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"Il se tourna ici et là, vit qu’il n’y avait aucun homme et frappa l’égyptien" (Chémot 2,12)

-> Rachi commente que Moché le tua après avoir vu qu’aucun homme converti ne sortira de sa descendance.

Comment peut-on lier cette explication avec le sens simple du verset, selon laquelle aucun homme n’était présent au moment de ce fait?

-> Nos Sages (guémara Sanhédrin 96b) disent que des descendants d’Haman se convertirent et étudièrent la Torah à Bné Brak.
Les commentateurs expliquent que cela leurs revint du fait que Haman entraîna un kidouch Hachem (sanctification du Nom d’Hachem), Qui réalisa des merveilles pour sauver le peuple d’Israël de son décret. Ainsi, un racha qui provoque (malgré lui) un kidouch Hachem, mérite d’avoir des descendants juifs.

Or, quand Moché tua l’égyptien en prononçant simplement le Nom Divin, si des personnes avaient vu ce miracle, cela aurait sanctifié le Nom d’Hachem à leurs yeux.
Mais comme Moché vit qu’il n’y avait personne, ainsi cet égyptien ne causa pas de kidouch Hachem, et de ce fait, il ne mérita pas d’avoir des descendants qui se convertiront.

[Likouté Chlomo]

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-> Le Méam Loez (Chémot 2,12-14) rapporte :
La mort de l'égyptien demeura un mystère, bien que de nombreux juifs fussent au courant (il fut aperçu par exemple en train d'enterrer le corps), personne n'en souffla mot.
Moché put retourner au palais comme si rien ne s'était passé.
[...]

Dathan et Aviram obtinrent une audience auprès de Pharaon, au cours de laquelle ils lui dirent que les actes de Moché donnaient mauvaise réputation à la cour ... [ils lui dirent qu'il n'était pas réellement son petit-fils].
Ils montèrent une campagne de calomnie contre Moché, jusqu'à ce que Pharaon fût convaincu qu'il était bien un traite et un révolutionnaire. Il condamna alors Moché à mort.

Des soldats conduisirent Moché au poteau d'exécution et placèrent sa tête sur un bloc de bois. L'exécuteur tenait en main le glaive particulièrement lourd réservé à l'exécution des membres de la famille royale.
Mais, lorsqu'il asséna le coup final, le cou de Moché devint miraculeusement aussi dur que la pierre, et il fut ainsi sauvé de la mort. L'épée rebondit sur le bourreau, le tuant instantanément.

Conscients de la protection Divine dont bénéficié Moché, les égyptiens le mirent temporairement en prison, pendant qu'ils délibéraient de la façon de l'exécuter.
[...]
Moché fut conduit dans la pièce où les conseillers de Pharaon délibéraient sur son sort. A ce moment-là, un ange apparut, prenant l'apparence et la place de Moché.
Brusquement, les membres du conseil Suprême devinrent aveugles, sourds et paralysés.
Dans la confusion, Moché s'échappa, laissant l'ange à sa place.

Quelques instants plus tard, les membres du conseil reprirent leurs esprits.
"Moché" était là, se tenant calmement parmi eux. Lorsque Moché se fut enfui assez loin pour qu'on ne puisse retrouver sa trace, l'ange disparut.

Selon une autre opinion (Séfer haYachar), un ange conduisit Moché hors d'Egypte et le déposa dans le désert, à 40 jours de marche d'Egypte.
[...]

D'après une opinion, Moché s'échappa dès qu'il découvrit que Pharaon était au courant de l'incident. Il avait mieux à faire que d'essayer de se disculper devant Pharaon.
Comme il l'avait appris des Patriarches, il est parfois préférable de fuir et d'éviter les confrontations (ex : Avraham a fui Nimrod, Its'hak devant Avimélé'h, et Yaakov face à Essav).

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-> "Voici 2 hommes hébreux se querellaient" (véiné chéné anachim iv'rim nitsim - Chémot 2,13)

Ces 2 juifs (Datan et Aviram) qui se querellaient transgressaient le commandement de : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18).
Or chaque dispute retarde la délivrance. Dans le verset, le terme "se querellaient" (nitsim - נִצִּים) a une guématria de 190, soit la même valeur que le terme que la Torah utilise pour décrire la délivrance : "kets" (קץ).
[Tsor ha'Haïm - Chémot 2,13]

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-> "Or, en ce temps-là, Moché, ayant grandi, alla parmi ses frères et fut témoin de leurs souffrances. Il aperçut un égyptien frappant un Hébreu, un de ses frères. Il se tourna de côté et d’autre et ne voyant paraître personne, il frappa l’Égyptien et l’ensevelit dans le sable" (Chémot 2,11-12)

-> Rachi commente : "Un homme égyptien : C’était un oppresseur, nommé pour diriger les chefs de corvée des Hébreux, et qui les faisait lever pour aller au travail dès le chant du coq ...
Frappant un homme hébreu : Il le frappait et le tyrannisait. C’était le mari de Chlomit Bat Divri (voir Emor 24,11), sur laquelle l'égyptien avait porté les yeux. Une nuit, il a fait lever son mari et le fit sortir de la maison. Puis il est revenu et est rentré dans la maison, pour s'étendre près de la femme, laquelle s'est convaincue que c'était son mari. Le mari, à son retour, comprit ce qui s’était passé. Et comme l'égyptien a vu qu’il avait compris, il s’est mis à le frapper et à le tyranniser à longueur de journée.
Il se tourna çà et là : Il vit ce qu’il lui avait fait à la maison et ce qu’il lui avait fait aux champs.
Et il vit qu’il n’y avait pas d’homme : Il vit qu’il ne descendrait de lui aucun homme qui se convertirait."

-> On peut rapporter quelques raisons pour lesquelles Moché tua l'égyptien :
1°/ La guémara (Sanhédrin 58b) enseigne : "Un idolâtre qui frappe un juif est coupable de mort. Ainsi qu’il est dit: ‘Il se tourna de côté et d’autre et ne voyant paraître personne, il frappa [à mort] l’égyptien [qui avait frappé l'hébreu]."
Bien que selon la Loi, on en le tue pas (voir le Rambam - Hilkhot Mélakhim 10,6), on peut expliquer que dans notre cas, c'est différent, pour au moins 2 raisons :
- a) selon le Ran : l'épisode de la mort de l'égyptien étant survenu avant le don de la Torah, la Loi préconisait alors la condamnation à mort ;
- b) selon le Maharcha : même si le Tribunal ne le tue pas, il subit malgré tout, la mort "par l'intermédiaire du Ciel", c'est pourquoi, pour réaliser une telle mort, Moché se soucia de "voir qu'il n'y avait pas d'homme, qu'il ne descendrait de lui aucun homme qui se convertirait".

2°/ Le midrach (Chémot rabba 1,28) enseigne que l'égyptien méritait la mort pour avoir frappé un homme, comme il est dit : "Celui qui frappe un homme, mourra" (Emor 24,21).
[l'égyptien avait l'intention de poursuivre l'hébreu pour le tuer, ainsi, avait-il le statut de "Rodef (poursuivant) qu'il faut tuer, si nécessaire pour sauver le poursuivi (voir le Rambam - Lois du Meurtrier 1,6)].

Le midrach ajoute : "Et non seulement cela, mais en plus il est allé avec la femme de Datan et méritait donc d’être tué, comme il est dit : ‘Si un homme commet un adultère avec la femme d’un autre homme, avec la femme de son prochain, l’homme et la femme adultères doivent être mis à mort’ (Kédochim 20,10).
C’est pourquoi il est écrit : ‘Il se tourna de côté et d’autre’, il a vu ce qu’il lui avait fait à la maison (l'adultère) et ce qu’il lui avait fait aux champs (l'agression)".

3°/ La raison d'être de l'exil d'Egypte, source de tous les exils, fut de récupérer les étincelles divines tombées en Egypte. C'est au travers les souffrances de l'esclavage infligées par les égyptiens que les Bné Israël récupérèrent ces fameuses étincelles.
Ainsi, le premier acte de Moché, symbole de la délivrance d'Israël, fut-il de récupérer les étincelles divines dissimilées au sein de l'égyptien, incarnation du peuple d'Egypte.
Le "vidage spirituel" de l'égyptien provoqua automatiquement sa mort.
[Chem miChmouël]

4°/ L'égyptien était la réincarnation (guilgoul) de Caïn, tandis que Moché était la réincarnation d'Hével.
Caïn commit 2 délits envers son frère : Il prit pour femme sa sœur jumelle et lui ôta la vie.
En tuant l'égyptien (Caïn), Moché (Hével) réalisa une réparation de l'histoire et de Caïn (tikoun).
C'est pourquoi le midrach enseigne : " 'Il se tourna de côté et d'autre' = il a vu ce qu'il (Caïn) lui avait fait (à Hével) à la maison (en prenant sa jumelle) et ce qu'il lui avait fait aux champs (en l'assassinant)".
[Chem miChmouël - au nom du Arizal]

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-> Le Ramban explique : "Peut-être que Moché a posé ses mains sur l'égyptien et l'a maudit avec le Nom de D. C'est là le sens du verset : "Il frappa l'égyptien" (Chémot 2,12).
L'un des 2 délateurs a vu Moché procéder ainsi et a su par conséquent qu'il avait tué l'égyptien avec le Nom ineffable de D.

-> Le 'Hatam Sofer (Chémot daf 8) écrit :
"D'après mon humble avis, Moché n'a pas mentionné le Nom ineffable de D. en touchant cet égyptien impur, mais il se tenait plutôt de loin et a crié vers lui le Nom de D.
L'égyptien tomba subitement devant lui. Moché pensa que personne ne l'avait vu entendu. Cependant, Datan et Aviram assistèrent à toute la scène.
Le lendemain, tandis qu'ils se disputaient l'un l'autre, ils se maudirent l'un l'autre avec le même Nom divin qu'ils entendirent auparavant de Moché. Et lorsque l'un d'eux dit à Moché : "Est-ce pour me tuer que tu dis cela, comme tu as tué l'égyptien?" ; Moché compris immédiatement qu'il l'avait entendu de lui et apprit ainsi à l'utiliser.
Il se trouve à ce moment-là que Moché avait fauté, puisque l'on ne transmet ce Nom uniquement qu'à des personnes pudiques et humbles, qui ont au moins vécu la moitié de leur vie et ne se mettent jamais en colère.
Ainsi Moché eut peur à cause de sa faute, comme il est dit : "Moché eut peur et dit : Ainsi la chose est connue!" (Chémot 2,14), car ils avaient entendu de lui le Nom ineffable de D."

-> Le rav Yissa'har Chmouëli Beniahou enseigne :
Pourquoi le verset précédent mentionne-t-il : "Il vit qu'il n'y avait aucun homme" (Chémot 2,12)?
Cela vient nous enseigner que Moché a réuni un Sanhédrin composé d'anges de service et leur a demandé : "Dois-je tuer cet homme?" Ils lui répondirent : "Tue-le".

-> Le Zohar (Tikouné Zohar 69) explique que Moché regarda si un juste parfait faisait partie de la descendance de cet égyptien. Ayant vu que ce n'était pas le cas, il le tua.
Yaakov a également eu cette épreuve avec Essav son frère, comme il est écrit : "Yaakov eut très peur" (Vayichla'h 32,8), Rachi explique que Yaakov a eu peur d'être tué mais également de devoir tuer son frère.
Il y a pourtant une mitsva de se défendre et si quelqu'un se lève pour nous prendre la vie on doit le tuer. Pourquoi Yaakov a-t-il peur? Il faut expliquer que Yaakov fut effrayé de tuer Essav car de lui descendrait de futurs Grands d'Israël comme Rabbi Méïr, Rabbi Akiva, Chmaya et Avtalion, ...

-> Le Ben Ich 'Haï (Adéret Eliyahou) écrit :
Moché était la réincarnation (guilgoul) d'Hével, tandis que l'égyptien qu'il a tué était la réincarnation de Caïn.
C'est pourquoi, avant de tuer l'égyptien, il est écrit : "Il se tourna çà et là et vit qu'il n'y avait pas d'hommes. Il frappa l'égyptien" (Chémot 2,12).
Au départ, Moché n'était pas sûr d'être la réincarnation d'Hével et par conséquent, tuer l'égyptien en tant que réincarnation de Caïn en constituait pas encore un devoir.
S'il était effectivement la réincarnation d'Hével, il devait inverser la situation de sa vie antérieure et en accomplir la réparation (tikoun). Mais peut-être n'était-ce pas à lui d'accomplir cette réparation?
C'est la raison pour laquelle "il se tourna çà et vit" ... Il réalisa qu'il était réellement la réincarnation d'Hével.
Il approfondit sa recherche et vit "qu'il n'y avait pas d'hommes", c'est-à-dire d'autres réincarnations après lui qui pourraient accomplir la réparation. Lui seul, à ce moment précis pouvait le faire C'est ainsi qu' "Il frappa l'égyptien".

[le Arizal dit que cet égyptien contenait en lui la partie négative de Caïn. Cet acte avait pour intention de trier entre le bien minoritaire et le mal majoritaire de Caïn enfouis dans cet égyptien. La petite partie de bien devait être élevée dans la sainteté et se détacher de l'emprise de la klipa (force du mal) majoritaire.]

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-> Le rav Yonathan Eibschutz (Yaarot Dvach) rapporte :
"Mordé'haï était la réincarnation de Moché. Il contenait en lui des étincelles de l'âme de Moché.
Haman le racha était la réincarnation de l'homme égyptien qui a été tué par Moché, et qui a été enseveli dans le sable. C'est la raison pour laquelle Haman souhaitait appliquer sa vengeance aveuglément contre Mordé'haï.
Esther, était, quant à elle, la réincarnation et l'étincelle de Batia, la fille de Pharaon qui avait recueilli Moché. Ainsi Mordé'haï la prit pour fille adoptive."

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