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La Torah nous protège

Je ne mangerai pas avant d'avoir prononcé mes paroles" ('Hayé Sarah 24,33)

-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) explique :
Il semble tout simplement que la raison pour laquelle Eliézer ne voulait pas manger avant de parler est qu'Eliézer comprenait certainement que ces gens étaient des réchaïm. Il soupçonnait sans doute qu'ils tenteraient de le tuer en empoisonnant sa nourriture, ce qui fut effectivement le cas.
[selon le midrach (Léka'h Tov 24:3), Bétouel s'opposa au mariage et complota pour tuer Eliézer en empoisonnant sa nourriture. ]

C'est pourquoi Eliézer dit : "Je ne mangerai pas tant que je n'aurai pas dit ce que j'ai à dire".
Son intention était que le repas ne soit servi qu'après qu'il ait conclu ses paroles, qui étaient des paroles de Torah. Comme le disent nos Sages (midrach Béréchit rabba 60,8) : "la conversation des serviteurs des Patriarches est plus appréciée par D. que les paroles de Torah prononcées par les descendants des Patriarches."
[Rachi (v24,42) explique : "car le récit d'Eliézer est répété dans la Torah [d'abord tel qu'il s'est produit, puis tel qu'Eliézer l'a raconté à la famille de Rivka], alors que de nombreux éléments [juridiques essentiels] de la Torah n'ont été donnés [par D. par l'intermédiaire de Moshé] que sous forme d'allusions." Ainsi, les paroles d'Eliézer possédaient tous les mérites de véritables paroles de Torah (ou même plus). ]

De cette façon, il serait protégé du danger par le mérite des paroles de Torah qu'il a prononcées avant le repas.
Et c'est effectivement ce qui s'est passé. Un ange vint échanger l'assiette empoisonnée d'Eliézer avec celle de Bétouel, et Bétouel "tomba dans la fosse qu'il avait creusée" (Téhilim 7,16) pour Eliézer, c'est-à-dire qu'il mourut du poison.

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=> L'épisode d'Eliézer à 'Haran est un exemple d'à quel point l'étude de la Torah nous protège de tout danger.

J’ai confiance, donc je vis!

+++ J'ai confiance, donc je vis!

"Voici les années la vie de Sarah" = un homme qualifié de "vivant" est un homme qui ne s'inquiète d'aucune situation et est heureux en toute circonstance!" [grâce à sa confiance en Hachem]
C'est à ce propos que la Torah dit : "Et tu choisiras la vie" (Nitsavim 30,19).
[Beit Avraham - 'Hayé Sarah]

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"La vie de Sarah fut (vayiyou 'hayé Sarah ) de 127 années, ainsi fut la vie de Sarah" ('Hayé Sarah 23,1)

-> Rachi : "Toutes (ses années) furent égales en bien".

-> Le 'Hida fait remarquer que le mot "vayiyou" (ויהיו) peut se lire à l'endroit comme à l'envers.
C’est une allusion au fait que Sarah accepta tous les événements de sa vie avec amour et joie, même lorsque celle-ci se déroulait ''à l'envers'', autrement dit à l'encontre de sa volonté personnelle.
Elle conserva toujours la même conviction qu'Hachem se trouve à ses côtés à chaque instant, à chaque époque, en toute circonstance, et qu'Il prodigue du bien à tous. Toutes ses années furent équivalentes en bien avec la même certitude que tout ce qu'Hachem accomplit est bénéfique.
Même si, momentanément, un évènement peut sembler malheureux, il finira par s'avérer être un bienfait et une bénédiction.

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
l'enseignement que l'on peut en tirer est qu'il est impossible de traverser ce monde sans se tenir au pilier de la émouna, comme l'exprime le prophète ('Habakouk 2,4) : "Le juste vivra par sa émouna".
Car celui qui n'a pas encore mérité de jouir de la lumière de la émouna ne perçoit dans son existence que peine et souffrance. Car son cœur s'irrite à chaque évènement, qu'il soit le fait du Ciel ou des hommes. En toute circonstance, il se ronge le cœur en regrettant son attitude, de s’être provoqué à lui-même un préjudice physique, moral ou financier, à cause d'une ''erreur''. Il pense que s'il avait agi autrement, la chose ne serait pas arrivée à cause de lui (bien entendu, tout cela n'est que le fruit de son imagination et ne traduit pas la réalité).
En outre, il est constamment obnubilé par la peur du lendemain, s’investit de tout son être dans la poursuite effrénée de l'argent, et fournit des efforts démesurés dans tous les domaines matériels afin d'assouvir ses besoins physiques.

En revanche, heureux est l'homme qui place sa confiance en Hachem et reconnaît qu’Il est la source de tous les événements passés, présents et futurs, qu’Il nourrit et pourvoit aux besoins de toutes les créatures, et que personne ne peut lui causer le moindre préjudice sans décret Divin préalable. Cet homme lui-même ne peut se faire de dommage ou gagner ne fût-ce qu'un centime de plus que ce qui a été décidé à son égard.
Dès lors, son existence n’est que joie, sérénité et tranquillité. Il est heureux et nullement tourmenté par ses efforts personnels pour subvenir à ses besoins.
[ainsi, quand la Torah nous demande : "Et tu choisiras la vie" (Nitsavim 30,19), elle nous demande grâce à notre émouna en Hachem, d'en arriver à ne pas s'inquiéter et à vivre dans la joie en toute circonstance. ]

-> Le rav Elimélé'h Biderman dit également :
Il faut savoir que surmonter une épreuve dans une période de difficultés et d’obscurité est ce qui permet à l’homme de s’élever au plus haut point.
L’un des tsadikim de notre époque explique d’après cela le verset : "Avraham se leva de devant son mort (Sarah)" ('Hayé Sarah 23,3) en se référant au commentaire de Rachi d’un autre verset employant le même terme hébraïque.
"Ainsi fut levé (acquis) le champ de Efron" ('Hayé Sarah 23,17). Rachi explique que ‘son champ subit une élévation en passant du domaine ordinaire au domaine du roi (Avraham)’.
Ici aussi ("Avraham se leva"), on expliquera donc que Avraham subit une élévation spirituelle à la suite de la mort de Sarah, car il prit conscience alors qu’elle ne survint que pour l’éprouver et le faire grandir. Et même si elle ne lui semblait être qu’un malheur, elle lui fut bénéfique.

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-> Le Baal haTourim fait remarquer que le mot "vayiyou" (ויהיו) a une valeur numérique de 37, allusion au fait que l'essentiel des années de la vie de Sarah furent les 37 ans qui s'écoulèrent depuis le jour de la naissance de Its'hak, alors qu'elle était âgée de 90 ans jusqu'à sa mort à l'âge de 127 ans.

=> Comment peut-on dire que toutes les années de la vie de Sarah furent équivalentes en bien lorsque la majorité de son existence fut remplie de souffrances et de peines?

-> Le rabbi de Pchevorsk y répond ainsi :
les mots de Rachi : "koulan chavin létova" (toutes égales pour le bien - כֻּלָּן שָׁוִין לְטוֹבָה), ont des initiales qui forment le mot : "chékhél" (l'intelligence - שכל), allusion au fait qu'en vivant avec sagesse et discernement, on peut parvenir à "bien" vivre même les années difficiles. Et dans ce domaine, la plus grande des sagesses est d'avoir la foi dans l’existence d’un Créateur qui dirige le monde et dans le fait que tout ce qu'Il accomplit est fondé.
[en ce sens, une des plus grandes qualités est d'être "tamim" avec Hachem, dans le sens d'aborder la vie avec simplicité (puisse que rien ne peut arriver sans décret d'Hachem pour notre bien final). En voulant être trop intelligent, trop malin, ... alors on s'attire bien des soucis. Pour la belle vie, c'est la émouna! ]

-> Le 'Hazon Ich enseigne :
Tout le monde doit traverser ce monde. Certains le font avec le sourire, tandis que d'autres le font dans la tristesse, les larmes.
Nous avons tous la possibilité de vivre dans le rire, tout dépend de la façon dont nous abordons la vie.

-> A un mariage sous la 'houpa, le 'hatan brise un verre et on lui souhaite immédiatement : "Mazal Tov!" Comment comprendre le lien existant entre ces 2 choses?
L'Admor Ra'hmistrivka explique : c'est que l’on veut en fait nous enseigner que même si [dans ta vie] "un verre s'est brisé", on doit encore proclamer "Mazel Tov'' à voix haute et se réjouir.

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-> b'h, également sur la notion de Sarah & émouna : http://todahm.com/2020/12/27/29765

La valeur essentielle d’une mitsva dépend des efforts que nous y investissons

+ La valeur essentielle d'une mitsva dépend des efforts que nous y investissons :

"Elle remplit sa cruche et monta ... Le serviteur courut à sa rencontre" ('Hayé Sarah 24,16-17)

-> "Parce qu'il vit que l'eau montait vers elle" (Rachi au nom du midrach Rabba 60,5)

-> Le Ramban explique que Rachi, semble-t-il, déduit cette explication du fait qu'il n'est pas écrit dans le verset : "elle puisa et elle remplit", mais : "Elle remplit sa cruche et monta".
Le Ramban dit : "On lui fit un miracle, la première fois, parce qu'après, il est écrit : "Elle puisa" (verset 20)".
Cela signifie qu'après qu'Eliézer lui eut demandé : "Laisse-moi boire, s'il te plaît, un peu d'eau" et qu'elle l'abreuva, Rivka lui dit : "Pour tes chameaux aussi je puiserai de l'eau". Elle courut alors vers le puits pour la puiser, et à ce moment-là, l'eau ne monta pas vers elle, mais : "Elle puisa pour tous les chameaux", ce qui veut dire qu'elle le fit elle-même.

=> Pourquoi, en vérité, Hachem ne fit-Il pas à la tsadéket Rivka le même miracle que la première fois, afin de lui épargner d'avoir à puiser de l'eau?

-> Le Kédouchat Lévi répond :
Au début, avant qu'Eliézer ne demande à boire, elle avait l'intention de puiser pour elle-même et non pour accomplir une mitsva (puisqu'il ne lui avait encore rien demandé) ; pour cette raison, elle bénéficia d'un miracle et l'eau monta vers elle afin qu'elle ne soit pas obligée de la puiser.
Cependant, ensuite, elle revint au puits afin de prodiguer du bien aux chameaux ; c'est la raison pour laquelle l'eau ne monta pas, cette fois-ci, jusqu'à elle. Car, au contraire, une mitsva a d'autant plus de valeur qu'elle est accomplie avec peine et effort.

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-> Lorsque les trois anges se trouvèrent chez Avraham, l'un d'entre eux lui dit : "Je reviendrai à toi, comme à présent (kaét 'haya - כעת חיה) ,et ta femme Sara aura un fils" (Vayéra 18,10).
Le Séfer Hapardess (attribué à Rachi) fait remarquer que l'on ne trouve nulle part mentionné qu'un ange revint chez Avraham. Et, dès lors, où voit-on que ses paroles se réalisèrent?

Il répond en expliquant que l'intention de l'ange en disant : "kaét 'haya" (כעת חיה - litt. "comme au moment vivant") était d'annoncer à Avraham qu'il reviendrait à un moment où Its'hak aurait besoin d'une vitalité renouvelée, c'est-à-dire au moment du sacrifice, où l'ange revint pour le sauver.
Et en effet, il est écrit plus loin : "L'ange d'Hachem l'appela du Ciel et lui dit : 'Avraham, Avraham!', et il répondit : 'Me voici' ; et il lui dit : 'Ne porte pas ta main sur le jeune homme et ne lui fais pas le moindre mal!'". Et il s'agissait alors du même ange qui lui avait dit : "Je reviendrai à toi".

Il en résulta finalement que le mérite d'Avraham, qui se sacrifia entièrement pour accueillir ses invités/anges, alors qu'il était faible, 3 jours après sa circoncision et qu’il faisait très chaud, fut celui qui, plus tard, permit de sauver son fils Its'hak.

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-> Le rav Eliémél'h Biderman enseigne :
"Telle est la volonté d'Hachem : si un homme se sacrifie pour accomplir précisément ce qui est difficile pour lui (et chacun sait pertinemment ce qui l’est pour lui) en l'honneur d'Hachem, lui aussi méritera la délivrance et la miséricorde Divine dans le domaine où il en a besoin."

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[ ainsi, il existe une manière 'minimale' de faire une mitsva selon la loi juive, mais nous passons alors à côté de ce que nous pouvons réellement obtenir en l'accomplissant.
En effet, l'essentiel de la valeur d'une mitsva provient de l'effort que nous avons pu investir pour la faire.
(ainsi lorsque c'est dur, ce n'est pas que Hachem ne nous aime pas, que ce n'est pas fait pour nous, ... mais plutôt que Hachem [qui sait ce dont nous sommes réellement capables] nous envoie une occasion d'encore plus se rapprocher de Lui par la mitsva, d'encore plus produire de mérites pour nous, nos proches, tous les juifs, ... et cela pour l'éternité).
On peut y ajouter le fait d'avoir une kavana, de la réaliser avec joie, ...
L'essentiel est d'embellir nos mitsvot dans notre intériorité (ex: joie, intention), et dans une autre mesure de le faire dans sa réalisation extérieure (ex: en ayant une belle table/habit pour Shabbath, ...). ]

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-> "Or Its’hak revenait de visiter la source du Vivant-qui-me-voit" (24,62).

Rabbi Enikh Alexander pose la question : "D'où provient la joie qu’éprouve un homme?"
De "la source du Vivant-qui-me-voit", car lorsqu’une personne est convaincue que Hachem la dirige à chaque instant, que même si elle se trouve, pour l’heure, sur la terre aride et désolée du Néguev, démunie de tout, Il la protège, ce sentiment lui procure de la joie.

[Le nom ''Its'hak'' suggère la joie puisqu'il a été ainsi nommé, pour donner suite à l'exclamation de Sarah : "Ts'hok Assa Li Elokim" (D. m'a donné une joie - Vayéra 21,6)]

Etre convaincu que sa subsistance provient d’Hachem

+ Etre convaincu que sa subsistance provient d'Hachem :

"L'homme entra dans la maison et déchargea les chameaux ; on apporta ... et de l'eau pour laver ses pieds et les pieds des hommes qui l'accompagnaient" ('Hayé Sarah 24,32)

-> "La toilette des serviteurs des patriarches est plus importante aux yeux de D. que la Torah de leurs enfants" (midrach Béréchit rabba 60,5).

=> Quelle importance cette toilette a-t-elle pour être écrite dans la Torah, et plus encore, pour être considérée comme supérieure à la Torah des fils de nos patriarches?

-> Le Arougot Habossem explique que "les pieds" que l’on cite dans le verset font allusion aux efforts personnels de l'homme pour obtenir sa subsistance (hichtadlout).
Or, si certes, l'homme est tenu et a reçu le commandement de faire une hichtadlout, cependant, il est également tenu parallèlement d’être absolument convaincu que tout ce qu'il reçoit lui vient du Ciel et, en aucune façon, de son hichtadlout. Et de même qu'il existe un concept de "Avak Ribit" (la "poussière" de la défense du prêt à intérêt (cf. guémara Baba Metsia 61b)), ou bien encore de "Avak Lachon Hara" (la "poussière" de médisance (cf. guémara Baba Batra 165a)), il existe également celui de "Avak Avoda Zara" (la "poussière" d'idolâtrie [ex: le culte de soi-même, du "moi je/j'ai"]).
"La poussière des pieds" évoquée ici y fait allusion : elle consiste à mettre sa confiance dans son hichtadlout (symbolisée par les "pieds") et à penser que c'est elle qui permet de faire des profits.
C’est oublier qu’elle n'est en fait qu'une condition imposée par le Créateur et que la subsistance elle même provient de "Sa main tendue et grande ouverte".

-> Ceci permet de comprendre pourquoi Avraham dit aux anges : "Prenez, de grâce, un peu d'eau et rincez vos pieds" (Vayéra 18,4).
Rachi explique : "Il pensa qu'ils étaient des commerçants arabes qui se prosternaient à la poussière de leurs pieds", ce qui suggère que ces ''commerçants'' croyaient, certes, en Hachem mais pensaient néanmoins que leur hichtadlout dans leur commerce (symbolisée par les "pieds", comme précédemment) les aidait à subvenir à leurs besoins.
En cela ils transgressaient donc l'interdiction de "Avak Avoda Zara" (la "poussière" d'idolâtrie). C'est pourquoi Avraham les envoya se laver de cette faute pour qu'ils prennent conscience et sachent désormais que tout leur venait du Ciel.

-> Ce fut aussi pour la même raison qu'Eliézer eut besoin "d'un peu d'eau pour rincer ses pieds et ceux des gens qui étaient avec lui" ('Hayé Sarah 24,32) = comme ils venaient, en effet, d'investir leurs efforts afin de trouver un parti pour Its'hak, ils risquaient de penser que c'était grâce à cette hichtadlout qu'ils étaient parvenus à trouver Rivka.
Par conséquent, ils se dépêchèrent de "rincer leurs pieds", afin de rester convaincus que ce n’étaient pas leurs ''pieds'' (leur hichtadlout) qui les avaient fait réussir, mais uniquement Hachem.
=> C'est cette "toilette" que nos Sages qualifient de "plus importante aux yeux de D. que la Torah de leurs enfants'' (midrach Béréchit rabba 60,5).

-> Le Arougot haBossem conclut :
"Tirons de cela une leçon de morale dans tous les domaines du service Divin : si ce n’était l’aide donnée par Hachem, l'homme ne serait même pas en mesure de lever le petit doigt. Dès lors, il n'a aucune raison de s'enorgueillir, car tout vient de Lui!"

Le Arougot Habossem explique, d'après ce qui précède, un verset du prophète : "Béni soit l'homme qui espère en Hachem, et dont Hachem est l'espoir" (Yirmiyahou 17,2).
Cette apparente répétition vient suggérer que la véritable confiance en D. (bita'hon) consiste à mettre entièrement sa confiance en D. sans penser que son hichtadlout a une part quelconque dans la réussite de ses entreprises.
L'homme doit être persuadé que toutes ses actions, son empressement et ses efforts, ne sont que vains et néants, et que tout n'est que le fruit de la parole Divine. C'est pourquoi le verset précise : "Béni soit l'homme qui espère en Hachem", et ajoute aussi : "et dont Hachem est l'espoir", pour exclure celui qui, tout en ayant confiance en Hachem, compte également sur l'empressement de ses actions.

A l'opposé, il est écrit dans le même chapitre du prophète Yirmiyahou (verset 5) : "Maudit soit l'homme qui place son espoir dans un être humain" = cela ne signifie pas seulement un autre être humain, mais inclut aussi l'homme lui-même, celui qui croit dans sa propre force et dans l'œuvre de ses mains, en pensant qu'ils sont la source des bienfaits et de la bénédiction dont il jouit, et qui ignore que tout provient du Hachem.

-> Cette explication rejoint celle du Malbim au sujet de la suite du même verset : "et qui prend pour appui un être de chair " (Yirmiyahou 17,5) = cela évoque celui qui pense que c'est la force "naturelle" du corps qui met sa chair en mouvement, et qui ne se rend pas compte que même les mouvements de sa propre chair ne sont possibles que grâce à la volonté d'Hachem.
Un tel homme ne peut donc voir aucun signe de bénédiction dans ses entreprises.

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-> "Hachem se montra favorable à Hével, mais à Caïn et à son offrande il ne fut pas favorable" (Béréchit 4,5).

Le 'Hafets 'Haïm explique que Caïn (קַיִן) porte ce nom parce que Eve s'exclama (à sa naissance) : "J'ai (pro)créé (kaniti - קָנִיתִי) un homme [conjointement] avec Hachem" (Béréchit 4,1), ce qui suggère qu'elle créa Caïn avec Hachem et qu'elle fut même son associée dans cette entreprise. C’est pour cette raison que la réussite ne lui sourit pas.
En revanche, le nom "Hével" se réfère au fait de considérer les choses de ce monde comme vaines ("ével avalim" : "vanité des vanités"), autrement dit de prendre conscience qu'il n'y a pas lieu de s'enorgueillir (puisque tout dépend d'Hachem). Ce fut pour cela qu'Hachem le choisit.

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-> Le 'Hazon Ich dit :
"il faut savoir qu'en ce qui concerne la subsistance, ce qui inclut l'argent destiné aux yéchivot, tout a déjà été fixé à Roch Hachana. Seulement, dans la mesure où Hachem nous a donné un devoir d'hichtadlout, celui qui le négligerait pourrait se le voir reproché.
Néanmoins, il semble qu'à propos d'une telle hichtadlout, le Ciel n’aurait rien à reprocher si on s'en s'abstenait".

-> Le rav Elimélé'h Biderman commente ces paroles :
cela signifie que, même si l'homme est tenu d'agir pour obtenir sa subsistance, il est cependant évident que ce ne doit pas être au détriment de la qualité de ses relations avec autrui, ou sur le compte d'un cours régulier de Torah, ou de la prière avec un Minyan, écourtée pour les besoins de la cause.

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-> b'h, également sur la notion de hichtadlout : http://todahm.com/2019/10/02/10637-2

Eliézer, le serviteur d’Avraham

+++ Eliézer, le serviteur d'Avraham :

"Il [Eliézer] dit : je suis le serviteur d'Avraham" ('Hayé Sarah 24,34)

-> Lorsque Loth et Avraham se séparèrent, Avraham nomma Eliézer administrateur sur tous ses biens et ses serviteurs.
Eliézer était le fils de Nimrot, fils de Kouch frère de Canaan, fils de 'Ham, fils de Noa'h.
Quand Avraham sortit vivant de l'épreuve de la fournaise ardente, Nimrod lui donna son fils Eliézer comme serviteur.
[comme l'a fait Pharaon en donnant comme esclave sa fille Hagar, comme il est écrit : "Mieux vaut pour ma fille être servante dans la maison d'Avraham que princesse dans une autre maison" (midrach Béréchit rabba 45,2).]

Cependant Eliézer était le descendant d'un peuple maudit, c'est la raison pour laquelle Avraham refusa catégoriquement d'unir la fille d'Eliézer avec son fils Its'hak comme il lui dit : "Mon fils est béni et tu es maudit ; le maudit ne s'unit pas avec le béni" (Rachi - 'Hayé Sarah 24,39).

=> Pourtant, lorsqu'Eliezer se rendit chez Lavan, celui-ci l'accueillit et lui dit : "Viens béni de d'Hachem! Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j'ai débarrassé la maison" ('Hayé Sarah 24,31)?
Comment Lavan pouvait-il appeler Eliezer " béni d'Hachem" , alors qu'il portait sur lui le témoignage de la malédiction?

-> En effet, il est à noter que :
A l'époque il était su que toute personne ayant une couleur de peau noire était forcément un descendant de 'Ham qui fut maudit par son père Noa'h. [midrach haGadol 19,8]
Le guémara (Sanhédrin 108a) nous enseigne : "Ils sont trois à avoir enfreint l'ordre d'Hachem de se séparer de leur compagne durant tout le séjour dans l'arche : le chien, le corbeau et 'Ham le fils de Noa'h. Pour cette action perpétrée dans le noir, 'Ham fut puni mesure pour mesure. Il sortit de l'arche la peau noire et tous ses descendants resteront à jamais avec la peau noire."

-> Le rav Beniahou explique que dans les mondes supérieurs, la décision fut prise qu'Eliezer, fidèle serviteur d'Avraham, soit accepté au sein du peuple élu à la condition qu'il serve Avraham notre patriarche fidèlement et avec foi.
Lorsqu'il arriva chez Lavan afin de prendre Rivka d'après les instructions de son maître, Lavan lui dit : "Viens béni d'Hachem! Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j'ai débarrassé la maison" ?
Nous apprenons qu'il retira tous les objets de culte d'idolâtrie, car Lavan était très riche et avait une grande maison qui disposait d'une pièce entièrement consacrée à cet effet. Il élimina toute trace d'idolâtrie en l'honneur d'Eliezer qui était un très grand juste.
Cette étape entraîna la réparation le "tikoun" (réparation) d'Eliezer. Ce n'est pas anodin si Eliezer qui avait la peau noire, rencontra Lavan, qui signifie littéralement "blanc". Car à ce moment-là, la peau d'Eliezer devint blanche.

[Des sages enseigne qu'un ange est venu et a mis ces paroles dans la bouche de Lavan.
Certains avis soutiennent qu'avant de s'appeler Lavan, son nom était Kouchan Réchatim, il fut appelé Lavan après sa rencontre avec Eliezer qui est devenu blanc.
D'autres avis soutiennent que son nom était Bilam avant de devenir Lavan après sa rencontre avec Eliezer. ]

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=> Si Eliezer, fidèle serviteur d'Avraham, fut accepté parmi le peuple élu de D., comment cela se traduisit-il concrètement?

-> Le Arizal explique qu'Eliezer se réincarnera en Kalev ben Yéfouné, l'un des 12 explorateurs envoyés par Moché en terre d'Israël. Lors de sa venue en Israël, kalev ben Yéfouné se précipita à 'Hebron pour prier au caveau de Makhpela et supplier "son maître" Avraham de ne pas tomber dans la faute avec les autres explorateurs.

Avant la naissance d'Itshak, Avraham parla à D. en disant : "Que me donneras-Tu alors que je m'en vais sans postérité et que l'intendant de ma maison est Eliezer de Damas? ... Tu ne m'as pas donné de descendance ; et voici celui qui est né dans ma maison héritera de moi" (Lé'h Lé'ha 15,2-3).
Avraham vit par prophétie qu'Eliezer son fidèle serviteur se réincarnerait quelques générations plus tard en Kalev ben Yéfouné qui héritera de 'Hebron. Et c'est ce que comprit aussi Lavan lorsqu'il parla à Eliezer en ces termes : "Viens béni d'Hachem! Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j'ai débarrassé la maison".

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+ b'h, quelques autres enseignements au sujet d'Eliezer :

-> Le Pardes Yossef donne l'enseignement suivant :
"Selon le Pirké déRabbi Eliézer et le midrach Yalkout Chimoni, Eliézer le fidèle serviteur d'Avraham, n'était autre que le géant Og, qui est devenu par la suite le roi de Bachan (Og mélé'h aBachan).
D'après le Rachbam, il était tellement grand, qu'il avait besoin d'un lit spécial fait de fer afin de pouvoir supporter sa taille et son poids incroyables.

On comprend mieux pourquoi Eliézer a demandé à Rivka : "Y a-t-il dans la maison de ton père de la place pour nous, afin de passer la nuit?" ('Hayé Sarah 24,23).
En effet, il était si immense, qu'il n'était pas certain de pouvoir rentrer dans la maison.
Mais il a été rassuré, lorsque Lavan lui a dit : "Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j'ai débarrassé la maison" ('Hayé Sarah 24,31) = maintenant qu'elle est vide, il y a de la place pour toi! "

[selon Rachi : J’ai nettoyé la maison = De toute idole]

-> Le Méam Loez ('Hayé Sarah 24,67) écrit :
En récompense pour l’accomplissement de sa mission, Eliézer fut affranchi par Avraham de son état d’esclave.
[D’après certains commentateurs,] il devint un roi identifié comme étant Og, le roi de Bachan. [Pirké déRabbi Eliézer]
Selon une autre opinion, Its’hak éleva Eliézer au rang de souverain des anges, et il entra vivant au paradis.

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-> On l'appelait Daméssek Eliézer car il était "dolé ou machké mi Torat rabo" : il puisait et abreuvait les autres de la Torah d'Avraham.
La guémara (Yoma 28b) dit même qu'il était à la tête de la yéchiva (roch yéchiva) dans la maison d'étude d'Avraham.

-> L'expression : "qui était maître de tout ce qui lui appartenait" ('Hayé Sarah 24,2), signifie qu'Eliézer, comme son maître Avraham, dominait entièrement son mauvais penchant.
[midrach Béréchit rabba 59,8]

-> Eliézer, jusqu'à ce jour, monte la garde à l'entrée de la caverne de Makhpéla.
[guémara Baba Batra 58a]

-> Nos Sages (guémara Sanhédrin 75a) nous enseignent que pour 3 personnes la terre s'est rétrécie : Eliézer le serviteur d'Avraham, Yaakov notre Patriarche, et Avichaï ben Tsarouya.
D'après le midrach Tan'houma, les explorateurs ont également bénéficié de ce miracle puisqu'Hachem allait les punir à raison d'un jour par année, Il a donc abrégé leur voyage.

Rachi ('Hayé Sarah 24,42) affirme que la terre s'est rétractée pour Eliézer.
De son côté, le midrach (Yalkout Chimoni) nous apprend qu'au lieu de 17 jours de trajet en chameau de Kyriat Arba à 'Haran, le voyage d'Eliézer n'aura duré que 3 heures.

-> Eliézer est l'un des [très] rares individus qui n'est pas mort, mais qui est entré vivant au Gan Eden.
[voir Kalla rabbati chap.3 ; et Déré'h Erets chap.1 de Séder Nézikin]

-> Il est écrit dans le Déré'h Erets Zouta :
10 Justes sont entrés vivants au gan Eden : 'Hanokh, Eliézer le serviteur d'Avraham, Séra'h la fille d'Acher, Batia la fille de Pharaon, le prophète Eliyahou, Eved le roi de Kouch, Hiram le roi de Tyr, Rabbi Yéhochoua ben Lévi, Yavets le fils de Rabbi Yéhouda haNassi, le machia'h.

-> Le Ram'hal enseigne :
"Bien que la purification du corps par l'âme soit l'essentiel de la vie dans ce monde ici-bas ... à cause de la faute d'Adam, toute créature doit passer par l'étape de la mort. [il n'y a aucune possibilité pour une âme de se purifier totalement en ce monde de la faute d'Adam, sans passer par la mort] ...
Si ce n'était à cause de la faute d'Adam, l'âme aurait pu assainir le corps d'une façon complète, au point que l'homme aurait pu entrer vivant dans le monde futur, comme Eliyahou haNavi et 'Hanokh l'ont fait en montant vivants au gan Eden."

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Il est écrit au sujet de 3 personnes, qu'ils avaient un visage ressemblant à celui de Avraham :
- pour Lot (Rachi - Lé'h Lé'ha 13,8) ;
- pour Its'hak (Rachi - Toldot 25,9) ;
- pour Eliézer (midrach Béréchit rabba 60,7). D'ailleurs, c'est pour cela qu'à son arrivée dans la maison de Bétouel et de Lavan, au début, ils pensaient à tort que c'était Avraham.

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+ "Il [Eliezer] dit : Je suis l'esclave d'Avraham" ('Hayé Sarah 24,34)

La Torah rapporte que quand Eliezer s'est assis avec la famille de Rivka pour leur expliquer le but de sa mission, la première parole qu'il tient à dire c'est : "Je suis l'esclave d'Avraham". Comme s'il était impatient de dire cela au point de ne rien pouvoir dire avant.
=> Cela peut paraître un peu étonnant. Ce n'est pas tellement habituel qu'un homme tienne tellement à dire qu'il est un esclave. Cela ne le met pas à son avantage!

-> Rabbi 'Haïm Chmoulevitch rapporte que le midrach enseigne que Eliezer ressemblait physiquement à Avraham. Quand Lavan le vit, il a cru qu'il s'agissait d'Avraham qu'il connaissait puisqu'il était de sa famille.
C'est pour cela qu'il lui dit : "Viens, toi qui est béni d'Hachem", en pensant qu'il parlait à Avraham.
Eliezer, qui avait compris cela, tenait le plus rapidement possible à corriger cette erreur. Et dès que l'occasion de parler lui fut donnée, il s'empressa de préciser qu'il était l'esclave d'Avraham, et pas Avraham lui-même.
Et même si ce n'est pas lui qui a fait croire cette erreur et qu'il n'était pas en faute, malgré tout, le fait que la famille de Rivka puisse penser qu'ils avaient affaire à Avraham, lui conférait un certain honneur, car ils avaient du respect pour Avraham. Et pour Eliezer, il n'était pas possible de profiter d'un honneur illusoire, qui venait d'une erreur. Et il saisit la première occasion pour corriger cela et rétablir la réalité, qu'en fait cet honneur ne lui revient pas.

Parfois, on peut se retrouver face à une situation où quelqu'un nous honore, nous félicite ou nous fait une louange qui n'est pas justifiée. Il commet une erreur pensant que l'on a fait quelque chose qui mérite une louange, mais il s'est trompé.
Non seulement, il ne convient pas de profiter de cette satisfaction illusoire, qui ne nous revient pas, car cela nous égare dans un comportement qui nourrit de l'imaginaire et cela éloigne de la réalité.
Mais Eliezer nous apprend qu'il convient même de s'empresser de corriger cet erreur à la première occasion qui nous est donnée, pour ne pas en tirer profit même pendant une certaine durée.

=> L'homme doit s'éloigner de la recherche des honneurs, encore plus si elles sont illusoires. Il est plus constructif de s'attacher aux vraies valeurs qui nous remplissent profondément, plutôt que de se laisser séduire par des éloges et des paroles mielleuses qui nous bercent d'illusions et ne nous remplissent que de vide.

"Avraham se leva de sur la face de son mort" (vayakom Avraham méal péné méto - 'Hayé Sarah 23,3)

=> A priori le terme : "la face" (péné - פני) est en trop, car il suffirait d'écrire : "Avraham se leva de son mort". Que vient nous apprendre l'ajout du mot : פני (la face)?

-> Le rav Yonathan Eibschutz (dans son Tiférét Yonatan) répond :
il est expliqué dans le Zohar, que tous les tsadikim qui sont enterrés au caveau de Makhpelah quittèrent ce monde par une "néchika" (un baiser de D.), et non par l'intervention de l'ange de la morts.
[la guémara (Béra'hot 8a) explique que la mort par baiser divin est comparable à un cheveun délicatement enlevé d'un bol de lait.
la guémara (Baba Batra 17b) enseigne que les âmes d'Avraham, Its'hak, de Yaakov, Aharon, Myriam et Moché furent toutes prises par le baiser divin de la néchika. (+ les ajouts selon le rav Eibschutz). La particularité est que c'est Hachem lui-même plutôt que l'ange de la mort qui prend l'âme.]

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=> Puisqu'Avraham enterra Sarah dans le caveau de Makhpelah, il devait forcément savoir que son épouse avait quitté ce monde par un baiser divin.
Comment Avraham a-t-il su que Sarah mourut par un baiser divin et non par l'intermédiaire de l'ange de la mort?

Il est écrit dans le guémara (Avoda Zara 20b) :
"Les Sages dirent à propos de l'ange de la mort qu'il est entièrement couvert de yeux. [ce qui signifie qu'il voit partout, en tout temps, d'un bout à l'autre du monde, contrairement aux êtres humains auxquels il suffit de fermer les yeux pour qu'ils ne puissent plus voir]
Au moment où le malade doit mourir, l'ange de la mort se tient debout au-dessus de sa tête. Ce dernier tient dans sa main une épée à l'extrémité de laquelle une goutte de poison est suspendue.
Lorsque le malade voit l'ange de la mort, apeuré, il ouvre la bouche et y reçoit la goutte de poison, ce qui le fait mourir.
Le poison va le putréfier et sa face va devenir verdâtre."

Avraham scruta "sa face" (פני) après son décès et il vit que son visage rosé rayonnait, comme si elle était encore en vie. Il comprit alors que Sarah avait quitté ce monde par un baiser divin et non par l'ange de la mort.
C'est là le sens du verset : "Avraham se leva de sur la face (פני) de son mort" = c'est précisément en observant le visage de Sarah, qu'il comprit comment elle avait rendu son âme et qu'elle pouvait donc être enterrée dans le caveau de Makhpelah.

De plus, les Commentateurs ajoutent sur le verset : "Et Sarah mourut à Kyriat Arba" : Ne lis pas "Kyriat Arba" (בקרית ארבע) mais plutôt "Kriat Arba" (בקריאת ארבע) qui signifie littéralement "avec la lecture des quatre".
En effet, Sarah notre matriarche rendit son âme en récitant les 4 derniers mots du Shéma Israël : "Hachem est notre D., Hachem est Un" (Hachem Elokénou, Hachem é'had).

Comme le dit le Zohar, Sarah mourut en lisant le Shéma Israël, car cette femme, pieuse et vertueuse, ne pouvait mourir par l'intermédiaire du serpent, l'ange de la mort. Son âme la quitta lors de la récitation des 4 derniers mots du Chema.
C'est cela qu'on appelle : "La mort par le baiser divin", comme il est écrit : "Mon âme me quitta par ta parole" (Chir Hachirim 5,6).
C'est par l'authenticité de l'adhésion de son âme à son Créateur que cette dernière la quitta.
[d'après le rav Pin'has Friedman]

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-> "Avraham se leva de devant son mort et il parla au fils de 'Het" ('Hayé Sarah 23,3)

-> Il y a un avis selon lequel la 10e épreuve que devait surmonter Avraham était sa discussion avec les fils de 'Het pour acheter la grotte de Makhpela pour y enterrer Sarah.
Mais on peut s'interroger. Tout d'abord, en quoi est-ce une épreuve de devoir discuter pour l'achat d'un terrain? Toute personne est régulièrement confronté à une telle situation où il doit acheter un terrain. Mais surtout, il est étonnant que cette épreuve vienne après le sacrifice d'Its'hak qui était bien plus difficile. On a du mal à comprendre l’enchaînement logique des épreuves.

En fait, lors de l'épreuve de la Akéda, Avraham devait montrer à Hachem son amour pour Lui, encore plus fort que pour son fils. Ainsi, il a connu lors de cette épreuve un moment d'élévation d'âme d'un très grand niveau. Il était prêt à tout pour démontrer son amour pour Hachem et il s'est attaché à Lui dans son cœur et ses sentiments, pour ressentir un détachement de tout le reste pour se consacrer exclusivement au Divin. Et effectivement, ce sentiment d'extase est très élevé.
Mais Hachem n'attend pas de l'homme uniquement cela. Il y a encore un niveau plus haut. C'est de pouvoir, juste après avoir connu un moment d'une si grande élévation spirituelle, redescendre sur terre et discuter de façon très terre à terre pour négocier l'achat d'un terrain.
La Torah ne veut pas que le Service de D. déconnecte l'homme de la réalité du monde concret et de ses obligations les plus basiques. Dans d'autres religions, on peut prôner le détachement total de la matérialité, pour une vie d’ascétisme et de fascination devant le spirituel. Mais, Hachem a placé notre âme dans un corps et dans un monde matériel, avec des besoins vitaux physiques. Car Il souhaite qu'on arrive à réunir les deux.
Certes, s'élever dans des sentiments d'amour et d'extase spirituels, mais en même temps, prendre en compte les contingences du corps et du monde, et mener une vie conforme à tout cela. C'est souvent ce que certains reprochent au judaïsme. Il y a trop d'exigence d'actes et de concret. On aimerait bien plus de sentiments et de fascination. Mais la Torah cherche à atteindre la perfection. A savoir, faire descendre les sentiments les plus élevés dans des actes et une vie des plus concrets. Car le but n'est pas uniquement l'élévation de son âme, mais aussi l'élévation de son corps et du monde matériel tout entier.
C'est ce que Avraham a su démontrer. Après l'élévation de la Akeda, il a su redescendre dans les affaires de ce monde et discuter de l'achat d'un terrain. Telle est la perfection que demande la Torah, mais si cela peut paraître pour certains moins exaltant. Mais la Torah n'est pas une religion forgée par l'homme, conforme à ce que lui recherche et ce qui le fascine le plus. C'est une Torah Divine, donnant à l'homme le moyen d'atteindre la perfection voulue par Hachem.
[rav Mikaël Mouyal]

La prière de Min’ha

+ La prière de Min'ha :

-> Its’hak était sorti dans les champs pour se livrer à la méditation (lassoua’h - לָשׂוחַּ) à l’approche du soir" ('Hayé Sarah 24,63)

-> Rachi commente ainsi le terme : lassoua’h : "Ce mot a le sens de prier".

-> Il est écrit dans la guémara (Béra'hot 26b) :
"Rabbi Yossé fils de Rabbi Hanina enseigne : les Patriarches ont institué les prières ... Avraham institua la prière du matin (Cha’harit) ... Its’hak institua la prière de l’après-midi (Min’ha), comme il est dit : "Its’hak était sorti dans les champs pour se livrer à la méditation à l’approche du soir", or la méditation désigne la prière, comme il dit : ‘Prière du pauvre ... Il épanche sa prière devant Hachem’.
Yaakov institua la prière du soir (Arvit)".

-> A propos de l'importance de la prière de min'ha, la guémara (Béra'hot 6b) enseigne:
"Rabbi Halbo a cité Rav Ouna en disant qu’il faut être attentif à la prière de Min’ha comme nous l’apprenons au sujet du Prophète Eliyahou qui n’a été exaucé qu’à la prière de Min’ha.

Il est écrit : ‘A l’heure de Min’ha, le Prophète Eliyahou s’avança en disant ... Exauce-moi Hachem, Exauce-moi, afin que ce Peuple reconnaisse que c’est Toi le vrai D.’ (Méla'him I 18,37)"

-> Le Kli Yakar ('Hayé Sarah 24,63) commente : Bien que les autres Patriarches (Avraham et Yaakov) aient été exaucés également à la suite de leur prière (de Cha'harit et de Arvit), seul Its’hak a été exaucé immédiatement après avoir prié (au moment de Min'ha - dès qu'il a terminé, il a aperçu sa future femme sur un chameau, accompagnée de Eliézer).

[nos Sages voient en cela, une preuve que nos prières à Min'ha sont exaucées plus rapidement que celles de Cha'harit et de Arvit.]

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-> "A l’heure de Min’ha, le Prophète Eliyahou s’avança en disant ... Exauce-moi Hachem, Exauce-moi (anéni Hachem, anéni), afin que ce Peuple reconnaisse que c’est Toi le vrai D." (Méla'him I 18,37)

La guémara (Béra'hot 6b) explique que Eliyahou haNavi a fait 2 prières : "Exauce-moi (anéni) que du feu descende du ciel, et exauce-moi (anéni) qu'ils [les juifs] ne disent pas que je fais de la sorcellerie [en faisant descendre du ciel du feu].

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - Béra'hot 26b) enseigne :
Nos Sages (guémara Taanit 8b) disent qu'une personne ne doit pas prier pour 2 choses à la fois.
Si c'est ainsi, pourquoi Eliyahou haNavi a-t-il prier pour 2 choses (que le feu descende du ciel, et que les gens ne disent pas que c'est de la sorcellerie)?

Mais plutôt c'est parce que Min'ha est un moment très propice pour la prière, plus que les autres moments, et on peut demander à ce moment même pour 2 choses à la fois.

C'est pourquoi la guémara apporte particulièrement cette dracha où Eliyahou haNavi a demandé pour 2 choses, et cela afin d'attester que Min'ha est un moment très spécial pour la prière.

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-> Le rav Yonathan Eibschutz (Tiféret Yonathan - Kora'h) donne une autre explication sur pourquoi les prières de Min'ha sont répondues plus rapidement que les autres prières.

Il se base sur la guémara (Shabbath 89b) suivante :
Dans le futur, Hachem dira à Avraham : "Tes enfants ont fauté contre Moi".
Avraham répondra : "Ils doivent être détruits, en raison de Ton saint Nom".
Avraham sera si bouleversé que les gens fautent contre Hachem, qu'il va conseiller qu'ils soient détruits, même s'ils sont ses descendants.

La guémara relate après un dialogue similaire entre Hachem et Yaakov.
Mais ensuite, Hachem va dire à Its'hak : "Tes enfants ont fauté contre Moi"
Its'hak va répondre : "Maître du monde! Est-ce qu'ils sont mes enfants et non pas Tes enfants? Tu les as appelés : "Mes enfants premiers-nés, Israël" (béni bé'hori Israël). Et maintenant Tu dis qu'ils sont mes enfants et non pas Tes enfants?"
Les arguments de Its'hak font sauver au final les juifs.

Le rav Yonathan Eibschutz ajoute que c'est pour cette raison que Its'hak aimait Essav.
Il avait tendance à prier pour les réchaïm, afin de les aider [à se débarrasser du mal en eux, et qu'ils mettent au grand jour leur beauté intérieure].

Le rav Yonathan Eibschutz écrit que c'est l'unicité de Min'ha.
Its'hak a établi Min'ha, et ainsi même si une personne a fauté et n'est pas méritante, ses prières dites à Min'ha seront quand même exaucées.

Dans les mots, il écrit :
"Nos Sages nous ont dit d'être vigilant avec Min'ha car Eliyahou haNavi a été répondu à Min'ha.
Cha'harit et Arvit ont été instaurées par Avraham et Yaakov, qui n'ont pas prié pour les réchaïm.
Ils disaient qu'ils doivent être détruits, en raison du saint nom d'Hachem [qu'ils ont souillé par leurs fautes].
Mais Its'hak a prié pour les réchaïm.
C'est pourquoi, lorsque Eliyahou haNavi a prié pour le peuple juif, bien qu'ils ne soient pas méritants, Hachem a répondu à ses prières à Min'ha."

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-> Selon le rav Shlomo Yossef Zévin :
Le guémara enseigne que la prière la plus importante, à laquelle il faut être le plus vigilant, c'est min'ha.
La raison en est qu'elle est prononcée l'après-midi, quand l'homme est encore affairé à son travail. En revanche, Cha'harit est récité le matin, avant le travail, et Arvit, le soir, quand on est de retour à la maison.
Pour prier Min'ha, il faut arrêter son travail parfois même en plein milieu, ce qui peut être difficile, d'où son importance.

A l'époque, le travail le plus courant était l'agriculture. Ainsi, la valeur de Min'ha, c'est qu'elle est récitée quand on est encore dans le champ : "Its'hak sorti dans les champs pour se livrer à la méditation (= la prière)", c'est bien Min'ha.

-> Le Tour dit également que Min'ha est difficile à faire car elle tombe en pleine journée de travail.
Comment alors se rappeler de prier Min'ha? Surtout qu'il est dur de quitter le travail pour cela!

C'est justement parce qu'elle est plus difficile à accomplir, qu'elle est plus précieuse, et que les prières récitées à ce moment sont davantage exaucées.

[le fait d'être la tête sous l'eau, dans la routine, de notre travail pour obtenir notre subsistance, fait qu'on en oublie que rien ne peut nous arriver sans Hachem. Plus ou moins indirectement, on pense : c'est bon Hachem je gère! ... J'ai ma paie qui tombe chaque mois! Mon intelligence fait que je gagne tout seul ma vie! ...
Min'ha c'est ce moment où l'on arrête tout, où l'on atteste que : certes je fais des efforts nécessaire pour masquer la réalité (ma hichtadlout), mais la réalité c'est que tout me vient que grâce à Toi! ]

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-> Le rav Shlomo Zalman Auerbach a déclaré un jour que la lecture des Korbanot avant la prière de Min’ha possède la propriété miraculeuse d’épargner à celui qui s’y adonne d’avoir recours aux médecins.
On comprendra aisément d’après cela l’inanité de l’argument de ceux qui se dérobent à cette Mitsva en prétendant qu’ils n’en ont pas le temps. Car il en faut moins pour la lire que pour attendre son tour à une consultation médicale.

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+ Le nom Min'ha :

-> Le Maguen Avraham (Choul’han Aroukh Ora'h 'Haïm 232), dans son introduction aux Lois relatives à la prière de Min’ha, se demande [au nom du Tossefot dans Pessa’him 107a] : pourquoi la prière de l’après-midi est-elle appelée Min’ha (Offrande).

Il répond : "Puisqu’Eliyahou Hanavi a été exaucé à ce même moment de la prière de Min’ha, lorsqu’il offrit lui-même une ‘Offrande’ (Min’ha) à D., c’est pour cela que cette prière porte ce nom de Min’ha, par rapport à l’Offrande d’Eliyahou Hanavi ; offert au cours d’un ‘moment propice’ (ét ratson - עת רצון)".

-> Le Séfer ha'Haïm (le frère du Maharal) explique que Its'hak a été mis sur l'autel (lors de la Akéda), et il était comme un korban ola.
Puisqu'un korban ola a besoin d'être accompagné d'un min'ha (une offrande de farine), alors Its'hak a complété cette partie de son korban par des prières.

-> Le Baal haTanya rapporte la guémara (Ménou'hot 104b) citant que le seul korban avec le mot : "néfech" (âme) qui lui est écrit à proximité est le korban min'ha. Comme il est écrit : "néfech ki tak'riv min'ha l'Hachem" (Vayikra 2,1).
=> Pourquoi est-ce spécialement ce korban?

C'est parce que Hachem dit : "Qui est-ce qui apporte un korban min'ha? Il s'agit de quelqu'un qui est pauvre et qui ne peut se permettre d'amener qu'un peu de farine avec de l'huile.
Je considère cela comme s'il m'avait offert son âme (néfech) devant moi!"

De même, lorsqu'on interrompt son travail en plein milieu pour prier Min'ha, il y a un aspect de messirout néfech (don de soi), et c'est pourquoi cette prière s'appelle : min'ha.
Ainsi, lorsque l'on sacrifie tout pour aller prier Min'ha, alors Hachem dit : "Je considère comme si vous avez offert votre âme devant moi".

-> Le Ramban explique que cette prière porte ce nom, car "Min’ha" vient du mot "Ménou’ha", qui signifie repos ; c’est en fait le début du "repos" (coucher) du soleil de cette même journée.

-> Le Kédouchat Lévi enseigne : la prière de l’après-midi est appelée "Min’ha" qui signifie "cadeau", car nous n’avons pas l’obligation de prier à ce moment-là, contrairement aux autres prières de la journée.
En effet, le matin nous devons remercier Hachem de nous avoir fait revenir en nous notre âme que nous Lui avions prêtée la veille.
De même le soir, nous devons implorer Hachem de bien vouloir nous restituer, à notre réveil, notre âme que nous allons lui confier pour la nuit

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-> b'h, au sujet de Min'ha de Shababth : http://todahm.com/2020/07/20/minha-de-shabbath

"Hachem avait béni Avraham en toute chose (bakol)" ('Hayé Sarah 24,1)

=> Que signifie "bakol"?
Selon rabbi Méïr, il fut béni (même) par le fait qu'il n'eut pas de fille.
Selon rabbi Yéhouda, il fut béni (en tout) puisqu'il eut (aussi) une fille.
D'autres disent qu'Avraham avait de telles connaissances en astrologie que tous les rois d'Orient et d'Occident se levaient tôt et se pressaient à sa porte.
Selon rabbi Chimon bar Yo'haï, Avraham portait une pierre précieuse suspendue à son cou ; tout malade qui regardait (cette pierre) guérissait aussitôt.
Lorsqu'Avraham mourut, Hachem suspendit cette pierre sur l'orbite solaire en accord, selon Abayé, avec le dicton : "Quand le jour se lève, le malade se porte mieux".
Autre explication de "bakol" : tant qu'Avraham était en vie, (son petit-fils) Essav ne se rebella pas (contre les Lois de la Torah), ou encore Ichmaël (son fils) se repentit du vivant d'Avraham.
[guémara Baba Batra 16b]

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-> Hachem a béni Avraham : bakol (en toute chose - בכל), mot qui a une valeur de 52, qui est la même que celle du mot : ben (בן).
Il y a donc une allusion au fait qu'Avraham a été béni en tout par des fils.
[Rachi - 'Hayé Sarah 24,1]

-> Selon le 'Hatam Sofer, les 3 lettres du mot בכל (bakol) s'écrivent pleinement : בית (bét), כף (kaf) et למד (laméd), et leur guématria totale est de : 586, la même guématria que le mot : Shofar (שופר).
Cette guématria commune fait allusion au fait qu'Avraham sera béni à travers un fils Its'hak, car la corne (Shofar) du bélier de substitution du sacrifice d'Its'hak servira aux sonneries du jour du don de la Torah et aux sonneries (du Shofar gadol) qui seront entendues le jour de la délivrance définitive.
C'est donc bien par son fils Its'hak qu'Avraham sera béni jusqu'à la venue de la guéoula.

-> Si Avraham avait eu une fille, ce ne serait pas une bénédiction selon rabbi Méïr.
En effet, il n'aurait pu la marier qu'avec un Cananéen qui est "maudit" ou bien l'envoyer dans son lieu de naissance chez Lavan et elle aurait vécu là-bas avec son époux dans une ambiance d'idolâtrie, car la femme est sous l'autorité de son mari.
Ainsi, Avraham n'a pas eu de fille afin de lui épargner ces soucis ce qui constitue une bénédiction.
[Rambam - 'Hayé Sarah 24,1]

-> Selon Rabbi Meïr, il fut béni [même] en cela qu’il n’eut pas de fille car il n’aurait pas pu la marier en raison du fait que les gens de sa génération étaient tous des idolâtres.
[‘Hidouché Guéonim]

-> Le Ets Yossef enseigne :
Ce n'est pas une bénédiction pour un père d'avoir une fille, d'après Ben Sira, car un père se soucie constamment pour sa fille et n'en dort pas la nuit : lorsqu'elle est gamine, il craint qu'elle soit séduite ; à l'adolescence, il craint qu'elle se débauche ; à sa majorité, il craint qu'elle ne trouve pas de mari (sans compter les soucis de réunir une dot pour la marier) ; une fois mariée, il craint qu'elle n'aie pas d'enfants ; âgée, il craint qu'elle pratique la sorcellerie.

Une question se pose contre rabbi Méïr : la mitsva de procréation (piria vérivia) n'est accomplie que si le père a au moins un garçon et une fille ; donc s'il n'a aucune fille il n'aurait pas réalisé le Commandement de procréation.
En fait, rabbi Méïr pense que si cet homme a voulu avoir une fille, mais il n'en a pas eu, cela est un cas de contre sa volonté (oness) et Hachem le considère comme s'il a accompli la mitsva de procréation, et de plus cet homme privé d'une fille est béni.

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-> Rabbi Yéhouda qui a affirmé qu'Avraham a engendré une fille (bat) n'est pas en désaccord avec rabbi Méïr qui a affirmé, au contraire, qu'Avraham n'a pas eu de fille.
En effet, la fille dont parle rabbi Yéhouda ne désigne pas ici une fille, mais une qualité (mida) d'Avraham désignée aussi : bat (fille).
[Ben Ich 'Haï]

-> La fille qu'aurait engendrée Avraham se distinguait par ses qualités remarquables. Elle était éminente au-dessus du niveau moyen des autres jeunes filles en toute chose, c'est pourquoi elle a été digne d'être appelée : bakol (en toute chose).

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=> Comment les rois d'Orient et d'Occident se pressaient-ils à la porte d'Avraham?

-> Le Maharcha enseigne :
Les connaissances astrologiques d'Avraham lui permettaient de "lire" dans les étoiles et les mazalot (constellations) les évènements futurs.
Sa réputation s'était étendue dans le monde et tous les rois d'Orient et d'Occident se pressaient à la porte d'Avraham pour le consulter et demander des conseils, d'autant plus que ses prévisions étaient infaillibles, contrairement aux autres astrologues dont les prévisions étaient parfois erronées.
Ainsi, l'expression "bakol" (par tous) peut signifier qu'Avraham était béni par tous les rois de la planète qui le louaient, ce qui constituait une bénédiction.

-> Le Maharal ('Hidouché Agadot) écrit :
Avraham ne "lisait" pas dans les étoiles, mais était doué d'un don prophétique qui lui permettait de prévoir les événements futurs, sans jamais se tromper, et il transmettait cette prophétie à ceux venus le consulter, afin qu'ils mettent de l'ordre dans leur vie.
Si le texte a parlé d'astrologie et non de prophétie, c'est parce que toutes deux prévoient l'avenir.

-> Le Rachba explique :
Les connaissances d'astrologie doivent êtres prises au sens figuré, c'est-à-dire qu'Avraham savait conduire avec de bonnes vertus (midot) et rapprocher du Ciel ceux qui l'approchaient.
De plus, il faut lire également l'expression : "tous les rois d'Orient et d'Occident se levaient tôt et se pressaient à sa porte" au sens figuré : les "rois" sont en fait les disciples de Sages (talmidé 'hakhamim) qui se pressaient aux portes (de Torah) d'Avraham du matin au soir.
C'est pourquoi, ils n'ont pas dit : les "rois" du nord ou du sud, mais les "rois" d'Orient (mizra'h = est) et d'Occident (maarav = ouest) en allusion à leur étude depuis le matin où le soleil se lève à l'est jusqu'au soir où le soleil se couche à l'ouest.

-> De son côté, le Ben Ich 'Haï commente :
L'astrologie ne doit pas être prise à la lettre, mais dans le sens d'une sagesse que possédait Avraham dans son cœur (bélibo).
Or le mot "libo" (son cœur) fait allusion aux lettres de son nom écrites en plein.
Ainsi, dans les lettres qui composent le nom Avraham (אברהם) écrites en plein : אלף (alef), בית (beit), ריש (rech), הי (hé) et מם (mém), les lettres finales forment : séfataïm (lèvres - שפתים).
Il y a ici une allusion au fait qu'Avraham déversait par ses lèvres sa grande sagesse enfouie dans son cœur.

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=> A quoi fait allusion la pierre précieuse curative suspendue au cou d'Avraham et le placement de cette pierre précieuse dans l'orbite solaire après son décès?

-> Le Maharcha dit :
Cette pierre précieuse avait le pouvoir miraculeux de guérir tous (kol) les malades venus consulter Avraham ; c'est en cela qu'il a été béni "par tous", selon rabbi Chimon bar Yo'haï.
Lorsqu'Avraham est décédé, cette pierre a été "suspendue" dans l'orbite solaire afin que les malades demandent leur guérison à Hachem directement.
Pour la même raison, dans la guémara (Pessa'him 56a), les rabbanim avaient caché le Séfer haRéfoua (livre de guérison), depuis l'époque de 'Hizkiyahou, afin que les malades implorent directement Hachem de les guérir.

[Comment cette pierre précieuse guérissait-elle les malades qui l'observaient, à l'époque d'Avraham, alors que la maladie n'existait pas encore et n'a été instaurée qu'à l'époque de Yaakov?
Rabbénou Tam répond que c'est la maladie qui précédait la mort qu'avait demandé Yaakov, mais la maladie guérissable existait déjà avant Yaakov, et en particulier à l'époque d'Avraham.]

-> Le Rachba enseigne :
La pierre précieuse curative suspendue au cou d'Avraham peut être lue au sens allusif.
Avraham qui possédait une sagesse "complète" sur le plan spirituel et sur le plan scientifique (astrologie), est comparé à une pierre précieuse.
En effet, la sagesse est comparée à une pierre précieuse dans ce verset : "Kohélet désirait trouver des paroles précieuses (la sagesse supérieure)" (Kohélét 12,10).
Avraham transmettait sa sagesse à autrui à travers son cou, c'est-à-dire par sa parole dont les organes sont au niveau du cou.
Ainsi, quiconque était malade dans son âme et dans sa foi guérissait par la sagesse de la parole d'Avraham comparée à une pierre précieuse.

Au moment où Avraham quitta ce monde, il n'y avait plus personne capable comme lui de transmettre la foi en Hachem.
C'est pourquoi Hachem "suspendit" cette sagesse (pierre précieuse) dans l'orbite solaire ou la voûte céleste, de façon que si l'homme réfléchit au nombre et aux trajectoires des étoiles et des planètes, il pourra atteindre une certaine sagesse et accéder à la connaissance de D., comme l'avait fait Avraham.

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) explique que la "pierre précieuse" était une force spirituelle de sainteté que possédait Abraham, avec laquelle il réussissait à convertir même les plus récalcitrants des idolâtres.
Ce pouvoir spirituel confié à Abraham, permettait de guérir celui qui souffrait d’une "maladie de l’âme".
Lorsqu’Abraham mourut, D-ieu suspendit la "pierre précieuse" dans le soleil, pour les temps futurs, comme il est : "Et pour vous qui révérez Mon Nom, se lèvera le soleil d’équité, portant la guérison dans ses rayons" (Malakhi 3,20).

-> Le Séfer Akédat Its’hak (Béréchit Chaar 4) nous apprend que la "pierre précieuse" suspendue au cou d’Abraham venait évoquer le fait qu’il énonçait des perles de sagesse qui coulaient de sa bouche avec une voix sortant de sa gorge (cou) ; il guérissait ainsi spirituellement toutes les âmes malades qu’il avait faites à ‘Haran, en les faisant "entrer sous les ailes de la Présence Divine".

-> Le Maharam Shick écrit :
L'homme est un monde en miniature (olam katan) : la tête symbolise le monde supérieur spirituel (rou'hani) et le corps symbolise le monde inférieur matériel (gachmi).
Le cou de l'homme relie ces 2 mondes.
La pierre précieuse portée au cou d'Avraham, symbolise la sagesse qui est la meilleure voie pour l'homme pour relier et faire co-exister les 2 mondes spirituel et matériel.
C'est cette voie qu'Avraham enseignait aux idolâtres, afin de guérir leur âme.
Au décès d'Avraham, Hachem a placé cette sagesse dans l'orbite solaire qui fait le trait d'union entre les 2 mondes.

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=> Quelles sont les 5 fautes d'Essav après la mort de son grand-père Avraham? Pourquoi ce nombre 5?

-> La guémara (Baba Batra 16b) explique que du vivant d'Avraham, Essav le respectait et s'efforçait de refouler sa tendance à l'immoralité et son instinct meurtrier.
Cependant, le jour même de la mort d'Avraham, Essav se sentit "libéré" et donna libre cours à ses instincts. Il commit 5 transgressions : il tua (Nemrod), il commit un acte d'adultère avec une jeune fiancée, il renia Hachem (kafar ba'ikar), il nia la résurrection des morts, et il méprisa le droit d'aînesse.

-> D'après la guémara (Béra'hot 10a), rabbi Chimon dit : "L'âme est comparée à Hachem dans 5 domaines : ils remplissent le monde ou le corps ; ils voient et sont invisibles ; ils nourrissent le monde ou le corps ; ils demeurent purs ; ils résident en un lieu secret.
Que l'âme qui possède ces 5 qualités, vienne glorifier Hachem qui possède ces 5 mêmes qualités!"

Se basant sur cela, le Maharal commente : chacune des 5 qualités de l'âme lui confère un pouvoir d'établir un lien avec Hachem. Ainsi, par ces 5 transgressions, Essav a défait totalement le lien qu'il avait avec Hachem : il est sorti complètement de sous les ailes de la Présence Divine, contrairement à ceux qui commettent une ou deux transgressions et qui maintiennent malgré tout un certain lien avec Hachem.

-> Le Ben Ich 'Haï dit :
Avraham a quitté ce monde à 175 ans, soit 5 ans avant l'âge prévu de 180 ans (date de décès de son fils It'hak), afin de ne pas assister aux 5 transgressions graves de son petit-fils Essav.

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=> Quelles preuves a-t-on qu'Ichmaël se soit repenti au moment de la mort d'Avraham?

-> Lors de l'Alliance des morceaux (brit ben habétarim), Hachem promit à Avraham : "Toi, tu rejoindras tes pères en paix ; tu seras inhumé après une vieillesse heureuse" (Lé'h Lé'ha 15,15).
Rachi commente qu'ainsi Hachem a annoncé ici à Avraham une vieillesse heureuse, c'est-à-dire que son fils Ichmaël se repentira de son vivant et que son petit-fils Essav ne se livrera pas au mal de son vivant.

-> Dans la guémara (Baba Batra 16b), Rabbi Yo'hanan apprend qu'Ichmaël a fait téchouva du vivant de son père Avraham, à partir de ce verset : "Its'hak et Ichmaël ses fils l'inhumèrent" ('Hayé Sarah 25,9).
Pourquoi Its'hak est-il nommé en premier?
C'est parce que, bien qu'Ichmaël fût son aîné, Ichmaël s'était repenti et avait fini par reconnaître qu'Its'hak avait la préséance sur lui, et de plus Ichmaël a reconnu la vente du droit d'aînesse qu'il contestait auparavant.

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-> b'h, également sur ce verset : http://todahm.com/2015/12/26/4099-2

+ "Jusqu'à (l'époque) d'Avraham, les signes de vieillesse n'existaient pas. Ainsi, celui qui voulait parler à Avraham, parlait (par erreur) à Its'hak (qui lui ressemblait) et celui qui voulait parler à Its'hak parlait à Avraham.
Alors, Avraham pria et les traits de vieillesse apparurent (afin de distinguer un vieillard d'un jeune) sur son visage, d'après le verset : "Avraham était devenu vieux, avancé dans la vie" ('Hayé Sara 24,1).

Jusqu'à (l'époque de) Yaakov, la maladie qui précédait la mort n'existait pas. Alors Yaakov pria et la maladie apparut, selon le verset : "On vint dire à Yossef : Voici, ton père est malade"(Vayé'hi 48,1).

Jusqu'à (l'époque de) Elicha, toute personne malade ne guérissait jamais. Elicha (tombé malade) pria et il guérit.
[guémara Baba Métsia 87a]

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=> Comment interpréter au sens figuré le fait que la vieillesse n'existait pas jusqu'à Avraham?

-> Le Maharal enseigne :
Le mot "zikna" (זקנה) dont le sens habituel est "la vieillesse", peut prendre le sens de "sagesse" ('hokhma) d'après l'enseignement de la guémara (Kidouchin 32b) : "On désigne "zaken" (זקן) celui qui a acquis de la sagesse" (zé kana 'hokhma).
En effet, lorsqu'un homme vieillit, son corps s'affaiblit, et corrélativement ses "forces" de l'âme se renforcent.
La guémara (ci-dessus - Baba Métsia 87a) a donc voulu nous enseigner que jusqu'à l'époque d'Avraham, les gens n'avaient pas de sagesse, car ils n'avaient pas reconnu leur Créateur qui dirige le monde.
"Celui qui voulait parler à Avraham parlait par erreur à Its'hak et vice-versa" = l'intention est d'enseigner que jusque-là, les gens mettaient au même niveau le vieux sage et le jeune qui n'a pas de sagesse.
Par sa prière, Avraham, qui désirait que la matérialité s'affaiblisse et la sagesse remplisse le monde, obtint que le monde renforce son niveau d'intelligence et accède à un niveau de sagesse sur le plan spirituel, même si tout le monde n'accédait pas à cette sagesse.

-> Le Na'halat Yaakov écrit :
La guémara (Baba Métsia 97b) enseigne que les pièces de monnaie à l'époque d'Avraham, portaient gravées un homme âgé et une femme âgée (Avraham et Sarah) sur une face, un jeune homme et une jeune fille (Its'hak et Rivka) sur l'autre face de la pièce, ce qui traduisait l'équivalence des 2 faces de la même pièce.
Avant qu'Avraham ne prie, les gens pensaient que de même que le corps périt après la mort, l'âme aussi ; d'après leur opinion, plus l'homme vieillit, plus il perd de son importance, car son corps et son âme s'affaiblissent et vont vers leur disparition.
Ainsi, ils portaient plus de considération aux jeunes qu'aux vieux : c'est le sens de l'expression : "la vieillesse n'existait pas".
Avraham a alors prié pour "ouvrir" les yeux de ses contemporains et leur dire que l'âme des vieux se renforce, et donc, au contraire, il faut honorer davantage les vieux que les jeunes, et c'est le sens de "la vieillesse a été instaurée" après la prière d'Avraham qui a été exaucée.

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=> Pourquoi Yaakov a-t-il demandé l'instauration de la maladie?

-> Yaakov a demandé la maladie, afin que chacun de ses enfants, notamment Yossef, ait le temps de se déplacer et d'être présent à ses côtés au moment de sa mort, afin de leur communiquer ses dernières volontés et de les bénir.
[Rachi]

-> Depuis la Création du monde et jusqu'à la fin de la vie de Yaakov, personne n'était malade [avant de mourir].
Qu'une personne soit à son domicile ou dans la rue, elle éternuait simplement et mourait soudainement.
Yaakov intervint et pria ainsi : "Maître du monde, ne reprends pas mon âme avant que je n'aie eu le temps d'exprimer mes dernières volontés à tous mes enfants et de faire pénitence" et il fut exaucé : la maladie l'a frappé quelques jours avant sa mort.
La coutume est demeurée de dire à celui qui éternue : lé'haïm (pour la vie) ou "labriout" (à ta bonne santé).
[Pirké déRabbi Eliézer - chap.52]

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-> Selon le Maharil Diskin, Yaakov est tombé malade 5 jours avant sa mort.

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=> Comment peut-on interpréter au sens figuré le fait que la maladie n'existait pas jusqu'à Yaakov?

-> D'après la guémara (Shabbath 12b), la Présence Divine est présente au-dessus de la tête du malade et le soutient d'après ce verset : "Hachem soutiendra (le malade) au-dessus de son lit de douleur" (Téhilim 41,4).
Lorsque le malade souffre, ses fautes sont pardonnées dans ce monde-ci, afin de recevoir la récompense complète de ses bonnes actions dans le monde futur.
De plus, parfois Hachem éprouve une personne qui n'a presque pas de faute à expier, par des souffrances induites par l'amour d'Hachem à son égard (yissourim chel aava), afin d'augmenter sa récompense dans le monde futur.

Ainsi : "Jusqu'à Yaakov, il n'y avait pas de maladie" = les hérétiques, jusqu'à l'époque de Yaakov ne croyaient pas qu'un homme frappé de souffrances ou d'une maladie bénéficierait de ces privilèges : Présence Divine, expiation des fautes, affection d'Hachem.
Ils pensaient donc que la maladie ou une épreuve n'apportait aucun avantage, et ils n'y voyaient que des souffrances "pour rien".
Cependant, à l'époque de Yaakov, ils ont reconnu sa droiture et sa sainteté exemplaires.
Ils ont compris qu'il était "aimé" par Hachem, et pourtant il a été fortement éprouvé durant sa vie.
De plus, lorsque Yaakov a demandé lui-même à Hachem de créer la maladie, ils ont compris les "bénéfices" que l'homme peut tirer des épreuves et d'une maladie.
[Ora'h Yacharim]

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=> La maladie n'existait-elle pas déjà avant Yaakov?

-> Le Tossefot (guémara Baba Batra 16b) enseigne :
Selon la guémara (Baba Batra 16b), une pierre précieuse était suspendue au cou d'Avraham, et tout malade qui l'observait guérissait.
Donc la maladie existait déjà à l'époque d'Avraham, le grand-père de Yaakov, contrairement ce qu'affirme notre guémara.
On pourrait répondre qu'à l'époque d'Avraham, la pierre précieuse guérissait une blessure ou un coup, mais une véritable maladie interne n'existait pas.
Rabbénou Tam répond autrement : même si la maladie existait au temps d'Avraham, elle n'entraînait pas la mort et la pierre d'Avraham avait un pouvoir de guérison.
Lorsque Yaakov pria pour la maladie, il s'agissait d'une maladie qui précédait la mort, sans possibilité de guérir, afin que le malade se prépare à quitter ce monde.
D'ailleurs, plus tard, Elicha réclama la guérison de maladies mortelles.

"Ce fut après la mort d'Avraham, Hachem bénit Its'hak son fils" ('Hayé Sarah 25,11)

-> Le Targoum Yonathan explique qu'Avraham lui-même n'a pas béni Its'hak, pour ne pas qu'Yichmaël soit jaloux.

=> D'après cela, pourquoi Avraham n'a-t-il pas béni Its'hak en cachette, secrètement, sans qu'Yichmaël le sache ?

-> Nos Sages disent que les forces du bien et les forces du mal doivent être équilibrées, pour que le libre arbitre soit conservé.
Ainsi, Avraham ne pouvait pas bénir Its'hak, car par cela, il aurait renforcé la force de la sainteté qui provient du côté de Its'hak.
Mais alors, il aurait fallu obligatoirement bénir également Yichmaël pour renforcer aussi l'autre côté et préserver l'équilibre.
Or, Avraham préférait ne pas bénir Its'hak pour ne pas avoir besoin de renforcer parallèlement les forces négatives. Il préféra donc laisser à Hachem le soin de faire ce que bon Lui semble, et de bénir Its'hak s'Il le souhaite.

[Rabbi Moché Sternbuch - Taam Vadaat]