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L’erreur de Kora’h = la non appréciation de la valeur de chaque juif

+ L'erreur de Kora'h = la non appréciation de la valeur de chaque juif :

"Et il ne sera pas comme Kora'h et son assemblée" (Kora'h 17,5)

=> La Torah nous demande de ne pas suivre l'exemple de Kora'h. Mais quelle est la racine de son erreur qui la pousser à causer une telle discorde?

-> Hachem a créé un monde dans lequel il ne manque rien et qui est rempli d'êtres prodigieux. Chacun a un rôle particulier et exclusif à remplir dans ce monde et doit servir Hachem avec ses moyens et à son niveau et, grâce à cela, accomplir la mission pour laquelle il a été envoyé ici-bas.
L'homme le plus simple qui assume cette mission avec dévouement a la même valeur aux yeux d'Hachem qu'un homme important qui remplit son rôle à un poste élevé.

Rabbi David de Lalov explique d'après cela que si Kora'h avait pris conscience qu'en servant Hachem dans les tâches les plus subalternes, il était considéré par Hachem de la même manière que le Cohen Gadol qui entre dans le Saint des Saints, il n'aurait jamais entamé cette dispute.
L'unique raison qui le poussa à cette folie fut qu'il s'imaginât à tort qu'il existait une quelconque différence entre le service des personnes de haut rang et celui des simples juifs.

-> L'homme qui occupe un rang élevé n'a aucune raison de s'enorgueillir de sa situation, et cela pour plusieurs raisons : premièrement, qui dit qu'il procure plus de plaisir au Créateur du monde qu'un simple juif?
Le rav Tsvi Hirsch de Ziditchov explique qu'il est écrit : "Votre Trouma sera considérée à vos yeux comme la récolte de la grange et comme le produit du vignoble. » (Kora'h 18,27).
Bien que la Trouma (prélèvement sanctifié à D.) soit la partie consacrée de la récolte, elle ne tire de cette position aucune prétention particulière face au reste des fruits demeurés profanes. Elle sait que la sainteté dont elle est empreinte n'est due à aucune filiation ni qualité intrinsèque.
Il en est de même pour nous : "Votre Trouma sera considérée à vos yeux", l'homme qui occupe un rang élevé, dans la Torah ou dans son travail, doit être à ses propres yeux comme cette Trouma que la Torah met au même niveau que "la récolte de la grange et le produit du vignoble".
Car elle-même n'a été dénommée Trouma que parce qu'Hachem en a décidé ainsi et non pas grâce à un quelconque mérite personnel.

-> Le rav Elimélé'h Biderman écrit : Hachem ne retire aucune satisfaction de quelqu'un qui cherche à atteindre des niveaux qui ne correspondent en rien au rôle qui est le sien ici-bas.
[Hachem attend de nous que nous agissions chacun du mieux de nos capacités, Hachem désire que nous remplissons notre mission unique pour laquelle nous avons été envoyée dans ce monde. Chacun a les outils et les potentialités qui lui sont nécessaires, et devra rendre des comptes en conséquent. Plutôt que de sans cesse voir chez autrui, on doit se comparer à soi-même et à ce qu'on pourrait être et faire de notre vie. ]

-> Rabbi Bounim de Pshis'ha rapporte que Kora'h aspirait à prier dans le Saint des Saints comme le Cohen Gadol.
Il n’avait pas compris que l'on pouvait prier exactement de la même manière en tout endroit.
(Certes, les lieux saints conservent toute leur valeur. Cependant, une personne qui est dans l'impossibilité de quitter l'endroit où elle se trouve doit savoir qu'elle peut prier avec la même force de là où elle est).

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-> Le Arougat Habossem explique la formule qu'employa Avraham lorsqu'il fit prêter serment à son serviteur Eliézer : "Je te fais jurer par Hachem le D. du Ciel et le D. de la terre" ('Hayé Sarah 24,3) en commentant au préalable le verset : "Mes yeux sont dirigés vers les fidèles de la terre pour qu'ils siègent auprès de Moi" Téhilim (101,6).
Pourquoi emploie-t-on ici l’expression "fidèles de la terre" et non point "fidèles de l'esprit"?

La guémara (Roch Hachana 11a) rapporte que Rabbi Yéhochoua Ben Lévi enseigne : "Tous les êtres furent créés au moment de la Création selon leur taille définitive, avec leur connaissance et selon leur nature propre".
Rachi explique le terme de ''connaissance'' dans le sens de consentement : Hachem demanda à chaque créature si elle consentait à être créée de cette manière et toutes répondirent par l'affirmative".
Cela concerna même la terre. Elle ne s'opposa pas en disant : "Maître du monde, pourquoi les cieux et tout leur cortège sont-ils proches de leur Créateur et dois-je, moi, être forcée de demeurer une créature matérielle formé de matière grossière".
Elle accepta au contraire la décision d'Hachem de bon coeur en disant : "Si telle est la volonté du Créateur, je l'accomplirai de plein gré". Cela apparaît d'ailleurs en allusion dans le terme הארץ (la terre) qui contient les lettres רצ racine du verbe vouloir.
Elle fut ainsi dénommée, affirme le midrach (Béréchit rabba 517) "car elle voulut accomplir la Volonté Divine".

Le Arougat Habossem explique que la soumission de la terre au plan Divin est pour nous une leçon. Un homme ne doit pas énoncer de plaintes telles que : "Pourquoi contrairement aux autres suis-je incapable de m'assoir étudier et de servir Hachem de cette manière? Pourquoi n'ai-je pas été doté d'un esprit vif et aiguisé? Si j'avais été ainsi créé, j'aurais pu mieux servir Hachem".
Car si le Créateur de tous les mondes a prévu de le créer avec cette nature, il est certain qu'il ne peut parvenir à se réaliser entièrement que grâce à celle-ci.
Il n'y a à cela qu'une seule condition : s'en remettre avec confiance à la volonté d'Hachem.
=> C'est pourquoi le verset des Téhilim dit : "Mes yeux sont dirigés vers les fidèles de la terre". Car le Créateur chérit particulièrement ceux qui se conduisent avec intégrité, à l'instar de la terre, en soumettant leur volonté à la Sienne. Ils sont satisfaits de la manière dont ils ont été créés pour remplir leur rôle dans ce monde.

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-> A partir de cela, poursuit le Arougat Habossem, on peut comprendre l'épisode de Avraham et d'Eliézer : lorsque Avraham envoya son serviteur afin qu'il trouve une épouse pour son fils Its'hak, Eliézer lui dit : "Peut-être ne viendra-telle pas?" (oulaï lo télé'h - אֻלַי לא תלך - 'Hayé Sarah 24, 39).
Nos Sages (midrach Béréchit rabba 59,9) nous enseignent que le mot "oulaï" (אֻלַי - peut-être) est écrit sans vav et peut être lu "élaï" (אֵלַי - vers moi). Il vient évoquer qu’Eliézer avait une fille qu'il désirait marier à Its'hak.
Mais Avraham lui répondit que son fils était d'une descendance bénie alors qu’Eliézer était d'une descendance maudite. Toutefois, Eliézer, même après ce refus, lui demeura entièrement fidèle, comme il l'avait toujours été.

C'est à propos d'une telle attitude qu'Avraham lui dit : "Je te fais jurer par Hachem le D. du Ciel et le D. de la terre". Car Eliézer mérita alors de comprendre que ceux qui servent Hachem au simple niveau du ''D. de la terre'' (qui est celui de la descendance de Canaan dont il est issu) ont autant de valeur aux yeux d'Hachem que ceux qui le servent au niveau élevé de "D. du Ciel'' (qui est celui d'Avraham issu d'une descendance bénie).
Eliézer apprit cet enseignement de la terre qui accepta de bon gré de remplir sa mission afin de satisfaire la volonté Divine malgré le rôle purement matériel qui lui fut imparti.
Il est d'ailleurs notable de constater que lorsqu'Eliézer fut en route pour accomplir sa mission, nos Sages nous enseignent que la terre ''sauta à sa rencontre'' (et lui raccourcit ainsi le trajet). Car Eliézer se para alors de la même vertu que cette dernière : accomplir avant tout la Volonté Divine.

Il est écrit au sujet de Kora'h : "La terre ouvrit sa bouche" (Kora'h 16,32).
Il ne comprit pas que celui qui sert Hachem à son niveau est considéré au même titre que le Cohen Gadol dans le Saint des Saints. Il s'entêta à vouloir lui-même être le Cohen Gadol.
C'est pourquoi c'est la terre elle-même qui s'ouvrit pour l'avaler afin de lui montrer son erreur : il n'y a pas de rôle supérieur à un autre pour Hachem.

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-> La guémara (Pessa'him 50a) rapporte que Rav Yossef, le fils de Rabbi Yéhochoua Ben Lévi, tomba gravement malade au point que son âme quitta son corps. Lorsqu'il reprit vie, son père lui demanda : "Qu'as-tu vu (dans l'au-delà)?
- J'ai vu un monde à l'envers, lui répondit-il, ceux qui sont en haut (ici bas), en bas, et ceux qui sont en bas, en haut.
- Mon fils, tu as vu un monde de clarté".

=> A priori, cette guémara suscite une interrogation : est-ce que Rav Yossef pensait vraiment que les gens ''de la haute société'' dans ce monde occupent également un rang élevé dans le monde d'En-haut grâce à leur richesse? Ignorait-il qui sont véritablement les grands hommes de ce monde ?
Dans ces conditions, comment put-il dire ''j'ai vu un monde à l'envers'', ce qui laisse à penser que tant qu'il était vivant, il s'était trompé?

Le Mabit (dans l'introduction à son ouvrage Beit Elokim) explique qu'il est certain que Rav Yossef ne pensait nullement aux gens d'un niveau élevé du point de vue matériel.
C'est aux personnes de haute stature spirituelle qu'il pensait en parlant de "ceux qui sont en haut".
Néanmoins, en quittant quelques instants la vie terrestre, il vit que certains d'entre eux considérés comme inférieurs à d'autres leur étaient en vérité supérieurs.

Prenons l’exemple d’un homme qui étudie 10 heures par jour alors que son ami n'étudie que 5 heures.
Dans ce monde, on donnera la préséance et les honneurs au premier parce qu'il étudie le double du deuxième. Mais, dans le monde de Vérité, on réalisera que "ceux qui étaient en haut sont en bas et ceux qui étaient en bas sont en haut".
C'est pourquoi lorsqu'il revint dans ce monde, Rav Yossef s'écria : "j'ai vu un monde à l'envers" car cela lui semblait illégitime.
"Mon fils, tu as vu un monde de clarté", lui répondit son père, car celui que tu as vu étudier dix heures était capable en fait d'en étudier douze, suivant son niveau. Il n'avait donc pas exploité entièrement toutes ses capacités dans ce monde.
En revanche, le 2e était réellement dans l'incapacité d'étudier plus que 5 heures par jour, du fait de ses possibilités intellectuelles plus réduites ou parce qu'il était affairé pour pourvoir aux besoins matériels de sa famille.
Dès lors, il est tout à fait légitime qu'il soit considéré comme plus grand que son ami, car il a rempli entièrement le rôle qui lui était imparti. En revanche, ce dernier, bien qu'ayant étudié beaucoup plus d'heures que lui, aurait pu étudier davantage d’après ses capacités.
Car Hachem ne se comporte pas de manière impartiale envers Ses créatures mais il considère les actes de chacun avec exactitude en fonction de ses réelles capacités.

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-> Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav MéEliahou) illustre ce qui précède par une parabole.
Un roi possédait de nombreux sujets et serviteurs. Chacun avait pour rôle de louer le roi. Imaginons que le premier d'entre eux entre chez ce dernier de bon matin la bouche remplie d'hommages envers le souverain en louant sa bonté immense, lui qui se préoccupe constamment du bien-être de ses sujets ...
Le 2e serviteur entre après lui et loue à son tour la bonté immense du roi qui se préoccupe constamment du bien-être de ses sujets. Puis entre le 3e serviteur qui répète les mêmes compliments que ses prédécesseurs et ainsi de suite pour le 4e, le 5e, ...
Il est clair pour tout le monde que cette procession ne constitue nullement un hommage pour le roi et que celui-ci ne retire aucun plaisir de ce cérémonial idiot.
L'honneur du roi ne s'exprimera que dans la mesure où chacun le louera par une qualité différente, l'un témoignera de sa sagesse, le 2e de sa puissance, ...
Hachem a créé un tel monde rempli d'une multitude infinie de créatures dans un but unique : afin que Son Grand Nom soit glorifié et sanctifié, comme il est dit : "Toutes les actions d'Hachem sont pour Sa Gloire" (Michlé 16,4).
Et si chacun a été créé avec un caractère différent, c'est précisément afin qu'il satisfasse son Créateur selon ses qualités personnelles et c'est de cette manière que le Nom d'Hachem est glorifié.
C'est d'ailleurs dans ce sens que certains ont expliqué la Michna (Pirké Avot 1,15) : ''si je ne suis pas pour moi-même qui sera pour moi'' (im en ani mi li) = car si je ne suis pas pour moi-même qui d'autre que moi peut remplir mon rôle et la mission qui m'a été confiée puisque chacun a été créé différemment des autres pour apporter sa part dans la glorification du Nom divin?

[commencer à vouloir être quelqu'un d'autre, à vouloir avoir d'autres outils, objectifs dans la vie, c'est d'une certaine façon ne pas accepter le rôle unique que Hachem nous a accorder (il nous connaît infiniment mieux que nous!). Plutôt que d'agir, on va passer son temps à se dire : si seulement j'avais, si seulement j'étais comme tel personne, avec telle ressources, ... alors là je donnerai mon potentiel, je serai heureux ..." C'est le yétser ara développe cette attitude pour que nous passions à côté de notre vie.
Mais aux yeux d'Hachem, si je fais 100% de ce que j'ai à faire, alors je suis équivalent au Cohen Gadol, au Gadol hador, qui fait 100% de ce qu'il a à faire. ]

La force de la prière

+ La force de la prière :

"J’apaiserai les plaintes que les enfants d'Israël émettent sur vous" (Kora'h 17,20)

=> Une question se pose à la lecture de la révolte de Kora'h. Lui et une grande partie du peuple se sont mis à contester l'authenticité de Moché, le suspectant d'avoir nommé Aharon comme Cohen Gadol de son propre chef et que ce n'était pas la décision d'Hachem. Mais comment une telle chose a pu être possible alors que la Torah ait dit clairement lors du don de la Torah qu'Hachem parla à Moché devant tout le peuple afin qu' "ils croient en toi à tout jamais "? Comment tant de personnes ont-ils pu donc douter de Moché?

-> Le Rav 'Haïm Kanievski explique qu'en fait, il est évident que tout le peuple avait foi en Moché et personne n'a osé penser qu'il n'ait fait quoi que ce soit de lui-même, sans la Décision Divine, conformément à ce qui a été promis au moment du don de la Torah.
Malgré tout, ils avaient aussi conscience de la force et de la puissance de la prière, qui a le pouvoir d'influer sur la Volonté d'Hachem.
Par la prière, un juif peut annuler un mauvais décret et il peut même obtenir qu'Hachem prenne une décision en conformité avec ce qu'il a demandé dans sa prière.

=> Ainsi, ce que le peuple a suspecté, c'est que Moché a imploré et a prié Hachem pour qu'Il nomme Aharon comme Cohen et que Hachem ait accepté sa demande et que de ce fait, il ait enjoint que Aharon soit le Cohen.
Aussi, Kora'h a reproché à Moché de ne pas avoir prié et imploré Hachem pour qu'Il le nomme lui en tant que Cohen. Mais en réalité, il n'en était rien. Ce n'était pas la prière de Moché qui a déterminé qu'Aharon soit le Cohen Gadol, mais c'était le fait que celui-ci était le plus apte à ce poste, du fait de ses qualités et mérites personnels.

==> Malgré tout, nous voyons de là combien le peuple était conscient de la force de la prière. Elle a la force de tout déterminer et d'obtenir la réalisation de toutes nos demandes.

"S'ils meurent comme tout homme ... Hachem ne m'a pas envoyé" (Kora'h 16,29)

-> Le midrach explique que Moché dit à Hachem : "Si tu fais un miracle et que la terre s'ouvre et les engloutit, alors ce sera bien. Mais sinon, si tu les laisses mourir naturellement sur leurs lits, alors moi aussi je renierai et je dirai que Tu ne m'as pas envoyé".
=> Comment comprendre que Moché puisse dire telle chose à Hachem? D'autant que cela paraît être une sorte de chantage!

-> Le rav Chimchon Pinkous explique que la gravité d'une dispute ne réside pas dans le fait que l'un des deux parties soit dans l'erreur. La faute n'est pas de s'opposer à la vérité et de faire des disputes pour persévérer dans le mensonge. En fait, c'est la querelle et la dispute en elles-mêmes qui sont graves. Hachem n'aime pas qu'il y ait des querelles, tout simplement.
Et même celui qui est dans le vrai et recherche le bien, le simple fait de persévérer dans une dispute, même s'il la mène contre des réchaïm qui clament des idées fausses, cela est déjà détestable aux yeux d'Hachem. Car le Créateur affectionne encore plus la paix et l'harmonie au sein du peuple juif que la recherche pointilleuse de la vérité.
Et s'il faut renoncer à avoir raison et à prouver que l'on soit dans le vrai pour rétablir l'harmonie, alors c'est ce qu'il faudra faire. Et on ne devra surtout pas se battre pour défendre à tout prix ce que l'on clame être la vérité, au prix de colères, rancœurs et haines que cela entraîne et en se couvrant derrière l'argument que l'on mène une guerre pour le Nom d'Hachem.

=> Moché supplia Hachem de supprimer cette querelle de Kora'h au plus vite en engloutissant ses protagonistes dans la terre. Mais si Hachem n'intervient pas pour stopper cette discorde et les laisse vivre tranquillement jusqu'au jour où ils mourront naturellement sur leurs lits, alors la seule alternative que Moché voit pour stopper cette querelle est de leur donner raison et de dire comme eux, que Hachem ne l'a pas envoyé. Et effectivement, il sera prêt à faire concession à la vérité la plus essentielle pour stopper cette grande querelle.

"Kora'h a pris" (Kora'h 16,1)

-> Le Midrach explique que Kora'h a vu par inspiration divine qu'il allait avoir une illustre descendance. Le prophète Chmouël, qui équivalait en grandeur à Moché et Aharon, allait sortir de lui.
Il en déduisit qu'il n'était pas normal qu'il ne soit pas honoré comme il le méritait. C'est ce qui l'a poussé à la révolte.
=> Mais pourquoi Hachem lui dévoila-t-Il sa grandeur sachant que cela allait le conduire à sa perte?

-> Le Tiferet Chlomo explique qu'Hachem a l'habitude de mettre les hommes Justes (tsadikim) à l'épreuve, pour leur donner une grande récompense lorsqu'ils surmonteront l'épreuve. Ainsi, la pauvreté, la richesse, les tentations, les mauvaises nouvelles, ... peuvent être des épreuves, pour vérifier la foi et la fidélité du Juste par rapport à Hachem.
Hachem peut aussi parfois montrer à l'homme sa grandeur, l'homme vient alors parfois à être convaincu qu'il est droit et pieux, qu'il sert Hachem comme il se doit, qu'il est un homme Juste et proche d'Hachem. Le but est alors de tester s'il va croire cette idée et se prendre réellement pour un homme Juste, ce qui risquerait alors de le mener à l'orgueil et à un excès de confiance lui faisant perdre la mesure des choses.
Ou s'il va savoir rester humble, conscient malgré tout de ses imperfections et ne méritant pas réellement toute cette grandeur.

Quand Hachem s'emporta sur le peuple juif après la faute du veau d'or et annonça à Moché Sa Volonté d'anéantir le peuple et de faire de lui et ses descendants une grande nation, Moché implora Hachem de toutes ses forces pour annuler ce décret. En fait, c'est cela qu'Hachem recherchait. Il mit Moché à l'épreuve pour voir s'il allait accepter cette proposition de constituer cette grande nation. Il aurait alors échoué et aurait été lui aussi anéanti avec le peuple. Mais il s'opposa et supplia Hachem d'épargner le peuple.
Il en fut également de même par rapport à Kora'h. Hachem lui montra sa grandeur et celle de sa descendance pour tester s'il va se laisser entraîner dans l'orgueil, conscient de son importance et de sa grande piété, ou s'il allait malgré tout rester humble et se soumettre à Moché.
Mais malheureusement, il a échoué.

=> Nous aussi, nous pouvons parfois nous sentir porté spirituellement et avoir l'impression de nous élever et d'être en grande proximité avec Hachem. Mais il faut se méfier et ne pas laisser cette impression nous remplir de confiance, assurance et orgueil. Peut-être que tout cela n'est qu'une épreuve et qu'en réalité Hachem attend de nous que nous restions humbles et sur nos gardes.

Hachem entend la prière de chacun

+ Hachem entend la prière de chacun :

"N'agrée pas leur offrande" (Kora'h 17,15)

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Les commentateurs (cf. le Rambam) expliquent que l'offrande dont il s'agit ici concerne la prière.
Moché supplia ainsi Hachem de ne pas exaucer celle de Kora'h et de son assemblée qui désiraient que ce dernier serve en tant que Cohen Gadol.

En réfléchissant un tant soit peu, on ne pourra s'empêcher d'être surpris. Kora'h veut contester la prêtrise et ébranler la confiance des Bné Israël dans leur Maître Moché, sème la destruction au sein du peuple, la dissension avec Moché et Aharon sanctifiés tous deux par Hachem.
Et après tout cela, Moché craint encore qu'Hachem entende sa prière et lui accorde la prêtrise alors qu'elle avait déjà été octroyée à Aharon.
=> On ne peut que se rendre à l'évidence de la force immense de la prière et constater qu'elle ne dépend nullement de la situation où se trouve un homme.
Serait-il le pire des fauteurs, cette force que représente la prière demeure considérable, au point que Moché dut lui-même supplier Hachem : "N'agrée pas leur offrande", "ne prête pas l'oreille à leur requête".

Ne jamais désespérer du repentir :

+ Ne jamais désespérer du repentir (téchouva) :

"Demain, Hachem fera savoir qui lui est consacré pour apporter les offrandes" (Kora'h 16,5)

=> Cette annonce de Moché face aux chefs du Sanhédrin qui revendiquaient la Kéhouna (la prêtrise) pour eux-mêmes, mérite quelque explication. En effet, pourquoi en a-t-il repoussé l'échéance au lendemain et ne leur a-t-il pas donné la possibilité d'apporter leurs encensoirs sur le champ afin de déterminer qui était le Cohen authentique désiré par Hachem?

-> Le Arougat haBossem explique que tous les juges du Sanhédrin étaient Tsadikim et Moché savait qu'avant d'aller dormir, ils examineraient leurs actes de la journée écoulée. Ils prendraient alors certainement conscience de leur erreur (d'avoir contesté la suprématie d'Aharon en tant que Cohen) et se repentiraient.
C'est effectivement ce qui arriva. Néanmoins, en faisant cet examen de conscience, ils furent tellement remplis de honte en pensant qu'il n'existait aucun espoir de repentir pour la faute commise, qu'ils préférèrent mourir plutôt que de vivre.

Mais en réalité la main d'Hachem est constamment tendue pour recevoir les repentants et ils n'auraient pas dû s'inquiéter de cela car l'essentiel du repentir dépend précisément de la honte ressentie pour avoir enfreint la Volonté Divine.
Nos Sages (guémara Béra'hot 7a) n'ont-ils pas enseigné : "Un pincement de cœur (de regret) vaut plus que de nombreux coups"?

-> "Hachem parla ainsi à Moché : Dis à Eléazar, fils d'Aaron le Cohen de retirer les encensoirs du milieu de l'embrasement ... Les encensoirs de ces hommes, coupables de leur propre mort, on les transformera en plaques minces dont on revêtira l'autel, parce qu'ils ont été présentés devant Hachem et sont devenus saints ; et ils serviront d'enseignement aux enfants d'Israël" (Kora'h 17,2-3).
Cela vient faire allusion à l'erreur qu'ils commirent en désirant "rendre leur âme", étant certains que tout espoir était perdu.
Les encensoirs servirent à recouvrir l'autel "comme souvenir pour les Bné Israël" (זִכָּרוֹן לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל - Kora'h 17,5) afin de rappeler aux générations futures que l'homme ne doit jamais renoncer à se rapprocher d'Hachem même s'il est rongé par la honte de ses fautes. Car au contraire, c'est précisément le point de départ de son repentir.

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-> Dans le même ordre d'idées, le rav de Trisk explique la raison pour laquelle on récite plusieurs fois le verset : "lam'natséah lé bné Kora'h mizmor", avant de sonner du Shofar à Roch Hachana (dans le rite Achkénaze).
Car chacun se trouve en cet instant crucial au milieu d'un examen de conscience.
Parfois, celui-ci peut conduire l'homme au découragement et à la résignation en pensant que tout espoir est perdu. C'est pourquoi on lui rappelle que les fils de Kora'h étaient déjà en train d'être engloutis dans la terre lorsqu'ils eurent des remords au dernier instant et que grâce à cela, ils méritèrent d'être préservés de nombreuses souffrances du Guéhinam (guémara Sanhédrin 110a).

Cela représente pour nous un enseignement : même lorsqu'une personne se trouve "enterrée" par ses fautes, elle est encore en mesure de revenir à son Créateur qui agréera son repentir.
D'ailleurs, l'essentiel du yétser ara consiste à conduire l'homme au découragement plus que la faute elle-même qu'il lui fait commettre.

[rapporté par le rav Elimélé'h Biderman]

"Kora’h, fils de Itshar, fils de Kéhat, fils de Lévi, forma un parti avec Datan et Aviram ... Ils s’avancèrent devant Moché avec 250 des Bné d’Israël, princes de la Communauté" (Kora'h 16,1-2)

Ainsi, l’assemblée de Kora’h qui s’est révolté contre Moché et Aaron, était composée de 3 groupes (Kora'h, Datan et Aviram, et les 250 Bné Israël).
Leur châtiment ne tarda pas à sévir : "La terre ouvrit son sein et les dévora, eux et leurs maisons, et tous les gens de Kora’h, et tous leurs biens ... Puis un feu s’élança de devant le Seigneur, et consuma les 250 hommes qui avaient offert l’encens" (verset 32 et 35).
Nos Sages enseignent (Sanhédrin 110a) : "Kora’h était à la fois parmi les consumés (par le feu) [comme les 250 princes de la Communauté – "Chefs du Sanhédrin" (voir Rachi au verset 1)] et parmi les engloutis [comme Datan et Aviram]".
Nous voyons donc que chacun de ces trois groupes reçut un châtiment différent.

=> En quoi leur châtiment était-il à la mesure de la faute?

1°/ Rabbénou Bé’hayé (au verset 35) nous explique :
"D. juge ‘mesure pour mesure’. Voyant que Kora’h avait exigé d’être élevé à une position qu’il ne méritait pas, il a été puni en étant relégué à une place sous terre ... Concernant le châtiment par le feu ... voyant les 250 ‘premiers-nés’ (considérés ainsi de par leur rang) venir offrir de l’encens, c’est-à-dire une offrande du feu sur leurs encensoirs, voyant qu’ils aspiraient à un privilège qu’ils n’avaient pas mérité, ce feu même devint l’instrument causant leur mort, c’est-à-dire leur châtiment".

2°/ Cette différenciation entre les 3 groupes peut s’expliquer de la manière suivante :
- Datan et Aviram avaient des revendications très "terre à terre" (le retour en Egypte pour profiter des bienfaits du pays). Ainsi, furent-ils engloutis par la terre.
- Les 250 chefs du Sanhédrin dissidents, étaient animés d’ambitions spirituelles. C’est pourquoi leur mort a été d’ordre spirituel : ils ont été dévorés par le feu dont la nature est de s’élever vers sa source: le ciel.
- Quant à Kora’h, d’un côté il aspirait à tous les honneurs de ce monde matériel (être le Prince de la Tribu de Lévi), de l’autre, il souhaitait atteindre un objectif hautement spirituel (devenir Cohen Gadol). C’est pourquoi, son châtiment fut double : "Kora’h était à la fois parmi les consumés (le feu) et parmi les engloutis
(la terre)". [Mikdach Mordé'haï]

3°/ Le Chlah haKadoch explique que chacun des 3 groupes de la révolte contre Moché (Kora’h, Datan et Aviram, et les 250 chefs du Sanhédrin), avait chacun sa propre motivation, expliquant ainsi la différenciation de leur châtiment.
- Kora’h était motivé par la jalousie (Kin'a - קנאה). Il convoitait le titre de Prince de la Tribu de Lévi, attribué à son cousin Elitsafan Ben Ouziel (voir Rachi sur Bamidbar 16, 1), ainsi que la prêtrise de son oncle Aaron, pensant que l’un de ces titres lui revenait de droit.
- Datan et Aviram, étaient motivés par le désir du gain (Taava - תאוה). En s’associant à Kora’h qui était extrêmement riche, ils espéraient ainsi en tirer un salaire colossal.
- Les 250 notables étaient quant à eux motivés par les honneurs (Kavod - כבוד) que pouvaient leur procurer une nouvelle gouvernance proposée par Kora’h.
Seuls Kora’h, Datan et Aviram ont été engloutis par la terre. Les deux-cent-cinquante chefs ont été consumés comme les 2 fils d’Aaron, car leur intention était «désintéressée» (ils ne remettaient pas en cause la légitimité de Moché), en ce sens qu’ils pensaient que Moché avait prié Hachem de nommer son frère Aaron Cohen Gadol, favorisant ainsi sa famille au détriment des autres dirigeants du Peuple.
=> Le Chlah haKadoch nous montre ainsi que les propos de la Michna suivante se sont-ils vérifiés à l’encontre de ces trois types de rebelles : "La jalousie, le désir et l’honneur, expulsent l’homme du Monde" (Pirké Avot 4,28)

"Moché dit à Kora'h : ... N'est-ce pas assez pour vous que le D. d’Israël vous ait mis à part de la communauté d’Israël, pour vous rapprocher… et vous demandez aussi la kéhouna" (Kora'h 16,9-10)

-> Le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.11) enseigne :
La convoitise des honneurs est plus forte que toutes les autres convoitises de l’homme.
En effet, il aurait été possible que l’homme domine ses instincts en ce qui concerne l’argent et les autres plaisirs, mais ce sont les honneurs qui le poussent, car il ne peut pas supporter de se voir inférieur au prochain.
En cela, beaucoup ont échoué et se sont perdus.

Yérovam ben Nevat n’a été chassé du monde à venir qu’à cause de la gloire.
C’est ce qu’ont dit nos Sages (guémara Sanhédrin 102a) : "Hachem l’a attrapé par son vêtement et lui a dit : "Repens-toi, et Moi, toi et le fils d’Ichaï (il s'agit du roi David) nous nous promènerons dans le Gan Eden!"
Il a répondu : "Qui est en tête?"
"Le fils d’Ichaï est en tête".
Il a alors dit : "S’il en est ainsi, je ne veux pas".
[il a préféré tout perdre plutôt que d'être au Gan Eden avec Hachem mais derrière le roi David.]

=> Qu’est-ce qui a provoqué que Kora’h se perde, lui et tous ses partisans avec lui?
Uniquement la gloire.
C’est un verset explicite : "Vous voudriez aussi la kéhouna?" Et les Sages (midrach Bamidbar rabba 18,2) nous ont dit que tout cela a été provoqué parce qu’il a vu Elitsafan fils d’Ouziel chef de tribu, alors qu’il aurait voulu être lui-même chef de tribu à sa place.

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-> "Il vous a rapproché de Lui et vous recherchez aussi la prêtrise (kéhouna)" (Kora'h 16,10)

=> Kora'h cherchait à s'élever toujours plus dans le Service Divin et c'est justement pour cela qu'il voulait être Cohen. Ainsi, comment comprendre que Moché lui dise que puisque Hachem l'a déjà rapproché, pourquoi recherche-t-il encore à être Cohen? Mais c'est qu'il voulait justement encore plus se rapprocher d'Hachem!

-> Le Chem miChmouël explique que le Cohen est appelé "saint", c'est-à-dire "séparé". Le Cohen doit se séparer de tout attachement à la matérialité et aux intérêts personnels. Et dans ce cadre, il devait aussi être même séparé de l'intérêt personnel que l'on peut obtenir par l'élévation spirituel et la proximité avec Hachem.
En effet, quand un homme s'élève et se rapproche de Son Créateur, il en ressent un grand plaisir et un intense épanouissement personnel. Il n'y a pas de plus grande complétude qu'être en intimité avec Son Créateur.
Mais le Cohen devait être aussi séparé de cet intérêt, aussi noble soit-il. Il se devait de servir Hachem uniquement pour faire plaisir à Hachem et réaliser Sa Volonté, sans rechercher son perfectionnement personnel.
C'est pourquoi, il est aussi appelé 'Hassid, c'est-à-dire celui qui fait du 'Hessed, de la bonté. Tout son but est de faire de la bonté avec Hachem, si on peut ainsi s'exprimer. C'est-à-dire que son existence se résume au fait de réaliser la Volonté Divine et non la sienne, même celle de se délecter des plaisirs spirituels que la proximité avec Hachem fait bénéficier.

Kora'h cherchait certes à s'élever spirituellement et à gravir les échelons du service Divin, car il était conscient des délices que cela comportait. Mais cette démarche de trouver épanouissement et complétude personnelles par l'élévation spirituelle, ce n'est déjà plus la démarche du Cohen, qui oriente son intention exclusivement vers l'« Intérêt » du Très-Haut.
=> Même si Kora'h cherchait à se rapprocher d'Hachem, il n'avait malgré tout rien à voir avec le niveau du Cohen. Il est certes très louable de trouver épanouissement et satisfaction dans le Service d'Hachem. Mais le niveau ultime c'est de ne rechercher que le plaisir d'Hachem.

"L'homme que J'aurai élu, son bâton fleurira, et ainsi mettrai-Je fin à ces murmures contre Moi" (Kora'h 17,20)

-> "C'est à ce sujet que le verset dit : "Heureux l'homme qui ne suit pas les conseils des réchaïm ... et ne prend pas place dans la société des railleurs" (Téhilim 1,1).
Il s'agit de Kora'h qui tournait Moché et Aharon en dérision.
Comment l'a-t-il fait?
Il a rassemblé toute la communauté autour d'eux et a commencé à proférer des moqueries."
[Yalkout Chimoni]

-> Pour le rav Yéhouda Leib 'Hasman (Ohr Yahel), ce récit nous révèle l'immense influence de la moquerie sur les hommes.
Il enseigne :
Si Kora'h parvint à séduire les chefs du peuple, c'est uniquement par la force de ses railleries.
Kora'h n'était pas sot, il savait pertinemment que s'il avait engagé un débat sérieux contre Moché et Aharon, il n'aurait jamais réussi à déclencher une rébellion.
S'il avait tenté d'avoir gain de cause avec des arguments rationnels, Moché l'aurait aisément vaincu.
C'est pourquoi il fit usage de la moquerie, laquelle a le pouvoir de l'emporter sur 100 remontrances, aussi justifiées soient-elles.
En effet, un reproche consiste à exposer des griefs de façon raisonnée et raisonnable ; or, la moquerie est tout le contraire, puisqu'elle sollicite la frivolité et l'inconséquence, lesquelles émanent de la "matière animale" dont est façonné l'homme.
Lorsqu'un individu se moque, il éveille en lui sa nature bestiale ; or, il va sans dire qu'une bête est totalement indifférente à la raison et au bon sens.
C'est pourquoi une seule moquerie peut l'emporter sur toutes les remontrances.
[...]

"Maintenant donc, trêve à vos railleries! Elle renforceraient vos chaînes, car c'est un arrêt de destruction que j'ai entendu prononcer par Hachem" (Yéchayahou 28,22).
Nos Sages en concluent : "La moquerie est très grave, car [sa punition] commence par des tourments et se finit par la destruction" (guémara Avoda Zara 18).
Le Ram'hal s'étend longuement à ce sujet, expliquant notamment que : "cela relève de la justice élémentaire : lorsqu'une personne réussit à se stimuler par ses réflexions et son étude, elle n'a nul besoin d'être éprouvée physiquement ... En revanche, les moqueurs, qui sont insensibles aux reproches à cause de leur état d'esprit, ne peuvent s'amender qu'avec des châtiments" (Messilat Yécharim - chap.5).

=> Lorsqu'un homme fait usage de la moquerie, il s'identifie à sa nature animale, si bien que les remontrances le laissent de glace.
C'est pourquoi il est dit que les "châtiments conviennent aux railleurs" (Michlé 19,29), car seules les souffrances peuvent briser les forces bestiales qui dominent l'homme et lui permettre d'entendre raison.
Tant que l'intelligence est reléguée au second plan, il n'y a rien à tirer de lui puisqu'il se comporte comme une personne ivre. (Ram'hal Messilat Yécharim)

Par ses railleries, Kora'h refréna tout sentiment positif chez ceux qui lui prêtèrent l'oreille.
Dans cette situation, ils devinrent incapables de raisonner, de réfléchir à leur attitude et d'effectuer une introspection.
Même si les Cieux s'étaient ouverts devant eux, ils ne se seraient pas rétractés, car la moquerie a le pouvoir d'amoindrir l'effet des spectacles les plus édifiants.
Cela n'est nullement dû à la faible portée de ces visions ni à un manque de compréhension, mais simplement à la force des railleries, lesquelles "anéantissent tout principe éthique et toute crainte du Ciel!" (Messilat Yécharim).

C'est seulement après que ces hommes eurent été engloutis dans la terre, après qu'une partie du peuple mourut brûlée et frappée par l'épidémie, que le cœur des survivants devint alors sensible aux messages véhiculés par ces punitions.
De la sorte, leur esprit qui avait été aveuglé par ces discours biaisés put s'ouvrir. Et lorsque Hachem montra au peuple le signe des bâtons, tous comprirent à ce moment-là qu'Aharon avait été désigné par D. : "Ils les regardèrent et chacun reprit son bâton"(v.24).
[d'après le Léka'h Tov]

"Moché sortit tous les bâtons de devant Hachem et les exposa devant les Bné Israël : ils les regardèrent, et reprirent chaque homme son bâton" (Kora'h 17,24)

-> On peut avoir tendance à penser que l'herbe semble plus verte chez autrui, et on peut alors en venir à souffrir, à se refuser d'être heureux en appréciant ce que l'on a déjà.
Le Rachach enseigne que si chacun posait sur une place publique un sac empli de toutes ses richesses, ses misères et ses épreuves, et qu’il avait ensuite la possibilité de choisir le sac qu’il voudrait, alors chacun reprendrait finalement le sac qu’il venait de poser.

Selon le rabbi Bounim de Pschisha, on retrouve cette idée dans le verset ci-dessus, où finalement chacun repris son bâton personnel, et réalisa pleinement que son lot dans la vie est ce qu'il y a de meilleur pour lui.