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"Un homme de la famille de Lévi (Amram) alla et épousa une fille de Lévi" (Chémot 2,1).

Où alla-t-il?
Il alla selon le conseil de sa fille (Myriam), d'après rav Yéhouda ben Zévina.
En effet, Amram était l'homme le plus important (gadol hador) de sa génération ; dès que Pharaon le racha décréta que tout garçon qui naîtrait serait jeté dans le fleuve, Amram se dit : "Nos efforts (pour engendrer) sont vains (inutiles)".
Il divorça alors de sa femme ; tout le peuple suivi son exemple et divorça.
Sa fille (Myriam) lui dit alors : "Père, ta décision est plus cruelle que celle de Pharaon : ce dernier n'a décrété que la mort des garçons, tandis que toi, tu as décrété celle des garçons et des filles! De plus Pharaon n'a décrété (la mort des garçons) que dans ce monde-ci tandis que toi, tu as décrété dans ce monde-ci et dans le monde à venir. Enfin, il y a un doute si le décret du racha Pharaon se réalise ou non, tandis que pour toi, qui es "tsadik", il est certain que tes décrets se réaliseront selon le verset : "Ce que tu décrètes se réalisera pour toi" (Iyov 22,28).

Amram repris alors sa femme et tout le peuple en fit de même.
Le texte dit : "Il épousa" ; il fallait écrire : "Il reprit son épouse".
Rabbi Yéhouda bar Zévina répond : C'est pour t'apprendre qu'il organisa une cérémonie nuptiale (avec le même faste qu'un 1er mariage) ; il la conduisit sous un dais nuptial (luxueux), Aharon et Myriam dansèrent devant eux et des Anges récitaient : "Une mère heureuse au milieu de ses enfants" (Téhilim 113,9).
Le texte dit : "une fille de Lévi (Chémot 2,1) : Yo'hévét pouvait-elle être appelée "une fille", alors qu'elle avait 130 ans?
Selon rav Yéhouda bar Zévina, c'est pour t'enseigner qu'elle retrouva les signes d'une première jeunesse.
[guémara Sota 12a]

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-> Le Zohar rapporte que l'ange Gavriel a dansé à leur mariage.

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-> D'après Tossefot (guémara Baba Batra 60b), il semble que parmi tous ceux qui avaient imité l'attitude d'Amram, en se séparant de leurs épouses, n'étaient autorisés à le faire que ceux qui comme Amram avaient déjà accompli la mitsva de pirya vériv'ya, en ayant engendré au moins un garçon et une fille (il avait déjà : Aharaon et Myriam).

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-> Le 'Hatam Sofer (rapporté par son élève : Téchouvot Maharam Shick - Ora'h 'Haïm 70) enseigne :
Hachem a conclu avec nos ancêtres une alliance par laquelle Il préserverait leur postérité et lui donnerait la terre d'Israël en héritage.
Dès lors que les juifs décrétaient sur eux-mêmes de ne plus procréer, une génération finirait, sans qu'une nouvelle ne lui succède. Le danger surgirait alors que la postérité de notre père Avraham s'éteigne.
Dès lors, Hachem aurait été contraint de délivrer Israël immédiatement et de ramener les enfants à leurs frontières. Cependant, la chose n'est vraie que si la communauté entière se conforme au décret.

La guémara (Baba Batra 60b) dit : "Du jour où le Temple a été détruit ... et du jour où a suffi le royaume qui promulgue de sévères décrets à notre encontre ... nous aurions dû légitimement décréter que personne ne se marie ou n'engendre. Ainsi la semence de notre père Avraham se serait-elle éteinte d'elle-même.
Cependant, on laissa les juifs [se marier et procréer du fait qu'ils n'auraient de toute façon pas pu s'en abstenir], il était préférable qu'ils commettent cette transgression de façon involontaire que de façon intentionnelle [si l'interdiction leur avait été signifiée]".
Si la semence d'Avraham se serait éteinte, alors Hachem aurait été obligé de nous délivrer immédiatement [avant qu'elle ne disparaisse]. Cependant, parce que les réchaïm et les simples d'esprit ne nous auraient pas entendus alors la semence d'Israël aurait été préservée par eux, tandis que les tsadikim auraient disparu.

Telle est l'intention d'Amram. Il divorça de sa femme pour que chacun en fasse autant avec la sienne. Ainsi, la semence de notre père Avraham aurait été appelée à disparaître et la libération se serait immédiatement ensuivie.
Cependant, seuls les tsadikim divorcèrent de leurs femmes tandis que les masses gardèrent les leurs.
Ainsi, Myriam s'est-elle lamentée : "Ton décret est plus sévère que celui de Pharaon".
Dans la mesure où seuls les tsadikim (justes) agissent comme tu le demandes, leur semence seule périra, tandis que les réchaïm (mauvais) se multiplieront.
Ainsi, le mal est double.

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-> A propos du verset de Bamidbar (Béaaloté'ha 11,26) qui relate la prophétie de Eldad et Médad dans le camp d'Israël, le Targoum Yonathan dit que Eldad et Médad étaient les enfants de Yo'hévét, donc les demi-frères de Moché, car après qu'Amram ait divorcé de Yo'hévét, cette dernière épousa Elitsafane fils d'Ouziel, et petit-fils de Kéhat, donc neveu de d'Amram.
Yo'hévét et Elitsafane ont donné naissance à Eldad et Médad.

=> Comment alors Amran a-t-il pu réépouser Yo'hévét, alors qu'il est interdit à tout homme de réépouser sa divorcée si elle se remarie avec un autre homme?

-> "En récompense de ce qu'Avraham a écouté Ma voix et gardé Mon observance" (Béréchit 26,5)
Selon le Ramban, nos Patriarches n'ont observé les Commandements de la Torah qu'en terre d'Israël, et non pas à l'extérieur, car la Torah n'avait pas encore été promulguée ...
Ainsi Amram s'est permis de réépouser Yo'hévét, bien qu'elle se soit remariée avec Elitsafane après son divorce, car ils vivaient en Egypte ; mais s'ils avaient vécu en terre d'Israël, il ne l'aurait pas réépousée.
De même, Yaakov a épousé 2 sœurs (interdit de la Torah) car il était chez Lavan, en dehors d'Israël et avant le don de la Torah.
[Chout méBéer]

-> Le Maharal (Gour Arié - Vayichla'h) enseigne :
Il y a lieu de distinguer, avant le don de la Torah, entre les commandements positifs (mitsvot assé) que nos Patriarches respectaient et les commandements négatifs (mitsvot lo taassé) que nos Patriarches n'observaient pas encore.
C'est pourquoi, Yaakov n'a pas tenu compte de l'interdit d'épouser 2 sœurs et Amram n'a tenu compte de l'interdit d'épouser sa tante ni de l'interdit de réépouser sa femme divorcée et déjà remariée.

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=> Quelle était l'intention de Myriam avec son argument à son père : Pharaon n'a décrété (la mort des garçons) que dans ce monde-ci tandis que toi, tu as décrété dans ce monde-ci et dans le monde à venir ?

-> Amram pensait que si les garçons étaient jetés dans le fleuve, les filles demeurées en vie ne trouveraient plus à se marier.
Myriam dit alors à son père qu'il se trompait, car un homme juif peut épouser plusieurs femmes, et même si les filles d'Israël devaient épouser des égyptiens, les enfants seraient juifs.
Ainsi, le peuple d'Israël pourra se maintenir dans le monde.
[Ets Yossef]

-> La durée de servitude, prévue pour 400 années, aurait pu être écourtée si la population des Bné Israël s'était fortement accrue en Egypte, car les corvées prévues auraient été effectuées par plus de personnes.
Lorsque Pharaon décréta l'élimination des garçons nouveau-nés, la durée de servitude serait revenue à 400 années.
Myriam vient dire alors à son père : en répudiant vos épouses pour ne plus avoir d'enfants, il n'y aura plus de servitude et la durée se prolongera donc au-delà des 400 années.
[Divré Chaoul]

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=> Quelle était l'intention de Myriam avec son argument relatif au monde à venir?

-> Certes avec le décret de Pharaon, les garçons mourront dans ce monde après leur naissance, mais ils vivront dans le monde futur.
Par contre, avec la décision d'Amram les enfants ne naissent pas dans ce monde, et ils ne pourront donc pas entrer dans le monde à venir.
[Rachi]

-> Pour le Iyoun Yaakov, le message adressé par Myriam à son père ne concernait pas les enfants, contrairement à l'opinion de Rachi, mais concernait les parents.
En effet, les parents qui n'auront pas de fils dans ce monde-ci, à cause du décret de Pharaon, ne perdront pas leur monde à venir du fait qu'ils n'ont pas négligé la mitsva de procréation
Cependant, la décision d'Amram, qui a encouragé les autres parents à divorcer, donc à ne plus procréer, va faire perdre à tous ces parents leur monde à venir, à l'exemple de 'Hizkiyahou à qui le prophète Yéchayahou avait dit : Tu vas mourir dans ce monde-ci et tu ne vivras pas dans ce monde à venir pour t'être empêché d'accomplir le commandement de pirya vériv'ya.

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Selon la guémara (Moéd Katan 8b), lorsqu'un homme se remarie avec son ancienne femme dont il avait divorcé, la cérémonie nuptiale devrait être sobre, sans excès de joie.
=> Pourquoi Amram a-t-il réépousé Yo'hévét avec tant de faste et une grande joie?

-> Le faste de ce mariage avait un double but : publier cette nouvelle union et aussi encourager tous les juifs qui s'étaient séparés de leur femme à reprendre eux aussi leurs épouses.
[Tossefot Yécharim - guémara Baba Batra 120a]

-> Yo'hévét était déjà enceinte de 3 mois lors de ce remariage ; cependant Amram et Yo'hévét l'ont célébré avec une joie excessive afin que Moché, le sauveur d'Israël selon la prophétie de Myriam à laquelle croyaient ses parents, ne naisse pas d'une maman divorcée.
Cette grande joie anticipait sur la futur sortie des Bné Israël par Moché.
[Maharcha]

-> Ce mariage fastueux, alors que Yo'hévét était déjà enceinte de 3 mois de son fils Moché, semble en contradiction avec le fait qu'Elitsafane s'était marié avec Yo'hévét après le divorce d'Amram, et avait eu 2 enfants Eldad et Médad.
En fait, selon le commentateur Adéret Eliyahou, après que Yo'hévét quitta Elitsafane, elle se remaria avec Amram avec une cérémonie très discrète, afin que les égyptiens ne le sachent pas et ne les surveillent pas sur une éventuelle naissance.
Mais Amram a constaté que tous les autres n'avaient pas repris leur repris leurs épouses, car ils ignoraient le remariage discret d'Amram avec Yo'hévét.
C'est pourquoi, après avoir conçu Moché, après leur remariage, Amram et Yo'hévét firent une nouvelle cérémonie, 3 mois après leur remariage, mais cette fois avec faste et publicité, afin que chacun des Bné Israël reprenne sa divorcée.

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=> "Elle (Yo'hévét) retrouva les signes d'une première jeunesse".
Quels signes et pourquoi?

-> Avant son remariage avec Amram, Yo'hévét retrouva les signes d'une nouvelle jeunesse, c'est-à-dire le tribut périodique des femmes, ainsi qu'un beau visage et la disparition de ses rides.
[Rachi]

-> Pourquoi a-t-elle bénéficié de ces miracles, alors qu'elle était déjà enceinte depuis 3 mois?
Le Iyoun Yaakov explique :
- C'est parce que sans ces signes de jeunesse, les gens auraient pu penser que Amram réépouse Yo'hévét à un moment où en raison de son âge avancé, il ne peut plus enfanter et il n'a donc plus à craindre que ses enfants soient jetés dans le fleuve dès leur naissance ; les gens qui pouvaient encore engendrer n'auraient donc pas repris leur épouses.
C'est pourquoi Yo'hévét a rajeuni miraculeusement afin que tous les gens imitent l'attitude d'Amram et réépousent leurs femmes.

- De plus, ce rajeunissement a eu lieu afin que les égyptiens le voient et commencent leur compte de 9 mois depuis ce remariage avec une femme "rajeunie" apte à enfanter, afin que Amram et Yo'hévét puissent cacher Moché, conçu déjà depuis 3 mois, dans leur maison durant 3 mois, avant que les égyptiens viennent le prendre pour le jeter dans le Nil.

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+ Apprendre à accepter un reproche :

-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne :
Je me suis toujours demandé, par quel mérite Amram et Yo'hévet ont eu le mérite de mettre au monde un fils comme notre maître Moché?

Pour comprendre, il faut aller au fond de la pensée d'Amram. Il était le grand sage de la génération, le chef du tribunal rabbinique. Il ne s'agissait pas d'un homme jeune, mais d'un individu de 130 ans.
Il avait étudié toute sa vie la Torah, et tous l'appréciaient énormément. Il avait une fille de 3 ans, elle était intelligente, mais très jeune.

Amram vit que chaque garçon qui naissait était jeté dans le Nil, devenant ainsi de la nourriture pour les poissons.
D'autres en comblaient les trous des pierres manquantes dans les constructions de Ramsès.
Il s'est demandé : "Dans ce cas, pourquoi mettre des enfants au monde?"
Amram s'est levé et a divorcé de son épouse, il a servi d'exemple à tout le peuple juif.
Chacun devait faire comme lui afin d'éviter les assassinats d'enfants ...

Amram le tsadik [de la génération] n'a pas fait ce que de nombreux autres auraient fait, il ne l'a pas grondée : "Retourne à la maternelle jouer!"
Il ne lui a pas dit de ne pas se mêler des affaires des grands. Il ne lui a pas non plus demandé si elle avait déjà étudié la Torah ... Amram ne s'est pas du tout mis en colère.
Il lui a seulement demandé : "Pourquoi dis-tu cela?"
Myriam lui a répondu avec bon sens : "Du fait du décret de Pharaon, il n'y aura pas de garçons, mais il y aura des filles. Mais à cause de ton décret, il n'y aura ni filles ni garçons".

Amram a été convaincu sur le champ, sans penser à son honneur personnel, il demanda à sa fille de se dépêcher de rentrer à la maison, pour demander à sa mère de se remarier. Eh oui, elle les réconcilia!
Myriam voulait et a fait la paix entre eux, elle remit ensemble son père et sa mère, et elle dansait devant eux. Après une année, un fils leur est né, notre maître Moché.

=> Par quel mérite ont-ils mérité une telle lumière?
Par le mérite du courage de Amram, par la grandeur d'avoir accepté la vérité d'une petite fille, est né [Moché] le réceptacle de la vérité, de la Torah de vérité.
On constate la force d'accepter un reproche.

Souvent, nous sommes récalcitrants aux reproches, on ne veut pas les accepter. La nature de l'homme fait qu'il n'aime pas qu'on lui dise quoi faire, même si on a raison. Un homme n'est pas prêt à entendre une remarque de sa fille ou de son fils.
Celui qui est prévoyant comprend que cela ne fait pas de différence de qui provient la remarque. Il faut prendre en compte l'essence de ce qui a été dit.

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