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"40 [coups], il le frappera, il n'ajoutera pas" (Ki Tétsé 25,3)

Nos Sages (guémara Makot 22a) nous enseignent que ce verset doit être compris en étant lié avec le dernier mot du verset précédent, qui est : "bémichpar" (avec un compte), afin de signifier : "avec un compte qui mènent à 40 (bémichpar arbayim), il le frappera".

Cela nous apprend que le nombre de coups de fouet que le tribunal donnera à une personne qui aura transgressé un commandement négatif est de 39, et non de 40, comme le verset nous le laisse comprendre.

Il est écrit dans la guémara (Makot 22b) :
"Rava a dit : Que sont stupides les personnes qui se lèvent par respect pour un Séfer Torah, mais qui ne se lèvent pas par respect pour une grande personnalité de la Torah.
Dans le Séfer Torah, il est écrit que [celui qui a fauté devra recevoir] 40 coups de fouet, et nos Rabbins sont venus et en ont enlevé un."

Le Rabbi d'Ostrovtze demande pourquoi Rava cite la loi des 39 coups de fouet comme une indication de la grandeur de nos Sages?
Pourquoi ne pas citer un enseignement similaire, comme en ce qui concerne le compte du Omer, où la Torah nous dit : "vous compterez 50 jours" (Vayikra - Emor 23,16), et en pratique la mitsva est de compter les 49 jours menant à Shavouot (qui est le 50e)?

Le Rabbi répond que le signe de grandeur de nos Sages est de chercher à réduire la douleur et la souffrance de tout juif, même si c'est un fauteur (coups de fouet), autant que possible (même si le résultat sera faible, toute peine retirée à autrui est un acte énorme!).

Cet amour et cette compassion de tout autre juif, quel qui soit, est un véritable révélateur de la grandeur de nos Sages.

Source (b"h) : traduction personnelle d'un dvar Torah du rav Shimon Finkelman

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-> En réduisant cette peine à 39 coups, comment nos Sages se concordent-ils avec la Torah qui dit explicitement "40 coups" ?

Nous allons voir l'avis du Divré Ye'hezkel.
En réalité, un juif qui a fauté, quand on lui afflige sa peine, normalement il doit s’en réjouir, car la sanction a la vertu d’expier la faute.
Ainsi, une fois qu’il a reçu 39 coups et qu’on lui annonce que sa sanction est terminée, dans sa volonté d’effacer complètement son péché, il devrait ressentir le regret qu’il n’y a pas encore d’autres coups, pour que sa faute soit encore plus expiée.
[Dans son désir ardent d'obtenir un pardon complet pour son péché, il est prêt à recevoir même encore un coup si cela pourrait l'épurer encore plus de la tâche de sa faute.]
Or, nos Sages disent que l’intention de faire une mitsva est en soi déjà considérée comme une mitsva. Ainsi, quand l’homme pousse un soupir regrettant que la sanction s’arrête là, cela lui est considéré comme s’il avait encore reçu un coup.
Dès lors, la peine est bien de 40 coups : 39 coups réels, et le 40e coup c’est sa volonté qui lui est comptée.

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-> Le rabbi David de Sochatchov explique à l'inverse, que l'essentiel de l'expiation est obtenue en administrant 40 coups au fauteur.
Cependant, si on lui avait donné 40 coups, il se serait tranquillisé en pensant qu'à présent qu'il a reçu la totalité des coups, il est devenu un Juste (tsadik) parfait et n'a plus du tout à s'inquiéter par rapport à cette faute. Or, cela n'est pas convenable.
En effet, il est préférable que l'homme qui a fauté regrette constamment sa faute, comme le dit le roi David dans les psaumes : "Ma faute est constamment devant moi".

C'est pour cela que les Sages ont diminué le nombre de coups et l'ont réduit à 39. De la sorte, quand il ne recevra que 39 coups, le fauteur sera toujours préoccupé que sa faute n'a peut-être pas été complètement pardonnée puisqu'il n'a pas reçu les 40 coups dont parle la Torah.
De cette façon, il ne sera pas serein, mais continuera constamment à penser à sa faute et à la regretter amèrement. Et c'est justement ce que recherche la Torah, que le pécheur soit constamment soumis et qu'il vive toute sa vie dans un esprit de repentir, en n'en venant jamais à ressentir de l'orgueil en pensant qu'à présent, il est devenu un Juste parfait.

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+ "40 [coups], il le frappera, il n'ajoutera pas ; de peur qu'il n'ajoute un coup à ceux-là et que ton frère (אָחִיךָ) soit dégradé à tes yeux" (Ki Tétsé 25,3)

-> De ce verset, nos Sages apprennent qu'une fois qu'un homme a reçu la flagellation de 39 coups, alors sa faute sera pardonnée et de nouveau il sera considéré comme "ton frère".
Ainsi, le verset doit se comprendre comme : "Quand il sera dégradé" par les 39 coups, alors il redeviendra "ton frère à tes yeux".

Mais on peut expliquer ce verset de façon allusive. En effet, les mots "ton frère" se disent : "a'hikha" (אָחִיךָ), dont la valeur numérique est justement de : 39.
Ainsi, le verset dit que quand un homme recevra le nombre de coups correspondant à la valeur numérique du mot "אחיך", qui est de 39, alors il redeviendra vraiment : "ton frère", et sa faute sera expiée.

[le Na'hal Kédoumim]

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-> Le Ktav Sofer apporte un enseignement similaire :
"Ton frère sera dégradé à tes yeux" = S'il est dégradé par ces coups devant toi, il est donc évident qu’il est dégradé à tes yeux! Qu’est-ce que cela nous apprend?

Nos Sages expliquent que les mots : "ton frère" de ce verset indiquent que même si jusqu’à présent, il était un racha, à présent qu’il reçoit sa sanction, il redevient "ton frère et sa faute est expiée.
Cependant, pourquoi doit-on absolument attendre qu’il reçoive sa sanction pour le voir comme son frère? Puisque la téchouva expie les fautes, alors s’il s’est repenti avant d’être frappé, il redevient ton frère déjà par son repentir?

Seulement, comme le repentir s’effectue dans le cœur de l’homme, et que l’être humain ne voit qu’avec ses yeux, qui ne voient pas les cœurs, c’est pourquoi, on ne peut jamais savoir si le fauteur s’est bien repenti. Il faudra donc attendre qu’il reçoive les coups.

Ainsi, "ton frère sera dégradé" = c’est-à-dire qu’il ne deviendra ton frère que quand il sera dégradé par les coups et pas avant, même s’il s’est repenti.
La raison est : "à tes yeux" = son repentir n’est pas visible "à tes yeux" [d'humain].

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-> Le Méam Loez (Ki Tétsé 25,3) commente :
Les nombres 39 et 40 ont un sens particulier dans la Torah.
Un mikvé contient 40 Séa d'eau. Le peuple juif a passé 40 ans dans le désert pour expier la faute des explorateurs. L'eau du Déluge est tombée pendant 40 jours et 40 nuits.
Selon la tradition juive, les 40 premiers jours de la grossesse sont déterminants pour l'enfant.

Le chiffre 39 est la valeur numérique du mot "tal" qui veut dire rosée. Hachem ressuscitera les morts grâce à la rosée (guémara 'Haguiga 12a).
Les Kabbalistes expliquent que D. possède 13 Attributs de miséricorde.
Le nombre 39 est une triple expression de ces Attributs.

Les deux nombres 39 et 40 évoquent donc la purification d'un état indésirable et la naissance, la flagellation créé un processus similaire de renouveau et de purification de l'âme du fauteur.

La Torah qualifie le condamné de "racha", alors que notre verset le désigne comme "ton frère". Après qu'il ait reçu la flagellation, sa faute est totalement expiée et il redevient "ton frère", semblable à tout autre juif (guémara Maccot 23a).
De fait le mot "a'hikha" (ton frère - אָחִיךָ) a une valeur numérique de 39. [Rabbénou Bé'yahé]
[...]
Les 39 coups étaient administrés par groupe de 3 : un sur chaque épaule et un au centre de la poitrine.
[...]
Avant la flagellation, le tribunal examinait la condition physique du condamné et déterminait s'il était capable de supporter les 39 coups.
Si le beth din le jugeait de faible constitution, il réduisait le nombre de coups par un multiple de 3.
En d'autres termes, si le tribunal estimait le condamné capable de supporter 20 coups de fouet seulement, il réduisait ce nombre à 18 (3*6).
Pendant la flagellation, le juge pouvait encore réduire le nombre de coups. Cependant, jamais il n'en ajoutait au nombre fixé même s'il se rendait compte, aux cours de la flagellation, que le condamné pourrait en supporter davantage.

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-> La raison pour laquelle le coupable est fouetté précisément 39 fois est la suivante : un embryon atteint sa forme humaine en 40 jours.
L'essence d'un être humain est donc symbolisée par le chiffre 40.

[Le condamné aurait dû recevoir 40 coups qui représentent la destruction de sa vie.] Cependant, Hachem par pitié, le dispense du dernier coup [lui octroyant ainsi une dernière chance].
Le nombre de coups est donc de 39, quarante moins un, pour faire comprendre au coupable que s'il se repent de tout cœur, sa faute sera pardonnée et il vivra.
[Mabit - Beth Elohim 3,49]

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-> Le Komets Hamin'ha rapporte le Ramban qui dit que la Torah impose 40 coups en référence à la formation du fœtus. En effet, nos Sages nous apprennent que le fœtus est formé 40 jours après la conception.
Or, quand l'homme commet une faute, il porte atteinte à l'intégrité de sa personne et abîme les forces qu'il a reçues d'Hachem lors de sa formation. La faute dégrade l'homme.
C'est pourquoi, pour réparer la faute, la Torah prévoit 40 coups, pour rétablir la complétude de l'homme qui a été formé en 40 jours et que sa faute a dégradée.
Mais d'un autre côté, si cette peine de flagellation vise à affaiblir l'homme pour le purger de la faute qui a entaché son être, malgré tout, cette sanction n'est pas là pour entraîner sa mort et sa disparition. En cela, la peine de flagellation est différente de la peine de mort.
Or, étant donné que l'homme a reçu toutes ses forces (en potentiel) pendant les 40 jours de sa formation, s'il recevait 40 coups, alors cela aurait quelque part entraîné l'affaiblissement et la disparition totale de toutes ses forces et cela aurait été assimilé à sa mort. C'est pourquoi, les Sages ont réduit la peine à 39 coups, pour ne pas entraîner l'annihilation totale de l'individu.

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Le Yaarot Dvach se base également sur le Ramban, qui ajoute que les 40 coups dont parle le verset, font référence aux 40 jours où Moché s'est trouvé sur le mont Sinaï pour recevoir la Torah. Or, le pécheur a transgressé les paroles de cette Torah, il recevra donc 40 coups.
Néanmoins, même si le don de la Torah devait avoir lieu le 6 Sivan, et Moché serait alors monté sur le mont Sinaï le lendemain, le 7 Sivan, pour y rester jusqu'au 17 Tamouz. Et de cette façon, Moché serait bien resté 40 jours sur le mont Sinaï.
Malgré tout, nos Sages enseignent que Moché retarda le don de la Torah d'un jour. Il ajouta un jour supplémentaire de préparation.
Dès lors, on a en réalité reçu la Torah le 7 Sivan, puis Moché monta sur le mont Sinaï le 8 Sivan pour y rester jusqu'au 17 Tamouz.

Ainsi, dès lors, dans les faits Moché resta sur le mont Sinaï pendant 39 jours pour recevoir la Torah.
C'est pourquoi, la Torah qui avait prévu 40 jours, parle de 40 coups pour expier la transgression de la Torah. Mais comme Moché, en retardant le don de la Torah d'un jour, finit par ne rester sur la montagne que 39 jours, ainsi les Sages qui sont ses porte-paroles sont venus réduire la peine de flagellation à 39 coups.

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-> Le Kli Yakar rapporte la Michna des Pirké Avot qui dit que l'homme accède au discernement quand il atteint 40 ans.
Or, un homme ne faute que par manque de discernement. Ainsi, les 39 coups (et pas 40) qu'il reçoit du fait de la faute font allusion au fait qu'il a quelque part manqué de discernement par le fait qu'il a commis cette faute.

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-> En instituant 39 coups et pas 40, nos Sages laissent entendre que pour que la réparation soit totale, il faut aussi que nous y mettons tout notre cœur brisé dans la téchouva.
[rapporté par le rav David Touitou]

[certes, ils nous font 39 sur 40, mais cela ne nous dispense pas d'un minimum d'effort personnel]

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