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"Yissa'har est un âne osseux" (Vayé'hi 49,14)

-> On peut expliquer ce verset de la façon allusive suivante :
Quand un homme accomplit une mitsva, Hachem lui donne une récompense. Cette récompense vient essentiellement du fait des efforts qu'il a dû investir pour accomplir cette mitsva.
En effet, l'homme a un corps physique et matériel, qui est pesant et rend difficile l'accomplissement des mitsvot. Pour les réaliser, il faut se renforcer sur son corps.

Ce verset : Yissa'har est un âne osseux", qui se dit "Yissa'har 'hamor garèm" ( יששכר חמור גרם), peut aussi se traduire par "Il y a une récompense (yéch sa'har - יש שכר) la matière ('homer - חומר) entraîne (gorèm - גורם )", c'est-à-dire que s'il y a une récompense pour les mitsvot, c'est essentiellement en raison de la matière de l'homme qu'est entraînée cette récompense.
En effet, pour réaliser les mitsvot, il faut se battre contre cette aspect de matérialité et dépasser la lourdeur, la pesanteur et les envies du corps.
[Kédouchat Lévi]

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-> Le Noam Elimelé'h fait une commentaire similaire sur notre verset :
on peut apprendre d’ici que si toutes les épreuves apparaissent à l’homme comme des ténèbres épais, elles contiennent en réalité une grande lumière. Dès lors, on ne devra pas se plaindre du yétser ara qui cherche toutes les occasions de nous faire trébucher, car c’est précisément lui qui est la source de la récompense qui nous attend En-Haut.

Le Noam Elimelekh pose une question : à priori, à bien y réfléchir, pourquoi Hachem rétribue-t-il les Bné Israël pour leur accomplissement des mitsvot?
La logique voudrait que, sans cela, ils soient redevables à Hachem de les accomplir en raison de tous les bienfaits qu’Il leur prodigue, et qui sont si nombreux qu’ils ne pourront jamais L’en remercier.

C’est qu’en fait, l’essentiel de la récompense provient de ce que le Créateur nous a donné un yétser ara qui nous incite constamment à nous détourner de Lui et à convoiter les plaisirs matériels. L’homme mène ainsi une bataille permanente au cours de laquelle il doit faire preuve de ruse afin de se garder de tout mal : de l’hypocrisie, du mensonge, de la dérision, de la médisance, des mauvaises pensées, et de tout ce qui y ressemble.
C’est grâce à ce combat, dit-il, et à la peine qu’il nous cause que nous recevons une récompense ...
[ainsi c'est bien ce qui nous semble temporairement obscur (la difficulté de l'épreuve du yétser ara) qui va en la surmontant nous générer une lumière, de belles choses, pour notre éternité dans le monde à Venir.
Ainsi, l'essentiel de la valeur d'un homme et de sa récompense réside dans sa force à surmonter les épreuves de la matières. ]

C’est ce que notre verset vient suggérer en allusion : le nom de Yissa'har, sous sa forme hébraïque, יששכר peut se décomposer en deux mots : יש שכר (yéch cha'har - "Il y a une récompense") (grâce au fait qu’il est comparé à un) "âne musculeux" (חמור גרם - 'hamor garèm), c’est le חומר ('homer), "la matière, le corps", qui entraîne (גרם) sa récompense, lorsqu’il brise ses désirs matériels.
[le verbe "ligrom" (לגרום) = causer, provoquer]

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-> "D. examina tout ce qu'il avait fait c'était très bien." (Béréchit 1,31)
Le midrach (Béréchit rabba 9,7) commente les termes : "très bien " (tov méod), comme faisant référence au yétser ara.
Pourquoi? Car grâce au yétser ara, il nous est possible de grandir en surmontant les luttes spirituelles qu'il nous présente, et à travers cela, accomplir notre but dans la vie." [Séfer 'Hassidim 155]

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-> "Yissa'har est un âne osseux, qui se couche entre les collines"

Rabbi Ye’hezkel Penat a dit : "Je n’ai mérité le peu de Torah que je sais que par un seul quart d’heure. Comment?
On a l’habitude de dire : il y a encore un quart d’heure jusqu’à midi, il n’y a pas le temps d’étudier. Encore un quart d’heure d’ici minh’a, et un quart d’heure d’ici Arvit. Alors que moi, j’étudiais pendant tous ces quarts
d’heure."

C’est ce qui est dit : "Yissa'har est un âne osseux qui se couche entre les collines" = il étudiait et
profitait de tous les "petits" moments que les gens ont l’habitude de négliger.

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-> "Yissa'har est un âne musculeux (des os solides avec peu de chair) qui se couche entre les collines" (Vayé'hi 49,14)

La comparaison de Yissa'har avec un âne demande quelques explications :

1°/ Rachi commente : "Un âne qui a des os = il porte le joug de la Torah à la manière d’un âne vigoureux que l’on charge d’un lourd fardeau. Qui se couche entre les collines = Comme un âne qui voyage de jour et de nuit, sans jamais se mettre à l’abri (ainsi, Yissa'har étudie jour et nuit)"

[En effet, Yissa'har incarne le "pilier de la Torah", comme le fait remarquer Rachi sur le verset : "Et toi, Yissa'har, dans tes tentes" (Vézot haBéra'ha 33,18) : "Puisses-tu réussir en Torah en étant assis dans tes tentes, en étant assis à calculer le calendrier et à fixer les néoménies, comme il est écrit: ‘Et les fils de Yissa'har, instruits à connaître les dates afin de savoir ce que doit faire Israël, leurs chefs (du Sanhédrin) au nombre de deux cents’ (I Divré Hayamim 12,33)".]

2°/ L’âne symbolise la Klipa (écorce du Mal) de la froideur envers les sujets de sainteté, comme l’indique en allusion l’enseignement de la guémara (Shabbath 53a) : "L'âne, même dans la saison de Tamouz (l’été), est frileux".
Aussi, la chaleur dans l’étude de la Torah comparée au feu et incarnée par Yissa'har, permet-elle d’anéantir la Klipa de la "froideur" qui s’apparente sensiblement à l’hérésie (Kéfira)
[voir Hayom Yom du 16 Chevat].

3°/ Yissa'har désigne les maîtres de la Torah qui, comme "l’âne" dénudé d’intelligence propre, doivent se conduire avec humilité, crainte et tremblement face aux paroles divines de la Torah, afin de ne pas s’en écarter d’un iota [Lev Baroukh].

Ainsi, disons-nous, à la fin de la prière (Amida) : "Et mon âme est comme la poussière pour tous. Ouvre mon cœur dans Ta Torah" = c’est parce que je m’annule dans un grande humilité ; "comme la poussière pour tous" que s’ouvre mon cœur à la compréhension authentique de Ta Torah.
[rabbi de Loubavitch - Likouté Si'hot]

4°/ Interprétant le message de Yaakov transmis à Essav : "J’ai acquis un taureau et un âne" (Vayichla'h 32,6), le midrach [Tan’houma] enseigne : "Un âne, c’est Machia’h Ben David, comme il est : '[Voici, ton roi vient à toi ; Il est juste et victorieux,] Il est humble et monté sur un âne' (Zé'haria 9,9)".
Par ailleurs, le Baal HaTourim y voit une allusion à Yissa'har, comparé aussi à l’âne, étudiant la Torah et faisant entendre sa voix dans les maisons d’étude pour annuler "les mains d’Essav".
Ainsi, voyons-nous une indication au lien étroit qui existe entre la venue du machia’h et le mérite de l’étude de la Torah [voir Or HaHaïm haKadoch - Testavé].

5°/ Le nom יִשָּׂשכָר (Yissa'har) se décompose en יש שכר (Yéch Sakhar - il y a une récompense).
Le mot חֲמרֹ ('Hamor – âne) s’apparente au mot חומר (‘Homer – matière: le corps).
Le mot גָּרֶם (Garem – musculeux) s’apparente au mot גורם (gorem – cause).
Ainsi, pouvons-nous déceler dans notre verset le moussar suivant : le côté physique (‘Homer) de l’homme est la cause (gorem) qui l’attire vers le Mal.
Lorsque l’homme domine l’aspect corporel de sa personne et fais le Bien, il mérite alors une récompense (Yissa'har – Yéch Sakhar) [voir Kédouchat Lévi - l'explication est ci-dessus].

6°/ Le guémara (Nidda 31a) enseigne : "[A propos du verset :] 'Yaakov revenant des champs, le soir, Léa sortit à sa rencontre et dit : C’est à mes côtés que tu viendras, car je t’ai retenu pour les mandragores (doudaïm) de mon fils. Et il reposa près d’elle cette nuit-là' (Vayétsé 30,16).
Rabbi Yo’hanan a déclaré : Que signifie: 'Et il reposa près d’elle cette nuit-là'?
Cela enseigne que Hachem a aidé dans cette affaire. Car il est dit: 'Yissa'har est un âne musculeux (garem)' ; c’est l’âne qui a provoqué (garam) la naissance de Yissa'har."

Et Rachi d’expliquer : "Lui, Hachem l’a aidé, en détournant l’âne de Yaacov vers la tente de Léa".
Le Targoum Yonathan Ben Ouziel nous précise : "‘Yaakov revenant des champs, le soir’ : Yaacov vint, depuis le champ, le soir ; Léa entendit le braiement de l’âne, elle sut que Yaakov venait. Elle sortit à sa rencontre et lui dit : ‘C’est à mes côtés que tu viendras’" [voir aussi le Baal HaTourim sur notre verset].

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