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Parler à la mézouza

+ Parler à la mézouza :

"Ils s'approchèrent de l'homme qui gouvernait la maison de Yossef et lui parlèrent, à l'entrée de la maison" (Mikets 43,19)

-> Le rav Pin'has de Koritz (séfer Imré Pin'has) demande pourquoi les tribus (shévatim) se sont adressés spécifiquement à l'homme qui était en charge de la maison de Yossef à côté de la porte.
Il cite le séfer Sifté Cohen (écrit par un élève du Arizal) qui donne la réponse suivante :
Yossef a accompli toutes les mitsvot de la Torah et il avait certainement une mézouza sur la porte de sa maison. Lorsque les shévatim, les frères de Yossef, se tenaient près de la porte, ils ne parlaient pas du tout à l'homme qui se tenait là. Ils se sont plutôt adressés à la mézouza, sur laquelle figure le nom divin "Shadaï", car c'est ce nom qui a été utilisé par leur père lorsqu'il les a bénis et a dit que "Kél Shadaï" subviendrait à leurs besoins (Mikets 43,14).

Le rav Pin'has ajoute : "Chaque fois qu'une personne se trouve près d'une mezouza, elle doit se concentrer sur ce nom d'Hachem et lui demander de dire 'daï' (assez, ça suffit), et de mettre fin à nos souffrances".

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[ on a tendance à voir la mézouza comme faisant partie du décors, mais on doit davantage en profiter pour s'éveiller à la Tout-Puissance d'Hachem, et Lui demander de mettre fait à toutes nos souffrances, problèmes, ennemis, ... ]

"Pharaon envoya quérir Yossef et on le pressa hors du cachot" (Mikets 41,14)

-> La guémara (Roch Hachana 10b) dit que Yossef a été libéré le jour de Roch Hachana (de l'année 2230 de la Création).

-> Le 'Hidouché haRim (cité dans Yalkout Yéhouda) demande pourquoi il est important de nous dire quel jour c'était.
Il répond qu'il s'agit d'une leçon pour toutes les générations futures. Il explique que "Yossef" symbolise le "juif intérieur" qui se trouve en chacun de nous, et c'est ce qui se libère à Roch Hachana.

En d'autres termes, certains juifs sont emprisonnés en eux-mêmes. Ils sont piégés par leur yétser ara et ne peuvent s'échapper de cette prison.
Malgré tout, à Roch Hachana, ils peuvent se libérer. C'est pourquoi ce mois s'appelle "Tichri", dont la racine est "chari" (libre). Pendant ce mois, chacun peut se libérer [plus facilement] de sa prison personnelle.

Les vaches pâturaient avec fraternité

+++ Les vaches pâturaient avec fraternité :

"Voici que du fleuve sont montées 7 vaches, bien en chair et belles d'aspect, et elles ses sont mises à paître dans l'herbage" (Mikets 41,18)

-> Le séfer miZékénim Et'bonen, cite le tsadik rav Hirsch Michel, qui explique le mot "baa'hou" (dans l'herbage - בָּאָחוּ) comme signifiant "a'hva" (la fraternité).
Ainsi, le verset dit que les vaches ont brouté avec a'hdout (unité).
Il ajoute que c'est pour cette raison qu'il est dit qu'elles étaient "bien en chair et belles d'aspect", parce que lorsqu'il y a de l'amour et de l'unité, toutes les bénédictions sont présentes.

Etre satisfait de ce que l’on a, permet d’être traiter par Hachem avec davantage de miséricorde

+ Etre satisfait de ce que l'on a, permet d'être traiter par Hachem avec davantage de miséricorde :

"Quand ils eurent achevé de manger les provisions qu'ils avaient approtées d'Egypte, leur père leur dit : "Retournez, achetez-nous un peu de nourriture"." (Mikets 43,2)

-> Rachi affirme que Yéhouda leur a dit : "Prenez patience avec notre vieux père jusqu’à ce que nous n’ayons plus de pain à la maison" (parce que Yaakov leur avait interdit de retourner en Egypte avec Binyamin).

=> Que voulait dire Yéhouda? Quel conseil donne-t-il? Bien sûr qu'ils auraient besoin d'aller acheter de la nourriture lorsqu'ils en manqueraient.
Deuxièmement, pourquoi a-t-il appelé Yaakov "le vieil homme" (zaken)? Pourquoi ne l'a-t-il pas simplement appelé "notre père"?

-> Le séfer Divré Israël répond que le mot "zaken" (le vieil homme) fait référence à l'attribut (mida) Divin de la miséricorde (ra'hamim). Lorsqu'une personne est satisfaite de ce qu'elle a et ne cherche pas à en obtenir davantage, elle suscite la mida de la miséricorde d'Hachem.

Tel était le conseil de Yéhouda. Il a dit d' "avoir patience, d'attendre le vieil homme". Attendre patiemment et ne pas essayer de le pousser, forcer. Si nous faisons cela, dit-il, nous mériterons de recevoir l'aide de la mida de miséricorde d'Hachem.

C'est pourquoi Yaakov leur a dit plus tard : "Et Kel Shadaï vous donnera de la miséricode" (véEl Shadaï yiten la'hem ra'hamim - Mikets 43,14). Le nom d'Hachem "Shadaï" représente la mida d'être satisfait de ce que l'on a, car il symbolise la façon dont Il a dit au monde "daï", assez (guémara 'Haguiga 12a).
Ainsi, Yaakov disait que s'ils étaient satisfaits et ne demandaient pas plus, ils mériteraient la mida de la miséricorde d'Hachem.

Impacter le monde en gardant sa bouche

+ "Tu seras responsable de mon palais et tout mon peuple sera nourri par ta bouche" (Mikets 41,40)

+ Un juif par sa prière apporte de l'abondance dans le monde :

-> Le Targoum Onkelos traduit le verset comme suit : [Pharaon dit à Yossef: ] "Grâce aux paroles de ta bouche, toute ma nation mangera".

Cela indique que c'est par la prière qui sort de la bouche d'un juif, qu'est créée une abondance de moyens de subsistance dans le monde.

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+ Celui qui garde sa bouche soutient le monde :

-> Le rav Moché Stein (dans son Béer Moché) explique ce verset en citant l'explication des commentateurs du verset : "Il ne violera pas sa parole ; tout ce qu'a proféré sa bouche, il doit l'accomplir" (Matot 30,3). Ils expliquent que si une personne ne "viole" pas ses paroles et n'utilise pas sa bouche pour prononcer des mots inappropriés (ex: lachon ara), alors tout ce qu'elle dit s'accomplira.
En n'utilisant sa bouche que pour de bonnes choses, il aura le pouvoir de voir ses paroles s'accomplir d'en-Haut.

En conséquence, le verset dit que grâce aux paroles de Yossef, la nation entière sera soutenue. Ses paroles auront un fort impact au Ciel et apporteront une abondance de bonté dans ce monde.

C'est dans cet esprit qu'il explique le verset : "Les lèvres doivent embrasser celui qui dit les mots justes" (chéfatayim yissak, méchiv dévarim né'hokhim - Michlé 24,26).
Le mot "yissak" signifie littéralement "embrasser", mais il peut également signifier "soutenir", comme c'est le cas dans le verset ci-dessus (41,40) concernant Yossef (véal pi'ha yissak kol ami - tout mon peuple sera nourri par ta bouche).
Ainsi, le verset peut être lu comme disant que les lèvres d'une personne peuvent être utilisées pour soutenir le monde lorsqu'elle dit des choses appropriées et s'assure de ne pas utiliser ses mots pour quelque chose de mauvais (selon la volonté d'Hachem, la halakha).

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+ Faire attention à ses paroles apporte de la parnassa :

-> Le 'Hozé de Lublin voit également une allusion au concept selon lequel la parnassa est fournie par le mérite de garder ses mots, dans la guémara (Ména'hot 86a) qui dit que "les hommes riches sont des avares".
Le 'Hozé de Lublin demande comment peut-on dire cela comme une règle générale alors qu'en fait, tous les hommes riches ne sont pas avares. Il répond que la guémara veut dire qu'ils sont avares de leurs paroles. Ils sont devenus riches parce qu'ils ne parlent pas trop (ne disant pas de paroles interdites, voir inutiles, ...). En effet, le fait de veiller à ne rien dire de mal crée la richesse.

[ainsi, Pharaon affirmait que par le mérite de Yossef qui faisait très attention à ses paroles, il y aurait de la parnassa aussi pour son peuple. ]

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=> Yossef représente tout juif qui est présent dans l'obscurité de l'exil, au sein d'une société avec des valeurs non juives. Le verset (rapportant la parole du leader de l'époque : Pharaon) témoigne que la vraie réalité est que même le juif le plus simple, par ses prières et le fait de contrôler ses paroles, c'est ce qui impacte l'économie même du pays!
En apparence un juif semble un lambda comme les autres (si ce n'est détestable), mais en réalité tout juif impacte tous les mondes par ses actions! Tout juif est énorme!!

"Il (Yossef) leur dit : "Vous êtes des espions!" " (Mikets 42,9)

=> De toutes les tactiques que Yossef aurait pu utiliser pour manipuler ses frères, pourquoi a-t-il choisi de les accuser d'espionnage?

-> Le Imré Emet suggère une idée que l'on retrouve dans des sources antérieures, à savoir que Yossef craignait à juste titre qu'ils ne découvrent son identité.
Après tout, le récit des origines ignominieuses du vice-roi n'était-elle pas connue de tous en Egypte ?
En les accusant d'espionnage, les frères seraient désormais extrêmement prudents et ne feraient aucune enquête parmi la population égyptienne, de peur de donner l'impression qu'ils recueillent des informations.

Le Lev Sim'ha suggère que Yossef était impatient de glaner des nouvelles de sa famille séparée depuis longtemps, mais comment pouvait-il se les procurer sans éveiller les soupçons de ses frères? En les présentant comme des espions, il était libre de les interroger à sa guise.

Le Sfat Emet apporte un éclairage métaphysique sur cette question. À leur insu, les frères agissaient en effet en qualité d'espions : tout comme les espions fournissent une reconnaissance pour une invasion étrangère, ils préparaient le terrain pour la prise de contrôle de l'Egypte par les juifs.
Cela éclaire la réponse apparemment incohérente des frères, qui affirment qu'ils "n'ont jamais été espions", parce qu'ils "sont 12 frères, fils d'un seul homme". Ils ont eu l'intuition que pour agir correctement à ce titre, ils auraient besoin de la participation de Binyamin, car ses descendants seraient également présents en Egypte.

La yachrout = le chemin vers le monde futur

+++ La yachrout = le chemin vers le monde futur :

"Si je ne te l'amène pas et ne le présente pas devant toi, j'aurai fauté envers toi tous les jours" (Mikets 43,9)

-> Rachi commente que la promesse de Yéhouda à Yaakov : "J'aurai fauté envers toi tous les jours" (selon Rachi = y compris dans le monde à Venir), était une promesse de renoncer à sa part dans l'autre monde s'il ne parvenait pas à délivrer Binyamin sain et sauf.

=> Pourquoi l'expression "tous les jours" fait-elle référence au monde futur?
La réponse est que l'autre monde est la continuation naturelle de ce monde pour ceux qui suivent le chemin correct qui y mène. Ce chemin est connu sous le nom de chemin de yachrout (littéralement, le chemin droit), qui est le chemin de la Torah.
Celui qui suit ce chemin passera dans l'autre monde après sa mort, comme une progression naturelle de la vie dans ce monde. Ainsi, lorsque la Torah affirme qu'une personne méritera une longue vie, elle sous-entend qu'elle continuera à vivre dans l'autre monde après sa mort.

Cela nous permet de mieux comprendre l'affirmation de la guémara (Taanit 5b) : "Yaakov n'est pas mort ", qui ne peut être comprise littéralement, car la Torah décrit comment Yaakov a été embaumé et enterré.
Il faut plutôt comprendre que sa vie s'est poursuivie dans l'autre monde après avoir été enlevé de ce monde. Contrairement à la plupart des gens, qui ont besoin d'une transition longue et souvent douloureuse, Yaakov a poursuivi sa vie dans l'autre monde après sa mort, aussi facilement que l'on passe d'une pièce à l'autre.

Si tous les justes (tsadikim) poursuivent leur vie dans l'autre monde, qu'y a-t-il de particulier dans le cas de Yaakov?
La réponse est que Yaakov n'a même pas goûté à la mort. La plupart des gens, même les justes (tsadikim), s'éloignent un peu du chemin de la yachrout (chacun selon son niveau, peut faire de petits écarts).
Même en s'adonnant un peu plus que nécessaire aux plaisirs de ce monde, le corps est souillé jusqu'à un certain point, ce qui l'oblige à subir un processus de purification au moment de la mort.
Cependant, Yaakov n'a pas été entaché par la faute dans ce monde. C'est ce qui ressort du titre que lui a donné la Torah : yéchouroun (le droit), qui fait allusion à son yachrout parfait. [Zohar - Vayichla'h]
Puisque Yaakov ne s'est pas écarté, même légèrement, du chemin de la yachrout, son corps est resté entièrement intact et aucune partie de lui n'est morte.

Cette idée nous permet également de comprendre la prière de Bilaam : "Mon âme mourra de la mort des yécharim, et ma fin sera comme eux" (Balak 23,10).
Bilaam, malgré ses mauvaises actions, était un prophète. Il comprenait que seuls les yécharim, les personnes qui suivent le chemin droit (yachrout), continuent dans l'autre monde.
Bilaam pria pour vivre lui aussi dans l'autre monde, comme les yécharim, nos saints ancêtres. Bien entendu, cette prière était vaine pour un homme aussi méchant que lui.
[d'après Maharal - Gour Aryé - Vayé'hi 50,33 ; Tiféret Israël 11]

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-> En résumé :
La Torah décrit l'autre monde comme "ari'hout yamim" (des jours longs).
Cela s'explique par le fait que l'autre monde est une progression naturelle de ce monde pour celui qui reste sur le chemin de la yachrout.
[le nom Israël se décompose en "yachar El" : droit vers Hachem. Malgré toutes les tentations/visions de ce monde, les tendances naturelles négatives, ... un juif se droit de rester droit vers le but Véridique, vers Hachem. ]
Yaakov était l'exemple même de la yachrout, et c'est pourquoi il ne mourut pas, dans le sens où il passa naturellement de ce monde à l'autre, sans même avoir goûté à la mort.

"Yossef est descendu en Égypte et s'est préservé de l'immoralité, de même tout Israël [en Egypte], par son mérite, s'est préservé de l'immoralité.
Rabbi 'Hiya Bar Aba a enseigné : "Cela valait la peine qu'il se préserve de l'immoralité, car c'est par son mérite qu'Israël a été délivré"."
[midrach Vayikra rabba 32,5]

-> Le rav Pin'has Fridman commente :
Nous apprenons de ce midrach que Yossef traça la voie de la kédoucha (sainteté) pour toutes les générations d'Israël jusqu'à la fin des temps. Tous pourront maintenir leur kédoucha partout où ils se trouvent, même dans les situations les plus précaires, et pourront par ce mérite, être délivrés de leur exil.

"Non! Vous êtes venus voir la faiblesse du pays" (Mikets 42,12)

-> Rachi explique que pour renforcer son accusation que ses frères sont des espions, Yossef s'est appuyé sur le fait que les 10 frères sont entrés en Egypte par 10 portes différentes. En effet, des espions ne rentrent pas dans le pays tous ensemble, pour ne pas que cela paraisse suspect. Mais en réalité, ils ont suivi par là le conseil de leur père qui leur a enjoint d'entrer par 10 portes différentes pour éviter le mauvais oeil (ayin ara).

On peut remarquer que dans toutes les paroles de regrets ou de plaintes qu'ils ont émises sur leur situation dramatique, ils n'ont jamais regretté le fait d'être entrés par 10 portes différentes. Jamais ils n'ont suggéré que cela leur ait entraîné du mal. Et pourtant, l'essentiel de leur malheur venait en apparence de là. C'est à cause de cela qu'ils furent accusés d'être des espions, que Chimon fut emprisonné et que l'homme exigeait de faire venir Binyamin. Et malgré tout, pas une fois ils n'ont formulé le moindre regret d'être entré par 10 portes différentes.
Pourquoi cela?

C'est parce qu'ils savaient que de l'accomplissement d'une mitsva, il ne peut pas y arriver de mal. Or, ils n'ont fait là que respecter leur père qui leur avait donné cet instruction. Aussi, ils étaient convaincus que cela ne pourra pas leur causer du tort. Et cela, malgré le fait que d'après les apparences, tout leur malheur venait de là. Mais leur foi sur le fait que la mitsva ne peut pas provoquer de dommages était plus fort que tout. Ils émirent des regrets sur d'autres choses, mais pas sur cela.

Et effectivement, dans la réalité, ils ne se sont pas trompés. Car finalement, il s'avéra que toute cette accusation d'espionnage n'était qu'un coup monté par Yossef, qui aboutit sur les retrouvailles et Yossef les nourrit pendant la famine. Effectivement, rien de mal n'arriva.
Et même s'ils ne connaissaient pas l'aboutissement à l'avance, ils savaient néanmoins qu'ils ne perdraient pas du fait d'une Mitsva, car une mitsva ne peut aucunement causer de mal. Et même si en apparence ça peut en avoir l'air, on doit savoir qu'en réalité, il n'en ressortira que du positif.

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-> [Hachem nous dit : ] "Personne n’a fait ma volonté et en a été perdant."
[midrach Dévarim rabba 4,5 – en adam shoméa li oumafssid]

-> "Une personne ne sera jamais perdante d’avoir réalisée une mitsva"
[Kohélét 8,5 – shomer mitsva lo yéda davar ra]

"Il s’éloigna d’eux et pleura. Puis il revint vers eux, leur parla et leur retira Chimon qu’il fit incarcérer à leurs yeux" (Mikets 42,24)

-> Rachi explique, sur les mots "à leurs yeux" : il ne l’emprisonna que devant eux, mais après leur départ, il le fit sortir, lui donna à manger et à boire.

-> Quand les frères de Yossef arrivèrent en Égypte, celui-ci les reconnut immédiatement et décida de ne pas leur dévoiler son identité ; il prétendit plutôt les suspecter d’être venus espionner le pays. Il fit emprisonner l’un d’entre eux, Chimon.
Nos Sages notent que parmi toute la fratrie, Chimon et Lévi étaient les principaux instigateurs du complot contre la vie de Yossef. En effet, Rachi affirme que Chimon fut celui qui mit en place le projet du meurtre et qu’ensuite, c’est lui qui le jeta dans le puits.

Yossef emprisonna donc Chimon et libéra les autres frères. Il avait plusieurs raisons de s’en prendre particulièrement à Chimon.
[Rachi explique qu’il souhaitait séparer Chimon et Lévi, parce qu’il savait qu’ensemble, ils formaient une équipe dangereuse.
D’autres commentateurs pensent qu’il voulait que les frères comprennent que ce qui leur arrivait était une punition, mesure pour mesure, de la vente de Yossef ; il emprisonna Chimon parce qu’il était le principal responsable du complot meurtrier contre Yossef.
Le Ibn Ezra affirme que l’otage aurait logiquement dû être l’aîné, Réouven, mais Yossef l’épargna par gratitude d’avoir tenté de le protéger tandis que les autres projetaient de le tuer ; il s’en prit donc au cadet, Chimon.]
Cependant, il est évident que Yossef n’était nullement motivé par un désir de revanche.
Preuve en est, dès le départ des autres frères, Yossef libéra Chimon et le nourrit. Le midrach (Beréchit Raba 91,8) ajoute qu’il se soucia personnellement de son repas et de sa toilette.

=> Pourquoi en faire autant? N’était-il pas suffisant de le faire sortir de son cachot? Pourquoi se soucia-t-il de son confort matériel et se comporta-t-il comme son valet?

Le rav Israël Salanter (Ohr Israël) nous enseigne que lorsque l’on subit une insulte ou un préjudice et que l’offenseur s’excuse, il ne suffit pas de pardonner, il faut aller jusqu’à agir avec bienveillance envers lui, parce que pour rétablir les bons sentiments entre les 2 personnes, il faut rendre le mal par le bien.

[Bien que Chimon n’ait apparemment pas demandé pardon à Yossef, celui-ci a entendu tous les frères reconnaître leur erreur quant à leur cruauté à son égard. On peut aussi expliquer que Yossef avait un tel niveau qu’il traita Chimon de la sorte, même s’il ne s’était pas excusé.]

Le rav Israël Salanter avance 2 raisons pour une telle attitude.
1°/ Tout d’abord, il s’agit de la mitsva de : "émuler les qualités d’Hachem" (véalakheta biderakhav).
Hachem "rembourse" constamment la déloyauté du fauteur par des bienfaits ; même après la faute et avant le repentir, cet individu continue de jouir la vie et de Ses faveurs.
Nous savons qu’Hachem renouvelle constamment le monde ; à chaque instant, Il accomplit un nouveau bienfait pour Ses créatures. Ainsi, l’existence même du racha malgré son attitude incorrecte témoigne de la patience et de la bienveillance d’Hachem.
L’homme doit essayer d’émuler Hachem et de faire du bien à celui qui agit mal, et cela s’applique même si la personne en question ne s’est pas excusée.

2°/ Voici une autre raison pour réagir avec bonté envers celui qui faute : une simple pensée ou quelques mots d’excuse ne suffisent pas pour déraciner des ressentiments que l’on peut éprouver envers celui qui a mal agi.
Ceci est basé sur un principe selon lequel une action peut annuler une pensée, mais une pensée ne peut annuler une autre pensée (guémara Kidouchin 59b).
Ainsi, pour chasser totalement les sentiments négatifs envers quelqu’un, il faut l’aider concrètement. Yossef aurait légitimement pu conserver de la rancune envers Chimon ; pour s’assurer que cette aigreur était complètement éradiquée, il est allé jusqu’à se mettre à son service.

-> Le rav Yéhonathan Gefen ajoute :
Certes, il n’est pas facile d’accorder le pardon à quelqu’un qui nous a offensés, mais nous apprenons de Yossef quelle est la réaction appropriée. Il convient d’ajouter que cette attitude bénéficie également à la victime, car elle lui permet de tourner la page en considérant l’oppresseur comme tout le monde, comme quelqu’un qui mérite un bienfait.