la bénédiction.
De même, lorsque le rav Avigdor Miller (un des géants de sa génération) passait devant une maison avec une mézouza, il couvrait les occupants de chaleureuses bénédictions.
Il disait : "Tous les habitants de cette maison devraient être en bonne santé pour de nombreuses années heureuses, ils devraient avoir des moyens de subsistance confortables, du plaisir et de la satisfaction avec leurs enfants, les meilleurs chidou'him pour leurs enfants, uniquement des joies et des occasions heureuses dans leurs maisons, et rien d'autre que de la joie".

-> Outre le fait que l'on s'entraîne à prendre soin des autres et à les aimer en leur donnant des bénédictions, il y a un énorme avantage secondaire pour soi-même.
La guémara (Yérouchalmi Béra'hot 8,8) raconte qu'un non-juif dit un jour "shalom" à Rabbi Yichmael. Celui-ci répondit : "Votre réponse a déjà été donnée", ce qui signifie que vous n'avez pas besoin que je vous bénisse en retour, car le verset (Lé'h Lé'ha 12,3) écrit qu'Hachem a dit à Avraham : "Je bénirai ceux qui vous béniront".
Quiconque accorde une bénédiction à un descendant d'Avraham (un juif) est assuré par Hachem lui-même de recevoir beaucoup de bénédictions en retour.
[l'idée est incroyable : en bénissant autrui, je suis bénis par Hachem Lui-même! Alors, profitons-en, bénissons autant que possible autrui! ]

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+ Les chaussures sacrées :

-> " 'Hanokh marchait avec Hachem" (Béréchit 5,22).
Nos Sages expliquent que 'Hanokh était un cordonnier et qu'à chaque couture, il faisait des yi'houdim à Hachem. Les yi'houdim sont généralement compris comme une notion kabbalistique obtenue par des pensées élevées. Cependant, le rav Israël Salanter explique que cela ne peut signifier que son esprit se trouvait dans des sphères supérieures, car il est interdit à un travailleur rémunéré de s'impliquer dans quoi que ce soit d'autre que le travail pour lequel il est payé.
Nos Sages veulent plutôt dire que 'Hanokh avait à l'esprit que chaque point devait être solide et bien fait afin de produire un produit de qualité dont le client pourrait profiter. Ainsi, même en exerçant sa profession banale, 'Hanokh a fait des yi'houdim, c'est-à-dire qu'il a imité les nobles caractéristiques d'Hachem, qui consistent à faire profiter les autres et à leur apporter du plaisir.

Ce concept peut être appliqué à un nombre infini de scénarios.
Un traiteur doit avoir à l'esprit de rendre sa nourriture délicieuse afin que les invités apprécient le repas.
Une couturière doit faire en sorte que la robe soit la plus belle possible pour que la personne qui la porte se sente bien dans sa peau. Un mécanicien doit avoir à l'esprit la satisfaction du conducteur qui roule en douceur/sécurité sur la route.

Nous voyons que même lorsqu'une personne est impliquée dans sa profession, qu'elle fait pour gagner sa vie, elle peut y insuffler les niveaux les plus élevés de sainteté. En ayant simplement à l'esprit le bénéfice de son client (amour d'autrui), il peut transformer son travail en une grande émulation d'Hachem et une forme élevée de avodat Hachem.
[rav Avraham Tabor]

"Rabbi Avin enseigne que lorsqu'un pauvre se présente à votre porte, Hachem lui-même se tient à sa droite ... Si vous lui donnez de l'argent, sachez que Celui qui se tient à sa droite vous récompensera bien. Mais si vous ne lui donnez pas, Celui qui se tient à sa droite vous punira"
[midrach Vayikra rabba 34,9]

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-> Le Zohar écrit que si Hachem aime une personne, il lui envoie en cadeau un pauvre qui demande de l'argent.
[cité par le Yessod véChorech haAvoda - chaar 10 , chap.4]

-> "Plus que le riche ne fait pour le pauvre, le pauvre fait pour le riche".
[midrach Ruth rabba 5,9]

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed - part.2 - chap.29) écrit :
"Lorsque quelqu'un vous approche et vous offre une opportunité de 'hessed, pour lui, c'est une petite chose de gagner une petite somme d'argent. Mais pour vous, la personne qui peut faire le 'hessed, il offre une opportunité massive d'une mitsva, qui a une récompense infinie.
Vous devriez être rempli d'une énorme joie, l'accueillir avec un visage radieux, et saisir la mitsva aussi vite que possible".

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hesed - part.2 - chap.17) dit que lorsque l'on voit quelqu'un d'autre dans une situation difficile, on devrait automatiquement être extrêmement reconnaissant à Hachem de nous avoir sauvé de la même situation.
La collecte de l'homme pauvre et désespéré est un rappel opportun pour nous d'apprécier la multitude et l'ampleur des bontés d'Hachem à notre égard.

-> Si le pauvre est quelqu'un qui est revenu plusieurs fois pour demander de l'aide, le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hesed - part.2 - chap.22) conseille d'annuler les sentiments négatifs de ressentiment qui surgissent naturellement en se rappelant que nous faisons la même chose à Hachem.
D'innombrables fois, nous demandons de l'aide à Hachem dans les mêmes domaines et Il continue à nous gratifier de Ses bénédictions. Nous devrions aspirer à faire la même chose pour Ses enfants.

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-> Rabbénou Yona (Iguéret HaTéchouva 16) donne des indications sur la manière de saluer quelqu'un qui vient nous demander de l'argent (pour lui ou d'autres personnes dans le besoin) :
"Vous devez parler au cœur du pauvre de manière à lui remonter le moral et à le consoler de sa situation et de son découragement. Comme nous l'enseignent nos Sages, une personne qui donne un prouta à un pauvre reçoit 6 bénédictions, mais si elle le réconforte par des paroles, elle reçoit 11 bénédictions.
Comme l'écrit le verset : "Tu donneras ton âme à celui qui a faim" (Yéchayahou 58,10), ce qui fait référence au fait de le rassurer par des paroles et de lui montrer votre bonne volonté et votre désir de l'aider.
Réalisez que la récompense de cette action dépasse de loin celle des actions de tsédaka et que les bénédictions sont plus nombreuses et importantes."

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-> "Si vous offrez à votre ami tous les meilleurs cadeaux du monde, mais que vous le faites avec une expression aigre sur votre visage, la Torah considère que vous ne lui avez rien donné.
Mais si vous accueillez votre ami avec une attitude joyeuse, même si vous ne lui avez rien donné, la Torah considère que vous lui avez donné tous les meilleurs cadeaux du monde."
[Avot déRabbi Nathan 13,4]

-> "Tu lui donneras et ton cœur ne doit pas se sentir mal lorsque tu lui donneras" (Réé 15,10).

Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed - part.2 - chap.17) explique qu'il arrive souvent qu'une personne ne veuille pas donner de l'argent, mais qu'elle le fasse quand même pour une raison ou une autre. Dans de telles circonstances, elle donne l'argent à contrecœur, le cœur lourd.
Ce n'est qu'après avoir donné l'argent qu'elle se console en se disant qu'au moins elle a fait une mitsva et que ce qu'elle a fait n'était pas du gaspillage.
La Torah met en garde contre cela : "Et ton cœur ne doit pas se sentir mal lorsque tu lui donnes". C'est au moment où l'on donne l'argent que l'on doit se réjouir d'avoir le mérite et le privilège d'accomplir la mitsva de 'hesed, et non pas seulement après l'avoir donné.

Le 'Hafets 'Haïm ajoute que nos Sages (Pirké Avot 3,4) nous enseignent : "Donnez-lui [à Hachem] de ce qui lui appartient, car vous et ce qui vous appartient est à Lui".
L'argent que nous possédons nous est prêté par Hachem afin que nous l'utilisions dans le but de donner de la tsédaka à Ses enfants dans le besoin. Ce n'est pas notre propre argent que nous donnons. La seule chose qui nous appartient est le choix de donner la tsédaka comme Hachem le désire.
Par conséquent, lorsque nous donnons de l'argent, nous devons déjà ressentir la joie de la mitsva, et celui qui le fait mérite l'accomplissement de la fin de ce verset : "car en faisant cela, Hachem, ton D., bénira toutes tes actions".
Quelqu'un qui donne de l'argent aux pauvres et se console ensuite en se disant qu'au moins il a fait une mitsva recevra quand même une récompense, mais le 'Hafets 'Haïm écrit qu'il minimise considérablement sa mitsva.

La charité sauve l’homme

+ La charité sauve l'homme

-> La guémara (Baba Batra 10a) dit qu'à Roch Hachana, Hachem détermine "mézonotav chel adamé, ce qu'un homme va gagner, ainsi que " 'hesronotav", ce qu'il va perdre. Si l'on a du mérite, l'argent qu'on est destiné à perdre ira aux causes charitables ; sinon, l'argent ira à des personnes qui ne méritent pas de le recevoir.
La somme d'argent qu'on est destiné à perdre est donc déjà décrétée au début de l'année, mais chacun peut décider la façon dont il s'en séparera.

-> Cette guémara le prouve grâce à une histoire : Rabbi Yo'hanan ben Zakaï vit en rêve que ses neveux allaient perdre au cours de l'année à venir 700 dinars, une somme d'argent très importante.
Rabbi Yo'hanan leur conseilla de donner des sommes conséquentes à la charité. Ils suivirent ses recommandations et donnèrent 683 dinars au total.

La veille de Yom Kippour, des employés du gouvernement vinrent recouvrer 17 dinars d'impôt auprès des neveux de Rabbi Yo'hanan. Ceux-ci eurent très peur que le gouvernement leur demande ensuite davantage.
Rabbi Yo'hanan les rassura qu'ils n'avaient rien à craindre. Il leur raconta son rêve et leur expliqua qu'en donnant 683 dinars à la charité, ils avaient réduit le décret à 17 dinars, et qu'ils ne devraient pas payer davantage.

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed, Vol.2, chap.13) demande pourquoi faut-il deux décrets différents: combien gagner et combien perdre. Pourquoi Hachem ne décrète-t-Il pas simplement combien un homme va gagner au total (dans l'année à venir)?
Au lieu de décréter, par exemple, qu'il va gagner 100 000 euros et perdre 20 000 euros, pourquoi ne décrète-t-Il pas qu'il va gagner 80 000 euros?

Il répond que quand l'homme mérite une punition pour ses fautes, Hachem émet deux décrets séparés pour son bien, pour qu'il puisse obtenir l'expiation sans connaître de graves malheurs.
Par ces deux décrets séparés, l'homme peut "racheter" sa punition par des pertes d'argent. S'il gagnait simplement moins d'argent, la réduction ne compterait pas comme un "rachat" parce qu'il ne ressentirait pas la peine qu'il éprouverait s'il perdait cette somme.
En décrétant que l'homme gagne une certaine somme puis en lui faisant perdre une partie, Hachem lui cause un dommage qui sert de punition pour ses fautes, à la place d'une chose plus grave.

Le 'Hafets 'Haïm ajoute que, comme le dit la guémara, non seulement la perte d'argent le protège d'une punition plus grave, mais un don à la charité a le même effet.
La charité a donc un double bénéfice : elle réduit la quantité d'argent qu'on est destiné à perdre et deuxièmement, c'est une mitsva pour laquelle nous sommes largement récompensés.
Adopter cette idée rend la mitsva de donner la charité facile et agréable.

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-> La guémara (Shabbat 156b) rapporte que l'Amora Chmouel eut un jour une conversation avec un astrologue non-juif appelé Avlet.
Tôt le matin, ils virent une équipe de travailleurs se diriger vers la forêt pour couper du bois. Avlet montra l'un d'eux du doigt et dit à Chmouel que cet homme n'allait pas revenir vivant. Cet astrologue était capable de prédire que l'homme allait mourir ce jour-là.

Chmouel répliqua que si l'homme était juif, il reviendrait vivant.
Effectivement, à la fin de la journée, Chemouel et Avlet virent le groupe entier revenir des bois, y compris l'homme dont l'astrologue avait prédit la mort. Avlet était déconcerté. Ses prédictions s'étaient toujours avérées justes.

Ils allèrent demander à cet homme de leur raconter ses expériences de la journée. Alors qu'Avlet ôtait le faisceau de branches du dos du bûcheron, il fut stupéfait de trouver un serpent coupé en deux. Un serpent était apparemment couché dans les branches et quand le bûcheron les avait coupées, il avait tué le serpent.

Avlet avait raison : cet homme était bien destiné à mourir, mais un miracle lui avait sauvé la vie.
Chmouel lui demanda s'il avait fait quelque chose de spécial ce jour-là.
L'ouvrier répondit que chaque jour, avant de partir au travail, chaque membre du groupe apportait quelque chose pour le déjeuner et ils mettaient leur pain en commun. Ce jour-là, l'un des membres du groupe n'avait pas apporté à manger.

"Je ne voulais pas qu'il ait honte, dit-il, alors je me suis porté volontaire pour recueillir le pain de chacun. Nous nous sommes mis d'accord et, quand je suis passé devant lui, il a fait semblant de mettre quelque chose dans le sac. J'ai rétabli la différence en donnant davantage de ma propre nourriture."

"Tu as fait un acte de vraie charité!" s'exclama Chmouel.
Il enseigna plus tard que lorsque le verset dit : "La charité sauve de la mort", il veut dire non seulement que l'homme charitable est épargné d'une mort violente, mais il peut même échapper à la mort.

-> Nous pouvons remarquer qu'après avoir entendu la prédiction d'Avlet, Chmouel n'a pas couru prévenir le bûcheron qu'il était en danger. Cela ne pouvait pas le sauver s'il était destiné à mourir.
Chmouel ne lui a pas non plus conseillé de donner la charité, parce que bien que la charité soit une grande mitsva même si on la fait pour des motifs ultérieurs, dans l'espoir de recevoir une récompense, cette sorte de tsédaka pourrait ne pas donner suffisamment de mérite pour sauver la vie d'un homme destiné à mourir.
Chmouel a plutôt eu confiance qu'Hachem, dans Sa bonté infinie, allait donner au bûcheron le mérite dont il avait besoin pour annuler le décret.

Le verset dit : "Digne de louanges est celui qui agit sagement envers le pauvre ; D. le sauvera au jour du malheur" (achré maskil el dal béyom raa yémaltéhou Hachem - Téhilim 41,2).
Le Alchikh haKadoch explique qu'il y a certains "jours du malheur", c'est-à-dire un moment où un décret sévère est émis contre un homme, et à ces occasions, il peut être sauvé en aidant les pauvres.
Comme nous ne savons jamais quel jour nous sommes visés par un décret sévère, il est prudent de saisir chaque occasion qui se présente pour accomplir des mitsvot, en particulier, aider les pauvres avec sagesse en comprenant leurs besoins, comme l'a fait le bûcheron.
Nous devons nous rendre compte qu'Hachem nous envoie constamment ce genre d'occasions. À nous de rester éveillés et d'en tirer profit lorsqu'elles se présentent.

[rav David Sutton]