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"Avraham courut vers le bétail ; il prit un veau, tendre et bon" (Vayéra 18,7)

Rav Yéhouda a dit au nom de Rav : un veau (une unité), tendre (un second veau) et bon (un 3e veau) ...
"Ensuite, il prit de la crème et du lait puis le veau qui avait été apprêté et le mit devant eux" (Vayéra 18,8).
C'est pour enseigner qu'Avraham présentait les plats (aux 3 invités) au fur et à mesure de leur préparation.
Pourquoi fallait-il 3 veaux? Un seul aurait suffi!
Rav 'Hanane bar Rava répond : c'est parce qu'Avraham tenait à ce que chaque invité mange une langue (de veau) à la moutarde.
Rabbi Tan'houm ben 'Hanilaï a dit : Un homme ne doit jamais modifier les coutumes du lieu où il se trouve ; c'est ainsi que Moché est monté au Ciel (durant 40 jours) et ne mangea pas ; de même les 3 invités d'Avraham (3 anges descendus sur terre) ont mangé.
Ont-ils vraiment mangé?
En fait, ils firent semblant de manger et boire.
Rav Yéhouda dit encore au nom de Rav : Tout ce qu'Avraham a fait lui-même (de ses propres mains) pour les Anges, Hachem le fit Lui-même pour ses enfants ; tout ce qu'Avraham fit faire par un délégué, Hachem le fit faire aussi par un délégué ...
On enseigne à l'école de Rabbi Yichmaël que 3 actes (d'hospitalité) d'Avraham ont valu à ses descendants 3 bienfaits :
- en récompense de la crème et du lait offerts, ses descendants ont bénéficié de la manne ;
- en récompense du fait qu'Avraham se tenait auprès d'eux sous l'arbre, ses descendants bénéficièrent des nuées protectrices ;
- en récompense de l'eau qu'Avraham fit apporter (à ses invités), ses enfants ont bénéficié de la source (puits) de Myriam.
[guémara Baba métsia 86b]

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=> Pourquoi Avraham a-t-il servi des langues de veau à la moutarde et d'où rav 'Hana le déduit-il?

-> Selon Rachi, Avraham a voulu recevoir royalement ses 3 invités. C'est pourquoi, il leur a servi à chacun une langue de veau à la moutarde qui est un plat de délices réservé aux rois et aux princes.
De plus, ce plat aiguise l'appétit et donne envie à l'invité de manger davantage, ce qui prouve l'œil bienveillant d'Avraham.
[Ben Ich 'Haï]

-> Bien que la Torah n'ait pas dit explicitement qu'Avraham leur a servi des langues de veau, il y a cependant une allusion dans ce verset de la paracha : "Je vais apporter une tranche de pain afin de restaurer votre cœur, ensuite vous poursuivrez votre chemin" (Vayéra 18,5).
Ainsi Avraham leur a permis de ne pas rester longtemps auprès de lui ; c'est pourquoi, il ne leur a pas donné à manger de la viande de veau qui aurait nécessité le dépeçage et le découpage en morceaux, mais il leur a servi la langue qui ne nécessitait pas ces opérations, afin de les servir plus rapidement.
[Rachbatz - Pirké Avot 1,15]

-> Le Maharcha écrit :
Il y a une allusion, dans l'expression : "ra'h vétov" (tendre et bon - רך טוב) qui qualifie le veau, au fait que la moutarde ('hardal - חרדל) a accompagné les langues de veau servies.
En effet, la guématria de : ra'h tov (רך טוב) est de 243, et c'est la même que le mot : 'hardal (חרדל) : 242 à qui on ajoute 1 (pour le mot lui-même - le kollel).

-> Le Kol Eliyahou enseigne :
Avraham a ajouté la moutarde aux 3 langues de veau afin d'adresser le message allusif suivant à ses invités : 3 qualités (midot) permettent de reconnaître si un homme (ou un invité) est convenable, et ces 3 midot se retrouvent dans les lettres du mot : bé'hardal (avec de la moutarde - בחרדל) :
1°/ Aimer les pauvres, car le mot בחרדל peut se lire : bo'her dal (il choisit et il aime le pauvre - בחר דל).
2°/ Se contenter de peu, car les lettres du mot בחרדל peuvent se réécrire : 'hadal rov (חדל רב), c'est-à-dire qu'il s'abstient de courir après la multitude de richesse.
3°/ Se soucier d'accomplir la Parole Divine, car les lettres du mot בחרדל peuvent se réécrire : 'harad lev (חרד לב), c'est-à-dire son cœur se soucie (tremble de bien accomplir les Commandements Divins (mitsvot).

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-> "Je prendrai une miche de pain et vous rassasierez votre coeur, ensuite vous passerez" (Vayéra 18,5)

-> Lorsqu'Avraham vit les anges, il pensa qu'il s'agissait d'Arabes venus se moquer de lui pour s'être fait à lui même la circoncision et ainsi avoir changé la création du Créateur.

Aussi Avraham leur dit : "Je prendrai une miche de pain", je veux vous répondre à l'aide d'une miche de pain. Celle-ci ne permet de rassasier le coeur qu'après avoir subi une transformation de son état initial qui était d'être sous forme de grains de blé et d'orge.
"Ensuite vous passerez" - vous changerez votre avis et votre façon de penser qui était la vôtre jusqu'à présent, car vous comprendrez que le sujet de la brit mila fait qu'il incombe à l'homme de se parfaire et de parfaire ce qui a été créé, et que cela est concrètement et vraiment la volonté d'Hachem.
[Tsor ha'Haïm]

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=> Les preuves apportées par rabbi Tan'houm pour justifier qu'un homme doit s'adapter aux coutumes du lieu où il se trouve sont-elles contestables?

-> Le Maharcha explique :
La preuve du principe énoncé par rabbi Tan'houm, qui a cité l'exemple de Moché qui n'a pas mangé durant 40 jours, peut être contestée. En effet, Eliyahou haNavi aussi n'a pas mangé durant 40 jours dans le désert, sur terre!
Cette objection peut être levée par le fait que Moché est monté au Ciel à 3 reprises durant 40 jours à chaque séjour sans manger : lorsqu'au premier séjour, il a constaté le miracle qui lui a permis de tenir durant 40 jours sans rien consommer, il n'aurait pas dû compter sur des miracles au second séjour et au 3e séjour et il aurait dû amener du pain et de l'eau.
Du fait qu'il n'a amené aucune provision ni à la seconde montée ni à la troisième, cela prouve qu'un homme ne doit pas changer les coutumes du lieu où il se trouve.

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
L'objection à partir de l'abstinence d'Eliyahou mentionnée dans ce verset : "Eliyahou mangea et but ; réconforté par ce repas, il marcha 40 jours" (Méla'him I 19,8), peut être ainsi levée : pour pouvoir traverser le désert de 'Horev sans provisions, Eliyahou a bénéficié miraculeusement d'une bénédiction dans ses intestins qui ne digéraient chaque jour qu'une partie du repas, tout en étant rassasié.
Par contre, pour Moché, c'était le contraire : le repas qu'il avait consommé avant sa montée au Ciel était déjà digéré avant les 40 jours de son séjour Céleste.

-> Selon le Maharal (Gour Ariyé), peut-être que les anges ont agi par respect pour Avraham, et non pas par obligation de suivre les coutumes du lieu.
[Il est écrit : "vayokhlou" (et ils mangèrent - ויאכלו - Vayéra 18,8), et Rachi explique : ils firent semblant de manger car les Anges comme les être Célestes, n'ont pas la possibilité de manger. Rachi s'est basé sur le fait que les lettres du mot ויאכלו réarrangées forment le mot וכאילו (oukéilou - comme si).
Ils plaçaient la nourriture dans leur bouche et elle était brûlée, car les Anges sont eux-mêmes du feu.]

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=> Les 3 bienfaits accordés aux Bné Israël dans le désert sont-ils dus au mérite d'Avraham ou aux mérites de Moché, Myriam et Aharon?

-> Notre guémara (ci-dessus), qui attribue à Avraham le mérite des 3 bienfaits (manne, puits d'eau et nuées protectrices) pour son hospitalité exemplaire, est en contradiction avec la guémara (Taanit 9a) qui attribue ces 3 bienfaits aux mérites respectifs de Moché, Myriam et Aharon.
=> Comment comprendre cette contradiction apparente?

[selon rabbi 'Haïm Chmoulévitch, pourquoi Avraham en offrant à ses invités de l'eau, de la crème et du lait, a-t-il eu un tel mérite dont ses descendants ont bénéficié dans le désert durant 40 ans? Qu'y a-t-il d'exceptionnel? Tout juif aurait servi à son invité de l'eau et même de la crème et du lait!
C'est vrai, cependant Avraham a donné à travers cette eau et ce lait toute son âme et tout son cœur ; et c'est cela qui lui a donné un tel mérite.]

-> Le Maharcha enseigne :
C'est bien par le mérite d'Avraham que l'on a bénéficié dans le désert de la manne, de l'eau et des nuées de gloire, mais durant une période courte. Cependant, par le mérite de Moché, de Myriam et d'Aharon, la récompense de ces 3 bienfaits s'est prolongée durant 40 années : c'est pourquoi, à la mort d'Aharon, les nuées protectrices ont disparu ; à la mort de la prophétesse Myriam, l'eau a manqué et à la mort de Moché, la manne cessa de tomber.

-> Le Ben Ich 'Haï écrit :
Initialement, Hachem a décrété ces 3 bienfaits aux descendants d'Avraham pour son mérite d'hospitalité, réalisables dans le désert à la sortie d'Egypte.
Mais les Bné Israël sont sortis d'Egypte "béyad rama" (avec un esprit hautain, selon le Targoum), et de ce fait, ils ont perdu le bienfait des nuées protectrices promises à Avraham.
Mais ces nuées les ont quand même enveloppés par le mérite d'Aharon.
De même, après épuisement des provisions de nourriture, la manne devait tomber du Ciel par le mérite d'Avraham en récompense de la crème et du lait amenés à ses invités ; mais du fait qu'ils se sont plaints à Moché : "Tu nous a fait sortir d'Egypte pour nous faire mourir de faim", ils ont perdu ce bienfait (la manne) promis à Avraham, mais la manne leur a quand même été donnée par le mérite de Moché.
Enfin, après épuisement de leur eau, ils ont perdu le mérite de l'eau promise à Avraham pour avoir dit : "Tu nous as fait sortir d'Egypte pour nous faire mourir", et c'est par le mérite de Myriam qu'ils ont obtenu le puits d'eau de Myriam.

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitch (Si'hot Moussar 9) explique :
La différence apparente entre la guémara (Taanit 9a) et la guémara (Baba Métsia 86b) peut être levée grâce à cet exemple : un noyau est à l'origine de la croissance d'un arbre fruitier, mais sans terre, sans pluie et sans soleil, le noyau (la potentialité) ne pourra pas se développer pour produire l'arbre.
De même, l'acte d'hospitalité d'Avraham dans des conditions difficiles (chaleur, âge avancé, le 3e jour de sa circoncision).
Mais il a fallu attendre la génération de Moché, Myriam et Aharon qui ont apporté par leurs mérites la "terre", la "pluie" et le "soleil" et ont ainsi transformé en réalité la potentialité créée par Avraham.

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=> Pourquoi mentionner le nombre "trois" de bienfaits?

-> La guémara a cité les bienfaits et nous savons donc qu'ils sont au nombre de trois.
Pourquoi alors notre aggada précise-t-elle que les descendants d'Avraham ont bénéficié de trois bienfaits (le nombre "trois" est inutile)?
En fait la précision du nombre "trois" vient nous enseigner un 'hidouch (élément nouveau) du fait que les 3 mérites d'Avraham ont été réalisés de façon groupée, une action rattachée à l'autre, sans interruption, de même, par le principe de réciprocité (mida kénégued mida), nous bénéficierons des 3 bienfaits ensemble dans le désert.
C'est ainsi que lorsque l'eau s'est tarie dans le désert au décès de Myriam, aussitôt elle est revenue, afin que l'eau, la manne et les nuées protectrices se maintiennent ensemble (sinon, on aurait terminé le séjour dans le désert avec 2 bienfaits seulement).
De même, au décès d'Aharon, lorsque les nuées protectrices ont disparu, aussitôt elles ont réapparu afin que les 3 bienfaits demeurent ensemble et qu'il ne reste pas 2 bienfaits seulement.
C'est pourquoi le texte a précisé "trois" bienfaits.
[Ben Ich 'Haï]

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